Hello !

Bien évidemment, pour commencer, bonne année à tout le monde, qu'elle vous soit propice dans tous les domaines !

Le premier chapitre de l'année n'est pas des plus joyeux, mais ça devait arriver !

Merci pour vos lectures, enjoy :)


AOMINE

Le lendemain, il émerge reposé après une longue nuit. Il n'est pas encore en pleine forme, mais un peu de sport sans trop forcer devrait le remettre d'aplomb. Il s'étire et bâille, jetant un coup d'œil à son homme qui dort toujours. Il sourit et pose un baiser dans ses cheveux avant de se lever et d'enfiler un yukata. Il va se faire une tasse de café et s'installe sur le balcon avec l'ordinateur portable. Il jette un coup d'œil à ses e-mails et à sa messagerie privée et regarde l'actualité. Quand il était au lycée et avant d'entrer en NBA, il utilisait les réseaux sociaux, mais pratiquement plus maintenant. Il trouve ça compliqué à gérer quand on est une personnalité publique, et même si ça lui fait bizarre d'y penser comme ça, c'est quand même le cas. De façon générale, il préfère s'en remettre aux chargés de communication de l'équipe. Il suit encore les divers comptes de ses amis et quelques comptes de personnalités ou d'organisations qui l'intéressent, mais a supprimé ses profils personnels. Ces temps-ci il en ressent d'autant plus la nécessité qu'il craint les rumeurs sur son compte. Et semble-t-il qu'il fait bien, s'il en croit un message que Lewis lui a envoyé peu de temps auparavant :

« Yo, y a des trucs pas cool qui circulent sur ton compte sur le net. Je crois que les gens ont capté pour toi et Taiga. La comm de l'équipe va sûrement vous en parler mais je voulais te prévenir avant. J'ai ban plein de gens sur mon compte, c'est navrant. Mais vous inquiétez pas, l'équipe est de votre côté et la hiérarchie aussi. Désolé mec pour ces conneries, et courage à vous. »

Son estomac se noue douloureusement. Il l'avait senti venir. Ils ne pouvaient pas garder le secret si longtemps. Il fait confiance au staff qui les encadre, mais au-delà de ça... Plus haut dans la NBA, est-ce qu'on ne va pas considérer qu'ils font un peu trop de grabuge ? Heureusement que Taiga et lui ont su se rendre indispensables, pense-t-il amèrement. Parce que ça jouera sûrement en leur faveur. Sa main se crispe sur son café tandis que son cœur se met à cogner. Il s'y est préparé, il est quasiment soulagé que ça arrive enfin avec toute la pression qu'il a accumulée en appréhendant ce moment. Il arrive mieux à faire les choses quand il se retrouve au pied du mur. Et s'il lui était quasi impossible de faire son coming-out jusqu'à maintenant, le fait de se retrouver presque devant le fait accompli – car il sait à quel point les rumeurs et pseudo débats publiques peuvent enfler et devenir incontrôlables – lui donne l'impulsion dont il a besoin. Il ne sait pas comment il va gérer la situation, mais il ne se laissera pas abattre. Et il est prêt à prendre les conseils qu'on lui donnera. Alors s'il n'est pas, du moins pas encore, en train de paniquer, il se retrouve tout de même en état de stress intense. Et autre chose le fait angoisser : il se dit qu'il va sans doute bientôt avoir des nouvelles de sa mère... Et cette fois, il se sentira probablement obligé de décrocher le téléphone.

Il inspire profondément. Une chose après l'autre. Taiga et lui affronteront ça ensemble. Leurs amis et leur équipe ne les lâcheront pas. Il renvoie un message à Lewis :

« Merci. Ça devait finir par arriver de toute façon. On va trouver comment gérer ça. »

Il reçoit la réponse moins d'une minute plus tard :

« Ouais et oublie pas, vous êtes pas tous seuls. Toi, surtout. T'as pas choisi tout ça et c'est pas juste, je sais. Vraiment, je comprends. Tu peux compter sur moi. »

Sa gorge se noue en lisant ce message. Pendant longtemps il avait trop peur de décevoir pour vraiment apprécier d'avoir des gens sur qui compter. Mais ces derniers temps, grâce à sa nouvelle vie, à Taiga, et au soutien inconditionnel de ses amis, il a commencé à changer. À s'ouvrir davantage, à accepter de donner une place aux autres dans sa vie. À faire confiance, et accepter que d'autres puissent lui faire confiance sans arrière-pensée. Alors cette fois, il est prêt à accepter les mains tendues. Et il sait qu'il va en avoir besoin.

« Merci. Je suis content que tu sois là. À tout à l'heure à l'entraînement. »

Il soupire et boit une gorgée de café, son regard s'égarant sur l'océan. Il sent qu'il va être incapable d'avaler quoi que ce soit ce matin.

KAGAMI

Il se réveille quand l'alarme sonne. Il l'éteint à tâtons et réalise que son homme n'est déjà plus dans le lit. Il s'étire. Il a dormi comme un bébé et ça fait du bien. Il ne se souvient même pas de s'être endormi. Il se lève et enfile rapidement un caleçon et un t-shirt avant de rejoindre le salon. Il sourit en voyant son homme sur la terrasse, en Yutaka. Il n'arrive pas toujours à savoir si son homme sait exactement comment réveiller son désir où s'il est inconscient de l'effet qu'il lui fait.

Il s'avance, la porte est restée ouverte, ses pieds nus se posent sur le béton déjà tiède du balcon et il vient poser un baiser sur la nuque de son homme et sa main sur son épaule.

« Hey love... Déjà levé ? »

Le brun ne l'a visiblement pas entendu approcher et sursaute un peu. Il tourne la tête dans sa direction et lui adresse un sourire un peu pâle.

« Hey. Ouais, exceptionnellement, j'avais assez dormi. Désolé j'ai pas encore commencé le petit-déjeuner… »

Il ne s'attendait pas à surprendre son homme, il devait être bien perdu dans ses pensées. Il sent la tension dans son corps sous sa main et il semble soucieux.

« ... Pas de soucis. Je vais m'en occuper... ça va ? »

AOMINE

Il hoche la tête et déglutit, se demandant s'il doit mettre le sujet sur le tapis immédiatement. Mais d'un autre côté, il sait que son homme va s'inquiéter et il n'a pas envie de lui cacher sa propre préoccupation. Alors il prend son courage à deux mains et déclare :

« J'ai reçu un message de Lewis... Apparemment, les gens savent pour nous... Il a vu ça à cause d'une bande de haters sur le net... »

KAGAMI

Il blêmit et reste quelques secondes, figé, sans voix. Il lui faut quelques instants pour se ressaisir et il s'assoit sur la chaise face à Daiki et vient prendre sa main entre les siennes. Il cherche ses mots, il cherche la bonne façon de rassurer son homme, de lui dire que tout ira bien, que ce ne sont probablement que des rumeurs, que... Mais finalement il lâche.

« Fuck... »

Il fixe leurs mains silencieusement, en chuchotant d'autres vulgarités, alors qu'il intègre les mots de son homme.

Fuck fuck fuck...

Les conséquences de cette information lui viennent en pleine face. Bien-sûr il savait que c'était risqué, que fatalement ça allait arriver. Mais tant qu'on est pas devant le fait accompli, on peut garder les inquiétudes au loin. Maintenant toutes les questions se chamboulent dans sa tête. Daiki n'en a pas encore parlé à ses parents, il commence tout juste à accepter, à commencer à faire son coming out. Il n'était pas prêt à ce que cette annonce soit publique. Il était encore trop nerveux sur leur relation. Et plus égoïstement il ne peut s'empêcher de penser aux conséquences pour leur couple... Les choses commençaient juste à s'adoucir entre eux. Est-ce que Daiki ne va pas lui en vouloir ? Est-ce que son homme ne va pas essayer de l'éloigner comme il a déjà pu le faire ?

