L'ART DES BAGUETTES MAGIQUES

- Ce petit crétin, murmura Ron. Ça l'amuse de nous faire lanterner.

Hermione les entraîna à l'écart de la porte, jusqu'au milieu du palier, loin des oreilles du gobelin.

- Est-ce que vous pensez vraiment ce que je crois que vous pensez ? demanda-t-elle en regardant alternativement Megan et Potter. Qu'il y a un Horcruxe dans la chambre forte des Lestrange ?

- Bellatrix était terrifiée quand elle a cru qu'on y avait pénétré, répondit sombrement Megan. Elle ne s'inquiétait pas que de l'épée, elle n'arrêtait pas de demander ce qu'on aurait pris d'autre dans son coffre. Et Bellatrix se fiche bien des richesses matérielles en ce moment, d'ailleurs personne d'autre n'était aussi inquiet qu'elle, ce n'était pas juste la peur d'avoir perdu toutes ses piles de Gallions. Il y a quelque chose d'autre dans sa chambre forte, quelque chose de très important, parce qu'elle était pétrifiée à l'idée que Vous-Savez-Qui apprenne qu'on l'avait volé.

- Mais je pensais que nous cherchions des endroits où Vous-Savez-Qui était allé, où il avait fait quelque chose d'important ? dit Ron, déconcerté. Est-ce qu'il a jamais mis les pieds dans la chambre forte des Lestrange ?

- Je ne sais même pas s'il est jamais entré chez Gringotts, dit Potter. Il n'avait pas d'or là-bas quand il était plus jeune parce que personne ne lui avait rien légué. Mais il a sûrement vu la banque de l'extérieur, dès la première fois où il s'est rendu sur le Chemin de Traverse. Je crois qu'il aurait envié quiconque avait une clé donnant accès à une chambre forte de Gringotts. Je pense qu'il aurait considéré cela comme un symbole d'appartenance au monde des sorciers. Et n'oubliez pas qu'il avait confiance en Bellatrix et en son mari. Ils étaient parmi ses plus dévoués serviteurs avant sa chute – juste après Sylvius et Meredith Buckley.

Megan fit volte-face et le poussa violemment en arrière.

- Megan! s'exclama Hermione.

- Quoi? lança Potter en frottant sa cicatrice. C'est vrai, non?

- Ne parle pas de mes parents, gronda Megan.

- Tout le monde se calme, siffla Ron.

Lui et Hermione s'étaient dressés entre Megan et Potter. La première fulminait, mais le second semblait las.

- Je ne crois pas que Vous-Savez-Qui a révélé à Bellatrix qu'il s'agissait d'un Horcruxe, reprit Potter en frottant de nouveau sa cicatrice. Il n'avait pas non plus dit la vérité à Lucius Malfoy au sujet du journal intime. Sans doute a-t-il expliqué à Bellatrix que c'était un objet qu'il chérissait et il lui a demandé de le conserver dans sa chambre forte. L'endroit le plus sûr du monde quand on veut cacher quelque chose, m'a dit Hagrid… à part Poudlard.

Ron, qui gardait un œil sur Megan pour s'assurer qu'elle n'allait pas se jeter sur son meilleur ami, hocha la tête.

- Tu le comprends vraiment bien, dit-il en lui jetant un coup d'œil.

- En partie. Par bribes… J'aimerais avoir compris autant de choses sur Dumbledore. Maison verra bien. Venez… On passe à Ollivander, maintenant.

Cette fois, Megan n'avait pas deviné son projet. Ron et Hermione paraissaient perplexes mais impressionnés lorsqu'ils le suivirent jusqu'à la porte d'en face à laquelle il frappa. Un faible «Entrez!» leur répondit. Le fabricant de baguettes magiques était allongé sur le lit jumeau le plus éloigné de la fenêtre. Il avait été enfermé dans la cave des Malfoy pendant plus d'un an et Megan savait qu'il avait subi la torture au moins une fois. Il était émacié, les os de son visage ressortant nettement sous sa peau jaunâtre. Ses grands yeux argentés semblaient immenses dans leurs orbites creuses. Les mains qui reposaient sur la couverture auraient pu être celles d'un squelette. Potter s'assit sur l'autre lit jumeau, à côté de Ron et d'Hermione. Megan resta debout contre le mur, les bras croisés sur la poitrine, l'épée de Gryffondor posée à côté d'elle. La pièce donnait sur le jardin, au sommet de la falaise, et sur la tombe fraîchement creusée. Il y avait maintenant une pierre tombale à son extrémité.

