Bonjour à toutes et à tous !

Merci à Cassye pour son commentaire, et merci à tous les lecteurs anonymes.

Réponse aux reviews :

Cassye : Oui les bases du complot sont posées, je continue un peu avec ce chapitre avant d'attaquer une scène bien précise héhé... Merci pour ta review !

Je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre 7 :

Masques

Ce fut l'odeur qui les arrêta. Une puanteur âcre de corps en décomposition, de sang et de cendres. Ils aperçurent les premiers cadavres à l'approche du village.

— Des cornus, analysa froidement Lae'zel. Ont-ils été attaqués alors qu'ils se rendaient au Bosquet ?

Nymuë retint un haut le cœur. Elle comprenait mieux l'aspect misérable des tieffelins désormais, ainsi que leur réluctance à quitter la demeure des druides. Dès le départ, les chances avaient été contre eux.

La prêtresse et la guerrière rassemblèrent les corps, tandis qu'Astarion surveillait les horizons. Un mouvement attira son regard par-delà les arbres, suivi d'un effluve suave, métallique, absolument répugnant. Lorsque tous deux se dirigèrent vers son origine, l'elfe noire dut se couvrir le visage.

À la place d'un gobelin, ils trouvèrent un homme vêtu de cuir usé, accroupi près des restes d'un sanglier. La carcasse l'accaparait tant qu'il leva à peine la tête à leur approche :

— Ah, étrangers, les accueillit-il, veuillez excuser l'odeur. Poudre de lianefer : un vieux truc de chasseur pour décourager les créatures de me dévorer.

— Vous êtes un chasseur de monstres ? questionna Astarion. Étonnant. Moi qui croyais les Gurs sans foi, ni loi…

Nymuë lui jeta un bref coup d'œil. Le roublard avait adopté un ton affable, mais sa raillerie était évidente.

— Ah, reprit l'inconnu, encore un adepte des légendes de tavernes ! Que vous a-t-on dit ? Que nous sommes un peuple aussi mystique que dangereux ? Que parce que nous parcourons le monde sans jamais nous installer, alors nous volons vos poules, maudissons vos récoltes, séduisons vos filles ? J'aimerais avoir ne serait-ce que la moitié du pouvoir que les vôtres imputent aux miens. Mais hélas, je ne suis qu'un humble voyageur. Un humble voyageur… doublé d'un chasseur de montres. Vous pouvez m'appeler Gandrel.

— Que chassez-vous, au juste ? s'enquit Nymuë.

Savoir qu'une bête rôdait dans les environs n'avait rien de rassurant, en particulier avec leur parasite déjà à charge. Son camarade ne paraissait guère partager ses inquiétudes, cependant, car il surenchérit :

— Un adversaire terrifiant, à n'en pas douter. Un dragon ? Un cyclope ?

Il fit mine de réfléchir :

— ... Un kobold ?

— Rien de si impressionnant, j'en ai peur. Je traque un rejeton de vampire.

L'elfe noire patienta, mais la pique suivante se fit attendre. Quand elle regarda le roublard, toute trace d'ironie s'était enfuie.

À la place, elle aperçut de la peur.

— Je crains qu'il ne se terre quelque part. Voyez vous-mêmes…

Gandrel se pencha vers le sanglier ; la bête avait l'air en pleine forme, si ce n'était son décès évident. Elle ne portait aucune trace de blessure apparente… à l'exception de deux trous, à la naissance du cou.

— Il est mort il y a peu, deux heures tout au plus, déclara le chasseur. On l'a vidé de son sang.

— Quel intérêt avez-vous pour ce rejeton de vampire ? interrogea Astarion.

— Je suis en mission sacrée pour la cheffe de ma tribu. C'est elle qui m'a chargé de capturer ce monstre et de le lui rapporter.

— Pour l'amener où ?

— Baldur's Gate. C'est là que les miens m'attendent.

En dépit de son sourire de façade, Nymuë sentit le haut-elfe se crisper. Sa main n'était qu'à quelques centimètres de sa dague. Quand il bougea, la jeune femme fit mine de chanceler. Son bras frappa les doigts de son compagnon, et leur regard se croisèrent. Un avertissement.

