Heya !

Chapitre assez court aujourd'hui.

Merci pour vos commentaires, ils font toujours autant plaisir. Ça me motive toujours d'en avoir.

Je vous souhaite une bonne lecture !

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Pilou.

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Chapitre 12 : Instincts de Nuage.

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« Voi ! Sais-tu pourquoi les Nuages sont si peu nombreux ? »

Elle fixait le plafond depuis des heures en essayant de ne pas remuer. Les respirations de ses frères étaient d'ordinaire calmantes, mais pas cette nuit-là. Elles ne l'avaient pas été non plus les nuits précédentes. Elle leva les mains devant ses yeux. Elles tremblaient. Elle serra les poings et se tourna sur le côté, fermant les yeux pour essayer une nouvelle fois de dormir. Ses Flammes dansaient avec insistance sous sa peau. Elle fit de son mieux pour les calmer, elle savait qu'elle ne pouvait pas, son corps était trop faible.

« Parce qu'il y en a peu qui naissent ? »

Elle soupira et se glissa hors du lit en faisant attention à ne pas réveiller ses frères. Elle trompa aussi le sort de surveillance pour qu'il ne remarque pas qu'elle était debout et hors de sa sphère d'influence. Elle avait appris à le faire depuis longtemps. Peut-être qu'une promenade l'aidera. Elle enfila ses vêtements d'entraînement et ne prit pas la peine de mettre des chaussures avant de se faufiler hors de la chambre. Elle évita silencieusement les gardes et se retrouva bien vite dans les couloirs déserts et obscures du palais. Elle aimait la nuit, il n'y avait personne et les seuls bruits étaient ceux des animaux nocturnes. Il faisait aussi sombre, elle aimait être dans l'obscurité, là où personne ne la voyait. Là où elle pouvait juste se fondre dans les ombres et disparaître. Elle pouvait cesser d'être une princesse et devenir une assassin professionnelle. La VARIA lui manquait.

« Faux, Voi ! Les Nuages ont en vérité le taux de fertilité le plus haut, à cause des propriétés de propagation de leur Flammes qui mènent régulièrement à des grossesses multiples, surtout si le Nuage est une femme. Non, la raison pour laquelle il y en a si peu est qu'ils meurent jeunes. »

Son ancien corps lui manquait, il était peut-être mortel, mais il était aussi solide. Son corps actuel était faible et supportait à peine ses pouvoirs. Plus elle grandissait, plus ses pouvoirs grandissaient aussi. Ses Flammes étaient une manifestation direct de son âme et de sa volonté, et sa Volonté était de vivre, donc elles la gardaient en vie et ancrée dans la réalité. Cependant, ça voulait aussi dire que ça tapait dans son endurance, pour compenser son manque d'énergie vitale. Sa magie aussi grandissait et à chaque fois qu'elle l'utilisait, son endurance diminuait. Deux pouvoirs qui drainaient ses forces, dont un qu'elle n'avait d'autre choix que d'utiliser, car la Cassette, bien que puissante, ne pouvait pas lui rendre l'énergie vitale qu'elle avait perdue. Elle savait qu'elle pouvait s'abstenir de se servir de sa magie et se contenter de ses Flammes, qui étaient moins fatigantes. Cependant, c'était impossible, car la poche dimensionnelle où elle gardait la Cassette, qui la gardait littéralement en vie, était maintenue avec une portion infime de sa magie. Elle faisait vraiment des efforts pour réduire au maximum ses dépenses et pour essayer d'augmenter son endurance. Mais elle savait que c'était futile.

« Pourquoi ? »

Elle sortit de ses pensées en sentant la brise fraîche sur sa peau. Elle était dans le terrain d'entraînement. Elle ne devrait pas être ici. Ses Flammes s'agitèrent dans son corps et elle les força au calme. Elle ne devait pas lâcher prise, elle pouvait se contrôler. Elle fit demi-tour et allait se diriger vers l'entrée, quand elle aperçu un arc et un carquois, abandonnés près des cibles. Elle hésita. Ça ne pouvait pas faire de mal, pas vrai ? Ça la calmait toujours un peu de tirer des flèches.

