Yo,

R.A.R :

Bouh-ahh : Merci à nouveau pour ta review. Comme tu as pu le constater, l'histoire est découpée en chapitres et en actes. L'acte I permet effectivement de découvrir petit à petit les personnages et de les voir évoluer dans cet univers. Je suis contente que l'histoire (et son lot de mystères) t'intéresse. Bonne lecture à toi !

Voici le chapitre 8 de l'acte I. Bonne lecture !


Quelques jours plus tard

— Bien, tout le monde est là ? Ne traînez pas en chemin !

Les enfants étaient tout à fait excités par l'après-midi qui s'annonçait. Du moins, ceux à qui la sortie était autorisée. Seuls les élèves du dernier cycle pouvaient en cette heure sortir dehors en rang pour suivre leur professeur Urahara. Les plus jeunes allaient rester à l'école en compagnie d'un autre Pasteur qu'Ichigo avait tout de suite reconnu comme étant Toshiro Hitsugaya, le jeune homme qui avait mené les examens à son recensement. Laissant le remplaçant avec les plus petits, Urahara se tourna vers le groupe et s'assura que tout le monde était en rang avant d'ouvrir la marche.

Aujourd'hui était un jour spécial : le professeur leur avait préparé une surprise.

Le groupe d'amis suivait avec plus ou moins d'intérêt l'enthousiasme du Pasteur.

— Je suis sûre que ça va être un atelier cuisine ! Tu ne crois pas, Ichi' ? Un cours où on va apprendre à cuisiner plein de bonnes choses !

— Ah euh, oui, peut-être !

Ichigo espérait secrètement qu'il ne s'agissait pas de cela. Il avait découvert en travaillant avec Orihime ces derniers jours son penchant particulier pour les mélanges salés-sucrés. Encore hier, quand il était passé chez elle et son frère pour travailler, elle lui avait proposé un « succulent » onigiri à la fraise qu'Ichigo avait préféré décliner.

Derrière, Grimmjow et Tatsuki menaient une conversation bien différente :

— Mais non, c'est ridicule ! commença le garçon ; il faut faire un exposé sur un domaine qui nous plaît. Tu vas pas me faire croire qu'apprendre à broder comme ta voisine, c'est ce qui te fait le plus envie !

— Et alors ? C'est toujours mieux que demander à mon idiot de père comment faire sauter des nouilles !

— Tch. Pourquoi on irait pas voir ailleurs ?

— Je t'ai dit que les autres groupes ont déjà choisi leur sujet, il ne reste plus grand-chose car on est en retard à cause de toi !

— À cause de moi ?!

— Et puis d'abord, si les métiers que je propose ne conviennent pas, pourquoi tu demanderais pas à ton tuteur ?

— Zaraki ? Il est à la retraite !

— Et il faisait quoi avant ?

— Ça ne nous regarde pas alors oublie !

— À la bonne heure ! On est vraiment les derniers sans sujet d'exposé ! Le prof va nous tuer si on ne lui avoue pas !

Les deux continuèrent à se chamailler tandis que, derrière eux, Ulquiorra et Chad se regardèrent et poussèrent un long soupir de fatigue.

Quelques minutes de marche plus tard, les enfants comprirent où leur professeur les emmenait. Le Quartier des Dogs était très étendu sur la Cité car il s'agissait de la caste la plus peuplée. En s'approchant du Palais des Lords et l'enceinte majestueuse qui entourait cette zone particulière, un seul bâtiment se présentait à eux : le Quartier Général des Forces Spéciales. Les membres effectifs faisaient partie de la caste des Sinners. Ils avaient pour mission non pas la surveillance des Dogs ni le contrôle des Freaks en prison, mais la protection des Pasteurs et des Lords tout particulièrement. C'était aussi à eux qu'étaient assignées les missions d'espionnage et d'enquête plus approfondies mais ce détail n'était pas connu du grand public. Les enfants furent éblouis par les grands baraquements en bois qui formaient un grand « U » après le passage de l'entrée majestueuse en tori. Les toits aux briques noirs s'affinaient sur les coins et supportaient de lourdes gargouilles de pierre qui servaient de gouttières. La cour de gravier blanc contrastait avec le bois foncé des habitats aux portes coulissantes toutes fermées. Un grand cerisier poussait plus loin dans la cour autour d'une petite mare. Le silence religieux donnait au lieu une atmosphère apaisée et tranquille.

Urahara fit rompre le rang pour que tous les enfants se regroupent ensemble dans la cour. Tous se demandaient ce qu'ils faisaient ici. Grimmjow et Tatsuki, particulièrement curieux, avaient même cessé de se chamailler pour rester alerte à ce qu'il se passait. Soudain, une voix féminine s'éleva dans leur dos :

— Alors, tout le monde est là, Kisuke ?

Tous les enfants sursautèrent et se retournèrent en même temps. Une magnifique femme leur apparut. Elle était habillée d'une combinaison noire moulante et d'une écharpe beige au cou. Elle avait relevé ses longs cheveux foncés, teintés de violet, en une haute queue de cheval. Elle leur sourit et se dirigea tranquillement vers Urahara qui la salua comme une Lord. C'était à se demander qui avait la caste la plus haute entre les deux. Elle se tourna finalement vers le groupe, bras croisés, tête haute, et reprit de sa voix portante :

— Bonjour à tous. Je m'appelle Yoruichi Shihoin. Je suis la capitaine des Forces Spéciales. Autrement ici, c'est moi qui commande. Vous êtes aujourd'hui au QG à la demande de votre professeur pour un cours d'auto-défense. Réjouissez-vous, vous allez transpirer aujourd'hui !