— Vous vous sentez bien ? demanda gentiment Gandrel. Si vous avez des vertiges, j'ai un thé qui…

— Elle se porte à merveille, coupa Astarion, mais il se fait tard. Amusez-vous bien à traquer votre monstre.

L'homme approuva, jaugeant qu'il serait en effet sage de trouver un abri avant la nuit. Lorsqu'il rejoignit la route principale, la dépouille exsangue demeura tel un macabre tableau entre Nymuë et son camarade. Tous deux l'observèrent longuement.

— J'ai eu l'impression que vous étiez à deux doigts d'attaquer ce chasseur, commenta-t-elle enfin. Pas fan des Gurs ?

— Difficilement. Ils m'ont donné mon content de mauvaises surprises. Ce Gandrel n'en avait peut-être pas l'air, mais les siens sont de vrais fourbes.

— Sont-ils les seuls ? J'ai comme l'impression que vous manquez désespérément de franchise depuis le début de notre voyage. Alors pourquoi ne profiteriez-vous pas de cet aparté pour vous montrer un minimum sincère ?

— Oh, parce que c'est moi qui suis malhonnête ici ? Darling, vous êtes celle prétendant être la sympathique drow du quartier. Tantôt un leader, puis une héroïne… Votre masque change en fonction du rôle que vous estimez devoir jouer. Vous rêvez d'être acclamée par la foule, c'est évident ! Seul un idiot ne le verrait pas.

— Vous êtes la preuve vivante du contraire.

— Ne flirtez pas, vous n'êtes clairement pas mon genre. Mais je dois avouer être curieux de votre dernière imposture… Les larves. Vous avez adoré, n'est-ce pas ? Il y a donc un brin de corruption sous cet apanage de vertu.

La jeune femme le foudroya du regard. Elle ignorait quoi, des insinuations d'Astarion ou de leur véracité, l'agaçait le plus.

— Le rejeton de vampire, reprit-elle, c'est une de vos connaissances ?

La main gagnante changea de camp, car le roublard interrompit ses sarcasmes.

— Vous sembliez préoccupé par sa recherche. Un parasite capable d'influencer les esprits les plus faibles… Je suis sûre que votre ami non-mort adorerait ça, lui aussi.

Son expression furieuse n'avait pas de prix, quand elle tourna les talons pour rejoindre leurs camarades. Ombrecoeur et Lae'zel avaient fini de fouiller les tieffelins.

— Où étiez-vous ? s'enquit la première. Un homme a traversé le pont il y a un instant. Il nous a dit avoir croisé nos compagnons.

— Un chasseur de monstres, oui, répondit Nymuë. Il poursuit une proie dans les environs.

— Que traque-t-il ?

L'elfe noire pivota légèrement vers Astarion, resté en retrait. Ses yeux rubis paraissaient à la fois crispés… et anxieux. Elle reporta son attention sur Ombrecoeur :

— Rien qu'il ne saurait trouver.


L'entrée du village, une grande arche de pierre à moitié effondrée, était gardée par deux gobelins. Qui fut le plus surpris, des créatures ou des voyageurs, nulle ne sut le dire ; les aventuriers s'attendaient à trouver les lieux complètement vides.

Ils avaient déjà agrippé leurs armes quand un des gobelins pointa Nymuë du doigt. Il se mit en garde-à-vous :

— Salut, Votre Sérénissime ! Tous les drows sont les bienvenus à Rancetourbe !

— Et leurs esclaves aussi, confirma le deuxième.

— Ses quoi ? rugit Lae'zel.

L'elfe noire ne réagit pas à cette soudaine déférence car - comme pour Brynna et Andrick - un symbole lumineux était apparu autour de l'œil gauche des créatures. Leur parasite resta silencieux, mais le signe était le même : une tête de mort dans un triangle, frappée d'une main au niveau du front.

La jeune femme réfléchit : si les gobelins étaient de mèches avec les cultistes rencontrés plus tôt, ceux-là mêmes les ayant nommés "âmes éveillées", la situation pouvait tourner à leur avantage. Elle décida de vérifier son hypothèse :

— Longue vie à l'Absolue ! scanda-t-elle.

Les gobelins frappèrent leur lance sur le sol, répétant son hymne avec enthousiasme. D'un geste de sa part, ils s'arrêtèrent tout aussi vite :

— Où sont nos troupes ? demanda-t-elle avec autorité.

