Yo,

R.A.R :

Bouh-ahh : Merci pour ton engouement et ta fidélité. Je suis désolée de ne pas réussir à poster plus fréquemment mais je te promets d'intéressantes évolutions pour ces personnages dans cet univers ! Merci de continuer à me lire, bonne lecture pour ce chapitre.

Voici le chapitre 5 de l'acte I.
Bonne lecture !


18h00

L'hôtel de Red Mama était une maison close et toutes les castes le savaient pertinemment. Jamais cette décision de construire une telle demeure n'avait été contestée. À vrai dire, les Lords et les Pasteurs n'avaient aucunement financé le projet mais ne l'avait pas pour autant arrêté car, de toute évidence, bien qu'ils n'osaient jamais en parler en bonne société, nombreux passaient les portes à la tombée de la nuit. Un seul donateur avait rendu à cette maison close cet aspect d'hôtel particulier accueillant et fastueux : Marechiyo Omaeda. C'était un Pasteur embourgeoisé qui avait fait fortune dans le commerce d'étoffes jusqu'à devenir le fournisseur particulier du Palais des Heptas et du Roi. D'un naturel fier et orgueilleux, Marechiyo ne manquait pas de rappeler sa participation financière généreuse à chaque fois qu'il venait en soirée, tant pour marquer l'esprit des autres clients à son égard que pour avoir d'intéressantes démarques sur la marchandise. Car aussi riche qu'il était, son avarice avait aussi peu d'égal. Néanmoins, cette maison close ne marchait pas par ses seules poutres en bois de grande qualité ni par ses tapisseries, divans et chambres au confort irréprochable. Tout le monde s'accordait à penser que la véritable maîtresse de maison était Red Mama, qui avait fini par aussi être le nom de l'établissement.

Red Mama était une femme d'une grande beauté, la trentaine passée et d'un physique plantureux qui lui avait valu le surnom de Mama. Red provenait de la couleur de ses cheveux, d'un roux flamboyant. Son vrai nom était en vérité Rangiku Matsumoto. Ainsi cheffe de la maison, elle s'occupait de rendre ce commerce florissant en faisant travailler une quinzaine de femmes et hommes de tous les âges.

La soirée allait bientôt débuter. Elle ne pouvait compter que sur les quelques heures entre la fin d'une journée de travail et le couvre-feu pour des clients Dogs. Ensuite venaient les Sinners puis quelques fois des Pasteurs et des Lords en pleine nuit. Elle gardait pour elle bon nombre de secrets qu'elle faisait plus au moins valoir contre une autre forme de rémunération en échange.

— Sers-moi un verre, tu veux bien ? Quelque chose de fort.

Une jeune femme s'était installée sur un des hauts tabourets du bar et massait une de ses épaules en fermant les yeux d'un air fatigué.

Rangiku sourit à cette vue et remonta la bretelle de sa robe rouge avant de mieux la descendre sur ses cuisses. Elle parvint ensuite derrière le bar et prépara un verre avec un fond d'alcool. Deux glaçons résonnèrent en s'entrechoquant et Rangiku glissa en avant le verre sur le bar. Il n'y avait personne encore dans la grande salle et les deux femmes étaient bien seules au comptoir à discuter.

— Tu sembles inquiète, même après ce qu'on a fait, ma chère Yoruichi ; remarqua sarcastiquement la rousse ; Ne me dis pas que c'est de ma faute !

La dénommée Yoruichi prit enfin le verre et but cul sec. Elle soupira grandement pour accompagner son geste et ouvrit enfin les yeux :

— Tu plaisantes, n'est-ce pas ? C'est toujours un plaisir. En revanche, ce qui me trotte un peu plus l'esprit, c'est qu'Urahara m'a demandé de le rejoindre ce soir.

— Tu ne t'inquiète pas trop de le voir en général, non ?

La question s'accompagna d'un clignement d'œil et d'un sourire complice. Yoruichi sourit à son tour avant de planter sa tête dans sa main, accoudée au bar :

— Oui, mais là, c'est pour une réunion d'urgence avec quelques Pasteurs de confiance.

