La damnation du plus grand Bien
Harry observait le coucher du soleil depuis l'une des terrasses du manoir Potter.
Les années étaient passées depuis que la Britannia s'était libérée du joug de Voldemort et de Dumbledore. Leurs héritages respectifs avaient mis du temps à disparaître et aujourd'hui, le pays honorait de nouveau la Magie.
Le brun avait quant à lui décidé de vivre sa vie sans prendre en compte ce que pensait la population sorcière soigneusement manipulée par Dumbledore. Il avait continué à faire payer en espèces sonnantes et trébuchantes toute personne qui en prenait le droit et rapidement, tout le monde se mêla de ses affaires et non plus des siennes. Il y avait quelques sursauts, notamment quand il était vu avec les enfants Prince et qu'on se demandait ouvertement s'il n'était pas temps qu'il mette en route la descendance du clan Potter mais après quelques rappels à l'ordre, ce n'était plus qu'un mauvais souvenir.
-Tout va bien? souffla une voix chantante
-Je profite du calme, avoua Harry.
Galadria Eutaryn en profita pour poser délicatement ses lèvres sur les siennes avant de se blottir contre lui.
Contre toute attente, malgré le passif entre leurs ancêtres respectifs, Galadria et Harry étaient tombés sous le charme de l'autre. La jeune elfe avait profité de la convalescence de Randrian pour visiter la dimension des humains sous la houlette de Kali mais également accompagnées d'Harry qui en profitait pour semer la zizanie dans le monde sorcier. Si tout ce petit monde, agrémenté de Ric, Laze et leur petit Lilian, était ensuite retourné dans la dimension des elfes pour quelques formalités, seul Harry était revenu et très vite, Galadria l'y avait rejoint.
Même sans chaperons, leur relation était restée très sage jusqu'à ce qu'Harry prenne son courage à deux mains pour revendiquer la main de Galadria. Ce que cette dernière avait omis de signaler, c'était qu'elle s'était littéralement volatilisée de son monde de naissance en laissant en plan un certain nombre d'elfes qui la courtisaient de manière plus ou moins agressive. Après avoir convaincu Miyato, le père de sa belle, que oui, elle était d'accord avec son projet de mariage et non, il ne l'avait pas manipulé pour parvenir à ce résultat, il avait dû montrer à ses adversaires qu'il pouvait lui aussi défendre ses intérêts, ici Galadria.
Le couple avait pris son temps pour se connaître plus intimementet vivait presque comme tel à la Rose de Sang, où il avait élu domicile dans une aile séparée de Nolan RoseSang et Celeb Velvet – qui avaient fini par se mettre en couple, à la surprise de leur entourage et la plus grande «surprise» de Kali Velvet, de Melia et de Finn Arcana – et où il recevait la visite régulière de leurs familles respectives. En tant qu'héritier Agni et RoseSang, Harry s'était résolu à créer sa propre lignée qu'il avait nommée DarkLys, en l'honneur de sa mère. En rendant public ses faits d'armes pendant la chute d'Eutar, les autres familles ne pouvaient que baver devant le prestige de l'union à venir.
Si l'union ne faisait aucun doute, Ric souleva un point qui méritait leur attention: peu importe les sentiments qu'il portait à la dimension des humains et plus particulièrement à la Britannia, le clan Potter ne pouvait certainement pas être laissé à l'abandon. Harry avait bien trop souffert pour tout laisser en plan donc il devait s'assurer de son avenir, surtout si à terme, il allait retourner dans la dimension des elfes. Visiblement, le brun y avait déjà réfléchi et avait décidé d'utiliser la même méthode que pour la fondation du clan Potter, adopter un orphelin par la magie. Mais contrairement à Ric, il avait bien l'intention de l'élever avec Galadria jusqu'à ce que l'enfant en question soit capable de se débrouiller seul. Le couple était donc en train de sillonner l'archipel pour trouver l'enfant le plus compatible magiquement parlant pour lui donner tout l'amour dont il disposait.
-Où tes pensées t'ont-elles conduit? demanda Galadria
-Pas si loin, reconnut Harry. Notre future fille ou notre futur fils n'est plus très loin, il va donc falloir préparer le terrain pour lui assurer une histoire en béton.