— Au camp principal, Votre Suzerainerie.

Suzainereté !

— Ouais, ça. Minthara sera sûrement heureuse de recevoir une des siennes. Vous venez de Hautelune ?

Nymuë hocha la tête, continuant sa mascarade. Il y avait une autre drow dans les parages ? Au cœur même du camp gobelin ? Cela expliquait la stratégie militaire dont ils avaient fait preuve… La curiosité et le doute la saisirent. Elle n'avait jamais rencontré d'autres elfes noirs auparavant, et n'avait pas particulièrement recherché leur compagnie. Quelque chose lui disait que cette expérience ne serait pas des plus agréables.

— Comme si une seule drow, ce n'était pas déjà pénible ! souffla Astarion. On peut passer une vie entière sans les apercevoir, et voilà maintenant qu'elles poussent comme des pâquerettes.

La jeune femme sourit quand elle l'entendit glapir : le pied de Lae'zel venait de s'écraser sur le sien.

— Seule ma sœur sera là pour me recevoir ? poursuivit-elle.

— La prêtresse Haruspia pourra vous montrer nos nouvelles recrues, Votre Grandiose.

Grandeur !

— Surveille la route toi !

— Y a pas de route, y a rien que des cailloux.

— Ben surveille les !

— Ok, boss.

— Je disais ? grogna le gobelin. Ah, ouais. La prêtresse s'occupe des petits nouveaux, donc. Elle leur met la marque, et comme ça les fidèles se reconnaissent entre eux. Et puis, y a le chef, Dror Ragzlin ! Lui aussi, il pourra vous faire un topo, Votre Majestisance.

— Sont-ce là les seules âmes éveillées du camp ? s'enquit Nymuë.

— Ouais m'dame ! Les autres, ils sont à Hautelune, pour vous-savez-quoi.

— Quoi ? demanda aussitôt Ombrecoeur.

— Hein ? Oh, euh… J'sais pas non plus. J'suis pas une âme éveillée, moi.

— Là, boss ! Le caillou ! IL A BOUGÉ ! hurla l'autre.

Les compagnons s'engagèrent dans le village, alors que le subalterne se prenait une claque magistrale.


La plupart des habitations étaient vides, les années et les pillages ayant remporté une bataille abandonnée depuis longtemps. Quelques gobelins fouillaient les environs, mais ils s'écartaient bien vite de leur passage à la vue de Nymuë.

— Donc, les gobelins vénèrent les elfes noirs… songea Ombrecoeur à voix haute.

— La preuve qu'ils ne sont pas si primitifs que ça, répondit malicieusement la concernée.

— Cela pourrait nous servir, intervint Lae'zel. S'ils vous pensent de leur côté, et s'ils vous admirent, nous pourrions les détruire de l'intérieur. Aussi vexant que cela soit pour moi d'être considérée comme l'une de vos sujets.

— Sans compter qu'ils semblent honorer cette nouvelle déité… "l'Absolue", ajouta Astarion. Grâce à nos larves, nous pourrions même nous occuper des plus suspicieux.

— Ça veut surtout dire que nous pouvons enquêter sur Halsin sans nécessairement déclencher de combats. Et si l'archidruide se révèle disparu, nous pourrons toujours poursuivre notre route jusqu'au col de la montagne sans épuiser toutes nos ressources.

— N'oublions pas que nous connaissons désormais les noms de leurs leaders, rappela la prêtresse. Les gobelins ne sont pas des créatures promptes à la stratégie. Si nous réalisons que seules les armes nous permettent d'atteindre notre objectif, nous savons qui éliminer en premier. Sans chefs, les gobelins prendront peur et se disperseront rapidement.

— Alors, il semblerait que nous ayons un plan, conclut l'elfe noire.

Apercevant au loin l'échoppe d'un guérisseur, ainsi qu'un atelier ressemblant à une forge, les aventuriers décidèrent de se séparer pour explorer les lieux. Ils avaient peu d'espoir de trouver quoi que ce soit parmi ces ruines, mais il aurait été dommage de ne pas saisir l'occasion.