Son cœur s'affole dans sa poitrine. D'abord, il ne sait pas ce que disent les rumeurs, peut-être que ce n'est rien, peut-être que ça pourra être démenti... Peut-être...

Il cherche les bons mots pour rassurer son homme. Mais il ne sait pas quoi lui dire. Après un soupir, il relève les yeux sur Daiki.

« I'm sorry love... Je sais que... C'est pas comme ça que tu voulais que ça se passe... »

Le brun secoue la tête.

« Y a aucune manière dont je voulais que ça se passe... Bon là... Je sais pas exactement ce qui se dit et je veux pas le savoir, mais ça doit être du solide parce que Lewis m'a dit que les chargés de comm voudraient sûrement nous parler... Donc... On va bien voir. »

Daiki serre un peu sa main dans la sienne et ajoute :

« On savait que ça arriverait... Dans notre position c'est pas possible de se cacher... Et c'est pas vraiment ce que je voulais non plus de toute façon... Quand... quand les gens seront habitués je suppose qu'on n'y pensera plus… »

Si l'équipe de communication s'en mêle effectivement ça doit être du lourd. Il ne peut s'empêcher d'essayer de comprendre quand ils ont pu manquer de prudence. Il sait que ça ne sert à rien, maintenant c'est fait et il faut juste qu'ils assument et avancent ensemble. Mais une part de lui, un peu masochiste, a envie de savoir. Et puis, cette colère qui est toujours latente qui commence à refaire surface, pourquoi est-ce que les gens jugent ? Pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent pas s'aimer sans que ça ne fasse toute une histoire ?

« Ouais... ça va être un peu difficile quelques jours ou semaines... Mais ça finira par passer... L'important c'est que nous on continue à se concentrer sur le basket et sur nous...

— Ouais... Et ça pourrait peut-être nous faire un prétexte... pour déménager plus vite. » Daiki frissonne un peu et se lève. « Je vais me reprendre un café… »

Il fronce les sourcils et se lève à sa suite. Il le suit dans la cuisine et l'enlace doucement alors qu'il se prépare son café et il embrasse doucement sa nuque.

« Déménager plus vite ? Tu crois qu'on nous a repérés ici ?

— J'en sais rien... C'est juste... Ça me donne envie d'être dans un endroit où... on sera sûrs d'être tranquilles. »

AOMINE

Il ne compte pas nier... Ou arrêter toute vie sociale... Mais oui, ça lui donne envie de fuir. De se cacher. Et définitivement d'apprendre à conduire pour se déplacer par ses propres moyens. Il soupire, repoussant les pensées qui bourdonnent dans sa tête. Il se sert son café et laisse la tasse sur le plan de travail, se retournant pour enlacer son homme, se rassurant par sa présence et son odeur.

Les bras de Taiga se referment sur lui dans une étreinte tendre mais solide. Il peut sentir l'envie de son homme de le protéger, de le soustraire à tout ça.

« Ouais... je comprends... J'aimerais ça aussi... »

Les lèvres de Taiga se posent dans ses cheveux et ils restent silencieux à se rassurer dans les bras l'un de l'autre.

Au bout d'un moment, il se détache de lui et lui adresse un léger sourire.

« Thanks love. On aura qu'à commencer à éplucher les annonces ce soir.

— Ouais... Bonne idée. Et ce week-end, on pourra faire les concessionnaires pour que tu choisisses notre future voiture. Tu as une idée de ce que tu veux d'ailleurs ? »

Taiga lui sourit et tente de se montrer plus jovial. Il prend son café et le boit, pensif.

« Hm... J'ai envie d'une voiture de sport... Mais je sais pas quelle marque. Faut que j'étudie la question. »

Taiga commence à préparer le petit déjeuner et rit doucement.

« Vu que tu aimes les voitures... j'pensais que tu aurais déjà ta voiture préférée en tête ! Je suppose qu'il va falloir aller en essayer plusieurs alors !

— Ouais, je pense que ce sera surtout une question de feeling, tu vois. Faut que la voiture m'attire, quoi. Et pour ça j'ai besoin de l'avoir devant moi et de pouvoir la toucher !

— Ok. Je vois. Enfin je crois. Je te laisse choisir de toute façon. »

Taiga se tourne finalement vers lui, un peu hésitant.

« C'est prêt... Tu as faim ?

— Hm... Pas tellement, love. Mais j'vais essayer d'avaler quelque chose. On s'installe dehors ? »

Taiga lui emboîte le pas pour s'installer sur la terrasse. Le tigre comme à son habitude mange avec appétit. Mais ce n'est pas vraiment étonnant, sachant qu'ils ont encore des forces à reprendre de leur match et que la moindre anxiété semble affamer le tigre autant qu'elle lui coupe l'appétit.

Et comme prévu il picore, mais son estomac noué ne veut pas accepter grand-chose à part du café. Il regarde son homme et tâche d'apaiser ses peurs en pensant à leurs projets, et en se disant que tout le reste, ce n'est que du bruit parasite.

Taiga presse sa jambe contre la sienne sous la table et lui adresse des sourires rassurants. Mais derrière son regard flamboyant, la lueur de la combativité et de la colère vibre. Et il continue de discuter de choses et d'autres mettant de côté ce bruit parasite sur lequel pour l'instant ils n'ont aucune prise.

Une fois le tigre sustenté, ils se préparent pour aller travailler. Taiga commande le taxi avant qu'ils ne descendent et ils attendent qu'il les appelle déjà parqué en bas de l'immeuble pour descendre de crainte de croiser des fans virulents. Mais heureusement, personne ne les attend en bas et c'est déjà rassurant.

Il n'a jamais été aussi nerveux à l'idée d'aller au travail, sauf peut-être le premier jour. Mais ce jour-là, c'était quelque chose de positif et d'excitant. Là au contraire, il a l'estomac noué à lui en donner la nausée. Il se découvre une paranoïa qu'il n'avait jamais éprouvée jusqu'à maintenant. La compagnie de taxi qu'ils utilisent leur a été recommandée notamment pour sa discrétion, les chauffeurs ayant l'habitude de transporter des personnes célèbres. Mais il se dit que c'est dans les taxis qu'ils sont les moins prudents, et que c'est peut-être de là que sont venues les premières rumeurs. Qui sait si des photos ou vidéos ont même fuité. D'où ça vient, ça lui importe peu en fin de compte, mais maintenant, il a l'impression que tout le monde est un ennemi potentiel. Il se sent comme une bête traquée.

Arrivés au gymnase, ils rejoignent les vestiaires où l'atmosphère est un peu moins enthousiaste qu'elle n'aurait dû l'être après leur victoire contre les Bulls. D'autres que Lewis ont dû repérer la tempête en approche. Celui-ci d'ailleurs les accueille avec un sourire chaleureux.

« Tiens, les stars du dernier match ! Je serais vous, je demanderais une augmentation... Ou au moins un congé ! »

Daiki laisse un mince sourire se dessiner sur ses lèvres.

« J'y ai pensé, figure-toi. Enfin, surtout pour les congés. Plus de temps à ne rien faire, ça vaut plus que n'importe quelle augmentation.

— Ça m'étonne pas de toi. Ça te donnerait le temps de t'entraîner à Hitman.

— Ah-ha, très drôle... »

KAGAMI

Il profite d'être dans cet endroit où ils se sentent en sécurité, pour poser une main légère mais réconfortante dans le bas du dos de son homme alors qu'il l'entraîne avec lui à leur place. Il salue et sourit à ses coéquipiers, l'esprit un peu ailleurs. Jake n'est pas là et ce n'est certainement pas bon signe. En tout cas, un signe clair que les choses sont sérieuses. Il se demande, un peu anxieux quand et qui va les contacter.

