Le grimoire de la famille Potter

Auteur : DisobedienceWriter

Résumé: Harry Potter jouit d'une liberté sans précédent l'été précédant sa troisième année. Il tombe par hasard sur une étrange boutique du chemin de traverse où il trouvera de l'espoir.

Statut : complète

Publication : 2009-05-31

Classée : Fiction T

Langue : Français traduit de l'Anglais

Genre : Aventure/Surnaturel

Personnages : Harry P.

Source originale : https/s/5101357/1/The-Potter- Family- Grimoire

La porte de la petite boutique poussiéreuse s'ouvrit. Une cloche usée et abîmée émit un petit son. L'homme assis sur sa chaise derrière le comptoir sourit. Sa main usée se tendit et saisit un épais grimoire à la couverture en cuir sur une étagère. Ses doigts anciens ouvrirent la reliure rigide et commencèrent à feuilleter les pages.

Le vieil homme finit par s'arrêter sur une page blanche. Il posa l'épais volume sur une étagère voisine. Il aurait besoin de ce livre plus tard.

Puis il leva les yeux et sourit au jeune homme plutôt petit qui n'arrivait pas à se décider s'il devait entrer dans la boutique ou fermer la porte et s'en aller. Le sourire accueillant du vieil homme dût fonctionner. Le jeune homme entra dans la boutique.

"Bonjour", dit la voix fluette. Le jeune homme sembla nerveux.

"Bonjour", répondit le vieil homme avant de se lever de sa chaise. "Que puis-je faire pour vous ? Sa voix emplit toute la pièce, avec de petits échos qui résonnèrent d'un endroit à l'autre. Sa voix, sa personnalité remplissaient l'espace de partout.

Le jeune homme recula involontairement d'un pas.

"Eh bien, j'ai parcouru toute l'allée du chemin de traverse pour essayer de trouver le magasin qui vend des cartes de chocogrenouilles. Mon ami les collectionne et il lui manque... euh, Circé, je crois. Je voulais voir si je pouvais la lui procurer."

Le vieil homme acquiesça et fit signe au jeune homme de s'approcher avec son doigt recourbé.

"C'est un geste très aimable, jeune ami. J'ai en effet quelques cartes, mais pas celle que vous cherchez. J'ai plusieurs cartes originales de chocogrenouille, datant des années 1780."

Sa main était déjà sous le comptoir, à la recherche d'un album. Il le sortit et le posa sur le comptoir.

"Cela semble cher", dit le jeune homme. "Mon ami pourrait aimer ça... mais le coût, ça pourrait le rendre...".

"Jaloux ?"
Le jeune homme baissa les yeux, puis acquieça.

"Oui, oui. C'est une bonne chose d'éviter de susciter les émotions les plus négatives."

Le vieil homme replaça l'album sous le comptoir sans même l'ouvrir. Puis il fixa ses yeux gris sur le jeune homme.

"Je suppose que vous voulez me demander ce que je vends ici."

Le jeune homme leva les yeux de son inspection des crevasses du sol, un peu surpris. "Oui.

"Je vends tout et n'importe quoi.
Le jeune homme ne le crut visiblement pas.

"Comment ?

Le vieil homme sourit plus largement. "Par la magie.

Harry tenta de masquer l'expression acerbe qui se dessina, l'espace d'un instant, sur son visage. "Tout le monde dit ça quand il n'en a pas envie d'expliquer".

Le vieil homme acquieça. "Oui, c'est pratique. Probablement trop commode et trop susceptible d'être utilisé à mauvais escient comme explication. J'utilise la magie, entre autres, pour me procurer des objets dignes d'être revendus, mais mes techniques sont bien plus profondes que cela."

Le jeune homme ne semblait pas comprendre. "Permettez-moi de dire que mes méthodes sont des secrets de fabrication. Je ne voudrais pas que quelqu'un d'autre puisse faire ce que je fais".

Une lueur de compréhension se dessina sur le visage du jeune homme. "Alors, qu'est-ce que quelqu'un comme moi pourrait acheter chez vous ?"

Un grand sourire sincère éclata sur le visage usé du commerçant. "Oh, question astucieuse ! C'est très bien. Mais comme je ne vous connais pas, je ne peux pas vous répondre. Mais... vous pouvez me dire ce que vous désirez par-dessus tout... et nous pourrons alors travailler à partir de là."

"Ce que je désire ?" dit le jeune homme. Son visage s'assombrit un bref instant, comme s'il était soudainement plongé dans son passé, essayant de reconstituer ou de se souvenir de quelque chose.

"Il ne faut pas s'attarder sur les rêves et oublier de vivre. Quelqu'un m'a dit cela quand je ne pensais qu'à mon désir."

Le vieil homme acquieça. "Je ne vends pas de rêves, mais ce sont des conseils judicieux. Dites-moi, s'il vous plaît, ce qui vous a tant attiré."

"J'ai regardé... un artefact magique qui m'a montré une vie avec mes parents, si je n'avais pas été orphelin."

Le vieil homme avait un regard compatissant. "Oui, c'est trop fréquent ces dernières années. Alors... vous souhaitez retrouver votre famille ?"

Le jeune homme sembla contrarié par cette idée pendant un moment, avant de secouer la tête. "C'est impossible. Mais... je ne sais rien d'eux, à part leur apparence. Je souhaite connaître ma famille. Les apprécier. Avoir une histoire familiale si je ne peux pas avoir de père et de mère."

Le vieil homme regarda le jeune homme dans les yeux pendant quelques instants avant que sa main ne se glisse sous le comptoir et n'en sorte un épais volume.

"Vous devez me dire votre nom, alors, si je veux essayer de trouver quelque chose d'approprié."

"Je suis le dernier Potter. Harry Potter." Le jeune homme s'attendait à une réaction quelconque. Le vieil homme ne changea rien à son apparence ni à son comportement.

"Potter. Ses doigts feuilletèrent les pages épaisses et tachées d'encre. "Un nom commun, je pense. Peut-être trop commun. Mais... oh oui, ça pourrait très bien être ça."

"Monsieur ?

"Un instant. J'ai quelque chose dans mon arrière-boutique que vous devriez examiner. Un instant, jeune maître."

Le jeune homme resta quelques minutes dans ce magasin étrange. Ses yeux se promenèrent sur les étagères qui contenaient des appareils qu'il ne comprenait pas. Quelques jours plus tard, s'il parlait de cet endroit, ce qu'il ne ferait jamais, il aurait pu comparer l'espace à un Barjow et Burkes qui n'avait pas l'air de vouloir l'engloutir tout entier.

Ce magasin lui sembla... réconfortant.

C'était un endroit hautement magique. Même un jeune sorcier n'ayant suivi que deux ans d'études pouvait le constater. On aurait dit une version plus intense de la Grande Salle de Poudlard, avec des flux de magie, et des enchantements superposés partout.

Harry tourna les talons et regarda une étagère encastrée dans le comptoir près de la porte.

Elle contenait des objets qu'il n'avait jamais vus ou dont il n'avait jamais entendu parler auparavant. Il y avait le squelette d'une sorte de lézard... qui marchait à l'intérieur d'une bouteille en verre, sans jamais bouger de sa position. Il marchait, marchait, marchait, une machine à mouvement perpétuel.

Il y avait une bouteille verte qui semblait vide mais qui émettait de petits anneaux de fumée par le haut. Vert, puis jaune, puis beige, puis violet profond. Les couleurs se succédaient ainsi sans changement.

Plus loin sur l'étagère, il y avait une pierre argentée et d'un bleu profond qui pulsait d'une énergie magique, une magie chaude et agréable.

