« Tu viens te coucher ? » lança Antoine depuis l'ouverture de la baie-vitrée. Sur son transat, Candice sursauta, ne s'attendant pas à l'intervention de son amoureux. Elle regarda furtivement son portable qui affichait 00h10 et réajusta son gilet sur ses épaules alors que le brun approchait doucement.

« Vas-y et je te rejoins… souffla-t-elle tendrement en caressant ses jambes.

- Tu vas pas rester là toute la soirée quand même ?!

- Je préfère attendre les enfants ici…

- Mais ils sont en soirée, ils vont rentrer à pas d'heure !

- Ça me rassure de rester là… Puis je vais pas tarder à rappeler Gondar aussi…

Soûlé, Antoine leva les yeux au ciel.

- Eh bah ! Il va bientôt venir dormir entre nous deux à ce tarif-là…

- Dis pas n'importe quoi chéri…

- Nan mais c'est limite s'il veut pas t'offrir un poste dans son commissariat aussi… pesta-t-il sous les yeux amusés de Candice.

- Et pourquoi pas ? Je serai bien ici, sur mon île, bien au chaud toute l'année…

- Ah bah si tu veux rester ici loin de nous, je t'empêche pas hein…

- Je plaisante Antoine ! Je plaisante…

- Mouais…

- Je te promets, j'appelle Emma et Gondar, et je te rejoins…

- Ok… bouda-t-il en s'abaissant à son niveau.

- À tout de suite… chuchota-t-elle en acceptant son baiser.

- Coucouuuuuuu ! entendirent-ils au loin.

Surprise, Candice fixa devant elle avant de coller un large sourire sur son visage.

- Eh bah tu vois ! Ils sont rentrés sains et saufs, lança Antoine avec satisfaction.

- C'était bien ? demanda Candice en se levant de son transat.

- Grave ! Franchement les Réunionnais sont trop cools !

- Vous êtes pas encore couchés d'ailleurs ?

- Ah bah Candice voulait absolument attendre votre retour avant de monter ! expliqua-t-il dans un sourire.

- Bah quoi ? On sait jamais… se défendit-elle hasardement.

- Et au fait Martin, tu pars à quelle heure demain matin ?

- Vers 8h30 je pense… Il fait encore frais à cette heure-là, pour courir c'est mieux…

- Ça marche, je mettrai un réveil alors ! lança-t-il alors que tout le monde rentrait sauf sa compagne. Bah ?

- J'appelle Gondar et j'arrive !

- Ah… souffla-t-il en levant les yeux au ciel. Évidemment… faudrait pas oublier de lui souhaiter bonne nuit…

Emma ricana doucement avec Jules.

- T'es jaloux de ce mec ?

- Pas du tout… ça me gonfle de l'avoir dans les pattes c'est tout…

- Hum… ça te saoule juste qu'il soit dans les pattes de maman oui…

- Mais c'est maman aussi, elle les charme tous…

- Oui bah calmos… marmonna Antoine en grimpant les escaliers.

- Bonne nuit Antoine ! Lâchèrent-ils malicieux.

- À d'main! »

. . . . . .

Alors que le sommeil régnait dans cette pièce à peine ensoleillée, des vibrations retentirent sur la table de nuit du commissaire. Agacé, il tenta de s'empresser pour l'éteindre alors que Candice grognait péniblement en réajustant sa couette sur son corps.

« Le réveil en vacances, vraiment…. pesta-t-elle la voix endormie par le sommeil.

- Huuuuum… souffla Antoine groggy par le sommeil. »

La blonde trouva finalement la force de sortir son bras hors des draps et se pencha vers son téléphone portable. Elle peina à ouvrir les yeux pour constater qu'elle n'avait reçu aucune notification.

« J'ai pas de nouvelles de Gondar… observa-t-elle.

Antoine souffla d'agacement.

- Ah ouais… Donc dès le matin tu penses à lui…

Amusée, Candice ricana doucement avant de se blottir contre lui.

- Ils ont raison les enfants en fait… T'es jaloux…

- Méfiant ! C'est différent…

- Tu t'inquiètes pour rien… chuchota-t-elle en embrassant son torse.

- Hum…

- Il est quelle heure ?

- Euh… 8h… J'vais me lever d'ailleurs, Martin va m'attendre…

- Réveillée si tôt pour te voir aller faire du sport… commença-t-elle joueuse, alors qu'on aurait très bien pu en faire un autre… de sport… continua-t-elle entre deux baisers.