Il essaie de ne pas se laisser aller à cette colère sourde qui revient, amplifiée, l'assaillir. Il ne sait pas ce qui se dit, il n'a pas cherché à savoir le détail. Il n'en a pas besoin, il en déjà vu tellement qu'il peut deviner ce que ces mots contiennent. De la haine, beaucoup, beaucoup trop de haine. Il en a été beaucoup trop témoin par le passé, qu'il n'a pas besoin de savoir précisément ce qui se dit sur eux en particulier. Bien-sûr, il y a très certainement des mots de soutien. Mais ceux-là sont toujours en trop petit nombre par rapport aux messages de haine.

Il se déshabille pour se mettre en tenue. Il a hâte de se retrouver sur le terrain pour se défouler et chasser un peu ces pensées. Il espère qu'on leur laissera le temps de s'entraîner pour se détendre un peu avant de les convoquer. Il espère que l'équipe de com' ne va pas leur suggérer de nier. Il n'a pas envie de nier. Daiki n'avait pas l'air d'en avoir envie non plus.

Il se demande quand cette info explosive va arriver au Japon, quand est-ce que leurs amis vont les inonder de messages de soutien et d'inquiétude, il se demande quand l'information va arriver jusqu'à son père, probablement lors d'une discussion au boulot. Il devrait peut-être le prévenir... Mais il n'est même pas sûr lui-même de ce qui se passe. Est-ce que Kate aussi va le découvrir ? Et Cynthia, et Tuan... Et les autres ?

Il enfile ses baskets et termine de les nouer. Jake ne les a toujours pas rejoint. Et ça l'inquiète un peu. Il se redresse, respirant doucement pour tenter de calmer ses nerfs. Daiki essaie de faire bonne figure et de discuter comme tous les jours avec les autres, mais il devine la tension dans son corps. Il vient doucement glisser sa main sur la nuque de son homme.

AOMINE

Il est tendu et tressaille un peu quand la main de son homme se pose sur sa nuque. Il tourne la tête vers lui et lui adresse un sourire qui se veut rassurant. Chose difficile à faire étant donné qu'il est en train de vivre l'une des versions de son pire cauchemar. Il doit se rappeler une fois encore qu'il n'est plus seul. Et puis, il est plus fort que ça, n'est-ce pas ? Il l'espère en tout cas.

L'entraînement est sur le point de commencer, alors ils se lèvent et rejoignent le parquet. Il veut se concentrer sur le sport maintenant, puisqu'il ne peut rien faire d'autre pour alléger la tension pour le moment. Et tandis qu'ils entament leurs exercices routiniers, il essaie de s'isoler en lui-même un peu comme il le fait pour se préparer à un match. Mais cette fois ce n'est pas seulement pour pouvoir se concentrer plus facilement, mais aussi parce qu'il a besoin de mettre un peu d'espace entre lui et le monde extérieur pour ne penser qu'à ses gestes. Précision, concentration, vitesse. Affiner les mouvements, aiguiser les réflexes, déployer ses perceptions jusqu'à ce que le temps semble ralentir.

KAGAMI

Il détache son regard de son homme. Il sait que la situation est particulièrement brutale pour lui. Il a été dans le déni pendant si longtemps, il commence seulement à s'ouvrir à lui, aux autres et surtout à lui-même. Daiki a encore tant de choses à accepter et assumer ce qu'il ressent, ce qu'il désire.

Il écoute l'entraîneur et laisse ses pensées aux vestiaires. Il chasse tout ce qu'il creuse douloureusement son cœur en cet instant et il se lance dans les exercices qu'on lui demande, se concentrant à exécuter parfaitement les gestes qu'on attend de lui, s'évertuant à épuiser son corps et faire taire son esprit.

Il ne sait pas quand mais Jake les a rejoint. Il n'a rien dit, il a simplement pris sa place dans l'entraînement comme tous les jours. Il les a sûrement salués mais il n'en a même pas eu conscience. Il essaie de se re-concentrer sur l'entraînement, soudain peu motivé pour la prochaine pause durant laquelle il se doute que Jake souhaitera leur parler.

AOMINE

La routine de cet entraînement est presque rassurante... Du moins elle le serait s'il ne sentait pas grandir la pression, comme si ce vernis de normalité habillant la réalité se fendillait à chaque minute un peu plus.

L'heure de la pause finit par arriver et chacun va se désaltérer, manger quelque chose et se détendre, et il voit Jake se diriger vers eux.

« Bon c'est quoi le topo, on est virés ? » lance-t-il avec une désinvolture qui ne fait même pas illusion à ses propres oreilles.

Jake lève les yeux au ciel.

« Idiot ! Tu es notre meilleur scorer de la saison. Ça suffit à te garder ta place au chaud. Et le dernier match, vous avez été exceptionnels. Tout le monde l'a remarqué... Et c'est pour ça que ça a fini par se voir, plus vous monter dans le classement, plus vous faites des étincelles et plus vous êtes scrutés... Rien d'étonnant. »

Le capitaine les regarde à tour de rôle puis reprend, en soupirant.

« Une conférence de presse va être nécessaire évidemment. Qu'est-ce que vous savez de ce qui circule ? »

A côté de lui, Taiga hausse les épaules et répond pour eux.

« Rien... On n'a pas regardé. Juste le message de Lewis qui nous a avertis.

— Ok... Alors vous devez savoir que nier va être très compliqué... Mais si c'est ce que vous voulez... La com' vous suivra. »

Au ton de Jake, il est évident qu'il a dû batailler ferme pour obtenir de la com' que les choix soient laissés entre leurs mains.

Daiki le fusille du regard, bien que sachant que rien de tout cela n'est de sa faute. Mais il a horreur qu'on lui force la main et ça fait ressortir toute son agressivité, à plus forte raison quand il se sent vulnérable et piégé comme aujourd'hui.

« Je vais pas aller à une putain de conférence de presse pour raconter ma vie et m'afficher ! grogne-t-il en réponse. Pourquoi ce serait mon problème, d'abord ? Et puis, nier ou me forcer à faire mon coming-out ? Sérieux ? C'est ça nos options ? »

JAKE

Il comprend évidemment ce que vit Daiki. Il sait que ce n'est pas facile pour lui et il a fait tout ce qu'il a pu depuis le début pour le protéger. Il se doute que sa colère n'est pas tourner contre lui. Il aimerait faire plus, pouvoir faire cette conférence de presse à sa place, pouvoir détruire tous ses messages et toutes ses informations qui circulent partout. Même si la colère de Daiki ne lui est pas entièrement destinée, il se contient pour ne pas lui aboyer au visage, au lieu de ça il garde un visage impassible. Il croise les bras sur sa poitrine et regarde Daiki dans les yeux.

« La conférence de presse aura lieu avec ou sans toi. Oui c'est dégueulasse de t'obliger à faire ton coming out. Comme ça l'a été pour Taiga. Comme ça l'est pour tous ceux qui sont obligés de le faire. Si le monde était bien fait, vous n'auriez pas à le faire ! Mais c'est pas le monde dans lequel on vit. Ce n'est pas ton problème... Mais celui de l'équipe ! Il n'y a aucune chance pour que nous ne commentions pas ce qui se passe. Maintenant, soit tu y prends part et tu choisis ce qui se dit... Soit tu laisses la com' choisir le discours. C'est toi qui vois ! Mais ça reste ta vie alors je te conseillerai de participer à l'élaboration du discours si tu veux maîtriser quoique ce soit. »

Il laisse un lourd soupir lui échapper avant de reprendre.

