Et, regardez qui voilà !
Voici le thème sur lequel je butais lorsque j'ai repris l'écriture. Il faut dire que c'était stupide, après deux mois sans écrire dessus ^^'
En plus du thème de Year of the OTP, c'est sur une idée de saiyuri-dahlia, que vous connaissez peut-être si vous lisez en anglais, que j'ai écrit, d'où aussi le temps consacré au texte. Je l'ai traduit et vous la trouverez à la fin de la fic.
Il se peut que vous trouviez les scènes un peu décousues ou même des fautes de frappe, car je n'ai pas eu le courage de me relire après avoir enfin apposé le point final, toutes mes excuses.
Par contre, fait important, je déplacerai le chapitre à sa bonne place (chapitre 26) lorsque je publierai le suivant, donc ne soyez pas surpris.
J'ai tenté de dessiner la petite tribu, vous pourrez les retrouver sur mon Tumblr L'encre à la mer ! (ou encreboueuse)
Ah, et en anglais, le chat de Négocia s'appelle Link, ce n'est pas moi qui l'ai inventé !
Bonne lecture !
— Et que penses-tu… de Link ?
— Jehd. Amour. Il est hors de question, dans cette chronologie ou celle d'après, que notre fils porte le même prénom que le mien.
L'air épuisé, Link croisa les bras, tenant bon face au regard implorant de son mari.
Le sujet de leur discorde somnolait paisiblement dans les bras de ce dernier, bercé machinalement.
— Mais ça n'a rien à voir avec toi ! Ce serait en l'honneur du Héros du Temps, ton prédécesseur !
Décidant d'attendre, Link le laissa poursuivre son explication mais en prenant appui contre la table à manger, soupirant à intervalles réguliers.
Ces derniers jours avaient été loin d'être reposants. Les périodes de la moisson s'accompagnaient de nombreuses festivités, de marchés, mais aussi des préparatifs pour l'hiver qui n'était jamais loin, au fond. Le bétail n'était pas épargné non plus et il était important de vérifier la santé de chaque tête, ainsi que de tondre les chèvres. La laine ainsi récoltée sera traitée, lavée, teinte ou non, avant d'être cardée puis longuement filée lors des veillées toujours plus fréquentes au fur et à mesure que la nuit s'installera tôt. Sans parler des innombrables travaux d'aiguilles au bord du feu, que ce soit pour couvrir les villageois ou vendre aux prochaines foires afin d'exporter leur artisanat.
Et pour couronner le tout, lors d'une excursion dans les bois, Fénir avait ramassé un petit garçon en larmes. Enfin, pour être plus précis, à la base, il l'avait confondu avec un des singes y vivant, et l'avait porté à bout de bras pour le faire examiner. Il avait fallu attendre de le débarbouiller pour reconnaître l'hylien qui se cachait sous toute cette crasse.
Il n'avait pas été difficile de conclure que cet enfant avait été égaré ou abandonné, et encore moins pour taquiner Link sur les circonstances de sa propre venue.
— Ce qu'on raconte serait vrai ? avait gloussé Anaïs. Les hyliens pousseraient donc dans les arbres ?
— Ha ha, très drôle.
Deux enfants trouvés dans la forêt de Toal, à vingt ans d'écart, tous deux présentant les caractéristiques du peuple hylien… ça faisait beaucoup pour une coïncidence.
Par contre, comment Jehd et lui s'étaient retrouvés avec la garde de cette boule puante, Link avait encore du mal à comprendre… Pas qu'il le regrettait ! Simplement que ni l'un ni l'autre n'avait encore abordé la question des enfants dans leur relation et ce malgré leur mariage un an plus tôt, donc on ne pouvait lui reprocher d'être légèrement déboussolé. Bon, okay, complètement hagard.
Mais il fallait le comprendre, aussi !
Ils étaient revenus pour l'occasion, invités par Moï et Ute, mais aussi afin de participer aux préparatifs. Ils avaient pu se débrouiller les années précédentes, mais une paire de main supplémentaire n'était jamais de trop, surtout auprès des chèvres de Fahd qui n'en faisaient que trop souvent comme bon leur semblait.
Revenir dans la maison de son adolescence avait eu un semblant de nostalgie, mais très vite les limites de leur installation s'étaient montrées. Circoncis par le diamètre de l'arbre mort, Link et Moï avaient, à l'époque, aménagé verticalement, créant des paliers à défaut de pièces. Et c'était parfaitement correct. Quand on vivait seul.
