Une heure s'était écoulée depuis l'envoi de messages en succession mais ça s'était révélé être une fausse alerte, même si les messages reçus n'étaient pas très… enfin le genre de message que l'on n'envoie pas pour aborder quelqu'un.

"Notre tueur n'est pas le seul dingue présent sur ce site, soupira Derek alors qu'il s'installait dans la voiture pour entamer leur tour des bars.

-C'est clair, faut vraiment avoir un problème pour envoyer son sexe en gros plan à un inconnu, répondit Carlos d'un air dégoûté en s'installant derrière le volant, mais bon on a encore fait chou blanc.

-Espérons qu'Hotch et Washington aient plus de chance que nous !"

Il était seize heures, les deux hommes avaient mangé en vitesse pendant leur tour de surveillance avant que leurs supérieurs n'arrivent. Les deux hommes commencèrent leur trajet en silence, aux aguets pour détecter le moindre mouvement suspect, la moindre bagarre devant les bars où avaient été vues les victimes. Il était encore tôt et la moitié des bars était fermée, ils choisirent alors d'attendre un peu à chaque endroit avant de repartir vers le suivant.

Après de longues minutes passées devant le dernier bar et quelques coups de fil transmis à ses collègues, Derek finit par aborder le sujet dont ils avaient commencé à discuter au commissariat.

"Bon tout à fait entre nous, vous m'avez dit il y a des regards qui ne trompent pas. C'est si évident que ça ?"

Carlos se mit à rire.

"Si évident ? C'est comme si les mots "je suis fou amoureux de l'agent Reid" étaient marqués sur votre front. Je ne l'ai peut-être pas remarqué immédiatement mais après hier quand je vous ai vu vous étreindre dans les toilettes et vos regards ensuite, il n'y avait guère de doute."

Parti sur sa lancée, il lui demanda le plus évident.

"Ça m'étonne d'ailleurs que personne d'autre ne l'ait remarqué, vous êtes une équipe de profilers quand même !"

Le métis poussa un soupir très triste et vu le nombre de secondes écoulées jusqu'à sa réponse, Carlos se dit qu'il avait fait une bêtise.

"C'est… c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Nous nous sommes faits à peu près tous la promesse de ne jamais nous mêler de nos vies privées sauf quand ça concerne directement une affaire. On a eu… y a quelques années j'ai été le suspect principal dans une série de meurtres et voir mes collègues, même mes amis faire mon profil, fouiller ma vie privée… mon passé, je vous assure que ce n'est pas ce qu'il y a de meilleur !"

Derek s'interrompit et Carlos n'insista pas. Visiblement il avait touché un sujet sensible et il comprenait le raisonnement de Derek et son équipe.

Ils étaient peut-être proches mais certains sujets méritaient d'être gardés pour soi.

Si Carlos ne cachait pas son homosexualité ni son couple aujourd'hui, il était hors de question que son commissariat sache qu'il avait été drogué dans son appartement ou ses débuts chaotiques avec TK. Hormis Lexi, Hayden et Yann, il n'était pas très proche de ses autres collègues, la majorité de son temps libre était passée avec sa famille, quelques amis extérieurs et la 126.

Et c'était très bien ainsi ! Il restait courtois et poli avec les autres mais ça s'arrêtait là.

Il laissa passer quelques secondes avant de s'excuser.

"Je comprends mieux. Désolé si ça vous a remué de mauvais souvenirs je…

-Ne vous excusez pas, vous ne pouvez pas savoir. C'est du passé pour moi maintenant, l'affaire est totalement close."

Il regarda par la fenêtre quelques secondes sans rien dire d'autre, avant de reprendre.