La jeune elfe hocha la tête. S'ils voulaient être laissés tranquille et vivre leur vie, il fallait que personne ne puisse se douter de la vérité. Cela faisait donc déjà quelques temps qu'ils avaient fait courir le bruit qu'Harry était pris et Galadria prenait plaisir à jouer au chat et à la souris avec les journalistes qui tentaient sans succès de prendre des photos d'elle quand ils sortaient ensemble. Dissimuler une grossesse serait très simple et un enfant encore plus, jusqu'à ce qu'ils officialisent la situation. Galadria avait adhéré à l'idée et puisque la culture sorcière n'était pas trop éloignée de celle des elfes noirs, elle n'aurait pas trop de mal à jouer la lady Potter.
-Est-ce que tes proches sorciers ne vont pas trouver étonnant que tu deviennes père aussi tard? demanda Galadria
-Oui et non, répondit Harry. Ceux nés dans le monde sorcier sont nés dans une période où ils pouvaient mourir demain et ils se précipitaient pour vivre leur vie alors que ceux dans le monde non magique vivaient dans un monde en paix donc moins pressé. Et puis, ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire de ce que pense la population sorcière …
Galadria hocha la tête. En apprenant à connaître Harry, elle avait compris son aversion pour le fanatisme, plus généralement sa gêne par rapport à la célébrité. Au début, elle ne comprenait pas pourquoi il n'était pas fier d'avoir pu aider Ric Agni sur le champ de bataille jusqu'à ce qu'elle apprenne comment son ancien «mentor» l'avait utilisé comme pantin face à la population pour garder ses actions cachées pendant qu'on se déchaînait sur l'adolescent sans protection. Pas étonnant donc qu'il contrôle étroitement comment sa vie allait désormais se dérouler dans l'autre dimension …
-Nous trouverons notre premier enfant, assura Galadria en le prenant dans ses bras, sentant quand même son inquiétude. Je suis certaine que la Magie ne nous refuserait pas ce cadeau.
Pour toute réponses, Harry lui rendit son étreinte. Mais contre toute attente, la jeune elfe la brisa, les yeux dans le vague.
-Galadria? s'inquiéta vraiment Harry
-Détresse magique … souffla Galadria.
D'un geste, Harry fit venir à lui un sac de premières urgences et se tint prêt à suivre sa compagne. Comme Kali, Galadria avait eu du mal à s'habituer à la magie ambiante bien moins présente et puissante que dans leur dimension natale. Certes, ça avait affiné l'utilisation de ses propres dons mais cela était toujours perturbant d'utiliser la magie dans cette dimension, contrairement à Harry qui avait paradoxalement toujours pratiqué avec moins de magique que ce qu'il pouvait vraiment utiliser. Cette différence l'avait forcée à être bien plus attentive aux messages de la Magie, ce que son compagnon avait encore du mal à faire, même des années après être devenu un Elfe à part entière.
Le couple transplana rapidement vers la source de la détresse. Par mesure de précaution, ils arrivèrent cinq cents mètres plus loin, afin de pouvoir étudier le terrain. Mais Harry hoqueta de surprise quand il reconnut le quartier.
-Harry? s'inquiéta Galadria
-Nous sommes à Cockworth, la ville où les parents adoptifs de ma mère se sont installés, expliqua Harry.
Galadria hocha la tête. Au fur et à mesure que leur relation s'approfondissait, ils s'étaient confiés sur leur passé et Harry avait fourni quelques explications sur la raison pour laquelle personne ne l'avait vu avant qu'il ne devienne pleinement un elfe noir. Apprendre que sa mère avait été kidnappée alors qu'elle n'était qu'un bébé puis envoyée dans la dimension des humains l'avait horrifié mais en voyant le brun, elle se rendait compte qu'il s'en était pas mal sorti.
