Bonjour à toutes et à tous !
Merci à Cassye pour son commentaire et merci aux lecteurs silencieux.
Cette semaine fut moins productive en terme d'écriture. En revanche, j'ai entamé la relecture "finale" de mon Acte I. Si jamais je parviens à terminer cette histoire - ce qui est fermement mon intention - j'aimerais beaucoup essayer de faire imprimer cet écrit, juste pour mon plaisir personnel. Mes brouillons ont à ce jour dépassé les 400 pages, c'est donc un peu comme si je me prouvais quelque chose avec cette fiction. Je mettrai à jour les chapitres avec leur version corrigée une fois l'histoire terminée, mais pour l'instant je vais me concentrer en priorité sur l'écriture.
Curieuse des futures Evil Endings prévues par le Patch 7, les nouvelles musiques de Borislav Slavov sont incroyables !
Ce chapitre concerne le passif de Nymuë et il est entièrement issu de ma petite tête, nous retrouverons nos compagnons au chapitre suivant. J'espère que vous apprécierez !
Réponse aux reviews :
Cassye : Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis contente que tu aies trouvé le point de vue d'Astarion bien retranscrit, c'était quelque chose qui me tenait à coeur. Je me suis dit que cette scène de romance, nous la connaissions déjà en tant que joueur, et qu'il y avait donc plus d'enjeux à la raconter selon sa vision à lui. Tu as utilisé le bon mot, pour Nymuë : la prudence. Ce qu'elle commence à développer avec Astarion a de l'importance à ses yeux, mais n'ayant pas eu beaucoup d'attaches au cours de sa vie, elle ne peut pas le comparer à quoi que ce soit d'autre. Elle continue à penser qu'elle est, pour ses compagnons, un choix par défaut. Les choses vont se développer petit à petit...
Recommandation musicale : je vous conseille une OST du jeu vidéo The Last of Us, intitulée All Gone (No Escape), du musicien Gustavo Santaolalla.
Bonne lecture !
Chapitre 14
Cendres
"Je pense que j'aimerais beaucoup Waterdeep.", murmura Elyon.
Nymuë sourit. L'après-midi touchait à sa fin, mais les rayons du Soleil continuaient à caresser amoureusement leurs peaux. L'été avait encore de beaux jours devant lui ; le chant des criquets était si strident qu'il surpassait même le vacarme des ouvriers. Ceux-ci s'employaient à monter le chapiteau pour la représentation de ce soir. Malgré la chaleur étouffante, ils ne s'autorisaient aucune pause ; après tout, le public arriverait bientôt.
"Neverwinter n'est pas mal non plus, déclara l'elfe noire.
- Je n'ai jamais vu la mer, s'exclama la petite fée. Quand on partira, ce sera la première chose que tu m'emmèneras voir.
- Baldur's Gate est moins loin, et ils ont des plages aussi tu sais !
- Alors on les visitera ! On pourrait aller où on veut."
La jeune femme se redressa, et tourna légèrement la tête ; les ailes d'Elyon étaient comme un arc-en-ciel de lumière, envoyant des reflets jaunes et verts à chacun de ses mouvements. Elle réalisait une couronne de fleur, et son nez était retroussé sous l'effet de la concentration. Nymuë soupira :
"Tu sais que ce n'est pas pour tout de suite, Elyon. Si tant est que cela soit possible un jour.
- Elle a dit le mois prochain. Selon les finances.
- C'est ce qu'elle avait promis le mois dernier. Et aussi celui d'avant. En fait, c'est peut-être bien ce que Dame Séri nous répète depuis des années ! Il n'y aura jamais de "bonnes" finances Elyon, et ce même si le cirque est plein à craquer tous les soirs.
- Alors, on pourrait juste s'en aller, souffla l'enfant. Prendre de l'argent, et des chevaux.
- Je t'ai déjà dit non, trancha Nymuë. On ne dépasserait pas le premier village.
- Tu n'as pas dépassé le premier village, tu veux dire, contredit la petite fée.
- Elyon, ça suffit. Maintenant."
L'adolescente lui jeta un regard plein de rancune, mais tint sa langue. A treize ans, le cœur d'Elyon était rempli d'espoirs et de rêves d'avenir. Il y avait un monde par-delà le chapiteau, et elle brûlait de l'explorer. Elle ne connaissait que la cruauté du marché noir et de La Belle Etoile ; mais Nymuë savait.
Elle savait que, sous les apparences, le reste de Faerun était tout aussi odieux. Dehors, elles seraient chassées, frappées, et certainement tuées. Sa petite fée n'en avait peut-être pas conscience, mais le cirque n'était pas la pire des prisons dans laquelle être enfermée. Elle aussi, autrefois, aspirait à quelque chose de meilleur ; mais c'étaient là des frivolités d'enfant.