— Oh ! Les affaires reprennent, dis donc ! Je vais être jalouse… Moi qui me disais justement que tu allais passer plus de temps avec moi car on n'avait moins besoin de tes services !

Rangiku parut un instant boudeuse et resservit Yoruichi en rajoutant un verre pour elle-même.

— N'y compte pas trop, j'ai un mauvais pressentiment ces derniers jours. Et je déteste ne pas pouvoir prévoir ce qu'il va se passer.

— Mh ? Les Heptas se font plus discrets ?

— Va savoir… En tout cas, cela fait bien trop longtemps qu'aucun d'eux ne m'a parlé. Comme s'ils se regroupaient entre eux pour mieux décider ce qu'il fallait faire. Un peu comme s'ils étaient inquiets.

Les femmes continuèrent à boire lentement.

— Je suis persuadée que cette histoire d'évadé de Prison n'est pas anodine à tout ça.

— Encore cette enquête…

— À ce propos…

— Nous y voilà ! Tu es donc bien venue jusqu'à moi pour une information !

Yoruichi afficha un petit sourire malicieux que Rangiku trouva bien trop charmant. Elle fit pourtant mine de bouder en regardant la fin de son verre, le regard triste :

— Moi qui me disais qu'un bel amour allait commencer à naître entre nous, je peux encore aller me gratter…

— Ahah ! Ne dis surtout pas ça devant Soi Fon, elle serait encore complètement jalouse de toi !

Rangiku rit aussi avant de finir son verre :

— Je vois mal cette petite venir ici et tu sais bien que ce qui se passe au Red Mama reste au Red Mama ! dit-elle en posant lourdement son verre contre le bar avec un sourire radieux ; Dis-moi plutôt l'info qui te manque.

— La nuit de la mort du Freak. Une équipe à Nnoitra s'est baladée dans toute la ville. Ils se sont arrêtés chez toi, n'est-ce pas ? Pour rechercher un suspect ?

— Hm, bien vu, trésor. Ils sont venus ici pour fouiller la maison.

— Dis-moi ce qu'il s'est passé.

— Ils cherchaient les faux-monnayeurs, pardi. Nnoitra a bel et bien déguisé la fuite du Freak. Il l'a laissé quitter la Prison en lui laissant une petite marge d'avance. Ce qu'il souhaitait en faisant cela, c'était trouver un faux-monnayeur que le Freak aurait appelé pour avoir une nouvelle plaque.

— C'était un plan parfait pour lui tomber dessus par surprise…

— Sans doute. Mais il semble que ce Mayuri n'était pas aussi faible que ce que Nnoitra prévoyait. Il l'a blessé à la cuisse pour le retrouver à la trace. Mayuri ne s'est pas fait facilement avoir. Les Sinners ont commencé à le perdre et sont donc venus chez moi pour vérifier qu'il n'était pas là. C'est à ce moment que je les ai entendus raconté toute l'histoire.

— Tu les as laissé faire ?

— Ce ne sont pas mes affaires... Ce Freak je ne le connais pas, de même que ces faux-monnayeurs. Mais quand on entre ici, on consomme, c'est ma règle. Alors j'ai un peu fait boire ces Sinners et je leur ai donné une ou deux filles. Je n'ose même pas savoir comment ils ont dû se faire mousser par le Commandant après ça ! Ça m'a bien amusé de leur faire perdre du temps…

— Mais tu n'en sais pas plus ?

— Je n'ai jamais vu l'hakama bleu d'un Freak ni même senti les mains rugueuses d'un forgeur de plaque… Je ne suis au courant de rien de plus, si ce n'est que cette enquête n'avance pas et que le Commandant fulmine dans son coin.

Yoruichi soupira. Les premiers clients entraient déjà et les filles et garçons de l'établissement descendaient à toutes volées des escaliers pour les accueillir.

— Je pense qu'Urahara veut me voir pour parler de ça… Et particulièrement de Nnoitra…

— Tu cherches à mener l'enquête dans ton coin toi aussi ?