Elle cligna et se rendit compte qu'elle avait l'arme dans les mains. Quand est-ce qu'elle l'avait saisie ? Elle se mordit la lèvre, ses Flammes enflèrent encore plus et l'apathie gagna en puissance. Un petit peu de pratique ne pouvait pas faire de mal. Elle prit le carquois et alla se mettre à une cinquantaine de mètres de la cible.

Encoche, vise, bande, lâche prise. Recommence.

« C'est à cause de leurs instincts. »

Encoche, vise, bande, lâche prise.

« Leurs instincts ? »

Encoche, vise, bande, lâche prise. Respire.

« Ils ont de forts instincts de combat. Certains pourraient les appeler des berserker. »

Encoche, vise, bande, tir.

« Comme Hibari-san ? Mais c'est pas un truc de Nuage Classique ? J'veux dire, je croyais que Skull était pas un combattant, juste un cascadeur. »

Encoche, vise, bande, tir. Plus vite.

« Et qu'est-ce qu'il y a en commun entre cascadeur et combattant ? L'adrénaline, Voi ! Même s'il n'en a pas l'air, l'Arcobaleno a aussi des instincts de combat, il les a juste canalisés dans une autre profession, car pour un civile, se battre n'est pas socialement acceptable. Tous les Nuages ont ces instincts, sous une forme ou une autre. Ils se battent, ils font des choses dangereuses pour sentir la joie de mettre sa vie en jeu, c'est dans leur nature. Et tôt ou tard, ils finissent toujours par faire quelque chose de trop dangereux dont ils ne peuvent pas se remettre, ou ils se battent contre quelqu'un de plus fort et se font tuer. Et c'est pour ça que les Nuages sont aussi rares, parce que leurs instincts les poussent à vivre dangereusement et ça fini toujours par les tuer. Tu comprends, voi ?! »

Encoche, vise...

_ Princesse Astrid ?

Elle se stoppa net et tourna lentement la tête vers l'origine de la voix. Le soleil se levait. Quand est-ce qu'il avait commencer à se pointer ? Combien de temps avait-elle passé ici ? Le Général était accompagné d'un jeune soldat, celui qui avait eu le bon sens de suivre ses instructions lors d'une des tentatives de meurtre. Elle ne se souvenait plus de son nom. Elle baissa les yeux sur l'arc, le bout de ses doigts était rouge.

_ Général Týr ?

_ Est-ce que vos parents savent que vous êtes ici ?

Elle cligna, et regarda de nouveau l'homme avant de secouer la tête. Il échangea un regard avec le guerrier qui s'inclina et partit aussitôt. Elle ne lui prêta pas attention. Týr était fort, non ? Il était général, après tout.

« Mais je n'ai pas ces instincts, moi. »

L'homme s'approcha doucement vers elle. Elle pencha la tête sur le côté, vaguement curieuse. Pourquoi la traitait-il comme une bête sauvage ? Elle était en contrôle. Elle était calme. Ses Flammes enflèrent et manquèrent de déborder de son corps, se stoppant net à la surface de sa peau.

« Vraiment ? Je n'en crois pas un mot, voi ! Tu as juste appris à les ignorer, parce que ce n'est pas la chose civile à faire. Mais, tu sais quoi ? Tu n'es pas une civile ! Tu as le droit d'être violente et d'aimer te battre ! Tu as le droit de te lâcher ! Assure-toi juste que ton adversaire peut encaisser les coups si tu ne le veux pas mort, voi ! »

Le général tendit sa seul main, paume vers le haut.

_ Est-ce que je peux avoir cet arc, princesse ?

Elle cligna. Il voulait son arme. Pourquoi ? Elle s'entraînait juste. Elle porta son attention sur la cible, qui était criblée de flèches. Seule une dizaine était de bois, le reste était de glace. Est-ce qu'elle pouvait créer des flèches de glace ? Elle baissa les yeux. Ah oui, elle pouvait. Elle joua avec la flèche gelée dans sa main. C'était intéressant.