Ces derniers mois, Elyon et elle s'étaient de plus en plus disputées à ce sujet. Des rumeurs circulaient parmi les ouvriers ; de nombreux voyageurs et petits villages avaient été attaqués, et l'atmosphère générale était tendue. La plupart des provinces qu'ils avaient visitées leur avaient ouvert leurs portes à contrecœur. Dame Séri avait même émis la possibilité qu'ils soient obligés de se retrancher en ville, le temps que les pillages se calment. L'adolescente avait supplié Nymuë de partir maintenant, tant que les routes étaient encore praticables, mais elle s'y était refusée. Le jeu n'en valait pas la chandelle.
Les deux jeunes femmes se levèrent et se dirigèrent vers la caravane principale. Elyon s'était enfermée dans un silence morose. Nymuë craignait, un matin, de se lever et de constater qu'elle n'était plus là. Partie on ne sait où, perdue dans la lande ou pire encore. Égoïstement, elle se sentait soulagée qu'Elyon se refuse à l'abandonner, même si cela les condamnait toutes deux à une vie de polichinelle au cœur d'un spectacle fantoche. Une part d'elle éprouvait de la culpabilité aussi, bien sûr ; mais avec le temps, sa petite fée verrait qu'elle avait agi pour son bien. Viendrait bien assez tôt le jour où elle contemplerait la foule dans toute son horreur, sans la protection du chapiteau. Et alors, elle comprendrait.
Brindille et Aktas avaient déjà revêtu leur costume pour ce soir. Le Kobold nouait avec soin un foulard autour de son cou, tandis que l'orc choisissait quels chapeaux mettre sur chacune de ses deux têtes. Elyon saisit sa robe, un bel ensemble rose et blanc en dentelle, et partit se changer d'un pas rageur derrière le paravent. Nymuë s'installa à sa coiffeuse et natta les deux mèches encadrant son visage avant de les attacher à l'arrière de son crâne. La porte de la roulotte s'ouvrit brusquement, et Dame Séri entra.
Elle arborait une expression pincée, triturant le bijou précieux qui pendait continuellement à son oreille gauche. Bien qu'un seul côté de sa famille soit d'origine elfique, la matriarche avait toujours fait savoir à qui voulait l'entendre qu'elle était "de pur sang". Elle tenait d'ailleurs à s'habiller et s'apprêter selon son rang, quand bien même elle ne montait jamais sur scène. Nymuë était persuadée que l'essentiel des revenus de La Belle Etoile passait dans des parures et robes excentriques plus que dans des vivres, des instruments, ou même encore de la manufacture pour assurer le confort de chacun. A ses côtés, Tim - son homme à tout faire -, paraissait extrêmement mal à l'aise. Ses yeux se posèrent sur l'elfe noire et sa nervosité augmenta :
"Vous devriez reconsidérer votre décision, m'dame… murmura-t-il. Ce serait peut-être mieux si elle se faisait discrète, pour aujourd'hui. Vous avez toujours les trois autres pour assurer la parade.
- Veux-tu bien m'expliquer, Tim, pourquoi je me donne la peine de payer à tarif exorbitant tes mercenaires, s'ils ne peuvent assurer la sécurité des représentations ?
- Mes gars ne seront pas là ce soir, grommela rapidement Tim.
- Je te demande pardon ?"
Les artistes avaient stoppé toute activité pour assister à cet inattendu divertissement. Même Elyon s'était discrètement penchée depuis son paravent.
"Avec les attaques récentes, les villes ont besoin de toutes les épées possibles, poursuivit l'homme de main. La bourgmestre de Beregost a accepté que nous nous installions ici en échange de protection supplémentaire. C'est que y a eu un raid de drows la semaine précédente."
Tous les regards se tournèrent vers Nymuë, qui fit de son mieux pour demeurer impassible. Les expéditions d'elfes noirs à la surface n'étaient pas fréquentes, mais systématiquement mortelles. Seuls demeuraient derrière eux des cendres et des cadavres.
"Donc, résuma doucereusement Dame Séri, tu as financé notre aménagement temporaire - dans une zone presque désertée - avec les hommes chargés de notre protection ?
- J'ai voulu vous en parler m'dame, objecta Tim, mais vous m'avez dit que vous refusiez d'annuler ne serait-ce qu'une représentation.
- Ne reporte pas la faute sur moi, imbécile ! J'espère pour toi que le chapiteau sera plein, ce soir. Si ton incompétence ruine mes bénéfices, je saurai m'en rappeler au moment de te verser ta solde.
- Faut pas que la fille monte sur scène ! insista le larbin. La fée, le lézard et l'autre affreux, ça fera rire les p'tites gens. Mais elle ? M'dame, vous allez les mettre en colère s'ils voient une elfe noire. Ils sont au bout du rouleau et ont perdu beaucoup des leurs. Ils feront pas la différence avec notre Nymuë.
- En colère, tu dis ? réfléchit lentement la matriarche.
