Où Hyrule et Knil't prennent la mesure de ce qu'est une "bonne" époque.
Où Knil't s'infiltre en ville à la recherche d'information avec brio (c'est son taf après tout).
Où Hyrule s'infiltre tout à fait par hasard et pas très efficacement (c'est pas son job après tout).
Petit avertissement pour cause de quelques pensées suicidaires vers la fin (cette fic est notée général, donc je pense que l'avertissement s'impose).
Chapitre 4 : La meilleure façon d'enquêter (quand vous êtes une ache)
Link n'avait pas passé une bonne nuit. Rester sous forme de fée n'était pas un problème en soit mais il avait sursauté à chaque bruit et mouvement provenant du campement, craignant qu'ils le découvrent ou qu'ils décident de filer en pleine nuit. Il ne s'était pas suffisamment approché pour entendre leurs paroles et était resté aussi petit et peu lumineux que possible quand deux d'entre eux étaient passés juste sous son arbre, en patrouille.
Au matin, les mercenaires avaient levé le camp et avaient suivi le cours de la rivière, jusqu'à finalement sortir des bois et atteindre une plaine. Une petite ville se dressait sur une colline plus loin et ils prirent cette direction. Link vit plusieurs fois l'ache avec son apparence regarder nerveusement par-dessus son épaule : évidemment, le loup avait quelque chose à voir avec ce groupe et le monstre devait maintenant savoir qu'il était sur ses traces. Link se renfrogna à cette idée. Le groupe serait méfiant maintenant.
Il resta en arrière. La plaine n'offrait que peu de cachette et ses instincts féériques le rendaient nerveux à l'idée de voler autant à découvert. La ville au loin était la seule destination possible et il prendrait le risque de les retrouver là-bas une fois qu'ils seraient hors de vue.
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Knil't se retourna une dernière fois avant de franchir les portes de la ville, regardant les champs riches et verdoyants qu'ils venaient de traverser.
– Voilà des cultures en bonne santé, lui avait glissé Twilight à l'oreille alors qu'ils marchaient d'un bon pas en direction de la ville.
Knil't ne s'était jamais intéressé aux cultures. Il ne s'était jamais demandé à quoi devaient ressembler du blé et du seigle sains, de quoi ces plantes avaient besoin. Sous forme d'ache, il pouvait se nourrir d'insectes, d'oiseaux et de petits mammifères – les cours d'eau étant empoisonnés, il avait fait une croix depuis longtemps sur une éventuelle consommation de poissons et d'écrevisses. Il ne s'était jamais trop soucié de savoir d'où venaient le pain et les bouillons maigres dont se nourrissaient la plupart des hyliens à son époque, même s'il avait lui-même profité de ces denrées.
La méfiance des hyliens à l'égard de tout étranger prenait soudain du sens à la lumière de ce qu'il comprenait : tout intrus pouvant potentiellement compromettre le contenu et la date du prochain repas était considéré comme une menace.
Mais la ville qu'ils venaient d'atteindre semblait bien plus accueillante que toutes celles de son époque. Ne souffrant pas de la faim et des disettes à répétition, les habitants étaient d'un abord amical et les langues semblaient pouvoir se délier facilement.
Il était peu avant midi et les rues étaient animées autour d'une place de marché centrale. Des tables et des chaises étaient dressées à l'ombre des arbres bordant la place, extension bienvenue d'une taverne qui servait déjà à boire et des en-cas.
Le groupe de héros s'arrêta et prit le temps de jauger la ville. Certains semblaient pressés de filer : Wind trépignait d'impatience et Wild avait un sourire aux lèvres.
– Groupes de deux ou trois. N'oubliez pas la menace de l'ache, ne vous séparez sous aucun prétexte, annonça Time.
– On cherche des indices sur des monstres problématiques, reprit Warriors. Time, Legend, Sky et Wild sont arrivés dans cette époque il y a trois jours et l'ont débarrassé d'un certain nombre de monstres au sang noir, mais ce n'est peut-être pas terminé. N'importe quelle rumeur peut être intéressante.
– Baladez-vous, réapprovisionnez-vous, ouvrez vos oreilles, fit Time. On se retrouve sur la place centrale vers le milieu de l'après-midi. De mon côté, je vais essayer de nous trouver de la place dans une auberge pour la nuit.
