Lundi était arrivé comme un brusque retour à la réalité. Si la réalité lui donnait un goût amer, elle commençait à s'y habituer ou presque. Le retour au travail au laboratoire ne l'enchantait guère, mais elle devait y aller. C'était son devoir. Pas envers le laboratoire, pas envers Brenner et surtout pas pour elle. C'était seulement pour Henry qu'elle se présentait encore.

C'était ce qu'elle avait sans cesse chanter à son père durant la fin de semaine et c'était sans doute ce qu'elle continuerait à lui dire lorsqu'il lui rappela les risques reliés au métier. Mark Walker n'appréciait toujours pas à ce qu'elle reste sous le radar de son ancien collègue et son ancien patron. Ce dernier pouvait se présenter à tout moment, comme au déjeuner, pour essayer de la pincer. Le fait d'avoir voler des échantillons de sang, de l'avoir transmit à sa fille et que cette dernière a développé des pouvoirs ne ferait qu'aggraver du problème. Pour son père, il était impassable que Martin n'est pas découvert le pot aux roses. Soit le responsable du laboratoire était un individu prudent – ce qui était probablement le cas – soit il n'arrivait pas en être certain. Une chose était certaine, c'est que monsieur Walker était resté les pieds à Hawkins.

Son père s'était loué une chambre pour la semaine. Il refusait de s'accaparer l'appartement de sa fille et lui voler son espace personnel. Il accepta de se payer une chambre pour quelques semaines. C'était pas comme s'il ne pouvait pas se le permettre.

C'est alors avec un pincement au cœur qu'il la laissa aller travailler au laboratoire. Annabelle ne pouvait éprouver que de l'inquiétude face à son comportement malgré ce qu'il lui avait imposé dans sa jeunesse. Elle éprouvait des regrets lorsqu'elle avait tué le lièvre en s'imaginant le visage de son paternel. Mais il était en parti responsable de son mauvais sort. Les scientifiques étaient bizarre avec leur obsession pour la science et leur curiosité. Peut-être que les pères avaient une tendance sadique de démontrer leur amour…

La température n'avait pas chuter même à la mi-août. La canicule était restée tel une sangsue. Des nuages avaient commencer à apparaître dangereusement, chargée d'une promesse d'orage et de pluie. Le silence à l'extérieur et la présence des nuages n'annonçaient rien de bon.

C'est en entrant qu'elle constata que c'était Miller qui était de garde avec Blackmon. Le rappel que Stanley n'était plus là, lui donna un léger pincement au cœur. L'image de son visage couvert d'araignées était aussi horrible que le rappel de son corps meurtri - la gorge ouverte avec du sang partout - par Biscuit, le doberman.

Miller lui sourit comme à son habitude. À toutes les fois, son sourire lui donna la frousse même si le sourire en question ne semblait pas réellement chargé de méprise à son égard. Peut-être parce qu'il faisait parti de l'autorité, qu'il était le chef de la sécurité et qu'il était proche de Brenner. Une chose était certaine, elle ne l'aimait pas. Peu importe comment il se comportait. Elle pouvait savoir qu'il avait déjà fait du mal à Henry d'une manière ou d'une autre et qu'il en avait prit un malin plaisir. Cela la faisait grincer des dents. N'ayant pas très envie de lui retourner son sourire, elle ne lui fit qu'un hochement de tête professionnel, ne voulant pas réellement s'attarder. C'était aussi bizarre de constater que la sécurité avait été renforcé au rez-de-chaussé.

-Bien le bonjour, mademoiselle! Il ne fait pas très beau aujourd'hui, n'est-ce pas? Demanda Miller, les mains sur les hanches en la regardant avec son air autoritaire.

Maintenant, des nuages d'orages masquaient l'astre solaire comme des rideaux opaques. Il faisait incroyablement sombre pour une journée d'été. Cela ne faisait qu'empirer. Une belle comparaison à ce qui se suivait dans ce laboratoire. La chaleur commença à l'accabler et retrouver l'air climatisé la soulagea.

-Oui. Il annonce des orages violents, répondit-elle avec empressement.

-C'est bientôt la fin de l'été...Dommage que Stanley n'est pas là pour la savourer. C'est vraiment triste ce qui lui ait arrivé. Une vrai tragédie, mentionna toujours Miller en la suivant du regard.

-En effet.

Étais-ce prudent d'avoir des réponses courtes? Après tout, elle avait déjà eu sa dose avec cette histoire. Pas qu'elle n'avait pas d'empathie, mais elle était probablement attendu à son bureau. De plus, Brenner ne voudrait pas qu'on alimente cette veille histoire avec des potins et des rumeurs. Cela ne ferait pas très professionnel de sa part. La jeune femme ne pouvait se permettre de s'attarder trop longtemps.

-Badge d'identification, demanda le chef des gardes du laboratoire. Simple question de sécurité.