Garrick Ollivander avait pu découvrir une partie de l'histoire de Shanaleigh RoseSang une fois kidnappée par Radrian Eutaryn après le massacre de ses parents et l'exfiltration de son meurtrier avait pu combler le reste. Confiée à Albus Dumbledore et son compagnon Gellert Grindelwald, le Britannique, qui s'était débarrassé de l'Allemand quand il s'était avéré qu'il s'attachait plus à la petite fille qu'à son compagnon, avait attendu quasiment seize ans avant de pouvoir la confier à une famille quelconque car à ses yeux, une fille n'avait pas besoin de savoir se battre, peu importait les garanties de celui qui le lui avait confié. Malgré tout, le vainqueur de Grindelwald concédait qu'elle pouvait lui servir et avait fait en sorte qu'elle soit dépendante de lui dès qu'elle découvrirait le monde sorcier. Son formidable plan avait été chamboulé quand il avait découvert qu'un enfant sorcier avait grandi auprès de sa future marionnette mais il avait su rebondir quand il avait appris la parenté de Severus, contre la famille duquel il avait déjà agi. Et l'histoire avait suivi son cours …
Malgré toutes ces informations, Harry ne s'était jamais réellement intéressé à sa famille «maternelle», notamment à cause de ses déboires avec la famille Dursley. Pour lui, les Evans avaient été brisés par l'ambition démesurée d'Albus Dumbledore et il n'avait pas vu l'intérêt de les déranger encore plus. Mais que la Magie les ramène ici n'était pas anodin …
Galadria et Harry se regardèrent quelques instants et tombèrent d'accord.
Quelqu'un avait besoin d'eux.
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L'enfant d'environ trois ans jouait tranquillement avec les jouets que Galadria et Harry avaient invoqué pour lui. Ces derniers étaient installés à une table non loin, autour de laquelle se trouvaient Pétunia Evans et Abelforth Dumbledore.
-Peu de personnes savaient que notre famille a habité non loin de Cockworth, soupira Abe. C'est d'ailleurs ici que j'avais initialement enterré ma sœur Ariana, jusqu'à ce que je prenne la tête de la famille et que je puisse la transférer dans le caveau familial avec mes parents. Le biographe d'Albus sait ce qui s'y est passé mais n'a jamais pu retrouver sa localisation puisque je l'ai mise sous fidelitas. Je l'ai moi-même quitté quand j'en ai eu marre de revoir inlassablement le cadavre de ma petite sœur dans le salon à chaque fois que je m'y rendais.
La voix tremblante du sorcier leur faisait comprendre que même un siècle plus tard, cette mort lui faisait toujours aussi mal.
-Beaucoup de choses ne sont pas dites dans ce livre biographique, indiqua Abe après s'être repris. J'imagine que ce n'était pas assez scandaleux pour être porté au grand public. Dans tous les cas, les agresseurs d'Arianna n'ont jamais été arrêtés ni même inquiétés même si tous connaissaient leur identité. Pourquoi défendre la gamine de la famille folle qui habitait à l'extérieur de la ville contre les fils bien nés des familles des plus riches? Parmi eux, effectivement, je me souviens d'un certain fils Evans et de son meilleur ami, le fils Dursley.
Pétunia et Harry sursautèrent. Visiblement, Albus Dumbledore avait été encore plus vicieux qu'ils ne le pensaient.
Abe observa pensivement Pétunia avant de reprendre la parole.
-Evans, c'est ça? demanda Abe. Je ne dois pas me tromper de beaucoup en disant qu'il s'agissait de votre grand-père ou de l'un de vos grands-oncles. Ils «s'ennuyaient» et ma sœur était seule, c'était sa parole contre la leur. Ensuite, la guerre est arrivée et ils ont été envoyés au front. J'ai toujours cru que le fils Dursley y était resté mais il est clair qu'il a préféré quitter Cockworth. Le fils Evans est revenu complètement traumatisé et ça lui a assez remis les idées en place pour s'excuser officiellement de ce qu'il avait fait à Arianna mais pour moi, c'était bien trop tard et je me suis vengé. Je m'étais créé une assez bonne réputation pour qu'on oublie les débuts de ma famille en ville et j'en ai profité pour raconter qui était la famille Evans et la manière dont ils traitaient ceux qui n'étaient pas à leur hauteur à leurs yeux. Je suis à l'origine de la déchéance de cette famille et je ne regrette pas un instant.
Pétunia hocha la tête. Son père avait quelque fois parlé des richesses de sa famille à l'époque de son arrière-grand-père et de son grand-père et les scandales qui les avaient éclaboussés tant et si bien qu'ils avaient tout perdu avec le crac boursier de 1929 puis la Seconde Guerre Mondiale. Son père n'avait pas eu assez d'argent pour faire des études et n'avait eu cet emploi de contremaître à la mine uniquement parce qu'il était d'une ancienne famille de Cockworth.