- Mr Ollivander, je suis désolé de vous déranger, dit Potter.

- Mon cher ami.

La voix d'Ollivander était faible.

- Vous nous avez sauvés. Je croyais que nous allions mourir dans cet endroit. Je ne pourrai jamais assez vous remercier… jamais.

- Nous avons été heureux de le faire.

Potter fouilla dans la bourse accrochée à son cou et en sortit les deux morceaux de sa baguette brisée.

- Mr Ollivander, j'ai besoin d'aide.

- Tout ce que vous voudrez, tout ce que vous voudrez, répondit le fabricant de baguettes d'une voix faible.

- Pouvez-vous réparer ceci ? Est-ce possible ?

Ollivander tendit une main tremblante et Potter déposa dans sa paume les deux moitiés de baguette encore reliées par un mince filament.

- Bois de houx et plume de phénix, chevrota Ollivander. Vingt-sept centimètres et demi. Facile à manier, très souple.

- Oui. Pouvez-vous…

- Non, murmura Ollivander. Je suis désolé, vraiment désolé, mais je ne connais aucun moyen de réparer une baguette qui a subi de tels dégâts.

Potter déglutit. Sans un mot, il reprit les deux morceaux de bois et les remit dans la bourse qu'il portait au cou. Ollivander contempla l'endroit où la baguette brisée venait de disparaître. Meganse rappela alors qu'elle-même avait plusieurs baguettes en sa possession. Elle en tira trois de sa poche de pantalon, celles qui n'étaient pas les siennes.

- C'était un peu le foutoir, dit-elle en les lui tendant, je ne sais même pas à qui elles sont. Vous sauriez nous dire?

Il leva les yeux vers elle et tressaillit. Megan leva les deux paumes d'un air insistant. Elle ne voyait aucune raison de lui faire de mal, elle n'avait jamais rien eu à reprocher au vieux fabricant. Lesgestes lourds et douloureux, Ollivander prit la première baguette et l'approcha tout près de ses yeux usés. Il la fit rouler entre ses doigts noueux, la plia légèrement.

- Bois de noyer et ventricule de dragon, dit-il. Trente et un centimètres huit. Rigide. Cette baguette appartenait à Bellatrix Lestrange.

Megan eut un rictus satisfait. Bellatrix n'avait plus de baguette! Ollivander se saisit de la deuxième.

- Bois de châtaignier et ventricule de dragon. Vingt-trois centimètres. Cassante. J'ai été obligé de la faire pour Peter Pettigrew, peu après mon enlèvement.

Ron hocha la tête. C'était celle qu'il brandissait en sortant de la cave. Ollivander la reposa et porta la troisième à ses yeux.

- Bois d'aubépine et crin de licorne. Vingt-cinq centimètres exactement. Relativement souple. C'était la baguette de Draco Malfoy.

Cette fois, aucune joie n'emplit Megan. Elle n'avait pas réfléchi en l'emportant. Elle l'avait privé de sa baguette.

- C'était ? répéta Potter. Elles ne sont plus à leurs propriétaires ?

- Peut-être que non. Si vous l'avez prise…

Tous les yeux se tournèrent vers Megan.

- Je l'ai désarmé, acquiesça-t-elle sans regarder les autres, fixée sur Ollivander.

- Alors, elle est sans doute à vous, Miss Buckley. Bien sûr, la manière de s'en emparer a une certaine importance. Beaucoup de choses dépendent également de la baguette elle-même. En général, cependant, quand une baguette a été conquise, elle change d'allégeance.

Il y eut un silence qui ne laissa plus entendre que le son lointain des vagues s'écrasant contre le rivage. Megan ne voulait pas de cette baguette. Elle voulait la rendre à Draco.

- Vous parlez des baguettes comme si elles avaient des sentiments, remarqua Potter, comme si elles pouvaient penser par elles-mêmes.

- C'est la baguette qui choisit son sorcier, répondit Ollivander. Voilà au moins une notion indiscutable pour tous ceux d'entre nous qui ont étudié l'art des baguettes magiques.

- Mais on peut quand même utiliser une baguette qui ne vous a pas choisi, non ? fit observer Potter.

