Point final mis hier, félicitez-moi orz
Bon, comme d'habitude, je ne suis jamais allée à l'université, donc c'est très fictif et surtout basé sur ce que j'ai pu voir à travers les séries (donc surtout américaines). Navrée si ça fait grincer des dents !
Par contre, j'ai pioché dans les plaquettes de l'université Agro Montpellier pour le cursus de Link (ingénieur agronome) et l'université Lumière Lyon 2 pour Jehd (anthropologie).
Le surnom du PC de Jehd est une référence au surnom qu'il donne à Link, dans la traduction anglaise. Et celui que j'ai donné à mon PC d'écriture, qui a onze ans maintenant xD
Et c'est ainsi que se conclue le mois d'avril, youhou o/ (Oui oui, on est bientôt fin décembre. Je sais TT)
Bonne lecture !
L'Académie Royale était un grand bâtiment. Au fil des années, le campus s'était agrandi, se dotant de nouveaux bâtiments, embauchant plus de professeurs, ajoutant des matières et des formations à leurs cursus.
Elle avait tellement grandi qu'il avait fallu séparer les spécialisations de la manière la plus intelligente possible et caser les dortoirs dans ce qui est devenu, à force, quasiment un village à part entière.
Il était fréquent que les promos qui la fréquentaient ne connaissaient personne au-delà des élèves dans leurs cours, et parfois moins encore. Et il était tout aussi fréquent de découvrir des années plus tard qu'on a passé toutes ces années d'étude à deux pas d'une personne que l'avenir nous fera rencontrer plus tard.
Il n'était donc pas surprenant, dans un pareil contexte, que les bibliothèques mises à contribution étaient ainsi organisées selon les nécessités et spécificités, ce qui pouvait parfois mener à un véritable parcours du combattant pour réunir la documentation nécessaire à ses projets.
C'était pour cette raison que Link se pressa à l'intérieur de la BU Kokiri, fuyant l'air trop frais de cette fin d'hiver. Le pauvre Toalien s'était recouvert de toutes ses possessions un tant soit peu chaudes, au grand amusement de ses condisciples, habitués à pire ou au moins aux températures de la capitale. Mais Latouane était une région connue pour son climat quasi tropical, mais surtout ses températures élevées. Il n'était d'ailleurs pas le seul à subir de plein fouet cette différence.
Les radiateurs n'étaient pas poussés à fond, mais l'écart avec l'extérieur était plus que suffisant pour lui et il se laissa tomber sur une des chaises, soufflant un peu trop bruyamment s'il devait en juger aux œillades noires dirigées en son encontre. Un peu honteux, il rentra la tête entre ses épaules, comme si ça pouvait le rendre plus petit, ou invisible.
Une fois ses extrémités réchauffés – enfin, surtout ses doigts – il retira une partie de ses habits et commença à fouiner à travers les rangées, slalomant aux travers et évitant les éventuels étudiants qui faisaient comme lui.
Il retourna à sa table et commença à parcourir sa sélection, prenant des notes de temps en temps.
La BU Kokiri regroupait tout ce qui était mythe, surnaturel, légende, etc. D'où son nom, d'ailleurs, en écho avec ce peuple habitant la forêt éponyme, vivant éternellement sous les traits d'enfants. Et non, comme prétendaient certains vilaines rumeurs, parce que ladite forêt aurait servi à réaliser le papier des livres ou le bois des meubles.
En tout cas, c'était la version officielle.
En troisième année de ses études d'agronomie, Link avait un devoir à rendre sur le folklore et les croyances liées à la terre. Le professeur était connu pour être un illuminé mais pas méchant. Il pensait que connaître les racines de la culture permettait de comprendre la terre. Pourquoi pas ? Ce n'était pas une grosse corvée pour lui. Certes, c'était un travail supplémentaire, mais après avoir grandi dans un village encore ancré dans ses traditions, ce n'était pas les superstitions et autres coutumes qui allaient lui faire plier bagage !
Et puis, c'était amusant de renouer avec les contes des veillées de son enfance. Bien que, pour le principe, il avait décidé de ne pas présenter le folklore de Toal. À la limite, celui de la région de Latouane, mais seulement s'il ne parvenait pas à accrocher à une autre région du royaume !
Et vu sa superficie et le mélange de culture, il aurait vraiment fallu être pointilleux…
Un temps, il avait eu envie de présenter les Minish mais les informations dessus étaient vraiment éparses, se bornant surtout aux contes pour enfant. Dommage, mais c'était risqué.