"Enfin même si on a choisi de ne pas s'en mêler, on comprend bien aussi quand quelque chose ne va pas et… oui parfois on n'a pas trop le choix que de se mêler des affaires des autres mais si on peut éviter, c'est mieux ! Puis bon après le meurtre de sa petite-amie, je…"

Carlos le regarda et vit un petit sourire apparaître sur les lèvres du métis. L'histoire de cet agent l'intéressait vraiment, il avait vraiment envie d'entendre la suite, même si ce n'était ni le moment ni le lieu approprié pour ça. Enfin bon maintenant qu'ils étaient lancés…

"J'ai envie de le protéger, de prendre soin de lui tout simplement. Je… je pense sincèrement qu'il mérite le bonheur et suis plus que prêt à lui offrir mais…

-Vous ne pensez pas qu'il vous retourne vos sentiments.

-Exactement !

-Ecoutez je vais vous confier quelque chose."

Il poussa un petit soupir hésitant avant de se lancer, devait-il vraiment raconter ça ? Oui. Si son équipe ne le faisait pas pour les deux hommes, pourquoi allait-il s'en priver ? Il fallait qu'il lui donne son ressenti car même s'il ne connaissait pas du tout l'agent Reid, quelque chose l'avait interpellé ces dernières heures.

"Je vous écoute.

-L'année dernière, à cette époque, j'étais célibataire. TK est parti de chez nous sans aucune explication, rien. J'ai tenté plusieurs fois de savoir pourquoi mais il n'a fait que m'ignorer pendant des mois et je peux vous dire que c'est une horreur.

-Ah ok mais… enfin vous semblez si heureux maintenant, qu'est-ce qui s'est passé ?

-J'ai pris une décision pour nous deux sans le prévenir, et une fois que je l'ai su, vous ne pouvez pas savoir à quel point je l'ai regretté car non seulement j'avais perdu l'homme que j'aimais pendant plusieurs mois."

Il s'interrompit, pris d'une boule dans la gorge provoquée par cette douloureuse période mais bon, ce n'était pas le moment de penser à ça, alors il reprit, sous le regard intrigué de son confrère.

"Il a fallu… j'ai failli le perdre définitivement quand il a plongé dans un lac gelé pour sauver un petit garçon. C'est un véritable miraculé. Enfin bref ce que je veux vous dire c'est que… il a failli partir sans savoir ce que je pensais vraiment et moi sans savoir qu'il m'aimait encore.

-D'accord et donc vous… vous me racontez cette histoire parce que… lui demanda-t-il l'air incompréhensif.

-On fait des métiers dangereux, on risque notre vie tous les jours. Comme vous m'avez dit, votre collègue a failli perdre la vie une fois avec cet homme qui l'a drogué et je suppose que ce n'était pas la seule fois ?

-C'est vrai oui !

-Alors ne faites pas comme moi, n'attendez plus, je suis quasiment sûr que vous aurez une très bonne surprise, que ce soit avec votre famille… ou l'agent Reid."

Carlos patienta pour avoir une réponse mais le métis ne trouva rien à redire visiblement, sa tête était à présent tournée vers l'extérieur, certainement en pleine réflexion. C'était vrai qu'il lui avait lancé une sacrée perche mais s'il pouvait aider Derek, ne serait-ce qu'un petit peu, il en serait heureux.

Les minutes s'écoulèrent sans qu'un autre mot soit échangé. Alors qu'il allait s'excuser pour avoir osé des propos déplacés, leurs téléphones se mirent à sonner. Les deux heures étaient passées, c'était au tour de l'agent Reid et Lexi.

"Ok bon je crois qu'on peut rentrer au bureau maintenant.

-Alors allons-y !"

Le silence continua à régner dans l'habitacle durant les quinze minutes de trajet. Leur surveillance n'avait encore rien donné et il espérait que les suivants auraient plus de chance, mais à cet instant il ne savait plus trop comment faire avec Derek et s'ils devaient prendre un second tour de garde, ça allait être compliqué de collaborer dans une ambiance aussi tendue.