Sa main se tendit pour toucher la pierre. Il ne pouvait pas s'arrêter... et s'il était honnête avec lui-même, il ne voulait pas s'arrêter.

Il voulait ressentir cette belle magie.

"Soyez prudent, jeune maître", dit le vieil homme, dont la présence fut à nouveau palpable dans la petite boutique. La main de Harry retomba sur son flanc, puis il se retourna lentement avec un sourire penaud.

"Ne touchez jamais un objet magique si vous ne savez pas précisément ce qu'il fait."

Les sourcils de Harry faillirent monter jusqu'à la racine de ses cheveux lorsqu'il compris enfin l'importance de l'avertissement.

"Oh, c'est vrai. J'aurais dû y penser. J'aurais dû y penser. D'habitude, j'ai des ennuis parce que j'agis toujours avant de penser."

"Ce n'est pas un problème, jeune maître. Il suffit de faire attention. Cette pierre est très belle. Elle est porteuse d'une merveilleuse malédiction..."

"Excusez-moi, mais comment une malédiction peut-elle être merveilleuse ?"

Le vieil homme passa de la porte de son arrière-boutique à sa place habituelle, derrière le comptoir. Il aurait presque pu tendre le bras pour toucher l'étrange pierre, mais il ne le fit pas.

"Elle confère à quiconque la touche une sorte d'euphorie. Plus on s'approche de la pierre, plus on se sent bien. On raconte que de nombreuses personnes ont péri après avoir touché la pierre, refusant de trouver de la nourriture ou de l'eau... car cela signifierait s'éloigner de la pierre maudite."

"Pourquoi la garder ici ? demanda Harry.

"Elle est utile. Tout le monde ne l'utiliserait pas à des fins malveillantes. Supposons qu'une créature dangereuse s'installe près de votre maison. Vous pourriez acheter cette pierre, faire en sorte que la créature la touche, et ensuite déplacer la pierre plus loin. La créature la suivrait inévitablement".

"Ça ne marche pas que sur les gens ?"

Le vieux commerçant sourit et secoua la tête. "Bien sûr que non. La magie peut faire presque tout ce qu'on lui demande... à condition de savoir comment demander et d'être prêt à payer le prix fort. En effet, laissez-moi vous montrer une belle œuvre de magie, l'objet qui, je pense, vous en apprendra plus sur votre famille."

Harry sourit et ses yeux se dirigèrent vers un livre épais posé sur le comptoir qui n'était pas là avant que le commerçant ne disparaisse dans son arrière-boutique.

Le vieil homme atteignit cette partie du comptoir en premier et tourna le volume pour que Harry puisse le lire. Le cuir gris foncé semblait noirci sur une bonne partie de la couverture.

Mais il put voir une partie d'un blason et le mot "Potter" dans la partie supérieure gauche.

Le vieil homme se replongea dans le registre des livres qu'il possédait et lut ses propres notes. "J'ai ce volume depuis trente- deux ans, acheté dans un lot provenant des décombres d'un manoir après un incendie. Je n'ai pris le temps de cataloguer cette boîte qu'il y a huit ans, semble-t-il... Mon Dieu, mon Dieu, j'ai vraiment trop de choses dans mon entrepôt."

Le vieil homme leva les yeux et fixa le livre partiellement brûlé. "Il est d'une grande qualité et a plusieurs centaines d'années. Je n'ai pas réussi à l'ouvrir... ce qui signifie probablement qu'il s'agit d'une protection de sang ".

"Lié par le sang ?"

Le vieil homme acquiesça. "C'est une pratique ancienne, tombée en désuétude, semble-t-il, puisque vous ne reconnaissez pas le terme. Les précieux artefacts et les sorts étaient liés à une personne ou à une lignée familiale. En tant que mécanisme de sécurité, il est difficile à contourner..."

Harry acquiesça. "Donc, si mon sang ouvre ce livre, alors je suis lié aux personnes qui ont écrit dans ce livre ?"

"Je crois que c'est cela", dit le vieil homme.

Un large et profond sourire se dessina sur le visage autrement prudent de Harry. C'était une chance d'avoir un contact avec sa famille, une famille certes éloignée. Si son sang était le bon.

Quelques instants plus tard, Harry demanda un couteau ou quelque chose de tranchant. Le vieil homme plongea la main sous le comptoir et en sortit une fine tige de verre. Il la coupa en deux et en tendit un morceau à Harry.

Harry s'empressa d'y plonger le bout de son pouce, quelques gouttes de son sang tombant sur le côté brûlé du livre. Rien d'autre ne semblait se produire.

Harry avait l'air de croire que quelqu'un venait de lui annoncer que la tarte à la mélasse avait été interdite à Poudlard. Il posa la moitié brisée de la tige de verre sur le comptoir.

Le vieil homme la ramassa et la renvoya à Harry. "Il y a ton sang dessus. N'oublie jamais que le sang est un élément très important pour de nombreux types de magie. Tu devrais le garder avec toi jusqu'à ce que tu puisses le détruire complètement."

"Merci. Et merci d'avoir trouvé ce livre. Je suis juste désolé qu'il n'ait pas semblé fonctionner..."

"Touchez-le. Soulevez la couverture du livre. Ne présumez pas."

Dès qu'il entendit l'ordre, Harry ne put arrêter sa main. Son doigt caressa le cuir carbonisé, puis s'accrocha sous la planche du livre. Il retira doucement toute sa main, s'attendant à ce qu'il n'y ait pas le moindre mouvement. Mais... la couverture s'ouvrit.

Son léger mouvement changea. La couverture s'ouvrit complètement et le visage de Harry se trouva presque à l'intérieur du livre. Il y avait un sort à l'intérieur. Un sort pour sécher un morceau d'argile. Un sort pour un potier.

Harry feuilleta le livre. Encore des sorts pour un potier. Puis des sorts pour protéger une maison. Puis d'autres choses. Des choses qu'il ne comprenait pas du tout, même si l'écriture devenait plus familière et les mots moins archaïques.

C'était un livre de sorts. Un livre de sorts créé et entretenu par la famille de Harry.

"C'est génial !"

Le vieil homme regarda le volume et sourit. "Un grimoire est quelque chose de particulier, jeune maître. C'est l'accumulation de générations de sagesse. Une famille qui possède une puissante collection de sortilèges, et dont tous les membres ont un but bien précis, est bien plus forte que n'importe quelle autre. Mais vous devez être prudent avec ce livre. Vous pouvez choisir de partager le savoir comme bon vous semble... mais comment savoir si le destinataire restera un allié ou un ami ? Choisiriez-vous d'équiper un ennemi, de lui donner vos meilleurs outils et armes ?"

Harry referma rapidement le livre. "Je comprends ce que vous voulez dire.

«Gardez-le secret. C'est un Livre des Ombres et pour cette raison ; gardez le caché et secret".

Harry caressa la couverture comme s'il s'agissait d'un animal de compagnie. "Un livre n'est pas une personne ; il ne peut pas me parler ou répondre à mes questions... mais je me sens plus heureux avec ce vieux livre brûlé que je ne l'ai été depuis longtemps. C'est une connexion".

"Je suis heureux d'avoir eu quelque chose pour vous dans mon arrière- boutique. Mais je crains de devoir vous faire payer un gallion pour cela."

"C'est tout ? Ce..."

"Un seul gallion", dit le commerçant en souriant. "Je reconnais que c'est une bonne affaire pour vous, mais je n'ai besoin que d'un gallion pour cela."

Harry acquiesça et sourit. "J'aurais payé beaucoup plus cher pour cela. Mais... voici votre gallion." La grosse pièce d'or tomba sur le comptoir et tournoya un instant avant que la gravité ne l'attire vers le bas.