Alors, il avait tenté le tout pour le tout, et quel meilleur endroit qu'ici ? D'ailleurs, il pouvait reconnaître des étudiants de son cours, assignés à la même tâche, parmi les rayonnages, cachant en vitesse les couvertures de leurs livres en le reconnaissant à leurs tours.
Comme s'il avait l'intention de voler leur travail ! Certains devaient vraiment se détendre, les mythes faisaient partie de leur identité à tous, peu importe lesquelles !
Revenant bredouille, il décida que ce serait plus rapide de compulser le catalogue en ligne plutôt que d'escalader les étagères. Et moins risqué, bien sûr.
S'installant cette fois devant l'une des antiques bécanes, il lança le démarrage et reprit ses lectures en attendant de pouvoir faire ce qu'il avait prévu.
L'accès au catalogue n'était pas très réglementé, tout juste avait-il du indiquer son numéro d'étudiant, et il put rapidement faire défiler les titres, notant quelques idées à la volée.
Comme dit plus haut, les radiateurs étaient loin d'avoir été poussé à fond, mais il faisait tellement froid ces derniers jours que le gars du sud qu'il était se sentait dodeliner de la tête, lentement engourdi.
Il se reprit après un couinement de l'ordinateur, surpris. En s'avachissant sur cette chaise inconfortable, il avait involontairement arraché une clé USB plantée dans la tour, et c'était ce dont l'alertait le moniteur.
Tendant le bras pour la ramasser, il la déposa sur la table, l'examinant, intrigué.
C'était une clé USB assez basique, comme tout étudiant devait avoir dans ses affaires actuellement. Il y avait une marque à une extrémité, mais le temps et l'usage l'avaient effacé, ne laissant plus que rose opaque décorer le manche.
Jouant avec quelques secondes, il décida de la renfoncer dans la tour afin de pouvoir prospecter plus en profondeur.
Si ses recherches menaient nulle part – enfin, plus encore que celles portées sur les Minish – il aura intérêt à créer des affiches, car il ne fallait pas compter sur l'administration ou le corps professoral. C'était le meilleur moyen pour la perdre corps et bien. Et si ses études universitaires lui avaient appris quelque chose, c'est qu'ils avaient un peu tous trop pris l'habitude de placer les fichiers les plus essentiels de manière unique dans ces bouts de plastique, égarant ainsi des devoirs et autres documents vitaux pour leur futur sans espoir de remettre la main dessus.
Bon, sans surprise, il n'y avait pas de copie de pièce d'identité ou même un devoir rédigé avec nom et prénom dans l'entête. Même les propriétés des fichiers ne lui indiquaient rien ! Enfin, si, le PC d'origine avait été surnommé « Old Boy ». Ça c'était de l'indice ! Monsieur Loyal, les affaires reprennent !
Désœuvré et loin d'être assez motivé pour retourner à son devoir ou sa chambre, il continua de cliquer sur les document, survolant leur contenu.
En tout cas, cette personne n'était pas dans son cursus et elle ne revenait pas assez souvent à la ligne. Mais c'était bien tout.
C'était une petite clé USB donc il ne resta plus qu'un dernier fichier qu'il n'avait pas encore ouvert. Et celui-ci différait légèrement des autres.
Au bout de deux pages, Link mit le doigt sur ce qui lui faisait penser ça. C'était clairement un tapuscrit assez élaboré. Évidemment, ça pouvait être aussi un devoir, ce n'est pas comme si lui-même était familier des cours dispensées dans les cursus plus littéraires, mais plus il avançait dans sa lecture et plus il lui paraissait évident qu'il avait sous les yeux un projet personnel.
Lui qui, à la base, avait juste l'intention de faire comme avec les autres et survoler les noms propres pour glaner un indice, ne put en arracher les yeux avant le point final.
Il restait encore quelques heures avant la fermeture mais il y avait déjà moins de monde que précédemment. Sa nuque était raide, ses yeux douloureux, il avait soif et faim.
Mais bordel, il voulait en savoir plus…
Et là, comme pour le récompenser d'avoir été un gentil garçon et de s'être bien comporté, un scroll maladroit lui dévoila une partie de son auteur.
« Jehd »
Avec sa chance, c'était un prénom extrêmement commun dans la capitale et il ferait mieux de retourner à son idée des affiches.
Démoralisé, il planta son coude dans le bois et sa tête tomba dans sa paume, un soupir à décorner les chèvres de Toal vidant ses poumons.
