Le soleil commençait à décliner lorsqu'elle décida que sa balade avait assez durée. Passée sa journée à recevoir des secrets ainsi que des révélations, Annabelle en avait plus qu'assez. Épuisée face aux véritables intentions de son père, à la vérité sur l'origine de son pouvoir ainsi que l'acharnement de Peter à ce qu'elle tue le lièvre, elle avait finit par reprendre le chemin du retour. Pour couronner le tout, la jeune femme avait apprit par le biais de son infirmier que Brenner était rentré chez elle sans son consentement pour y poser un micro.

Comme si cela ne suffisait pas, Brenner commençait à se douter de quelque chose. L'homme tournait de plus en plus autour de la vérité, se rapprochant dangereusement. Avec lui et l'arrivée de son père, cela pourrait lui donner son arrêt de la liberté. Un allé simple dans les ténèbres du laboratoire d'Hawkins.

Un frisson la parcouru à l'idée d'être prisonnière comme Peter, comme les enfants, comme Onze avec le seul but de satisfaire les normes de leur bourreau de scientifique. Il serait peut-être sage de partir. Loin d'ici, mais l'idée de laisser tomber son seul ami et son seul amant lui était inconcevable. Ce n'était même pas envisageable. Même si elle commençait à être en colère contre l'homme au visage de porcelaine, cela lui donna un goût plus qu'amer dans la bouche. Elle avait l'impression d'avoir été repoussée dans ses retranchements, qu'il s'était montré persistant à ce qu'elle commette un meurtre. Certes, c'était un lièvre, un rongeur, un animal infesté de tiques, déjà condamné. Cependant, cela n'excusa pas le geste. La colère ressentit au bout de ses doigts, dans ses veines comme une douloureuse infiltration de lave en fusion, lui donnait presque envie de recommencer.

C'était peut-être parce qu'elle ne s'était pas calmé. S'agissait-il de son imagination lorsqu'elle s'était imaginer son père à la place du rongeur? Elle ne savait pas trop quoi en penser.

La jeune femme ignorait comment classé les nouvelles de la plus pire à la plus affreuse. Il n'y avait tout simplement pas de mots pour décrire la trahison de son père. On lui avait imposé le sang de Peter ainsi qu'une autre substance inconnu dans son corps. La sensation de s'être fait violer s'imposa dans son esprit. De plus, peut-être qu'elle avait d'autres substances dans son sang et qu'elle ne le savait pas. Après tout, son père était aussi cinglé que le scientifique qui avait créé les enfants dans le laboratoire.

Des rats de laboratoires.

La jeune travailleuse finit par se diriger vers son appartement. La voiture de son père était parti, mais elle constata que la voiture «Hawkins, power and light» était toujours stationner à la même place. Deux hommes étaient à bords. Elle essaya de ne pas porté attention. Un mot était posé dans le coin de sa porte. Une lettre de son père :

Bonjour, ma chérie!

Je suis retourné à l'hôtel. On se verra demain pour déjeuner. D'ici là, repose-toi. Je suis désolé.

Ton père

Son portrait craché. S'inquiéter pour sa fille, mais lui laissé le temps de digérer la nouvelle. Mais elle était fatiguée.

Après tout, elle voulait seulement se coucher et ne plus penser à tout ça. En arrivant à la porte de son appartement, elle ne découvrit aucune violation à domicile ou un indice indiquant que Brenner serait rentré dans son appartement. Mais elle le savait. À

La froideur se son appartement la soulagea de la chaleur de l'été. C'était un énorme contraste. Elle se sentit observer de nouveau, mais Annabelle ne prit pas la peine de se questionner sur la présence froide dans son appartement. En retirant ses souliers, elle ne remarqua pas qu'elle avait oublié le dessin, trop épuisée.

Cependant, elle ne put s'empêcher de vérifier que la moindre de ses affaires soit à sa place respective parce qu'elle détestait le désordre. Rien ne semblait avoir été déplacé sauf l'ordre de ses livres. Cela la fit grincher des dents, mais la jeune femme n'eut pas l'énergie de remettre de l'ordre, ni de se faire à manger.

Elle voulait simplement dormir. Retrouvé Peter dans la noirceur de son sommeil pour avoir un ami avec qui parler et avec qui se confier. Une personne avec qui elle pourrait être elle-même et qui la comprendrait sans la juger.