— Personne n'est au courant pour ces faux-monnayeurs. Urahara n'a aucune idée de qui il peut s'agir. C'est bien la première fois que quelque chose lui échappe ! D'ordinaire rien n'aurait su me faire plus plaisir ! Mais là… je t'avoue que ça finit par m'inquiéter. Quand ça chauffe là-haut, ce n'est jamais bon pour nous…

— Je peux t'assurer que les Dogs non plus ne semblent rien savoir. J'entends beaucoup jaser ici mais rien à ce sujet…

Un groupe de trois Dogs hélèrent gentiment Rangiku pour commander leurs boissons. Ce fut ainsi que s'acheva leur conversation. Yoruichi descendit du tabouret avec l'agilité d'un chat et resserra sa queue de cheval. Ses longs cheveux sombres aux reflets violets retombaient sur les pans de sa combinaison noire et moulante qui s'ouvrait sur une poitrine qui n'avait rien à envier à celle de Red Mama.

— Je te laisse, merci pour ces infos, Ran' !

— Et merci à toi d'être venue me voir, ma chère ! répondit avec nonchalance son interlocutrice tout en remplissant les verres de bière.

Yoruichi lui fit un clin d'œil et sortit enfin de l'hôtel. L'air était plus frais et le ciel était déjà bien assombri. Elle ne devrait pas traîner, sinon Urahara allait encore lui faire une scène.

OoOoOoOoOoOoOo

Au même moment. Demeure de Zaraki Kenpachi.

Grimmjow frappa l'eau de sa main pour dissiper son reflet. Le geste si soudain et vif éclaboussa Ichigo et Ulquiorra qui se tenaient tout à côté de lui. Pour le bain, c'était une économie d'eau de se laver les trois dans la même bassine mais, en grandissant, la tâche devenait de moins en moins aisée.

— Raah, j'arrête pas d'y repenser maintenant !

Ulquiorra arrêta de frotter son bras avec le savon et Ichigo sourit tristement à son frère en rage :

— Du calme, Grimm', il ne s'est rien passé de grave. Et puis, les Pasteurs nous sont venus en aide, ça n'arrivera plus.

— Quand même ! Pourquoi un Sinner peut-il avoir tous les droits sur un Dog pour obtenir des informations ? Ils auraient pu nous frapper pour entendre ce qu'ils voulaient !

— Les Sinners assurent la sécurité de la Cité ; répondit Ulquiorra avec pragmatisme ; Quand la sécurité est ébranlée et qu'une enquête est ouverte, ils doivent obtenir des informations pour avancer. Ça n'a rien d'insensé quand on y réfléchit. C'est juste… violent…

— Mais tous les Sinners ne sont pas comme ça ! Ceux qui s'occupaient de mon interrogatoire étaient plutôt calmes et réfléchis…

— On parle du Commandant là ! rugit Grimmjow ; Celui qui est sensé montrer l'exemple et conduire les troupes ! Tu parles d'un chef ! Nnoitra est un sale…

— … Stop. Pas un mot de plus.

Ulquiorra avait levé la main hors de l'eau et la paume touchait presque la bouche de Grimmjow. Ichigo enquilla :

— Tu sais bien qu'on ne doit pas insulter nos Supérieurs ; chuchota Ichigo ; Si Zaraki t'entend, tu passeras un mauvais quart d'heure…

Grimmjow haussa les sourcils puis ferma les yeux en soupirant bruyamment, épuisé par sa propre colère, tandis qu'Ulquiorra retira sa main et continua de se lever. Il gratta son crâne en grognant dans son coin. Son reflet réapparut enfin dans l'eau. Ses cheveux bruns retombaient sur ses yeux bleus et une petite bosse apparaissait entre les mèches au niveau du front. La blessure était survenue après que Nnoitra ait frappé sa tête contre la porte.

— M'énerve cette histoire…

— Nous n'avons rien à voir avec ça, les Sinners finiront par comprendre ; espéra Ichigo en prenant à son tour le savon.

— Quand même… Quelle histoire pour de simples plaques… Ça vous laisse tellement indifférent ?

