La confession
Eddie était épuisé après une longue journée de soins et de disputes avec ses parents.
Tout s'était finalement arrangé entre eux, et il ne comprenait toujours pas comment il avait pu manquer les signes. Il avait attendu que ses parents soient prêts à voir qui il était vraiment, alors qu'ils attendaient simplement qu'il leur parle. Ils avaient perdu tellement de temps, des années à se méprendre et à se blesser mutuellement sans le vouloir.
Eddie avait nourri une rancœur profonde envers ses parents, convaincu qu'ils ne l'aimeraient jamais pour ce qu'il était réellement. Il pensait qu'ils le détestaient de ne pas être le fils parfait qu'ils espéraient, mais il réalisait maintenant qu'il s'était mis la pression tout seul.
Il commençait à voir ce qu'il avait raté : les occasions manquées, les efforts maladroits mais sincères de ses parents pour l'aider à sortir de sa coquille. Ils avaient essayé de le comprendre, de le soutenir, et il avait tout compris de travers.
Quand son père lui avait rappelé cette vieille histoire de son cousin, Eddie avait été choqué.
Et tu ne t'es jamais demandé pourquoi ton cousin n'était jamais revenu à la maison ? s'était étonné son père. Je lui ai interdit de remettre un orteil chez moi. Je ne supporte pas l'intolérance. Je suis peut-être dur mais je suis juste.
Ces mots tournaient en boucle dans l'esprit d'Eddie. Ils révélaient un côté de son père qu'il n'avait jamais vu, une fermeté juste et protectrice qu'il avait méjugée.
Maintenant qu'il se savait accepté par ses parents, Eddie se sentait à la fois soulagé et inquiet. Le poids de leur désapprobation imaginaire était parti, mais il restait la question la plus difficile : allait-il suivre le conseil de son père et tenter sa chance avec Buck ?
La peur de perdre leur amitié, si précieuse, le hantait. Mais une nouvelle force montait en lui, alimentée par l'acceptation et le soutien de ses parents.
Eddie se demanda s'il pourrait un jour trouver le courage de parler à Buck de ses sentiments. Les paroles de son père résonnaient en lui.
Tu ne peux pas garder ces sentiments enfermés en toi. Tu dois être honnête avec lui, lui dire ce que tu ressens.
C'était vrai, mais effrayant. Que ferait-il si Buck ne ressentait pas la même chose ? Et si, au contraire, il découvrait qu'il y avait une chance pour eux ?
Alors qu'il terminait de ranger avant d'enfin se reposer, Eddie se sentit à la croisée des chemins. D'un côté, la sécurité de l'amitié avec Buck, de l'autre, l'incertitude et le potentiel immense de quelque chose de plus profond.
Il savait que la réponse ne viendrait pas facilement, mais il se sentait prêt à explorer ce nouveau terrain, soutenu par l'amour retrouvé de ses parents. Pour la première fois depuis longtemps, Eddie envisageait l'avenir avec espoir et détermination, prêt à affronter ses peurs pour suivre son cœur.
Eddie se dirigea vers la chambre où se reposait Buck, une routine qu'il avait établie pour vérifier que tout allait bien avant d'aller se coucher.
Lorsqu'il entra, il trouva Buck éveillé, les yeux fixés au plafond.
– Buck, tu as besoin de quelque chose avant que je ne me couche ? demanda-t-il doucement en s'approchant du lit.
Buck tourna la tête vers lui, une lueur indécise dans les yeux.
– Je… Tu veux bien rester un peu ? J'ai besoin de te parler, répondit Buck, sa voix tremblante.
Eddie s'assit sur le bord du lit, les sourcils froncés par l'inquiétude.
Une vague de culpabilité l'envahit. Il était heureux et soulagé que sa mère et son père aient proposé de l'aider avec Buck, mais il n'avait pas pensé que peut-être son ami ne voulait pas de ça.
La peur de ne pas avoir agi correctement grandissait en lui.
Il avait accepté l'aide de ses parents sans même demander à Buck son avis, pensant naïvement que plus de soutien serait forcément mieux. Mais et si Buck ne se sentait pas à l'aise avec cette intrusion supplémentaire ? Et si Buck se sentait envahi, privé de son espace personnel, même dans sa vulnérabilité ?
Eddie sentit un nœud se former dans son estomac.
Il voulait tellement bien faire, mais il avait peut-être encore une fois mal interprété la situation. Buck avait traversé tellement d'épreuves à cause de lui, et maintenant, il se demandait s'il n'avait pas ajouté à son fardeau en imposant la présence de ses parents.