Nymuë et Ombrecoeur partirent d'un côté, Astarion et Lae'zel de l'autre. Sans grande surprise, la boutique était vide, les herbes médicinales pourries, et les potions volées depuis des lustres. La prêtresse trouva quelques ouvrages intéressants sur l'art de la guérison, qu'elle fourra dans son sac à dos. Alors qu'elles s'apprêtaient à rejoindre leurs camarades, elle lui désigna un monument à quelques pas de là. Cela ressemblait à un autel religieux, mais la statue de la divinité s'était effondrée. A moins qu'elle n'ait été profanée.

Nymuë avait toujours eu une relation conflictuelle avec la foi. Enfant, les insinuations continuelles sur ses origines l'avaient incitée à se renseigner sur le culte de Lolth. Le peu qu'elle avait découvert lui avait glacé le sang : la Reine Araignée était une déesse cruelle, capricieuse, se délectant tout aussi bien du sang de ses ennemis que de celui de ses fidèles. Elle régnait en maîtresse absolue sur les elfes noirs, et était rapidement devenue pour les habitants de la surface l'objet de nombreuses angoisses nocturnes. Ses disciples étaient encouragés à se trahir, à comploter, afin de grappiller les miettes de pouvoir qu'elle daignait leur laisser ; et plus sournoise était la félonie, plus dense devenait sa toile. La jeune femme avait essayé de se rapprocher du panthéon des hauts-elfes, ceux que l'on appelait les dieux de la Seldarine. S'ils avaient entendu ses prières, toutefois, ils n'avaient guère jugé utiles de lui répondre.

Ombrecoeur ne paraissait pas partager ses doutes ; ce fut même avec un intérêt passionné qu'elle chercha à identifier l'allégorie. L'elfe noire avait une fois tenté de lui soustraire l'origine de ses croyances, mais la prêtresse s'était toujours montrée discrète sur sa foi. Après tout, sa religion ne regardait qu'elle.

Soudain, la demi-elfe poussa un cri de douleur. Sa main droite émettait une vive lueur, si forte qu'elle enleva son gant comme s'il la brûlait. Une blessure perçait sa paume, un trou sombre et net, fait au fer rouge. Lorsque Nymuë fit un geste vers elle, la prêtresse recula brusquement :

— Ne faites pas attention à ça, haleta-t-elle. Ce n'est rien.

— Vous auriez pu nous en parler, au lieu de souffrir dans votre coin. On vous aurait soignée.

— Ce n'est pas récent, répondit prudemment sa compagne. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu cette marque. De temps en temps, elle me provoque une vive douleur, mais cela passe rapidement. C'est juste… quelque chose avec lequel je dois vivre. Pas besoin d'en faire toute une histoire.

— C'est donc d'origine magique ? s'enquit Nymuë.

— Ça n'a rien à voir avec nos larves ! Et je vous l'ai dit, c'est une simple écorchure.

Ombrecoeur croisa les bras, bornée ; il n'y avait rien de plus à en dire. Malgré tout, ses yeux revenaient sans cesse sur la statuette en morceaux, comme si elle avait été la cause de son affliction. En approchant, Nymuë reconnut l'emblème en demi-lune de Séluné, la Vierge Lunaire. Une divinité plutôt appréciée en Faerun, symbole de lumière dans l'obscurité, "Celle-qui-guide dans le noir"... Pourtant, c'était de la colère qui déformait les traits de sa camarade, et non de la vénération.

— Vous n'allez pas lâcher le morceau, pas vrai ? lui demanda-t-elle avec lassitude.

— Je respecterai votre silence si vous refusez de vous confier à moi, répondit l'elfe noire. Mais j'aime autant que vous me parliez de vous-même.

— Si nous continuons ensemble, je peux tout aussi bien vous en faire part, je suppose. Je suis au service de Shar, Maîtresse de la Nuit et Dame de l'Égarement. J'imagine que vous avez entendu parler d'elle ?

Nymuë plissa le nez, fouillant sa mémoire à la recherche d'informations potentielles. De ce qu'elle se rappelait des leçons de Revan, lorsqu'elle ne s'endormait pas ostensiblement sur ses ouvrages, Shar était la sœur de Séluné. Constamment en concurrence, les jumelles étaient représentées tour à tour comme des ennemies jurées, ou les deux facettes d'une même pièce. Pas de lumière sans ténèbres, et point de nuit sans lune. Leurs… disciples, en revanche, se révélaient moins poétiques et prenaient à cœur de défendre les intérêts de leur idole. Le conflit entre Shar et Séluné était vieux comme le monde car, selon les mythes, il était à l'origine même de Toril. "Au début, il n'y avait que Shar et le Néant. Puis, Séluné créa la lumière…".