-Vous savez que je travaille ici depuis plusieurs mois. Il est curieux de me le demander. Je passe par ici presque tout les jours de la semaine.

-Ouais...Mais les ordres sont les ordres. Je n'y peux rien.

Surprise et curieuse, elle lui présenta. En plus, il était toujours accroché autour de son cou. Franchement, c'était frustrant de se le faire demander alors qu'il était visible.

-Merci à toi. Tu peux aller travailler, ma jolie.

Il lui sourit à nouveau, mais avec une manière tordu sous le regard des autres. Une image s'imposa à son esprit sans qu'elle sache d'où elle venait. Miller présenta les mains dans les airs comme pour se rendre devant une menace. Puis, son cou fut cassée, mais une certaine satisfaction – qui n'était pas la sienne – l'envahit. La lumière au-dessus d'eux se mit à clignoter plusieurs fois, réduisant tout le monde au silence. Comme des tombes, ils regardèrent tous la lumière en fronçant les sourcils. Pour les personnes ordinaires, cela aurait parut comme étant un évènement banal précisant qu'il devait changer l'ampoule ou qu'il y aurait une panne d'électricité. Mais pour les employés du laboratoire, c'était un évènement stressant, toujours annonciateur que des enfants utilisaient leurs pouvoirs.

-Bizarre. Il y a les tests sur les sujets à cette heure-ci? Demanda Miller en regardant les autres, oubliant Annabelle.

Elle prit la poudre des escampettes, sans rien demander en retour. Toujours est-il que cet évènement ne lui était pas inconnu, mais la lumière explosa au-dessus des gardes en projetant du verre et du plastique de tout les côtés. Les secrétaires crièrent, mais elles n'eurent pas le temps de se demander ce qui venait de se passer puisque que les lumières s'éteignirent complètement annonçant une panne d'électricité. Le son du tonnerre fit vriber les tympans et il se mit à pleuvoir des gouttes.

-Putain de merde, marmonna Miller après que le silence soit revenu. La génératrice n'a pas embarquée. Va falloir que j'aille y jeter un coup d'œil.

Les gardes allumèrent leurs lampes de poche. Les autres employés comme les secrétaires et le personnel de soutiens arrivèrent pour donner des lampes de poche à ceux et celles qui désiraient descendre pour le travail. Sans doute avait-on besoin d'aide en bas, surtout du côté des enfants. Annabelle attrapa une lampe et se dirigea vers les escaliers qui allaient lui permettre de descendre dans les profondeurs du laboratoire. Sans donner plus d'attention aux autres aux premiers niveaux, elle descendit les nombreux escaliers pour arriver à l'étage décent. Tout semblait s'y différent dans l'obscurité. Le laboratoire lui apparaissait plus terrifiant qu'avant. Elle eut de la difficulté à retrouver son chemin dans les innombrables couloirs sans lumière, sans guide et sans caméra. Surtout que la jeune femme se retrouva seule une fois qu'elle eut trouvé son point de départ. Tout était si calme, si silencieux. Il n'y avait pas le bruit incessant des caméras, ni des néons, ni des pas. Seule.

La présence d'Henry ainsi que de son «ami» l'effleura. Elle tourna autour de son esprit comme une abeille fleurant une fleur, s'assurant de la sécurité de celle-ci. Puis, elle s'accrocha avec une rare délicatesse.

«Tourne deux fois à gauche et dirige-toi vers la salle de stockage B-7.»

Indication claire et précise, poussé dans sa tête. Elle aurait pu l'ignorer, mais elle était aussi désespéré que lui de se retrouver. Alors, Walker poursuivit son chemin avec empressement, ne croisant personne sur sa route.

Elle n'avait pas crier en sentant sa main sur son poignet. Elle n'avait pas crier lorsqu'il l'avait amener dans une pièce aussi noir que les ténèbres. Elle n'avait pas crier parce qu'elle n'avait pas peur de lui. Plus maintenant. Pas autant que lorsqu'elle l'avait croiser la première fois. Un besoin de le sentir près d'elle la parcouru autant qu'à lui.

-Je te tiens.

Il s'aventura en premier comme pour le guider dans une danse dans l'obscurité tel deux amants se retrouvant. Henry posa ses lèvres contre les siennes, la plaquant légèrement contre le mur froid de la pièce en faisant attention à ne pas plus lui faire du mal. Désespéré, il lui mordilla la lèvre et elle répondit à son baiser, s'accrochant à lui. Savourant à l'idée qu'elle semblait moins timide et plus aventureuse que dans leurs contacts mentales, l'infirmier se permit de toucher des endroits qu'il voulait toujours explorer chez elle. De plus, il était plus savoureux de la toucher physiquement que mentalement.

Les doigts d'Henry lui arracha la lampe pour l'éteindre. La faible lueur de la lampe disparut, mais l'obscurité lui permit de trouver ses prises. Mieux valait être prudent. Il ne voulait pas être surpris entrain d'embrasser un employé par Brenner ou par quelqu'un d'autre. Après tout, il aurait toujours des risques que cela se produise si quelqu'un passait par là et qui pouvait constater une lumière danser dans le placard...

