Bonzour tout le monde!
Vous me voyez ravie de constater que vous avez tous survécu à la fin du monde (oui, parce que je suis sûre qu'au moins une fin du monde était planifiée ces derniers temps, DON'T TRY TO FOOL ME I KNOW HUMANS). Moi, comme vous le voyez, je me porte à merveille, surtout ma sans t mentale.
Bref, voici un nouveau chapitre qui vous permettra de (pas besoin de finir ma phrase, vous verrez bien en lisant ce que ce nouveau chapitre vous apporte). Sur ce, merci aux rares élus qui ont la générosité de me laisser des reviews, et bonne lecture!
La grand mère d'Arthur ouvre la marche et nous conduit dans un couloir éclairé par des globes probablement magiques qui répandent une étrange couleur dorée jusqu'à un salon de dimensions respectables. La pièce est éclairée par de hautes fenêtres, et est décorée dans des tons verts et or chaleureux. Je suis pas fan de jaune ou d'or, mais le vert m'apaise toujours, comme le bleu. Nous sommes au rez-de-chaussée et apparemment entourés d'un parc à la française, avec des buissons joliment taillés, une fontaine, et des allées de saules pleureurs dont les branches s'agitent doucement. J'aime bien, même si je préfère la nature sauvage.
La mère d'Arthur referme la porte derrière nous tandis que sa grand mère nous invite à nous asseoir dans l'un des larges canapés vert sombre regroupés autour de la cheminée. Elle montre l'exemple et bientôt nous sommes installés. Arthur est assis à côté de moi, et j'avoue que ça contribue largement à me mettre à l'aise. Sa mère claque des doigts, et un elfe de maison apparaît avec un « crac » sonore. Enfin, je suppose que c'est un elfe de maison. Rabougri, avec des longues oreilles pointues et pendantes, très similaire aux elfes de maison des films Harry Potter. Il possède néanmoins un tablier blanc très propre avec un blason tricolore sur la poitrine. Je ne m'attarde toutefois pas vraiment sur son aspect, plutôt sur son EXISTENCE. Je sais, les sorciers existent, blabla, j'en suis une, blabla, mais là je suis carrément confrontée à une créature magique, une autre espèce ! Je sens que je vais avoir BEAUCOUP de choses à débriefer avec mon esprit plus tard. Ces considérations mises à part, je trouve ça plutôt cool, sauf le fait de servir en soi, mais bon, au moins cet elfe a l'air bien traité. Et puis, si il voulait s'émanciper, il a des pouvoirs. Je le vois plutôt comme Mrs Winston, un domestique (et dieu sait comme je trouve encore l'idée d'avoir des domestiques cheloue malgré mon enfance numéro deux).
Bref, la mère d'Arthur lui demande de nous apporter une collation, ce qu'il fait avec empressement, et nous dégustons bientôt un bon verre de lait (en ce qui me concerne en tout cas) et un délicieux crumble aux pommes tandis que les adultes se contentent de scones et de thé. Les anglais… Je suis contente d'avoir gardé la plupart de mes préférences alimentaires dans cette vie, et surtout de ne pas être allergique à quelque chose que j'adorais autrefois, ça me permet d'avoir l'impression que je n'ai rien perdu de mon identité. Je suppose que mes goûts et dégoûts sont pas mal influencés par mon esprit de toute façon.
Enfin, j'oublie rapidement mes considérations métaphysiques lorsque la mère d'Arthur engage la conversation, me demandant de lui parler un peu de moi. Je lui dis que j'ai six ans, que mes parents sont moldus mais que j'ai déjà lu Harry Potter, ce qui me permet de ne pas être trop perdue. Je lui explique que je suis « surdouée », et elle a l'air d'être convaincue. J'en profite pour demander quelle part des romans est véridique, et comment ça se fait que ça aie été publié, dans le monde moldu en plus.
