Proposition d'embauche – 29 ans

L'armoire d'Eileen avait eu le succès escompté et l'avait même dépassé, au point que la création de plusieurs filiales à travers le pays s'était posé dans les médias mais pour Severus, il n'en était pas question, cette seule boutique était un travail de tous les instants. Il avait toutefois engagé un gérant formé par Gringotts pour se dégager du temps pour ses responsabilités en tant que père comme en tant que lord Prince et créé un nouveau laboratoire pour les commandes de potions en provenance des professionnels de santé qui ne travaillaient pas à St Mangouste, ce qui avait entraîné le recrutement de deux maîtres de potions supplémentaires et d'un troisième du deuxième degré.

Severus avait tellement de devoirs et de responsabilités qu'il avait dû faire des choix: il avait fermé le laboratoire principal de potions du manoir Prince pour se forcer à se rendre que deux fois par semaine à la boutique pour brasser les potions commandées de son habilitation, il avait soigneusement sélectionné les groupes de travail auxquels il devait participer en tant que lord Prince où il faisait en sorte d'être le plus efficace possible en un minimum de temps, se réservait deux jours par semaine pour gérer les affaires du clan Prince et celles du clan Potter avec le concours de Gringotts et surtout, réservait ses weekends à Harry et uniquement à lui. Il avait donc un emploi du temps extrêmement bien rempli.

Alors quand Albus Dumbledore se présenta à son bureau au Magenmagot – sans rendez-vous, bien entendu – pour lui proposer le poste de professeur à la suite d'Horace Slughorn pour la prochaine année scolaire, Severus se demanda s'il avait bien entendu.

-Pardon?! articula Severus. Je n'ai pas souvenir d'avoir prétendu m'ennuyer ni être à la recherche d'un emploi, il me semble.

-Certes, concéda Albus. Mais vous être un maître de potions et vous êtes tenu d'enseigner à un moment de votre carrière.

Severus plissa le regard. L'obligation d'enseignement existait, il ne niait pas, mais ça pouvait parfaitement être un apprentissage, ce à quoi il penchait une fois qu'Harry serait au secondaire.

-Slughorn ne vous satisfait pas? demanda Severus

-Il m'a fait part de son souhait de prendre sa retraite, avoua Albus. D'où ma proposition et votre réponse positive dans les plus brefs délais.

-Alors ce sera non, trancha Severus.

La bouche bée d'Albus était un délice à observer.

-Pourquoi? balbutia presque Albus

-Au cas où vous l'auriez oublié, j'ai des responsabilités, raison d'ailleurs pour laquelle vous êtes venu sans rendez-vous vous imposer dans mon bureau, railla Severus. J'ai fait ma scolarité à Poudlard et je ne suis pas aveugle sur le fait que le poste de professeur est extrêmement chronophage, ce qui n'est pas compatible avec ma vie actuelle. Enfin, je ne suis pas vos ordres donc je ne vais pas vous rendre de réponse sans y réfléchir soigneusement.

Il était loin l'adolescent maltraité sous le regard aveugle de son directeur et ce dernier était en train de le comprendre.

-J'aurais cru que vous œuvreriez pour le rayonnement de Poudlard, maintenant que vos études sont terminées, accusa Albus.

-Mes seules obligations vont au clan Prince, rétorqua Severus. Mon éventuelle fidélité à Poudlard s'est évanouie à la suite de plusieurs de vos décisions injustes et irrationnelles, notamment l'obligation de me taire et l'absence de soutien lorsque j'ai été agressé par un loup garou. Même si j'avais ma part de responsabilité dans cet incident, votre gestion de la situation était hasardeuse, au mieux. Et cela, c'était qu'une de vos réactions criminelles parmi tant d'autres où vous avez refusé de punir comme il se doit les Maraudeurs quand ils mettaient en danger les élèves.

Severus n'avait pas l'intention d'épargner Albus Dumbledore. Son psychologue comme l'académie de potions avaient été effarés du récit de sa scolarité à Poudlard et comprenaient mieux certaines de ses réactions, comme les puissantes protections autour de lui quand il brassait. Si le directeur fermait systématiquement les yeux sur ce que fabriquait les auteurs de ces agressions et de ces mauvaises blagues …

-Vous vous méprenez, assura Albus.

-Vous êtes certain? pointa Severus. Peu importe, je ne tiens pas à devenir professeur, encore plus si c'est pour y trouver les mêmes manquements que pendant ma scolarité. Maintenant, je vous prie de bien vouloir quitter mon bureau. Contrairement à vous, je n'ai pas le loisir de manquer à mes responsabilités.

Vexé, le vieux sorcier tourna des talons en marmonnant une salutation du bout des lèvres et obéit contre son gré. Severus se renfonça dans siège, satisfait d'avoir pu jeter une partie de ses griefs à la figure de «l'honorable» sorcier.