- Très, m'dame !
- Donc, les gradins seront pleins ! Et c'est ça qui t'inquiète, mon Tim ? Qu'une bande de paysans jettent quelques tomates à mes amours ? Ils sont plus coriaces que ça. Nymuë sait que son rôle est essentiel pour la sauvegarde des bonnes mœurs, pas vrai mon ange ? En prenant sur elle l'espace d'un spectacle, elle aide ces gens. Ils ont besoin de nous, Tim, ces pauvres âmes qui n'ont personne avec qui communiquer leur frustration. Mais La Belle Étoile est là pour les accueillir, prendre leur peine à pleines mains."
N'accordant plus aucune attention à son valet, elle se dirigea vers l'elfe noire et posa tendrement son menton sur le haut de son crâne :
"Je te veux superbe ce soir, ma Nymuë, ronronna-t-elle. Je te mettrai bien en avant, et tu pourras même jouer du violon. Tu aimerais ça, pas vrai ma toute belle ? Tu me rendras fière."
La jeune femme observa silencieusement leur reflet, sans qu'aucun son ne s'échappe de ses lèvres. Mais ses mains serraient fermement les rebords de son tabouret.
Le nombre de visiteurs dépassa les espérances de Dame Séri ; presque l'entièreté du village s'était donné rendez-vous. Malgré les pertes récentes, les habitants de Beregost étaient déterminés à consommer les quelques miettes de joie à leur portée.
Nymuë était déjà en place, violon en main. Autour d'elle, la matriarche procédait à des retouches de dernière minute, tirant un pli par-ci, lissant une mèche par-là. A l'arrière de la scène, Elyon avait pris de la hauteur pour se positionner près de son trapèze. Brindille faisait patienter le public, et Aktas terminait de grimer ses doubles figures.
"Les spectateurs risquent d'être un peu vindicatifs, déclara Dame Séri en contemplant l'elfe noire, mais tu as l'habitude. Si jamais ils s'agitent trop, retire-toi et laisse la place à Elyon.
- Je ne peux pas faire mon numéro si Nymuë ne joue pas du violon, protesta l'adolescente.
- Tu es une fée, ma belle. Il serait temps d'arrêter d'avoir peur du vide.
- La musique m'aide, insista la jeune fille. Vous avez toujours dit que nous formions un duo.
- Et bien ce soir, envisage la possibilité de faire un solo. Ce n'est quand même pas si compliqué !"
Le regard d'Elyon croisa le sien, et la jeune femme lui offrit un sourire rassurant. Des rires et des applaudissements polis se firent entendre du côté des gradins ; la prestation de Brindille arrivait à son terme. La matriarche disparut dans les coulisses tandis que le Kobold annonçait :
"Et maintenant, mesdames et messieurs… la troupe de La Belle Etoile !"
Le rideau se leva, et, pendant une seconde, Nymuë fut éblouie. La clameur des vivats l'étourdissait ; les feux enchantés de Brindille lui brûlait les yeux. Tout aussi soudainement qu'elles avaient commencé, les acclamations se turent. Une cinquantaine d'individus remplissaient le chapiteau… mais une seconde avait suffi pour qu'il y règne un silence de mort.
L'elfe noire était habituée à susciter de la colère, voire de la haine ; mais elle n'avait jamais été confrontée à un tel… calme. Elle voyait une même rage circuler au cœur de l'audience, une frénésie qui se dispensait de paroles. Ses poils se hérissèrent, ses muscles se raidirent ; son instinct lui ordonnait de s'enfuir à toutes jambes. Loin, loin de ce froid mortel, de ce bourdonnement qui bientôt deviendrait cri.
A la place, elle leva son archet et commença à jouer. Elle entama une balade joyeuse, afin d'accompagner les pitreries d'Aktas et Brindille ; Elyon déploya gracieusement ses ailes.
Le premier cri vint du fond de la salle :
"Assassin !"
Elle ne vit pas qui en était l'auteur ; depuis les coulisses, Dame Séri lui fit signe de continuer. Les cordes de son instrument grincèrent de nouveau, mais plusieurs vociférations rejoignirent leur congénère :
"Démon !
- Égorgeurs d'enfants !
- Retournez dans le trou immonde qui vous sert de logis !
- Vous n'avez pas votre place ici !"
Le tumulte surpassa le bruit de son instrument. Dans l'estrade, certains villageois s'étaient levés. On la saisit par l'épaule :
"Temps de laisser la place aux autres, chuchota Tim à son oreille. Sort de la scène, miss."
L'elfe noire le suivit, cherchant Elyon du regard. La petite fée s'apprêtait à s'élancer sur son trapèze, mais son visage était rongé par l'angoisse. Lorsqu'elle aperçut Nymuë, ses lèvres articulèrent silencieusement : "Ne me laisse pas".
