Résumé des chapitres précédents :
Harry a commencé à récupérer les Horcruxes et avec l'Ordre du Phénix, ils organisent une surveillance des principaux lieux sorciers et moldus. Ils ont découvert qu'un clan vampire dirigé par un chef appelé Anton avaient été appelé par Voldemort pour renforcer son armée de Mangemorts (dont beaucoup sont nouvellement évadés d'Azkaban).
Chapitre 15: Une arrivée tempétueuse
La Lune était à son zénith:
Dans la plaine, le brouillard envahissait tout, se mouvant en volutes épaisses et scintillantes sous les étoiles. Alors que la campagne était déserte, dans un silence mystérieux une multitude de silhouettes arrivèrent. Certaines se déplaçaient à quatre pattes, d'autresapparurentdans une nuée de chauve-souris se rassemblant en un grouillement, d'autres encore semblèrent surgir du néant…
Toutes se rassemblèrent aux pieds de la colline. En son sommet des tables de pierres se dressaient menaçantes. Raides, toujours en silence, les silhouettes attendirent…
Bientôt, dans un éclair d'ombre, une dernière personne apparue, enveloppée dans une longue cape noire. Sans mot dire, elle passa au milieu des autres qui s'inclinèrentsur son chemin. Puis elle gagna le centre du monticule, entraînant avec elle le reste des ombres.
Chacune prit place de part et d'autres de leur chef, se répartissant à l'intérieur même du cercle de pierres dressées.
Quand tout fut en place, le chef enleva sa cape, découvrant un très jeune enfant dans ses bras. A l'instant, des grognements émanèrent des autres ombres, leurs yeux brillants de gourmandises braqués sur l'enfant. Le petit garçon apeuré se mit à pleurer.
Sans s'en préoccuper, le chef nommé Anton, le posa à terre à ses pieds. Il jeta un regard froid, presque métallique sur sessujetspuis, satisfait, il se concentra. Levant les mains vers le ciel, il commença à psalmodier dans une langue étrange et gutturale. Les autres créatures se concentrant sur leur chef reprirent en choeur sa litanie. Les bras le long du corps, ils entrèrent en transe les uns après les autres, murmurant les mêmes mots, les mêmes phrases, le même rythme.
Peu à peu de fines lignes de magie scintillèrent entre les dolmen, fermant le cercle de pierre au fil du sortilège. Tous les participants se trouvèrent ainsi enfermés dans un dôme de lumière qui s'intensifia à mesure que le rituel avançait.
Tout à coup, le vent se mit à souffler apportant avec lui des nuages de plus en plus denses et noirs. La Lune et les étoiles se voilèrent, un orage gronda, semblant venir de loin avant de se rapprocher peu à peu tonnant toujours fort.
Impassibles, les créatures de la nuit continuèrent leur rituel sinistre, concentrant toutes leurs forces pour faire se rencontrer les magies de la Terre et du Ciel. Des coups de tonnerres éclatèrent brusquement tels des coups de fouets, des éclairs multicolores apparurent fugacement au milieu des nuages noirs. Le vent devint tempête, son hurlement se mêlant aux psalmodies sinistres des créatures, comme si il devenait un des principaux participants du macabre rituel.
L'enfant continuait de pleurer, assis dans l'herbe mais ses cris étaient noyés dans les bruits ambiants. Bientôt, il ne put plus bouger, emprisonné dans une cage de magie pure d'une blancheur aveuglante.
Ce fut le moment que choisit Anton, pour commencer sa dernière formule. Son capuchon rabattu par le vent tumultueux, montra son visage déformé tant par la puissance que par la haine. Seule sa pâleur et l'excitation de la mort animaient ses traits !
«BAARZUUUL !» hurla-t-il, reprit en choeur par les autres vampires.
L'enfant disparut alors emporté par une vague de magie d'une blancheur immaculée. C'était la magie de la Terre qui se ruait vers celle du Ciel, provocant le déchaînement des éléments. Les nuages tourbillonnèrent sur eux-mêmes provoquant un vortex traversé par des centaines d'éclairs concentrant magie et électricité statique. Les grondements devinrent infernaux faisant trembler la terre, une odeur d'ozone apparut alors que l'air lui-même semblait s'épaissir…
Cela s'éternisa indéfiniment jusqu'à ce que, soudain un éclair aveuglant illumina la colline pendant près d'une dizaine de secondes… quand l'obscurité comme le vent retombèrent, les participants purent voir un tourbillon de magie scintillante, telle de la poussière d'étoiles, reliant la Terre et le Ciel. Son point de départ était le centre du cercle de pierres, à l'exact endroit où s'était trouvé l'enfant !