Maintenant à deux, et même s'ils étaient mariés, l'absence d'intimité était presque plus oppressante que celle d'une chambre décente – étant capable de s'endormir n'importe où, il ne s'était jamais fatigué à en réaliser une, dormant parfois dehors, dans l'une des étagères de sa bibliothèque ou tout simplement à la bergerie, avec le troupeau – et aurait sans doute pu provoquer des conflits s'ils se croisaient plus de cinq minutes le reste de la journée. Si le natif courait d'une corvée à une autre, Jehd, lui, se promenait dans les environs, explorant et examinant faune et flore, couchant ses observations sur papier.
Et maintenant, ils étaient les heureux élus d'un bambin inconnu qui semblait prendre un malin plaisir à se rouler dans la poussière.
(Après, c'était hypocrite de la part de Link de râler à ce sujet, lui-même aimait beaucoup le faire. Quand il était petit, déjà, comme aimait le lui souligner sa mère adoptive, mais surtout sous sa forme de loup. Question d'instinct, sûrement.)
Sous l'urgence de leur nouvelle situation, les échelles avaient été remontées hors de portée du petit, le foyer barricadé, et absolument tout ce qui pouvait traîner à sa portée avait été replacé ailleurs. Et pas toujours de manière logique.
(Encore maintenant, Link était à la recherche de la selle d'Épona. Il devait vraiment penser à demander à Jehd où il était parvenu à la balancer…)
Heureusement, ils étaient un petit village et pouvaient donc compter sur tout le monde pour des conseils ou des coups de main, mais pour une grande partie, ils ne pouvaient compter que sur eux.
Comme, le fait de nommer cette boule puante.
Oui, bon, c'était pas très adulte de surnommer ainsi le pauvre orphelin, mais ce n'était pas sa faute si ses sens olfactifs avaient évolués depuis sa métamorphose en loup, et que le gamin refoulait plus qu'une porcherie !
Par contre, il devait bien faire attention à garder ses pensées pour lui. Jehd l'avait fixé avec une telle désapprobation et une telle déception dans le regard qu'il manqua d'obéir à ses instincts et de rouler sur le ventre pour réclamer pardon. Et c'était sans parler d'Ute qui lui avait collé un coup de louche bien placé quand il avait eu le malheur de faire un commentaire à ce sujet.
Se rapprochant de son mari pour l'enlacer, accolant leurs têtes, il soupira de fatigue, son regard tombant sur l'enfant qui suçait son pouce avec entrain malgré son sommeil.
Bon, okay, le vermisseau était adorable. Le problème, c'est qu'il fallait qu'il reste tranquille pour s'en rendre compte, et qu'il était plus remuant qu'un singe qui avait pris feu. Il n'y avait que lorsque le sommeil le fauchait qu'il était possible de s'en rendre compte.
Un nouveau soupir passa ses lèvres et il pressa ces dernières contre son menton, seule partie accessible sans bouger.
— Chéri. Tu sais que je t'aime et que je ferais n'importe quoi pour toi. Même adopter tous les orphelins que notre chemin croisera. Mais il est hors de question que notre progéniture porte le même prénom que moi. C'est beaucoup trop… déconcertant. S'il te plaît ? Avec tout le savoir, toutes les lectures que tu as, je suis sûr que tu peux trouver mieux ? Tiens, parmi les Célestiens, il devrait y avoir au moins un nom qui te plaît !
Même si leurs positions ne pouvaient pas leur permettre de se regarder face à face, Link afficha son meilleur regard humide de chiot afin de le convaincre. Allez, encore un peu…
— Il s'appellera Link. C'est non négociable.
Malgré lui, un couinement s'échappa de sa gorge. Mais il était trop tard, Jehd avait utilisé cette voix. Celle qu'il usait quand il prenait une décision à laquelle il se tiendrait. Rien ne le fera flancher.
Au temps pour lui…
— Ça, c'est une chèvre.
Occupé à faucher l'herbe, Link avait attaché l'enfant dans son dos, dans la tradition du village. Dès que le petit tendait sa menotte dans une direction, il lui en donnait le nom. C'était un conseil de son mari, afin d'aider l'hylien à les imiter mais aussi pour ouvrir son monde.