La jeune femme se dégagea et se dirigea vers elle. Elyon lâcha aussitôt sa balançoire pour la rejoindre, malgré le mouvement de foule de plus en plus important. Certains spectateurs essayaient désormais de grimper sur les planches.
"Messieurs-dames, gardez votre calme, tempéra Brindille. Nul besoin de faire preuve de violence, il s'agit juste de notre violoniste ! Veuillez s'il-vous-plaît rester assis et…"
Il reçut une pierre en plein visage. Les spectateurs les mitraillaient en hurlant et s'amassaient à l'avant de la scène. Leurs rugissements remplissaient le chapiteau, un capharnaüm hostile et furieux. Nymuë gémit alors qu'une douleur vive explosait au niveau de son bras ; un des projectiles l'avait éraflé, laissant une traînée de sang sur son biceps. Avec horreur, la jeune femme réalisa qu'il ne s'agissait pas d'une roche ; les villageois étaient armés.
"Il faut partir, dit-elle à Elyon en la soulevant. Tu avais raison, on va prendre les chevaux ; si on galope toute la nuit, on atteindra Baldur's Gate au petit matin."
La fée se laissa faire docilement, appuyant sa tête contre sa nuque. Nymuë voulut se frayer un chemin vers les coulisses, mais c'était peine perdue ; l'attroupement gagnait du terrain, et bloquait les issues. Deux hommes s'avancèrent, leur couteau pointé dans sa direction. Elle serra Elyon plus fort contre sa poitrine et se précipita vers l'arrière de la scène, fouillant le sol des yeux. Très vite, elle repéra la trappe que Brindille utilisait pour ses numéros d'illusions.
" Elyon, grogna-t-elle, aide-moi un peu !"
L'adolescente était lourde dans ses bras, et ne fit pas le moindre mouvement pour lui faciliter la tâche. Deux énormes mains l'encerclèrent et Nymuë hurla ; mais ce n'était qu'Aktas, lui faisant signe de se pousser.
"Il va falloir faire vite ! hurla-t-il. À mon signal !"
L'orc banda ses muscles et les deux femmes s'engouffrèrent dans l'embouchure. Aktas s'élança à leur suite avant de verrouiller l'issue derrière eux. Les ténèbres les entourèrent.
"En-dessous ! s'écria quelqu'un. Ils sont partis par-là ! Venez, aidez-moi !
- Ça ne les retiendra pas longtemps, siffla Aktas. Venez, il faut rejoindre les plaines. J'ai repéré des cavernes à proximité des caravanes, on se cachera là le temps que ça passe."
Nymuë le suivit à l'aveugle, une main tendue vers l'avant, l'autre caressant distraitement les cheveux d'Elyon pour la rassurer. La trappe aboutissait sur l'arrière du chapiteau, à proximité des roulottes et des chevaux. C'était un passage pratique pour faire circuler discrètement du matériel lors des représentations, ou même parfois des animaux exotiques. Pour le moment, l'émeute semblait cantonnée à l'intérieur du cirque. Veillant à ne pas laisser de marques de leur passage, la petite troupe se faufila parmi les caravanes. Aktas les guidait, le pas alerte et assuré, ses deux têtes surveillant à la fois leur droite et leur gauche. Au bout de quelques mètres, il leur pointa du doigt une crête rocheuse à moitié dissimulée par des arbres :
"J'ai découvert l'endroit peu de temps après les premières rumeurs de pillages, chuchota l'orc. J'ai mémorisé sa localisation en me disant que ça pourrait être utile en cas de crise. J'ai bien fait, je crois."
Il les invita à avancer, révélant une entrée derrière des planches de bois. Nymuë constata qu'il ne plaisantait pas, lorsqu'il parlait de crise ; la caverne disposait déjà de bagages, de couvertures, et de quelques lampes accrochées au plafond.
"Tim, comprit-elle. Il t'a aidé à préparer une retraite.
- Oui, confirma-t-il. Je lui ai parlé de la grotte, et il m'a donné le nécessaire pour tenir quelques jours, si nous devions en arriver là. Brindille est au courant ; c'est lui qui est censé prévenir Dame Séri. On lui en aurait bien parlé avant, mais elle n'aurait rien voulu savoir."
L'elfe noire hocha la tête, et le regarda allumer une des lampes. Aussitôt, elle jeta un regard anxieux vers l'extérieur :
"T'inquiète pas Nymuë, c'est suffisamment profond pour que la lumière n'alerte personne à des kilomètres à la ronde. On va se limiter à une seule bougie.
- J'aurais dû prendre le parti de Tim, murmura la jeune femme. Ou j'aurais dû me déguiser. Je suis désolée, Aktas.
