Tant qu' il y a de la vie…
Titre du 13/12/2023 : Tant qu' il y a de la vie…
Scorpion : Emma (OUAT)
E : Emma Swan
Créature 38 : Sorcière
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 41 : Neal
Défi Sarah & son cerveau n°248 - Votre perso est un héros
Quatre aspects de… Lumine : Famille : Écrire sur la mère de Kody ou écrire sur une famille qui est séparée.
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Neal pleurait toujours quand elle le rejoignit.
Emma ne savait pas si c'était de tristesse, de déception, de fatigue ou de désespoir, ou peut-être un mélange des quatre à la fois, mais en tout cas il pleurait.
Elle recula, hésitante, ne sachant pas trop quoi faire.
Cela faisait plusieurs minutes qu'il était seul, et qu'il sanglotait comme ça, les poings serrés, et elle savait qu'il voulait rester à l'écart un moment, mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas le laisser dans cet état et qu'elle voulait l'aider.
C'était ce que les amis faisaient les uns pour les autres après tout.
« Hé, fit-elle d'une voix hésitante, ça te va si je te tiens compagnie ?
Il essuya ses yeux rougis par les larmes avant d'acquiescer.
- Ouais, je… okay. On devrait y aller, Henry…
- On pensera à Henry plus tard, dit-elle en s'asseyant à côté de lui. D'abord, on va parler de ça, de ce qu'il va se passer et de comment on va essayer de gérer tout… enfin, ce truc. Toi… comment tu vas ?
- Je le déteste, lâcha-t-il d'une voix rauque et brisée, emplie de colère.
Emma fronça les sourcils.
- Ton père ?
Il secoua la tête avant de prendre une profonde inspiration pour se calmer.
- Non, pas lui. Pas pour ça en tout cas, je suis triste et en colère qu'il ne m'ait rien dit, mais… mais disons que ce n'est pas la pire chose qu'il m'ait jamais cachée et surtout… il a été honnête, sincère, même s'il ne l'a fait qu'une fois au pied du mur. Je parle de Peter Pan… Je trouve ça si ironique que dans le fond, ce soit dans la vérité et pas dans le mensonge qu'il se révèle le plus cruel et le plus doué pour nous faire du mal.
Elle ne pouvait qu'être d'accord avec lui.
La dernière fois qu'il avait réussi à les blesser, Neal le premier, ça avait été en révélant le secret se cachant derrière l'évasion de l'enfant perdu, le fait qu'en réalité, personne ne pouvait s'échapper de l'île ou en partir sans qu'il ne donne son accord.
Cette révélation était un coup de plus parmi tous ceux qu'ils avaient déjà reçus avant, et elle avait le sentiment que ce ne serait définitivement pas le dernier.
- C'est vrai.
- Je le hais pour ça. Pour être capable de nous enlever les dernières bribes d'espoir qu'il nous reste, comme ça, en un instant, comme si de rien n'était. Je le déteste tellement pour ce qu'il nous fait, jouer avec nous comme si ce n'était rien d'autre qu'un divertissement alors qu'il s'agit de nos vies, et je le hais aussi parce que… Parce qu'il connaît des vérités que nous ignorons nous-mêmes et qu'il s'en sert contre nous pour nous détruire alors que nous savons nous-mêmes toujours si peu de choses à ce stade… En premier lieu, pourquoi il a enlevé Henry. Je crois que c'est ça qui me fait le plus mal, qui me terrifie le plus, ne pas savoir contre quoi on se bat.
- Et en dehors de ça, pour… pour ton père ? Il a…
- Il a eu l'intention de tuer notre fils, oui. À une époque où il ne savait pas que c'était son petit-fils, ce qui ne rend pas ça moins horrible, parce qu'il voulait tuer un enfant innocent, sans le moindre état d'âme, mais… mais…
- Mais les choses ont changé, compléta-t-elle.
Elle comprenait, elle comprenait vraiment ce qu'il voulait dire par là.
Le fait que malgré tout, il voulait faire confiance à son père, croire qu'il n'était plus le même qu'autrefois.
- Tu… reprit-elle, d'une voix hésitante. Est-ce que tu as peur qu'il puisse faire du mal à Henry ?
Cette question la hantait depuis qu'elle savait pour la prophétie, depuis le moment où le Ténébreux leur avait avoué quelle avait été sa réaction en apprenant qu'un enfant qu'il ne connaissait pas causerait sa perte.
