Je n'avais pas particulièrement envie de centrer l'événement sur le couple, alors je suis allée chercher des idées dans mes fiches, et voilà !
Si vous avez un doute : non, je n'aime pas les mariages xD Je suis contre le concept depuis que je suis enfant, et je suis très clairement célibataire :') Heureusement, ma famille n'en ayant rien à faire de moi, je ne subis aucune pression de ce côté, ils se sont habitués à l'idée que je mourrais seule avec mon chien (´▽`ʃ ƪ)
En espérant ne pas trop vous déprimer !
Bonne lecture !
Existait-il quoi que ce soit de plus ennuyeux et rébarbatif qu'un mariage ?
Après réflexion, oui, sans le moindre doute, mais ça ne le rendait pas moins amer.
Tentant de rester discret, Link s'enfonça un peu plus dans son assise. Par Ganondorf, pourquoi était-elle si inconfortable ? Puis, son costume était trop petit, le nœud de sa cravate trop serré, il étouffait !
Il ne parvint pas à rester suffisamment silencieux s'il devait croire au regard que lui avait lancé sa mère adoptive, assise à sa gauche. Bof, ce n'était que le dixième depuis le début de la cérémonie.
Et dire que la future épouse n'avait pas encore remonté l'allée…
Bien sûr, il était ravi, extatique et tout le dictionnaire de synonyme, pour Colin ! Qui aurait cru que son adorable petit crush d'adolescent allait atteindre cet apogée ?
C'était un très beau mariage. On voyait les efforts méticuleux des deux futurs époux ainsi que celui de leurs parents, rien n'avait été laissé au hasard. Partout où ses yeux tombaient, un détail méticuleux se révélait.
Mais toutes les fleurs, les banderoles et autres pièces de tissus ne suffisaient pas pour occuper son esprit vagabondant. Au moins était-ce une occupation silencieuse lui permettant d'éviter une autre œillade maternelle, mais là aussi, ça ne durait pas éternellement…
Étant de la famille du futur époux, Link et ses parents étaient en première ligne. Rien ne les cachait et toute l'attention était rivée sur leurs nuques. Même lorsque Colin sera enfin rejoint par sa dulcinée, ils resteront dans la périphérie du couple.
Vraiment, il faisait de son mieux, juré, pour ne pas se tortiller sur le banc inconfortable. Avait-on idée de rendre les dossiers si droits et le bois si dur ! S'il avait su, il aurait apporté un coussin…
Pour la peine, quand ce sera son tour, il fera s'asseoir le couple sur une paire de cactus, na.
Aussi amusante que fut cette réflexion, son sourire n'en fut que fugace.
Quand ce sera son tour…
Comme si c'était possible ! Personne ne voulait de lui et lui ne voulait de personne…
Courbant le dos sous le poids imaginaire de ce rappel, Link jeta un œil en direction de ses parents.
Malgré toute l'agitation de leur aîné, ils avaient leur attention rivée sur leur cadet à deux doigts du malaise à côté de l'autel. Ils exhalaient de joie comme si c'était eux qui allaient se passer la bague au doigt !
Cette réalisation lui noua plus fortement les intestins et il parut plus sage de contempler les pavés inégaux du sol. Ce n'était pas suffisant pour apaiser ses pensées sauvages mais au moins pouvait-il repousser tous ces sombres nuages qui lui empoisonnaient l'esprit l'espace de quelques secondes.
Les notes de harpes commencèrent à s'élever et le silence se fit. Certains retenaient même leurs respirations de ce qu'il pouvait entendre.
Et là voilà, avançant dans l'allée parsemée de pétales de fleurs lancés par une petite fille à la mine boudeuse. Le voile entourant la mariée lui donnait un air éthéré, telle une hallucination, ses traits flous sous la dentelle et les contours de son corps incertains par la coupe de la robe.
Elle était magnifique, de cette beauté pure des fées habitant les fontaines.
Rapidement, Link détourna la tête pour observer son frère.
Celui-ci s'était figé dans sa nervosité, les mains tordues d'une manière inconfortable, mais il était évident que Colin se concentrait totalement sur autre chose. Et c'était tout aussi évident ce qui retenait son attention.