-Avant qu'il ne rencontre Gellert, Albus avait eu un coup de cœur pour la fille Evans, révéla Abe. Lily lui ressemblait beaucoup, avec ses yeux vert clair et ses cheveux châtain roux.
-Adeline, croassa Pétunia. C'était ma grand-tante. Elle a été … internée.
-Ça, ce sont les conséquences des sorts impardonnables sur un esprit moldu, lâcha Abe. Ils se sont rencontrés de nombreuses fois en cachette alors que quand ils se croisaient dans la rue, elle faisait comme si elle ne le connaissait et qu'elle ne voulait rien avoir à faire avec lui. Une nuit, je me suis levé et je les ai entendus quand ils allaient dans le laboratoire d'Albus et les mots qu'il lui disait n'étaient pas des mots d'amour et ses cris non plus.
-Un viol? demanda Harry, indigné
-Voire une relation malsaine, je ne serais pas étonné, soupira Abe. Albus a toujours été un dominateur dans l'âme, j'étais bien trop jeune pour m'opposer à lui et je me battais déjà pour qu'il s'occupe un peu plus d'Arianna. Un jour, elle a quitté la ville pour rejoindre de la famille mais tout le monde savait déjà que ce n'était pas pour travailler autre part.
-Elle était enceinte sans même être fiancée, comprit Pétunia.
-C'est ce que je pense aussi, confirma Abe. Après, je ne peux pas vous en dire plus puisque j'ai définitivement quitté la ville et j'ai fermé la maison.
Harry se tourna vers Pétunia, qui cherchait dans ses souvenirs.
-Effectivement, notre famille était connue à Cockworth, concéda Pétunia. Je me souviens de tante Adeline parce qu'elle vivait avec mes grands-parents quand ils n'ont plus eu d'argent pour la laisser à l'asile. Je me rends compte que c'était la première à me parler de magie mais à chaque fois qu'elle en faisait mention devant mes grands-parents, ils la faisaient taire. Quand ils n'étaient pas là et que Lily et moi étions seules avec elle, elle nous racontait qu'elle avait rencontré un homme qui lui avait promis monts et merveilles et qu'elle finissait toujours par faire ses quatre volontés. Elle nous a même montré une photo de lui, prise à son insu. Elle nous mettait toujours en garde contre ce genre d'hommes qui se servaient de nous au lieu de nous rendre heureuses en ménage.
-Albus? demanda Abe. Attendez un instant …
D'un geste de baguette, il fit apparaître une image d'Albus Dumbledore à la vingtaine. Pétunia se figea, interdite.
-C'est lui! s'exclama Pétunia. C'est l'homme de la photo!
-C'est Albus, confirma Abe. Continuez.
-Comme un secret, elle nous a dit qu'elle avait eu un enfant avec lui alors qu'elle n'avait que quinze ans, fit Pétunia, ébranlée. Elle avait accouché mais elle n'a jamais revu l'enfant et elle était persuadée que c'était la petite domestique de la famille. Quand j'ai quitté Cockworth pour épouser Vernon, son arrière-petite-fille vivait toujours dans la même maison. Elles étaient connues parce qu'elles avaient toujours des filles à 17 ans sans être mariées. La famille Evan, sans s.
-C'est une Dumbledore? demanda finalement Harry
-Non, assura Abe. Après ce qu'il avait fait à Arianna, j'ai attentivement observé sa descendance et il n'a jamais eu d'enfant. Adeline et sa descendance n'étaient que quelques-unes de ses marionnettes.
-Et l'exemple parfait de ce qui convenait de faire avec les moldus pour les «guider» pour le plus grand Bien, grinça Harry, comprenant enfin ce sur quoi il était tombé.
La magie avait guidé Galadria jusqu'à une petite maison à l'écart de la ville où un homme était en train de battre comme plâtre une jeune femme qui tenait dans ses bras un enfant d'à peine quelques années. Harry était intervenu mais avant de faire appel aux forces de police, ils avaient voulu connaître quelques informations supplémentaires sur les raisons pour lesquelles la Magie les avait guidés jusqu'ici. Pétunia avait été appelée parce qu'elle avait réellement habité non loin pendant toute son enfance et toute son adolescence – l'impasse du Tisseur, où vivaient également les Snape, n'étaient vraiment qu'à quelques mètres de là – et Abelforth parce que le couple avait été arrangé par nul autre qu'Albus Dumbledore. Ainsi, ils avaient pu reconstituer l'histoire de la famille Evan.