Annabelle fut surprise de le constater aussi réveillé, plus insistant et plus entreprenant. Ses mains se posèrent dans ses cheveux, aimant la douceur. Elle aurait voulu défaire sa chevelure parce que c'était ce à quoi elle pouvait rester accrocher. Il était très grand.

-Tu m'as manqué, murmura Un avec envie. Tu n'as pas idée.

Ne lui donnant pas le temps de lui répondre, il recommença à s'attaquer à ses lèvres. Ses mains s'accrochèrent de manière possessives à ses vêtements, désespéré de les lui retirer. Mais elle commença à se débattre, le rappelant à la réalité et chassant son désir brièvement dans un grognement.

-Stop...Stop...Je...J'ai besoin d'air, Henry, dit-elle en essayant de se retiré de son contact, mais elle se cogna quelque part.

Il n'était pas facile de se déplacer dans une pièce sans lumière. La lampe de poche avait dû tombé quelque part.

-Pourquoi tu ne m'as pas appelé ou contacter? Demanda-t-elle après un moment. Je n'ai pas eu des nouvelles de toi depuis des jours!

-Je ne pouvais pas, répondit-il, en se penchant pour humer son odeur corporelle et trouvant ses mains dans les siennes pour les caresser. Nous sommes surveillés.

-Comment?

Elle crut l'entendre rire. Un rire sombre et frustré.

-Un autre enfant. Deux pour être juste. Papa l'a utilisé pour essayer de te piéger. Il a essayé de t'attraper. C'est pour ça que j'ai coupé le contact et que je ne suis pas revenu. J'avais peur qu''il puisse t'attraper.

-Et ton ami?

-Mon ami? Demanda-t-il, ne comprenant rien.

-J'ai eu une autre personne qui est venu me voir. Il est entré en contact avec moi. Je ne suis pas tout à fait sûre de ce qu'il est, mais il s'est présenté à moi comme étant ton ami.

-De qui est-ce que tu parles? Répondit-il. Je n'ai pas d'ami. Tout ce que j'ai, c'est toi.

Annabelle ne savait pas trop quoi en penser. Il était difficile de déchiffrer le langage corporelle de son bel infirmier dans le noir. Peter resta près d'elle et ne démontra rien de spécial. Il s'était rapproché, jusqu'à la coller de nouveau contre le mur, savourant la chaleur qui émanait de son corps, mais savourant aussi la facilité à quel point il pouvait la soumettre sous son emprise. Il ne sentait plus seul lorsqu'elle était là. Moins seul.

-Je suis peut-être allé un peu fort quand je t'ai repoussé vers ton corps, expliqua-t-il avec empressement. Je ne voulais pas qu'il t'attrape et le choc t'as donné une hallucination. C'est un symptôme lorsque tu utilises trop tes pouvoirs. Un peu comme les cauchemars.

-Tu en es sûr? Tout ça me semblait si réel.

-Je sais ce que c'est. Tu ne devrais pas craindre quoi que ce soit.

-Est-ce que les enfants font aussi ce genre de cauchemars? Demanda-t-elle avec empressement. Et pourquoi est-ce que ce serait toujours les mêmes?

-Je ne sais pas si les enfants le font. Pour ma part, c'est le cas. C'est un effet secondaire récurent. Tu ne devrais pas t'inquiéter pour ça.

Elle soupira et elle le sentit se tendre légèrement face à sa réaction. Les explications de Un étaient nettes et précises. Il avait sans doute raison. Après tout, elle n'avait pas eu de nouveaux contacts avec son «ami». Elle avait peut-être halluciné sa présence au restaurant Enzo. Les derniers jours avaient été éprouvants et il ne serait pas impossible que le stress y ait joué un tour. Après tout, qui était-elle pour remettre les paroles d'Henry?

-Et ton invasion? Comment comptes-tu t'y prendre? Demanda-t-elle avec empressement. Plus je passe du temps ici, plus je suis inquiète à ton sujet.

Annabelle le sentit sourire. Elle était sûr que cela lui faisait plus que plaisir qu'elle puisse lui dire qu'elle était inquiète pour lui.

-Je suis heureux que tu sois inquiète pour moi comme tu es aussi amoureuse de moi, mais je dois dire que tu ne dois pas t'inquiéter davantage. Ce n'est pas à toi de gérer ça. Je te demande juste d'être patiente encore quelques temps et de me faire confiance sur ce coup-là. Je t'assure que tout va très bien aller.

Voilà! J'espère que vous appréciez toujours. Je suis désolé si je ne poste pas autant qu'avant...Mais je travaille beaucoup. Pour celles et ceux qui sont intéressés, j'ai publié le premier OS sur Henry. Vous pouvez aller sur mon profil et trouver mes autres histoires. Merci et à la prochaine! =D