Seulement à présent, de l'enfant il n'y avait plus la moindre trace ; car c'était des silhouettes adultes qui se dessinaient à travers les poussières magiques… des dizaines de silhouettes sombres !
ooOOooOOoo
Le lendemain, dans la cuisine du Terrier comme dans la plupart des maisons sorcières, les lecteurs deLa Gazette du Sorcierpurent lire en Une :
TEMPÊTE MAGIQUE A STONEHENGE !
SALISBURY, LE CELEBRE VILLAGE SORCIER QUI A VU MOURIR LE ROI ARTHUR, A ÉTÉ TOUCHEHIER SOIR PAR UNE TEMPÊTE MAGIQUE. CETTE DERNIERE FUT SUBITE ET SI PUISSANTE QU'ON N'EN A PLUS VUE DE SEMBLABLE DEPUIS CINQUANTE ANS !
LES ONDES MAGIQUES SONT TELLES QUE LE MINISTERE RECOMMANDE AUX SORCIERS HABITANTS AUX ALENTOURS DE STONEHENGE DE QUITTER LEUR HABITATION TEMPORAIREMENT (LE TEMPS QUE LA CONCENTRATION EN MAGIE DIMINUE) OU BIEN DE NE PLUS UTILISER LA MAGIE DU TOUT.
ON DIT QUE LA VILLE MOLDUE A AUSSI ETE TOUCHEE. LES VENTS DE FORCE 5 ONT DETUIT UNE CENTAINE DE TOITURES ET FAIT UN MORT (SUITE A UNE CHUTE D'ARBRE). HEUREUSEMENT, LA BRIGADE DES OUBLIATORS A PU INTERVENIR A TEMPS POUR EFFACER LES SOUVENIRS DES TEMOINS DE L'ORAGE MAGIQUE…
(POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES TEMPÊTES MAGIQUES VOIR EN P6).
Sirius lisait attentivement l'article, tout en prenant son petit-déjeuner. Harry de son côtésemblaitnégocieravec ses enfants concernant leurs cours du jour.
«Tes résultats n'étaient pas assez bon, tu dois davantage travailler les mathématiques, Sasha.
En réponse la petite fit une moue boudeuse, qui se transforma en rire joyeux quand elle comprit que ce serait son père qui la ferait travailler ce matin.
–Moi je voudrais faire de la magie parrain. J'ai bien réussi les exercices de math et de français de mamie Molly la dernière fois.
Harry réfléchit avant de lui répondre :
–Oui c'est vrai, le problème Teddy c'est que tu as déjà beaucoup d'avance. Tu connais la plupart des enchantements et les sorts de métamorphoses de 1ère année…
–Je peux travailler la Défense contre les Forces du Mal avec toi !
–Non, tu connais les bases les plus communes, c'est déjà pas mal. Le reste il vaut mieux que tu sois à Poudlard pour t'y entraîner.
Le gamin grommela, il sentait qu'il ne pourrait pas échapper à sa leçon d'histoire de la Magie. Il aimait bien cette matière uniquement quand c'était sa mère qui lui faisait cours. Car elle enchantait ou créait des personnages (elle en avait eu l'idée après leur après-midi 'contes illustrés') ce qui rendait plutôt vivants ces événements passés.
–Je pourrais m'entraîner sur les potions ! fit-il tout à coup, le visage illuminé.
Celui de son parrain en revanche, fut parcouru par une grimace qui n'avait sans doute rien à voir avec le café qu'il sirotait.
–Je ne sais pas…
–Tu ne me fais jamais travailler les potions !
C'était vrai, si Teddy avait quelques notions de base c'était Hermione qui les lui avait données.
–Je n'aime pas tellement cette matière ! observa stoïquement le Survivant.
C'est le moment que choisit Sirius, qui avait enfin terminé de lire son journal, pour se mêler à la conversation :
–Rogue disait vrai alors ? Tu es si nul que ça en potions ?
Harry lui fit les gros yeux, alors que les gamins rigolaient.
–Je ne suis pas «si nul». J'ai eu mon ASPIC figure toi !
–Bravo ! Ça c'est un vrai exploit avec ce crétin de prof !» répondit l'animagus dans un rire semblable à un aboiement suivit par celui des autres.