— C'est une chèvre de Toal, d'ici. Elles sont reconnaissables à leurs cornes qui se rejoignent, tu vois ?
Mini Link prit un air absorbé avant de coller son index et son majeur dans son bec, les sourcils froncés, comme s'il tentait de résoudre l'énigme d'un temple. Quand il parvint au résultat qu'il cherchait, il l'arracha brusquement et poussa un piaillement suraigu qui semblait être son unique moyen de communication.
Selon les adultes du village – malgré sa propre majorité, Link continuait de se classer à part – il devait avoir dans les cinq ans. Bien sûr, il était possible qu'en tant qu'hylien leur croissance soit différente de celle des humains, et ses propres cinq ans remontaient à beaucoup trop loin pour que les souvenirs soient suffisamment bons pour s'y référer, mais ils feraient avec.
— Avec leurs laines, on fait des vêtements, avec leurs laits, on fait du fromage, du beurre, ou on le boit tel quel.
L'herbe s'éparpillait autour de lui alors qu'il avançait, les yeux rivés sur le sol, précautionneux.
Contre son dos, il pouvait le sentir gigoter, s'agiter, comme s'il voulait sauter à terre et courir partout. Mais Link ne fit aucun mouvement dans ce sens. Non seulement c'était dangereux avec l'outil, mais ils avaient tous fini par découvrir la vitesse avec laquelle le gamin pouvait disparaitre, réapparaissant à une distance à laquelle personne ne s'attendait. Comme s'il se téléportait au hasard.
Mais ce n'était pas possible. N'est-ce pas ?
Mais très vite la petite main impatiente indiqua une nouvelle chose, soulignée par d'autres piaillements qui lui percèrent définitivement les tympans.
Dommage, il les aimait bien.
Il était encore trop tôt dans l'année pour établir les veillées, mais il en fallait plus pour empêcher le petit village pour se réunir après leurs longues journées de corvées.
Malgré les températures encore douces, un foyer avait été allumé au centre de leur rassemblement, permettant de seconder la luminosité accordée par le soleil se couchant lentement ainsi que de réchauffer les éventuels aliments de ceux qui avaient encore faim.
Link s'était affalé près de sa famille adoptive, le corps douloureux mais souriant malgré tout.
Tout ça lui avait manqué dans sa vie à la Citadelle où les gens marquaient une distance froide entre eux. Alors, il en faisait des provisions, au même titre que les aliments ou d'autres produits, avant leur retour inévitable.
Amusée, Ute lui caressait la tête, jouant avec ses cheveux comme lorsqu'il avait l'âge d'Elke, la benjamine, le taquinant sur ses manières de chat satisfait, les faisant sourire tous les deux.
À ses côtés, Moï expliquait à sa fille et son beau-fils la signification des broderies que son épouse avait arrêté pour mieux embêter son aîné.
Colin, lui, donnait de petits coups de pied à son frère, l'air de rien, pendant que celui-ci essayait de les caler sur ses genoux, l'embêtant pour son seul plaisir.
L'atmosphère paisible était répétée dans chaque petit groupe,, que celui-ci soit constitué de familles ou d'amis, profitant seulement de la présence de tous pour discuter, réaliser quelques travaux d'aiguilles ou autres artisanat, racontant des histoires ou écoutant seulement le silence bruissant.
Mais toute cette ambiance douce ne pouvait être éternelle et ce fut Jehd, entre tous, qui la brisa d'un cri effrayant :
— LINK !
Par réflexe, son mari sursauta violemment, sautant sur pieds sans même réfléchir à deux fois, les réflexes acquis lors de son aventure ancrés dans ses muscles comme une seconde nature.
L'esprit brouillé, il observa rapidement ce qui l'entourait, tentant de comprendre pourquoi cet appel, avant de se concentrer sur la silhouette trébuchante de ce qui commençait à devenir son cauchemar personnel.
Sans y réfléchir à deux fois, il courut avant de se jeter littéralement sur le petit poison, utilisant son corps comme un bouclier entre lui et le feu, le prenant dans ses bras. Et se relevant prestement en constatant qu'il avait mal calculé son coup et avait atterri dans plus de braises que de cendres malgré lui.