Quand ils descendirent du véhicule au commissariat, ils croisèrent Lexi et l'agent du FBI avec qui ils échangèrent les dernières informations. Hotch et Washington arrivèrent juste après, se rendant vers leur propre véhicule pour rentrer. Ils n'avaient encore rien trouvé et espéraient eux aussi que l'agent Rossi et Hayden Scott avancent.

Hotch désigna leur véhicule de la main et proposa à Derek de rentrer avec lui, ce que ce dernier accepta sans hésiter.

Alors que Carlos allait retourner à son véhicule pour rentrer chez lui, Derek l'arrêta.

"Oui ?

-Si votre proposition tient toujours, je serai vraiment partant pour un verre ce soir, dit-il avec un petit sourire amusé.

-Aucun souci, dites-moi vers quelle heure, je vous enverrai l'adresse, le rassura-t-il aussitôt."

Le métis acquiesça et lui proposa de se retrouver dans six heures si rien n'avait changé entre-temps.

Carlos le regarda partir en souriant, soulagé que le malaise précédent se soit dissipé.

Il prit à son tour le chemin du loft d'assez bonne humeur. Maintenant tout ce qu'il espérait c'était de retrouver son fiancé en rentrant. Il avait une envie irrépressible de le voir, même quelques minutes, ses révélations à l'agent l'avaient ramené vers de mauvais souvenirs et il avait besoin de les effacer là tout de suite.

Une pointe de soulagement l'envahit quand il arriva dans le salon, les affaires de son amant avaient été négligemment posées dans l'entrée, deux cartons de plats chinois étaient sur la table basse. Comme d'habitude, son chéri avait laissé du bazar derrière lui… avant de s'endormir paisiblement sur le canapé, un petit sourire aux lèvres mais à cet instant, il s'en fichait complètement, cette vue il ne s'en lassait jamais.

Comme s'il l'avait entendu, TK ouvrit doucement les yeux, passant une main sur son visage afin de faire disparaître les traces de sommeil et sourit en le voyant.

"Hé mon cœur !

-Salut !

-T'es rentré depuis longtemps ?

-Je viens tout juste d'arriver , on alterne les postes de surveillance ce soir.

-Toujours rien ?

-Non malheureusement et en attendant j'ai un peu de temps avant de devoir y retourner.

-Hum… avec les parents de ton ex ça a été ?

-Comme toujours, pas facile mais là, débuta-t-il en s'asseyant près du secouriste, pas envie de penser au boulot, j'ai envie de me détendre un peu.

-Hum besoin d'aide ? suggéra TK avec un petit sourire coquin.

-Avec grand plaisir." répondit-il en rapprochant leurs lèvres.

Leur baiser commença en douceur mais s'enflamma rapidement alors que TK se redressait pour passer ses bras autour du cou de son fiancé.

Souriant devant ce geste, Carlos ne rompit pas le baiser avant d'aider son amant à passer ses jambes autour de sa taille.

Après une longue valse entre leurs langues, le manque de souffle finit par les séparer mais ils ne relâchèrent pas leur étreinte. TK l'observait d'un air rêveur et énamouré , provoquant une boule intense d'émotion dans le ventre du brun.

Il était éperdument amoureux de cet homme et réalisait chaque jour la chance qu'il avait. Comme il l'avait dit tout à l'heure à Derek, il ne fallait surtout pas hésiter à laisser parler son cœur quand c'était nécessaire.

S'il ne l'avait pas fait l'année dernière, il ne vivrait pas ce bonheur exceptionnel aujourd'hui.

"Qu'est-ce qui a mon coeur ? demanda soudain TK, le sortant de ses pensées.

-Rien, à part que je t'aime plus que tout !

-Moi aussi Carlos" répondit simplement l'ancien pompier avec un sourire ému.

Ce furent les derniers mots distincts qu'ils échangèrent avant que Carlos continue sa marche vers leur chambre, impatient de lui prouver à quel point ses mots étaient vrais.