« On s'en fout ici que tu sois gay. On s'en fout que tu veuilles te marier ou avoir des enfants. Mais tant que tu seras un joueur pro, que tu le veuilles ou non, ta vie sera épiée. Tu crois que c'était facile pour ma femme d'avoir les caméras qui l'attendaient à la sortie de la maternité à chaque grossesse ? Qu'il a fallu se cacher pour ne pas dévoiler le visage de nos enfants trop tôt ? J'aurais voulu les protéger de ça... Mais c'est impossible. Tôt ou tard, ça alimente les tabloïds. Et si mon fils fait un pas de travers, tout le monde est au courant... Je sais ça craint. Mais c'est le revers de la médaille quand on est célèbre. Et quand on est bon comme toi Daiki, on est encore plus surveillé. Alors... Ouais tu as une autre option : Abandonner la NBA. »

AOMINE

Il croyait être prêt, mais semble-t-il qu'il était seulement prêt pour aller à l'entraînement, pas pour la suite. Prêt à faire semblant comme d'habitude, oui. Car là maintenant, il est incapable de contenir sa fureur. Il entend ce que lui dit Jake mais ça le rend encore plus furieux. Ça lui rappelle les discours de ses parents. "C'est dur pour tout le monde, donc ferme-la et encaisse comme un homme". C'est comme ça que ça résonne dans sa tête.

Les dents serrées, il hoche la tête et murmure d'une voix tendue par la colère :

« Ok, j'ai compris. » Il jette un œil à Taiga, puis revient sur Jake. « Et combien de temps on a pour 'participer à l'élaboration du discours ?'

— Jusqu'à demain soir. »

Jake aussi jette un œil à Taiga, puis il revient sur lui.

« Je ne suis pas ton ennemi Daiki… »

Il le sait, et pourtant, à cet instant il a beaucoup de mal à faire la part des choses, à se rappeler pourquoi ce n'est pas juste de lui en vouloir. La dernière fois qu'il a éprouvé une colère si aveuglante... Il aurait aimé pouvoir dire que c'était quand ce connard des Knicks a agressé Taiga, mais ce n'est même pas vrai. La terreur, suivie de la haine de soi, avait prédominé. Non, la dernière fois, c'était quand son poing était parti tout seul pour s'encastrer dans la figure de Levi.

Ça a toujours été l'un de ses points faibles, cette colère rentrée, noire, agressive, concentrée comme des ténèbres solidifiées. Non pas brûlante, mais glaciale, glaciale comme son cœur qui lui aussi semble se solidifier en un bloc gelé. Il entend son sang pulser lourdement dans ses oreilles et prend le temps de laisser se dissiper ce nuage obscur devant ses yeux avant de déclarer :

« J'ai besoin de réfléchir. Je peux plus bosser, là. Je rentre. »

Il regarde Taiga et se sent coupable. Mais il ne peut simplement plus rester là. Il marmonne un « désolé » et se hâte direction les vestiaires.

KAGAMI

Il ne bouge pas. Il est incapable de bouger. Il n'a pas souvent vu Daiki aussi en colère. Il n'est même pas sûr de l'avoir déjà vu dans une telle rage. Il en reste choqué et glacé. Si cette colère était dirigée vers lui... Son ventre se contracte à cette idée et lui donne la nausée.

« Taiga ? »

Il regarde Jake comme s'il se rappelait seulement qu'il est là. Jake lui adresse un sourire désolé.

« Désolé...

— C'est rien... Il fallait s'y attendre... »

Il essaie de cacher son trouble, de se rappeler que c'est juste une mauvaise phase à passer et sourit à Jake en reprenant :

« Il a besoin de réfléchir... Et... Je lui parlerai ce soir en rentrant... J'espère juste qu'il ne m'en voudra pas trop... »

Il soupire et son estomac se tord un peu plus.

« T'en vouloir ? Pourquoi il t'en voudrait ?

— Parce que... Sans moi, il n'en serait pas là ?

— C'est ridicule...

— Je dis pas que c'est rationnel... Mais ça nous arrive à tous... Tout comme là, tu as pris pour les autres... Des fois, ton cerveau te dit un truc mais ton cœur, tes tripes te disent autre chose... Et... Ce sont souvent les tripes qui gagnent. On n'est pas autant qu'on le croit des êtres rationnels. Quoiqu'il arrive tout ça... C'est difficile pour lui... Mais à terme ça lui sera positif, il n'aurait pas pu vivre dans le mensonge toute sa vie... J'espère juste qu'on s'en relèvera.

— Tu sais que si ça n'avait pas été pour toi... Il ne serait probablement jamais sorti du déni... Et je suis sûr que tu te trompes. Vous allez traverser ça ensemble et vous relever et... Vous en serez que plus libres. »

Il sourit à Jake. Il a envie que ce soit vrai, il a envie d'y croire. Mais il n'a jamais vu Daiki autant en colère et ça lui fait un peu peur. Au point, qu'il préfère lui laisser de l'espace en espérant que c'est ce dont son homme à besoin. Il rejoint le vestiaire lui aussi, se demandant si son homme est déjà parti.

AOMINE

Il a terminé de rassembler ses affaires et manque de se heurter à son homme en prenant le chemin de la sortie à pas vifs. Il s'immobilise et baisse les yeux, un sentiment de honte lui comprimant le cœur. Il déglutit et relève la tête pour le regarder.

« Désolé, love... Je sais... que c'est pas plus facile pour toi. Mais faut vraiment que je sorte d'ici. »

KAGAMI

Son homme l'a surpris en sortant aussi vivement de la pièce, la porte n'est pas passée loin de lui. Il lui faut quelques instants le cœur battant pour réaliser que c'est Daiki. Les mots de son homme pèsent un peu sur son cœur. Mais il n'a pas vraiment envie d'en débattre ici, alors que leurs coéquipiers sont à côté feignant avec beaucoup de maladresse de ne pas les écouter, pourtant il a envie de dire à son homme que c'est évident que la situation est plus compliquée pour lui. De son côté, il a déjà fait son coming out, aujourd'hui il se sent prêt à assumer sa relation avec Daiki au grand jour, il n'a pas envie de faire la une des tabloïds mais il n'a pas non plus envie de se cacher. Si la situation lui est difficile, c'est parce qu'elle l'est pour Daiki, parce qu'il va être obligé d'annoncer publiquement sa sexualité et son couple. Il n'arrive pas à lire le regard de son homme, son regard bleu est trop tumultueux, la colère bout et brouille tout le reste.

« It's OK... Je peux venir avec toi si tu veux... »

Le brun hésite, son regard se dérobant de nouveau.

« Non... J'ai besoin de me calmer. Ça va aller. Il faut juste que... Je prenne l'air. » Daiki hoche la tête comme pour donner plus de poids à ces propos, puis ajoute : « Ok love ? On se voit ce soir ?

— Ok. Appelle-moi si tu changes d'avis... A ce soir. »

Taiga pousse la porte du vestiaire et s'y engouffre, comme pour le libérer.

AOMINE

Il s'enfuit pratiquement du gymnase, marche à grands pas dans la rue tout en commandant un taxi, ne songeant qu'à une seule chose, s'éloigner.

Tu as une autre option : Abandonner la NBA.

Là tout de suite, ça lui semble incroyablement tentant. Raccrocher, laisser tout derrière lui, et aller là où personne ne le connaît.

Comme tu l'as fait en quittant le Japon.

Il se mord la lèvre à s'en faire mal, enfouit ses ongles dans la paume de ses mains.

Il finit par trouver un taxi et s'y engouffre, sa jambe s'agitant nerveusement jusqu'à ce qu'il soit déposé près de chez lui. Il se dirige directement vers la plage, et une fois l'océan déployé sous ses yeux, envahissant son champ de vision, il se laisse tomber sur le sable. Le regard vissé sur le ressac, il attend que les émotions grondant en lui se stabilisent au moins assez pour y voir plus clair. Il est à mi-chemin du processus quand il envoie un SMS à Kuroko.