Le groupe d'enfants eut une réaction de surprise, d'enthousiasme et d'appréhension aussi. Certains paraissaient plus terrifiés et d'autres complètement motivés. Orihime fut triste de ne pas avoir un cours de cuisine à la place. Tatsuki sauta de joie et trembla d'impatience. Chad préféra cacher son inquiétude de ne pas réussir à contrôler sa force bien supérieure à celle de ses camarades. Ichigo et Ulquiorra se regardèrent en pensant à la même chose. Un simple coup d'œil du côté de Grimmjow confirma l'idée partagée : leur frère était tout à fait excité par l'annonce de la capitaine. Ils partageaient d'une certaine manière cet engouement : Ichigo se trouvait encore trop faible et souhaitait prendre confiance en lui et en ses capacités. Quant à Ulquiorra, au douloureux souvenir de la nuit aux Forges, il espérait pouvoir apprendre à se défendre.

— On commence dès maintenant par l'échauffement ! Vous allez faire cinq tours de la cour en courant ! clama Yoruichi en frappant dans ses mains.

Au fur et à mesure des exercices d'échauffement, la motivation de certains s'effrita. La capitaine était très exigeante et ne donnait aucun traitement de faveur. Les enfants coururent, sautèrent, et transpirèrent pour de nombreux exercices. Puis, ils formèrent des paires pour apprendre les mouvements d'auto-défense. Les enfants furent étonnés : il ne s'agissait pas de faire mordre la poussière à son adversaire ni de faire appel à la plus grande force de ses muscles ; il suffisait de réagir avec rapidité et malice pour contrecarrer l'attaque envisagée.

Grimmjow était avec Ichigo, Chad avec Ulquiorra et Orihime avec Tatsuki. Grimmjow ne fut jamais aussi bon élève qu'à ce cours. Il écoutait attentivement la capitaine des Forces Spéciales expliquer et copiait les mouvements à la perfection en un temps record. Ichigo, qui se releva une nouvelle fois, fut étonné de l'application et du sérieux que donnait Grimmjow dans cet exercice. D'ordinaire, le moindre effort scolaire était un vrai calvaire. Là, son frère était tout à fait attentif. Mieux encore, il semblait naturellement doué pour le combat.

Et il n'y avait pas que lui ! Ichigo observa Ulquiorra agir à la perfection en envoyant Chad au sol malgré leurs immenses différences de poids et de taille. Le petit brun avait un regard concentré mais transpirait à peine, comme si cet effort était inné.

Pour sa part, les choses étaient bien plus compliquées. Soit il se trouvait fort maladroit, soit il craignait de blesser son partenaire. Grimmjow avait beau lui rappeler qu'il incarnait un adversaire dangereux et méchant, c'était plus fort que lui.

— Allez, maintenant on tourne ! Tout le monde change de partenaire et on refait les mêmes enchaînements.

Grimmjow se retrouva avec Tatsuki. Leur querelle précédente vint naturellement se régler au combat. Le jeune garçon dut bien avouer que sa camarade était très forte. Il la savait déjà sportive et bagarreuse mais il la trouva tout à coup bien plus dangereuse qu'à l'accoutumée. Quand il atterrit au sol et vit le ciel, sans même s'être rendu compte de sa chute, il comprit que Tatsuki aussi appréciait ce combat. Il entendit Orihime l'acclamer et vit le regard étonné d'Ichigo quand il se releva.

— J'ai pas dit mon dernier mot, Tatsuki…

— Viens, j't'attends !

Les deux reprirent les enchaînements avec plus de naturel et une improvisation toute à fait cohérente. Ils n'étaient plus dans l'entraînement mais dans un vrai combat. Et ils avaient le sourire aux lèvres.

Yoruichi passa soudain à côté d'eux et se réjouit en les voyant.

— C'est bien. Continuez comme ça.

Grimmjow remarqua le regard plus insistant qu'elle offrit à Tatsuki. Etrangement, ce manque de reconnaissance lui donna envie de se donner encore plus à fond.

Plus tard, ils firent une compétition en plusieurs matchs. Yoruichi sépara les filles des garçons. Les enfants qui perdaient s'installaient tour à tour autour de la cour pour assister au spectacle. Yoruichi et Urahara arbitraient attentivement les combats. Les filles commencèrent et les matchs s'enchaînèrent rapidement. Tatsuki, en véritable furie, accumula les victoires jusqu'à être le véritable vainqueur. Grimmjow remarqua une nouvelle fois l'attention que Yoruichi lui porta quand elle remporta son dernier match. Puis ce fut le tour des garçons. Ichigo perdit rapidement au premier tour. Ulquiorra et Grimmjow gravirent peu à peu les échelons jusqu'au quart de finale. Ulquiorra se fit surprendre par un adversaire plus grand et vif que lui qui finit par bloquer tous ces mouvements et le plaquer au sol. Grimmjow, quant à lui, arriva en finale. Sans grande surprise, il se retrouva face à Renji. Ce n'était pas si étonnant : le nouveau Roi était un sportif endurant et le plus rapide de tous les garçons. Lorsque Yoruichi fit commencer le combat, les deux garçons enchainèrent des mouvements avec une certaine force, comme si le but n'était pas tant de stopper l'adversaire que de lui faire mal. Au bout d'un moment, Grimmjow se retrouva à terre, écrasé par Renji qui lui chuchota à l'oreille :

— Tu ferais bien de t'incliner et de me laisser gagner.