- Oh oui, si vous êtes un vrai sorcier, vous pourrez toujours canaliser votre énergie à travers presque tous les instruments.

Megan retint à grand peine un ricanement. Potter n'avait pas réussi à se servir correctement de la baguette de prunellier. La preuve qu'il n'était pas un «vrai sorcier»?

- Mais les meilleurs résultats sont toujours obtenus lorsqu'il existe une forte affinité entre le sorcier et sa baguette, poursuivit Ollivander. Ces connexions sont complexes. Une attirance de départ, puis la recherche mutuelle d'une certaine expérience, la baguette apprenant du sorcier tout comme le sorcier apprend de la baguette. Certains sorciers sont même capables de magie sans utiliser de baguette ou d'autre canalisateur, mais c'est exceptionnel. Ce n'est pas dans notre nature.

On entendait le flux et le reflux de la mer, dans un bruit régulier, mélancolique.

- Même si c'est Meganna qui a pris cette baguette à Draco Malfoy par la force, est-ce que je peux l'utiliser en toute sécurité ? demanda Potter.

- Pardon?

- Ils nous ont confisqué nos baguettes à tous les trois quand ils nous ont attrapés, répondit Potter sur la défensive. Il m'en faut une, non?

- Prends celle de Bellatrix, répliqua Megan en prenant la baguette de Draco des mains d'Ollivander.

- Qu'est-ce que ça peut te faire?

- Et toi? Tu n'as qu'à lui demander de t'en fabriquer une autre, tu as de quoi payer, non?

Ollivander assistait à l'échange d'un air inquiet.

- La possession des baguettes est gouvernée par des lois subtiles, mais la baguette qui a été conquise se plie généralement à la volonté de son nouveau maître, indiqua-t-il. Qui a désarmé Bellatrix Lestrange?

- Moi, répondit Ron. Donc je pourrais me servir des deux, indifféremment? demanda-t-il en désignant les baguettes de Bellatrix et de Wormtail.

- Oui, en effet, si vous les avez gagnées au combat, elles sont plus susceptibles qu'une autre de vous obéir, et de vous obéir docilement.

- Tu n'as gagné aucune des deux, dit Megan à Potter. Alors ça ne change rien pour toi. Je garde celle de Draco.

Potter serra les dents, répugnant visiblement à se servir de la baguette qui avait tué Sirius. Mais Megan ne flancherait pas, et le garçon semblait étonnamment pressé.

- C'est valable pour toutes les baguettes ? demanda-t-il en se retournant vers Ollivander.

- Il me semble, oui. Vous posez des questions profondes, Mr Potter. L'art des baguettes constitue un domaine complexe et mystérieux de la magie.

- Il n'est donc pas nécessaire de tuer son ancien propriétaire pour prendre pleinement possession d'une baguette ?

Ollivander déglutit.

- Nécessaire ? Non, je ne dirais pas qu'il est nécessaire de tuer.

Cette fois, Megan avait compris où Potter voulait en venir. Elle ajusta sa position contre le mur, impatiente.

- Il existe pourtant des légendes, insistait Potter. Des légendes à propos d'une baguette ou de plusieurs baguettes qui sont passées de main en main à la suite d'un meurtre.

Ollivander pâlit. Son visage avait pris une teinte gris clair sur son oreiller d'une blancheur de neige et ses yeux étaient devenus énormes, injectés de sang, écarquillés par la peur.

- Il n'existe qu'une seule baguette de cette nature, murmura-t-il.

- Et Vous-Savez-Qui s'y intéresse, n'est-ce pas ?

- Je… Comment ? murmura Ollivander d'une voix éraillée en jetant aux trois autres un regard suppliant, comme un appel au secours. D'où tenez-vous cela ?

- Il voulait que vous lui expliquiez comment surmonter la connexion qui lie nos deux baguettes.

Ollivander parut terrifié.

- Il m'a torturé, il faut me comprendre ! Le sortilège Doloris, je… je n'avais pas d'autre choix que de lui dire ce que je savais, ce que je devinais !

- Je comprends. Vous lui avez parlé des plumes de phénix jumelles ? Vous lui avez dit qu'il devrait emprunter la baguette d'un autre sorcier ?

Ollivander sembla horrifié, pétrifié, par l'étendue de ce que Potter savait. Il acquiesça d'un lent signe de tête.