« Hey Tetsu. Appelle-moi quand t'es dispo, si tu veux bien. Thanks. »

Il range son portable dans sa poche et enfouit sa tête entre ses genoux, écoutant le fracas des vagues qui lui semble si assourdissant aujourd'hui.

KAGAMI

Dans le vestiaire, il est nerveux et sa jambe s'agite fébrilement. Pour la première fois depuis le matin, il consulte son téléphone. Il ne regarde pas les réseaux sociaux, seulement les quelques messages de ses amis. Il essaie de les rassurer autant que possible, sans non plus leur mentir : La situation est compliquée oui, et ils sont en train de réfléchir à ce qu'ils vont faire... mais ils tiennent le coup. Il déglutit en tout cas, il espère que son homme tient le coup. Il est inquiet et il n'est pas sûr de pouvoir réussir à continuer l'entraînement lui non plus. Il hésite en lisant le message de Cynthia. Il se décide à s'isoler et à l'appeler.

« Tai...

— Yeah...

— Comment tu vas ?

— Honnêtement... Pas top... »

Il entend son amie bouger.

« Je suis désolée... Tu es où ?

— A l'entraînement... C'est juste la pause... Je n'ai pas regardé... Ce qui se dit, ce qui a été partagé...

— Je comprends...

— Jake nous a juste dit que ce serait difficile à nier...

— C'est ce que vous voulez ?

— Non... Je sais pas... Je crois pas...

— Daiki ?

— Il est parti... Il était très très en colère... Je l'ai jamais vu comme ça... »

Il déglutit doucement, la gorge un peu nouée et il souffle.

« J'ai peur Cy...

— De quoi ?

— Que Dai fasse une connerie... Que cette fois, on s'en sorte pas... Que ce soit trop dur pour lui...

— Et toi ? ça te dérange pas ?

— Quoi ? Que le monde découvre que je suis amoureux de Dai ? Non... J'ai déjà fait mon coming out... J'ai pas envie d'exposer ma vie... Mais j'ai pas non plus envie de me cacher.

— Je comprends que tu aies peur... Je ne connais pas bien Daiki encore. Et je sais que depuis le début ce n'est pas un long fleuve tranquille pour vous mais... Je suis sûre que vous allez surmonter ça. Il t'aime. Vous en êtes là, parce que vous vous aimez vraiment. Vous avez pris des risques parce que votre couple en vaut la peine...

— Yeah... You're right...

— Of course I am.

— Je me sens responsable.

— Pourquoi ?

— Parce que c'est à cause de moi qu'il est obligé d'affronter ça publiquement... »

Il écoute son amie, lui sortir les mêmes arguments que Jake un peu plus tôt et il lui redit la même chose.

« Ce n'est pas rationnel Cy... La preuve je devrais pas me sentir responsable... Et pourtant c'est ce que je ressens !

— Je comprends ce que tu veux dire. Mais tu ne devrais pas penser à ça maintenant.

— Je sais. ça l'aidera pas et de toute façon, j'y peux rien. Mais, je l'ai jamais vu aussi en colère.

— C'est normal d'être en colère.

— J'ai cru qu'il aurai pu frapper Jake !

— Il ne l'a pas fait.

— Je sais.

— Il n'est pas comme Roy.

— Je sais... »

Il se masse la nuque nerveusement et soupire doucement.

« Tai... Je sais que c'est difficile. Mais, il faut que tu te reprennes, Daiki a besoin de toi...

— Ouais... Pas tout de suite en tout cas...

— Alors profite pour te calmer toi aussi et te remettre les idées en place ok ?

— Ok.

— Bien. Si tu as besoin... On peut se retrouver quelque part...

— Je vais essayer de continuer l'entraînement. Mais merci...

— Pas de quoi... Et si tu changes d'avis.

— OK. »

Il s'apprête à lui dire au revoir et raccrocher mais il pose une dernière question.

« C'est une photo qui circule ?

— Oui...

— Vraiment difficile à nier ?

— Clairement très difficile...

— Fuck... Dis moi...

— C'est une photo prise quand vous vous baignez...

— Oh... Oh... Merde... »

AOMINE

Son téléphone sonne finalement, alors qu'il doit être là depuis un moment et le nom de Kuroko s'affiche sur l'écran.

Il décroche sans hésitation, il attendait ce coup de fil presque désespérément même s'il savait qu'il avait peu de chances d'avoir une réponse immédiatement.

« Hello Tetsu... Comment ça va ?

— Bonjour Aomine-kun. Je vais bien merci. Et toi ?

— C'est hm... compliqué. Taiga et moi on est grillés. Faut qu'on dise un truc à la presse. Et... je veux pas me pointer à la moindre conférence pour aller expliquer devant tout le monde ce qui se passe. Ça me fout tellement les boules. Jake m'a expliqué que c'était pareil pour tout le monde et que c'était ça d'être célèbre. Mais j'arrive pas à l'accepter. J'ai envie de tout défoncer. »

Il s'interrompt, la gorge nouée.

« Enfin... voilà. Je savais pas à qui en parler à part toi. Toi tu sais mieux que personne... ce qui m'arrive quand j'ai envie de cogner tout le monde... Alors... J'ai pas réfléchi. Mais... enfin je me doute que t'as pas de solution miracle à me donner mais bref... Je voulais juste te le dire. »

Il déglutit, se sentant con tout à coup. Plus perdu que jamais. Regrettant presque de l'avoir appelé. Il regarde le sable humide sous ses pieds et ajoute d'une voix étranglée :

« Qu'est-ce que je dois faire, Tetsu ? »

KUROKO

Il a écouté attentivement son ami. Le cœur un serré en entendant ses mots, ses aveux. Oui, il sait ce qui arrive à Daiki quand il a autant de colère en lui. Son ami a fait tellement de chemin ces derniers temps, c'est injuste que le monde s'en mêle maintenant.

Il se sent un peu démuni, à la dernière question de son ami cependant. Une chose est sûre, il ne doit pas céder à sa colère sur quelqu'un et surtout ne pas agir comme il le faisait à l'époque.

« Si tu as une salle de boxe pas loin... Défoncer un sac pourrait t'aider au moins à évacuer une partie de la colère... Ensuite... Parle-moi... Explique-moi ce qui te met en colère dans tout ça. Le fait de faire la conférence de presse ? Le fait de devoir en parler ? Le fait d'avoir été grillé ? Tout à la fois ?

— Tout ça je crois... Et je m'en veux à moi-même... D'avoir cru que j'allais pouvoir gérer... Alors que j'y arrive pas du tout ! Et Jake... il m'a parlé comme Taiga l'a déjà fait. En me donnant l'impression que je suis un gamin qui comprend rien. Il a probablement raison. Parce que c'est ça au fond, hein ? On est censé fermer sa gueule, c'est ça Tetsu ? C'est ça qu'on attend de moi ? Que j'encaisse ? C'est ça qu'on est censé faire ?

— Qu'est ce que tu aimerais dire Daiki ? Quand tu dis qu'on te demande de fermer ta gueule... Qu'est ce que tu as envie de hurler là ?

— Qu'ils aillent tous se faire foutre avec leurs bonnes manières de faire, avec leurs discours, avec leurs bons comportements ! Avec leurs discours fatalistes sur le monde qui est pourri et comme quoi on est censés l'accepter ! Il faut quoi ?! Que je dise oui et merci parce que j'ai la chance d'être en NBA ? Jake m'a dit qu'abandonner est une option et franchement je suis tenté... Je veux pas me justifier ! Mais bien sûr c'est égoïste, pas vrai ? Je suis pas le plus à plaindre, tout le monde fait des sacrifices, etc, etc ! Alors qui je suis pour tout envoyer bouler, hein ? Personne ! »

AOMINE

Il s'interrompt en s'apercevant qu'il hurle au téléphone. Heureusement, la plage est plutôt déserte. Il reprend son souffle, essuyant des larmes de rage qui perlent au coin de ses yeux.