« On ne sait pas exactement qui a écrit ces romans. Le premier tome a été publié pendant l'année des ténèbres, alors que la communauté magique était très mal en point, dans le monde moldu. Il est passé plutôt inaperçu dans notre monde, mais à la fin de la guerre nous nous sommes aperçus que le ou la mystérieuse auteure avait déjà publié un deuxième volume. L'auteure connue par les moldus est protégée par des sorciers et le ministère n'a rien fait puisque les livres ne mettaient pas le secret magique en danger, toutes les informations sur les accès à notre monde étant inexactes. De plus, il y avait d'autres priorités, comme la reconstruction. L'œuvre s'est avérée un succès planétaire chez les moldus, et pour nous un bon moyen pour de faire découvrir nôtre monde aux nés-moldus. Ça nous apporte aussi un point de vue assez intéressant sur les événements qui se sont passés chez nous ces dernières années. D'après les déclarations des proches d'Harry Potter et de lui-même, tout est exact ou très proche de la vérité. Les spéculations sur l'identité de l'auteur vont toujours bon train. »
Après ça la conversation se poursuit un peu, et j'appelle chez mes parents pour les prévenir que les « parents d'un ami » me ramèneraient à la maison le lendemain. C'est Mrs Winston qui décroche, et elle manifeste un enthousiasme totalement démesuré à l'idée que je me sois fait un ami. Je raccroche avant qu'elle n'aie le temps de m'assaillir de questions. La grand-mère d'Arthur propose de nous amener au chemin de traverse le lendemain pour que je puisse découvrir un peu notre monde commun et j'accepte avec enthousiasme. Nous ne parlons pas du tout de la raison de ma présence chez eux. Je sens la mère d'Arthur un peu mal à l'aise vis à vis de moi, je crois qu'une fois de plus j'ai trouvé quelqu'un qui a du mal avec mon intelligence en contradiction avec mon âge apparent.
Finalement, je suis Arthur dans sa chambre car les adultes ont envie de parler « sérieusement ». Pour atteindre sa chambre, nous marchons jusqu'au bout du couloir avant de monter un escalier de marbre blanc, toujours éclairé par les globes lumineux. Pour ce que je vois de leur manoir, les Clifford sont définitivement très aisés, mais ne font pas pour autant dans le clinquant. Tout ce que je vois est à la fois sobre, élégant et probablement très cher. La chambre de mon ami se trouve près des escaliers, dans un nouveau couloir. La pièce est grande, à vue de nez je dirais cinq mètres de long sur quatre de large. Un blason de Poufsouffle couvre fièrement le mur face à l'entrée, accroché au-dessus d'un bureau bien rangé, équipé de plumes de couleurs diverses et d'une cage à oiseau. Une baguette magique repose en évidence sur le meuble. Les murs sont lambrissés avec un bois de couleur claire, peut-être du bouleau. Le reste du mobilier est constitué d'un lit à baldaquin aux rideaux bleus, d'une longue bibliothèque sur le mur de droite avec autant d'objets divers que de livres, de deux fauteuils bleu nuit disposés autour d'une table basse et d'une armoire imposante en bois elle aussi sur le mur de gauche. La pièce me plaît.
Je demande à Arthur : « C'est ta baguette ? ». Il répond par l'affirmative et va la chercher, avant de me la tendre sans hésitation. Elle est plus petite que celle que j'ai prise au pédophile, et le bois qui la constitue est clair. Elle est assez rigide. Arthur me dit fièrement : « Elle est en cèdre avec un crin de licorne ! D'après le vendeur, c'est une bonne baguette pour les Sortilèges, et ça m'arrange bien vu que c'est ma matière préférée. Tu veux que je te montre quelques sorts ?
-Oh oui s'il-te-plaît ! » ma voix trahit mon enthousiasme, mais je trouve ça génial.
J'oublie pour quelque temps la journée et même qui je suis pour profiter de l'instant. Arthur me montre quelques sorts comme le Lumos et un sort pour léviter. Il me fait voler un peu, puis, comme pour porter mon euphorie à son paroxysme il me propose d'essayer. J'essaye d'abord avec sa baguette, mais j'ai du mal à m'en servir. J'essaye avec hésitations la baguette que j'ai volée et malgré ma répulsion elle semble mieux me répondre, et je réussis plus ou moins à faire apparaître de la lumière. Je n'ose pas m'en servir trop longtemps, au cas où quelqu'un entrerait dans la pièce. Arthur finit par me montrer accio, et je me demande à combien évaluer la portée du sort. Je me souviens que dans le tome quatre Harry appelle le balai de sa chambre à l'arène, et je m'effraie de ce qu'il se passera si un oubliator vient ici et utilise un accio pour vérifier si nous avons emporté la baguette. Il faut que j'aille la cacher quelque part, à plusieurs kilomètres d'ici de préférence, le plus vite possible. Et de préférence, que je n'y touche plus avant d'être sûre qu'il n'y a plus de danger.