- Mais ça n'a pas marché, poursuivit Potter. Ma baguette l'a emporté sur celle qu'on lui avait prêtée. Vous en connaissez la raison ?

Avec la même lenteur, Ollivander hocha à nouveau la tête, en signe de dénégation, cette fois.

- Je n'avais… jamais entendu parler d'une chose pareille. Cette nuit-là, votre baguette a agi d'une manière unique.

«Ma baguette a agi toute seule. Elle a tourné d'elle-même dans ma main, elle l'a trouvé toute seule et lui a jeté un sort. Ce n'était même pas un sort que je connaissais. Je n'avais encore jamais fait jaillir des flammes dorées.» Megan se remémora les mots insensés de Potter la nuit de son départ de PrivetDrive, après l'attaque des Mangemorts. Personne ne l'avait cru. Se pouvait-il qu'il n'ait rien inventé?

- La connexion entre les cœurs semblables de deux baguettes magiques est extraordinairement rare, mais la raison pour laquelle la vôtre a brisé celle qu'il avait empruntée, je ne la connais pas…, regretta Ollivander.

- Nous parlions de l'autre baguette, celle qui change de main par le meurtre de son propriétaire. Quand Vous-Savez-Qui s'est rendu compte que ma baguette avait eu un effet étrange, il est revenu vous voir et vous a posé des questions au sujet de cette autre baguette, c'est bien cela ?

- Comment le savez-vous ?

Potter ne répondit pas.

- Oui, murmura Ollivander. Il voulait savoir tout ce que je pouvais lui dire sur la baguette qu'on désigne sous les divers noms de Bâton de la Mort, Baguette de la Destinée, ou Baguette de Sureau.

Hermione paraissait abasourdie. Ron avait la tête entre les mains, observant Potter et Ollivander d'un air effaré.

- Le Seigneur des Ténèbres, continua Ollivander d'une voix étouffée, apeurée, a toujours été satisfait de la baguette que j'avais faite pour lui – bois d'if et plume de phénix, 33,75centimètres – jusqu'à ce qu'il découvre la connexion entre les deux cœurs jumeaux. Maintenant, il en cherche une autre, plus puissante, qui sera le seul moyen de vaincre la vôtre.

- Mais il saura bientôt, si ce n'est déjà fait, que ma baguette est cassée et irréparable, dit Potter à mi-voix.

- Non ! s'exclama Hermione, effrayée. Il ne peut pas le savoir, Harry, comment pourrait-il…

- Priori Incantatum, l'interrompit Potter. Nous avons laissé chez les Malfoy ta baguette et la baguette de prunellier, Hermione. S'ils les examinent avec attention en reproduisant les sortilèges qu'elles ont jetés récemment, ils verront que la tienne a brisé la mienne, ils verront que tu as essayé en vain de la réparer et ils s'apercevront que, depuis ce moment, je me suis servi de la baguette de prunellier.

Le peu de couleurs qu'Hermione avait retrouvées depuis leur arrivée dans la maison avaient quitté son visage.

- C'est tiré par les cheveux, lui fit remarquer Megan.

Ron lança à Potter un regard de reproche et dit :

- Ne nous inquiétons pas de ça maintenant.

Mais Ollivander intervint :

- Ce n'est plus seulement pour vous détruire, Mr Potter, que le Seigneur des Ténèbres cherche la Baguette de Sureau. Il est décidé à la posséder parce qu'il croit qu'elle le rendra véritablement invulnérable.

- Et ce sera le cas ? demanda Megan.

- Le possesseur de la Baguette de Sureau doit toujours craindre d'être attaqué, répondit Ollivander, mais l'idée que le Seigneur des Ténèbres puisse disposer du Bâton de la Mort est, je dois l'avouer… redoutable.

Une forme de fascination peignit les traits du vieux fabricant de baguettes.

- Vous… vous pensez vraiment que cette baguette existe, Mr Ollivander ? demanda Hermione.

- Oh, oui. Oui, il est parfaitement possible de reconstituer le parcours de la baguette à travers l'histoire. Il y a, bien sûr, des périodes – et elles sont parfois longues – pendant lesquelles elle disparaît, temporairement perdue ou cachée. Mais elle revient toujours à la surface. Elle possède certaines caractéristiques que savent identifier ceux qui connaissent bien les baguettes magiques. Il existe des relations écrites, certaines obscures, que moi-même et d'autres fabricants de baguettes nous faisons un devoir d'étudier. Elles ont un accent d'authenticité.