Un peu amer malgré ses meilleurs efforts, Link se sentit jaloux. Il était content pour son frère, vraiment, mais il n'y avait pas pire fosse infernale qu'un mariage heureux quand on était un célibataire malheureux.
Le visage de son frère était semblable à ceux de leurs parents. On ne pouvait nier l'amour qu'il portait à sa fiancée, il exsudait de chacun de ses pores et malgré l'anxiété qui le pâlissait, il était évident qu'il vivait les minutes les plus importantes et les plus belles de sa vie. Il semblait prêt à s'évanouir lorsqu'elle parvint à sa hauteur, son père transmettant sa place à son futur gendre après un dernier baiser à sa fille.
— Nous sommes réunis en ce jour…
Peu importe ce que pouvait raconter l'homme de foi, Link s'en moquait éperdument.
Il ne pouvait pas dormir pour des raisons évidentes, mais rien ne le forçait d'écouter les fadaises ampoulées des cérémonies. Tant qu'il avait l'air de suivre le mouvement et ne foutait pas en l'air la fête, on devrait le laisser tranquille.
Surtout, ne pas dormir.
Rien à faire, le cœur n'y était toujours pas, alors qu'il se levait avec un temps de retard, applaudissant à tout rompre.
Le voile avait été relevé pour le premier baiser des mariés, retirant un peu le côté surnaturel. Maintenant, elle semblait bien frêle en comparaison des vagues de dentelles coulant de ses cheveux et de ses épaules.
Link espéra de tout cœur qu'elle avait prévu une tenue de rechange pour le reste des festivités car ça semblait inconfortable, rien qu'en l'observant.
Mais maintenant qu'ils remontaient l'allée en sens inverse sous les vivats des familles et des amis, esquivant les traditionnels jets de cendres.
Pour avoir vu le prix du smoking de Colin, son frère l'encourageait silencieusement à ne pas se faire toucher. À la seconde où il le sera, il n'y aura plus qu'à le jeter !
Après, on réutilisait rarement ces tenues une fois le mariage déclaré, donc la perte était moindre…
Assis tout devant, la petite famille dut prendre son mal en patience, attendant que l'édifice se vide à différentes allures, papotant avec l'autre famille à laquelle elle venait d'être associée, ainsi que le mystagogue venu les rejoindre.
Link garda le silence, silhouette sombre dans le dos de sa mère alors que celle-ci pépiait avec la mère de sa nouvelle bru, repassant la cérémonie au crible avec enthousiasme.
Il jeta un regard plein d'espoir en direction de la nef, espérant que celle-ci soit moins encombrée et qu'ils puissent quitter le bâtiment consacré. Ou juste lui, il était bien assez grand pour grimper sur sa moto et tourner le contact afin de suivre le cortège jusqu'à la ferme familiale où se tenait la suite des festivités.
Avec un peu de chance, il pourra s'éclipser après le vin d'honneur.
De toute façon, il n'avait aucun rôle dans cette farce. Il n'était pas le témoin (Fénir), ni le porteur d'anneaux (une des amies de la mariée) ou l'un des garçons d'honneurs. Il n'aura aucun discours à clamer, n'amusera personne en citant un souvenir ridiculement honteux de leur enfance.
En fait, Colin avait l'air clairement partagé quand il lui avait tendu l'invitation et il n'avait pas été capable de cacher sa surprise ni son affolement quand Link avait annoncé qu'il était disponible à cette date et qu'il serait là.
Ça lui avait fait mal. Enfin, ça aurait dû. Mais ça faisait bien longtemps qu'il avait reconnu ses erreurs et il ne pouvait qu'être heureux d'avoir été invité à la table d'honneur où se trouvaient les nouveaux époux et leur famille proche.
Une petite voix aigre lui murmura que l'écarter à une autre table aurait sans doute soulevé d'autres questions gênantes.
Mais les gens formaient toujours un immense bouchon, papotant paisiblement tout en patientant pour sortir.
Il ne parvint pas à retenir son soupir et celui-ci devait être trop bruyant car on se tourna vers lui, interloqués. Il parvint tant bien que mal à présenter un sourire pour se dédouaner. Que personne ne sache à quel point ça lui pesait d'être là…
Finalement, il n'y avait aucun honneur d'être à la table d'honneur.