Piqué à vif dans son orgueil et sous le regard de Yoruichi qu'il souhaitait impressionner, Grimmjow se défit de sa prise et se releva pour poursuivre le combat. Il réussit à parer ces attaques et à le déstabiliser plusieurs fois mais il sentit qu'il fatiguait. Ils étaient à force égale. Renji pensait-il la même chose ? Le combat ne menait à rien. Ils allaient tout bonnement tomber tous deux de fatigue. Plusieurs esquives plus tard, Renji bloqua son bras dans son dos et appuya bien plus fort que ce que Yoruichi leur avait enseigné. Grimmjow émit un petit cri de douleur et ferma les yeux pour encaisser le coup. Il entendit alors à nouveau la voix murmurée de Renji :

— Obéis à ton Roi, Grimm', si tu ne veux pas qu'il arrive des bricoles à tes frères.

Grimmjow sentit à nouveau la colère frapper son estomac et commencer à faire trembler ses mains. Quand il rouvrit les yeux, il vit flou. Il entendait son cœur battre jusqu'à ses oreilles et son sang pulser dans ses bras. Comment osait-il le menacer de s'en prendre à ses frères ? L'envie de le frapper en pleine figure de toutes ses forces émergea en lui comme une idée tenace.

Ne fais pas ce qui est le plus juste. Fais ce qui est le plus prudent. Pour toi et pour nous.

Il le ferait. S'il ne laissait pas gagner Renji, il pourrait vraiment s'en prendre à eux. Et lui ne serait pas toujours là pour les sauver. Il avait perdu à l'escalade. Il devait lui obéir. C'était ce qu'il y avait de plus prudent.

Ravalant sa colère en serrant les dents, il laissa ses forces l'abandonner et Renji le plaqua au sol, victorieux.

Les enfants applaudirent la fin d'un tel combat. Les plus fidèles au Roi acclamèrent uniquement Renji et les plus fair-play saluèrent aussi la performance de Grimmjow. Ce dernier se releva après un instant, sentant la colère disparaître petit à petit. Renji lui sourit malicieusement mais il s'en fichait. Ce qui lui importait, étrangement, fut le regard intéressé que lui offrit Yoruichi en applaudissant.

La fin du cours fut un crève-cœur pour beaucoup d'enfants. Tous, même les plus craintifs, s'accordèrent à dire qu'ils avaient passé un bon moment et avaient appris plein de choses.

— Que ça vous serve dans la vie mais toujours pour de bonnes raisons ! conclut Yoruichi sur un ton sage ; ce cours m'a aussi permis d'observer ceux qui auraient de bonnes capacités pour l'avenir.

À l'instant, elle posa son regard sur Tatsuki, Ulquiorra, Grimmjow et Renji :

— Bien sûr, comme vous le savez sans doute, les Forces Spéciales ne sont composées que de femmes. Néanmoins, les garçons avec les meilleures aptitudes pourront toujours concourir au grade de Sinner.

Finalement, Grimmjow et Tatsuki s'accordèrent à penser qu'un exposé sur les Forces Spéciales serait le meilleur sujet qu'ils pourraient espérer. Lorsque les élèves formèrent les rangs autour d'Urahara pour retourner à l'école, les deux enfants s'éclipsèrent pour aller retrouver Yoruichi qui s'éloignait vers les baraquements.

— Capitaine, s'il vous plaît !

— Tiens, la petite furie qui revient en force… ; s'amusa Yoruichi ; qu'y a-t-il ?

— Eh bien euh… nous deux… on cherchait à… enfin, nous aimerions faire un exposé sur vous !

— Sur moi ? répéta la commandante, tout à fait surprise.

— Un exposé sur les Forces Spéciales plutôt ; confirma Grimmjow ; on aimerait en savoir plus.

Il y eut un silence. Puis, Yoruichi se mit à rire franchement, les poings sur les hanches :

— Eh bien ! Vous ne manquez pas d'air, vous ! Vous croyez que j'ai du temps à vous accorder ?

— S'il vous plaît Capitaine ! Ce cours était fantastique et nous avons vraiment besoin d'un sujet pour notre exposé ! reprit Tatsuki ; Nous ne vous gênerons pas, nous voulons juste en apprendre un peu plus sur vos missions et…

— C'est bon, je vois, je vois… ; fit Yoruichi reprise de son fou rire ; Il n'y a que Kisuke pour inventer des exercices pareils… Mais je me vois mal vous refuser après vos performances d'aujourd'hui.

Elle soupira un instant, pesant le pour et le contre avant de répondre franchement :

— J'accepte. Mais ne venez pas m'agacer tous les jours avec cet exposé ! Et interdiction d'entrer dans les bâtiments pour toi, petit ; ajouta-t-elle en pointant Grimmjow; les hommes n'ont pas le droit de pénétrer dans l'enceinte du Q.G, c'est pas avec une demi-portion d'homme que ça va commencer !