Ronchon, il porta le paquet gesticulant jusqu'à Jehd qui s'était levé, les bras écartés pour le réceptionner, des larmes dans les yeux. Link n'avait aucun doute sur le fait qu'il venait d'avoir eu la peur de sa vie et il lui fourra le gamin contre son torse pour s'éloigner et secouer ses vêtements salis.
— Je me répète mais, mauvaise idée de lui donner le même nom que moi.
Le danger éloigné, le rire parcourut rapidement l'assemblée.
— C'était une excellente idée ! s'exclama Moï, les larmes aux yeux. Je ne t'ai jamais vu réagir aussi vite !
— Si mes souvenirs sont bons, tu as couru encore plus vite que lorsque tu t'es fait coursé par les abeilles, ajouta Hanch en se tenant les côtes.
— Non non, je crois que son plus grand pic de vitesse, c'est quand tu as fait ce gâteau, Ute, tu t'en rappelles ?
Boudeur maintenant, le moqué gonfla les joues et croisa les bras, goûtant peu à la farce dont il était le centre. Oui, bon, il avait été un gamin casse-cou et gourmand, on l'avait compris, pas besoin de l'humilier maintenant qu'il était adulte, marié et avec en plus un enfant (même si adopté). On pouvait passer à autre chose ?
Soulagé et le cœur battant de nouveau au bon rythme, Jehd plaça mini Link contre sa hanche et vint auprès de son mari, l'embrassant sur la pommette en souriant.
— Je savais que je pouvais compter sur toi, mon tendre héros.
Rougissant jusqu'à la pointe des cheveux, celui-ci décroisa les bras de stupeur avant de marmonner tout bas, embarrassé.
Mais Jehd le connaissait trop bien et lui attrapa la main, le ramenant auprès de sa famille et l'incitant à s'asseoir pour qu'il puisse faire de même, se plaçant entre ses jambes et s'appuyant contre lui, avant de revenir à leurs fils.
Celui-ci les observait de ses grands yeux bleus, tendant les bras pour attraper les lunettes de son père, ayant clairement oublié l'incident plus tôt, babillant dans son habituel charabia incompréhensible.
Malgré lui, Link se sentit attendri par la scène et enlaça Jehd, appuyant son menton sur son épaule, observant ce petit être dont le potentiel de stress à son égard était inversement proportionnel à sa taille.
Ils étaient mal barrés…
Après quelques tests de la part de l'ancien révolutionnaire, il avait pu établir une idée globale de son intelligence et ainsi travailler sur une méthode pour communiquer avec lui. Ce fut finalement Link qui trouva la solution, totalement par hasard.
Avec le temps, il avait perdu l'habitude de signer, les épisodes de quasi mutisme étant majoritairement derrière lui. Bien sûr, il n'était pas à l'abri d'un cauchemar un peu trop violent ou d'une réminiscence plus vraie que nature, lui volant sa langue avec sa bonne humeur, mais ils s'étaient fait suffisamment rares ces derniers mois pour que le couple puisse commencer à penser que c'était derrière eux.
Mais restait la langue des signes durement acquise.
Mini Link avait plus d'énergie que personne n'avait vu jusque-là, toujours en mouvement. Alors les mouvements étranges réalisés par l'un de ses nouveaux pères avaient été suffisamment intrigant pour qu'il s'y prête, au grand amusement de l'un et à la frustration de l'autre.
C'en était suivi de longues heures durant lesquelles grand Link et mini Link apprirent à communiquer ensemble, le second sur les genoux du premier, les yeux rivés sur les grandes mains abîmées effectuant ces drôles de geste, pendant qu'en face d'eux, Jehd révisait tout en nommant chaque sens.
Évidemment, c'était une version abâtardie d'un langage déjà bien rustre. Le plus urgent était la capacité de cerner les besoins du petit hylien. Pour la conversation, on pouvait encore attendre.
Les signes étaient encore aléatoires et brouillons mais tous les habitants de Toal savaient ce qu'ils voulaient dire et accueillirent cette évolution avec de nombreuses récompenses et cris de joie.
Leur communauté était petite et chaque nouveau membre était un plaisir ! Et puis, il était si mignon, ce petit bambin avec ses grands yeux bleus, ses cheveux blonds plein d'épis et son enthousiasme constant !
Link et Iria étaient deux adultes, maintenant, la génération suivante était à cet âge où on reniait le moindre trait enfantin et Balder avait toujours été trop sérieux.