— Je connais sa liaison avec Séluné, ainsi que leur différent, répondit prudemment l'elfe noire. Mais j'ignore tout de son royaume divin.

— Ma dame Shar est le Chant Nocturne. La plupart des gens, tels des enfants, craignent le noir ; car dans l'obscurité leurs peurs sont magnifiées. Mais l'on m'a enseigné à dépasser cette peur. Et dans le noir, les enfants de Shar ne se cachent pas… ils agissent. La douleur, l'espoir, la promesse de meilleurs lendemains… Toutes ces considérations pèsent sur les épaules et les cœurs. Nombreux sont ceux qui craquent avant de pouvoir accepter la vérité de Shar, la douceur de son Oubli. Cela se fait souvent dans la souffrance, parfois même dans la mort.

C'était peut-être bien la première fois que la prêtresse se montrait aussi véhémente ; sa foi envers Shar l'animait d'une ferveur qui embrasait ses yeux verts et exaltait sa voix. Ça allait au-delà de la simple piété : c'était du zèle, de l'adoration pure. Comme si elle réalisait s'être laissée aller, Ombrecoeur reprit aussitôt contenance :

— Voilà, vous connaissez la vérité maintenant, pour ce que ça vaut…

Son interlocutrice la jaugeait, presque avec défi. Si Séluné était populaire, sa sœur en revanche était considérée comme une déité maléfique. La jeune femme comprenait la discrétion de sa camarade : de telles croyances étaient rarement accueillies à bras ouverts. Nymuë en aurait ri, si Ombrecoeur n'avait pas eu un air aussi sérieux. Elle n'aurait jamais pensé qu'un jour quelqu'un craindrait sa réaction sur des questions religieuses.

— Je ne vous juge pas, Ombrecoeur, si c'est ce qui vous effraie, déclara-t-elle. Aux yeux du reste du monde, je suis une adepte de Lolth. Ses dossiers comportementaux laissent davantage à désirer. Vous pouvez bien prier qui vous voulez, je m'en moque. A vrai dire, une intervention divine serait même fortement appréciée au vu de notre situation.

— La plupart des gens ont peur de ma Dame, murmura la prêtresse en contenant - difficilement - un sourire. Mais je crois que j'ai eu raison de me joindre à vous. J'apprécie la compagnie, en tout cas.

— Je suis toutefois curieuse, si vous me le permettez. Qu'est-ce qui vous a incité à vénérer Shar ?

— Elle m'a acceptée alors que tout le monde me rejetait. Sans elle, je serais morte depuis longtemps. Elle est ma mère, qui m'aime, m'éduque, et prend soin de moi.

Les pensées de l'elfe noire dérivèrent vers Revan. Son travail à Baldur's Gate n'avait jamais été une source de joie, et encore moins de fierté. Elle suivait son mentor lors de ses missions, et lui offrait ses services dans la mesure du possible. Elle avait beaucoup appris à ses côtés… en bien comme en mal. Pourtant, elle savait que si tout était à refaire, ses choix seraient les mêmes. Car Revan l'avait recueillie alors qu'elle était faible et misérable, là où le reste du monde l'aurait achevée sans la moindre arrière-pensée.

Ses mains saisirent celles d'Ombrecoeur - encore légèrement illuminées - et les serrèrent. La prêtresse redressa leurs paumes vers le ciel :

— Ma foi me protège. Je prierai pour que vous puissiez trouver quelque chose en lequel croire à votre tour.


Notes de fin :

Voici pour ce chapitre !

Vous l'aurez compris, j'ai mixé les scènes du sanglier et de Gandrel dans les marais, car je trouvais qu'elles fonctionnaient bien ensemble.

Le fait de jouer drow permet d'obtenir plus rapidement des informations sur l'Absolue auprès des gobelins. Même pas besoin d'utiliser la larve illithid, le fait d'être elfe noir vous offre tous les honneurs !

J'aime beaucoup choisir des noms de chapitre à double-sens quand je le peux, et suis donc assez satisfaite de l'appellation de celui-ci.

Je vous souhaite une bonne semaine et vous dit à bientôt.