- Donc, vous… vous ne pensez pas que ce soit un conte de fées, ou un mythe ? insista Hermione avec espoir.

- Non. Que le meurtre soit ou non nécessaire pour qu'elle passe d'un propriétaire à un autre, je n'en sais rien. Son histoire est sanglante, mais cela est peut-être dû au fait qu'il s'agit d'un objet infiniment désirable, qui soulève des passions chez les sorciers. D'une puissance considérable, dangereuse en de mauvaises mains, elle représente un objet d'extraordinaire fascination pour tous ceux d'entre nous qui étudient le pouvoir des baguettes magiques.

Megan hocha lentement la tête. Peu importait comment la baguette était acquise. Elle avait tué Dumbledore, mais elle avait également (elle en prenait conscience en faisant jouer la baguette entre ses doigts) désarmé Draco, qui avait lui-même désarmé Dumbledore au sommet de la tour d'astronomie. Et Dumbledore la lui avait léguée. Elle était, dans tous ses aspects, maîtresse de la Baguette de Sureau. Même si Voldemort s'en emparait avant elle, il n'aurait pas la même maîtrise qu'elle sur l'instrument.

- Mr Ollivander, reprit Potter, vous avez dit à Vous-Savez-Qui que Gregorovitch était en possession de la Baguette de Sureau, n'est-ce pas ?

Ollivander devint, si c'était possible, encore plus pâle. On aurait cru un fantôme. Il déglutit avec difficulté.

- Mais comment… comment avez-vous… ?

- Peu importe comment je le sais.

Potter ferma les yeux quelques secondes.

- Vous lui avez dit, ou pas? insista Megan, lasse des efforts du garçon pour attirer l'attention.

- C'était une rumeur, murmura Ollivander. Une rumeur qui circulait il y a des années et des années, bien avant votre naissance ! Je crois que c'est Gregorovitch lui-même qui a commencé à la répandre. Vous comprenez combien il pouvait être bénéfique pour ses affaires de laisser entendre qu'il étudiait et reproduisait les qualités de la Baguette de Sureau !

- Oui, je comprends, dit Potter en rouvrant les yeux.

Il se leva.

- Mr Ollivander, encore une dernière chose, ensuite nous vous laisserons vous reposer. Que savez‑vous des Reliques de la Mort ?

- Les… Les quoi ? s'étonna le fabricant de baguettes, visiblement décontenancé.

- Les Reliques de la Mort, répéta Megan, impatiente.

- J'ai bien peur de ne pas savoir de quoi vous parlez. Est-ce qu'il s'agit de quelque chose qui a un rapport avec les baguettes magiques ?

Megan plissa les yeux, scrutant le visage aux joues creuses. Aussi étonnant que cela pouvait lui paraître, Ollivander ne jouait pas la comédie. Il ignorait tout des reliques. Il ne savait que la Baguette faisait partie d'un tout.

- Merci, dit Potter. Merci beaucoup. Nous vous laissons tranquille, maintenant.

Ollivander avait l'air accablé.

- Il me torturait ! haleta-t-il. Le sortilège Doloris… Vous n'avez aucune idée…

- Si, répliqua Potter. Je sais très bien. Reposez-vous, s'il vous plaît. Merci pour tout ce que vous m'avez dit.

Megan leva les yeux au ciel et quitta la chambre la première. L'épuisement lui pesait. Elle avait besoin d'air frais pour s'éclaircir les idées. Elle descendit les escaliers et passa devant la cuisine où Fleur et Bill étaient assis autour d'une tasse de thé. Ils levèrent les yeux lorsque le quatuor passa devant la porte, mais Megan poursuivit son chemin jusque dans le jardin, suivie des trois autres. Le tertre rougeâtre qui recouvrait le corps de Dobby se trouvait un peu plus loin. Potter se dirigea vers la tombe. Sur la grosse pierre blanche qui avait été érigée à son extrémité, des mots avaient été tracés maladroitement: CI-GÎT DOBBY, ELFE LIBRE.

