Chapitre 3 : Foudres et Papillons.

"Pour le monde tu n'es peut-être qu'une personne mais pour une personne tu pourrais être le monde"


6 novembre 1863, Sud-Ouest de l'île de Galveston

Le soleil était déjà bien haut dans le ciel, lorsqu'enfin remis de leur courte nuit, trois furies dévalèrent quatre à quatre les escaliers de la taverne Stanford, la traversèrent tout aussi rapidement, avant d'ouvrir brusquement les portes et finir lâchées dans les rues de Galveston.

Le soleil tapait sur leur peau pâle qui contrastait énormément avec celle des gens d'ici, on se retournait sur leur passage, on les dévisageait, les critiquait, parfois même on les enviait. Mais tout cela ne les importunait pas le moins du monde. Elles y étaient habituées depuis longtemps maintenant et déambulaient dans les rues au gré de leurs envies. D'échoppes en échoppes, de marchand en marchand, quelque restaurant par ci par là. Malgré le mal qui frappait cette ville et ce pays, les rues étaient animées, elle semblait presque hors du temps.

Après un certain temps, les pas d'Éléonore et ses jumeaux les ramenèrent à leur point de départ. N'ayant pas envie de rentrer tout de suite, elle décida d'entraîner une nouvelle fois ses frères vers le parc qu'ils avaient déjà visité la veille.

Alors qu'ils remontaient la rue, Éléonore aperçut au loin les écuries de Mr Austin, en se rapprochant, elle repéra deux personnes qui discutaient à l'entrée. Elle reconnut la première facilement, c'était Mr Austin. Sa silhouette enveloppée et ses vêtements de cowboy au couleur un peu trop chatoyante pour ses yeux, se distinguait de loin. L'autre homme en revanche, elle ne l'avait jamais vu. Il était grand, élancé et semblait parfaitement proportionné.

Éléonore continua de marcher sans changer de direction. Ce qui ne l'empêcha pas, de prendre son temps pour observer la personne, qui s'offrait involontairement à ses yeux. Avant de s'étonner elle-même du net ralentissement dans sa cadence. Elle pouvait maintenant distinguer ses cheveux blonds légèrement ondulés, qui s'échappaient d'un chapeau gris délavé et flottait subtilement au gré de la brise. Il était beau et charismatique même à plusieurs mètres de distance. Toujours en mouvement, elle se rapprochait de plus en plus, et plus elle le découvrait, plus son cœur battait dans sa cage thoracique, de plus en plus fort encore et encore. Elle le trouvait de plus en plus charmant, elle avançait avec des pas de plus en plus lents et le dévisageait encore et encore.

Jusqu'au moment où ils étaient si proches qu'ils avaient comme l'impression que l'espace d'un instant, le temps s'était arrêté autour d'eux. Les laissant seuls, les yeux dans les yeux sondant mutuellement leurs âmes.

Du charisme et de la confiance en soi émanait naturellement de son être. Même si l'espace d'un instant, elle crut apercevoir un léger vacillement dans son regard. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur il reprit vite contenance et elle vit au même moment un sourire coin confiant s'afficher sur ses lèvres, une pointe d'amusement dans ses yeux. Éléonore ne perdit pas de temps pour réagir, elle tourna entièrement sa tête dans sa direction, son sourire étant maintenant charmeur et confiant au possible, elle le fixa quelque seconde, haussa un sourcil, laissa échapper un petit rire sarcastique, avant de remettre sa tête droite et de laisser à son tour un sourire en coin apparaître sur ses lèvres, tout en pensant intérieurement : "Oh je vois que monsieur est un charmeur confiant, ça tombe bien moi aussi je peux jouer à ce jeu-là cowboy."


Canada, Calgary, 21ème siècle.

La brume c'était une fois de plus épaissi devant les yeux de la famille Cullen, pour ensuite faire défiler devant leurs yeux plusieurs aller et retour du Major Whitlock à l'écurie de Mr Austin, mais le jeune homme semblait à chaque fois plus distrait que la précédente. Il n'arrêtait pas d'observer les alentours, comme si, il était à la recherche de quelque chose. Et il ne cherchait pas n'importe qui, Jasper savait même sans avoir accès à l'esprit de son lui de l'époque, qu'ils avaient en tête exactement la même et unique idée. La revoir. Et comme les souvenirs qu'ils retrouvaient semblés pour l'instant tous avoir un point commun, ses têtes de cheveux châtains. Il se rêvait à penser qu'ils étaient concernés eux aussi par cette chose qu'on lui avait arraché.