"On ne m'a pas souvent accusé d'excès de générosité, jeune maître." Les doigts noueux du vieil homme saisirent la pièce qui disparut à l'intérieur de sa robe.

"Merci encore, monsieur. Je reviendrai peut-être un autre jour pour vous parler à nouveau. L'école ne reprend que dans quelques jours..."

"Ce serait un plaisir".

La porte se referma et la lumière à l'intérieur de la boutique sembla diminuer.

Le commerçant remit son "livre des livres" à sa place et s'assit. Il se tourna vers son manifeste relié en cuir et trouva la première page blanche à laquelle il avait ouvert le livre. Il griffonna le numéro 147 en haut de la page et commença à décrire sa rencontre avec le jeune maître.

Les minutes passèrent et la plume continua sa narration. Lorsqu'il eut terminé, le gallion qu'il avait reçu du jeune maître réapparut dans sa main.

Le vieil homme sortit une boîte usée de sous son comptoir et en ouvrit le couvercle. Elle semblait bien trop petite pour contenir autant d'or qu'elle en contenait. Mais... la magie était de la magie.

Il déposa la pièce à l'intérieur de la boîte. "Mon cent quarante- septième gallion", dit-il en refermant le couvercle et en remettant la boîte à sa place.

Les affaires tournaient au ralenti. Très peu trouvèrent la porte et aucun n'était jamais revenu, même si le commerçant aurait apprécié de la compagnie.

Il lui restait un long chemin à parcourir avant de pouvoir dormir ou quitter les deux pièces de sa boutique. La pénalité... pour sa liberté... était un paiement de 5 000 galions, pas plus d'un par âme digne.

Ce châtiment n'était rien comparé à ce qu'avaient dû affronter certains des plus grands anciens : Ixion et sa roue, Sisyphe et son rocher, Tantale et sa soif inépuisable dans un bassin d'eau imbuvable, Prométhée et l'aigle qui lui arrache le foie jour après jour.

Le vieux commerçant effaça l'encre humide de son épais livre de comptes et le replaça sur son étagère. Puis il retourna s'asseoir sur sa chaise... et attendit. Il pouvait s'écouler un jour ou une décennie avant que la porte ne s'ouvre à nouveau... avant qu'il ne gagne un nouveau gallion et ne se rapproche un peu plus de sa libération.

Au moins, ce jeune maître avait été gentil et aimable. Certaines des personnes considérées comme "dignes" par les enchantements de cet endroit... et bien, n'étaient ni gentilles ni agréables.

Il savait que le jeune maître réussirait probablement le test qu'il venait de remporter dans ce magasin. Il ne s'est jamais rendu compte de ce qu'il en était - cela faisait partie de la punition, de l'ennui et de la curiosité sans réponse - mais il pensait que celui-ci réussirait l'épreuve qu'il aurait à passer.

Le destin offrait généralement les outils nécessaires pour réussir... mais c'est à l'individu de les prendre et de les manier.

Le vieil homme se détendit dans son fauteuil et, en quelques instants, il oublia complètement son dernier client. De temps en temps, il lisait son registre pour se distraire, car il ne pouvait lire aucun des livres en vente ici. Mais il ne se souvenait de rien, sauf s'il l'écrivait... et même dans ce cas, sa mémoire à long terme ne retenait aucun détail.

Le passé lui échappait. Le présent était sa damnation. Tout ce qui restait... Ses yeux restaient fixés sur la porte, pleins d'espoir.

Harry Potter se réveilla, tout excité. Il lui restait cinq jours avant le début de sa troisième année à Poudlard, mais le livre qu'il possédait maintenant était tellement plus excitant que son retour à l'école.

Avant de s'endormir hier, il passa le plus clair de son temps à consulter les dernières entrées. Il put en apprendre un peu plus sur sa famille, son grand-père et sa grand-mère. Il avait lu une brève annonce de la naissance de son père.

Aujourd'hui... aujourd'hui, il voulait retourner dans cette boutique et remercier l'homme étrange qui avait trouvé ce précieux livre.

Il se leva, s'habilla et descendit dans la salle principale du Chaudron baveur. Il prit un bon petit déjeuner, bien plus copieux que ce qu'on lui avait jamais servi chez les Dursley, puis s'engagea dans l'allée.

Mais il ne se souvenait pas précisément de l'endroit où se trouvait le magasin.

Il erra jusqu'à midi en essayant de localiser la petite boutique. Il avait cru s'en approcher à plusieurs reprises, mais rien.

Lorsqu'il entra dans une petite gargote, son esprit s'éloigna de l'idée de trouver la boutique. En fait, il plaça toute l'expérience, à l'exception de l'acquisition du grimoire, dans une partie floue de sa mémoire.

L'après-midi, Harry sortit à Londres. Il n'avait jamais passé de temps dans la capitale. Il n'était jamais entré dans un immense magasin de jouets ou chez Harrod's, ni ne s'était promené le long de la Tamise ou n'avait vu les Chambres du Parlement.

Les jours suivants, jusqu'au début de sa troisième année à Poudlard, il passa une partie de sa journée parmi les Moldus. Il se promena dans le British Museum et se demanda pourquoi il se sentait attiré par quelques-uns des objets exposés dans les expositions égyptienne et grecque. Il acheta de la nourriture à SoHo et mangea pour la première fois dans des restaurants chinois, indiens, italiens et russes. Il alla voir un film à Leicester Square, mangea beaucoup trop de pop-corn gras et rougit en voyant toutes les publicités sales affichées sur et autour des cabines téléphoniques, montrant des photos de jeunes femmes prêtes à faire n'importe quoi pour une bonne somme d'argent. Il se demanda pourquoi tant d'entre elles prétendaient parler grec.

Il acheta de nouveaux vêtements. Il acheta de nouvelles chaussures qui lui allaient vraiment sans nécessiter deux ou trois couches de chaussettes. Il se comporta comme une personne normale, comme un touriste venu dans un endroit étranger. D'une certaine manière, il était un étranger en terre inconnue, même si l'endroit aurait dû lui être familier et banal.

Il passa la meilleure semaine de sa vie, notamment en raison du temps qu'il consacra à la lecture de son nouveau livre, à sa connexion carbonisée avec le passé, avec sa famille et sa sagesse accumulée.

Pour une raison ou pour une autre, l'attaque d'Halloween - lorsque Sirius Black avait découpé le portrait du gardien de la tour de Gryffondor en essayant d'atteindre Harry - avait incité Harry à retourner relire certaines parties du grimoire. Il avait été tellement pris par son travail et l'affaire Sirius Black qu'il n'avait pas passé beaucoup de temps à examiner le livre depuis quelques semaines.

Le 2 novembre, alors qu'il n'était pas très attentif à ses cours, Harry s'assit dehors par une journée encore agréable et sortit le grimoire de sa cachette à l'intérieur de sa cape.

Il lit pendant quelques heures, jusqu'à ce que la lumière dans le ciel commence à s'assombrir et qu'il ait quelques idées pour se protéger.

Comme Hermione semblait très occupée cette année, Harry décida qu'il devait travailler sur ce projet sans même lui demander un peu d'aide. Il savait qu'un certain nombre de sortilèges, maléfices et rituels étaient un peu au-dessus de ce qu'il pouvait comprendre. Mais... il était plus doué pour agir que pour comprendre.