-Que comptes-tu faire avec cet enfant? demanda Pétunia. Tu viens de nous dire que le père avait été envoyé en prison pour violences et que la mère était encore à l'hôpital.
Harry prit une grande inspiration. Ces derniers jours, il en avait longuement discuté avec Galadria et leur décision avait été prise d'un commun accord.
-L'état de santé de sa mère est suffisamment grave pour que sa survie soit posée sur la table, avoua Harry. Si elle meure, je compte bien l'adopter pour ne plus laisser la possibilité à son père de la traiter comme il traitait sa mère.
Avec son histoire, la démarche était compréhensible et personne ne contesta.
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Ric observa son fils Lilian et l'enfant qu'allait adopter Harry qui jouaient ensemble, ayant sensiblement le même âge.
-Ce sorcier était vraiment fou … commenta Laze après l'avoir rejoint.
-Je n'emploierai pas ce terme, nuança Ric. Disons qu'il était persuadé de sa vision du plus grand Bien et son arrogance lui a fait perdre de vue qu'il n'était pas seul au monde.
Connaissant sa tendance à surveiller ses «jouets», quand Harry avait fait part de son intention d'adopter la petite Addison Evan, le brun avait demandé un examen des plus approfondis pour savoir ce qu'Albus Dumbledore avait pu faire à sa famille. Outre les mariages arrangés à dix-sept ans, les descendantes d'Adeline Evans étaient mariées à des sorciers issus de familles fidèles à Dumbledore mais pas assez puissants pour atteindre le niveau minimum pour entrer à Poudlard et qui faisaient passer leur frustration sur leur femme soumise magiquement et leur fille unique. La fille d'Adeline avait vu sa magie être scellée puis punie de manière si violente en cas d'éclat involontaire que ses descendantes après elles avaient réprimé naturellement leur magie. Considérées comme cracmol, elles restaient des «atouts» pour faire revenir la magie dans une famille sorcière donc quand Albus proposait des jeunes filles à marier qui "connaissaient leur place", ces sorciers sautaient sur l'occasion. La lignée avait donc sa magie scellée et quand elle dépassait un certain seuil, elle était volée par Albus, entre autres choses déplaisantes. Mais Harry, Galadria et Kali avaient tout fait voler en éclats sous la surveillance de Ric. Désormais, Addison était une petite sorcière en devenir qui serait élevée par le couple Potter, une fois l'adoption magique réalisée.
-Est-ce que tu penses qu'on retrouvera encore longtemps les conséquences des magouilles de ce sorcier? demanda Laze en le prenant dans ses bras
-Je ne serais pas étonné, soupira Ric. J'espère simplement qu'un jour, il n'y en aura plus du tout.
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Si Galadria et Harry avaient établi que leurs futurs enfants naitraient dans la dimension des elfes, il était donc évident que le prochain héritier Potter Black Gaunt serait un sorcier ou une sorcière qu'ils adopteraient. Le brun avait été positivement surpris du nombre de procédures existantes pour adopter ainsi que leurs conséquences diverses et variées. De toutes les façons, il avait décidé d'utiliser la même technique que Ric lorsqu'il avait décidé de fonder la lignée Potter: une adoption par la Magie version elfe et une adoption par le sang version magique. Si la première passait sans soucis sous les radars, il avait eu la surprise d'apprendre qu'il pouvait cacher de nombreux éléments qui n'avaient pas à être connus du grand public pour la seconde. Tout ce que devait savoir le ministère était la nouvelle identité de l'enfant, sa date de naissance … et c'était tout. Même le fait qu'Addison ait été adoptée n'avait pas besoin d'être su, ce qui arrangeait beaucoup Harry qui voulait que le moins d'informations possibles n'arrivent à la population sorcière.
C'était donc ravi qu'Harry se rendit au département de l'enfance. Aretha, la mère d'Addison, était morte des suites de ses blessures, requalifiant contre son mari les accusations de violences conjugales et d'agression en homicide volontaire. Les premières semaines en détention ayant démontré son caractère violent, le juge avait définitivement retiré l'autorité parentale de son père sur Addison, lui permettant d'être adoptée. Galadria et Harry avaient donc immédiatement sauté sur l'occasion et avaient tout mis en œuvre pour que côté moldu, personne ne puisse contester l'adoption ni récupérer la petite fille, au nom du plus grand Bien d'un Albus Dumbledore désormais déchu.