Il se rappelait les moments où il avait lui-même besoin d'espace et de solitude pour faire face à ses propres démons. Avait-il privé Buck de cette même possibilité ? La culpabilité s'intensifiait. Eddie voulait être un bon ami, être présent pour Buck, mais il craignait d'avoir dépassé les limites de ce qui était acceptable.
La voix tremblante de Buck, sa demande hésitante, résonnaient en lui.
Eddie réalisait combien il était crucial de respecter les besoins de son ami, de lui offrir non seulement son aide, mais aussi la liberté de choisir comment cette aide devait se manifester. Il devait trouver un équilibre entre offrir du soutien et respecter l'indépendance de Buck.
Eddie se sentit soudainement maladroit et incertain, comme s'il marchait sur des œufs. Il prit une profonde inspiration, essayant de calmer les tumultes de ses pensées. Il devait écouter Buck, vraiment l'écouter, et être prêt à s'adapter à ce dont il avait besoin.
– Bien sûr, je suis là pour toi. De quoi veux-tu parler ? demanda-t-il finalement, sa voix douce et pleine d'attention.
Eddie savait qu'il devait faire amende honorable, montrer à Buck qu'il respectait ses sentiments et ses besoins. Il était déterminé à faire mieux, à être le soutien dont Buck avait réellement besoin.
Mais pour cela, il devait d'abord écouter.
– Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as mal quelque part ? demanda-t-il alors que le silence entre eux s'étirait, scrutant le visage de son ami pour détecter tout signe de douleur.
Buck secoua la tête, prenant une profonde inspiration avant de parler.
– Non, ce n'est pas ça. C'est... à propos de nous, dit-il en fixant Eddie avec une intensité nouvelle.
Eddie sentit son cœur s'emballer. Il avait redouté ce moment autant qu'il l'avait espéré, mais il savait qu'il ne pouvait plus fuir la vérité.
Quoiqu'il arrive maintenant, il devait être honnête envers Buck.
– Qu'est-ce que tu veux savoir, Buck ? demanda-t-il doucement, craignant la réponse.
Buck prit une grande inspiration avant de poser la question qui semblait lui brûler les lèvres.
– Qu'est-ce que tu ressens vraiment pour moi, Eddie ? demanda-t-il, ses yeux cherchant ceux de son ami avec une intensité désarmante.
Eddie soupira profondément, sentant un poids immense sur ses épaules. Il baissa les yeux un instant, cherchant les mots justes.
– Je... je t'aime, avoua-t-il finalement, la voix brisée. Je t'aime plus qu'un ami, depuis longtemps. Mais c'est mon problème et je te promets que rien ne changera entre nous si ce n'est pas ce que tu veux. Je me contenterai de notre amitié, parce que je préfère ça à ne pas t'avoir du tout dans ma vie.
Buck resta silencieux pendant un moment, digérant les paroles d'Eddie. Puis il secoua la tête, une lueur de détermination dans les yeux.
– Non, je… Je ne peux pas accepter ça, répondit Buck, sa voix ferme, lui brisant le cœur. Je ressens quelque chose aussi, même si je ne sais pas vraiment quoi en faire.
Eddie sentit une vague de soulagement et d'espoir le submerger alors qu'il le regardait droit dans les yeux.
– Et je veux essayer. Je veux voir où ça nous mène.
Il hocha lentement la tête, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres.
– D'accord, souffla-t-il sentant le bonheur le submerger. Essayons, répondit-il doucement, ses yeux brillants de larmes non versées.
Buck rougit légèrement, sentant son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Il tapota doucement l'espace à côté de lui.
– Viens, murmura-t-il.
Eddie se glissa doucement à côté de Buck, prenant soin de ne pas lui faire mal. Il posa sa tête sur l'épaule de Buck, inspirant profondément son odeur familière, sentant la chaleur et la sécurité émaner de lui. Il ferma les yeux, laissant la fatigue de la journée s'évanouir. Les battements réguliers du cœur de Buck le berçaient doucement.
Eddie sentit son corps se détendre contre celui de Buck. C'était un moment de paix et de réconfort, un instant volé où le monde extérieur n'avait plus d'importance. Les bras de Buck étaient son refuge, un sanctuaire où il pouvait enfin se permettre de se reposer.
Les pensées d'Eddie tourbillonnaient encore, mais une douce sérénité commençait à s'installer. Il avait toujours craint que ses sentiments pour Buck compliquent leur relation, mais maintenant, il se sentait étrangement apaisé.
Les aveux de Buck avaient allégé le poids qu'il portait depuis si longtemps.
Eddie inspira profondément, prenant une dernière bouffée de l'odeur réconfortante de Buck avant de sombrer dans un sommeil paisible. Il savait qu'ils avaient fait un grand pas ce soir, un pas vers un avenir qu'il avait toujours espéré mais jamais osé imaginer.
