Thème 74 : Citations_

- "Il faut avoir peur de mourir pour apprécier le temps qui passe à sa juste valeur." Christian Carion

choisi : Un cœur épuisé de douleur a besoin d'amitié., Charles 1er, Les consolations, IV (1804)

Prenez l'une des deux citations comme prompt et écrivez une fic en adéquation avec celle-ci. 800 mots minimum

TK pleurait dans le couloir de l'hôpital. Il se sentait perdu, proche du désespoir. Il ne voyait que le gouffre sous ses pieds et était à deux doigts d'y basculer. Sa vie ne tenait qu'au fil de celle qui était suspendue entre les mains du médecin. Le cauchemar des évènements récents tournait en boucle dans sa tête, alimentant ses larmes et sa détresse.

Il se rappelait l'appel du central pour venir en support à une équipe de police qui avait deux officiers à terre, et son cœur se serrait à nouveau. Sa peur que ce soit Carlos était toujours aussi présente qu'au moment de l'appel. L'horreur qui s'était saisie de lui quand il avait découvert son mari au sol, le torse en sang, sa coéquipière en train de comprimer sa plaie, était toujours aussi vive alors que le souvenir se rejouait dans sa tête. Il s'était précipité à ses côtés avec Nancy et Tommy, soulagé de le voir respirer, terrifié à l'idée que ce ne soit plus pour longtemps. Nancy et lui avaient évacué le blessé pendant que leur capitaine et les pompiers avaient avancé dans la maison où la fusillade entre les forces de l'ordre et un gang avait eu lieu.

Un sanglot échappa à TK alors que lui revenait le bruit de l'explosion qui les avaient projetés au sol, l'assomant quelques secondes. Quand il avait repris connaissance, son regard était tombé sur Carlos dont l'hémorragie ne faiblissait pas. Avec difficulté, il était allé compresser sa plaie avant de regarder autour de lui et d'assembler les morceaux du puzzle. Nancy remuait au sol à quelques mètres d'eux, un sol rouge, recouvert de substances et de morceaux que son cerveau avait refusé d'identifier, mais à présent il savait ce qu'ils étaient. Il se retint de justesse de vomir, mais ne chercha pas à juguler ses sanglots qui redoublèrent. La vision qui s'était offerte à lui à ce moment-là était la pire qu'il n'avait jamais vue. La maison, ainsi que ses trois voisines avaient été rasées, il n'y avait que de la désolation sur les ruines, aucune âme qui vive.

L'idée que son père et ses amis n'étaient plus, que c'était eux qui teintaient le sol avait mis du temps à se frayer un chemin dans son esprit, mais à présent qu'il était seul à attendre que le médecin qui tentait de sauver la vie de Carlos sorte du bloc opératoire, cette terrible réalité s'imposait à lui.

Lorsqu'il avait réalisé le drame qui s'était joué, il s'était saisi de la radio de son époux et avait passé un appel d'urgence au central sans jamais relâcher sa compression sur le torse de Carlos. Il n'y avait plus que lui qu'il pouvait aider, Nancy se relevait et ne semblait pas grièvement blessée, les autres… Il s'était retenu d'y penser alors qu'il attendait que les renforts arrivent, alors qu'une ambulance les amenait à toute allure vers l'hôpital le plus proche, alors qu'il était lui-même examiné. Cependant, à présent qu'il attendait, seul dans cette salle, Nancy dans une chambre sous surveillance des médecins, il ne pouvait plus ignorer le gouffre ouvert par les pertes, le deuil et la peur d'avoir perdu tous ceux qu'il aimait en quelques heures.

Une main se posa sur son épaule et TK se laissa encercler par l'amitié, l'amour même de sa belle-mère. Il la sentait pleurer elle aussi contre lui, mais cette étreinte maternelle mit un peu de baume à son cœur meurtri. L'attente se fit à deux, dans le silence, alors que l'angoisse augmentait dans leurs cœurs.

Andrea resta à ses côtés, ils se soutinrent l'un l'autre et quand trois mois après, il ferma le dernier carton à contenir ses affaires du loft, elle était toujours à ses côtés. TK ne parvenait pas à surpasser la douleur du deuil qu'il devait faire, seule Andrea et surtout Carlos lui permettaient de tenir. Son mari, l'amour de sa vie avait survécu, il s'était réveillé après deux mois de coma, mais son état de santé restait fragile. TK essayait de rester fort pour lui, loin de la drogue, mais il luttait chaque minute contre des fantômes : ceux de ses démons et ceux de ses proches disparus.

Andrea avait suggéré qu'ils démarrent une nouvelle vie ailleurs, et TK s'était servi de son réseau. Ils partaient pour LA, où il allait rejoindre la brigade du capitaine Nash. Carlos allait être transféré là-bas, dans un hôpital près de la maison qui les accueillerait tous les deux et Andrea. Aucun d'entre eux ne voulait rester au Texas, ni se séparer.