Alors, apercevoir ce petit garçon courir partout dans leur village en bouillonnant d'excitation leur mettait du baume au cœur, et plus d'une fois il n'avait plus faim à l'heure du repas, repus des friandises confiées en douce.
Car Jehd s'était révélé être un vrai dragon depuis qu'il avait revendiqué le petit comme le sien !
Sa vision assez rigide de l'éducation avait dû s'adoucir au contact des autres adultes qui tempéraient ses décisions ou lui donnaient des conseils. Après tout, ici c'était Toal, pas la Citadelle ! Qu'un enfant salisse ou troue ses vêtements n'étaient en rien un problème, c'était même une bonne nouvelle car ça signifiait de l'activité ! Et puis, ça se recousait ou ça se lavait, rien de définitif !
Link lui-même avait dû l'attraper par le bras à quelques reprises, comprenant très vite que derrière ce masque rigide se cachait seulement la peur de ne pas être à la hauteur, ce qu'il tenta d'apaiser autant que possible. Mais lui non plus ne jouait pas les fiers.
Là où Jehd avait grandi seul, fils unique et rejeté par la faute de son acuité intellectuelle, Link avait été un grand frère à la première naissance suivant son arrivée, mais il y avait toujours leurs parents et les autres adultes pour compenser ses erreurs. Et, même s'ils n'étaient pas abandonnés seuls face à cette terrifiante responsabilité, il n'y avait plus ce filin de sécurité pour le rattraper en cas de faux pas. Peu importe les conseils qu'on leur donnait, seuls eux deux pouvaient prendre les décisions.
Et c'était cauchemardesque…
Parmi toutes celles qu'ils avaient dû prendre, une d'elles étaient en lien avec son comportement brutal et turbulent. En effet, il n'y avait aucune retenue dans ses gestes et plus d'une fois avait-il dû être arraché d'un échange avec quelqu'un car ses mouvements un peu trop enjoués avaient percuté un objet ou blessé l'un des habitants. Et à Toal, il y avait de nombreux animaux. Et la majorité était parfaitement capable de se venger suite à une agression pareille.
C'était donc avec énormément d'appréhension et de vigilance que les deux nouveaux parents avaient surveillé l'avancé du petit jusqu'au célèbre chat de Négocia, nommé Link.
(Il y avait définitivement trop de Link dans ce si petit village. C'était peut-être le signe qu'il était temps qu'il s'installe durablement ailleurs ?)
Malgré tout l'amour que Jehd lui portait, lui et Link s'attendaient à tout moment un geste cruel comme ceux que peuvent avoir les enfants, avec toute leur innocence et candeur. Qu'il lui tire les vibrisses ou la queue. Qu'il le frappe en cherchant à le caresser. Qu'il lui donne des coups de pieds.
N'importe quoi, n'importe quand.
Mais, contre toute attente, mini Link avait été d'une douceur et d'une attention exemplaire et Link le chat se mit bientôt à ronronner très fort, roulant sous les caresses et montrant son ventre.
Ce fut le signal pour l'ancien héros qu'il pouvait reprendre sa respiration et le cours de sa vie.
Ils profitèrent de l'expérience pour lui présenter le chiot de Balder et ce dernier et, d'une manière propre à la confusion enfantine, il se retrouva à faire la course avec Fénir et le chiot, riant à plein poumon lors des jeux qui suivirent.
— Jehd ?
— Oui ?
— Je crois que ce gamin m'a volé vingt ans de ma vie. Tu crois qu'on va survivre à sa croissance ?
Amusé, le citadin attrapa son mari par le biceps et claqua un baiser sur sa joue.
— Je suis sûr que les cheveux blancs t'iront à ravir.
Mitigé à cette réponse, Link décida de garder le silence, ne quittant pas un instant des yeux les enfants les plus problématiques qu'il avait rencontré de toute sa vie.
— Si tu le dis, grogna-t-il finalement.
Si Link participait aux différentes corvées de fin de saison, Jehd en avait été exempté. En premier lieu par son ignorance et ensuite par la présence de leur nouveau fils.
Il passait ainsi de longues heures en sa compagnie alors que les habitants vaquaient à leurs tâches, avec peu d'exception.