- Gregorovitch possédait la Baguette de Sureau il y a très longtemps, dit-il sans regarder les trois autres, le regard rivé sur la pierre tombale. J'ai vu Vous-Savez-Qui essayer de le retrouver. Lorsqu'il y est parvenu, il s'est aperçu que Gregorovitch ne l'avait plus : elle lui avait été volée par Grindelwald. Comment Grindelwald avait-il découvert qu'elle était chez lui, je n'en sais rien – mais si Gregorovitch a été assez stupide pour en répandre la rumeur, ça n'a pas dû être si difficile. Grindelwald s'est servi de la Baguette de Sureau pour accéder à la puissance. Et quand il est parvenu au sommet du pouvoir, Dumbledore a compris que lui seul avait la force de l'arrêter. Il s'est alors battu en duel contre Grindelwald, il l'a vaincu, et il a pris lui-même la Baguette de Sureau.

Megan ne l'écoutait que d'une oreille, tournée vers la mer, son visage fouetté par le vent qui faisait tournoyer ses cheveux. Il lui avait fallu plus de temps qu'à elle pour rassembler les pièces du puzzle.

- C'était Dumbledore qui avait la Baguette de Sureau ? sursauta Ron. Mais alors… où est‑elle, maintenant ?

- À Poudlard, répondit Potter. Enterrée avec lui.

- Mais… Attends, dit Hermione d'une voix lente.

- Megan! s'exclama alors Ron d'une voix ahurie. Megan, Dumbledore t'a légué sa baguette! Dumbledore t'a légué la Baguette de Sureau!

Sans se retourner, elle hocha la tête.

- Dans ce cas, allons-y ! dit Ron d'un ton pressant. Megan, allons la chercher, et prenons-la avant lui !

- Trop tard.

Megan fit volte-face. Potter avait la tête entre les mains, les yeux crispés de douleur.

- Il sait où elle est, grinça-t-il. Il y est en ce moment même.

- Et depuis quand tu sais ça? s'exclama Megan, furieuse.

- On a perdu du temps! renchérit Ron, tout aussi enflammé. Pourquoi tu as voulu parler à Griphook en premier? On aurait pu aller… On peut toujours aller…

- Non, coupa Potter.

Il tomba à genoux dans l'herbe. Megan tenta de se jeter sur lui, mais Ron s'interposa entre eux.

- Hermione a raison, gémit Potter sous le regard noir de Megan. Dumbledore ne voulait pas que la baguette me revienne. Il ne voulait pas que je la prenne. Il voulait que je retrouve les Horcruxes.

- Dumbledore voulait que la baguette me revienne! tempêta Megan. Arrête de penser que le monde tourne autour de toi!

Mais Potter ne l'écoutait pas. Il s'était effondré, la tête dans les mains, en répétant:

- Je ne suis pas censé m'en occuper… Je suis censé m'occuper des Horcruxes…

Megan s'arracha à Ron, attrapa Potter par les épaules et le secoua:

- Tu n'es pas le centre du monde, putain! Ce n'est pas à toi de décider!

Ron et Hermione se précipitèrent sur eux en criant et parvinrent à tirer Megan en arrière, laissant Potter allongé par terre, plié de douleur, la tête entre les mains. Sa cicatrice était rouge vif.

- Ça suffit! hurla Hermione, furieuse. Qu'est-ce qui te prend?

- Il a laissé Tu-Sais-Qui s'emparer de la baguette! cria Megan. De ma baguette!

- Tu as dis que tu n'en voulais pas, de cette baguette!

- C'était avant de savoir-

- Qu'elle était invincible? coupa Hermione, écarlate de colère. Qu'elle te donnerait des pouvoirs convoités par tous les sorciers? Tu vas vraiment céder à l'appât du gain?

- Tu te fiches de moi? Tu crois que je veux la Baguette de Sureau pour mon pouvoir personnel? Dumbledore me l'a léguée parce qu'il savait que je serai à même de l'utiliser contre Tu-Sais-Qui! Il n'a jamais voulu qu'elle soit à Potter! Elle devait nous servir à le détruire! Et maintenant, il l'a laissé s'en emparer! Est-ce que tu comprends qu'il a fait une erreur ou est-ce que c'est impossible à tes yeux qu'il puisse se tromper?

Hermione bouillait de rage, mais Megan vit que ses mots avaient touché un point sensible. Son amie échangea un regard avec Ron, puis tous deux baissèrent les yeux sur Potter. Ils ne l'admettraient pas, mais ils étaient d'accord avec elle. Potter avait fait une grave erreur.