A ce moment la cheminée de la cuisine s'embrasa, les flammes devinrent vertes, laissant présager l'arrivée d'invités.
«Bonjour les Weasley !salua gaiement Sirius en se levant pour serrer la main à Arthur et à son épouse.
–Bonjour ! Tout va bien ? demandèrent les parents de Ron.
Une fois que tout le monde eut acquiescé, Arthuret Mollys'installèrentà table tandis que Kreattur d'allaitfaire les chambres.
–Vous avez lu ?»les interrogeale père de familleen montrant la Une de son exemplaire deLaGazette.
Alors que son parrain répondait par l'affirmative, demandant d'avantages d'informations, Harry s'empara du journal en question afin de lire l'article. Intrigué le Survivant passa à «la P6», ce qu'il lut sur ce phénomène magique ne le rassura pas du tout…
Il se mêla à la conversation desautres. A la fin, tousquatrefinirent par tomber d'accord qu'un tel phénomène était rarissime et que la coïncidence avec l'arrivée de vampires claniques (donc capables d'utiliser la magie ancestrale de la Nature) était plus que troublante voire inquiétante !
«Pour le moment, personne ne semble s'en occuper au Ministère. Mis à part le service d'Excuses à l'Usage des Moldus. Mais je pense qu'ils vont lancer une enquête des Aurors,leur apprit Arthur.
–M Weasley, si je vous donne une lettre vous pourriez la transmettre à Kingsley aujourd'hui ? voulut savoir Harry en réfléchissant.
–Oui bien sûr, je le vois tout à l'heure.»
Le Survivant acquiesça et quitta la table. Il fallait qu'il rédige un message à l'Auror pour lui demander de vérifier certains points, 'en espérant qu'il puisse se mettre sur l'enquête de Stonehenge bien entendu' pensa Harry en croisant les doigts. Sinon il faudrait encore qu'il aille voir par lui-même…
Le père de Sasha redescendit quelques minutes après avec le courrier qu'il confia à Arthur celui-ci partant travailler.
Molly resta à la cuisine avec Teddy, elle avait accepté de le faire travailler sur «la reconnaissance des ingrédients de base pour potions utiles et faciles». «Tout un programme !» lui murmura Sirius pour qui les Potions n'étaient franchement pas non plus le passe-temps favori (activité trop serpentarde sans doute !). Il monta au dernier étage pour voir Buck qui avait toujours l'illustre joie de domicilier dans la Maison des Black !
Harry et Sasha se retrouvèrent donc seuls au salon pour travailler les «grandes opérations mathématiques» : addition, soustraction, multiplication et division. Harry dut avouer que ce fut de bonnes révisions pour lui aussi (il remercia d'ailleurs Androméda et Molly d'avoir dégotés desManuels élémentaires pour petits sorciers).
Il fallut attendre le soir même pour que Harry ait une réponse à sa lettre. Kingsley avait bien réussi à se mettre sur l'affaireet y racontaitla journéequ'il avait passéeà Stonehenge.
Avec deux Langues de Plomb dépêchées sur place ils avaient tenté d'analyser les émanations magiques. Ces-dernières étaient si puissantes que le relevé d'indices fut difficile à réaliser. Néanmoins, ils revinrent avec quelques résultats : Kingsley avait dût d'ailleurs batailler avec les chercheurs afin d'obtenir une copie de leurs notes. Quand ce fut fait, il se rendit aux archives du Ministère pour trouver une carte montrant les plus grandes veines magiques du pays. Effectivement, le comté de Salisbury comportait une des principales veines de magie ancestrale, l'idée d'une tempête magique à cet endroit pouvait donc se justifier…
Cependant, à la suite des suggestions du Survivant, l'Auror avait lancé des sortilèges de détection spécifiques aux rituels d'invocation. Les résultats semblaient brouillés mais restaient significatifs, certains facteurs semblaient même indiquer qu'un sacrifice avait pu être pratiqué ! Dès qu'il l'avait pu Kingsley avait alors prévenu son commandant et envoyé une copie de son rapport au Square Grimmauld.