- Non, je… je ne pense pas. Il est venu avec nous malgré ça, il a tout fait pour nous aider à sauver Henry alors qu'il aurait pu tenter de nous ralentir et… avant j'aurais douté. Mais maintenant, je lui fais confiance. Vraiment. »
Emma allait continuer à avoir peur, c'était l'homme qui avait poussé Regina à lancer la malédiction qui avait brisé sa vie et lui avait volé l'enfance et l'existence qui auraient dû être la sienne après tout.
Ce n'était pas quelqu'un à qui on avait envie de faire confiance facilement.
Pourtant, elle avait envie de le faire.
Parce que le Ténébreux essayait vraiment de faire de son mieux et de changer et que tout comme Regina, il méritait d'avoir une seconde chance.
Et surtout parce qu'elle voulait à tout prix détromper Peter Pan, effacer ce sourire arrogant et suffisant de son visage, lui donner tort, ne pas lui donner la moindre raison valable de se moquer d'eux.
Même si la vérité qu'il leur avait asséné était dure et violente, ça ne changerait rien à leur quête commune, au fait qu'ils feraient tout pour sauver Henry.
Ils resteraient unis, malgré lui.
§§§§
Une fois de retour, Neal et Emma réalisèrent bien vite à quel point l'ambiance était pesante.
Ça n'avait rien d'étonnant, vu la bombe qui leur avait été lâchée dessus, et le fait que Rumplestiltskin soit encore au centre de l'attention ne les étonna pas non plus.
Il leur avait menti après tout.
Encore une fois.
Un mensonge par omission plus qu'autre chose, mais ça ne changeait rien au fait qu'il n'avait rien dit, qu'il n'avait pas parlé du fait que lui, Rumplestiltskin, le Ténébreux, un être immortel, allait peut-être mourir au cours de cette mission, si la prophétie se révélait vraie.
Si Henry causait réellement sa perte et que ça signifiait qu'il perdrait la vie dans un futur proche.
Le problème n'était pas seulement qu'il ait envisagé de s'en prendre au petit garçon, même si ce n'était plus d'actualité depuis longtemps.
Non, le problème c'était qu'il n'avait rien dit à ce sujet, qu'il ne les avait pas prévenus du fait que peut-être, peut-être Peter Pan allait le vaincre voire le tuer, tout ça parce qu'il tentait désespérément de sauver son petit-fils.
Ils savaient déjà que le sorcier était un adversaire redoutable, mais cette possibilité ne faisait qu'accentuer encore plus sa dangerosité.
Parce qu'ils le savaient tous également, le seul moyen de le tuer dans un monde pourvu de magie, c'était en utilisant sa dague, et ils le connaissaient assez pour savoir qu'il ne serait pas assez stupide pour permettre à son père de s'en emparer.
Alors, soit il trouverait un moyen de le faire et de mettre la main dessus, soit il tenterait de l'envoyer dans le monde sans magie et de le faire tuer là-bas, soit…
Soit il se débrouillerait autrement.
Comment, cela, ils ne le savaient pas, et ce n'était qu'une incertitude de plus parmi toutes les autres et Neal se sentait épuisé d'avoir peur, de n'avoir absolument pas la moindre idée de ce qui était en train de se passer, de n'avoir aucune certitude, de marcher à l'aveugle en tentant de toutes ses forces de ne pas se laisser prendre dans la toile d'araignée que Pan était en train de tisser autour d'eux.
Il voulait crier, hurler sa colère, sa rage, sa rancœur contre celui qui tentait une fois de plus de ruiner sa vie.
Ça aurait été si facile, de se laisser aller à la tristesse, de s'abandonner au désespoir, de renoncer parce qu'après tout, s'il n'avait pas réussi à fuir de lui-même autrefois, comment pouvait-il espérer sauver son fils et son père ?
Pourtant, c'était bien la fureur qui l'animait plus que tout le reste parce que comment, comment aurait-il pu accepter de lui abandonner ce qui lui était cher sans combattre ?
« Ta dague est en lieu sûr ?
Alors qu'il lui posait la question, l'évidence le frappa d'un seul coup.
Il n'allait pas lui demander de la lui donner.