Annabelle ne le trouva pas immédiatement lorsqu'elle se mit au lit. Le sommeil fut une partie difficile à acquérir comme si les bras de Morphée refusait de la serrer. Peut-être parce qu'elle pensait trop. Ce fut long. Sans doute parce que Peter travaillait, mais il vint à elle lorsqu'il eut la possibilité de le faire. C'était la seule chose qu'il inspirait actuellement.

Il fut soulagé qu'elle l'attendait comme une amoureuse à la gare durant une nuit pluvieuse. Peter et elle se rencontrèrent dans le vide comme avant. Il pouvait sentir sa frustration plus présente que s'il avait été simplement sous sa peau, accroché à sa nuque, dans son esprit. Elle bouillonnait toujours aussi perdue.

-Je sais ce que c'est d'être différent, lui dit-il en s'approchant en observant ses traits troublés en savourant l'idée de la réconforter. Et d'être seul. Tu n'as pas à t'inquiéter de quoi que ce soit avec moi.

-Je me sens trahi par mon propre père. Tu devrais être au courant de ce que c'est.

-Je le suis. Tu te souviens que ce sont mes parents qui ont été de mèche avec le Docteur Brenner, murmura-t-il avec une certaine colère refoulée.

Oui. Il pouvait clairement la comprendre, lui. Après tout, c'était le même sentiment de trahison.

-Toi et moi, nous partageons plus que des traumatismes semblables. Nous sommes identiques, mais différents, dit-il en touchant son visage avec ses doigts fins.

Elle savoura sa caresse avec soulagement. Il était si proche, mais aussi si loin. Ses joues se mouillèrent légèrement et elle se rendit compte qu'elle pleurait. Peter les essuya délicatement. Le son de sa voix l'aida à se calmer.

-Je suis tellement heureux que tu sois comme moi, petite araignée.

-Est-ce que tu aimes mon père pour ce qu'il a fait? Demanda-t-elle brusquement.

Il fronça les sourcils.

-Pas de cette façon, mais dans d'autres circonstance, nous nous serions jamais rencontré et je serai encore seul.

Est-ce que c'était un mal pour un bien? Elle ne saurait le dire. Peut-être qu'ils se seraient rencontrés, mais que Peter ne lui aurait accordé aucun crédit.

-J'ai besoin que tu sois honnête avec moi, Peter.

-Je le suis toujours. Jamais, je ne te mentirais.

-Si je n'aurais eu aucun pouvoirs, est-ce que tu m'aurais abordé au laboratoire?

Pendant un instant, le bel infirmier resta silencieux en penchant la tête sur le côté, jugeant sa question. La rouquine attendant sa réponse.

-Bien sûr. Tu es la personne la plus gentille que je connaisse. J'avais besoin de toi comme tu as besoin de moi.

Il leva de nouveau sa main pour lui caresser le visage avec douceur, parcourant son visage pour aller remettre ses cheveux derrière ses oreilles.

-Tu as oublié de te débarrassé du dessin, fit-il en changeant de sujet, légèrement timide.

-Merde! Il est resté dans ma chaussure. J'ai oublié de m'en débarrasser!

-Tu aurais dû le faire brûler même si c'est un cadeau de ma part. L'oublier est une erreur qui pourrait être fatale à nous deux.

-J'en suis parfaitement consciente, Peter! Répondit-elle avec une certaine frustration. Je l'ai oublié et avec raison. Tu sais que je n'ai pas passé une belle journée.

-Demain. Tu t'en débarrasseras, hm?

-Oui.

Peter sourit, sachant parfaitement qu'elle ne l'oublierais pas. Il s'en assurerait. Un continuait à l'observé avec ses magnifiques yeux bleus, savourant la proximité de son corps avec le sien. Henry voulait tellement l'embrasser.

-Je suis content que tu es tué ce lapin.

C'était la phrase de trop. Du moins, celle qu'il n'aurait pas dû prononcer, car elle s'éloigna de lui comme s'il l'avait piqué. Il aurait voulut se rapprocher, mais elle s'éloigna de nouveau davantage et il se crispa.

-Justement. Quand tu parles de tué ce lapin, c'était dans quel but? Ça te ressemble pas.