C'est le troisième jour que leur vœu fut enfin exaucé. Tout commença quand deux jeunes hommes sortirent de l'écurie signalant au passage à Mr Austin qu'ils s'en allaient, mais furent arrêtés dans leur marche quand il les questionna.

-Vous n'êtes pas avec votre sœur ?

L'un des deux se retourna et commença.

- Non, on l'a abandonné en chemin !

Puis le second se retourna avec un air à moitié amusé et exaspéré reprenant.

- Elle n'arrive pas à se séparer de son bel étalon !

- Le pauvre, j'ai de la peine pour lui ! rétorqua le premier.

- Moi aussi, je suis certain que s'il avait pu, il serait parti depuis bien longtemps ! À la fin de leur petit dialogue, ils ne pouvaient plus se retenir et éclatèrent de rire.

Mr Austin les regardait un sourire amusé posé sur ses lèvres, puis comme frappé d'une illumination, il s'avança et se mit entre les jeunes, légèrement devant Jasper et entreprit de lui présenter les deux nouveaux arrivants.

- Jasper, je suppose que tu as déjà entendu des étrangers arrivés en ville il y a quelques jours, il confirma en hochant la tête laissant Mr Austin continuer, laisse-moi donc te présenter officiellement les jumeaux, euh… Frappé soudainement d'hésitation, son regard passa de l'un à l'autre, faisant de nombreux aller-retour très rapide.

Alors qu'il essayait en vain de se rappeler qui était qui, les jumeaux le regardaient avec un air amusé n'ayant pas la moindre intention de l'aider. Et avant qu'il ne puisse faire sortir un autre son de sa bouche, Mr Austin fut coupé par une voix qui semblait si douce et mélodieuse tout en dégageant un certain caractère. C'était la plus belle voix qu'il avait jamais entendue toutes vies confondues. Sur un ton amusé elle avait dit

- Maximilien à gauche et Jefferson à droite.

Le patron c'était retourné dans sa direction, rapidement suivit par Jasper qui reconnut immédiatement la jeune femme qui hantait ses pensées depuis déjà maintenant plusieurs jours.

- Ah ! Éléonore ma chère du m'a sauvé la mise sur ce coup. Répondit le vieil homme, en passant une main derrière son cou pour se gratter la nuque. Et la seconde après, ils avaient tous les 4 éclaté de rire.

Mes yeux ne la quittaient pas d'une seconde, son rire était si beau, non c'est son être tout entier qui était magnifique, si subjuguant et si renversant que je n'en revenais pas. Et d'un coup c'était comme-si tous les morceaux avaient été recollés, je comprenais enfin ce que Maria avait chercher à me faire oublier. C'était elle. Je n'avais pas encore toutes les réponses, mais je savais qu'elle viendrait et donc me reconcentrai rapidement sur la scène qui se déroulait devant mes yeux.

Mr Austin avait maintenant repris son souffle, et lui demanda.

- Je t'en supplie, Éléonore dit au pauvre homme que je suis comment est-il possible de les différencier ?

Elle lui avait répondu en réprimant un rire, tandis que ces frères eux ne se gênait pas.

- Eh bien je ne sais pas trop quoi vous dire, je les connais depuis si longtemps que je les distingue instinctivement, un sourire se forma au coin de ses lèvres, mais si c'est pour vous Mr Austin, je veux bien tenter de vous aider un petit peu.

Elle avait ponctué sa phrase d'un clin d'œil et d'un petit rire, et celui-ci ne perdit pas de temps pour l'assaillir de « comment », « je t'en supplie », « ai pitié » et d' « aide moi ». Tout cela dit avec ses mains jointes devant son visage, un genou à moitié à terre et l'attention de tous les passants qui était divisée en deux camps, les amusés et les désespérés.

- Eh bien, cela ne dépend que de vous mon chère, l'avait-elle interrompu dans ses supplications avec une once de malice dans son regard.

- De moi ? demandait-il interloqué, Comment cela pourrait-il dépendre de moi ?

Un sourire malicieux était maintenant nettement visible sur son visage.