« Mais... Non, je suis sûre...»

_ Princesse ? L'arc, s'il vous plaît.

Elle reporta son attention sur le général. Elle devrait lui donner l'arc, non ? Elle devait obéir au général, c'était lui qui dictait la loi sur le terrain d'entraînement. Ses Flammes protestèrent. Elles voulaient toujours plus, elles voulaient se battre. Son regard apathique se posa sur l'épée au côté du général. Il était fort. Il pouvait le supporter, non ?

Une voix dans le fond de son esprit lui disait que son corps à elle ne pouvait pas le supporter. Elle l'ignora. Ses mains tremblaient alors qu'elle donnait l'arc à l'homme.

« Sûre de quoi ?! Dis-moi, Æther, quelle a été ta première réaction lorsque l'apathie à pris le dessus et le gamin de Fon t'as trouvée ? Qu'est-ce que ça a été, voi ?! »

Týr accepta l'arc et alla le poser au bord du terrain. Elle le regarda faire, sans bouger, le corps tremblant. Elle ne savait pas si c'était de fatigue ou d'adrénaline. Elle le vit disparaître dans la cabane contenant le matériel d'entraînement. Qu'est-ce qu'il faisait ? Ses Flammes se calmèrent. Elle savait qu'elles ne dormaient pas, c'était le calme avant la tempête.

« Me battre, je me suis battue sans retenue. J'ai failli le tuer. »

Le général ressortit avec deux épées d'entraînement, une à double tranchant, l'autre à simple. Il se plaça en face d'elle et lui tendit la seconde. Elle la saisit en automatisme, ses Flammes ronronnant dans le fond de son esprit. Bats-toi ! Bats-toi ! Elle inspira. Elle n'avait pas le droit d'user de magie sans permission sur le terrain d'entraînement, c'était une règle.

_ Vous avez le droit d'user de vos pouvoirs.

L'homme se mit en garde.

« Exactement ! Et tu sais quoi ?! Je suis le putain d'Empereur de l'épée, voi ! Je peux encaisser les coups d'une gamine dans ton genre ! Alors prends cette épée et bats-toi ! Laisse-toi aller et libère-toi de tes chaînes civiles ! »

Bats-toi !

Elle attaqua. Un cratère se forma sous ses pieds alors qu'elle se propulsait avec l'aide de ses Flammes. Son cœur tambourinait dans ses oreilles. Elle ignora son corps et se concentra uniquement sur le combat. Attaque, défend, esquive, pare, déphase et phase derrière lui. Ses Flammes chantaient alors qu'elle dansait avec l'homme. Un large rictus carnassier déchira son visage alors qu'un rire sauvage s'échappait de sa gorge. Elle perdait. Elle savait qu'elle perdait. Son adversaire avait beaucoup plus d'expérience qu'elle. Mais elle s'en fichait, elle se battait enfin ! Elle se sentait libre !

Elle était à terre avec une épée sur la gorge, mais son sourire était toujours en place. Elle essaya de bouger, mais son corps ne répondait plus. Elle toussa et sentit un goût métallique familier sur sa langue. Quelqu'un criait non loin, mais elle n'entendait rien à travers le brouillard de son esprit. Elle leva finalement la main et son sourire se fit plus calme. Elle ne tremblait plus. Elle ferma les yeux.

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-sSs-

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Odin fixa Týr alors que Eir soignait les nombreuses blessures de l'homme. Astrid était immobile, dans un lit médicalisé, ses frères en larmes à ses côtés et Frigga tenant sa main comme si l'enfant était faite de glace.

_ Explique.

_ Vous devez l'avoir remarqué, Majesté. Princesse Astrid a les instincts d'un berserker naturel. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne craque à force de les réprimer.

Il y eut un silence après cette réponse. Odin serra les poings. Il savait, il l'avait vu. Il avait vu comment elle était frustrée à force de ne pas pouvoir se battre réellement. Il avait vu comment elle tremblait et avait du mal à dormir. Il avait vu ses yeux qui passaient beaucoup trop souvent au violet, éclipsant leur bleu habituel. Mais il avait choisi de l'ignorer, car elle semblait être en contrôle. Et maintenant elle était dans le coma.