Point de mire de toute la petite foule, il était important de faire attention à tout ce qu'on faisait. Au temps pour son petit plan de prendre la poudre d'escampette, son absence sera encore plus visible et discutée que l'immense pièce montée qui sera le clou du spectacle.
Pour l'occasion, Colin avait installé Ute à côté de lui, donc c'était à Moï de veiller sur lui. Ou de le surveiller ? La limite était assez floue pour tout avouer…
Le repas était bon, mais ce qu'il mangeait le plus, c'était définitivement les remarques en tout genre de la part des parents.
Au début, c'était encore correct, ils parlaient surtout aux invités qui s'approchaient pour féliciter le jeune couple, ou entre eux, enthousiastes par toute cette ambiance festive. Mais ces repas s'étiraient toujours dans le temps et, bien vite, leur attention se tourna vers leur aîné taiseux.
Était-ce le vin ? Était-ce l'ambiance ?
Peu importe le déclencheur, ils ne prirent pas de gants pour exprimer leurs inquiétudes à son égard sur le fait qu'il était un célibataire chronique. Et qu'ils ne disaient pas ça « pour être cruel » mais par « inquiétude ».
C'est dommage, le traiteur avait l'air compétent, mais tout n'avait que le goût de cendre…
— Tu sais, je peux demander à mes amies, elles ont des filles de ton âge. Il y en aura sûrement à ton goût… soupira Ute.
Ses pommettes étaient bien roses, elle devrait ralentir sur le vin, se fit-il la réflexion.
— Sinon, il y a ces sites de rencontre, non ? reprit son mari. On en parle de plus en plus, il paraît qu'ils ont beaucoup de succès !
Décidant de goûter à son tour à l'alcool, Link eut une pensée sombre en direction de son téléphone coincé dans la poche de son pantalon, et plus particulièrement envers les nombreuses applications qu'il avait fini par bouder après des mois de prospection effrénée. Résultat ? Pas une seule touche.
Qu'est-ce qui clochait chez lui, franchement ?
Le nez toujours plongé dans son verre, il tenta de se concentrer sur le musique de fond plutôt que sur les commentaires de ses parents. Il y avait bien longtemps qu'il s'était fait une raison sur la direction que prenait sa vie amoureuse. Il mourra seul.
Moï avait été si enthousiaste suite à la nouvelle du mariage de son cadet qu'il avait distribué les invitations à tous ceux dont il avait croisé le chemin.
Bon, peut-être pas à ce point, mais il n'avait pas fallu longtemps à Jehd pour se rendre compte que la petite famille… était vraiment réduite. En-dehors des parents et de leurs enfants, le côté du marié n'était rempli que de leurs amis ou de collègues. C'était un peu triste mais il ne sera pas celui qui le commentera à voix haute.
Recevoir l'invitation des mains de l'agriculteur avait été un grand honneur et il s'était assuré d'être sur son trente-et-un pour l'occasion.
Ils s'étaient rencontrés des années plus tôt, lorsque Moï travaillait encore pour la famille royale en tant que chevalier retraité, enseignant les passes d'armes aux jeunes recrues. Puis son premier fils biologique était né et il avait démissionné, emmenant sa petite famille dans son village natal pour y faire pousser des potirons et tout un tas de légumes qu'il serait bien lui-même incapable de reconnaître.
Moï revenait de temps en temps à la capitale, entretenant ses amitiés comme il devait le faire avec ses plantations, se tenant au courant et n'oubliant aucun anniversaire.
Lui-même n'avait été encore que le fils du majordome, accompagnant son père lors de travail, se faufilant pour admirer ses adolescents dégingandés soulevant des épées plus lourdes que lui. À force, son père l'avait confié à l'ancien chevalier pour éviter les mauvaises surprises.
Par bien des aspects, Jehd le considérait comme une deuxième figure paternelle et son départ avait été une cruelle trahison. Et plus encore suite à la mort de son propre père, peu de temps après.
Il avait dû attendre quelques années avant de pouvoir le revoir, mais ce n'était plus pareil. Lui avait grandi dans la solitude, le façonnant en arrêtes aigues, là où la nouvelle paternité avait lissé les traits durs et tiré un sourire sur ce visage toujours strict. C'était un nouveau Moï qui s'était présenté à lui.
Le cœur un peu lourd, il s'était présenté au temple sans trop savoir pourquoi il trépignait intérieurement, sous les moqueries affectueuses d'Ash.