Les deux enfants sourirent – même Grimmjow malgré cette pique – et ils se courbèrent bien bas pour la remercier avant de rejoindre Urahara en courant.

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Quelques jours plus tard

La Bibliothèque des Pasteurs était un magnifique endroit. L'établissement, solidement construit en pierre, avait un éclat majestueux dans le pauvre quartier des Dogs. À la volonté de plusieurs Pasteurs et au bon vouloir des Heptas et du Roi, ce lieu avait été créé quinze ans auparavant pour participer, comme l'Ecole, à l'instruction des Dogs. Financé par les Lords, l'édifice s'implantait à la frontière entre le quartier des Pasteurs et celui des Dogs et se présentait sur trois étages. Rapidement, ces espaces avaient aussi été investis par les Lords pour centraliser les archives et conserver toute la documentation officielle. Seul le rez-de-chaussée était donc ouvert aux Dogs. Finalement, la Bibliothèque était un lieu de rencontre entre les différentes castes. Seuls les Sinners – et bien évidemment les Freaks – n'avaient pas le droit d'entrer dans cette demeure. C'étaient les Forces Spéciales, branche tout à fait unique des Sinners, qui assurait la bonne surveillance des lieux.

L'ouverture de ce lieu aux Dogs n'avait pas provoqué un grand engouement. La caste ouvrière, trop souvent concentrée sur sa survie et son travail, ne se permettait pas le loisir de lire ni d'apprendre. Les plus anciens n'avaient pas connus l'école et ne savaient pour la plupart ni lire ni écrire. De plus, l'angoissante et épuisante vie de travail finissait par faire mourir en eux toute curiosité pour une quelconque forme de culture. Malgré les efforts de certains Pasteurs, la Bibliothèque demeurait donc un endroit souvent déserté par cette caste. En revanche, il n'était pas rare de croiser des Pasteurs dans l'établissement, notamment ceux qui se destinaient à la médecine. Enfin, quelques Lords y passaient mais la rencontre avec un Dog était bien plus rare : ils avaient une entrée spécifique et rejoignaient souvent les étages supérieurs.

Lorsqu'Ichigo entra dans ce lieu qui l'avait toujours fasciné, il en eut le souffle coupé. Les murs étaient en pierre et le plafond était soutenu par de lourdes poutres en bois. Les rayonnages s'étendaient à trois fois sa hauteur dans toute l'espace et des tables et chaises étaient disposées partout pour travailler. On n'entendait dans la pièce que le parquet grinçant sous les pas des visiteurs et quelques chuchotements. L'atmosphère majestueuse et le calme ambiant le changeaient diamétralement du bazar de l'école ou encore de l'agitation des rues commerciales du quartier.

— Ichigo, tu viens ? On va rejoindre mon frère !

Orihime semblait comme un poisson dans l'eau dans ces lieux. Sans doute devait-elle venir ici depuis souvent. Pour Ichigo en revanche, c'était une première. Zaraki n'avait jamais ressenti l'utilité de les emmener ici et les garçons avaient toujours été trop intimidés pour rentrer seuls. Mais il était tout à fait heureux d'être enfin entré.

Il suivit Orihime et ils trouvèrent son grand frère. Sora était un jeune homme de vingt-cinq ans. Il était très grand et mince et avait constamment un sourire bienveillant à leur égard. Il attachait ses cheveux bruns qui lui arrivaient aux épaules en une courte queue de cheval basse.

— Bienvenue à la bibliothèque, Ichigo ! Je crois que c'est la première fois que tu viens ici, n'est-ce pas ?

— Euh… oui… désolé je ne connais pas très bien ; dit Ichigo en rougissant, légèrement gêné par ce fait.

— Ne t'inquiète pas, c'est à cela que sert votre exposé, non ? Je vais me charger de vous présenter les lieux et ma fonction ici, d'accord ?

— Oui, grand frère ! On va prendre des notes et te suivre attentivement, n'est-ce pas Ichi' ?

— O-oui ! Avec plaisir !

Ichigo dut rapidement l'admettre : il était plus intéressé par les étagères de livres que par le discours de Sora. Il l'écoutait ainsi de moitié, laissant Orihime écrire sur son cahier ce qu'il disait et suivait tout en regardant les titres des couvertures. La plupart des livres paraissaient très anciens. Parfois, il s'agissait de vieux parchemins enroulés. Ichigo apprit qu'ils étaient rangés par domaines de savoirs. Ainsi donc, on pouvait tant en apprendre… Tout à coup, il eut l'impression que s'il lisait tous ces livres, il pourrait aider n'importe qui et être bien plus fort. Il lui sembla que tout était important de la littérature à l'histoire en passant par toutes les sciences. Tout l'attirait. Les livres l'appelaient à chaque fois qu'ils les regardaient. Il se surprit même à oser passer ses doigts sur le dos des livres rangés quand ils passaient le long d'une rangée.

— J'ai obtenu une permission pour vous emmener à l'étage suivant afin que vous complétiez au mieux votre exposé. Malheureusement, le dernier étage vous sera interdit mais j'espère que ça ira…

Ichigo remercia chaleureusement Sora. Il avait de plus en plus l'impression d'entrer dans un monde nouveau qui l'attirait inexorablement. À la cohue bruyante du marché, aux voleurs à la tire et au bruit lancinant des Forges, il préférait le calme de ces lieux et ce respect que l'on semblait dédier à la connaissance.