Avant, il l'aurait sans doute fait, pour être sûr qu'il ne s'en prendrait pas à Henry, pour s'assurer que les ténèbres en lui et les voix dans sa tête (les entendait-il encore d'ailleurs ou bien parvenait-il à les chasser loin de lui face à cette situation désespérée ? Il n'était même pas sûr de vouloir vraiment le savoir.) ne l'envoient pas dans la mauvaise direction.
Il ne le ferait pas.
Déjà parce que ça aurait été plus stupide qu'autre chose, au vu des risques que leurs ennemis s'en emparent, et parce que personne parmi eux ne voulait d'un Peter Pan déjà surpuissant et immortel en Ténébreux.
Mais aussi et surtout parce qu'il lui faisait confiance.
Il n'était plus le garçon de quatorze ans à la confiance trahie par son père et son père n'était plus non plus le Ténébreux terrifié à l'idée de perdre ses pouvoirs.
Ils n'étaient plus les mêmes.
Son père hocha la tête.
- Bien sûr. C'est l'une des premières choses que j'ai faites quand on est arrivés ici. Je ne pouvais pas prendre le risque qu'il puisse me contrôler ou me tuer et prendre ma place.
- Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit ? Pas… le fait que Henry soit l'enfant de la prophétie et qu'il allait causer ta perte, ou du moins pas seulement ça, mais surtout… le fait que tu vas peut-être mourir ?
Le Ténébreux soupira.
- Tu… tu avais tellement de choses à gérer, la disparition d'Henry, tes retrouvailles avec les frères Darling, le fait qu'en fin de compte, Wendy était toujours prisonnière et qu'il fallait la sauver elle aussi, et sans parler de ton retour forcé au Pays Imaginaire… je ne voulais pas que tu ais à porter un fardeau de plus sur tes épaules. Tu en as assez comme ça. Alors j'ai préféré garder ça pour moi et m'en occuper tout seul. Comme d'habitude. Certaines habitudes sont difficiles à perdre.
- Et quand… quand tu dis que tu es prêt à mourir si ça permet de sauver Henry, est-ce que… est-ce que c'est vrai ?
- Ça l'est, tu peux me croire. Si c'est mon destin et que je ne peux pas l'empêcher, alors je ne me défilerai pas, je ne me comporterai pas en lâche. Pas cette fois.
Neal hocha la tête, intégrant ces nouvelles informations.
Puis, sans rien ajouter, il se dirigea vers son père pour le serrer dans ses bras.
- Non.
Contre lui, le Ténébreux fronça les sourcils.
- Quoi ? Comment ça non ?
- Non, tu ne vas pas mourir. Je… je ne sais pas comment on va faire, mais on va y arriver, ensemble. On trouvera un moyen. On vaincra Peter Pan, sauver tous ceux qui doivent l'être, et tu n'auras pas à mourir pour ça. Je te le promets. Je n'ai pas réussi à empêcher maman de partir, je n'ai pas pu sauver Wendy au bout du compte, je n'ai pas réussi à empêcher Henry de se faire enlever et emmener ici. Je refuse d'échouer une fois de plus et de perdre une autre personne que j'aime. Plus jamais. »
Non loin de là, Emma sourit, espérant que de là où il était, Peter Pan voyait ça et enrageait en constatant que malgré tous ses efforts pour les séparer et les éloigner les uns des autres, il n'y était pas parvenu.
§§§§
Les mots employés par Neal résonnèrent durant un long moment dans l'esprit du pirate.
On trouvera un moyen.
Il avait employé des mots semblables autrefois, dans un tout autre contexte.
Je trouverai un moyen.
Il les avait balancés au visage de Rumplestiltskin, juste après la mort de Milah, alors que la haine s'installait dans son cœur pour ne plus jamais vraiment en partir, que sa longue et implacable – et surtout, il fallait bien le dire, inefficace – vengeance avait commencé, pour durer pendant près de deux cents ans.
Ce moyen, il ne l'avait jamais trouvé.
Et maintenant qu'il était si proche d'abandonner, il n'arrivait même pas à ressentir de regrets.
Il aurait dû, sans doute.
Continuer à haïr Rumplestiltskin pour ce qu'il avait fait à Milah, et c'était ce qu'il ferait, de toute évidence, il ne le pardonnerait jamais pour ça et ce n'était pas comme si le Ténébreux s'était jamais excusé pour ça et il doutait qu'il le fasse un jour.