-Il n'y avait pas de but. C'était un test. Un simple test. Je voulais testé ta force pour mieux entrevoir ce que tu pouvais faire. Et puis, ce lapin devait mourir, expliqua-t-il avec le plus sérieux du monde, le regard légèrement orageux.

-Tu m'as poussé à le faire!

-Qu'est-ce que tu racontes? Je ne t'ai pas poussé à le faire. Je t'ai aidé.

Non. Sa voix était resté douce, mais elle voyait quelque chose de nouveau dans son comportement. Il y avait quelque chose de dangereux dans son regard, mais elle ne laissa pas imposer par ça.

-Je ne voulais pas le faire et tu as insisté. Tu ne m'as pas aidé.

-Tu ne comprends pas. Je devais savoir si tu pouvais briser, tué. C'était une erreur de ma part. Je te prie de m'excuser, Annabelle.

Un silence s'ensuivit. Ses yeux verts observèrent la forme de Peter. Ce dernier était resté là, l'observant, mais attendant avec inquiétude, mais aussi dans l'attente qu'il puisse se rapprocher de nouveau. Après tout, il avait peut-être commis une erreur et qu'il était trop tôt pour elle de tué. Elle avait à peine une portion de haine en elle. L'idée de la changer le rendait nerveux, car il n'était pas sûr qu'il puisse la contrôler et cela lui fit peur.

-Trop tard pour ça.

Cette phrase brisa quelque chose en lui.

-Parce que tu crois que je t'aurais pousser à commettre quelque chose que tu ne voudrais pas faire? Je connais mes limites et les tiennes. Tu étais en colère et tu avais besoin d'évacuer toute cette frustration. Ça t'a fait du bien, non?

La jeune femme se crispa. Oui, cela lui avait fait du bien. Elle ne pouvait pas nier, mais elle détestait ça.

-Écoute, ce n'est pas grave, ma petite-araignée. Tu n'as pas à t'en faire pour ça. Cependant, si jamais tu te ferais capturer ou malmené par Brenner, j'ai besoin de savoir que tu puisses te défendre. Tu comprends?

Pourquoi avait-il toujours raison sur tout? Peter avait le don de trouver des mots et des phrases pour la rassurer et quand la rouquine le regardait, ses yeux bleus la mettaient presque à ses pieds.

-Je suis toujours là pour t'aider, répondit-il en se rapprochant de nouveau.

-Je sais. Excuse-moi.

L'idée de tué des hommes la révulsaient, mais il avait raison. Elle devait apprendre à se défendre.

-Et puis, c'est pas comme si c'était la première fois, n'est-ce pas? Tu l'as déjà fait sur cet enfant qui n'arrêtait pas de t'embêter. Du moins, tu lui as brisé des os. Et là aussi, tu as aimé.

Rougissante à l'idée qu'il est été témoin de cet évènement, elle n'osa pas à rajouter.

-Alors, trouve un moyen de sortir du laboratoire. De cette façon, je n'aurai pas à tuer qui que ce soit.

-D'accord, répondit-il en tournant autour d'elle et en la surprenant. Si tu ne désires pas tué, je ne te forces pas la main pour quoi que ce soit.

Henry pouvait très bien voir qu'il n'arriverait pas à tué, mais elle avait des pouvoirs exquis sur la télépathie ainsi que sur son don de guérison. Ce serait stupide de sa part de la laisser tomber. Même qu'il ne pourrait pas le faire. Elle faisait parti du même monde que lui, que l'entité.

-Tu ne me forcerais pas à faire quoi que ce soit que je ne veux pas faire, Peter?

L'idée qu'elle utilise encore ce faux prénom, le révulsait. La rouquine lui faisait penser à une Bagheera kiplingi, une araignée qui ne tuait pas, car elle était végétarienne. Mignonne et discrète comme la jeune femme, mais toujours aussi fascinante. Elle pouvait être douce pour lui, mais pas pour les autres.

-Oh...Annabelle, murmura-t-il en se rapprochant pour humer l'odeur de ses cheveux. Tu sais que je t'aime.

Les paroles de Un balayèrent ses doutes de nouveau et elle n'eut pas envie de quitter sa soudaine étreinte. Ses bras se refermèrent sur elle tandis qu'il se pencha pour l'embrasser. C'était le moment qu'il attendait.

-Appelle-moi par mon vrai nom. Appelle-moi, Henry. Henry Creel.

Et dans le vide, elle prononça son prénom.