La voix de Loki le sortit de ses pensées.

_ Qu'est-ce qu'un berserker ?

Odin ferma l'œil en soupirant avant de se tourner vers ses fils. Il enferma sa colère et sa frustration face à la situation et fit de son mieux pour rester calme, pour eux.

_ Un berserker est un guerrier qui peut entrer dans une rage de combat où il ignore toute blessure et fatigue. Leurs instincts les poussent à se battre constamment et plus leur adversaire est fort, plus ils prennent plaisir au combat. Ce qui les pousse souvent à mourir jeune s'ils ne se contrôlent pas.

Il regarda tristement sa petite fille, son saphir, qui était bien pâle et minuscule dans le large lit, au milieu des couvertures et fourrures.

_ Malheureusement, Astrid n'a qu'une faible force vital, ce qui veut dire que rager, pour elle, la met encore plus en danger.

Les deux garçons eurent l'air encore plus abattu. Thor hésita, puis demanda d'une petite voix :

_ Est-ce qu'elle va mourir ?

Odin voulait vraiment répondre que non. Il voulait lui assurer que sa sœur vivrait une longue vie. Mais il ne pouvait pas. Elle allait mourir jeune. Il le savait. Peut-être même avant d'atteindre sa seconde majorité.

_ Pas pour le moment, dit doucement Frigga. On va s'occuper d'elle et faire en sorte qu'elle vive le plus longtemps possible.

_ Mais ça ne sera pas longtemps, fit Loki.

Seul le silence lui répondit. Il soupira et s'allongea à côté de sa jumelle en la prenant doucement dans ses bras. Thor le rejoignit de l'autre côté de la petite fille. Ils ne voulaient pas perdre leur sœur. Ils étaient sensés être inséparables, pour toute leur vie. Loki tourna la tête vers les adultes.

_ Qu'est-ce que ça veut dire pour elle, sur le court terme ?

Týr grimaça, mais répondit tout de même :

_ Ça veut dire qu'elle va être extrêmement frustrée jusqu'à ce qu'elle puisse évacuer son surplus d'énergie d'une manière moins destructive après sa première majorité.

Les deux garçons le regardèrent avec un air perplexe. Thor se renfrogna, puis demanda :

_ Comment ça ? Et qu'est-ce que ça a à voir avec la première majorité ?

Týr leva un sourcil, surpris, puis se tourna vers le couple royal.

_ Ils ne sont toujours pas au courant ?

Clairement, c'était la mauvaise réponse, car Loki se renfrogna et demanda d'un ton irrité :

_ Au courant de quoi ?

Frigga eut un léger sourire amusé en répondant :

_ On attend de voir combien de temps ça leur prend pour réussir à convaincre quelqu'un de leur expliquer. Ou pour craquer et essayer d'aller trouver la réponse dans la bibliothèque.

Týr hocha la tête, comprenant parfaitement l'amusement que tiraient les deux adultes de l'ignorance des princes. Thor devint tout aussi irrité que Loki et demanda :

_ De quoi vous parlez ? Qu'est-ce qu'on ne sait pas ?

_ Vous comprendrez quand vous serez plus grand, fit Odin d'un ton sage.

Les deux garçons savaient que les adultes leur cachaient quelque chose et riaient de leur ignorance, mais ils n'arrivaient pas à savoir de quoi ils parlaient. Ce qui était très frustrant, considérant qu'Astrid savait !

Ils choisirent de laisser les adultes à leurs secrets et se concentrèrent plutôt sur leur sœur, qui avait encore une fois failli mourir.

Quand est-ce qu'elle allait arrêter de tomber dans des comas ? Ils savaient que la réponse était « jamais », mais ça ne les empêchaient pas d'espérer.

Astrid continua de dormir, inconsciente de ce qui se passait autour d'elle. Elle était enfin calme.

Ça ne durera pas.

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Voilà !

Avis ?

Pilou.