- Non, petite. T'as pas à t'excuser de subir les mauvaises décisions ou les mauvais traitements des autres. Si quelqu'un ici est fautif, c'est la Séri. Des fois, je me dis…"
Il s'interrompit brusquement, bouche-bée, et ses yeux se posèrent sur Elyon. Le cœur de Nymuë rata un battement ; l'adolescente n'avait rien dit tout le long de leur fuite. Elle suivit le regard d'Aktas pour apercevoir une tâche cramoisie entre les deux ailes de la petite fée.
"Non, souffla-t-elle. Aktas, amène-moi du linge propre. Des herbes médicinales, une potion de soin, n'importe quoi !"
Elle allongea Elyon sur une des paillasses, et contempla avec horreur le couteau à moitié dissimulé par son justaucorps. La jeune fille respirait avec difficulté, tandis que ses yeux papillonnaient sans se poser nulle part. L'elfe noire revit la scène au ralenti : la blessure sur son bras, le jet l'ayant manqué de peu. Ce poignard lui avait-il été destiné ?
"Elyon, murmura-t-elle, regarde-moi. Reste avec moi. Ça va aller, tu m'entends ? On va te soigner. Je vais t'enlever la lame, te faire un bandage et ensuite, on trouvera un guérisseur. Je te promets qu'après on partira, d'accord ? Comme tu l'as dit. Mais il faut que tu gardes les yeux ouverts, mon ange, un peu plus longtemps.
- On ira voir la mer ? murmura Elyon.
- Oui, jura Nymuë. On prendra même le bateau. Et quand on aura tout exploré, on trouvera un dirigeable et on visitera le ciel. Tu pourras voler à côté.
- Tu joueras du violon ?
- Tous tes morceaux préférés, sanglota la jeune femme. Autant de fois que tu veux. Mais Elyon, je t'en supplie, reste avec moi."
Aktas ne bougeait pas, une expression douloureuse sur le visage. Ses yeux cherchaient ceux de Nymuë, mais elle refusait d'y lire ce qu'elle savait déjà. Que la lame était enfoncée trop profondément. Que le cœur avait été touché. Que la petite fée avait déjà perdu trop de sang.
"Je ne voulais pas faire du trapèze sans ta musique, chuchota Elyon. Séri n'a pas voulu écouter.
- Mais je ne t'ai pas laissée, pas vrai ? Je suis venue te chercher. Alors, ne m'abandonne pas non plus.
- Moi aussi, je veux te protéger, souffla l'adolescente. J'en ai rêvé, tu sais : j'ai vu un Soleil couchant et un fleuve en feu. J'ai vu un ciel rempli de roches et d'étoiles. Et il y avait une ville, très grande ; certaines personnes riaient, d'autres pleuraient.
- On verra tout ça, supplia l'elfe noire. Tu verras tout ça. Mais il faut que tu restes éveillée.
- Je suis contente, exhala-t-elle, que tu m'aies trouvée."
Ses tremblements s'apaisèrent ; une unique larme coula lentement le long de sa joue. Elle avait un jour confié à Nymuë que son voyage jusqu'en Faerun n'avait duré qu'un bref instant, mais aussi une infinité de vies. Aux yeux des fées, le temps était malléable ; parfois même "figé". Ce n'était que sur le plan matériel que le sablier s'écoulait en continue. Selon les standards des hommes, cette traversée de plusieurs années s'était faite en un éclair ; elle l'avait commencée au premier son de cloche et l'avait terminée au second.
Elle était arrivée en ce monde et dans la vie de Nymuë aussi soudainement qu'un souffle de vent ; et c'est ainsi qu'elle partit.
Le trajet jusqu'à Berdusk, le Joyau du Vale, prit quatre jours. Par-delà la fenêtre de sa roulotte, Nymuë n'aperçut que des champs à perte de vue. En temps ordinaire, un périple de ce genre se serait révélé d'une simplicité enfantine. Mais les routes n'étaient pas sûres, et les membres de la Belle Etoile avaient été forcés à de nombreux détours afin d'éviter de potentielles embuscades.
L'elfe noire tira machinalement sur les chaînes à ses poignets lorsque les premiers murs de la cité apparurent. Depuis l'accident de Beregost, Dame Séri l'avait fait enfermer dans une des caravanes pour "éviter toute nouvelle catastrophe". La vérité était qu'elle craignait que la jeune femme tente de s'en prendre à elle à nouveau.
Brindille, Tim et la matriarche les avaient rejoints dans leur cachette, quelques heures après la mort d'Elyon. Le Kobold lui avait gentiment pris les mains afin de nettoyer les taches de sang sur le corps de la petite fée. Ses doigts avaient refermé ses yeux verts avec tendresse.