- Eh bien, cela dépend de ce que vous m'offrirez en contrepartie ! Il regardait maintenant la jeune fille avec épuisement mais elle continua en l'ignorant, Car ce n'est pas n'importe quelle information que vous me demandez là monsieur, il lui donnait maintenant un regard qui se voulait dure, mais on pouvait distinguer son amusement derrière sa façade sérieuse, C'est au moins de l'ordre du secret de sa majesté !

Elle s'était alors approchée de lui pour lui chuchoter à l'oreille, puis ils semblèrent débattre pendant quelque instant, avant de se reculer tous les deux le sourire aux lèvres. Ils se serrèrent la main et elle prit la parole.

- Bon, je dois avouer que je suis convaincu ! Elle avait ri à sa propre phrase avant de reprendre, En réalité, les distinguer est plutôt simple. Si on fait un minimum attention. Mr Austin lui lançait un regard impatient, tandis qu'elle toute souriante, semblait trouvé satisfaction, à faire durer le suspense, et elle ne reprit qu'après une pause respiration légèrement exagéré, Max a un grain de beauté dans le cou sur la gauche et Jef en a un sur la mâchoire à droite.

Avait-elle déclaré comme si c'était la chose la plus évidente qui soit.

Ce qui dessinait un sourire sur les lèvres de Jasper, ses émotions se mélangeaient, s'amplifiaient mutuellement, se complétaient, à l'époque il n'était pas certain du mal qui l'avait frappé. Même si, au fil des jours tous ses doutes s'étaient effacés, là je n'en avais aucun. Tout chez elle était parfait ; sa façon d'agir, de se mouvoir ; sa voix ; la façon dont ses lèvres se plissent lorsqu'elle sourit ; ses yeux ; son regard lorsqu'il croisait le mien. Son être tout entier était fait pour me plaire, me faire défaillir. C'était déjà le cas à l'époque et aujourd'hui plus encore.

Edward qui lisait mes pensées me regardait avec un faible sourire, car lui aussi savait donc ce qu'elle représentait pour moi. Le reste de la famille avait beau ne pas pouvoir jeter un coup d'œil dans mon esprit, ils l'avaient tous plus ou moins remarqué, à mes expressions, aux changements dans mon attitudes d'habitude au garde à vous, mais surtout grâce aux vagues d'émotions que je leur envoyais inconsciemment.

Celle que je cherchais depuis si longtemps, je l'avais en fait rencontrée avant même de commencer à la chercher, elle avait volé mon cœur et mon être tout entier depuis maintenant de nombreuses années. Elle était mon tout. Ma moitié, mon âme sœur, ma destinée.

Pendant que j'étais perdu dans mes pensées, j'avais tout oublié de mon environnement et ne remarquait pas le changement soudain d'attitude d'Edward. Il avait alors réalisé quelque chose à laquelle je n'avais moi-même pas encore pensé. Ce film de mes souvenirs qui passait devant nos yeux se déroulait en 1862, alors que nous, nous venions de passer à l'an 2000.

Il avait alors fait des signes aux autres membres de notre famille pour qu'ils le suivent dehors, me laissant seul avec mes souvenirs et me laissant y plonger encore et encore jusqu'à ce que j'oublie complètement le reste et ne fasse qu'un avec mon alter égo humain.


9 novembre 1862, jour de repos collectif, périphérie de Galveston, Sud-Ouest de l'île

Éléonore se baladait, c'était la fin de l'automne, mais les rues de Galveston restaient très ensoleillées, le sud des États-Unis, actuellement désunis restait chaud et le ciel presque sans nuage annonçait une belle journée. Les triplets avaient décidé, d'aller visiter les alentours, lors d'une balade à cheval profitant du « calme » avant la tempête.

Après plusieurs heures de balade légèrement aléatoire, ils retournèrent en ville, avec pour destination les écuries de Mr Austin. Éléonore était une fois arrivée, restée un moment avec son cheval. Elle est très proche de lui et c'est à chaque fois un crève-cœur de le quitter, Hadès est son meilleur ami et son confident. Car même si elle aime inconditionnellement ses frères, ils sont parfois un peu… comment dire ; légèrement "agaffant", agaçant et étouffant sur les bords. Et comme si ce n'était pas assez difficile pour elle comme ça, Hadès ne voulait pas non plus qu'elle s'en aille et lui faisait savoir sans hésitation.