A peine le hibou fut-il arrivé dans la cuisine que Harry se précipita pour décrypter le message. Ne finissant pas son dîner, il partit s'enfermer dans la bibliothèque sans même répondre à Molly qui demandait ce qu'il se passait…
L'ancien capitaine des Aurorspassa des heures à analyser le rapport de Kingsley, à comparer avec ses propres connaissances sur la magie des vampires ainsi qu'à vérifier plusieurs hypothèses à l'aide des ouvrages de la famille de Sirius. Dans un sens, c'était une chance que les Black fut pratiquant des arts occultes, leurs bibliothèques regorgeaient de livres tels que :La magie noire est-elle l'évolution de la magie ancestrale?;Magie occulte, invocations : devenez nécromancien !;Créatures des ténèbres, alliées ou ennemies ? …qui permirent à Harry de parfaire ses thé qu'il découvrit lui fit si froid dans le dos, qu'il voulut vérifier par lui-même mais pour cela il devait interroger une personne bien spécifique.
Quelques minutes plus tard, quand Sirius vint le chercher pour lui dire que les petits attendaient qu'il vienneleur souhaiter le bonsoir, l'ancien maraudeur ne trouva qu'une pièce vide ! De nombreux ouvrages étaient ouverts sur le bureau, accompagnés des copies des pièces à conviction du dossierde Shacklebot. Certaines étaient griffonnées d'annotations qui firent trembler Sirius quand il eneutprit connaissance…
Le Survivant, en effet, avait quitté le Square Grimmauld pour gagner l'un des lieux les plus malfamés de la société sorcière : l'allée des Embrumes.
Harry se rendit dans plusieurs bars 'louches', attendit de nombreuses heures mais ne trouva pas celui qu'il cherchait. A la fin, l'ex-futur chef de l'Ordre se demandait même si son mystérieux interlocuteur était déjà présent en Grande Bretagne à cette époque ! Il allait renoncer lorsqu'il décida en désespoir de cause d'aller voir àLa Tête de Sanglier, 'peut-être pourrait-il laisser un message à Abelforth Dumbledore au cas où ?'.
Alors que Harry entrait dans le Pub miteux plein à craquer à cette heure tardive, il vit immédiatement celui qu'il cherchait !
Une silhouette haute, le capuchon de sa cape relevé,l'individuétait assis au fond de la salle et sirotait un liquide brun rougeâtre que le Survivant identifia comme de la potion Sanguina. Réprimant un sourire de victoire, le père de Sasha se fraya un chemin parmi les consommateurs puis s'assit d'autorité face au mystérieux client. Ce-dernier releva la tête : un visage assez noble, plus blanc qu'un linge, des lèvres vermeilles qui laissaient deviner les canines proéminentes… d'un vampire.
«Bonjour Bram,commença Harry.
–Qui êtes-vous ?
–Disons un ami… Je vous cherchais car j'ai besoin de votre aide.
–Et pourquoi aiderais-je un sorcier ?
–Parce que le sorcier peut beaucoup pour vous !» répondit l'ancien Auror du tac-au-tac en jetant une poignée de Galions sur la table.
Ces-derniers disparurent dans un éclat d'or lorsque le vampire s'en empara avec la vivacité caractéristique de son espèce. Harry hocha la tête satisfait, le marché était déjà conclu ! Après avoir lancé unSort deDiscrétion autour d'eux, le sorcier montra ses investigations concernant l'affaire de la tempête magique. Il expliqua quelles étaient ses conclusions et les craintes qui en résultaient. Son interlocuteur l'écouta avec beaucoup d'attention, répondit avec sincérité aux questions qu'il lui posa et eut une réaction de peur à la vue de certains aspects du rituel…
Finalement quand ils se séparèrent, il était difficile de dire lequel, du sorcier ou de la créature, était le plus pâle voire le plus terrifié !
Harry rentra enfin au Square Grimmauld. Il était si bouleversé qu'il ne vit pas tout de suite que Sirius l'attendait sur le pallier malgré l'heure tardive. Après qu'il l'eut entraîné dans le salon, le Survivant vit que le professeur Dumbledore était là lui aussi, non moins réveillé que Sirius.
«Harry ! Un café ?» proposa-t-il ne recevant en réponse qu'un soupire fatigué du père de Sasha, qui accepta cependant en s'asseyant. Ce n'était pas encore maintenant qu'il pourrait dormirsoupira intérieurement ce-dernier.
«Que se passe-t-il Harry, tu as l'air bouleversé ?»ditson parrain, sincèrement inquiet pour luisemblait-il.
Mais le Survivant ne répondit pas, préférant demander au Directeur si il avait pu se rendre à Paris et si oui quelles furent les résultats de son entrevue avec les Catacombes. Son ancien mentor lui apprit que Armand et sa fille étaient d'accord pour s'allier à l'Ordre et surveiller les frontières françaises afin de les tenir au courant de toute traversée de clans vampires.