Maintenant que les signes les plus rudimentaires avaient été apprivoisés, l'archiviste avait décidé de familiariser le petit avec l'alphabet hylien. Et, sous les conseils de Link puis d'Ute, il avait fait fi de ses belles plumes et son merveilleux parchemin, afin de s'asseoir dans l'herbe et de tirer le bâton le plus droit que son mari avait pu lui trouver pour tracer chaque lettre dans la terre meuble.
Là aussi, il ne s'attendait pas à grand-chose. L'enfant avait clairement un trouble de l'attention et la concentration d'une huître, préférant largement observer le vol d'un papillon plutôt que les dessins bizarres ou les sons prononcés.
Pour cet aspect, il lui rappelait clairement son mari. Autant l'un que l'autre était incapable de se focaliser pendant plus de deux minutes avant de passer à autre chose, jusqu'à la découverte d'un nouveau centre d'intérêt.
Et heureusement, parce que dans le cas contraire, Hyrule aurait encore été sous le joug de Ganondorf si le grand héros élu des déesses était trop occupé à courir après les libellules plutôt qu'à réunir les fragments du cristal d'Ombre…
Jour après jour, Jehd initia mini Link à l'écriture et le langage orale, utilisant aussi bien le tracé des lettres que les fameux signes. Les progrès étaient minimes et l'adulte avait bien conscience des limites à respecter, aussi bien dues au trop plein d'énergie à brûler que par la facilité à passer à autre chose, ou tout simplement par l'absence d'habitude à apprendre.
Tout était si nouveau pour ce petit…
Malgré lui, il se remémora les premiers bains, au tout début.
Encore moins sûrs d'eux qu'ils ne l'étaient actuellement, le couple avait finalement décidé de se baigner avec leur nouvel enfant pour ne pas le laisser tout seul, de tout simplement l'accompagner.
Et, franchement, vu la quantité de crasse, ils n'étaient pas de trop de deux pour en venir à bout.
Il y avait bien eu quelques pleurs et geignements alors que les habits étaient retirés, mais très vite les glapissements de plaisir les remplacèrent et il fallut retenir le gamin qui démontrait ses meilleures capacités de natation en imitant les chiens, s'agitant tellement qu'il envoyait de l'eau un peu partout, créant la confusion chez l'érudit et l'hilarité chez le berger.
Cinq ans de relation et c'était la première fois qu'il l'apercevait les lunettes de travers couvertes de gouttes et les cheveux à moitié humides plaqués sur son crâne, en contradiction avec les épis ordinaires de la partie encore sèche. Rien que pour cette vision, Link attrapa son homonyme pour l'enlacer, le remerciant ainsi, mais le relâcha très vite quand il gigota en se plaignant, préférant retourner patauger dans l'eau. Les câlins, c'était après !
Finalement, l'heure de baignade s'allongea et Jehd finit par quitter la rivière, claquant des doigts sous le froid et s'enroulant d'une des serviettes, s'asseyant pour garder un œil sur les deux hyliens de sa vie, ceux-ci jouant dans l'eau comme s'ils avaient tous les deux cinq ans, plongeant et se projetant de l'eau en riant comme des maniaques.
Heureusement pour leur mariage, ce n'était pas la première fois que l'érudit était témoin du comportement enfantin de son mari. C'était même l'une des raisons pour lesquelles il avait décidé d'adopter mini Link. Afin qu'il ait quelqu'un auprès de qui faire ressortir ce côté de lui, sans honte ni fard. Malgré tout l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, il se savait bien trop sérieux pour que Link se permette cette liberté.
Et si ça leur permettait de se rapprocher, ce serait parfait.
Un éternuement coupa ses réflexions et il eut aussitôt deux paires d'yeux pointées sur lui, ronds comme des billes. Mais il n'eut pas le temps de les interroger qu'ils partirent tous deux dans un fou rire, manquant de peu de leur faire boire la tasse.
Bien fait, ça leur apprendra à se moquer de lui…
— Allez, c'est l'heure d'aller au lit !
Rechignant à la seconde où ces mots furent prononcés, mini Link n'eut pas le temps d'exprimer plus que ça son refus que Link l'attrapa dans ses bras, l'y calant alors qu'il commençait à saluer sa famille.
Ils mangeaient tous les sept la plupart du temps, profitant de la présence de tout le monde avant l'inévitable départ de Link, Jehd, et maintenant Link junior. Bien sûr, ce n'était pas toujours possible, surtout lorsque les corvées nécessitaient d'être sur place toute la journée ou étaient trop loin pour rentrer à temps.