Il apprit ses sorts et se prépara au pire, mais plus important encore, il commença à apprendre et à comprendre la nature de la famille Potter. Il commença à comprendre pourquoi son père s'était battu contre Voldemort, pourquoi son grand-père s'était battu contre Grindelwald, pourquoi, à chaque génération ou deux, un Potter se battait contre la tyrannie. Parfois, c'était pour mettre fin à une rébellion de gobelins - sans massacrer tous ces êtres piquants, mais toujours sensibles - et d'autres fois, c'était pour mettre fin à une série de chasses aux sorcières - sans massacrer tous ces Moldus piquants, mais toujours sensibles. Un jour, un Potter a même contribué à mettre fin à la grande chasse annuelle aux loups-garous, ayant comme motif le fait qu'elle soit cruelle et inutile. Certains Potter s'étaient battus durant la 1ère guerre mondiale. Certains étaient des chefs militaires, d'autres exerçaient leur influence dans la classe des marchands, en tant que maîtres potiers ou importateurs de marchandises, ou maîtres constructeurs et gardiens ; quelques-uns étaient même devenus enseignants pour guider les générations suivantes.

Tout cela était nouveau pour Harry. Au-delà de l'amour de son père pour le Quidditch, il ne connaissait pas vraiment sa personnalité, et encore moins celle de son grand-père et de ses autres ancêtres.

Cela lui fit une impression encore plus forte que sa progression dans la magie pratique, dans sa capacité accrue à se défendre, dans son arsenal élargi d'astuces et de techniques astucieuses pour préserver et renforcer la lignée Potter.

Plus important encore, grâce à son lien avec le passé, Harry commença à comprendre le concept de devoir. Le concept du devoir des Potter.
La bravoure au service d'une cause. Le pouvoir est utilisé avec modération et discernement.

17 avril 1897

J'hésite à noter ce nouveau sort, non pas parce qu'il n'a pas de valeur, mais parce qu'il est presque trop puissant pour être déployé en toute sécurité.

J'implore mes successeurs de faire preuve de prudence lorsqu'ils travaillent avec le bouclier énergétique, mis au point par David Odgen Potter, mon cousin germain, après avoir été fasciné par un moldu nommé Nikola Tesla.

L'homme a travaillé sur un type d'énergie appelé électricité et a démontré plusieurs propriétés inhabituelles. David Potter s'est interrogé sur cette électricité et a mis au point une méthode pour l'exploiter avant de la généraliser.

Le bouclier énergétique décrit ci-dessous absorbe toutes les formes d'énergie pour se renforcer. Le lanceur de sorts dépense une énorme quantité de sa propre magie pour commencer le bouclier, puis l'environnement naturel l'alimente et le renforce à partir de là. Il accepte les apports magiques ainsi que les décharges électriques dues à la foudre. Il fonctionne même contre l'énergie contenue dans une balle déchargée ou une tempête de vent violente.
Une fois l
e bouclier érigé, rien ne peut le traverser, y compris l'oxygène frais. C'est le principal danger inhérent à cette conception : une fois le bouclier érigé, le lanceur de sorts et toute autre personne à l'intérieur de celui-ci sont totalement protégés de tous les acteurs extérieurs, mais ne disposent que d'une quantité limitée d'air respirable.

De plus, quiconque ou quoi que ce soit qui tente de traverser le bouclier... cesse d'exister. Toute l'énergie, même celle contenue dans un animal vivant, comme un oiseau, est captée par ce dernier. C'est là le second danger du travail avec le bouclier. Un lanceur de sorts imprudent peut facilement perdre une main ou toute sa personne s'il tombe ou se heurte à la surface du bouclier.

David Potter a perdu son fils aîné, Johnathan, alors qu'il construisait cette protection. L'enfant de cinq ans a couru jusqu'à elle avant que David ne se retourne et fasse signe à son fils de s'arrêter. Mais le garçon a trébuché sur une pierre et est tombé la tête la première dans le bouclier. La partie supérieure de son corps cessa d'exister. David mit près d'un an à achever son travail après ce tragique accident.

Note bene : Toute personne travaillant avec cette protection doit se trouver dans un endroit sécurisé. Le travail de développement non sécurisé de David lui coûta cher, ainsi qu'à sa famille.

Cette configuration du bouclier a apporté une grande tragédie à la famille, mais elle pourrait bien être notre plus belle création. Elle peut arrêter une malédiction de mort ou un loup-garou déchaîné. C'est un niveau de défense ultime en cas de tentative d'invasion de nos domaines. N'autorisez que les plus fort, magiquement et mentalement, à apprendre ce sort. Il peut tuer ceux qui n'ont pas assez de magie ou qui ne savent pas comment et quand l'utiliser.

Utilisation : préparer quatre tablettes runiques, de préférence en os ou en ardoise. Les runes doivent être écrites avec de la cendre mouillable ou de l'encre de fer moulue. Le sang ne doit en aucun cas être utilisé (voir ci-dessous).

Préparez les quatre tableaux runiques copiés sur la page suivante. Il ne s'agit pas d'éléments standard d'un langage runique formel, mais ils sont plus étroitement liés aux variantes Kar-loth des runes nordiques.

Placez les tablettes runiques sur le périmètre de la zone protégée. Le lanceur de sorts doit être conscient que la puissance requise pour lancer la protection est liée au carré de la zone protégée. Ainsi, une zone de quatre pieds nécessitera 16 unités de magie, tandis qu'une zone de trois pieds en nécessitera 100. La plus grande zone protégée par David était de 800 mètres carrés, ce qui équivaut à 640 000 unités magiques, la limite supérieure du plus fort des sorciers de la famille Potter.

(Cependant, un test, utilisant son propre sang pour les inscriptions runiques, s'est soldé par un drainage presque complet de sa magie et par la création d'une protection d'une superficie dix fois inférieure à celle qu'il attendait. L'inconscience de David a mis un terme à ses jets et lui a sauvé la vie).

La phrase d'activation est res naturus facticiusque potestam purum invictumque fieri.

Un Fini incantatem entonné par le lanceur de sorts met fin à la protection.

La durée pendant laquelle la protection peut rester érigée en toute sécurité dépend de sa taille. Une personne se trouvant à l'intérieur d'une salle de taille maximale, soit 800 m2, devrait disposer d'une quantité d'air suffisante pour survivre pendant trois heures. Deux personnes réduisent de moitié la durée d'utilisation sûre.

David et moi supposons, sans l'avoir testé, que les lanceurs multiples de ce bouclier étendront la zone du quartier sur une échelle logarithmique plutôt qu'arithmétique. Il semble difficile de trouver deux ou trois plus de potiers dont la magie est suffisamment en phase avec la réalité pour tenter un moulage de cette nature. Je laisse cette opportunité aux générations futures...

La soirée avait été marquée par des hauts et des bas. D'abord, Ron avait été kidnappé. Ensuite, Harry avait rencontré Sirius Black... et Peter Pettigrew. Il avait alors appris qu'une grande partie de l'histoire récente qu'il connaissait était fausse. Pettigrew était le traître ; Black était un innocent et le parrain de Harry.

Il avait brièvement réfléchi à la possibilité de vivre loin des Dursley et de commencer une nouvelle vie.

Maintenant... maintenant, il y avait un loup-garou en liberté, son parrain était neutralisé par la proximité d'une centaine de Détraqueurs, et Harry était le seul à pouvoir les sauver.

Son premier réflexe fut le Charme du Patronus, mais ses premières tentatives ne donnèrent que de faibles boucliers de brume à peine stables.

Il se souvint alors de l'étrange petit collier qu'il portait autour du cou depuis le début du mois de novembre. Les quatre morceaux d'ardoise portant des runes étranges, son premier projet de forme libre pour le cours de runes anciennes. (Il avait survécu à un cours avec Sybil Trelawney avant d'aller chez McGonagall et demander à prendre Runes à la place ; le premier cours n'ayant pas encore eu lieu, il n'y a pas eu de problème).