Arthur a dû voir ma mine s'assombrir, car il interrompt ses démonstrations, et me demande « Qu'est-ce qu'il y a ? ». Je mets de côté le fait qu'il faut que je cache davantage mes émotions pour lui exposer mon problème, il aura peut-être une solution. Il m'explique que même entraver les objets ne leur permet pas de résister au sort, et que pour un sorcier adulte un peu puissant il est sans doute possible d'attirer un objet même à un kilomètre de distance. Je lui dis qu'il faut que j'aille cacher la baguette au plus vite, et il propose d'aller dire à sa mère que nous allons nous promener dans le parc. Il revient bientôt et annonce avec un sourire que c'est bon, mais qu'il faudra faire attention parce que sa mère avait l'air inquiète et ne nous laissera sans doute pas longtemps seuls dehors. Quelle surprise après la journée qu'on vient de passer…
Nous sortons donc tous les deux dans le parc. Le soleil commence à être assez bas sur l'horizon, et je redoute déjà la nuit. Me retrouver allongée dans le noir à penser… Mais pour l'instant, le problème de la baguette est la priorité. Nous nous éloignons de la maison, et une fois hors de vue je dis à Arthur que j'aurai plus vite fait en allant seule chercher une cachette, mais il me fait remarquer fort justement qu'il connaît mieux que moi les environs. Il propose d'y aller seul, mais c'est impensable pour moi, ça impliquerait un niveau de confiance que je n'aurai plus jamais pour qui que ce soit. Et puis, les choses sont mieux faites quand je m'en occupe moi même, en général. Nous partons donc ensemble, car je n'arrive pas à le convaincre de rester, à mon grand déplaisir. S'il était resté, il aurait pu dire que nous jouions à cache-cache par exemple, pour justifier mon absence.
Nous partons en courant, mais ralentissons assez vite le pas pour nous économiser. Nous marchons une quinzaine de minutes, et j'espère vraiment que c'est assez loin, mais nous n'avons pas le temps de faire beaucoup mieux, de peur que l'on découvre notre absence. Arthur a pris la direction des opérations, et nous amène dans un petit parc. Je dissimule la baguette dans un creux entre les racines d'un arbre derrière un banc cassé qui me servira de repère, et je note soigneusement dans mon carnet l'adresse du parc. Nous rentrons au manoir des Clifford aussi vite que possible et la mère d'Arthur nous accueille, inquiète, à l'entrée.
« Où étiez vous passés ? Ça fait cinq minutes que je vous appelle, et on allait commencer les recherches !
-Désolé maman, on jouait à cache-cache et on s'est un peu éloignés… Vraiment désolé ! »
L'air piteux d'Arthur a l'air authentique et l'est sans doute. Il serre sa mère dans ses bras pour la deuxième fois de la journée, et elle nous fait rentrer dans le manoir. À part moi, je suis à la fois surprise et extrêmement reconnaissante de ce que le gamin fait pour moi. Je doute fort que mentir à sa mère soit dans ses habitudes, par exemple.
Nous mangeons le repas du soir presque en silence avec la mère et la grand-mère d'Arthur, apparemment son père est en visite dans l'une de leurs propriétés en Irlande. Après le repas l'elfe de maison me conduit à une chambre au même étage que celle d'Arthur, mais plus petite. Le lit est large mais sans baldaquins, et la décoration est rouge et argent. Les meubles sont un peu vieillots. Avant de me quitter, l'elfe me montre aussi la salle de bain et propose de nettoyer mes vêtements pendant que je me douche, et j'accepte avec bonheur. Même si la mère d'Arthur a nettoyé le plus gros des dégâts, il reste quelques tâches suspectes et de la saleté sur mes habits. Je prends donc une douche avant de rentrer dans la chambre qui m'a été attribuée, et ai la surprise de trouver ma valise à l'entrée. Je la fouille pour trouver des vêtements de rechange que j'enfile en hâte avant de m'asseoir sur le lit, épuisée. Je jouis un instant de son confort bienvenu, puis Arthur frappe à ma porte et entre sans attendre la réponse. Je me lève à son entrée, prête à lui faire remarquer qu'il pourrait respecter ma vie privée, mais sa mine un peu embarrassée m'arrête.
« Je voulais te dire bonne nuit, et aussi te remercier pour aujourd'hui. Tu m'as sauvé la vie, merci.
-Tu as sauvée la mienne, tu ne me dois rien.