Pendant son cheminement, le brun entendait les murmures excités des employés. Depuis la bataille finale, il avait drastiquement limité ses apparitions en Grande Bretagne sorcière et avait bien fait comprendre que maintenant, il ne serait la marionnette de personne. Depuis, les sorcières et les sorciers ne l'approchaient plus sous peine de se retrouver face aux avocats du clan Potter qui n'étaient pas, mais alors pas du tout commodes quand on touchait à leur client. Il arriva donc à bon port et repéra rapidement le bureau auquel il devait s'adresser. La porte était ouverte, l'employé avait le dos tourné.
-Bonjour, fit Harry. Je suis bien au bureau d'enregistrement familial?
L'employé se retourna et tous les deux écarquillèrent des yeux.
-Ronald?
-Harry?
Les deux anciens amis s'observèrent bouche bée avant que le roux ne se secoue et n'aille fermer la porte.
-Je ne m'attendais pas à te voir ici, constata Harry en s'installant dans le siège prévu à cet effet. La dernière fois que j'ai entendu parler de toi, nous étions encore à Poudlard.
-Je suis parti de chez mes parents après ma septième année, avoua Ronald en s'asseyant à son bureau. J'ai compris pas mal de choses, j'ai beaucoup voyagé avant de prendre cet emploi il y a deux ans.
Ce que le roux ne disait pas, c'était que la première chose qu'il avait faite en quittant le Terrier, c'était de gagner le département des Mystères pour demander un bilan complet. Comme il l'avait soupçonné, il avait appris qu'il avait été soumis à l'imperium pendant plusieurs années, ce qui expliquait son comportement si décalé par rapport à ses frères et sœur mais également autour d'Harry. Il n'avait pas fallu longtemps pour déterminer que les auteurs de ce crime n'étaient autre que Molly Weasley et son grand maître Albus Dumbledore. Comprenant que sa vie avait été ruinée par appât du gain, Ronald avait fourni tous les éléments nécessaires pour les traîner en justice avant de reprendre intégralement ses études tout en travaillant à mi-temps pour le département. Une fois ses examens repassés et obtenus avec de bien meilleurs résultats, il avait quitté la Grande Bretagne sorcière pour bourlinguer à travers l'Europe. Il avait enfin découvert qui il était réellement, ce qu'il aimait et ce qu'il détestait. Pendant toute cette période, il n'avait pas repris contact avec sa mère mais avec ses frères et sa sœur quand il passait près de chez eux et tous avaient pu découvrir le véritable Ronald Weasley. Le mal du pays avait fini par l'atteindre et il était revenu dans son pays natal sans avertir qui que ce soit et avait obtenu cet emploi sans utiliser de piston, emploi dans lequel il se plaisait. Quand ses anciens camarades le croisaient à son bureau, ils étaient, tout comme Harry, vraiment surpris, et quand ils le fréquentaient, beaucoup avec réticence, ils s'apercevaient qu'il avait changé du tout au tout.
Harry l'observa, surpris. Ses sens d'elfe noir lui montraient que Ron était tout à fait sincère mais surtout, qu'il n'avait pas cette chape de magie comme à Poudlard, ce qu'il avait déterminé que de nombreuses années plus tard. Sa magie était harmonieuse et il était clair qu'il respectait suffisamment la Magie pour suivre les célébrations magiques.
-Une dernière question avant que nous nous occupions de ce que nous devons faire, fit Harry. J'ai appris la mort de ta mère mais j'ai cru comprendre qu'il n'y avait beaucoup de monde à ses funérailles …
Ronald soupira lourdement.
-Molly Bole a été reniée du clan Weasley et du clan Prewett, annonça Ron. Si nous étions présents, c'était uniquement par respect parce qu'elle nous a mis au monde.