— Eh bien, hum… ; réfléchit Ichigo un peu gêné ; disons que je n'y ai jamais vraiment réfléchi…

— Ce ne sont surtout pas nos affaires ! Nous, nous sommes Dogs et nous avons nos plaques ! Si vous voulez mon avis, la personne qui fait cela doit être complètement folle. Prendre de telles risques pour des Freaks… ; reprit Ulquiorra d'un air moralisateur.

— Vous n'avez pas envie de résoudre cette affaire, vous ? De savoir qui fait ces plaques et pourquoi ?

— Tu rigoles, j'espère ? C'est sans doute la plus dangereuse affaire où fourrer son nez !

— Ça doit être quelqu'un de super fort et intelligent… Quelqu'un qui doit être assez malin et agile pour filer à chaque fois entre les doigts du Commandant. Peut-être qu'il ne réussit pas tous ces coups mais… J'espère qu'il embêtera encore longtemps Nnoitra !

— Grimmjow ! Tu m'écoutes quand je parle ? J'ai dit que c'était trop dangereux ! Si on t'entendait, ça pourrait être de la rébellion. Tais-toi maintenant et savonne-toi. L'eau est presque froide.

Ichigo lui tendit le savon et Grimmjow s'en empara. Tandis que ses frères se rinçaient, il frotta son corps en regardant continuellement son visage en reflet dans l'eau, l'air pensif.

— Malin et agile, hein…

Lorsque les enfants eurent terminé leurs bains, ils sortirent de la salle d'eau vêtus de leur pyjama. Il n'y avait personne au rez-de-chaussée. Un grand silence s'était installé dans la pièce de séjour et la cuisine. La porte d'entrée était légèrement ouverte. L'air frais s'engouffrait au gré de la bise du soir et venait chatouiller les chevilles nues des garçons qui frissonnèrent. À l'entrée, on distinguait dans l'ouverture la silhouette immense de Zaraki qui fumait une cigarette dehors. Les garçons se dirigèrent sans attendre vers l'escalier pour monter à leur chambre :

— J'vous jure… Depuis quand s'est-il remis à fumer, lui ? chuchota Grimmjow en menant la marche.

— Tais-toi et avance, j'ai froid ; répondit Ulquiorra, coupant court à la conversation.

Ichigo, qui terminait la file indienne ne répondit pas. En fait, il ne monta pas les escaliers comme ses frères. Il fut attiré par son tuteur qui restait là, silencieux et immobile dans la nuit. Il s'avança lentement. Il ne savait pas pourquoi il cherchait tant à être discret et silencieux.

— Tiens, tu es là, toi…

Le petit rouquin ne sut pas vraiment quoi dire et se contenta de rester tout près de la porte. Toute la journée, Zaraki avait été silencieux tout en affichant une mine grave, presque inquiète. Il ne les avait pas réprimandés, même si Grimmjow avait crié contre un Sinner. Et durant tout ce temps depuis le recensement, Ichigo s'était mis à réfléchir à propos d'une chose.

— Si tu attends une cigarette de ma part, tu vas être vite déçu, mon garçon ; dit Zaraki avec amusement.

— Ça faisait longtemps que tu n'avais pas fumé ; répondit Ichigo en jetant un coup d'œil au dehors comme pour fuir le regard perçant de son tuteur.

— Tu as raison. Assure-toi que je ne recommence pas de sitôt. Je le fais avant que Yumichika n'arrive sinon il me bassinera encore une bonne heure dessus. Tu veux bien garder ça secret, Ichigo ?

Le petit garçon hocha la tête, fier d'avoir un secret à garder, surtout s'il venait de son tuteur.

— Vous avez eu une rude journée aujourd'hui, tu n'es pas fatigué ?

— Si, si… je vais rejoindre Grimmjow et Ulquiorra.

Zaraki expira la fumée de sa dernière bouffée et finit par jeter le mégot dans la tonnelle en fer qui brûlait juste à côté de lui.

— Tu avais envie de me parler de quelque chose.