-Tu avais dis qu'on ne devait pas y aller, et on t'a pas écoutés. Tu as tué quelqu'un pour nous ! »
Je n'ai pas envie d'avoir cette conversation maintenant et je ne veux pas de sa reconnaissance. Je réponds quand même, priant pour qu'il me foute la paix et me laisse gérer mon cerveau, ce qui est déjà bien assez : « Je l'ai fait aussi pour moi. Tu devrais aller dormir Arthur, faut que tu sois en forme pour me montrer ton monde demain ! »
Il hésite un instant avant d'acquiescer, l'air de vouloir ajouter quelque chose, mais finalement il se rapproche de moi et me prend dans ses bras sans prévenir. Je me raidis, mais ne m'écarte pas, choquée. Heureusement, il me relâche vite, et répète : « Merci.. ». Il se rapproche enfin de la porte et ajoute « Ma mère m'a donné une potion de sommeil sans rêves pour cette nuit, si tu veux je peux t'en donner un peu ?
-Non merci, je n'en ai pas besoin ». Je l'accompagne à la porte et je referme derrière lui, à clé ce coup-ci. Je pourrais prendre cette potion et dormir, bien sûr, mais je ne veux prendre d'aucune drogue, et cette potion serait juste une fuite. De toute façon, il faudra que j'affronte mes pensées, et je n'ai pas besoin de ça. Je suis plus forte que ça.
Il faudra que je réfléchisse à quelles potions je considère comme des drogues et lesquelles je pourrais accepter d'ingérer. M'enfin, ça attendra… Pour l'instant, je retire mon pantalon, glisse mon carnet et mon poignard sous mon oreiller et m'allonge enfin pour dormir.
Je reste les yeux grands ouverts dans le noir pendant ce qui me paraît une éternité. Je sens que mon corps est épuisé, mais je ne peux pas dormir. Une part de moi pensait que si je me retrouvais à nouveau dans une situation où quelqu'un essaierait d'aller trop loin avec mon corps, ce coup ci je saurais l'empêcher… Dans cette nouvelle vie que j'ai jamais désiré, en étant armée, en étant enfant, je croyais que ça pourrait être différent. Mais maintenant, je connais la vérité. Je reste la chose traumatisée que je suis devenue dans mon autre vie. Si Arthur n'avait pas été en danger je n'aurais pas pu bouger, sort de paralysie ou pas. Le sort de paralysie… La sorcellerie. Je suis convaincue que c'est réel, puisque tout le reste ne peut pas avoir été un rêve. Si j'avais su ça plus tôt, j'aurais pu aimer cette nouvelle vie, je crois. À présent, je vois juste ça comme une bonne explication à ma réincarnation. Tellement plus de possibilités sont offertes pour l'expliquer… Grâce à la baguette du pédophile, je devrais réussir à accéder à des lieux magiques, et à me documenter.
Le pédophile… Je me revois lui planter ma lame dans le cou, je ne pensais pas que c'était si facile. J'ai tué quelqu'un. C'était justifié, c'était pour défendre un ami. Le sang m'a éclaboussée, j'ai tué quelqu'un. Mes muscles se souviennent, et la scène se rejoue dans ma tête, j'ai enregistré des détails inattendus. Son expression quand il est tombé à terre, la sensation de son sang chaud, l'odeur aussi. Je sais aussi cette sensation de puissance que j'ai ressenti. J'ai tué quelqu'un. Étrangement, je me dis que techniquement en me tuant j'ai déjà fait ça. Mais c'est très différent. Je m'en veux d'avoir tué, mais pas d'avoir tué cet homme. C'est bizarre à décrire. Je sais que ce que j'ai fait est juste de mon point de vue, et je le referai autant que nécessaire pour défendre mes amis, enfin, si j'en avais… Arthur ne compte pas vraiment, il n'est pas un vrai ami, mais quelqu'un qui a été bon pour moi et pour qui j'ai de l'affection. Je suis fière d'avoir agi comme je pensais que je le ferais en une telle situation, et en même temps j'ai tellement perdu… Et je reste néanmoins un bloc de pierre, mes émotions demeurent bloquées. J'ai l'impression que mon insensibilité s'était un peu atténuée ces dernières années, mais à présent je retrouve les sensations que j'avais dans ma première vie et à ma résurrection. Rien ressentir, sauf les choses les plus intenses, et la souffrance, atténuée.