Le groupe se sépara. Knil't ne se fit pas prier pour suivre Wind dans les rues animées, tandis que la plupart des autres allaient plutôt vers le marché. Ils passèrent une heure ou deux à se balader, observant les maisons, les habitants et les jardins. Knil't dut se retenir de chaparder des baies ou des légumes dans les potagers et Wind s'arrêta un moment devant une petite place contenant des structures apparemment prévues pour les enfants. Les balançoires étaient prises d'assaut et des enfants faisaient la queue pour un toboggan. L'envie était palpable dans les yeux de Wind.
– Tu veux faire un tour ? fit Knil't.
– Trop de monde. Peut-être plus tard ?
Ils s'éloignèrent. Knil't regarda les enfants avec regrets. S'il avait été seul, il aurait pris l'apparence d'un jeune enfant pour aller discuter avec eux : les gosses en groupe savaient souvent plus de choses que les adultes seuls, et étaient bien plus disposés à parler franchement. Mais il ne pouvait pas se le permettre avec Wind à proximité. Peut-être pourrait-il faire quelque chose avec l'aide de Wind, cependant… il était plus âgé que les gamins de la place de jeu mais cela pourrait tout de même fonctionner.
Plongé dans ses réflexions, il réalisa soudain qu'ils étaient de retour sur la place centrale. La plupart des marchands étaient en train de ranger leurs étals, ne restant que ceux proposant de la nourriture préparée. Knil't eut une idée.
– Hé, Wind, je commence à avoir faim, pas toi ?
– Je pourrais manger, fit Wind avec un sourire.
Ils se dirigèrent vers un étal de boulangerie. Outre toutes sortes de pains, la marchande proposait des petites tourtes fourrées à la viande et aux légumes. Knil't en eut l'eau à la bouche rien que de les voir. D'autres petits pains étaient recouverts de sucre, réalisa-t-il. Le sucre était un luxe rare à son époque et ici ils en parsemaient des petits pains comme si de rien n'était !
– Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Wind en voyant son expression.
– C'est… ce n'est rien. Le sucre est juste… pas courant chez moi.
– Prends-en un, alors !
– Non, non c'est bon ! Je n'aime pas trop ça de toute façon. Ces tourtes à la viande ont l'air bien plus délicieuses !
– Si tu es sûr…
Wind avait l'air sceptique. Knil't ne se voyait pas lui expliquer qu'à chaque fois qu'il avait essayé, le sucre lui avait donné des maux de ventre – son estomac d'ache n'y était pas très bien adapté, même s'il appréciait quelques fruits de temps en temps.
Ils allèrent s'installer sur un banc en pierre avec leurs achats. Ce faisant, Knil't commença à expliquer son plan à Wind.
– J'ai une idée pour trouver des informations. On pourrait demander aux enfants de la place de tout à l'heure. Mais ils parleront mieux à quelqu'un de leur âge…
– Tu es trop âgé, ils vont se méfier, confirma Wind. Tu veux que j'y aille ?
– Ouais ? Je peux rester en retrait pour éviter de leur faire peur… mais je te garderai dans mon champ de vision, comme ça Time et Wars seront contents…
Ils peaufinèrent encore leur plan puis se mirent en route. Wind n'eut pas besoin de se faire beaucoup prier pour aller rejoindre les enfants à la place de jeu. Il y avait un peu moins de monde et Knil't le regarda s'intégrer sans trop de soucis, prenant un rôle de grand frère aidant les plus petits à aller plus haut et plus fort à la balançoire.
Knil't fila au bout de quelques minutes. Il passa d'abord dans une boulangerie et acheta un grand nombre de petits pains au sucre. Puis il changea d'apparence dans une petite ruelle calme, avant de retourner à la place de jeu.
Wind ne le reconnut pas. Il n'avait aucune raison d'imaginer que la fillette se précipitant sur la place avec un sac en papier plein de brioches à distribuer avait quoi que ce soit à voir avec lui.
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Link entra en ville en s'attendant à tout moment à ce qu'on l'arrête. Mais il n'y avait pas l'ombre d'un garde aux portes et l'ambiance était plus joyeuse et amicale qu'il ne s'y attendait. Des inconnus le saluèrent avec un sourire et un signe de tête ! Il ne put s'empêcher d'y répondre timidement mais resta sur ses gardes. Il n'avait pas l'habitude. Ce genre de sollicitude gratuite cachait toujours quelque chose à son époque.