Ichigo se sentit démasqué mais trouva dans le regard de Zaraki une certaine bienveillance qui le rassura et le poussa à parler.

— Oui. J'ai… J'ai un peu peur que tu t'énerves si je te le dis.

Zaraki répondit d'un rire sec et franc :

— Aah, Ichigo, tu ne risques pas de m'énerver autant que ta bleusaille de frère, n'aie pas peur. Dis-moi ce qui te tracasse au lieu de te geler sur le palier.

— Oui. Eh bien… À mon recensement, un des deux Sinners devait avoir environ le même âge que toi. Quand on a trouvé mon numéro sur le registre, il y avait écrit que tu étais mon tuteur et… le Sinner a eu l'air de te connaître… Il a dit « ce cher Zaraki »…

L'adulte le regardait, silencieux, en hochant la tête pour montrer qu'il avait bien compris son histoire. Au final, il croisa les bras sur le torse – il avait posé sa canne en équilibre contre le mur de la maison – et eut l'air pensif :

— Aaah, je suppose que le surnom de Vieux Boiteux prend tout son sens… Je ne suis plus tout jeune et tout le monde finit par me connaître !

— Oh, je ne voulais pas dire ça ! Tu n'es pas…

— Allez, allez, je te taquine, ne t'inquiète pas. Mais il est possible que je connaisse un ou deux Sinners, effectivement.

— Ce sont… des amis ?

Ichigo fonctionnait souvent de manière binaire. On ne pouvait être qu'ami ou ennemi. Gentil ou méchant. Ce comportement n'avait rien d'étrange dans une société aussi stigmatisée et sclérosée par le système des castes.

— Disons que… à sa manière de parler de moi… lui, doit être un ami !

L'enfant comprit le discours sous-jacent. Zaraki connaissait des Sinners mais il pouvait tant y avoir des amis que des ennemis dans le lot. Il hocha la tête mais ne put s'empêcher de satisfaire à nouveau sa curiosité.

— Pourquoi tu en connais ?

— Hein ? Ah, ça t'intéresse à ce que je vois… Eh bien, tu as remarqué que j'avais un certain poids dans notre caste. Les anciens comme moi qui connaissent la Cité, c'est normal. Et avec ce genre de responsabilités, j'ai dû rencontrer un ou deux Sinners pour discuter.

— Oh, je vois…

Etrangement, Ichigo se sentait un peu déçu de cette réponse. Il aurait préféré quelque chose de plus… grandiloquent ?

— Allez, assez bavarder, tu vas attraper froid ; reprit rapidement Zaraki en saisissant sa canne et en s'imposant dans l'entrée ; Va retrouver tes frères et dormez, la journée a été longue.

Ichigo acquiesça sans un mot de plus et emprunta l'escalier jusqu'à la chambre. En quittant son tuteur, il se surprit à vouloir en savoir plus sur son compte.

OoOoOoOoOoOoOo

Quelques minutes plus tard. Demeure du Pasteur Urahara Kisuke.

— Comment ça tu étais au courant, Kisuke ?!

— Du calme, Unohana, ne prends pas cet air grave. Kenpachi est venu me voir après cette fameuse nuit pour m'apprendre que les trois garçons avaient malencontreusement été sur le lieu du crime.

— Malencontreusement ? demanda Toshiro Hitsugaya d'un air grave.

— Ils n'ont rien à voir avec cette affaire. Ils ont juste… dérogé à la règle du Jeu.

— Aaah, encore ce Jeu… ; soupira Gin avec une pointe de sarcasme ; Elle créé bien du bazar pour une si petite poupée.

— Si tu essaies de dire que c'est de ma faute, Gin, sois plus franc.

— Je n'ai jamais pensé ça ! Je dis juste la vérité, non ?

— Ce sont les Freaks qui ont « fait le bazar », Gin ; reprit Unohana ; épargne-nous tes critiques sur le Jeu, on en a déjà parlé.

Gin, tout innocent qu'il voulait se sentir, leva donc les mains en l'air en un grand sourire, faisant comprendre à son assemblée que le sujet était clos. Par ce silence, Urahara racla sa gorge pour reprendre, mains jointes sur la table.