Dame Séri était hors d'elle. Elle avait commencé par accuser Tim de ne pas l'avoir suffisamment avertie du danger qu'ils encouraient. Ensuite, elle s'en était prise à Brindille, lui reprochant de ne pas avoir su arrêter le public à temps. Enfin, elle s'était tournée vers Nymuë :
"Et toi, ne pouvais-tu pas disparaître de la scène quand on te le demandait, plutôt que de vouloir constamment te pavaner ? Et maintenant, me voilà avec une artiste en moins. Tout ça, c'est ta faute ma belle, et sois bien sûre qu'au moment de recevoir tes gages…"
L'elfe noire avait perdu le contrôle de son corps. Saisissant le couteau près d'Elyon, elle s'était précipitée vers la matriarche et il avait fallu la force réunie d'Aktas et Tim pour l'empêcher de lui sauter à la gorge.
"Sauvageonne, avait soufflé Séri. Il y a peut-être du vrai, finalement, dans ce qui se raconte sur les drows !"
Nymuë s'était acharnée, jusqu'à recevoir un coup puissant à l'arrière du crâne. A son réveil, le Soleil était haut dans le ciel, et elle était menottée à l'intérieur d'une des roulottes. Elle n'en était pas ressortie depuis lors, refusant de se nourrir ou de parler avec qui que ce soit. La seule personne avec qui elle avait échangé quelques mots avait été Brindille, peu de temps après son réveil :
"Qu'avez-vous fait d'Elyon ?" avait-elle demandé.
Le Kobold lui avait doucement touché le bras :
"Elle s'est désintégrée au petit matin. Des centaines de particules de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. J'ai tout récupéré avant que la Séri le voit ; la poussière de fée, ça a de la valeur sur le marché… Tout est là. Je pense qu'elle aurait voulu que tu les récupères. Que tu les jettes dans l'océan, quelque chose du genre."
Il avait posé près d'elle une bourse en satin violet, à laquelle elle n'avait pas accordé un regard. Il s'était ensuite éclairci la gorge :
"C'est une piètre consolation, je le sais, mais je t'ai retrouvé ça aussi."
Elle avait reconnu son violon, plutôt en bon état malgré quelques rayures. Nymuë avait serré l'archet entre ses mains jusqu'à en avoir mal.
Elle se rappelait sa dernière conversation avec Elyon, l'après-midi avant la représentation. Sa crainte de se réveiller un matin et de constater qu'elle n'était plus là. Sa conviction que la petite fée comprendrait mieux sa réticence à quitter les troubadours, une fois confrontée à la vraie nature du monde extérieur. Des larmes de rage brûlèrent ses yeux :
"Félicitations Nymuë, pensa-t-elle. Tu es une foutue prophète."
Une foutue prophète qui n'avait rien fait. Qui s'était assise, et qui avait contemplé le monde devenir un vaste chaos. Un ensemble de cris et de gestes trop obscurs pour qu'elle parvienne à les interpréter. Et maintenant, à chaque fois qu'elle tentait de trouver le sommeil, elle entendait les voix.
"Assassin, murmuraient-elles. Egorgeuse d'enfants. Au fond, tous ces gens avaient raison d'être en colère contre toi, pas vrai ?
- Je n'ai pas voulu ça, répondait l'elfe noire. Je n'ai jamais voulu ça.
- Oh, tu n'as jamais voulu grand-chose Nymuë, et c'est bien ça le problème. Tu n'aspire à rien, tu ne dis rien, tu fais le dos rond et tu attends. Et pendant que tu essayes de convaincre le monde que ta passivité est preuve de sagesse, des gens meurent.
- C'est la faute de Dame Séri. C'est la faute de ce foutu cirque !
- Et tu as été la meilleure pitre."
Les caravanes s'arrêtèrent alors que le galop d'un cheval se faisait entendre. A quelques mètres, la voix de la matriarche lui parvint :
"Nous ne pouvons pas nous installer à l'intérieur de la ville, déclara-t-elle. Ces foutus brigands de la Guilde sont partout.
- Mais ce réseau de mercenaires est censé être actif à Baldur's Gate… objecta Tim.
- Il faut croire que, maintenant, ils envoient leurs laquais dans chaque cité ! Histoire de "récolter les dettes", qu'ils disent. J'ai fait affaire avec leur cheffe, Neuf-Doigts, il y a quelques années… Et ils refusent de nous laisser passer tant que je ne leur paye pas leur dû ! Saletés de voleurs !
- Ne pourriez-vous pas, exceptionnellement…", commença Aktas.
Le sifflement de Dame Séri devint strident :
"Il est hors de question que je verse la moindre pièce à ces criminels. Ils peuvent retourner moisir dans leurs foutus égouts ! Demain, je vendrai Nymuë. Ça nous fera un peu d'argent de côté, assez pour appâter le plus offrant dans les fermes alentours."
Un silence accueillit son annonce :
"Vendre… Nymuë ? répéta Brindille.
- Tu l'as bien vu, rétorqua la matriarche. La pauvre fille est à moitié folle depuis la mort d'Elyon. La tête d'un drow vaut cher en un temps comme celui-ci.