Ce n'était pas tant qu'il n'en avait pas envie – après tout, il pourrait se contenter de la confier à l'une des secrétaires du campus ou même se contenter de la scotcher à la porte du bâtiment – mais il s'était senti transporté durant sa lecture, une fin d'en apprendre toujours plus s'étant ravivée sous la plume inconnue.
C'était un peu comme sortir d'un rêve. On n'en avait pas envie, on voulait encore goûter à sa magie, se prélasser dans l'atmosphère tiède créée pour cette occurrence unique. Mais c'était peine perdue. Même tenter de relire depuis le début n'offrait pas cette saveur fraîche.
C'était décevant et assez démoralisant.
Il en était à cette réflexion quand une respiration haletante surgit soudainement dans son dos, après qu'un remue-ménage peu commun avait eu lieu, à base de portes claquées et de meubles déplacés.
Soit la communauté estudiantine goron avait décidé de faire un flashmob, soit on avait affaire à un étudiant désespéré qui avait usé de toute son énergie pour enlacer une des bécanes asthmatiques.
Il s'était pratiquement affalé sur le mince bureau, manquant de peu la chaise mise à disposition, ses jambes allongées sur le sol.
Distraitement, Link se sentit légèrement jaloux qu'il n'ait à faire aucun effort pour ça. Il avait l'air plus grand que lui, tout comme la majorité des gens qu'il avait eu à croiser sur le campus.
— Hé, mon pote, ça va ? Tu as besoin qu'on appelle les secours ?
Au gré de ses études, il avait été témoin de nombreuses crises de panique ou d'asthme et ce ne serait pas la première fois qu'une ambulance aurait à se frayer un chemin sur les routes temporaires – les fameuses routes temporaires mises en place lors de l'agrandissement du campus, devant être remplacées par du vrai goudron et de vraies signalisations… il y a dix ans ? – ni qu'il aurait à tenir la main d'un inconnu complètement paniqué tout en tentant de le rassurer.
À la place d'une réponse, le visage jusque là caché apparut depuis la surface patinée. Des lunettes de travers et embuées, les joues rouges suite à la course impromptue et les températures hivernales, des traces de larmes, des boucles rousses jaillissant d'un épais bonnet de guingois.
Inconnu au bataillon.
Mais il y avait tellement d'espoir dans les iris bleues que Link sut que peu importe ce qui allait lui être demandé, il se mettrait en quatre pour exaucer le moindre de ses désirs.
— Ma… Vous n'auriez pas vu ma clé USB ? J'ai travaillé ici, la veille, mais impossible de lui mettre la main dessus, et, oh par les Trois Dorées, il y a mon mémoire, la dissertation pour le cours d'anthropologie des migrations…
Ses propos ne devinrent bien vite plus qu'une purée de mots à peine compréhensible, obtenant un regard de sympathie et de compassion de la part de son confident d'infortune alors qu'il tentait de se redresser, les membres tremblants. Les larmes commençaient à gâcher sa voix et il ne fallut pas attendre longtemps avant de les voir couler, bien qu'elles furent rapidement absorbées dans l'épaisse écharpe.
— Hé, respire, d'accord ? Elle ressemble à quoi ?
Évidemment, la coïncidence était un peu grossière, mais il ne voulait pas non plus confier un élément aussi précieux à la première larme. Il s'est trop souvent retrouvé le dindon de la farce et la cible de mauvaises blagues, souvent liées à son statut de gamin de la campagne.
Prenant de profondes inspirations, il retira son bonnet et ouvrit son blouson, nettoyant les verres de ses lunettes et dégageant son visage des mèches folles. Ce n'était pas encore ça mais il donnait moins l'impression qu'il allait lui claquer dans les pattes.
— R… rose. Elle est rose, elle fait approximativement cette taille-là, indiqua-t-il en écartant les index. Je ne comprends pas comment j'ai pu l'oublier… Peut-être qu'elle n'est même plus là…
Il était clairement défaitiste. Il avait retiré ses lunettes pour se frotter les yeux cette fois, l'air rageur.
Bon, tant qu'il lui flanquait pas son poing dans le visage, il devrait pouvoir gérer.
Retournant à son propre moniteur, Link réfléchit, l'index tapotant sa bouche, les yeux fixant les mots qui l'avaient transporté il y a encore si peu.
— Jehd ?
La surprise le fit s'écarter de ses mains et darder des yeux écarquiller mais clairement myopes sur lui.