— Alors, quelle histoire va-t'on te raconter ?
Ne s'attendant évidemment pas à adopter un petit hylien lors de son séjour, ni l'un ni l'autre n'avait donc empaqueté des contes ou autres recueils à destination d'un auditoire de moins de dix ans. Ils avaient donc emprunté auprès des autres villageois ce qu'ils avaient pu, et pour le reste, ils comptaient sur leur imagination ou leurs souvenirs afin de combler la faim insatiable du plus petit qui réclamait toujours plus, luttant encore et encore contre le sommeil pour se rassasier de toujours plus d'aventures.
Au début, lorsqu'ils s'en était rendus compte, Jehd s'était aussitôt inquiété. Était-ce sain de le laisser faire ça ? Devraient-ils arrêter de lui raconter des histoires ? Ou, au contraire, devrait-il lui trouver le tome le plus assommant de sa collection - réduite - pour l'inciter à lâcher prise ?
De son côté, Link n'en pensait pas grand-chose. Il trouvait surtout très amusant les grimaces qui déformaient les traits encore ronds alors qu'il luttait contre les prémices du sommeil, au point de parfois interrompre son récit et de partir sur un concours de grimaces dont il ne sortait pas toujours vainqueur. Le petit avait vraiment de l'imagination quand on le laissait faire !
Heureusement, Ute vint rapidement les rassurer. Avec de nouvelles histoires honteuses sur son aîné, au grand bonheur du mari de celui-ci et au grand malheur du concerné.
— MAMAAAAAN !
— Et puis, il y avait cette fois où il s'est échappé de la maison, tu t'en souviens chéri ? On l'a retrouvé deux heures plus tard, à dormir avec les chevreaux ! Il était si adorable…
Loin de lui porter secours, le reste de la famille se gaussait à ses dépens. Tout son sang semblait avoir été détourné vers ses oreilles et son visage.
— Ce que je voulais dire, c'est qu'il ne faut pas s'inquiéter. Il vaut mieux qu'il dorme à des heures fixes, bien évidemment, mais il n'y a pas de solutions miracles. Il continuera aussi longtemps qu'il le voudra. Et si vous voulez mon avis, il semble presque aussi têtu que les chèvres de Fahd. Ce qui est un exploit, mais elles le sont toujours moins que Link alors il y a de l'espoir !
— Mamaaaaaan, pleurnicha-t-il, endeuillé par la mort subite des miettes restantes de son ego.
Au lieu de lui répondre, elle se contenta d'un sourire paisible, sachant pertinemment qu'elle n'avait fait que raconter la vérité et que personne ne pourrait la contredire.
Défait, Link sortit de la maison pour aller bouder dans la sienne, s'asseyant près du lit de fortune dans lequel somnolait l'objet de tous leurs tourments, innocent et inconscient.
Sans y faire attention, il tendit le bras, repoussant les mèches folles s'étant égarées sur le visage endormi, sifflotant une berceuse dont les paroles avaient été perdues avec le temps.
Bien malgré lui, ce petit se frayait un chemin dans son cœur.
Lorsque Jehd les rejoignit un peu plus tard, un sourire attendrie prit place sur son visage en découvrant son mari endormi aux côtés de leur fils, l'enlaçant dans son sommeil.
C'était adorable.
Link avait une très belle voix. Il ne chantait pas souvent et tentait toujours de se cacher derrière les voix des autres, mais Jehd finit par le découvrir et l'encourager à ce sujet. Pour le moment, il était son unique auditeur, bien qu'il pouvait compter maintenant leur enfant dans le chiffre.
En effet, au travers des sons qu'il poussait et que le couple avait appris à déchiffrer ou par l'intermédiaire des signes qu'il effectuait, il lui arrivait de réclamer une berceuse au lieu d'une histoire. Mais le plus souvent, c'était les deux qu'il réclamait.
À quelques reprises, il avait tenté d'imiter son père, mais il était encore trop jeune ou inexpérimenté pour parvenir à moduler sa voix pour la rendre harmonieuse. Alors il finissait par se taire et à écouter, les yeux brillants et suçant son pouce avec force.