«Vérité a aussi eu un comportement étrange, une sorte de vision,expliqua Dumbledore ajoutant,Eelle m'a clairement dit 'Un bouleversement va s'opérer ce soir ! Une nouvelle brèche s'est ouverte dans le temps' et m'a ensuite recommandé vivement de revenir ici.»
A ces mots, Harry qui déjà était très pâle devint carrément livide. Tout concordait, ses pires craintes se confirmaient ! Brusquement il se leva pour marcher de long en large, se triturant les mains comme pour extirper sa peur.
«Harry qu'est-ce qui se passe ? Qu'as-tu découvert ? l'interrogea Sirius dans un murmure. Depuis son arrivée, jamais son filleul n'avait paru aussi inquiet, 'non il était terrifié même !' comprit-il.
Le Survivant justement, se stoppa. Plaçant les mains sur le manteau de la cheminée,leur tournant le dos,il tentait de reprendre son calme. 'Comment leur apprendre une chose pareille ?' se demandait-il.
–C'est en lien avec cette tempête magique ? devina l'animagus.
–Une tempête magique qui n'en était pas une,révéla Dumbledore.
Harry fit une dénégation de la tête, expliquant la voix nouée :
–C'était un rituel ancestral.
–Un rituel fait par des vampires, comprit Sirius.
Son filleul acquiesça se refusant à les regarder restant dos à ses interlocuteurs.
–Quel est le rapport avec le 'Temps' Harry ? J'ai cru comprendre dans tes recherches qu'il s'agissait d'une invocation autour de cela… remarqua son ancien Directeur, troublé par l'attitude si circonspecte et angoissée du Survivant.
–D'après les Aurors, ce serait un rituel pour faire venir d'autres vampires claniques. C'est ce qui ressort du dernier rapport que Kingsley a envoyé tout à l'heure, expliqua Sirius.
Le Survivantse retourna, sa passant les mains sur le visage. Il était toujours très pâle, et la fatigue marquait ses traits, il répondit lentement :
–Dans un sens ils ont raison. Mais comme vous l'avez dit professeur, il y a un lien avec le Temps…
Devant le silence des deux autres, il leva enfin les yeux vers eux. Sirius semblait inquiet pour lui mais Dumbledore avait son regard pétillant de malice, quoiqu'un peu froid.
–C'était une invocation pour faire venir des vampires depuis le futur !» révéla-t-il dans un souffle.
A cette annonce, les yeux de l'animagus s'écarquillèrent de stupéfaction comme de peur, tandis que le chef de l'Ordre se levait d'un bond:
–Tu en es sûr ?fit-il péremptoire.
–J'ai vérifié. Cette forme de magie ancestrale est typique des vampires, notamment ceux du clan Tepech.
–Oui mais de là à imaginer un rituel à travers le Temps… l'interrompit Dumbledore avant de songer que c'était justement là la mise en garde de Vérité!
–La magie ayant trait au Temps nécessite un sacrifice. Hermione dans le grimoire de Merlin y a substitué l'Amour, mais évidemment dans la magie vampirique ce serait plutôt…
–La mort, dit le Directeur la voix blanche.
–Le rapport de Kingsley présage qu'il y a bien eu un sacrifice. Si on ajoute à ça, les preuves d'une arrivée massive, les quelques informations que j'ai recueilli auprès d'un vampire banni et la remarque de Vérité…
– 'Il y a bien une brèche dans le temps'» conclut Sirius reprenant les paroles de la vampire française.
Harry hochait la tête clairement perdu. Il ne comprenait pas ! Et Sirius qui s'interrogeait, posant tout haut les questions qui rongeaient le Survivant : «Pourquoides vampires du futur venaient-ils ici ?», «N'était-ce pas eux qui gagnaient la guerre dans le futur ?»…
A un moment Harry sentit le regard du Chef de l'Ordre lui brûler la nuque. Il n'eut pas besoin de relever la tête pour savoir que tout deux pensaient à la même chose : 'Etait-ce à cause de lui qu'ils étaient ici ?!'. Lorsque le Survivant croisa le regard empli de reproches de son ancien mentor, il déglutit avec difficulté. A la peur s'ajouta la culpabilité, ce sentiment monstrueux qui grandit en lui au point de lui donner envie de vomir. Il quitta la pièce presqu'en courant !