— On se connaît ?
Au lieu de lui répondre, le jeune hylien se contenta de pointer son écran, l'invitant à y jeter un œil. Et c'est justement ce qu'il fit après avoir rechaussé ses lunettes, se penchant par-dessus son épaule.
La position était inconfortable, entre les larges épaules du futur ingénieur et longs bras de ce Jehd, mais elle ne dura pas longtemps car un faible cri de surprise manqua de lui arracher un tympan alors que l'étudiant se reculait, les mains plaquées sur sa bouche. Il se tourna vers lui, agitant un auriculaire dans son oreille blessée.
— Puis-je penser que vous en êtes le propriétaire ? Et l'auteur ?
En moins de dix minutes, Link avait assisté à nombres d'émotions affichées sur ce visage inconnu, le lisant comme un livre ouvert. Cette fois, ce fut un clair embarras, souligné par un surprenant fard qui jurait avec ses cheveux.
En baissant les yeux, il put le remarquer maltraiter ses mains et eut une once de pitié en son encontre.
— Comment avez-vous pu… comment avez-vous osé…
Les sanglots étaient revenus, bruyants, désordonnés, gênants.
Enfin conscient qu'ils étaient le point de mire de beaucoup trop de regards assassins et que le moindre mot maladroit pouvait empirer la situation, Link fit ce qu'il faisait de mieux : il prit une décision irréfléchie.
Sautant sur ses pieds, il arracha la fameuse clé USB de la tour, éteignant le PC, et la fourra dans sa poche, attrapant de son autre main le bonnet tricoté puis le bras de l'étudiant en larmes. Il les mena dehors mais il ne s'arrêta pas là pour autant, prenant juste une pause pour enfoncer le couvre-chef sur la tête de son propriétaire, avant de le traîner au café installé commodément juste à côté.
Les boissons avaient un goût atroce et un contrôle d'hygiène collerait des cauchemars aux rares clients, mais pour cette fois, il ferait l'affaire. Ce n'était pas comme s'il passait la porte pour leur qualité de service, mais ils étaient trop bruyants pour la bibliothèque et il faisait trop mauvais pour rester dehors.
C'était encore le meilleur compromis.
Collant d'autorité l'étudiant éploré dans le premier fauteuil visible, il alla commander les premiers trucs de la carte et retourna à ses côtés, se moquant bien de s'il avait été compris ou non. C'était au serveur de gérer cette partie, la sienne était d'éviter à ce Jehd de se dessécher ou de faire une syncope. Au moins jusqu'à ce qu'il lui rende sa clé USB, quoi.
Il était juste parvenu à lui faire retirer gants, bonnet et écharpe lorsque les boissons chaudes furent servies. Link en attrapa une au hasard et la colla de force entre les mains raides, les recouvrant des siennes, autant pour l'empêcher de les retirer que pour partager sa propre chaleur corporelle.
Lentement, spasmes et sanglots s'espacèrent, ne laissant plus que des reniflements. Pas très glamour, mais ça faisait bien deux mois que ce son se répétait dans les amphi, alors bon…
— Vous allez mieux ?
Il retira ses mains pour s'empara de sa propre tasse, jetant un œil circonspect au liquide inconnu qui s'y trouvait, puis y trempa les lèvres. Bien vite, une grimace de dégoût crispa ses traits.
— Par les cornes de Latouane, comment on peut commercialiser un truc aussi immonde ? marmonna-t-il dans sa barbe.
Mais le commentaire n'avait pas été perdu par son vis-à-vis au vu du petit sourire qu'il afficha.
— Il y a une raison pour laquelle personne ne vient ici…
— À moins d'être contraint et forcé, je sais, soupira Link. C'était une situation d'urgence. Et je connais mal le coin, mon bâtiment, c'est celui des sciences, pas le folklore.
— Ah, un petit nouveau qui s'est perdu ?
— Ça fait trois ans que je foule les trottoirs pourris de l'Académie, merci. Mais le prof d'agronomie est un vieil illuminé. Lui répète pas, il est plutôt cool, mais le devoir qu'il a demandé en a surpris plus d'un.
Se faisant violence, il but tout de même l'infâme mixture – si c'était du café, c'était un véritable tour de magie car il était incapable d'en reconnaître le goût – en fronçant le nez et en plissant les yeux.
— Vraiment déplorable, acquiesça Jehd en apercevant sa grimace.
Il allait la garder longtemps.
— Ça va mieux ? finit-il par demander, timide. C'était assez impressionnant… plus tôt.
