2 octobre
« Gauche. L'autre gauche ! » ("Left. Other left")
Belle de Jour la Pyronille feat. Ludvina, Bianca, Tcheren (Pokémon)
Le duvet blanc qui recouvrait la tête, comme un capuchon, et le poitrail de Belle de Jour, chatouillait les mains. Ludvina la tenait quasiment à bouts de bras, concentrée sur les longs fils de soie qui sortaient de sa bouche. Elle était en train d'aider Bianca à fixer dans le mur une énorme banderole qui félicitait Tcheren pour son accession au poste de Champion d'Arène, la jeune fille pour sa nomination au titre d'assistante du Professeur Keteleeria et Ludvina pour rien de particulier. Elle était Maître suppléante depuis plusieurs années, ce n'était pas non plus son anniversaire et elle n'avait rien entrepris de particulier récemment. C'était juste qu'ils étaient associés en tout depuis l'enfance, tous les trois, Tcheren, Bianca et elle.
C'était bien parce qu'elle connaissait particulièrement son amie que Ludvina était aussi tendue par la situation. Elle osait à peine dire à Bianca que la banderole n'était pas tout à fait droite, ni que même la soie de Pyronille ne parviendrait pas à la faire tenir vu l'endroit improbable où elle essayait de la fixer. Si elle le faisait, la jeune fille blonde allait entreprendre de se contorsionner sur l'échelle pour trouver un angle plus pertinent… et elle allait tomber, c'était sûr.
« La soie de Belle de Jour est trop solide pour ne pas mal se combiner à la maladresse de notre Bianca, déclara une voix aux intonations fières. Si elle trébuche, que ton Pyronille essaye de la rattraper avec ses fils, elle va lui rompre l'épaule. Laisse-moi m'en occuper. »
Les trois têtes se tournèrent dans la direction de Tcheren. Belle de Jour continuait de cracher de la soie, qui s'enroula autour du poignet de Bianca, qui pivota de nouveau de surprise, dérapa sur sa marche, arracha un « Non ! » de frayeur à ses deux amis. Ils se précipitèrent vers l'échelle et la tinrent à deux mains pour ne pas qu'elle vacille, le Pyronille se retrouvant coincée sous le bras de sa Dresseuse.
« Bianca. Je t'en conjure. Ne fais plus le moindre mouvement, lâcha Tcheren en découpant bien chaque syllabe.
-Hum. Ça m'étonnerait qu'elle puisse descendre d'ici toute seule de toute manière, observa Ludvina. Regarde sa main, elle est complètement emmêlée avec la soie de Belle de Jour, le haut de l'échelle et le fil de la banderole.
-Pourquoi ne pas m'avoir demandé de m'occuper de ça au lieu de la laisser faire ?
-Mais heu, je veux pouvoir me rendre utile, moi aussi ! protesta l'intéressée depuis le sommet de son espalier. Et tu exagères, je ne suis pas encore tombée.
-C'est vrai que vu comme ça… les félicitations sont plutôt de mise. Mais si ça ne te dérange pas, je vais prendre le relai. N'est-ce pas, Ludvina ?
-Désolée, Bianca, mais je pense que c'est le mieux, acquiesça la Maître suppléante. Je me sens un peu trop anxieuse de te voir là-haut. »
Leur amie poussa un soupir dépité. Ludvina n'osa pas lui dire que la bannière n'était vraiment pas bien installée.
Avec l'aide du Léopardus de Tcheren, ils tranchèrent précautionneusement les fils qui emprisonnaient sa main et la firent redescendre de l'échelle. Au pied de laquelle ils la réceptionnèrent. Tcheren prit sa place et Ludvina grattouilla Belle de Jour sous le menton avant de la tendre de nouveau vers la banderole. Leur ami était clairement plus adroit que la future assistante du Professeur Keteleeria, mais la jeune Maître se permit donc de laisser libre cours à son souci de l'idéal.
« Gauche. L'autre gauche, commanda-t-elle tandis que son Pyronille agitait ses petites pattes d'amusement.
-Attention à ne pas tomber, Tcheren, commenta Bianca sans qu'ils puissent déterminer si elle était sincère ou si elle avait appris le malice au cours de son voyage. »