- Mais… mais s'ils veulent un elfe noir c'est pour…
- Ce sera son problème, trancha-t-elle. Je m'en lave les mains."
Aucun membre du groupe ne protesta. Intérieurement, Nymuë sourit : Ah ! Qu'elle était belle leur famille… Même Aktas ou Brindille, si aimables et bienveillants, choisissaient de l'abandonner pour sauver leur peau. Qu'à cela ne tienne ; elle se fichait bien de ce qui pouvait lui arriver.
Le soir commençait à tomber, et ils dressèrent le camp. Dame Séri sélectionna Aktas et Tim pour l'accompagner négocier des vivres ; Brindille, quant à lui, resta sur place afin de surveiller les caravanes.
L'elfe noire se laissa glisser contre le mur de sa prison ; elle ne se sentait pas effrayée. Pas sereine, non plus. Étrangement, l'idée de sa mort prochaine lui était indifférente, presque… lointaine. Comme un problème devant être géré par quelqu'un d'autre.
C'était dommage. C'était pour le mieux. Qui s'en souciait ?
"T'es franchement la mésange la plus déprimante que j'ai jamais vue."
Elle sursauta ; un homme l'épiait depuis sa fenêtre. Il devait être âgé d'une trentaine d'années, un humain si elle se fiait à ses traits. Sa capuche dissimulait la plus grande partie de son visage, mais Nymuë voyait distinctement ses yeux marrons l'observer d'un air moqueur :
"Depuis quand un cirque ça se trimballe une drow, dit-moi ?
- Qui êtes-vous ? lui demanda-t-elle.
- Celui qui pose les questions. Alors, mésange, qu'est-ce que t'as bien fait pour finir ici ?
- Mésange ?"
Avec impatience, il désigna sa robe de parade en dentelles jaunes et noires :
"T'as la peau bleue, et tes vêtements sont jaunes, déclara-t-il comme si là était l'évidence. Une mésange, quoi.
- Vous êtes poète ? ironisa-t-elle. Parce que vous avez clairement raté votre carrière.
- Et toi, t'as rien d'une mercenaire, alors épargne-moi le numéro de caïd. Qu'est-ce que tu fous là, gamine ?
- Je suis une drow. Ça n'explique pas les chaînes, selon vous ?
- Bah, un elfe noir qu'en veut à ta peau, habituellement ça a des armes. Toi, t'as un violon."
Elle le dévisagea, notant ses vêtements de cuir robustes et les dagues à sa ceinture :
"Et vous, vous avez tout l'attirail du voleur."
L'inconnu lui sourit de toutes ses dents :
"Déprimante, mais futée, apprécia-t-il. Tu sais ce que je pense, mésange ? T'es musicienne dans cette troupe de dégénérés. Et t'as fait un truc qui n'a pas plu à la Séri, d'où ta mise aux fers. Ce qui veut donc dire que, toi et moi, on peut faire du business.
- Je me moque de vos affaires. Tirez-vous d'ici, ou j'alerte Brindille.
- Ton pote Kobold est parti faire un somme.
- Brindille n'irait jamais dormir alors qu'il est de surveillance.
- Il est parti faire un somme, à l'aide de ma masse."
"Et c'est lui qui traite les autres de dégénérés", songea-t-elle. L'homme sorti une pipe de sous sa cape, qu'il alluma avec nonchalance :
"Paraît que la Séri veut vendre une drow sur le marché noir. Paraît que le type qui veut l'acheter lui fera regretter d'être venue au monde.
- Comment savez-vous ça ? interrogea Nymuë.
- Trésor, c'est moi le marché noir. Moi, et mes petits camarades."
Leurs regards s'affrontèrent à travers les barreaux de la caravane, se mesurant l'un-l'autre. Il poursuivit :
"Ton absence de réactions me fait déduire que t'étais déjà au courant. D'où la déprime, je suppose.
- Vous faites partie de la Guilde, conclut tranquillement la jeune femme. Séri est endettée jusqu'au cou, mais vous savez qu'elle refusera fermement de vous payer. Donc, vous êtes venus la voler.
- Je pourrais fouiller ces roulottes jusqu'au petit matin, approuva l'étranger, mais ce serait perdre énormément de temps. De plus, j'ignore quand tes petits copains reviendront. Je pourrai aussi faire appel à quelqu'un sachant précisément où se trouve ce que je cherche ; et libérer cette personne, par la même occasion.
- Pas intéressée.", répondit-elle.
Nymuë fit tinter ses chaînes, et reporta son attention sur le mur devant elle. Contrairement à ce qu'elle avait espéré, l'homme n'interpréta pas cela comme une invitation à prendre congé. A la place, il souffla un nuage de fumée en l'examinant longuement :
"En ce monde, mésange, on a deux choix.
- Mourir ou survivre, rétorqua l'elfe noire. Merci, poète.