Cette remarque fit naître un léger fard et Jehd verrouilla son regard sur la surface boueuse de sa boisson.
— Désolé pour… plus tôt, comme vous dîtes. La semaine a été assez chargée en émotions et ne parlons pas de ces dernières vingt-quatre heures…
— Pas de problème, j'ai déjà assisté à bien pire.
Il n'avait pas l'air convaincu, s'il devait interpréter correctement le regard qu'il lui lançait.
— Imaginez tout un petit troupeau de jeunes futurs ingénieurs en période de partiels. Il y a un côté maison d'horreur, vous pouvez me croire.
L'image invoquée eut le mérite de le faire rire un peu, ce que Link interpréta comme une victoire. Ça méritait une récompense !
Ah, c'est vrai que ce truc était immonde. Merde.
— Donc c'est votre solution en temps de partiel ? Aller boire un verre avec un inconnu ?
— Seulement en situation désespérée.
— Et c'était le cas ?
— À vous de me le dire.
Il l'observa lâcher la tasse pour jouer avec ses gants, tirant sur un fil qui dépassait.
— Ouais, on peut dire ça.
— C'est à cause de ce que j'ai lu ? Parce que c'était vraiment bon, si c'était ça !
Il n'en fallut pas plus pour que Jehd drape ses mains sur son visage en poussant un gémissement de désespoir.
— Ce n'est pas suffisamment abouti… Ce n'était pas encore destiné à la lecture… au grand public…
— Je ne suis pas un grand public ! interjeta le futur ingénieur. Je suis juste… trop curieux pour mon bien ?
Il se frotta la nuque, embarrassé, alors que son interlocuteur avait écarté les doigts pour faire peser sur lui un regard peu impressionné. Oui, bon, il avait merdé.
— Je te jure que je ne cherchais pas à mal ! reprit-il, perdant le vouvoiement dans la foulée. J'étais juste en quête d'un indice sur ton identité pour te rendre ta clé, mais j'ai été comme… aspiré ? Et quand j'en suis sorti, j'avais tout fini. Et c'est là que j'ai trouvé ton prénom. Et que t'as débarqué. Puis tout s'est enchaîné très vite !
En disant ces mots, il fouilla ses poches pour remettre la main sur la fameuse clé qu'il brandit triomphalement avant de la lui tendre.
— Et je pense vraiment ce que je dis. Si vous avez pour projet d'écrire la suite, ce sera avec plaisir que je me propose comme premier lecteur !
Le petit sourire était de retour alors que Jehd récupéra son bien, le rangeant soigneusement dans son sac. Link s'attendait à ce qu'il se lève et parte, le plantant sur place, mais il n'en fit rien. À la place, il s'assit plus confortablement dans le fauteuil sale.
— Intéressé par ces sottises sur les Célestiens ? nargua-t-il.
— Ce ne sont pas des sottises ! s'enflamma Link. Ils existent ! Ou ont existé… Il n'y a juste pas eu de preuves physiques jusqu'à maintenant, mais ce n'est qu'une question de temps !
Il s'était excité malgré lui, manquant de peu de sauter sur ses pieds ou de claquer le poing sur la table. À la place, il s'était redressé sur son assise, défiant presque l'autre étudiant d'ajouter un autre mot.
Mais au lieu de prendre peur, celui partit dans un fou rire qui dura un peu trop longtemps pour ne pas être reconnu pour ce qu'il était : les nerfs qui lâchaient. Une fois de plus. Malgré lui, Link l'imita.
— Félicitations, vous avez passé le test. Maintenant, parlez-moi de votre lecture. Objectivement.
Le café ne méritait même pas le statut de buvable, et pourtant ils s'en abreuvèrent au travers de leur conversation, les yeux bleus de Jehd brillant d'intérêt à chaque mot sortant de la bouche de Link. Celui-ci restitua du mieux qu'il le pouvait son expérience, répondant aux questions ou argumentant quand il n'était pas d'accord.
Si leur relation évoluait, peut-être finira-t'il par lui évoquer cette fois où, enfant, il était tombé sur un Célestien…
Il attendra le cinquième rendez-vous pour ça.
L'idée de base : « Tu as laissé ta clé USB dans l'ordinateur du CDI et j'ai dû fouiller dans les fichiers pour savoir qui tu es. J'ai finalement intégralement lu le livre sur lequel tu travailles, et wow, tu es vraiment bon ! »
Voracity Karn