Le premier étage ressemblait au rez-de-chaussée mais paraissait plus petit. En fait, le hall principal était sectionné par une autre pièce fermée. Sora leur expliqua que cet étage réunissait principalement les livres avancés en médecine et en sciences ainsi que toute la documentation administrative de la Cité. La petite pièce leur fut ouverte. C'était une pièce bien plus sombre. Une seule fenêtre éclairait avec peine les lieux. Quelques étagères en bois bien plus étroites que celles du hall avaient été installées là, prenant toute la place. Des centaines de livres identiques s'alignaient les uns à côté des autres. Des pochettes écartelées de dizaines de feuilles volantes les retenaient enfermées à l'aide d'une boucle de ceinture. Ailleurs, des boîtes en carton enfermaient encore Dieu sait quels secrets.

— Ici, c'est l'Histoire de la Cité : les archives de tous les recensements par caste depuis le commencement.

Ichigo resta bouche bée à sentir dans cette salle les fantômes de milliers de citoyens et le poids du Temps qui passait. « Depuis le commencement » ? Mais quand était-ce exactement ? Lentement, la porte se referma en un lent râle devant ses yeux. N'en serait-il jamais plus ? Ne pouvait-il pas tout connaître, du simple fait qu'il était Dog ? Est-ce qu'être né dans la mauvaise caste le priverait de connaissance ?

— Ah, mais vous devez être les petits Dogs en expédition dans la Bibliothèque, non ?

La voix grave et masculine arracha Ichigo de ses pensées. Il se retourna, tout comme Orihime, pour tomber sur un homme aussi grand que Sora et dont l'habit ne trompa personne quant à sa caste : c'était un Lord. Il portait un grand haori blanc et des vêtements d'une facture exceptionnelle. Ses longs cheveux blancs auraient pu les tromper sur son âge : il s'agissait en fait d'un homme d'âge mûr qui ne saurait dépasser la cinquantaine.

— Mylord, veuillez nous excusez ! s'exclama Sora ; nous ne faisions que passer, je vais reconduire ces élèves en bas immédiatement ! Excusez-nous pour la gêne occasionnée !

— Non, laisse, laisse, il n'y a quasiment personne ici et ils ne gênent aucunement ! Nanao m'avait parlé de leur visite.

— Oh ! Madame la Supérieure vous l'a dit ? C'est un soulagement…

— Madame la… ? reprit le Lord, intrigué par la formulation avant d'en rire ; Ahah, oui, c'est encore une des belles idées pédagogiques d'Urahara à n'en pas douter !

Sora sourit pour accompagner l'amusement du Lord mais il n'était pas à l'aise. Orihime resta un peu cachée dans ses jambes tandis qu'Ichigo s'auto-ordonna de baisser le regard pour éviter de fixer le Lord et qu'il ne le remarque.

— Oh, mais, ils ont l'air bien timides ces enfants !

— Ahah, oui, n'est-ce pas ? sourit Sora avec gêne ; Euh, ici c'est… c'est ma jeune sœur, Orihime. Elle vient d'avoir dix ans. Et voici Ichigo, son ami.

— B-bonjour Mylord… ; osa Orihime d'une voix tremblante.

— Bonjour ; compléta en même temps Ichigo en se courbant bien bas.

Le Lord eut une réaction qui les étonna. Il se mit à rire d'autant plus et s'accroupit avec souplesse pour être à leur hauteur. Il n'était ni très grand ni très musclé et l'on put découvrir en le voyant se baisser la maigreur de ses cuisses. Ses cheveux étrangement blancs retombèrent par mèches sur le devant de ses épaules. Ichigo fut très étonné de voir un Lord agir de la sorte, d'autant que son magnifique manteau de soie traînait à présent par terre.

— Alors, les enfants : elle vous plaît cette Bibliothèque ?

— Oh oui ! sourit Orihime ; elle est magnifique !

Ichigo remarqua que son amie semblait plus décontractée. Lui, au contraire, était toujours sous le choc.

— Ahah, je suis content qu'elle te plaise. Il faut remercier les Pasteurs pour ce magnifique projet ! s'enchanta le Lord. Moi, tu vois, je viens ici toutes les semaines et à chaque fois je me dis que c'est une vraie chance dans cette Cité.

Ichigo garda sa remarque critique dans sa poche : la Cité avait beau se targuer de ce beau bâtiment, pas un seul Dog n'y mettait les pieds. C'était une chance qui profitait à d'autres…

— Et toi, mon garçon, tu ne dis rien ?

Ichigo regarda alors le Lord. Il avait des yeux brillants de bienveillance et de sincérité. Il regarda tour à tour Orihime puis Sora mais rien ne sortit.

— Tu as peur de moi, c'est ça ?

— Oh, Mylord ; coupa Sora, angoissé par la moindre faute de bienséance commise ; je vous assure, Ichigo ne veut certainement pas vous manquer de respect, il…il…

— Non, non, je comprends très bien, Inoue ; sourit le Lord; Ichigo ne parle pas aux inconnus et je suis un inconnu pour lui, c'est évident, n'est-ce pas ?