Il arracha les quatre blocs de runes de son cou et les jeta par terre. Il se sentit vaciller un peu sur ses pieds à cause de la proximité des Détraqueurs, puis il réussit à sortir sa baguette, à la brandir en l'air et à crier : "res naturus facticiusque potestam purum invictumque fieri."

L'hémorragie magique soudaine lui donna l'impression que chacune de ses cellules se rétrécissait, que sa force vitale le quittait. Un bouclier doré, de forme irrégulière plutôt qu'un dôme uniforme et lisse, vit le jour.

La surface couverte n'était pas très grande, mais le bouclier était d'une couleur plus foncée que ce que lui avait laissé croire le grimoire.

Lorsqu'un Détraqueur, visant à tuer Sirius Black, se heurta à la protection, il disparut et la protection se mit à briller d'un or plus profond. Elle s'élargit également de quelques centimètres dans chaque direction.

Harry le remarqua à peine avant de vaciller, sous l'effet des Détraqueurs et de la dépense d'énergie. Il s'effondra, inconscient, sur les jambes de son parrain.

Lorsque Harry se réveilla, le dôme doré était plus brillant et plus épais, et sa limite extérieure était encore plus éloignée de Harry et de son parrain toujours inconscient.

Plusieurs personnes entourent le dôme doré : le ministre de la Magie, le directeur de Poudlard, plusieurs sorciers et sorcières vêtus de rouge et deux Détraqueurs.

"Jeune homme". C'était Cornelius Fudge. "Potter. Potter, vous êtes dans ce... ce truc avec un dangereux condamné. Vous devez nous dire comment vous sortir de là..."

Comme aucun son ne pouvait pénétrer dans la salle, Harry n'entendit rien de tout cela. Mais il vit l'idiot de ministre rougir, pointer son parrain du doigt et se comporter comme un personnage de dessin animé d'un épisode de Warner Brothers.

Il n'était pas difficile de deviner ce que voulait le petit politicien miteux. Harry regarda Albus Dumbledore qui avait une expression vide sur le visage. Puis il regarda les deux Détraqueurs. Puis il regarda à nouveau le ministre de la magie furieux.

"Non. Il savait qu'ils ne pouvaient pas l'entendre, mais la seule syllabe devrait être suffisamment claire.

C'est tout ce qu'il a dit avant de se décoller du sol et de se lever. Il n'atteignit le niveau de la poitrine d'aucun des Aurors, mais son seul mot les avait tous rivés sur lui.

"Quoi ?"

"Harry, dit le directeur de l'école. "Il faut que tu t'en ailles..."

Tous se mirent à parler en même temps, mais Harry ne pouvait pas lire sur les lèvres. Il n'essaya même pas. Il fouilla dans ses poches et découvrit un morceau de parchemin en lambeaux et une plume d'oie presque écrasée. Il y avait encore de l'encre. Il savait qu'il ne l'avait pas fourré dans son pantalon... Ah oui, il avait nettoyé après Ron dans la salle commune. Sale jeune homme.

Harry écrit : "Cet homme est Sirius Black, mon parrain. Il n'a pas fait de mal à mes parents. En fait, j'ai rencontré le petit rat qui l'a fait. Peter Pettigrew est vivant..."

Harry a brandi son message.

"C'est de la folie", dit Fudge. "Tu as été décérébré, avec toutes ces bêtises."

Harry ne pouvait pas entendre les mots, mais le langage corporel était suffisamment clair.

Il écrit à nouveau, un peu plus petit pour économiser de l'espace. "L'homme qui a trahi mes parents est un animagus - non enregistré - qui prend la forme d'un rat. Il a passé la dernière décennie à se cacher sous sa forme de rat pour éviter de payer pour ce qu'il a fait..."

"Harry, dit le directeur, c'est très bien. Mais nous devrions en discuter au château, d'accord ?"

Le directeur de l'école montre du doigt la direction du château.

Harry secoua la tête. "Non. Je ne partirai pas d'ici tant que je n'aurai pas résolu ce problème avec vous", dit-il, sans se soucier qu'ils n'entendent pas ses paroles.

"Cet homme, Black, sera embrassé dès que nous lui mettrons la main dessus. Le ministre fit signe aux deux Détraqueurs de s'avancer.

Harry devint si furieux que sa magie fit quelque chose d'inattendu. Au lieu de faire exploser le ministre, comme il l'avait fait pour sa tante Marge, le dôme d'or se mit à onduler et deux parties massives furent projetées vers l'extérieur, percutant les deux Détraqueurs et les dissolvant dans l'énergie qui les constituait. La structure entière brilla alors d'un or encore plus profond et s'écarta de plusieurs centimètres. Puis les deux "bras" se rétractèrent dans le dôme.

Les Détraqueurs étaient partis. Les Aurors avaient dégainé leur baguette.

Le ministre avait un visage terriblement pâle et pâteux. Après tout, les Détraqueurs se tenaient de part et d'autre de lui. "Ce sont les deux seuls qui sont restés... c'est à cause de ce dôme que les autres sont partis... et qu'il nous manque vingt de ces satanées créatures." Il était en état de choc et marmonnait pour lui-même.

Le directeur de l'école avait l'air très inquiet. Il n'avait manifestement jamais vu un tel objet magique.

Harry non plus... mais cette protection réagissait différemment de la description qu'en faisait le grimoire. On aurait presque dit qu'elle réagissait aux émotions. Peut-être que le fait d'être alimenté en partie par la destruction de créatures qui se nourrissaient d'émotions avait changé ce qu'elle pouvait faire. Harry prit note d'y réfléchir encore un peu... et d'écrire tout cela dans le grimoire un jour.

"Je suis désolé", dit Harry. "Mes émotions... eh bien, je ne savais pas que cette chose réagissait comme ça." Il se souvint qu'ils ne pouvaient pas l'entendre. Il commença à écrire : "Il n'y aura pas de baiser pour mon parrain. Il n'a pas eu de procès, il n'a jamais été condamné pour quoi que ce soit..."

"Il est à Azkaban depuis des années, dit Fudge. "Il doit avoir eu un procès !

"Montrez-moi la transcription", écrit Harry. "Je veux la lire.

Fudge se tourna vers un Auror et, avec une grimace, lui fit un signe de tête. L'homme disparut rapidement de la zone.

"Vous allez avoir beaucoup d'ennuis pour ça, Potter", dit le ministre. "Les Détraqueurs étaient... sont des alliés du Ministère. Et nous ne pouvons pas vous laisser aller à les tuer. Et s'ils se rebellent ? S'ils nous attaquent en représailles ? Que penseront les gens si nos prisonniers ne sont pas gardés par des Détraqueurs ? Tu y as déjà pensé ?"

Harry ne dit rien et ne prit pas la peine d'écrire une réponse à la diatribe colérique qu'il venait de recevoir. Il se tint aussi droit qu'il le pouvait et attendit. Ces gens ne se rendaient-ils pas compte qu'il ne pouvait pas les entendre ? Idiots de sorciers.

Le directeur reprit la parole, mais Harry ne prit même pas la peine de regarder le vieux sorcier. Il ne quitterait pas ce dôme tant qu'il n'aurait pas remis les choses en ordre. Il avait un peu de pouvoir pour l'instant... mais il n'en aurait plus dès qu'il aura libéré le bouclier.

Il ne savait pas combien de temps il était resté ici, ni combien d'oxygène il restait... mais il préférait mourir avec son parrain, maintenant qu'il avait retrouvé Harry, plutôt que de laisser l'homme se faire embrasser pour quelque chose qu'il n'avait pas fait.

L'Auror revint. Il n'avait rien dans les mains : aucun document d'aucune sorte. L'homme s'approcha et commença à chuchoter à l'oreille du ministre. Le petit politicien devint encore plus blanc. Sa peau se mit à scintiller de sueur, visible à la lumière artificielle de plusieurs Aurors.