À force, entre les assurances de son mari et les réclamations du petit, Link avait pris en confiance et se retrouvait souvent à chantonner dans la sécurité de leur foyer.
Cette fois-là ne fit pas exception et, bien que les paroles avaient toujours la consistance d'un yaourt, l'air était suffisamment doux pour aider mini Link à s'abandonner au sommeil, dans les bras de Jehd, celui-ci le berçant en rythme.
Ce n'était pas vraiment l'heure de la sieste ou celle du coucher, mais la journée avait été longue et bien occupée alors ce n'était pas trop grave si ses paupières se fermaient.
Lentement, son pouce quitta sa bouche, suivi d'un filet de bave, alors qu'il s'affalait plus confortablement contre le torse de l'archiviste, poussant un soupir de satisfaction. Ses lèvres s'agitèrent dans le vide, comme à la recherche d'un substitut à son pouce.
Jehd le releva légèrement contre lui, l'appuyant contre son épaule et nichant sa tête contre la sienne, continuant de le bercer, les yeux fermés, se laissant transporter par la musique que créait Link pendant que celui-ci entretenait soigneusement la selle d'Épona (il avait finalement pu demander à Jehd où il l'avait bazardé lors de leur ménage express), passant doucement le chiffon sur le cuir brillant.
Chacun était dans son petit monde, goûtant au confort domestique de cette parenthèse au creux de leur quotidien.
— Pa… pa… souffla une toute petite voix.
Ce ne fut que grâce à ses sens aiguisés que Link parvint à l'attraper au vol. La surprise lui fit lâcher le pot qu'il tenait, celui-ci rebondissant sur le sol alors qu'il se tournait autant qu'il le pouvait sur son tabouret, fixant son mari et sa petite charge avec les yeux d'un hibou.
— Tu… tu as entendu ?
— Non, quoi ?
Mais maintenant que la chanson n'était plus là pour hypnotiser tous ses neurones, Jehd se figea, la couleur quittant son visage alors qu'il déglutissait, la révélation le frappant.
— C'était bien son premier mot ?
— Et on a raté ça…
Parfaitement inconscient du chaos qu'il avait créé avec uniquement deux petites syllabes, petit Link dormait de son habituel sommeil de plomb, un léger sourire aux lèvres et la menotte emprisonnant un pli de la tunique de son père.
— Nous sommes les pires pères au monde, conclut Jehd, pratiquement les larmes aux yeux.
Le connaissant suffisamment pour savoir qu'il était inutile de le corriger, Link préféra retourner à sa tâche précédente, les yeux tournés vers le ciel.
Ah, les gars de la ville… Oui, p'tit Link avait enfin prononcé ce premier mot. Mais il en articulera bien d'autres très prochainement s'il poursuivait dans sa lancée. Il suffisait de s'asseoir et d'attendre. La vie trouvait toujours son chemin.
"J'ai pensé à Link et Jehd trouvant un Wild sauvage et l'élevant comme leur fils
Wild a environ 5 ans et ne peut ni parler ni lire. Il émet des sons et des cris comme un bébé d'un mois, ce qui permet à Link et Jehd de savoir s'il est excité ou frustré par quelque chose, mais il n'y a pas encore de "langage de bébé". Ils pointent aussi beaucoup du doigt et font des gestes.
Link et Jehd se partagent la tâche d'apprendre à Wild à parler, à être poli, à être propre, à jouer gentiment, etc. Jehd apprend à Wild l'alphabet hylien, mais tous deux lisent et lui racontent des histoires à l'heure du coucher. Wild apprend d'abord à écrire en dessinant dans la terre.
Entre ses problèmes de communication et d'attention et ses jeux agressifs, Wild a du mal à jouer avec les autres enfants d'Ordon, mais ces derniers essaient de s'entendre
Il aime les animaux. Lorsque Wild a vu le chat de Négocia, Link et Jehd ont pensé qu'il allait être trop brutal avec lui, mais il a été très gentil. Il adore jouer avec Fénir et le chiot de Balder.
C'est un garçon qui pue et qui a une capacité remarquable à se salir, mais il adore le bain, déteste les orages et a une obsession troublante pour le feu.
Alors que Jehd le berce pour la sieste, Wild dit en dormant "Pa...pa", ses premiers mots, mais Jehd n'était pas très attentif et se rend compte une seconde trop tard que Wild est déjà endormi."
Voracity Karn