Heureusement pour lui, son amie était placée à ses côtés pour le repas et il connaissait au moins de vue les autres invités à sa table, lui épargnant l'anxiété des présentations. Et le mariage permettait aussi d'avoir un sujet de conversation tout naturel.
Avisant la file plus réduite d'inconnus venant féliciter les nouveaux mariés, il fit signe à sa voisine.
— On devrait y aller, nous aussi, non ?
Malgré ses tentatives pour être discret, toute la tablée entendit cette proposition et acquiesça, quittant aussitôt leurs chaises dans un fracas de frottement et il se retrouva bien vite à attendre son tour, entouré de gens devisant gaiement. Certains avaient clairement profité de l'eau de vie à la citrouille que les parents du marié avaient offert pour l'occasion, s'il devait se référer aux mines joyeuses, aux pommettes roses et aux regards flous.
Jehd croisa les doigts dans les poches de son pantalon, espérant qu'aucun dérapage malvenu viendrait salir une si belle journée.
Quand ce fut leur tour, il se rendit compte qu'en-dehors de Moï, il connaissait à peine les autres personnes attablées. Bien sûr, il avait déjà fait la rencontre d'Ute, quand ils vivaient encore à la capitale, mais pour le reste, c'était surtout à travers des nouvelles que le père donnait, que ce soit lors de ses visites ou à travers sa correspondance.
C'était donc l'occasion pour observer d'un peu plus près les jeunes époux. Et Colin était clairement le fils d'Ute et Moï, c'était indéniable !
— Jehd ! l'apostropha l'ancien instructeur.
Il avait l'intention de retourner s'asseoir après les formules d'usage mais il aurait été malvenu d'ignorer l'interpellation. Pas qu'il comptait le faire non plus.
Flanqué d'Ash, il se rapprocha en souriant, heureux malgré lui d'avoir été remarqué.
— Qu'est-ce que tu deviens, mon grand ? J'ai l'impression que ça fait une éternité depuis la dernière fois que nous nous sommes vus !
— Il ne faut pas exagérer, ça ne fait que deux ans !
Ce n'était pas vraiment l'occasion, mais ils papotèrent quelques minutes sur leurs situations tous les deux, avec quelques interventions d'Ute qui avait vu ce petit garçon grandir par l'intermède de son mari.
— C'est exactement ce que je disais à mon fils. Tu entends ça, Link ?
Un peu surpris que ça ne soit pas le nom de Colin qui fut prononcé, Jehd tourna légèrement la tête sur sa droite, découvrant un jeune hylien à l'air renfrogné qui avait l'air clairement de ne pas vouloir être inclus dans la conversation. Jusqu'à ce qu'Ute fronce les sourcils dans sa direction et qu'il se force à sourire.
— Tu ne te souviens peut-être pas de Link, vous étiez tous les deux si jeunes quand nous avions quitté la Citadelle…
— J'avais neuf ans, ce n'était pas si jeune, grommela le concerné.
Maintenant qu'ils le disaient, Jehd commençait à comprendre qu'il avait le fils adoptif devant lui. Moï n'en parlait pas beaucoup, à l'époque, préférant séparer sa vie personnelle des entraînements. C'était vraiment depuis son retour à Toal et la naissance de Colin qu'il était devenu plus expansif à ce sujet. Et encore, il parlait plus souvent de Colin et Elke, la benjamine, que de leur aîné.
Et, franchement, c'était un vrai gâchis, maintenant qu'il avait un bon aperçu de sa personne.
Peu importait le crush qu'il avait eu pour l'épéiste lorsqu'il était enfant, il avait trouvé une cible bien plus accessible et sans doute plus saine.
Et, étant donné le coup de coude qu'il venait de recevoir dans le flanc de la part d'Ash, il était beaucoup trop évident à ce sujet.
Aucune importance. Le seul avis qui lui comptait était celui en face de lui. Et, justement, l'heure du bal approchait et il sera donc plus facile de faire connaissance, l'attention de tous rivée sur la piste de danse.
Qui sait, peut-être que l'occasion lui sera favorable ?
"- C'est le mariage de mon cadet et mes parents ne veulent pas se taire sur le fait que je vais mourir seul."
"- Wow, je ne savais pas que le marié avait un frère aussi sexy"
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