Finalement, Fudge se tourna vers Harry. "Très bien, il a droit à un procès".

Même Dumbledore sembla surpris par cette déclaration. Fudge reculait rarement, même si sa position était erronée.

"Jurez-le... sur votre magie", écrivit Harry. Il avait dû utiliser le verso du parchemin. Il lui restait peu de place pour mener à bien cette négociation.

"Eh bien, je ne le ferai jamais ", déclara le ministre. "Je vous ai donné ma parole, en tant que ministre."

Harry vit que l'homme n'avait pas utilisé sa baguette. "Engagez votre magie à faire en sorte que mon parrain se rende à son procès vivant, en bonne santé et avec son âme intacte. Jurez-le !" Son écriture, petite et peu soignée, s'agrandissait et se déchirait sous l'effet de la colère.

"Harry, vous ne pouvez pas demander de telles choses au ministre de la Magie", déclara calmement le directeur de l'école.

"Il a essayé de tuer un homme qui n'avait jamais été jugé", écrivit Harry. "Il a envoyé Hagrid en prison l'année dernière juste parce qu'il le pouvait. Je veux un serment."

"J'ai donné ma parole. Potter, allons-y." Fudge essayait de ne pas s'engager à autre chose qu'une promesse facilement violée.

Dumbledore s'approcha et commença à chuchoter à l'oreille du ministre. Le politicien regarda alors ses Aurors vêtus de rouge et tous semblèrent également déconcertés. Finalement, il acquiesça et sortit sa baguette. "Moi, Cornelius Fudge, je jure que Sirius Black sera en bonne santé et vivant lors du procès que j'organiserai pour lui..."

"Non", dit Harry. Il avait lu sur les lèvres cette fois. Il se rassit et écrivit un peu plus sur son parchemin. "Vous jurez, mais vous ne risquez rien. Jurez sur votre magie... ou sur votre vie !"

Fudge prit un air courroucé mais ne dit rien. Au lieu de cela, il regarda à nouveau Dumbledore. Celui-ci acquiesça.

"Moi, Cornelius Fudge, je jure sur ma magie de protéger Sirius Black et de le livrer, sain et sauf, au procès que j'organiserai pour lui devant le Magenmagot.

Une impulsion lumineuse provenant de sa baguette scella le serment. Quelques instants plus tard, Harry libéra la pupille.

"Je resterai aux côtés de mon parrain jusqu'à son procès", déclara Harry.

Un air mécontent traversa le visage de Fudge avant qu'il n'acquiesce. L'homme avait manifestement prévu de retarder le procès de Sirius pendant un certain temps. Le fait que l'Enfant-qui-a-survécu soit mêlé à tout cela... et bien, cela limitait les options du ministre.

Les Aurors se précipitèrent dans l'espace pour essayer de capturer Sirius Black. Le parrain de Harry était encore dans les vapes après avoir été presque embrassé par un Détraqueur, il ne représentait donc pas une grande menace. Le ministre n'eut qu'un instant avant d'aboyer un ordre : "Arrêtez."

Il ne voulait pas qu'un Auror trop zélé lui fasse perdre sa magie.

"Dumbledore, pouvez-vous nous préparer un portoloin pour la salle d'audience numéro dix ? Je m'efforcerai d'y réunir une assemblée de membres pendant la nuit. Je ne veux pas que ce maudit serment soit suspendu au-dessus de ma tête très longtemps..."

Harry sourit à cet aveu. Il accepta le galet enchanté que lui tendait le directeur et écouta attentivement l'ancien maître d'école lui expliquer comment l'utiliser. Harry souleva la main de son parrain pour qu'elle touche le galet qu'il tenait dans la paume de sa main gauche. Il dit "Justice" et l'appareil s'activa.

Harry arriva dans la salle d'audience numéro dix, tomba sur ses fesses et se sentit un peu nauséeux, mais il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait vraiment. Il se rendit compte qu'il était vraiment très mal informé sur le monde dans lequel il vivait. Cet endroit était nouveau ; un portoloin, c'était nouveau.

Il se tourna vers son parrain et constata que Sirius commençait à se réveiller. Apparemment, le passage assez violent du portoloin avait suffi à réveiller quelqu'un en état de choc induit par les Détraqueurs.

"Harry ?" croassa l'homme hagard.
"Oui.
"Ils m'ont attrapé ?"
"En quelque sorte. Vous allez avoir un procès...".

"Vraiment ?"

Harry acquiesça.

L'ancien détenu échevelé regarda dans le vide et resta silencieux pendant un long moment. Il finit par dire "merci".

Harry ne dit rien. Il était fatigué. Son corps était encore fatigué par l'énorme quantité de magie qu'il avait canalisée quelques heures plus tôt.

Mais il refusa de s'endormir ou de baisser sa garde.

Il ne sut pas combien de temps s'était écoulé jusqu'à ce que des gens entrent dans la pièce. Certains étaient vêtus de robes marron criardes. D'autres bâillaient et étaient encore en pyjama.

Ces personnes allèrent finalement dans une chambre latérale et réapparurent en portant les mêmes robes marron que les autres.

Quelques personnes regardèrent fixement Harry et Sirius Black qui ne bougeait pas. Le parrain de Harry essayait de comprendre ce qui allait se passer. Harry posa une main sur l'épaule de l'homme, dans un geste de protection.

Peu à peu, le nombre de groupes de sorcières et de magiciens en robe marron qui bavardaient augmenta. Finalement, Fudge entra dans la pièce en costume, disparut dans l'antichambre et réapparut en robe marron. Dumbledore le suivit, déjà vêtu.

A ce moment-là, les sorciers et sorcières qui bavardaient commencèrent à s'asseoir. Tous se mirent à dévisager Harry, maintenant que c'était la chose à faire.

Fudge et Dumbledore furent les derniers à prendre place. Dumbledore prit une vieille pierre et la frappa sur la balustrade en bois. "Cette session du Magenmagot est ouverte. Nous avons été convoqués par notre ministre pour juger l'affaire Sirius Black contre le ministère de la Magie..."

C'est ce qui a enfin permis de faire entendre quelques murmures. Ils avaient vu Sirius Black assis sur le sol en pierre, mais jusqu'à ce que Dumbledore dise son nom à tout le monde, personne n'avait réagi. Harry n'était pas impressionné.

"Point d'ordre", dit un vieil homme, "Sirius Black a déjà été condamné par cette Cour...".

Dumbledore secoua la tête. "Je crains que vos souvenirs ne soient erronés, Lord Porridge. Il n'existe aucune trace de son procès et nous n'avons pas de souvenir dans la pensine disponible dans la salle des souvenirs."

Le vieil homme pinça les lèvres et s'assit en silence.

"Sirius Black est accusé de conspirer avec le terroriste connu sous le nom de Voldemort..." Ce qui valut à Dumbledore un certain nombre de tressaillements et quelques sifflements de protestation. Il reprit la parole. "Il est également accusé d'avoir tué un certain nombre de Moldus et le sorcier connu sous le nom de Peter Pettigrew. Le ministre Fudge demanda à administrer personnellement le veritaserum."

Sirius se leva du sol. Il refusait de s'asseoir sur l'affreuse chaise munie de chaînes. Le ministre dut se tenir sur la pointe des pieds pour donner à Sirius trois gouttes du sérum de vérité. Il le fit lui- même pour s'assurer que Sirius reçoive une vraie potion plutôt qu'un poison clair. Les Aurors étaient connus pour prendre les choses en main de temps en temps.

Fudge retourna à sa place avant que Dumbledore ne commence l'interrogatoire. "Déclinez votre nom".