Les efforts de la matrone pour le pousser dans les bras de Ginny sous les ordres d'Albus Dumbledore alors qu'aucun d'entre eux ne le voulait avait durement heurté les magies familiales des clans Weasley, Prewett, Potter et Black qui l'avaient sévèrement punie. Le brun ne savait pas le quart de ce qu'elle avait subi mais en savait suffisamment pour être averti de sa mort. Discrètement, il avait assisté aux funérailles – qui n'avaient réunies que ses enfants et son mari – et avait été surpris que ses cendres soient marquées du sceau de l'infamie – le lot de toutes les personnes qui avaient trahi leur clan ou pire, la Magie – et qu'elle soit quand même placée dans le caveau du clan Weasley, la honte ultime car les générations futures ne pourraient que se souvenir d'elle comme une Traitre à son sang. Mais si en plus elle avait été reniée de son clan d'union et de son clan de naissance …
-Je pense que c'est un sujet pour une autre conversation, sourit pauvrement Ronald. J'en ai déjà discuté avec les autres et ils sont d'accord pour que tu connaisses toute l'histoire. Tu as toi aussi été l'une de ses victimes.
Harry hocha la tête, reconnaissant le fait qu'il avait été une victime indirecte de ses manigances. Il avait toutefois une petite idée des révélations du roux, puisqu'il avait pris le temps avec Ric d'interroger soigneusement Albus Dumbledore sur tous ses plans pour le plus grand Bien et ses ramifications.
-D'accord, accepta Harry. Bien, venons-en au but de ma visite. Je suis ici pour déclarer mon héritière selon les anciens rites.
-Je n'aurais pas l'audace de m'indigner de ne pas avoir assisté à ton mariage, ricana Ronald. Encore moins prétendre que l'enfant qui doit hériter du clan Potter doit forcément être un garçon. Tout ce qui m'importe, c'est si cette petite va bien et surtout, si tu es sûr de ton choix.
-Oui et oui, sourit Harry.
-Quel est son nom? demanda Ronald
-Elle se nomme Addison Galadria Potter, répondit Harry avec un sourire tendre.
D'un commun accord, Galadria et lui avaient accepté de lui donner un peu de leur identité à chacun, le nom de famille pour Harry bien entendu mais aussi son prénom pour Galadria. Ils n'avaient pas tenu à changer de prénom pour la petite, car, comme ils l'avaient appris à travers les nécromanciens pour en savoir plus sur ce qu'avait vécu la lignée déchue d'Adeline Evans, les prénoms de leurs filles étaient l'une des seules choses qu'elles pouvaient choisir librement. Addison avait très bien supporté les cérémonies d'adoption de sang et devant la Magie et promettait d'être une magicienne très puissante une fois adulte.
-Parfait, fit Ronald. Quelle est la preuve à son rattachement au clan Potter?
Harry sourit en sortant le Sceau du clan Potter ainsi que son Anneau. S'ils étaient très semblables à ceux que chaque chef de clan magique à travers le monde magique, les siens avaient une particularité: ils avaient été forgés par Godric Gryffondor alias Ric Agni, soit ni plus ni moins un elfe noir. Le fondateur du clan Potter avait voulu garder une autre trace tangible que la magie qu'il avait donné à cette lignée magique et ces deux artefacts inspiraient un respect sans commune mesure ainsi qu'une saine peur aux ennemis des Potter quand ils étaient de sortie, encore plus ensemble. Le frisson de peur qui traversa Ronald fit presque ronronner de contentement l'elfe noir qui aimait rappeler que les sorciers n'étaient pas au sommet de la chaîne alimentaire.
Ronald n'avait jamais eu l'occasion d'assister à la preuve de reconnaissance d'un enfant d'un clan magique. Il connaissait la procédure grâce à son métier mais l'acte magique était toujours réalisé dans le clan, car son sceau ne quittait jamais la Demeure Ancestrale. Harry était l'un des seuls à invoquer le Sceau du clan Potter à l'extérieur et personne ne pouvait songer à le lui voler. Le brun n'était plus le petit Survivant qui se laisser manipuler par Albus Dumbledore et sur lequel la population sorcière pouvait cracher dessus à loisir. Les agressions et les attaques, qu'elles soient physiques ou non, avaient eu des réponses impitoyables jusqu'à ce qu'on comprenne qu'on était face à lord Potter, et bien au-delà.
Harry invoqua un parchemin sur lequel il apposa le Sceau puis emboîta l'Anneau au sommet pour pouvoir sceller magique le document qui se formait. L'instant d'après, le Sceau disparut et l'Anneau reposait sagement au doigt de son propriétaire légitime. Devant le roux, l'acte luisait doucement de magie et il préférait le consulter de loin avant de se brûler. L'encre aux couleurs du clan – sang et argent – déclarait en toutes lettres le statut d'Enfant Potter et surtout, d'Héritière Potter, Addison Galadria et le sceau de cire, toujours aux couleurs du clan, attestait ce que venait de lui annoncer Harry.