— Ce que je craignais est en train d'arriver : pour stopper l'insubordination, les Lords ne passeront plus par nous et ordonneront directement aux Sinners. D'autant que Nnoitra est en train de mettre les Heptas un à un dans sa poche.

— Pardon ?!

C'était Yoruichi qui semblait venir de se réveiller. Depuis le début, elle écoutait silencieusement, nonchalamment installée sur sa chaise, en équilibre sur les pieds arrières tandis que ses jambes se croisaient sur la table. En entendant le propos de Kisuke, elle fit tomber les deux pieds restants de la chaise brutalement par terre et rouvrit ses yeux violacés en grand :

— J'ai commencé à l'observer depuis quelques mois. Il va de plus en plus au Palais. Pour faire des rapports, à ce qu'on en dit… J'ai cru comprendre qu'il est à la botte de Lord Barragan et que ce dernier l'apprécie.

— Quel enfoiré… ; commenta Yoruichi en appuyant sa tête dans sa main, dépitée.

— Il fait le doucereux pour tous les séduire ? Et à quoi bon ? demanda Unohana.

— C'est bien ce que j'aimerais savoir…

— Et nous, que faisons-nous alors ? dit Toshiro, sourcils froncés.

Un silence lui répondit. Tous se regardaient, conscient qu'aucune réponse satisfaisante ne pouvait être proposée. Du point de vue des Castes, certes, ils avaient l'avantage. Un Pasteur était au-dessus d'un Sinner, tout chef qu'il pouvait être. Mais ce n'était pas si simple. S'ils perdaient peu à peu contact avec les Lords et si, de l'autre côté, Nnoitra se joignait aux bonnes grâces des Heptas, le combat était inutile.

— On va le laisser violenter la population, terroriser les enfants et organiser des traques, quitte à libérer des Freaks pour mieux les tuer ensuite ?

— Du calme, garçon ; répondit Gin avec un ton plus léger tout en plaçant ses mains derrière la tête ; Ce n'est pas une dictature. Il se tient encore correctement parce que nous sommes là.

— Pour combien de temps encore ? interrogea ironiquement Urahara ; Pour combien de temps encore notre présence aura-t-elle un impact ? Vous avez déjà tous croisé des confrères Pasteurs qui n'en ont que faire des Dogs et qui louent Nnoitra chaque jour que Dieu fait.

— On ne peut rien renverser, rien révolutionner : la Loi ne le permet pas et nous mettrions les Dogs en danger ; rationnalisa Unohana ; il faut agir pacifiquement. L'histoire de ce Freak libéré pour mieux être abattu illustre bien toute sa sauvagerie. Si les autres Pasteurs s'en rendaient compte, ils seraient de notre côté et les choses auraient une chance de bouger un peu. Mais comment le prouver ? Comment s'assurer que ce ne sont pas des commérages ? Que Mayuri Kurotsuchi a bien été une cible envoyée pour mieux traquer les faux-monnayeurs ?

— On va chercher, n'est-ce pas, Yoruichi ? Tout comme il nous faut trouver qui se trouve derrière cette histoire de fausses plaques.

— Comptez sur moi. Mais sachez que je n'ai trouvé aucune piste, ni sur Nnoitra, ni sur les faux-monnayeurs, chez Red Mama. Lorsque les Sinners sont venus chez elle pour chercher Mayuri, elle les a bien entendu parler du coup monté de Nnoitra. Mais jamais ils ne trahiront leur chef pour servir de preuve, que cela soit par peur ou par zèle.

— Bien. Dans ce cas, je crois qu'il ne nous reste plus qu'à rester sur nos gardes et à protéger les Dogs. Restons discrets et faisons entendre raison à nos Confrères.

Gin sourit en ramenant sa tête dans sa main :

— Gardons la foi.


Merci pour ta lecture.

N'hésite pas à m'écrire si tu le souhaites pour me dire ce que tu penses de l'histoire.

A bientôt pour le chapitre 6 !