"Sirius Black.
"A quelle date êtes-vous devenu un Mangemort ?"

"Je ne l'ai jamais été."

Cela avait fait réagir. Certains tentèrent de dire qu'il combattait le sérum de vérité, mais Dumbledore les repoussa. "Contrairement à ce que l'affirment certains journaux à scandale, personne n'a jamais battu le veritaserum. Pourquoi... je suppose que je pourrais obtenir de vous des histoires très intéressantes, Lord Stebbins, n'est-ce pas ?"

L'homme était un coureur de jupons notoire. Il rougit un peu et se tut.

"Vous avez été envoyé à Azkaban pour avoir été un Mangemort, pour avoir tué des Moldus et pour avoir tué votre ami Peter Pettigrew. Niez-vous ces accusations ?"

"Oui".

Dumbledore fit un nouveau signe de la main pour faire taire ses collègues de la cour. "Dites-nous, s'il vous plaît, comment les Potter sont morts le jour d'Halloween 1981."

"Mes chers amis James et Lily avaient été poussés à se cacher au début de l'année 1981. Ils ne m'ont pas dit précisément pourquoi. Pendant des mois, ils sont passés d'une planque à l'autre, mais les Mangemorts ont eu recours à divers moyens magiques pour les traquer. Ils avaient un jeune enfant avec eux et le danger et le stress les épuisaient. Lily tomba sur un arcane, presque désuet, appelé le charme de Fidelius, qui permettait de cacher un secret dans l'âme d'une personne. Lorsqu'ils ont élu domicile à Godric's Hollow, nous avons laissé entendre que j'étais leur gardien du secret... mais nous avons en fait confié le secret à Peter Pettigrew".

"Vous prétendez donc que ce Peter Pettigrew a trahi les Potter et qu'il était un Mangemort ou un sympathisant ?"

"Oui.

Dumbledore resta bloqué quelques instants avant de reprendre son interrogatoire. "Pourquoi semblait-il que vous aviez tué ce sorcier, alors ?"

"Quelques heures après la mort de mes amis, j'ai rattrapé Peter dans une rue moldue. Il m'a crié 'pourquoi tu as fait ça' avant de me dire qu'il n'y avait rien à faire. Il a utilisé un sort silencieux pour faire exploser une partie de la rue. Il reçut plus que ce à quoi il s'attendait en heurtant une sorte de conduite de gaz. Il se transforma en animagus et disparut. Je suis resté planté là, riant de l'absurdité de la situation. Le faible petit Peter avait eu le dessus sur moi ; il avait finalement appris une malédiction silencieuse ; il avait eu de la chance avec sa destruction gratuite".

Dumbledore resta quelques instants les yeux dans les yeux de Sirius. "Pourquoi n'as-tu pas expliqué cela alors ?"

"Mon esprit était fracturé, je suppose. Fudge était là ce jour-là, puis Barty Croupton est arrivé. Ils ne m'ont pas posé une seule question. J'étais à Azkaban dans l'heure qui suivait. Personne n'est jamais venu m'interroger ou organiser un procès ; personne, à l'exception des Détraqueurs, n'est venu; personne, à l'exception de Bagnold puis de Fudge, qui ont pris la peine de se moquer de moi, et ils ne l'ont fait que dans le cadre de leurs inspections annuelles."

Dumbledore soupira puis regarda ses collègues juristes. "Y a-t-il des questions de la part du jury ?"

Les têtes s'agitèrent en niant. Ils commençaient à comprendre l'horreur de ce qui s'était passé... de ce qui aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre eux. Black, en ce moment même, aurait dû être un membre du Magenmagot après le décès de sa mère. Il était... comme l'un d'entre eux, à l'exception de ses douze années passées à Azkaban. Un innocent parmi les Détraqueurs.

Plus d'un d'entre eux frissonna.

Dumbledore abattit la pierre à deux reprises. "La Cour ne trouve aucune raison de tenir un procès formel. Sirius Black est innocenté de ces accusations..."

Harry Potter s'avança à nouveau. "Je souhaite entendre le ministre Fudge et cette personne Croupton... et même vous, directeur. Sous veritaserum. Pourquoi cela est-il arrivé ?"

Cela fut applaudi à tout rompre. Même Dumbledore devint un peu pâteux. Une sorcière élégante et sévère prit la pierre des mains de Dumbledore. Je m'occuperai de ça à partir de maintenant, chef Warlock." "Très bien, chef sorcier Brockwell."

Dumbledore se retira et entraîna Fudge avec lui. La sorcière en chef convoqua quelques Aurors pour leur donner des instructions, puis ils quittèrent la salle d'audience.

L'aube était déjà bien avancée lorsque Harry et son parrain nouvellement libéré quittèrent le Ministère de la Magie. Sirius avait reçu des excuses officielles. Fudge avait été contraint de démissionner de son poste de ministre et une grande partie de sa fortune avait été utilisée pour dédommager Sirius. Barty Croupton avait été retrouvé avec son fils supposé mort, Barty Jr. Dans un accès de colère, pour un véritable Mangemort s'étant échappé d'Azkaban alors qu'un innocent y croupissait, les deux Croupton furent condamnés à mort. La succession fut dissoute et la plus grande partie fut donnée à Sirius en guise de dédommagement.

Même Dumbledore en fit les frais. Pour n'avoir pas demandé de procès ni même interrogé un suspect détenu, il a été démis de ses fonctions de chef des sorciers. Il conserva son siège au tribunal, mais on lui conseilla officieusement de ne pas assister à la douzaine de séances à venir.

Harry quitta le bâtiment avec quelques nouveaux admirateurs et plus d'un nouvel ennemi véhément. Certains détracteurs avaient même proposé de faire payer Harry pour avoir détruit plus de vingt Détraqueurs.

La sorcière en chef, la langue bien pendue, sourit et demanda : "Quelle loi M. Potter a-t-il enfreinte ?"

Personne n'avait jamais imaginé la possibilité de détruire un Détraqueur. Le Magenmagot n'avait jamais considéré comme un crime le fait de les attaquer ou de leur faire du mal. De toute façon, les clauses de légitime défense couvriraient la plupart des destructions.

Les sorcières et sorciers en colère concédèrent finalement la défaite.

Pour l'instant, Harry s'en moquait. Il avait eu la vision d'une vie sans les Dursley ; une vision qui s'était envolée avec la fuite de Pettigrew. Puis, un coup de chance et une volonté d'acier avaient permis à Harry de récupérer sa vision, d'en faire une réalité.

Lorsque les deux hommes arrivèrent au niveau de la rue, Sirius lui demanda : "Je ne me plains pas, mais pourquoi as-tu fait ça, Harry ?"

"Un Potter fait son devoir, même si cela peut lui coûter la vie."

Sirius acquiesça. Tous les Potter que Sirius avait connus - James, le patriarche Harold, l'oncle de James, Winston, et même la mère de James, Katherine - se comportaient de cette façon et croyaient que le devoir l'emportait sur toutes les autres préoccupations.

Sirius laissa couler une larme, puis se ressaisit et héla un taxi. Il demanda qu'on l'emmène à Charing Cross Road. Il resta silencieux dans ses pensées pendant le trajet. Il était un peu gêné de ne pas pouvoir se résoudre à parler, même après ce grand service qui lui avait été rendu. Mais... c'était bouleversant, la liberté, le fait de connaître Harry, de voir Croupton réduit à moins qu'un condamné d'Azkaban.

Tout cela avait nourri son sens profond de la vengeance. Les Black ne laissaient pas les crimes commis contre eux sans représailles. C'était une honte, en fait ; cela expliquait pourquoi il avait abandonné Harry cette nuit-là pour se lancer à la poursuite de Pettigrew. Le sang black... une malédiction qui ne s'arrêtait jamais.