Ichigo ne savait plus où se mettre, l'agitation de Sora était contagieuse. Il froissa nerveusement son pantalon et baissa les yeux. Soudain, une main apparue juste en face de son ventre. La peau blanche et si laiteuse contrastait tellement avec celle des travailleurs…

— Excuse cette impolitesse car je ne me suis pas présenté ; continua le Lord sur une voix toute aussi douce ; Je m'appelle Jûshiro Ukitake, ravi de faire ta connaissance.

Ichigo ne sut pas quoi faire. Il regardait tantôt le visage souriant de l'homme, tantôt sa main tendue vers lui. Ukitake finit pas chatouiller malicieusement les côtes de l'enfant pour finir par le détendre et le faire rire. Finalement, l'enfant serra la main du Lord avec plus de tranquillité.

— Et ravi aussi de vous connaître, jeune demoiselle ; salua-t-il Orihime en lui prenant délicatement la main et en l'effleurant de ses lèvres.

Orihime crut à ce moment être devenue une princesse. Elle avisa ensuite son frère Sora qui lui souriait fièrement.

— Nous voilà donc amis à présent ! fit Ukitake en se relevant habilement; Pour fêter ça… Attendez… j'étais sûr d'en avoir pris… ils doivent être au fond de mes poches…

Il sortit tout à coup des poches de sa veste des bonbons en tout genre aux emballages colorés et brillants. Les yeux d'Orihime et d'Ichigo s'arrondirent d'excitation.

— Tenez, prenez, prenez ! Allez-y, ça me fait plaisir !

Finalement, après une petite collation – Ukitake insista vivement pour que Sora prenne aussi un bonbon – le Lord s'en alla en leur souhaitant une belle journée.

Ichigo restait stupéfait de cette rencontre en ces lieux. C'était comme si la peur accumulée toutes ces années concernant les Supérieurs devenait tout à coup infondée. Pour la première fois, il rencontrait un Lord profondément gentil.

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Aux Forges

Au même moment

Ulquiorra n'en pouvait plus. S'il avait su qu'il devait tant mettre la main à la pâte pour cet exposé, il n'aurait sans doute pas choisi les Forges. Une fois qu'il était arrivé avec Chad, on leur avait assigné des tâches pour, soit disant passant, « découvrir le vrai labeur ». Aussi était-il encore là, presque suspendu au crochet du plafond qu'il tenait avec ferveur, à appuyer de toutes ses forces avec sa jambe gauche pour abaisser le soufflet qui donnait de grands coups d'air au four. Sous la chaleur suffocante, l'exercice lui faisait perdre bras et jambes en moins de vingt minutes. Pour ainsi dire, il était maintenant persuadé qu'il ne travaillerait jamais aux Forges quand il serait adulte.

— Ahah, te voilà trempé de sueur, Ulqui' ! Avec ton corps maigrelet, ça ne m'étonne qu'à moitié !

C'était Ikkaku. Avec Yumichika, il avait accepté de leur présenter les différents corps de métier aux Forges. Il ne manquait pas, bien sûr, de se moquer gentiment de lui en le comparant à Chad. C'était un peu comme un moustique face à un bourdon… Ulquiorra en avait bien conscience et avait pour autant donné tout son cœur à l'ouvrage.

— Allez, laisse-moi la place, va. Ne va pas te tuer à la tâche.

« Se tuer à la tâche » ? Quelle expression effrayante… Ulquiorra se dégagea vivement du soufflet pour laisser Ikkaku reprendre sa place et l'admira un instant accomplir son travail avec tellement plus de facilité que lui.

— Alors, ça te plaît, ici ? s'amusa-t-il à lui demander.

— Je pense que tu connais déjà ma réponse…

— Ahah, ça ne m'étonne pas ! Autant Chad, ça me semblait plus logique mais toi, le moustique, tu tiendrais pas une semaine !

Il se mit à rire à nouveau et Ulquiorra haussa les épaules.

— Va voir Yumi', il s'occupe d'empaqueter les armes finies, ça devrait plus te convenir.

Ulquiorra acquiesça et retrouva en marchant son ami Chad qui frappait du marteau sur les plaques de métal encore rougeoyantes pour les former. Il avait retiré son tee-shirt et transpirait de toutes parts mais son grand-père Oscar suivait chacun de ses gestes avec attention pour mieux le conseiller. Ils échangèrent entre eux un regard compatissant et Ulquiorra entra dans les entrepôts des Forges. Il se perdait souvent dans ce dédale de couloirs sombres dont le vieux bois sous ses pieds craquait à chacun de ses pas. Il se rappela avec émotion que la fameuse nuit du meurtre de Mayuri Kurotsuchi, Grimmjow avait rencontré le Freak quelque part ici, dans une de ces petites salles qui enfermaient des dizaines de caisses d'armes proprement emballées.

Il avança de la plus grande salle en question dans laquelle on rangeait les nouveaux produits en boîtes avant de décider de leur lieu d'entreposage. La porte était ouverte et la lumière d'une ampoule débordait dans le couloir.

— Ils vont avoir fini avec les enfants et ça sera bientôt à nous.

— Je sais, chef, je sais.