- Laisse donc parler les sages. Tu ne peux pas éviter les coups que te porteront les autres. Tu ne peux pas esquiver le deuil ou les blessures. C'est un expert qui te cause. Quoi que tu fasses, tu finiras dans l'arène. La seule décision qui te reste, c'est de prendre ou non les armes."
La jeune femme continuait de fixer droit devant elle, mais sa tête était légèrement penchée ; elle l'écoutait. Le voleur fit glisser une de ses dagues à l'intérieur de la caravane :
"Je ne sais pas par quoi t'es passée, et je ne doute pas qu'une partie de toi ait très certainement envie de mourir. Moi-aussi, je l'ai souhaité à l'époque. Mais mon expérience me fait dire qu'on ne menotte pas quelqu'un qui a complètement cessé de se battre.
- Je pourrai vous poignarder avec ce couteau, lança-t-elle sur le ton de la conversation.
- T'es marrante, mésange."
Nymuë réfléchit un instant, pensive. Pourquoi considérait-elle sérieusement les paroles de cet inconnu ? Pour quelle raison devrait-elle "prendre les armes" exactement ?
"Pourquoi ? demanda-t-elle.
- Pourquoi, quoi ? répliqua l'autre.
- Pourquoi avez-vous souhaité mourir, autrefois ?"
Il reprit une bouffée de sa pipe, avec moins d'assurance cette fois-ci. Ses épaules se tendirent brièvement et sa réponse fut un murmure :
"Ma femme et ma fille. Elles sont tombées malades. On avait pas assez d'argent pour un guérisseur.
- Personne n'a accepté de vous aider ? s'enquit Nymuë.
- Tous les putains de prêtres de Baldur's Gate m'ont envoyé balader. J'ai promis mes services à quiconque m'écouterait, mais dans cette vie si t'as pas de pouvoir ou d'argent, c'est comme être muet. Elles sont mortes au bout d'une semaine d'agonie ; le lendemain, mon employeur a daigné me donner un surplus sur ma paye pour "compatir à mon malheur". Cet argent aurait pu les sauver si ce fils de chien avait accepté de me le donner plus tôt. J'leur ai payé une sépulture avec.
- Et pourquoi êtes-vous resté dans l'arène ? l'interrogea-t-elle encore. Pourquoi avez-vous choisi de continuer ?
- Ca, mésange, même moi je ne le sais pas. Pour devenir poète, certainement.
- Vous êtes un cas désespéré."
Tendant la main, elle attrapa son poignard. Un cliquetis lui fit comprendre que l'étranger attendait précisément ce signal pour lui ouvrir :
"Bon choix, gamine. Moi, c'est Revan.
- J'en ai rien à foutre.
- C'est pas la gratitude qui t'étouffe, mésange.
- Je ne vous aide qu'à une condition, exigea Nymuë. La Guilde est établie à Baldur's Gate. Après votre petit cambriolage, vous m'amenez là-bas. Saine et sauve.
- Tu m'as pris pour un putain de garde-champêtre ?
- Je vous prends pour quelqu'un qui n'a pas beaucoup d'options.
- Ah ! Encore plus pénible que le Zentharim. Et moi qui pensait avoir négocié avec tous les trous-du-culs que ce monde ait porté…"
Il défit ses menottes, et Nymuë le rejoignit à pas hésitants. Quand Revan abaissa son capuchon, son sourire faisait le tour de son visage :
"T'es une sacrée trouvaille, mésange."
Notes de fin :
Et voici... Dans les chapitres précédents, je n'ai pas fait un secret du sort d'Elyon, je pense donc que la scène du cirque ne vous surprend pas. Cela restait important, toutefois, de vous montrer les circonstances de sa mort. Ce chapitre m'a également permis de vous introduire Revan, le mentor de Nymuë à Baldur's Gate, dont j'ai beaucoup aimé rédiger les dialogues. J'espère que ce personnage vous a plût, car il est possible que nous le recroisions à l'avenir...
Dans mon découpage de chapitres, j'ai décidé de terminer mon Acte I plus tôt que celui du jeu. Officiellement, l'Acte II démarre quand nous arrivons au territoire de la malédiction des ombres. Toute la partie dans les Tréfonds Obscurs, ou le Col de la Montagne, fait partie de l'Acte I. D'un point de vue narratif, j'ai trouvé ça plus pertinent de le couper juste après la fête des tieffelins. Tout ça pour dire que le prochain chapitre sera le dernier de l'Acte I tel que je l'ai défini dans mon sommaire : pour fêter ça, j'ai prévu quelques petits bonus à la fin du chapitre 15, en espérant que la plateforme se montre coopérative pour les partages.
Autre information : ledit chapitre 15 arrivera sûrement le lundi plutôt que le dimanche, car je reçois du monde à la maison. Je ferai au mieux.
Je vous remercie pour votre lecture et vous souhaite une excellente semaine !