Lorsqu'elle se sentit enfin prête à le quitter, elle se dirigea vers la sortie et une fois arrivée devant la porte, elle reconnut, les voix de ses frères et celle de Mr Austin. Elle avait alors franchi silencieusement la porte, le soleil l'aveuglant quelques secondes, le temps que ses yeux s'habituent de nouveau à la grande luminosité extérieure.

Et puis en rouvrant les yeux, elle fut frappée de plein fouet, par une vague de sentiments encore plus puissants que la dernière fois. C'était lui, encore lui, toujours lui ! Tellement lui qu'elle ne savait même plus si son esprit avait une hallucination, ou s'il était réellement là à quelques mètres d'elle.

Et comme elle n'arrivait pas à se décider, elle décida tout simplement de l'ignorer et de se concentrer sur la conversation qui se déroulait devant elle. Mr Austin lui tournait le dos et présentait cet inconnu à ses frères, mais au moment de les présenter, il se mit à les regarder chacun leur tour encore et encore. Laissant sa mine enjouée se renfrogner, alors qu'il semblait empreint à un nœud de cerveau monumental.

Éléonore réprima un rire avant de décider, de voler au secours du pauvre homme.

- Maximilien à gauche et Jefferson à droite. À son intervention, Mr Austin c'était retourné dans sa direction, mais elle n'avait d'yeux que pour le jeune homme qui se tenait derrière lui. Elle était complètement envoûtée par son apparence mais aussi parce qu'il dégageait, elle ne savait pas comment expliquer tout ça.

Elle qui était avide de connaissance marchait avec des faits, des sources, des documents et des preuves et là, elle n'avait rien de tout ça pour s'appuyer. Rien à part un sentiment étrange au fond de son être et un rythme cardiaque en roue libre. Elle n'avait jamais ressenti ça ou n'importe quoi qui puisse s'en rapprocher, perdu et énervé, elle se résigna à détourner le regard.

Celui-ci se posant à nouveau sur Mr Austin, qui était ébahi par la facilité avec laquelle elles les distinguaient. Une expression, que ses jumeaux avaient remarqué aussi, les faisant d'abord éclater de rire tous les trois, et vite rejoints par Mr Austin. L'homme assaillit ensuite Éléonore de supplications pour connaître son secret pour distinguer ses frères.

Elle comptait premièrement, lui dire sans aucune arrière-pensée. Mais avant qu'elle n'ait ouvert la bouche, une idée lumineuse l'avait frappé. Et répondit enfin.

- Eh bien, cela ne dépend que de vous mon chère.

- De moi ? demandait-il interloqué, Comment cela pourrait-il dépendre de moi ? Éléonore déjà plus que satisfaite de la réaction du vieil homme décida de continuer un tout petit peu.

- Eh bien, cela dépend de ce que vous m'offrirez en contrepartie ! Il était actuellement très compliqué pour elle de se retenir de rire tant cette expression méritait un oscar, mais elle réussit tout de même à continuer.

- C'est au moins de l'ordre du secret de sa majesté !

Elle s'approcha alors de Mr Austin un sourire malicieux au coin des lèvres et lui chuchota. - Eh bien avec un peu de motivation tout peut se faire mon chère.

- Bien, avait-il soupiré résigner, qu'est-ce que tu veux gamine ? Il répondit sans perdre de temps, sachant maintenant que l'information ne serait pas gratuite.

- Je suppose, que des consommations, à volonté, chez Mme Stanford, ce soir, pourraient facilement me délier la langue. Avait-elle répondu, un sourire béant sur le visage. Il avait alors pris quelque secondes pour réfléchir, puis répliqua.

- un verre ?

- la moitié de la soirée.

- un verre chacun ?

- la moitié.

- la moitié ?

- hmm, faisait-elle semblant de réfléchir, finalement plutôt la soirée entière et pour nous trois biens sûrs.

- Ah ! Très bien ! C'est d'accord mais juste ce soir. Avait cédé l'homme, décidément pas très résistant mentalement. Éléonore fière de sa victoire, elle lui tendit discrètement la main pour qu'il la serre, ce qu'il fit, scellant leur petit marché.