« Sorry Tetsu... Je voulais pas te gueuler dessus...

— T'excuses pas. Tu peux me gueuler dessus autant que tu veux si ça peut te soulager... Tu veux pas te justifier ? D'accord... Mais ne rien dire et se cacher... Est-ce que ce n'est pas un peu aussi accepter ce monde pourri ? Les haters... C'est ce qu'ils veulent. Que tu fermes ta gueule et que tu te caches... Que tu aies honte de toi... Et que tu abandonnes.

— Eh bah peut-être qu'ils ont déjà gagné. Peut-être que je suis pas un héros, que j'ai pas envie de porter une cause, que j'ai pas envie de m'accrocher parce que c'est la bonne chose à faire alors que tout mon être me pousse à fuir. Peut-être que j'ai pas envie d'être un exemple, un putain de modèle ! Que j'ai pas envie de figurer dans l'histoire des gays courageux qui ont fait leur putain de coming-out !

— La bonne chose à faire ? Et quelle est la bonne chose à faire selon toi ?

— J'en sais rien ! Faut que j'y réfléchisse. Et j'ai que jusqu'à demain soir pour y penser. Ça va être court. »

Il soupire.

« J'en sais rien... J'espère que j'y verrai plus clair demain.

— Ok... Si je peux me permettre Aomine-kun. La bonne chose à faire pour toi, c'est celle qui t'apportera le bonheur. Je sais c'est fait un peu mielleux et dégoulinant de guimauve comme ça... Mais, la bonne chose à faire, c'est pas forcément la chose facile. C'est pas forcément la chose évidente... Parfois c'est dur de faire le choix qui nous rendra plus heureux. Parfois, le bon choix c'est de fuir... Comme tu l'as fait en venant aux Etats-Unis. Parfois le bon choix c'est d'affronter ses peurs... Comme tu l'as fait en t'ouvrant à Kagami.

— Ouais... Je vois... Enfin... Je vois l'idée en tout cas. Mais là... Je sais pas ce qui m'apportera le bonheur. Je sais pas ce qui est le plus difficile ou le plus facile. Mais ouais... j'imagine qu'il faut que je pense à ça. Thanks Tetsu... J'avais vraiment besoin de le dire... Maintenant... J'vais juste essayer de me calmer, et puis... on verra bien.

— Ok. Je suis désolé Daiki de ne pas pouvoir faire plus et que tu te retrouves dans une situation comme celle-là. N'hésites pas me rappeler si tu as besoin.

— Ok... Thanks. Je te tiens au courant. A plus Tetsu... »

Il raccroche, se sentant soudain épuisé. Il regarde les vagues qui se brisent sur le sable en un ballet hypnotique, et au bout d'un moment il se relève pour retourner à l'appartement, où il prend une longue douche avant d'aller se caler dans le lit avec son ordinateur portable et une bière. Il se lance une série et tente de s'y absorber histoire de faire le vide dans son esprit.

Son téléphone vibre indiquant la réception d'un message de Satsuki. La petite fenêtre qui s'affiche sur son écran laisse voir le début du contenu du message : "Dai-chan je viens d'apprendre. Comment tu vas ? Ré-"

Il ouvre le message et répond rapidement :

"Pas terrible. J'ai appelé Tetsu tout à l'heure pour discuter. Mais là je sais pas quoi faire. Du tout. Enfin je vais trouver, t'inquiète."

La réponse de sa meilleure amie ne se fait pas attendre : "Évidemment je suis inquiète. OK. Si tu as besoin hésite pas à m'appeler."

"Yeah... Thanks Satsu."

Et même si évidemment il apprécie le fait que ses amis se sentent inquiets et concernés, il n'a pas envie de se retrouver submergé de messages et met son portable en silencieux, préférant ne pas l'éteindre au cas où Taiga aurait besoin de quelque chose. Et il se replonge dans sa série, allant chercher d'autres bières au frigo.

KAGAMI

Il surveille son téléphone mais n'a pas de nouvelles de son homme. Il essaie de ne pas se faire submerger par l'inquiétude. A midi, il mange comme quinze et se montre d'une compagnie exécrable. Après avoir appelé Cynthia, il a contacté son père aussi pour le rassurer. Jake s'approche de lui et il secoue la tête avant qu'il ne lui pose la question. Non, il n'a pas eu de nouvelles de Daiki. Il espère juste que son homme sera bien là quand il rentrera.

Il passe l'après-midi à se défouler sur le terrain en en faisant baver à ses coéquipiers. Il cherche à se calmer, à dénouer ce nœud qui étreint son estomac et lever ce poids qui pèse sur sa poitrine. Mais c'est inefficace. Quand l'entraînement se termine, il ne sait pas s'il est soulagé ou plus inquiet encore de rentrer.

Il prend une douche longue pour essayer de calmer un peu son cœur, puis il sort pour se sécher et s'habiller. Quand il est prêt à partir, il pèse le pour et le contre et décide d'envoyer un message à son homme pour l'avertir qu'il rentre. Puis il salue les derniers et file monter dans son taxi pour rentrer chez lui.

Il regarde le paysage défiler sous ses yeux et il lui semble qu'il se déplace trop vite, et presque trop tôt le taxi est en bas de l'immeuble. Son téléphone est resté silencieux mais il n'attendait pas vraiment de réponse. C'était un simple message informatif. Il paye, descend et entre dans l'immeuble.

AOMINE

Après avoir picolé ses bières à peine midi sonné, il s'est endormi et s'est réveillé vaseux dans l'après-midi. Il est allé prendre une douche, il s'est posé sur le balcon, il a tourné en rond, puis il a fini par retourner se coucher. Il s'est un peu calmé depuis ce matin, mais il ne se sent pas mieux pour autant. Il n'est pas plus avancé et n'ose plus regarder son portable, il a envie de disparaître et de se faire oublier. Évidemment ça va être impossible pour le moment, mais pour aujourd'hui il peut au moins faire l'autruche. Et quand ce sera l'heure de faire un choix, eh bien... il avisera à ce moment-là.

KAGAMI

L'appartement est silencieux quand il rentre. Il pose son sac, retire ses chaussures et voit celles de son homme à traîner. Au moins, il est à la maison. Alors qu'il fait un pas dans la pièce principale, il constate les bouteilles de bières vides et... Même pas une boîte de pizza ou repas à emporter. Il n'est pas tellement étonné, mais il n'aime pas savoir que son homme picole le ventre vide.

Il traverse la pièce et pousse doucement la porte de la chambre. Les rideaux sont tirés, il devine dans la pénombre la forme de son homme enfoui sous les couvertures comme s'il voulait disparaître, se cacher du monde. Il écoute, cherchant à capter le son de sa respiration pour savoir s'il dort, mais il est soit trop loin, soit Daiki est trop bien caché sous la couette pour qu'un son ne filtre.

Il s'avance. Le son de ses pieds sur le parquet lui semble résonner dans la pièce mais, Daiki ne bouge pas. Il s'assied doucement sur le lit à côté de son homme. Il n'a pas envie de le réveiller s'il dort, il n'a pas envie d'affronter sa colère si elle est encore présente, pas tout de suite. Mais il a envie de le serrer entre ses bras, de le sentir bien vivant... de le sentir physiquement près de lui. Une part de lui, avait peur de ne pas le trouver chez eux en rentrant. Alors il s'allonge dans le lit, par-dessus la couverture et enroule son corps autour de celui de son homme.

