Renaissance
Eddie cligna des yeux, luttant contre l'épais brouillard qui enveloppait son esprit.
La lumière crue et blanche du plafonnier le fit grimacer. Il essaya de bouger, mais une lourdeur pesait sur ses membres. Peu à peu, des bruits de machines bourdonnant doucement et des voix étouffées lui parvinrent. Il se trouvait à l'hôpital. Pourquoi était-il ici ?
La confusion régnait en maître dans son esprit embrouillé.
Il sentit une présence à ses côtés, chaude et rassurante. En tournant la tête avec difficulté, il distingua le visage inquiet de Buck. Ses traits habituellement calmes et composés étaient marqués par l'inquiétude, mais aussi par un immense soulagement.
– Eddie ? murmura Buck, sa voix rauque trahissant ses émotions. Tu es réveillé.
Eddie cligna des yeux de nouveau, tentant de rassembler ses pensées éparses. Des fragments de mémoire affluaient, des images de menottes, de Rangers du Texas, de ses parents lui hurlant dessus et de cette salle d'audience intimidante.
Son cœur s'accéléra à cette avalanche de souvenirs.
– Buck... qu'est-ce qui... qu'est-ce qui s'est passé ? balbutia-t-il, la gorge sèche et irritée. Mes parents…
Buck saisit doucement sa main, ses doigts fermes mais réconfortants.
– Tu es en sécurité maintenant, Eddie, lui assura-t-il d'une voix posée. Tu es à l'hôpital, à Los Angeles.
– J'ai du mal à faire le tri, c'est… flou.
– Ils t'ont drogué, lui apprit-il ce qui le figea sous le choc. Et nous avons dû te ramener ici pour te soigner. Le procès... tout ça, c'est fini. Personne ne te fera plus jamais de mal, à toi ou à Christopher. Je te le promets.
Les paroles de Buck semblaient irréelles, Eddie ne comprenait pas tout mais il savait que Buck le protégeait et il s'accrochait à lui comme une bouée de sauvetage dans un océan tumultueux.
La tension accumulée dans son corps commença à se dissiper, remplacée par une vague de soulagement. Mais des larmes brûlantes montaient déjà à ses yeux, la peur et la détresse qu'il avait refoulées refaisant surface.
– Je... je ne comprends pas. Pourquoi... pourquoi ont-ils fait ça ? demanda Eddie, la voix brisée.
Buck serra sa main plus fort, lui offrant une ancre dans cette tempête émotionnelle.
– C'était une machination, Eds. Ils ont tout orchestré pour te séparer de Christopher, allant jusqu'à manipuler le juge pour qu'il te déclare inapte et t'enferme pour toujours. Je ne sais pas pourquoi ils te détestent mais ils étaient déterminés.
– Je ne les comprends pas, admit Eddie. J'ai toujours essayé d'être meilleur, de leur plaire, de…
– S'ils sont assez stupide pour ne pas voir à quel point tu es merveilleux, le coupa-t-il. C'est leur perte.
– Mais qu'est-ce que j'ai fait de mal pour qu'ils me détestent ?
– Rien, affirma-t-il avec conviction. Les parents merdiques n'ont pas besoin d'une raison pour faire leurs conneries, ils le font parce qu'ils sont merdiques, c'est tout. Et crois-moi je le sais par expérience.
– Le juge les a cru ? Ils vont me prendre Chris ? paniqua-t-il soudain en ne le voyant nulle part.
– Non, Chase est intervenu à temps. Il a réussi à prouver ton innocence et à révéler leur complot. Maintenant, ils sont derrière les barreaux, et tu n'auras plus jamais à t'inquiéter d'eux.
Eddie se laissa aller contre l'oreiller, ses larmes coulant librement.
La peur omniprésente qui l'avait rongé depuis tant de mois se transformait en une fatigue écrasante. Il sentit la présence réconfortante de Buck à ses côtés, une présence qui avait été son rocher dans cette tempête.
– Buck, je... merci. Merci pour tout, murmura-t-il entre deux sanglots. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.
Buck caressa doucement sa joue, ses yeux emplis de tendresse.
– Tu n'as pas à me remercier, Eddie. Je suis là pour toi, pour vous. Toi et Christopher, vous êtes ma famille maintenant. Et je te promets que je ferai tout pour vous protéger.
Eddie ferma les yeux, se laissant bercer par les mots apaisants de Buck.