Harry ne refit plus surface pendant plusieurs jours, restant enfermé dans sa chambre. Il n'avait reçu aucune nouvelle si ce n'est unPatronus de Dumbledore qui lui «suggérait» (là il fallait comprendre 'ordonnait') de ne plus quitter la maison de son parrain, que le Directeur de Poudlard se chargeait d'informer les Aurors de l'avancée de l'affaire et que lui, Harry, ne devait rien faire qui puisse révéler qu'il était à l'origine du premier voyage dans le Temps. «Tu pourrais être accusé de Haute Trahison envers la Magie » lui asséna son ancien mentor, auquel cas ce n'était pas Azkaban qui l'attendait mais la Disparition1pure et simple !
Harry avait l'impression de revivre le cauchemar de l'été de ses quinze ans : lorsqu'il devait écouter en cachette les informations moldues pour tenter d'apprendre ce qu'il se passait. C'était la même chose ici mais en pire ! Il n'y a pas si longtemps c'était lui le chef de l'Ordre du Phénix, c'était lui qui était au courant de toutes les opérations et qui devait trouver une solution à tout ! Être ainsi tenu à l'écart pour l'empêcher d'agir était pire qu'une torture : c'était un désaveu !
Evidemment il se rendait compte de ce qu'il avait fait. Pourtant il avait pris toutes ses précautions ! Dans sa tête il se revoyait détruire leGrimoire de Merlin, seule source à sa connaissance qui parlait d'un rituel de voyage dans le Temps. Le Survivant avait réfléchi, et à cette époque il supposait que le livre se trouvait au Département des Mystères, or l'Ordre l'aurait su si quelqu'un avait tenté de le voler, que ce fut Voldemort ou des vampires !
Les mêmes questions tournaient encore et toujours dans sa tête: 'Comment ces-derniers avaient-ils pu avoir l'idée de faire appel à leurs doubles du futur ? Comment avaient-ils pu créer ce rituel (car Bram avait été clair ce rituel là n'existait pas ! il avait été fabriqué pour l'occasion) ? Qui étaient vraiment ces visiteurs du futur : des vampires ?Oudes Disciples de Morgane peut-être ? les deux ? Et Héléna, était-elle au courant ? Allait-elle, elle aussi débarquer ici ?'
Harry était tellement mal, qu'il s'en rendit malade: sa chambre fut dévastée dans une crise de magie, tandis qu'à d'autres moments il se voyait incapable de réussir le moindre sort ! Sirius comme Remus s'en inquiétèrent beaucoup et proposèrent même de le conduire à Sainte Mangouste. Le Survivant refusa tout net : Dumbledore voulait qu'il resteau Square ? Et bien il resterait au Square !
De toute façon, le Survviant ne voulait pas affoler ses enfants qui avaient été si impressionnés par sa crise que Sasha ne le lâchait plus d'une semelle alors que Teddy tentait de prendre l'air enjoué devant lui mais développait une attitude de plus en plus taciturne et angoissée avec les autres.
Tout cela pesait énormément sur les épaules du jeune homme, si bien que malgré les méditations auxquelles il s'astreignait quotidiennement, sa maîtrise de la magie devenait de plus en plus laborieuse et surtout douloureuse. Un soir n'y tenant plus, Harry sortit précipitamment du Square Grimmauld.
Le Survivant fut discret. Personne ne le vit sortir de la maison de Sirius, seulement, quelqu'un le vit à son arrivée… dans l'Allée des Embrumes !
ooOOooOOoo
De fait, quelques instants plus tard, à Poudlard, le professeur Dumbledore se trouvait en conversation avec Mondingus Fletcher à travers sa cheminée.
«C'était lui professeur j'en suis sûr. Il parlait avec un certain Harvey Stups. C'est un petit dealer, bien connu des Aurors, il sert même d'indics à certains.
–Avez-vous pu entendre leurs conversations ? s'enquit le Directeur avec un froncement de sourcils, pressentant que ce Harry allait lui causer autant de soucis que sa version adolescente.
–Non. Mais il y avait pas besoin d'écouter ! Je sais ce que j'ai vu ! Il a acheté pas loin de 5 ou 6 fioles de Nectar de fée ! J'espère qu'il sait ce qu'il fait parce qu'avec une dose pareille…
–Oui, oui fit pensivement le chef de l'Ordre, peut-être y a-t-il une autre explication ?