Antoine osa un rire malicieux avant de répondre à ses avances.

- Antoine ?! Entendirent-ils depuis le couloir.

- Ah !

- J'arrive ! Maugréa-t-il.

- Vous en avez pour combien de temps ?

- 1h30, 2h grand max' !

- Ok… Vous nous rejoindrez à la plage ?

- Ouais ! Rendors toi…

- Hum… soupira-t-elle de satisfaction en acceptant son baiser.

- À tout à l'heure chérie…

- Oui, et tu gardes ton téléphone au cas où… rappela-t-elle avant de s'emmitoufler dans la couverture. »

. . . . .

Sur la plage, la famille Renoir-Dumas trônait désormais sur leurs transats en front de mer. De là, Candice pouvait au moins superviser la baignade de sa belle-fille tout en profitant d'une lecture ressourçante. Face à elle, l'aînée sortait de l'eau, rebroussant chemin pour retrouver sa mère et son frère. Elle s'empara furtivement d'une serviette alors que ses yeux se posaient sur l'entrée du café voisin.

« Tiens ! C'est pas ton Gondar là-bas ?

- Ah ? »

Surprise, Candice posa son livre et tourna la tête dans la direction montrée par sa fille. Au loin, le policier semblait faire face à Fanny dans une partition houleuse. Et pour couronner le tout, Maya approchait, l'air de vouloir en découdre. Le ton montait désormais offrant un spectacle intriguant aux yeux de la commandante qui ne tarda pas à délaisser sa famille pour les rejoindre.

« T'es qu'une salope ! hurla Maya alors que Candice venait de la dépasser.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Il se passe qu'on avait raison… Fanny et Joseph avaient tout organisé… Il vient de la contacter.

- Qu'est-ce qu'il dit ?

- « Problème presque réglé. Tiens toi prête. » lut Gondar à Candice sur son téléphone.

- De quoi il parle ?

- Bah justement… C'était ma question…

- J'en sais rien ! Je vous jure ! J'en sais rien… J'ai pas reçu de message depuis son départ. On avait convenu que dès qu'il était prêt, on se rejoignait.

- Mais il parle d'un problème… c'est quoi ce problème ?! S'emporta Gondar.

- Je sais pas…

- Vous l'avez vu quand pour la dernière fois ?

- Y a 2 jours. Mais à peine deux minutes. Il est juste venu me déposer un sac avec ses affaires et me dire de faire gaffe parce qu'on commençait à comprendre la supercherie.

- C'est qui « on » ?

- Mais je sais pas ! J'ai pas compris d'où venaient ces doutes je…

- Et bien on va aller éclaircir tout ça au poste…

- Je m'occupe de Maya…

- Bien ! On se tient au courant… »

Candice acquiesça durement avant de marcher rapidement en direction de la jolie blonde qui s'était isolée sur un muret en arrière-plage. Maya pleurait silencieusement, laissant les larmes dévaler ses joues sans entrain.

« Je peux ? osa Candice en montrant le muret.

- Si vous voulez…

- Je connais votre douleur…

- Ah oui ?

- Hum… Moi aussi j'ai déjà été trompée et je sais la douleur que ça inflige. On se sent trahie, humiliée, rabaissée aussi. On a l'impression d'avoir perdu toute sa valeur et d'être à terre.

- Et comment on s'en remet ?

- On s'en remet pas vraiment. Mais avec le temps, on accepte de tourner la page, de refaire confiance et d'aimer à nouveau. Alors oui, là ça vous paraît insurmontable mais c'est le temps d'encaisser le coup.

- J'ai pleuré comme une conne la disparition d'un homme qu'avait juste envie de se barrer loin de moi et de son fils. J'ai qu'une envie, c'est le retrouver et lui foutre une bonne claque pour me soulager.

- Je comprends… répondit doucement Candice alors que son fils approchait.

- Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Martin.

- Rien ! T'inquiète pas… Votre course s'est bien passée ?

- Nickel ! Vous êtes installés où ?

- En front de mer là-bas… Antoine est à la douche ?

- Euh… non ! Pourquoi ? Il est pas rentré ? Je pensais qu'il était avec vous, il a fait demi-tour avant moi, il était crevé. J'ai fini tout seul.

- Bah non… Ça fait combien de temps ?

- Euh… Une bonne grosse demi-heure maintenant…

- C'est bizarre… »