Il ressentait une chaleur étrange dans sa poitrine, une émotion qu'il n'avait pas voulu reconnaître jusqu'à présent. Était-ce simplement de la reconnaissance ? Ou quelque chose de plus profond ? Il ne se laissa pas y penser plus quand Buck s'installa à ses côtés et le serra entre ses bras.
Les heures qui suivirent furent floues.
Eddie se souvint vaguement de médecins et d'infirmières qui allaient et venaient, de la sensation des bras de Buck le tenant toujours fermement.
Enfin, on lui annonça qu'il pouvait rentrer chez lui.
La simple mention de la maison évoqua un désir intense de retrouver Christopher, de le serrer contre lui et de s'assurer qu'il allait bien.
Le trajet jusqu'à leur appartement se fit en silence.
Eddie sentait le regard de Buck sur lui, une constante source de réconfort. Lorsqu'ils arrivèrent enfin, Eddie n'attendit pas une seconde de plus. Il se précipita dans le salon où Christopher jouait tranquillement.
– Papa ! s'exclama Christopher en voyant Eddie, se jetant dans ses bras.
Eddie le serra contre lui, ses larmes coulant à nouveau.
Il s'assit sur le canapé, gardant son fils étroitement serré contre lui, comme s'il craignait de le perdre à nouveau. Buck s'installa près d'eux, observant cette scène avec un sourire doux.
Les heures passèrent.
Eddie ne quitta pas le canapé, refusant de relâcher son étreinte sur Christopher. L'enfant, sentant l'anxiété de son père, se blottit contre lui, trouvant du réconfort dans ses bras protecteurs.
Buck les surveillait, il savait qu'il se tenait prêt à intervenir si Christopher demandait à être lâché, mais il respectait son besoin de se reconnecter avec son fils, et Eddie se sentait tellement reconnaissant de l'avoir dans sa vie.
Lorsque l'heure du coucher arriva, Eddie se sentit tiraillé. La peur irrationnelle de perdre Christopher le tenaillait toujours, malgré les assurances de Buck.
– Viens, Eddie, murmura Buck en posant une main réconfortante sur son épaule. Christopher est fatigué. Il a besoin de dormir dans son lit.
Eddie acquiesça, ses mouvements hésitants trahissant son angoisse.
Il porta Christopher dans sa chambre, le borda avec soin et déposa un baiser sur son front. L'enfant s'endormit rapidement, rassuré par la présence de ses deux pères.
Eddie rejoignit Buck dans leur chambre, son corps tremblant encore de l'effet résiduel de la drogue et du stress accumulé. Il se sentait épuisé, à bout de forces, mais la simple vue de Buck lui apportait une certaine paix.
– Tu es toujours en train de trembler, constata Buck avec inquiétude. C'est la drogue qui s'élimine de ton organisme.
– Je suis en manque ?
– Ça va passer, lui assura-t-il. Mais il faut du temps.
Eddie hocha la tête, se sentant pathétique de ne pas pouvoir contrôler ses tremblements. Il détestait cette sensation de vulnérabilité. Buck, remarquant son malaise, l'attira doucement dans ses bras.
– Viens là, murmura-t-il en l'enveloppant dans une étreinte protectrice. Laisse-moi t'aider à te sentir mieux.
Eddie se laissa faire, ses tremblements s'apaisant lentement sous l'effet de la chaleur et de la sécurité que lui offraient les bras de Buck. Il ferma les yeux, se concentrant sur la respiration régulière de son mari, trouvant un réconfort inattendu dans cette proximité.
– Je suis là, Eddie. Je ne te laisserai jamais tomber, chuchota Buck, ses lèvres effleurant doucement son front.
Eddie sentit une vague de gratitude et d'affection monter en lui.
Il savait qu'il devait une énorme part de sa vie à Buck, mais il commençait à réaliser que ses sentiments allaient bien au-delà de la simple reconnaissance.
Buck était devenu bien plus pour lui qu'un simple protecteur.
Il était son roc, son ancre, la personne qui lui offrait un espoir et une sécurité qu'il n'avait jamais connus auparavant.
– Merci, murmura-t-il, sa voix à peine audible, mais chargée de tout le poids de ses émotions.
Buck resserra son étreinte, lui offrant une stabilité qui permit à Eddie de se détendre enfin. L'épuisement et la fatigue émotionnelle eurent raison de lui, et il sombra peu à peu dans le sommeil, son corps toujours lové contre celui de Buck.
Pour la première fois depuis longtemps, Eddie s'endormit avec un sentiment de paix et de sécurité, sachant qu'il n'était plus seul dans sa lutte. Il avait Buck, et ensemble, ils pouvaient affronter n'importe quel obstacle.