Souhaitant encore faire durer un tout petit peu le plaisir avant de lâcher le morceau, elle tourna légèrement autour du pot. Et une fois qu'elle jugea l'impatience de Mr Austin suffisante. Elle finit tout de même par partager sa technique secrète ultime.

- Max a un grain de beauté dans le cou sur la gauche et Jef en a un sur la mâchoire à droite.

Alors qu'elle observait la réaction de Mr Austin, qui était actuellement coincé entre désespoir et surprise. Les triplets, amusés, par celle-ci c'étaient une fois de plus mis à rire. Quelque instant plus tard, regagnée par le calme, Éléonore réouvra les yeux. Les accrochant accidentellement dans d'autres, qui la regardait également, et ce n'étais pas ceux de n'importe qui, c'était cet inconnu, encore lui et évidemment toujours lui.

Cette fois, elle le fixait droit dans les yeux et il la fixait aussi, alors que la vague de sentiments approchait de nouveau, elle sembla cette fois, identifier de la panique l'envahir et voulut détourner le regard. Elle ne le fit pas, captivée par le jeune homme qui était là, à quelques pas.

Elle pensait tout bas, à son visage, aux courbes de son corps, à ses boucles blondes coincées sous son chapeau gris, à ses mystérieux et jolis yeux marron. Elle les avait accrochés par mégarde et maintenant ils ne voulaient plus la laisser partir.

Remis de ses émotions, Mr Austin se rendit soudainement compte, qu'il avait oublié de faire quelque chose, un sourire jovial regagna ses lèvres. Puis il c'était avancé, se mettant légèrement entre leur regard et avait parlé de sa voix forte.

- J'avais complètement oublié ce que je faisais à l'origine ! il continua en se tournant vers Éléonore. Éléonore voici Jasper, puis se tourna vers celui-ci, Jasper je te présente Éléonore et ses frères que tu connais déjà.

Jasper s'était alors mis à avancer vers elle d'un confiant, réduisant l'espace qui les séparaient jusqu'à ce qu'il s'arrête juste devant Éléonore, qui le trouvait beaucoup trop prêt pour son pauvre petit cœur.

Une fois arrêté, il souleva légèrement son chapeau et parlait pour la première fois depuis le début de cette première rencontre plutôt mouvementé.

- Jasper Whitlock, Mademoiselle, c'est un plaisir de faire votre connaissance.

Les triplets avaient été interpellés par son accent texan prononcé, mais il s'entendait facilement qu'il avait fait un effort de prononciation. Les garçons y virent, comme de la courtoisie pour les étrangers qu'ils étaient. Si seulement ils savaient le véritable but de cet effet qu'Éléonore, elle avait bien perçu, ils ne l'auraient pas laissé faire si facilement. Car leur sœur, elle l'avait ressentie très différemment, elle trouvait sa voix charmante, tout comme sa façon d'agir.

Jasper avait presque instantanément après la fin de sa phrase, tendu sa main, paume vers le ciel en direction d'Éléonore. Il ne l'avait jamais tendu aussi rapidement après une rencontre. La plupart du temps ce n'était même pas lui qui incitait le geste. Et ce qu'il ne savait pas c'est qu'elle était aussi perdue et désorientée que lui, et elle ne savait pas non plus d'ailleurs.

Mais ils avaient ressenti des émotions si fortes rien qu'en se regardant, une étrange connexion, attraction qui les poussaient l'un vers l'autre, qu'ils étaient tous les deux fébriles et hésitants. Ce qui étaient complètement à l'opposé de leurs caractères respectifs.

Éléonore sortit enfin de ses pensées, et s'était mise à bouger sa main vers celle de Jasper, ce qui le fit également sortir de ses pensées, pour enfin être envahi par un soulagement divin. N'ayant pas l'habitude de faire le premier pas, il redoutait comme jamais de se faire rejeter.

Puis tout se passa très vite, Jasper avait senti sa petite main se poser dans la sienne, lui signalant que c'était le moment pour amorcer le prochain mouvement. Mais c'était sans compter Éléonore qui avait maintenant fini de tourner leur main à 90 degrés, transformant ce baisemain en poignée de main. Et alors qu'elle commença à secouer la main de Jasper avec délicatesse mais surtout beaucoup d'assurance, elle sourit et lui répondit.

- Éléonore De Villiers, plaisir partagé Major Whitlock.