La seconde voix, Ulquiorra la reconnut immédiatement : c'était celle de Yumichika. La première, plus grave et rocailleuse, était celle du chef des Forges qui avait repris la direction à la retraite du Grand-Père Oscar : Tessai Tsukabishi. Il reconnut la voix car elle lui avait été présentée quelques heures plus tôt. Mais, en fait, il la connaissait déjà. C'était cette voix qu'il avait entendu le soir de cette fameuse nuit, alors qu'il se cachait pour ne pas être vu. La voix du chef paraissait alors indigné contre un « bêta » et qu'un certain « plan » était voué à l'échec avec l'arrivée imminente des Sinners. Ulquiorra n'y avait jamais repensé mais s'était toujours souvenu de cette voix. Elle avait été l'indice phare pour se rendre compte du danger et tenter de fuir le plus rapidement possible.

Maintenant qu'il y repensait, tout était plus clair : Tessai avait été là cette fameuse nuit. Il était parti juste avant l'arrivée du Commandant. De toute évidence, il avait été de mèche avec le faux-monnayeur pour organiser la rencontre avec le Freak ici-même, aux Forges. L'arnaqueur, sans doute le dit « bêta » de l'affaire, avait dû avoir un contretemps et, finalement, le plan avait échoué. Les Sinners étaient arrivés et le Freak avait été supprimé.

— Et ça ne t'inquiète pas plus que ça ? dit la voix d'un ouvrier inconnue.

— Du calme, nous n'avons rien à nous reprocher ; rassura Yumichika.

— Si, justement ! répliqua un autre travailleur ; le meurtre a eu lieu entre ces murs, on est les premiers complices visés !

— Et pas tout à fait à tort… ; rajouta Tessai.

Ulquiorra ne sut pas pourquoi mais il se surprit à rester hors de la lumière, à quelques centimètres de l'entrée, pour écouter l'étrange conversation.

— Que voulez-vous que je dise, chef ? Personne ne peut échapper au recensement, c'est leur prétexte pour cet interrogatoire. Et ça serait éveillé les soupçons que de refuser d'y aller !

— Ils vont nous poser tout un tas de questions ! Cette histoire nous met dans une situation délicate !

— Tous les travailleurs le disent, chef, vous n'auriez pas dû accepter de les aider.

— Assez ! On ne va pas revenir en arrière et je vais tenir parole jusqu'au bout : rien ne sortira pendant l'interrogatoire. Mais à l'avenir, je ne veux plus de ces activités dans les Forges, entendu ?

— Certes, mais c'est à Oscar que…

— Je lui parlerai ! Ce vieil homme n'a plus son mot à dire : JE suis le patron de cette entreprise.

— Bien entendu ; dit Yumichika d'une petite voix ; je transmettrai l'information.

C'est à ce moment-là, alors que le silence revenait peu à peu, qu'Ulquiorra se montra. Le chef ne lui accordait qu'un rapide coup d'œil avant de diriger ses hommes qui se remirent à porter les cartons aux différents entrepôts. Yumichika, surpris de le voir, vint jusqu'à lui avec un maigre sourire :

— Ça va, mon chéri ? C'est Ikkaku qui t'as envoyé ici ?

Ulquiorra acquiesça, l'esprit ailleurs. Quand Yumichika utilisait des termes comme « mon chéri » ou encore « mon ange », c'est qu'il cherchait à dissiper une émotion forte qui le bouleversait. Et Ulquiorra commençait à se douter de quoi cela tenait. Tessai avait fait affaire avec le faux-monnayeur pour organiser la rencontre dans les Forges. Le faux-monnayeur était peut-être bien un seul individu mais il travaillait sûrement dans un groupe. Un groupe qui menait des activités tout aussi illégales que dangereuses. Et, à n'en plus douter, Yumichika en faisait partie.

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Au Quartier Général des Forces Spéciales

Au même moment.

— Les Forces Spéciales ont été créées au même moment que les castes, même si c'est une branche à part des Sinners. Son but est de protéger les Pasteurs et les Nobles tandis que les Sinners tiennent en autorité les Dogs et s'affairent au contrôle de la Prison.

Yoruichi était installée à genoux, bras croisés sur un des tatamis qui recouvraient le sol d'une des baraques en bois du Quartier Général. Excentré de la ville, on pouvait en apprécier le silence et le calme. La porte coulissante était ouverte et la cour était déserte. Pas un seul bruit ne venait perturber son discours.

Tatsuki et Grimmjow étaient agenouillés en face d'elle, à une distance respectable. Ils écoutaient attentivement la présentation de la Capitaine. Tatsuki, intriguée, leva la main comme à l'école :

— Oui, petite ?

— Pourquoi n'y a-t-il que des femmes aux Forces Spéciales ?

— Très bonne question mais la réponse vous décevra peut-être. La capitaine précédente faisait déjà de même. Je me suis longtemps demandé pourquoi. Et puis l'expérience a fini par me montrer que je préférais travailler avec des femmes et j'ai alors décidé d'instaurer la même règle quand j'ai été nommé à la tête de cette unité.

— Les hommes sont-ils tous des incompétents ? demanda Grimmjow, par provocation.

Yoruichi eut un sourire malicieux qu'elle tenta de dissimuler en baissant légèrement la tête. Mais le brun n'était pas dupe : elle trouvait les hommes idiots et incompétents mais elle ne l'avouerait jamais.