Ce n'était pas une question de pardon, plutôt de renoncement.
Et il savait déjà qu'il ne tenterait plus de le tuer, mais si jamais Peter Pan y parvenait et que le crocodile perdait la vie, il ne ressentirait pas la moindre tristesse, pas l'once d'une quelconque peine.
Et pas de véritable satisfaction non plus.
Parce que si Gold mourrait, alors Neal serait triste, dévasté même, en perdant l'un des derniers membres de sa famille de sang qu'il lui restait (et qui lui ne souhaitait pas sa mort contrairement à d'autres…) et rien qu'à imaginer sa peine, il se sentait lui-même…
Il ressentait de la tristesse lui aussi, alors que…
Oh.
Donc, si jamais le sorcier mourait, il se sentirait mal, mais pas parce qu'il serait mort, mais… à cause de ce que son fils ressentirait ?
Merde.
Il n'était pas censé autant s'impliquer que ça dans cette histoire, ce n'était pas censé le concerner.
Alors, à sa grande horreur, il réalisa qu'il serait peut-être prêt à tenter de sauver la vie de Rumplestiltskin si jamais celui-ci se trouvait en danger, définitivement pas par altruisme, ni même par pragmatisme, ce qui aurait pu être une raison tout à fait valable vu le contexte, mais uniquement parce qu'il n'avait pas envie que Neal souffre.
C'était…
Ça lui aurait semblé insensé, avant.
Désormais, ça lui paraissait, non pas logique, mais…
Presque normal, après tout ce temps passé avec Neal, sans savoir qui il était d'abord, puis en le sachant parfaitement sur cette île de malheur et alors que cette pensée prenait forme dans sa tête il réalisa une chose qu'il n'avait sans doute pas saisi complètement jusqu'alors.
Il s'était attaché à lui plus qu'il ne l'aurait pensé.
Plus qu'il ne l'aurait dû aussi.
Parce que renoncer à sa vengeance pour lui, c'était une chose, mais envisager de peut-être essayer de sauver celui qu'il avait passé tant de temps à essayer de détruire, ce n'était pas du tout prévu.
Ça avait un côté presque terrifiant.
Bien.
Il n'avait plus le moindre contrôle sur rien, c'était officiel.
Et il n'avait la moindre idée de dans quoi il s'était embarqué au juste.
Merveilleux…
§§§§
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
La question de Neal les prit tous par surprise.
Ils avaient dormi après la révélation de Pan qui les avait tous secoués, et dans le regard de l'ancien enfant perdu, une nouvelle lueur brillait, empli de détermination.
- On ne peut pas continuer comme ça, poursuivit-il, seulement marcher vers le camp, on doit… on a besoin de quelque chose d'autre, d'un plan d'attaque. De trouver quelque chose qui puisse arrêter Peter Pan, n'importe quoi. Est-ce que… vous avez une idée ?
Quand personne ne lui répondit, il n'en fut même pas étonné.
Ce n'était pas pour rien si personne n'avait réussi à le battre après tout.
Quelques secondes s'écoulèrent, puis son père prit la parole.
- Je crois que… je crois que je pourrais avoir quelque chose. Mais… mais cette chose se trouve dans ma boutique à Storybrooke.
- Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas emmenée avec toi alors ? Demanda Regina en fronçant les sourcils.
- Parce que je n'y ai pas pensé, lui rétorqua son ancien mentor, et parce que je suis venu ici en pensant accomplir une mission suicide, mais… mais si mon idée marche, alors… nous pourrions vaincre Pan sans être forcés de trouver un moyen de le tuer. Et je n'aurai pas à mourir. Même si l'idée de le voir disparaître ne me déplairait pas, avoua-t-il.
Comme nous tous, songea Emma.
- De quoi s'agit-il ? L'interrogea la Sauveuse.
- D'une boite. La boite de Pandore, nous pourrions l'enfermer dedans, il ne serait plus capable d'en sortir. Jamais. Il ne pourrait pas utiliser ses pouvoirs ou faire du mal à qui que ce soit. Pour l'éternité.
- J'aime l'idée de cette punition, fit Killian avec un sourire cruel et sadique, à son tour de subir ce qu'il a infligé aux autres par le passé. »
Personne ne le contredit.
Ils se lancèrent tous un regard rempli d'espoir.
Ils avaient un début de plan.
C'était déjà ça.
A suivre…