–M'étonnerait ! Je sais reconnaître un type en manque et vu sa tronche de macchabée, franchement y'a pas 36 formules !
–Bon, je verrais ça avec Harry. Merci de m'avoir prévenu» termina le chef de l'Ordre d'une voix pourtant ironique. Il avait demandé à l'escroc d'ouvrir l'oeildans l'allée sorcièremais n'aimait pas pour autant la délation…
Le vieux sorcier se releva pour retourner dans ses appartements privés. Il était songeur, contrairement à Mondingus il n'envisageait pas que Harry puisse se droguer de quelques manières que ce fut… pour autant le Nectar de fée n'était pas un produit illégal pour rien. Fronçant les sourcils et marmonnant dans sa barbe, le Directeur de Poudlard se rendit dans la magnifique bibliothèque de son bureau y prit l'un des ouvrages et feuilleta plusieurs pages avant de trouver ce qui l'intéressait. Quand il eut terminé sa lecture, il fronçait toujours les sourcils mais cette fois-ci c'était l'inquiétude qui l'animait.
Avec un soupir il observa la magnifique vue sur le Lac Noir. La nuit était déjà installée, les étoiles commençaient à poindre, il devait être tard… cependant, le professeur n'avait aucune envie d'aller se coucher. Son inquiétude grandissait. Il s'en voulait d'avoir été si abrupte avec le père de Sasha. Il revit la petite fille et le fils de Remus, si perdus le jour de leur arrivée dans ce temps… il avait été terrifié comme les autres par le récit des enfants. Récit pourtant édulcoré il s'en était rendu compte avec les souvenirs imposés par Harry !
Tout en contemplant le parc de Poudlard, il se demanda 'Qu'aurait-il fait lui-même ? Qu'aurait-il fait en tant que chef de l'Ordre face à ces vampires ou ces loups-garous, ces monstres de cruauté ? Qu'aurait-il fait pour maintenir la cohésion avec le Ministère quand tous voulaient jeter la baguette ? Qu'aurait-il pu faire de plus pour sauver les moldus ? Et les sorciers qui se retrouvaient réfugiés dans leur propre pays, qu'aurait-il pu faire de plus pour eux ?'
La réponse était simple : RIEN. Il n'aurait rien pu faire de plus, parce que Harry Potter avait fait tout ce qui était humainement possible de faire !
Dumbledore savait que Harry avait toujours représenté l'Espoir, il l'incarnerait toujours dix ans plus tard. Le vieux sorcier admit que c'était un bien grand poids à porter pour le Survivant. Il comprenait mieux que quiconque l'état de fatigue et de dépression qui le traversait. Il revit en mémoire les images de laPensine : le visage d'Hermione si fatigué et pourtant qui tentait de rester si forte par Amour, Ron qui essayait de prendre une partie des responsabilités sur ses épaules pour soulager son ami… Il repensa alors au rituel de Temps,qu'aurait-il fait à la place de ce chef de l'Ordre si il avait eu en main un tel sortilège ? Pouvait-on être légitimement poussé à jouer avec le Temps ?
Dumbledore soupira. Il lui fallait des réponses et sans doute aussi s'excuser. Une chose qu'il ne faisait pas souvent mais qui était primordiale pour sa relation avec Harry. Il tenait beaucoup à ce garçon et savait que sa vie ne serait, ni n'avait été, facile loin s'en fallait. Avec détermination, sous un tremolo de Fumseck qui semblait l'encourager, le Directeur quitta quelques instants son Ecole en utilisant le réseau de cheminées.
Il atterrit dans la cuisine sombre et désertée du Square Grimmauld. Albus Dumbledore devait admettre que la maison était véritablement lugubre. Se secouant, le vieux sorcier monta à l'étage puis frappa à la porte de la chambre du père de Sasha.
Harry était sur son lit. Il tentait de reprendre son souffle, la crise avait été difficile ! Il sentait la douleur comme la magie refluer peu à peu, lui permettant de se détendre enfin. Ce futà ce moment qu'il entendit quelqu'un frapper à sa porte. Il entrouvrit les yeux, pestant contre l'importun 'il était plus de onze heures, merde !'. Pourtant, l'autre insista, frappant une nouvelle fois. Avec résignation le jeune homme se leva, se soutenant au mur pour retrouver un équilibre précaire avant d'ouvrir la porte d'un geste brusque.