— Voyons, mon garçon, je te rappelle que la personne la plus importante de cette Cité est un homme…

Grimmjow hocha la tête. Le message était clair : on n'insulte pas les Supérieurs. Il n'avait jamais pensé à une quelconque différence entre les hommes et les femmes. En y réfléchissant une seconde, il trouvait les femmes des Forces Spéciales fortes et dignes et la plupart des hommes Sinners parfaitement idiots.

— Ne joue pas trop aux comparaisons, petit ; poursuivit Yoruichi comme si elle lisait dans ses pensées ; on finit par ne plus penser avec raison. Pour en revenir à mon équipe, j'ai choisi ces femmes plus pour la confiance que j'avais en elles que pour ce qu'elles avaient entre les jambes. Ce sont mes soldats et en tant que Capitaine, ces soldats doivent réussir ce que je leur commande et je sais qu'elles y arriveront.

— Quelles sont vos missions ? demanda Tatsuki.

— Nous sommes une petite unité mais nous sommes appelés à de nombreux devoirs. Nous assistons les Lords dans leurs déplacements, nous sommes leur gardes du corps et nous sommes menés à répondre à toutes leurs attentes.

Grimmjow parvint encore à traduire : elles espionnaient pour leur compte. Sans doute que les Lords étaient au courant de ce qu'il se passait dans le quartier des Dogs avec ce genre d'informateurs.

Yoruichi continua de leur présenter l'unité avec le plus grand sérieux possible. Elle évoqua le type d'entraînement strict que recevaient les soldats et leurs techniques de combat. L'unité se cantonnait au corps à corps mais utilisait parfois des armes comme des poignards ou de courtes épées. La capitaine se garda bien de leur dire à quoi leur servaient ces instruments. Elle semblait présenter le combat davantage sous l'angle de la défense que celui de l'attaque.

Soudain, une femme aux cheveux courts, toute habillée en noire, apparue sur la terrasse en bois qui faisait tout le pourtour de la baraque et s'agenouilla. Yoruichi s'arrêta immédiatement dans son discours.

— Oui, Soi Fon ?

— Excusez-moi de vous déranger, mon capitaine, mais c'est de la plus grande importance.

— Eh bien, qu'y a-t-il ?

La jeune femme garda un instant le silence, semblant évaluer si la présence des deux enfants dérangeait ou non. Visiblement, ils étaient de trop.

— Capitaine, nous pensons avoir trouvé de qui il s'agit.

Grimmjow ne manqua pas le regard alerte de Yoruichi. Ses yeux s'agrandirent et sa bouche se desserra sans rien dire. La suite fut sans surprise. Elle se leva et s'excusa de devoir les renvoyer pour s'occuper d'une affaire plus urgente. La mine défaite de Tatsuki sembla néanmoins l'adoucir et elle leur promit de leur préparer un entraînement prochainement.

— Quelle classe, n'empêche ! déclara Tatsuki une fois qu'ils furent sortis du Quartier, les yeux en étoile.

— Tu penses qu'elle parlait de quoi, la fille qui est arrivée ? dit Grimmjow, les mains dans les poches.

— Plutôt de « qui », tu veux dire ! Mmh, je ne sais pas, les Forces Spéciales semblent tellement mystérieuses ! Peut-être que c'est un bandit en fuite ? Un domestique qui aurait volé les bijoux d'une Noble ? Ou…

Tatsuki continua de divaguer mais Grimmjow ne l'écoutait plus. Il avait bien compris que les Forces Spéciales étaient affectées à de nombreuses missions mais une seule agitait actuellement toutes les castes : l'identité du faux-monnayeur.

— Houhouh ! Tu m'écoutes ?

— Mh ?

— J'ai entendu dire que tu as échoué contre Renji et que tu dois le servir maintenant, c'est vrai ?

— Peut-être, ouais.

— Je ne sais pas si tu l'as entendu l'autre jour dans la Cour mais il a averti qu'il aurait besoin de nombreux sujets pour samedi prochain.

— Et qu'est-ce qu'il fait samedi prochain ? Un concours de qui joue le mieux la poule mouillée face à lui ?

— Mais non, idiot ! Le Roi requiert la présence des dernières années pour le déménagement de son palace ! dit-elle d'un ton exagérément théâtral.

— Ben, voyons… Red Mama n'a pas dû lâcher l'affaire.

— Tu l'as dit ! Elle l'a incendié apparemment ! Mais elle avait raison. Ces caves sont vraiment d'un sinistre… Et en plus, ça pue.

— Il s'installe où ?

— Quelque part du côté de la Plaine apparemment… C'est pas loin du quartier des Pasteurs alors j'espère qu'il se ne fera pas griller de nouveau ! En tout cas, je vais lui montrer que ces bras peuvent soulever des tonnes et des tonnes ; assura-t-elle en montrant ses biceps ; ça sera l'occasion de comparer nos muscles, Caïd !

— Ne m'appelle plus comme ça… Et tu n'arrêtes jamais avec la compétition ?!

— Fais pas ton ronchon, tu as intérêt de venir !

— J'ai pas vraiment l'choix… Mais s'il te plaît, promets-moi une chose…

Tatsuki fit retomber ses bras et lorgna son ami avec curiosité. Grimmjow soupira et conclut :

— Fais en sorte de gagner le Jeu le mois prochain.