AOMINE

Il sent son homme monter sur le lit et se coller contre lui, il peut sentir sa chaleur à travers la couverture. Ça le soulage de retrouver sa présence qui vient un peu réchauffer l'abîme de solitude où il se sent plongé. Il s'extraie un peu des couvertures pour pouvoir l'enlacer, se blottissant contre lui sans un mot.

La main de Taiga se glisse doucement sur sa nuque et remonte légèrement dans ses cheveux, ses lèvres effleurent son front et son étreinte se resserre un peu, le sentant réveillé. Taiga reste lui aussi silencieux.

KAGAMI

Même s'il voulait parler, il ne saurait pas quoi dire. Demander à son homme comment il va ? Il est évident qu'il ne va pas bien. Il pourrait lui demander s'il a réfléchi à ce qu'il veut dire ou faire... Mais s'il avait sa réponse, son homme aurait plutôt attendu dans le salon à faire les cent pas qu'il rentre pour lui en parler et lui demander son avis.

Alors il ne dit rien. Il caresse sa nuque doucement et effleure encore son front de ses lèvres. Il respire son odeur et reste là à le bercer de sa présence. C'est tout ce qu'il peut faire. Son cœur serré bat un peu plus vite et lui semble résonner bruyamment dans son corps, au point qu'il se demande si son homme peut l'entendre.

AOMINE

Il puise de la force et du réconfort dans son étreinte, s'emplissant de sa présence. Il a besoin de le toucher, de le sentir... Avant, même dans l'intimité il se sentait parfois vulnérable d'une façon qui lui déplaisait, mais aujourd'hui il l'accepte mieux, ainsi que son désir et même son besoin de rechercher une protection auprès de son homme.

Il laisse passer un moment, puis murmure :

« Désolé d'être parti comme ça tout à l'heure... Ça a été à peu près la journée ?

— T'excuse pas... Oui ça a été. »

Taiga presse un peu plus fermement ses lèvres sur son front et souffle.

« Et toi ? Tu es resté là tout le temps ?

— Ouais quasiment... En rentrant j'suis allé à la plage... J'ai appelé Tetsu. Et puis après... Ouais j'ai pas trop bougé du lit.

— Hm... Ok. Kuroko il avait pas confirmé s'il venait du coup... J'espère que tu as pensé à lui rappeler ! plaisante un peu Taiga espérant sûrement le faire sourire un peu.

— Hm nan... J'étais trop énervé... Faudra lui redemander. »

Il se frotte le visage, jetant un coup d'œil à l'heure. Il se souvient seulement qu'il n'a rien avalé de la journée, il n'y a même pas pensé. Ça explique pourquoi il se sent faible maintenant.

« Est-ce que tu penses pouvoir manger un peu love ? »

Taiga lit peut être dans des pensées ou il a déjà faim vu l'heure et l'après midi d'entraînement.

« Ouais... Faut que j'avale un truc parce que là j'ai plus aucune énergie. Tu peux... me faire un truc léger ? Genre soupe miso ou un truc comme ça...

— Tout ce que tu veux love... Tu veux un milkshake aussi ? C'est sucré... Ça te ferait du bien et ça se boit facilement...

— Ok love... Thanks. »

Il se presse contre lui et enfouit son nez dans son cou. Il se sent malade, épuisé, angoissé. Alors il se rassure en inspirant l'odeur de son homme et en se disant qu'il ne le laissera pas tout seul quoi qu'il arrive.

KAGAMI

Il a l'impression qu'on plonge une pointe douloureuse dans son cœur. Il est prêt à tout encaisser. Il a encaissé beaucoup de choses dans sa vie. Son cœur a été meurtri plus d'une fois. Mais voir son homme souffrir lui est plus insupportable encore. Il ne peut rien faire. Il voudrait porter un peu de sa peine sur ses épaules. Il se sent juste impuissant de sentir son homme si faible contre lui.

Il le serre contre lui avec douceur, mais fermeté. Parce que c'est tout ce qu'il peut faire pour l'instant et peut-être lui préparer quelque chose à manger, que, il l'espère, il pourra avaler. Mais pour l'instant Daiki ne semble pas prêt à le lâcher alors le repas peut attendre encore un peu.

AOMINE

Il reste un bon moment comme ça, le temps de se sentir un peu mieux, puis doucement, il s'écarte et s'étire un peu.

« Thanks love... Ça va aller. » Il lui adresse un mince sourire. « Manger ça va faire du bien.

— Ok love. Tu veux m'attendre ici ? Je te prépare la soupe et le milkshake et je te les apporte ici ? »

Taiga caresse doucement sa joue. Son regard est chaud et doux, tout comme sa main sur sa joue, même si son sourire est un peu fatigué.

« Ouais je veux bien, love. Pour l'instant c'est l'endroit où je suis le mieux. »

Il s'approche pour poser un baiser sur ses lèvres.

KAGAMI

Il répond doucement à ses lèvres, puis il presse son front contre le sien, en caressant tendrement sa joue encore quelques instants. Puis il se redresse.

« Ok love. Je fais vite... Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. »

Il hésite quelques instants, mais se lève, il laisse la porte ouverte, pour pouvoir entendre son homme et peut-être aussi pour que son homme puisse l'entendre, qu'il sache qu'il est toujours là, juste affairé dans la cuisine.

AOMINE

Il se réinstalle dans le lit et ferme les yeux. Ça le rassure d'entendre son homme dans l'appartement. Il a dormi cette après-midi mais se sent encore ensommeillé. Il n'a pas la force de lutter contre la torpeur, même s'il ne devrait probablement pas, pour pouvoir s'endormir ce soir. En même temps... Il est facilement du genre à dormir beaucoup quand ça ne va pas bien, alors n'est pas si certain que ce sera un problème. Et pour le moment, il profite du fait que son angoisse se calme et qu'il n'est pas en train de ruminer ce qui va se passer demain, passant en boucle des scénarios dans sa tête. Alors, tandis qu'il écoute les bruits en cuisine, il sombre dans un demi-sommeil.

KAGAMI

Il prépare quelque chose d'un peu plus consistant pour lui. Pour la gestion du stress pour le coup, son homme et lui sont totalement opposés. Il mange encore plus que d'habitude quand Daiki ne peut plus rien avaler. Il se prépare un curry japonais, avec du bœuf, des légumes et du riz. En parallèle, il fait cuire l'eau et le bouillon. Il reste attentif aux bruits venant de la chambre, mais aucun son ne filtre.

En un peu moins d'une heure, il a préparé le repas. Il sert deux verres d'eau avec les deux bols de soupes et son bol de curry sur un plateau, puis emporte son fardeau dans la chambre. Son homme semble s'être rendormi. Il pose le plateau au bout du lit et se penche sur son homme embrasser sa joue et souffle doucement.

« Love ? »

Le brun entrouvre les yeux, et remue un peu avant de se redresser.

« Hey... Je m'étais endormi un peu... Je suis HS aujourd'hui. » Il sourit et regarde le plateau. « Thanks love... Heureusement que t'es là. »

Il sourit tendrement à son homme et embrasse son front avant de s'installer à côté de lui et rapproche le plateau.

« De rien. »

Il glisse sa main sur la cuisse de son homme et ajoute doucement.

« Je serais toujours là quand tu as besoin de moi. »

Daiki sourit et prend sa main pour la serrer dans la sienne.

« Et j'ai besoin de toi... Avant... J'acceptais pas d'avoir besoin de quelqu'un... Mais je peux plus... et je veux plus me voiler la face. Tout seul j'y arrive pas. Alors... Je suis vraiment reconnaissant que tu sois là avec moi. Et... Je sais pas ce que je veux faire demain, mais... Je vais pas chercher à nier, ça, c'est certain. »

Il caresse doucement sa main de son pouce et se rapproche de son homme pour passer un bras autour de ses épaules. Il embrasse doucement sa tempe.