Dumbledore se recula vivement. Harryquiavait toujours eu le teint pale mais là il étaitcarrément blafard avec d'immenses cernes sous les yeux. Pourtant une fois la surprise passée, ce-dernier tenta de faire bonne figure :
«Professeur il y a un problème ? Il y a eu une attaque ?
–Tu devrais te reposer Harry, lui dit le vieux sorcier d'une voix inquiète.
–Vous aussi monsieur» répondit le Survivant avec un léger sourire aux lèvres au vu de l'heure tardive et comprenant qu'il n'y avait rien de grave.
Il laissa entrer son ancien mentor dans sa chambre puisque c'étaitce qu'ilsemblaitattendre. Le chef de l'Ordre observalonguementles murs de la pièce: tout un pan avait été dégagé pour laisser place à un ensemble hétéroclite d'articles de presse découpés, de bout de parchemins, de photographies, de relevés d'indices… tout cela punaisés et reliés par des fils d'enquête, car c'était là une méthode d'Auror : la toile d'araignée.
«Tu retraces le parcours de cet Anton Tepech, comprit le Directeur en détaillant les nombreux documents affichés.
Le Survivant acquiesça :
–J'ai pris contact avec des indics. Ne vous en faîtes pas je leur ai fait croire que j'étais Auror.
–Ce qui est vrai, observa avec justesse son interlocuteur tout en suivant avec intérêt les liens entre les faits. Harry, je tiens à m'excuser. Je n'avais pas à te traiter comme je l'ai fait.
–Non vous aviez raison. Nous avons joué avec le feu et maintenant tout est peut-être fini…
Harryafficha une minecontritealors que la culpabilité lui nouait à nouveau le ventre.
–Peut-être pas…le contredit le chef de l'Ordre, qui dit ensuite d'un ton pensif : en réalité, je me demande si au contraire ce n'est pas simplement le Commencement»
A ces mots, Harry ne put s'empêcher de s'effondrer sur le lit en soupirant, il était tellement fatigué ! Il voulait se reposer, juste se remettre… avec du temps il pourrait. Le Temps, décidément il se vengeait bien !
En voyant le mal-être du jeune homme, Dumbledore se sentit un peu coupable. Harry n'avait jamais été, ou pu être un enfant ordinaire. Il n'avait pas 30 ans et avait déjà combattu plus de mages noirs que n'importe quel sorcier !
«Je sais ce que tu ressens. La tâche est immense quandon est chef de l'Ordre du Phénix.
–Je suis désolé, monsieur. Je pensais… avoir tout envisagé. Nous pensions faire pour le mieux…
Dumbledore eut une expression indulgente :
–Moi aussi je me suis fourvoyé, il y a longtemps»
Harry hocha la têtecomprenant queDumbledore pensait à ses jeunes années aux côtés de Grindelwaldpour «le Plus Grand Bien»…
«Aucun homme n'est omniscient Harry. Être sorcier ne change rien à ça ! Tu peux prendre le temps qu'il faut, élaborer les plans les plus minutieux, il y aura toujours quelque chose, un grain de sable, qui menacera de tout faire s'effondrer.
–Peut-être… mais je ne vous arrive pas à la cheville en tant que chef de l'Ordre.
–C'est peut-être vrai Harry, il n'empêche que je suis persuadé que tu es un bien meilleur Sorcier que moi, fit Dumbledore en lui prenant l'épaule en signe de soutien.
Devant le regard perdu du jeune homme, le Directeur sourit :
–J'aurais pris exactement les mêmes décisions si j'avais été à ta place Harry. Je t'assure que je te crois quand tu dis avoir tenté de 'faire pour le mieux'. Et je peux t'avouer que si j'avais eut la possibilité de remonter le Temps, à ton âge : je l'aurais utilisée pour des raisons beaucoup moins nobles que les tiennes.»
Ils se sourirent enfin réconciliés.
Dumbledore retourna alors étudier les informations affichées, laissant son interlocuteur pensif. Finalement, un peu réconforté, le père de Sasha le rejoignit enfin.
«Alors, si tu étais chef de l'Ordre que suggèrerais-tu de faire à présent ?»lui demanda le vieux sorcier avec un regard de connivence.
Note de bas de page :
1 :Disparition =sanction juridique de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers prise à l'encontre d'une personne qui a tenté d'aller contre la Magie pour l'asservir dans un but personnel. La Disparition détruit le corps, l'âme, la magie du sorcier, toute trace de lui disparaît alors (même les souvenirs et les sentiments de son entourage).
