Captif du passé

Eddie se tenait dans l'allée centrale du supermarché, tenant la liste des courses que Buck lui avait donnée.

Maddie était à ses côtés, choisissant des fruits frais pour le petit déjeuner de demain. Tout semblait normal, une journée comme les autres, jusqu'à ce qu'il sente une présence menaçante derrière lui.

– Eddie Diaz ? demanda une voix ferme et autoritaire.

Eddie se retourna pour faire face à deux hommes en uniforme de Rangers du Texas. Son cœur s'arrêta un instant.

– Oui, c'est… Buckley-Diaz mais… oui, répondit-il, la voix tremblante.

– Vous êtes en état d'arrestation pour avoir fui la juridiction du Texas avec votre fils. Vous devez nous suivre immédiatement, ordonna l'un des Rangers.

Eddie sentit la panique monter en lui.

Buck lui avait assuré que tout était arrangé, qu'ils étaient en sécurité à Los Angeles. Mais ces hommes semblaient déterminés à l'arrêter et il ne comprenait pas ce qui se passait. Il pouvait juste louer le ciel que Christopher soit à l'école et pas avec lui.

– Attendez, il doit y avoir une erreur, dit Eddie, essayant de garder son calme. Mon mari a dit qu'il avait tout était arrangé…

Les Rangers ne semblèrent pas impressionnés.

Ils attrapèrent Eddie par les bras, lui passant des menottes, avant qu'il ne puisse réagir davantage.

– Eddie… ? s'enquit Maddie surprise et inquiète.

– Maddie, je ne comprends pas…, lui affirma-t-il.

– Vous n'avez pas le droit…, tenta-t-elle de s'interposer.

– Madame, je suis un Ranger mandaté par l'état du Texas, bien sûr que j'ai le droit, se moqua-t-il.

Maddie, horrifiée, sortit son téléphone et appela immédiatement Buck.

– Evan ! Evan, des Rangers du Texas sont là ! Ils arrêtent Eddie ! cria-t-elle dans le téléphone, la voix tremblante de peur. Evan ! Répond à ton téléphone, merde !

– Madame, veuillez-nous laissez passer maintenant, lâcha l'un de ses geôliers alors qu'elle raccrochait son téléphone.

– Vous ne l'emmènerez nulle part, les prévint-elle en appuyant sur le bouton d'alarme de son téléphone.

Buck le lui avait expliqué des dizaines de fois, pour les cas où il voulait que son garde du corps garde ses distances, que la pression de ce bouton le ferait venir immédiatement à son secours mais Eddie avait été bien trop choqué pour ne serait-ce que penser à appeler à l'aide.

Maddie semblait avoir bien plus de sang froid que lui.

– Et vous n'allez pas aimer ce qui va vous arriver si vous ne le relâchez pas tout de suite.

– Êtes-vous sérieusement en train de menacer des Rangers, madame ?

– Vous êtes loin du Texas ici, répliqua-t-elle la fureur dans les yeux. Et vous n'avez aucune juridiction en Californie.

Et Eddie pouvait s'estimer heureux de l'avoir de son côté car pour rien au monde il ne voudrait l'avoir contre lui. Elle pouvait se faire presque aussi terrifiante que Buck lorsqu'il était en colère.

Cela semblait être un trait de famille.

– Nous avons un ordre du juge du Texas, répondit le Ranger, en serrant plus fort les menottes. Dégagez de mon chemin où je vous arrête pour tentative d'entrave à la justice et vous vous expliquerez avec un juge.

– Si je ne m'abuse, vous n'avez aucune juridiction ici, pour arrêter les gens, intervint soudain Carla accompagnée de deux hommes de mains de Buck.

Eddie reconnaissait sans mal l'homme que Buck avait engagé pour la protection de Maddie et le second qui le suivait partout. Buck disait qu'il était seulement son assistant personnel mais Eddie savait que c'était également un garde du corps, tout comme Christopher avait un homme qui le suivait comme son ombre et restait en faction toute la journée devant son école.

Buck avait ri quand il l'avait confronté à ce sujet, avant de lui rappeler qu'il était riche « mais genre vraiment très riche Eddie, comme la deuxième plus grosse fortune du monde » et qu'il préférait leur éviter de se faire enlever contre une rançon. Même s'il était très prudent, sur l'identité des personnes qui gravitaient autour de lui, il ne voulait présumer de rien et « prudence est mère de sûreté, Eddie ».

Eddie déglutit difficilement sachant qu'ils devaient se retrouver après leurs courses pour une glace avec Christopher. Son fils n'étant nulle part en vue, il espérait qu'il était bien caché dans la voiture, protégé par l'homme que Buck avait engagé pour lui.

– Mêlez-vous de vos affaires, madame, cracha le Ranger.

– Je suis responsable du bien être de l'homme que vous molestez alors ça me regarde, justement, gronda-t-elle. Relâchez-le immédiatement !