Nerveux, il sortit sa cape de sa sacoche et tira la capuche sur sa tête. La petite ville semblait s'enrouler autour d'une place centrale sur laquelle il reconnut plusieurs des silhouettes des mercenaires qu'il poursuivait. Il préféra suivre les plus petites ruelles.
Link venait de passer plus d'une heure à observer le blé presque mûr onduler sous une légère brise et un soleil généreux, les larmes aux yeux. Jamais il n'avait vu une récolte aussi saine avant ce jour. Avec crainte et déférence, se sentant comme un horrible voleur, il avait ramassé quelques épis, soigneusement rangés dans sa sacoche. Ces graines saines et vigoureuses permettraient peut-être d'améliorer les récoltes chez lui ?
Et là, il évoluait dans une ville agréable et pleine de vie, où les enfants avaient les joues rondes et jouaient dans la rue sans crainte. Il s'adossa à un arbre et regarda une bande de gamins courir après un ballon près d'une petite place avec des structures apparemment faites pour eux. Il lui fallut un moment pour qu'il réalise qu'une des silhouettes sur la place était celle d'un des mercenaires, celui avec l'apparence d'un jeune adolescent. Il parlait avec plusieurs enfants tout en tenant un petit pain à la main, sans le manger. Link fronça les sourcils, soudain attentif. Il n'aimait pas ce qu'il voyait. Qui sait ce qu'il disait aux gosses. Il ne savait même pas encore s'ils étaient hyliens ou des monstres déguisés.
Mais avant qu'il puisse prendre une décision, le jeune avait pris congé des gamins et venait vers lui en souriant.
– Tiens, fit-il en lui fourrant son petit pain dans les mains. On me l'a donné tout à l'heure et j'ai vraiment plus faim. En plus, ça avait l'air de te faire envie.
– Heu…
– Vraiment, vas-y, tu as dit que tu n'avais pas de sucre à ton époque, non ? Alors profites-en !
Link baissa les yeux sur le petit pain. Il faisait la taille de son poing, était doré et moelleux, et surtout parsemé de petits grains blancs de sucre. Son estomac vide se contracta et ses sens féériques hurlèrent à la vue du sucre. Il déglutit, se faisant violence pour ne pas le dévorer immédiatement. Il croisa le regard amical et détendu de l'adolescent. Et réalisa soudain qu'il le prenait pour l'autre ! Pour son imposteur !
Il aurait été un autre membre de cette troupe étrange, Link aurait trouvé une excuse pour fuir immédiatement. Mais le garçon pourrait laisser tomber des informations intéressantes, aussi il essaya de jouer le jeu.
– Merci, dit-il en glissant la brioche dans son sac, les mains tremblantes. Quoi de neuf ?
– T'avais raison, fit l'autre en commençant à s'éloigner, Link lui emboitant le pas. Les gosses savaient plein de choses.
Link sentit son cœur se serrer.
– Du genre ?
– Alors, la grande sœur de Taril qui est fiancée au fils du meunier, aurait entendu que le frère de celui-ci aurait eu une aventure avec le fils du boulanger, qui est lui-même promis à la fille du notaire.
– Heu…
– Ouais, les cancans habituels des villes, quoi, ricana le garçon. Que tu demandes aux lavandières ou aux gosses, tout le monde est au courant de ces commérages de merdes. Mais y'a eu un truc d'intéressant : l'un est commis chez le tailleur et celui-ci attendait une grosse livraison de tissu qui n'est toujours pas arrivée. Et genre, c'est assez inhabituel apparemment, parce que c'est une route bien balisée, c'est la routine, et y'a pas eu d'orage ou de problèmes connus pour expliquer ça. J'ai pas beaucoup plus de détails mais selon ce qu'auront trouvé les autres, on pourrait enquêter dans cette direction.
– D'accord, fit Link d'une petite voix.
Il ne comprenait toujours pas quel était le but premier de cette conversation : quel genre d'informations cherchaient-ils ? Quelle enquête étaient-ils en train de mener ?
Ses pensées furent interrompues par leur arrivée sur la place centrale. Sur laquelle trois des mercenaires les attendaient.
– Hé les gars ! s'éclaira le garçon en les rejoignant.
Link hésita. Il finit par le suivre en restant un peu en retrait. C'était une occasion inespérée d'en apprendre plus sur eux. Il se tenait prêt à filer si nécessaire.