« Thanks love... Merci de me laisser être là pour toi... On est plus fort ensemble... »

Il hésite un peu parce que son homme est épuisé et il n'est pas sûr que ce soit le bon moment pour discuter de la conférence de presse. D'un autre côté, il reste peu de temps avant qu'elle ait lieu et lui aussi il a un peu réfléchi.

« Ne pas nier... Ça me va évidemment. Tu veux qu'on en parle un peu après manger ? »

AOMINE

Il souffle sur sa soupe et acquiesce :

« Ok love… »

Il commence à manger, le plat léger et puissamment aromatique grâce au talent de Taiga lui fait du bien. Il se réchauffe et sent un peu d'énergie lui revenir alors qu'il fait disparaître le contenu de son bol.

Il n'a pas de solution à leur problème, il ne sait pas par quel bout le prendre, il envisage de laisser faire la comm de l'équipe. Mais c'est vrai qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'en parler jusqu'à maintenant... et que c'est probablement nécessaire.

« Il y en a d'autre si tu veux encore un peu de soupe... »

Taiga a dévoré son curry et a avalé sa soupe en un rien de temps.

« Il reste aussi du curry... Et sinon, j'ai promis un milkshake réconfortant j'en ai pour trois minutes à te le préparer. »

Il sourit.

« Thanks love... Juste un milkshake ce sera bien. »

KAGAMI

Il sourit et embrasse les lèvres de son homme puis il se relève, emportant le plateau dans la cuisine. Il se dépêche, il avait préparé tout ce qu'il pouvait à l'avance pour le milkshake. Il n'a qu'à rajouter dans le blender la glace qu'il avait déjà pesé et remis au congélateur. Une fois le mélange mixé, il sert dans un verre à milkshake pour son homme et se resserre un bol de curry pour lui. Et comme promis, il ne lui a pas fallu trois minutes pour préparer la boisson de son homme.

Il revient s'asseoir à côté de lui et lui tend son verre.

« Merci love... »

Le brun sirote son milkshake en silence pendant qu'il dévore sa seconde portion de curry, et déclare au bout d'un moment :

« C'est super bon. Ça fait du bien d'avoir mangé un peu.

— Yeah ?! Tant mieux... J'en suis content. »

Et il est soulagé de voir que son homme ait réussi à manger un peu et de revoir quelques couleurs sur son visage. Alors, il avale une bouchée de curry et se lance.

« Pour demain love... Tu n'es pas obligé de faire la conférence de presse... Mais si on y va... Ne pas nier, ne veut pas dire qu'on est obligé de raconter notre vie... On peut faire la conférence de presse la plus courte de l'histoire... "Nous confirmons que nous sommes en couple. Et nous n'avons pas plus de commentaires à faire. Au revoir."

— Et tu crois pas que ça suffira que la comm le confirme pour nous ? J'veux dire... Pourquoi même se pointer pour dire un truc pareil ?

— Honnêtement ? Aucun intérêt... Mais, je préférerai le dire moi-même et maîtriser précisément les mots qui seront prononcés et être sûr qu'aucune autre question ne soit répondu. Je veux dire c'est facile de répondre à une question anodine genre "sont-ils sérieux ? vivent-ils ensemble ?..." Les chargées de com' ils veulent maîtriser le discours. Mais ils seront frustrés de ne rien dire du tout...

— Ben on peut pas les évincer non plus, si ?

— Qui les chargés de com' ? Si on choisit de faire la conférence de presse. Ils ne pourront pas parler pour nous. Si on refuse de répondre aux questions. Ils ne peuvent pas nous y obliger. Au pire on se fera sermonner après et quoi ? Menacer ? Mais Jake l'a dit... Ils ont trop besoin de nous ! Nous sommes leurs meilleurs joueurs cette année.

— Et si on les laisse faire... C'est quoi qui te gêne ? Qu'ils en disent trop ? Qu'ils disent de la merde ?

— Qu'ils en disent trop... Si on ne veut rien dire... Si on est prêt à donner quelques réponses alors c'est différent. Mais si on ne veut rien dire d'autre que de "confirmer notre relation" sans ajouter aucun détail. J'ai pas confiance. C'est tout ce que je dis.

— Ok... Donc ton plan c'est de te pointer, répondre à une question, et te casser ?

— Ouais... C'est un plan possible. Je dis pas que c'est le meilleur ou celui que je privilégierai... J'ai pas vraiment d'avis. C'est juste que ... J'ai réfléchi à ce que tu as dit que tu voulais pas te justifier tout ça... Et t'as raison. On n'a pas à se justifier... Mais on veut pas mentir non plus. Alors c'est un compromis possible.

— Hm ouais... Mais si on évince la comm... Moi ce que je crains c'est que les journalistes nous lâchent plus, parce qu'ils voudront plus de détails.

— C'est effectivement le risque. C'est pour ça... Je dis pas que c'est la meilleure solution. J'dis que c'en est une possible.

— Je vois... » Le brun soupire et pose son milkshake sur la table de nuit. « Ouais... Ben... Je sais pas, love. Je sais pas ce qu'il faut faire.

— Je sais pas non plus... »

Il se mordille doucement la lèvre puis regarde son homme, avec un léger sourire, rougissant peut-être un peu et il souffle.

« De mon côté... Sans parler de se justifier ou non... Je pense qu'il y a quelques trucs que je serais prêt à dire… »

Daiki fronce les sourcils et le regarde un peu perplexe :

« Comme quoi ?...

— Comme le fait que je suis sérieux avec toi... Qu'on vit ensemble... De toute façon ça... ils l'ont sûrement déjà compris... Et que ce sont les Lakers qui nous ont réunis et que nos coéquipiers nous soutiennent depuis le début...

— Oh... Je vois... » Daiki reste silencieux quelques instants, gardant les sourcils froncés, et ajoute finalement : « Dans tous les cas... J'aimerais avoir l'avis de la comm... Ils ont encore jamais géré un cas comme le nôtre mais après tout les scandales c'est aussi leur boulot… »

Il tique un peu au mot choisi par son homme. Il grommelle un peu dans sa barbe en venant se réinstaller contre lui et poser un baiser sur sa tempe.

« C'est pas un scandale... Mais ouais... Dans tous les cas, on verra ce qu'ils en disent. »

AOMINE

Il se demande comment appeler autrement un truc qui fait paniquer les réseaux sociaux et les oblige à faire une conférence de presse pour s'expliquer, mais il n'insiste pas. De nouveau il a le ventre noué rien qu'à penser à la journée de demain. Il n'a tellement pas envie d'y aller, il va vraiment falloir qu'il se fasse violence.

« Hm... Tu veux regarder un truc ?

— Ouais... On peut mater quelque chose. »

Taiga repose son bol vide sur le plateau et le pose à côté du lit. Il se relève pour se déshabiller et récupérer l'ordinateur. Puis, il revient se glisser sous la couette à côté de lui.

Il cherche un truc à regarder et lance un film un peu au hasard, se calant contre son homme tandis qu'il tâche de s'intéresser à l'intrigue, mais son esprit dérive, trop préoccupé pour vraiment parvenir à se concentrer.

Taiga le tient contre son torse un bras protecteur passé autour de ses épaules. Régulièrement, les lèvres de son homme se posent dans ses cheveux. Taiga n'a pas l'air très concentré non plus plus parce ce qui se passe à l'écran mais il peut l'entendre bâiller de plus en plus régulièrement.

Quand le générique défile, il a l'impression que son homme s'est assoupi. Il lui jette un coup d'œil pour vérifier, puis se réinstalle sur son torse et lance un autre film. Il n'est pas prêt à s'endormir, et il espère qu'à force d'essayer de se distraire, les pensées qu'ils ressassent perdront en puissance.

Finalement il regarde encore un film après celui-là, et finalement éteint l'ordinateur et sombre dans un sommeil troublé.