– Nous avons un mandat d'arrêt contre lui, affirma-t-il en lui montrant narquoisement un papier plié.

Carla haussa un sourcil, peu impressionnée et tendit la main.

Le Ranger le lui remit et elle le déplia pour le parcourir, avant de rire et de le replier pour le faire passer à un de des gardes du corps. Le sien en l'occurrence, qui immédiatement décrocha son téléphone en s'éloignant, alors que le second prenait place aux côtés de Maddie.

– Vous ne pouvez pas l'arrêter, tous vos chefs d'inculpations sont faux.

– M. Diaz s'est soustrait à la justice en ne se rendant pas à sa convocation au tribunal et a quitté l'état sans autorisation avec un mineur dont il n'a plus la garde.

– Carla…, trembla-t-il.

– Je m'en occupe Eddie mais tu gardes le silence quoi qu'il se passe, Léon est au téléphone avec ton avocat, qui va renvoyer ses deux idiots dans leur état d'origine, la queue entre les jambes.

– Madame, êtes-vous en train d'insulter deux Rangers du Texas ?

– Je suis en train de « parler » de deux Rangers bien loin du Texas, messieurs. Ici, aucune insubordination n'a de mise. Vous ne valez guère plus que de vulgaires chasseurs de primes.

Eddie avait du mal à ne pas s'effondrer tellement il avait peur.

Il savait que si les Rangers le ramenait au Texas, il serait incarcéré et avait peu de chance de revoir un jour son fils. Dans ce cas, il espérait que les papiers qu'il avait signé, en faisant de Buck le tuteur légal de Christopher, seraient suffisant pour que ses parents ne puissent jamais mettre la main sur lui.

– Poussez-vous madame, la prévint l'un des Rangers.

– Ne me touchez pas, monsieur, où je pourrais bien porter plainte pour brutalité policière, le prévint-elle.

– Vous ne pourrez pas nous retenir ici indéfiniment, lui rappela-t-il. Qui que vous soyez, vous n'avez pas le pouvoir de nous empêcher d'emmener cet homme et son fils au Texas.

Eddie suffoqua.

Pas Christopher. Il refusait que Christopher soit renvoyé au Texas. Buck avait promis que ça n'arriverait jamais. Il avait promis et Eddie l'avait cru. Il se sentait devenir désespéré.

Carla écouta ce que disait son garde du corps à son oreille et il comprit à son regard qu'il avait perdu.

– D'accord, Eddie cela est temporaire, lui promit-elle.

– Carla… ? souffla-t-il.

– Et concernant Christopher Diaz ? demanda le Ranger avec un air suffisant.

– Hors de votre juridiction, gronda-t-elle. Ne poussez pas votre chance, messieurs. Votre mandat ne vous donne aucun droit légal sur cet enfant et l'emmener avec vous, vous rendrait coupable d'enlèvement d'enfant et dans l'état de Californie, c'est un crime fédéral, qui aurait des conséquences graves pour vous.

Eddie soupira de soulagement en les voyant hésiter.

Carla pouvait être très impressionnante quand elle s'y mettait et il comprenait pourquoi Buck l'avait en si grande estime.

– Messieurs, poursuivit-elle sur le même ton quand ils firent mine de partir en l'entrainant avec eux. Je vous conseille très sérieusement de faire en sorte qu'aucun cheveu de manque sur la tête de ce jeune homme pendant les quelques heures où il sera en votre compagnie, ou vous risqueriez de mettre mon employeur extrêmement en colère. Et croyez-moi, vous n'avez aucune envie qu'il soit en colère contre vous.

– Je me fiche de savoir que votre employeur va piquer une crise, cracha-t-il. Cet homme est un criminel et notre employeur nous a demandé de le ramener faire face à la justice.

– Votre véritable employeur, le président de notre pays, pourrait également être fortement incommodé si le mien lui refusait les subventions plus que généreuses qu'il verse pour sa campagne de réélection de l'année prochaine.

Eddie cru voir les deux hommes pâlir, avant d'échanger un regard interrogatif. Eddie ignorait si Buck avait réellement le bras aussi long ou si Carla mentait avec un véritable aplomb.

– Pas un seul cheveu, leur rappela-t-elle menaçante.

Les deux hommes acquiescèrent et quittèrent les lieux en l'entrainant avec eux.

– Carla, qu'est-ce que ça veut dire ? entendit-il Maddie demander.

– Ça veut dire qu'un certain juge s'est cru plus malin que moi, lâcha-t-elle en colère. Et qu'il va le payer cher.

Eddie fut placer à l'arrière d'une voiture.

Il vit le garde du corps de Christopher l'empêcher de voir ce qui se passait et si un jour il sortait de cette situation il paierait tout ce qu'il voulait à l'homme pour le remercier de cette attention.

Il espérait sincèrement qu'il allait pouvoir sortir rapidement de cette situation, avant son départ pour le Texas car une fois là-bas, rien ni personne, pas même Buck, ne pourrait empêcher ses parents de parvenir à leur fin.