– Wind, Hyrule, quelque chose d'intéressant ? demanda celui à la peau de bête sur les épaules.
– Peut-être ? commença le garçon – Wind.
Link observa les autres de dessous sa capuche pendant que Wind leur répétait ce dont il lui avait parlé. Celui à l'écharpe bleue expliqua qu'il avait entendu une histoire similaire : des marchandises attendues qui se faisaient attendre sans raison apparente. La route incriminée passait par les collines au nord-est de la ville.
Puis, celui à l'écharpe blanche dit qu'il avait demandé autour de lui si quelqu'un avait entendu parler d'un héros.
Link se tendit.
– Rien de récent, reprit écharpe blanche sans remarquer son trouble. Il y a des légendes, des histoires sur des événements datant d'un siècle ou deux, mais l'époque est normalement calme et les monstres sous contrôle.
– Oh, pas de nouveau Link à recruter à cette époque alors ? fit Wind d'un air… déçu ?
Link se sentit pâlir. « Cette époque » ? « Nouveau Link » ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?
Mais écharpe blanche sembla cette fois remarquer son trouble.
– Hyrule, tout va bien ? Tu n'as pas chaud sous cette capuche ?
– Ouais, tu es inhabituellement silencieux… fit celui à l'écharpe bleue avec suspicion.
– C'est vrai, commenta Wind en se retournant vers lui.
Link sentit le poids de leurs regards.
– Wind, commença écharpe bleue. Tu n'as pas perdu Hyrule de vue, pas vrai ?
– Heu… et bien… en fait, si, mais il devait rester à me surveiller de loin en fait… fit-il d'une petite voix.
Wind eut soudain un hoquet de surprise en regardant au-delà de Link. Link fit volte-face et fila aussi vite que possible.
– C'est l'ache, ne le laissez pas filer ! entendit-il derrière lui.
Il ne se retourna pas pour voir lequel avait parlé – lequel l'avait traité d'ache, et si ce n'était pas l'hôpital qui se foutait de la charité ! Devant lui se trouvait son ache, son imposteur, qui le fixait d'un air choqué, mais celui-ci s'était trouvé des alliés et des protecteurs puissants et il ne pouvait rien faire dans l'immédiat.
À part proférer des menaces :
– J'aurais ta peau, Œil de Ganon ! cria-t-il en mythe tout en s'enfuyant.
Link était rapide. Il s'était préparé à fuir et une petite impulsion de magie dans ses bottes lui permit de disparaître rapidement dans une rue latérale. Il tourna à nouveau à un angle et se transforma en fée, continuant à filer le plus vite possible, tournant dans une nouvelle rue.
Il se retrouva soudain nez à nez avec un des mercenaires. C'était le grand en armure complète. Une cicatrice barrait son visage et son œil aveugle s'ouvrit sous la surprise quand une fée faillit lui foncer dans la figure.
Pendant une fraction de seconde qui sembla s'étirer en longueur, l'homme et la fée se fixèrent, avant que Link ne change la direction de son vol et laisse ses ailes le porter dans les toits, hors de portée.
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Knil't était très occupé à discuter avec un groupe d'enfants qui se plaignaient des choses habituelles (couvre-feu, obligation de mettre un chapeau au soleil, se laver les mains avant de manger) quand il remarqua que Wind n'était plus nulle part en vue. Il fila rapidement de la place et reprit l'apparence d'Hyrule dans une ruelle avant de chercher l'adolescent, commençant à paniquer. Ce n'est qu'en revenant sur la place centrale qu'il comprit et pâlit en croisant le héros d'Hyrule, au moment où celui-ci était découvert et filait.
Le groupe le coursa immédiatement mais Knil't savait à quel point le héros était rapide quand il s'agissait de s'enfuir. Ils finirent par tomber nez à nez avec Time et Four.
– Time ! cria Warriors. L'ache ! Il était là à l'instant avec l'apparence d'Hyrule ! Tu l'as vu ?
– Je n'ai vu que vous, fit Time en haussant un sourcil.
Il y eut un moment d'embarras pendant lequel Warriors se demanda clairement s'il n'avait pas l'ache en face de lui.
– Prouvez-moi que c'est vous, fit-il, les sourcils froncés, une main sur le pommeau de son épée, en fixant Time et Four.