-Tout a l'air en ordre, fit Ronald une fois que la magie se fut suffisamment évaporée pour qu'il ne risque plus rien. Moi, Ronald Bilius Weasley, en charge des registres d'enregistrement de la population sorcière de Britannia, reconnait avoir reçu et classé la déclaration de lord Hadrian James Potter.
La Magie claqua de contentement, ce qui impressionna encore plus le roux. Il savait le brun puissant mais il ne s'était jamais douté qu'il l'était à ce point. Si les plans de Dumbledore et de sa mère s'étaient réalisés, qu'est-ce qui se serait passé? L'apocalypse ne serait pas exagérée …
-Merci Ronald, sourit Harry. Je t'envoie un hibou pour boire un verre?
-Bien sûr, sourit Ronald. Passe une bonne journée.
-Toi aussi, répondit Harry.
Tandis que le brun passait le pas de la porte, le roux comprit que cette main tendue était la chance qu'il n'avait pas su saisir quand il était plus jeune quand le brun cherchait inconsciemment ses alliés.
Cette fois, il se montrerait à la hauteur.
§§§§§
-Je suis allé rendre visite à Dumbledore, raconta Harry.
-Pourquoi? demanda Galadria, étonnée
-Je voulais lui annoncer que j'étais marié mais pas avec Ginny et que j'avais un héritier qui ne s'appelait pas James, Sirius, Albus ou même Lily, ricana Harry. C'est curieux, il n'a pas apprécié la plaisanterie.
L'elfe noire sourit. Au fur et à mesure de leur relation, Galadria avait appris à quel point Albus Dumbledore avait fait défaut à son compagnon et que ce dernier lui souhaitait tout le mal du monde à chaque fois qu'il entrait dans la conversation. Ses visites en prison alors qu'il était condamné à perpétuité étaient une forme de torture, d'autant plus qu'Harry se faisait un plaisir de discuter avec Gellert Grindelwald qui, au-delà de ses actes pendant la Seconde Guerre Mondiale, restait un sorcier bien plus érudit que Dumbledore.
-Qu'est-ce que tu lui as dit d'autre? demanda Galadria, curieuse
-Que Ginny s'épanouissait en tant que maîtresse de métamorphoses puisqu'elle enseignait à Poudlard, répondit Harry. Son mariage avec Draco Malfoy était une réussite et cela leur avait même permis d'avoir deux enfants, une fille et un garçon.
La naissance d'Elnath et de sa jumelle surprise Adhara avait ravi le couple car les Malfoy n'avaient plus eu de fille depuis des générations.
-Je lui ai également annoncé la mort de sa plus précieuse alliée, Molly, et son incapacité de poursuivre le plus grand Bien en son nom, railla Harry. Oh, et qu'elle avait reniée aussi bien par les Weasley et les Prewett que par ses enfants, tout cela parce qu'elle lui avait jeté en pâture sa propre famille pour quelques miettes de reconnaissance. Mais surtout, que son garçon en or forgé dans le sang, si soigneusement poli dans la douleur et qu'il tenait tant à ce qu'il lui soit soumis corps et âme pour se sacrifier sans poser de question pour sa propre gloire, n'avait jamais existé. Ou plutôt si, il avait existé, mais il avait été damné à ses yeux car il avait préféré accepter la vérité plutôt que d'être abreuvé continuellement par les mensonges empoisonnés de son maître.
Quand Harry avait mené Albus Dumbledore dans la dimension des elfes pour qu'il puisse voir de ses propres yeux Lily Evans, le brun savait qu'un jour ou l'autre, il devrait lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. En paix avec lui-même, il lui avait réfléchi pendant des mois, des années même, avant de se décider pour cette ultime visite où, maître de lui-même, il lui avait asséné ces mots. Désormais, maintenant que c'était fait, il pouvait enfin se tourner totalement vers son avenir et ne plus se préoccuper de ces personnes incapables de se prendre en main.
Le golden boy avait brisé les chaînes de sa création et entendait bien vivre sa vie.
Fin