Mon cerveau n'arrive pas à se décider entre se souvenir du pédophile me touchant et touchant Arthur, ou celui de mon poignard dans sa gorge. Je le sors de sous l'oreiller justement, et je l'observe longuement. Je l'ai bien nettoyé, et il n'y a déjà plus de sang. Je l'applique sur ma gorge, et je sens son fil acéré. J'appuie, et j'ai envie d'aller plus loin, de me tuer à nouveau, mais je ne peux pas me le permettre alors que je viens d'apprendre que la magie existait. Je me sens vide. Quentin me manque tellement ! Le vide à la place de mon cœur est douloureux. Je commence à pleurer en suffocant, j'étouffe le bruit dans l'oreiller. J'ai tant perdu. Qu'est-ce que Quentin penserait de moi à présent ? Faible, meurtrière, lamentable. Toujours incapable de se battre. Il me manque. Pourquoi Arthur m'a pris dans ses bras ? La sensation m'a fait me souvenir de quand Quentin le faisait, et que ça me faisait me sentir mieux. Le contact en lui même ne m'a fait ni chaud ni froid, et n'a fait que faire remonter un mélange de souvenirs heureux et de viol.
Il faut que je me coupe. Je sors une lame de rasoir de la couverture de mon carnet. Je n'ai pas complètement perdu le contrôle de moi, alors je coupe en haut des jambes, pour que personne ne voie rien. Comme ce n'est pas satisfaisant, j'attaque aussi un peu les bras, mais je n'arrive pas à me modérer, tant pis, je mettrais des manches longues. Je bois un peu de sang tout en pensant à ce que Quentin dirait. Ça lui ferait de la peine… Mais il n'est pas là, et il ne sera plus jamais là. Je l'ai laissé tombé, il m'a laissée tomber, peu importe. Il est temps que je renonce à lui. J'hésite un instant, et applique la lame juste au-dessus de ma clavicule, près du cou mais suffisamment bas pour qu'un tee shirt dissimule la plaie. J'appuie autant que j'ose, me défiant d'aller plus loin, et je trace lentement un trait assez profond. Ça fait mal. Lorsque je m'arrête, l'entaille est longue d'environ cinq centimètres et profonde de trois ou quatre millimètres. Elle saigne bien.
Je me sens vide, et je range enfin ma lame après l'avoir nettoyée sur un mouchoir. J'attends que mes plaies aient fini de saigner pour m'allonger. Celle à la clavicule saigne encore un peu mais c'est pas grave. Je fais en sorte que les draps n'entrent pas en contact avec elle. Je reste à nouveau les yeux ouverts pendant longtemps et je dors mal. Trop chaud, trop de tension, trop de pensées. Finalement, quelqu'un frappe à la porte et je me réveille instantanément.
C'est Arthur qui m'annonce que le petit-déjeuner est servi. Je lui crie que j'arrive et inspecte rapidement mon corps. Mes entailles sont une fois de plus moins nombreuses qu'elles devraient l'être, et mieux cicatrisées, à l'exception de celle au cou. Je me demande quel rôle joue ma magie là dedans. Est-ce possible que j'en aie fait accidentellement pour guérir plus vite ? Ou est-ce que les sorciers ont une plus grande vitalité que les moldus ? Un peu des deux sans doute. Le fait que la cicatrice symbolique que je me suis faite pour Quentin soit la moins cicatrisée me fait penser que la première hypothèse, en tout cas, est sans doute vraie. Et puis, mon corps est très jeune, ça doit aider aussi.
Bref, je change rapidement de vêtements, prenant soin de choisir un tee shirt à manches longues, et range soigneusement tout le reste dans ma valise, que je ferme. Mes plaies fraîchement cicatrisées me brûlent, mais j'accueille la douleur comme on accueille une vieille amie. C'est quelque chose de familier, et qui me soulage.
La grand-mère d'Arthur est seule à partager le petit-déjeuner avec nous, apparemment sa mère a déjà mangé et avait des affaires à régler au ministère de la magie. Elle porte une cape sorcière et une robe qui m'évoque un peu la renaissance, je porterais pas ça mais j'aime bien. Arthur porte un jean, un polo bien ajusté et une écharpe de Poufsouffle. Je suppose que ma tenue moldue ne détonnera pas trop, même si je repère une cape de sorcier posée près de la chaise de mon camarade.