– J'ai menacé de te péter une rotule lors de notre première rencontre parce que tu pensais que j'avais dix ans, fit Four, pince sans rire.
– Tu as reçu un caleçon avec une broderie de la Triforce dessus pour tes dix-huit ans, annonça calmement Time en reniflant, un infime sourire au coin des lèvres.
– Bon sang, marmonna Warriors en se passant une main sur le visage. Attends… comment tu le sais ?
– Plus tard, Capitaine. Hyrule est là ?
Knil't s'avança, contrit.
– Je suis désolé, c'est de ma faute, commença-t-il. Une petite vieille a demandé de l'aide pour monter son panier de courses, j'ai dû m'absenter deux minutes, et quand je suis revenu Wind était parti et…
– C'est bon, c'est bon, l'interrompit Time en levant une main. J'ai juste une question : les aches peuvent-elles se transformer en autre chose que des hyliens ?
– Je… quoi ?
Tous les autres le regardaient, attendant sa réponse. Il ne savait ce qu'il devait répondre. En théorie le pouvoir de transformation qu'il possédait n'était pas limité aux hyliens, mais le contrôle mental de Ganon avait tellement formaté les aches qu'il n'était pas certain de pouvoir prendre une autre apparence.
– Je ne sais pas, finit-il par admettre. Si c'est le cas, je n'ai jamais vu ça, ni entendu dire qu'elles le pouvaient.
Ce n'était pas un mensonge. Il se demanda où Time voulait en venir avec cette question mais celui-ci n'approfondit pas, se contentant de hocher la tête à sa réponse. Wind sauta sur Knil't à ce moment-là.
– Putain mon gars j'ai eu la trouille de ma vie !
– Langage, râla Twilight.
– J'étais sûr que c'était toi, continuait Wind en ignorant la remarque. Il a pris le petit pain et tout ! Il m'a parlé ! C'était la même voix !
– C'est le principe, fit Knil't en tapotant sa main. Je suis vraiment désolé. J'aurais dû te prévenir que je m'éloignais une minute.
– Tu n'aurais pas dû t'éloigner en premier lieu, fit Warriors d'une voix dure.
– Je sais. Mais elle m'a demandé si gentiment… se justifia-t-il.
Warriors soupira.
– Retrouvons les autres et voyons ce qu'on a appris. Time ? Auberge ?
– Par-là, fit-il en désignant une ruelle latérale. Tu préfères qu'on déménage après ce qu'il s'est passé ?
– Qu'est-ce que cette créature va faire, essayer de nous infiltrer de nouveau ?
– Il ne faisait pas un très bon travail, fit remarquer Sky. Il est resté caché sous cette capuche et ne disait rien.
– Qu'a-t-il appris de nous de toute façon ? demanda Twilight.
– J'ai parlé de la direction du nord-est dans les collines. Si ça se confirme il va sans doute nous suivre demain.
– Il nous suivra de toute façon, dit Knil't, morose.
Le héros d'Hyrule n'avait pas besoin d'une excuse pour lui filer le train et essayer de le tuer, mais il ne pouvait pas le dire ainsi aux autres.
L'auberge était dans une rue calme. La salle commune était vide et une délicieuse odeur de cuisine montait de la pièce derrière le comptoir patiné par les ans. Ils s'installèrent aux tables, Time mentionnant que les chambres n'étaient pas encore prêtes mais qu'il y avait de la place pour que chacun profite d'un bon lit. Sky marmonna un « merci Hylia » à cela en se laissant tomber sur une chaise rembourrée.
Twilight et Four ressortirent à la recherche des héros encore manquants et il ne fallut pas longtemps pour qu'ils reviennent, Wild et Legend à la remorque. Toutes les informations furent mises en commun et la direction de la route des collines au nord-est de la ville se confirma.
Les héros débattirent un moment pour décider s'il valait mieux monter la garde ou non cette nuit-là. Knil't était à peu près sûr que le héros d'Hyrule ne prendrait pas le risque de pénétrer dans une auberge remplie de combattants lui étant hostile, mais… hé, c'était le héros. La prise de risque faisait partie de son métier. Aussi il ne put s'empêcher de se sentir soulagé lorsque la décision fut prise de faire un tour de garde, deux personnes à la fois.