Nous finissons tout juste de manger quand l'elfe de maison vient nous annoncer qu'un visiteur est à la porte. La grand-mère d'Arthur nous envoie nous préparer pendant qu'elle l'accueille, mais quand nous redescendons nous la voyons en compagnie d'un des oubliators de la veille. Il est en tenue de sorcier, cette fois ci, et nous adresse un regard qui se veut amical mais qui ne me met pas à l'aise du tout. Je regarde rapidement Arthur et ce que je vois ne me plaît pas, son stress est trop visible. J'espère avec ferveur que les adultes mettront ça sur le compte des souvenirs traumatisants de la veille. L'homme ne nous fait heureusement pas languir et prend la parole : « Je suis désolé de vous déranger si peu de temps après les événements, mais nous n'avons pas pu retrouver la baguette de votre agresseur dans sa cabane, et je voulais savoir si vous saviez où elle est »
Je m'y attendais, mais je n'ai pas vraiment d'histoire toute prête. J'espère juste que la baguette est vraiment hors de portée d'accio, et que l'oubliator ne va pas utiliser de légilimancie.
Je dis juste que je ne sais rien, et espère très fort qu'Arthur ne va pas me dénoncer et que je n'ai pas eu tort de lui faire plus ou moins confiance… En parlant de lui, je le vois hésiter puis prendre la parole avant que je ne puisse paniquer.
« À vrai dire, monsieur, pendant que Vivian calmait les moldus et les amenait dans la cuisine j'ai pris la baguette et je l'ai brisée et jetée dans la mer. Je ne savais pas si on viendrait nous aider et quand, et si les moldus n'allaient pas paniquer. J'ai pensé que c'était dangereux de laisser la baguette dans la cabane.»
Un court silence suit la déclaration d'Arthur, admiratif et choqué pour moi, songeur et fier pour sa grand-mère. L'oubliator reprend la parole, et il semble à la fois impressionné et embêté
« Et bien, ça explique des choses… J'aurais préféré que nous puissions détruire nous même cet objet, mais au moins il ne risque pas d'être trouvé par des moldus trop facilement. Nous essaieront quand même de la retrouver. Bien réfléchi, jeune homme. Tu es élève à Poudlard, c'est ça ?
-Oui monsieur, en deuxième année à Poufsouffle.
-Tes professeurs doivent être fiers de toi. Bien, je ne vous embêterait pas plus longtemps, je vous souhaite une bonne journée. »
Et aussi simplement que ça, l'homme repart, raccompagné par l'elfe de maison. J'arrive pas à croire qu'Arthur vient de mentir à l'oubliator comme ça. Et en plus, avec une excuse crédible ! J'ai sous-estimé ce gamin, on dirait. Pourquoi il fait ça pour moi.. ?
La grand-mère d'Arthur interrompt le flot de pensées qui tourbillonne dans ma tête en déclarant
« Si vous êtes prêts, voulez vous que nous y aillions? »
Nous acquiesçons tous les deux et la vieille dame nous amène dans une nouvelle pièce, un salon doté d'une grande cheminée.
« Nous allons voyager en cheminette, je trouve ça plus confortable que le transplanage. Alors, Arthur, tu sais faire, tu passeras en premier. Puis la petite, et je vous suivrais. »
Le processus est exactement celui décrit dans les livres, et Arthur disparaît tout de suite après avoir crié « Chemin de traverse ! » et être entré dans les flammes émeraude. À mon tour, j'effectue les mêmes gestes, redoutant un peu la morsure du feu tout en admirant sa couleur. Tout se déroule sans encombre, car je me sens aspirée. Je ferme mes yeux une seconde, et me retrouve ailleurs.
Je suis heureuse de t'avoir rencontré. Tu as peut-être l'impression que tu ne sers à rien, que je vais toujours mal, mais c'est faux. Tu m'as rendu mes émotions, et tu m'as soutenu depuis qu'on se connaît. Tu ne laisses pas tomber, même si ce serait tellement plus simple. Tu as su m'écouter, et malgré moi j'ai fini par te faire confiance, même si je meurs de peur. J'ai besoin de temps pour changer, pour aller mieux, c'est vrai. Mais tant que tu es là je sais que je pourrai y arriver. Merci.
-SMS envoyé par Aurore Berger à Quentin Lemage, 03/10/06-
Et voilà^^
Encore un chapitre un peu plus conséquent qu'au début. Encore un peu de patience pour découvrir le monde magique...
Et moi je vous abandonne. Je voyage pendant les deux prochaines semaines donc je suis pas sûre de poster, mais vous aurez un nouveau chapitre ce mois ci, pas d'inquiétude.
À bientôt donc, en espérant avoir de vos reviews.
Signé: Une loutre germanophile (ouais bon, j'écoute une chanson en allemand, pas besoin de chercher loin pour l'inspi)