Le reste de la journée et de la soirée se passa calmement dans le confort de l'auberge. Knil't eut un peu de temps pour réfléchir à la quête héroïque dans laquelle il s'était retrouvé embarqué malgré lui. Il frotta entre eux les doigts qui avaient été souillés par le sang noir, un souvenir illusoire d'une démangeaison se faisant encore sentir. Mais il ne se sentait pas différent, pas plus fort, pas plus bête, pas de voix dans sa tête, pas de volonté étrangère enserrant son esprit. Quoi qui infecte les monstres au sang noir, ça ne semblait pas particulièrement contagieux. Il se promit cependant d'être prudent et d'éviter ce contact à l'avenir s'il le pouvait.
La majeure partie de sa vie s'était déroulée sous le contrôle mental d'une entité maléfique. Contrairement à d'autres monstres, à d'autres mythos, il n'avait pas particulièrement de sang hylien sur les mains. Du moins pas directement. Il ignorait si les informations qu'il avait pu recueillir et transmettre dans les hautes sphères contrôlées pas Ganon avaient provoqué la mort de personnes. Probablement que oui. Mais il avait décidé depuis longtemps qu'il n'allait pas culpabiliser pour des actes dont il n'était pas responsable.
À l'idée qu'une nouvelle forme de contrôle s'abatte sur lui, via une infection au sang noir, il sentait un goût aigre lui remonter dans la gorge. Maintenant qu'il avait goûté à la liberté, il refusait de connaître les chaînes de l'esclavage à nouveau et décida qu'il préférerait mourir.
Honnêtement, ce ne serait pas très difficile. Il lui suffirait de reprendre sa véritable forme et de foncer sur l'un des héros. Une ache n'était pas beaucoup plus résistante qu'un keese et un simple coup d'épée lancé par réflexe serait suffisant.
Sa décision macabre prise, il se laissa entraîner par Wind dans une partie de dés dont il fut rapidement éliminé, étant peu concentré. Peu après, il y eut le seul évènement notable de la soirée, qui parvint à lui faire oublier sa morosité : Warriors revint vers Time pour lui demander comment il savait pour le caleçon. Sky et Four parurent intéressés par la réponse. Knil't tendit l'oreille, curieux lui aussi, tandis que Twilight et Wind à sa table continuaient leur partie de dés.
Time plongea une main dans une sacoche à sa ceinture, qu'il ne l'avait pas encore vu quitter, et en ressorti un… un masque en bois ? Jaune, avec un nez et des oreilles de renard. Knil't resta confondu, mais l'expression de Warriors se décomposa et, les yeux humides, jeta un regard tellement chargé en émotion à Time que Knil't ne savait pas ce qu'il devait voir : chagrin ? Joie ? Culpabilité ? Amour ?
– Mask ?
– Salut Link.
Il se surprit à se détourner, gêné d'observer les deux hommes dans ce qui semblait être d'étranges retrouvailles à travers le temps. Car ces deux-là n'auraient pas pu se rencontrer autrement que par d'étranges manigances temporelles, et les portails qui les avaient réunis n'étaient apparemment par les premiers du genre.
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La nuit tombait. Après s'être assuré que le groupe de mercenaires restait à l'auberge qu'ils avaient annexé, Link avait été rapidement dépenser quelques rubis pour se ravitailler en nourriture. Il avait craint de ne pas avoir assez pour acheter à manger. Mais les aliments coûtaient remarquablement peu cher à cet endroit. Cette époque ? La langue parlée était la même et ses rubis avaient été acceptés sans discussion…
Il s'était trouvé un endroit confortable entre deux toits, accessible uniquement en volant. Il était hors de vue de toute fenêtre et l'avancée d'un des toits le protégerait de la pluie si nécessaire. Sous le regard d'étoiles bien plus brillantes que chez lui, il savourait bouchée par bouchée une brioche recouverte de sucre, croquant les petits cristaux blancs entre ses dents avec un petit rire de contentement.
Le compte final est officiellement passé à 10 chapitres !
Volontiers un petit commentaire si vous avez apprécié la lecture ! Je lis l'anglais s'il le faut (pour être honnête, je lis les fics en passant par google translate, donc bon... ^^; )
Le chapitre 5 est quasi fini (doit passer en correction), les suivants sont planifiés. Lundi c'est la rentrée, j'espère avoir assez d'énergie pour garder le rythme d'un chapitre tous les samedis !
Bon week-end et bonne semaine !