Il pensa à l'avenir. Gringotts. Il avait besoin d'argent pour pouvoir se réhabiliter dans les semaines et les mois à venir. Un guérisseur privé. Une série de potions et de traitements. L'aménagement d'un logement pour Harry commencera dans quelques jours.

Harry laissa son parrain se perdre dans ses pensées. Il était trop heureux pour faire autre chose. Il accompagna Sirius jusqu'au Chaudron baveur, où il utilisa la poudre de cheminette pour se rendre à Pré-au-Lard. C'est avec un immense sourire qu'il rentra à Poudlard. Son avenir... semblait si ouvert, si brillant.

XVII DECEM MCDXXII VENEFICIUS : HUMUS VIVUS

La Terre vivante améliore et affine l'argile pauvre dont nous disposons pour en faire l'ébauche du pot ou de la sculpture que nous demandons. Les imperfections, les mauvais mélanges, les plantes et les insectes disparaissent sous l'effet de ce sort.

On tient son point de mire avec les deux premiers doigts et le pouce et on le plonge vers la terre ou l'argile à modeler tout en effectuant l'incantation. Une conception claire dans l'esprit donnera à l'argile la forme désirée.

Des sorts de séchage et de chauffage peuvent alors être appliqués avant que le travail de détail ne soit effectué. Le modèle achevé pourra ensuite être utilisé avec le sort Travail de la pierre ou le sort Forge de bronze pour compléter la commande si le produit final n'est pas fait d'argile.

Aucun artisan ne peut travailler sur des commandes pour la famille tant qu'il n'a pas maîtrisé ce sort, sur ordre du Domus de la famille.

ALBERTUS IACOBUS DOMUS FAMILIUS

Sirius Black éteignit le feu à l'extérieur de la tente qu'il partageait avec son filleul. L'Irlande avait remporté la Coupe du Monde et tout le monde était plongé dans sa tente ce soir.

Il se tourna vers l'intérieur de la tente agrandie lorsqu'il entendit quelque chose. Il se retourna... et vit quelque chose qui lui donna des frissons.

Des gens virevoltaient dans les airs. Cela ressemblait à une attaque à Pré-au-Lard en 1979, lorsque les Mangemorts étaient sortis pour une attaque de quelques minutes, démontrant leur puissance et leur immunité face à l'opposition. Personne ne pouvait les arrêter ; quelques-uns avaient essayé et ont été maudits pour leurs actions.

Sirius ne savait pas quoi faire. Courir à l'intérieur et mettre Harry à l'abri... ou courir pour aider.

Harry. Harry était sa priorité, au diable son sang Black.

Sirius courut dans la tente pour réveiller Harry qui dormait. Il ne fallut que quelques instants pour réveiller le jeune homme, mais lorsque Sirius et Harry sortirent de la tente, les Mangemorts en marche étaient presque sur leur position.

L'un des terroristes masqués vit Sirius et commença à lui lancer des projectiles. Sirius s'occupa de cet homme, mais n'en vit pas d'autres. Mais Harry si. Il incantait un sort inconnu, tout en abattant sa baguette presque mollement. Sirius assomma son adversaire... puis il remarqua ce qui était arrivé au deuxième homme. Le sol sous les pieds du lâche masqué commençait à glisser le long du sorcier, le piégeant et l'immobilisant. Tout autour de lui, la terre se mit à onduler et à grimper sur les terroristes masqués.

Quelques-uns agirent assez rapidement pour s'enfuir. La plupart d'entre eux étaient pris au piège. Sirius les assomma tous pour faire bonne mesure.

Sirius reprit son souffle et se tourna vers Harry. "Qu'est-ce que tu as lancé ? De la Terre vivante, je n'en avais jamais entendu parler."

Harry sourit, mais ne dit rien. Le garçon pouvait être une énigme quand il le voulait. Sirius était en train d'envisager de pleurnicher pour énerver son filleul et lui faire cracher l'information lorsque les Aurors arrivèrent enfin. Ils avaient l'air presque aussi terrifiés que les Moldus qui venaient de virevolter dans les airs. Plusieurs des protecteurs vêtus de rouge se mirent à tirer des coups de stupefix à tout va. L'un d'eux faillit toucher Harry.

Sirius et Harry tirèrent tous deux sur les Aurors. "Ne tirez pas vos sorts, bande de crétins..."

Amos Diggory, qui n'était pas un Auror ni même très doué avec une baguette, s'avança lorsqu'il vit ce qui s'était passé. "Attendez, Black. Ce n'est qu'une erreur. Beaucoup de tirs de sortilèges venaient d'ici à l'instant..."

"C'est moi qui l'ai fait, en assommant ces Mangemorts ou ces aspirants Mangemorts."

Les Aurors remarquèrent enfin cette étrange et stupéfiante présence d'hommes en robe noire autour du périmètre du camp.

"Comment peuvent-ils encore tenir debout ?" demanda un grand Auror noir.

"Mon filleul a utilisé un sort plutôt intéressant pour les immobiliser..."

L'Auror soupira. On aurait dit qu'il se préparait à faire un discours sur la magie des mineurs.

"Je ne veux pas l'entendre", dit Harry. "J'ai protégé mon parrain d'une malédiction. C'est de la légitime défense."

L'Auror ferma la bouche et acquiesça. Les autres Aurors se souvinrent du dôme doré dans lequel beaucoup d'entre eux avaient vu l'enfant - et de ce que ce dôme avait fait à certains Détraqueurs lorsque le garçon était en colère. Ils gardèrent leurs commentaires pour eux. Les lois étaient les lois, mais le véritable pouvoir était une loi en soi dans le monde magique murmurèrent les Aurors avant que l'un d'entre eux n'ait la brillante idée de démasquer quelques-uns de ces Mangemorts. Et voilà que Lucius Malefoy, Confidence Greengrass, Heinrich Bole et Terwilliger Parkinson, ainsi que plusieurs autres membres et "conseillers" du Magenmagot, se trouvèrent parmi les Mangemorts.

Les Aurors avaient l'air d'avoir avalé des citrons amers. Fudge et nombre de ses acolytes n'avaient plus de pouvoir... mais cela ne signifiait pas que ces riches idiots n'avaient pas encore d'amis et de faveurs à faire valoir.

L'Auror noir posa un portoloin sur Lucius Malefoy et le toucha avec sa baguette. Le portoloin produisit une étincelle et disparut, mais Malefoy resta sur place.

"Intéressant", dit Harry. Il n'avait jamais soupçonné la Terre vivante de perturber la magie d'un portoloin. Il se demandait ce qu'elle pouvait faire d'autre. Il fallait qu'il prenne d'autres notes dans le grimoire.

"Pouvez-vous dissiper cette... chose ?"

Harry acquiesça. Il leva sa baguette et marmonna une incantation. La terre se détacha de Lucius Malefoy et l'homme bascula vers l'avant, le visage le premier, sur la terre battue.

L'Auror noir et de grande taille posa un autre portoloin sur le Mangemort. Cette fois, Lucius Malefoy disparut.

"Les autres ?"
"Un à la fois. Je préférerais qu'ils ne s'échappent pas", dit Harry.

Les Aurors se renfrognèrent un peu avant de se disperser près de chacun des Mangemorts immobilisés. Harry les désigna tous une fois.

Les Mangemorts partirent vers une prison supposée sûre, un endroit qu'aucun de ces riches élites ne s'attendait à visiter ce soir. Les Aurors furent plus lents à partir une fois les Mangemorts mis en sécurité. Ils voulaient des informations, notamment sur le sort que Harry avait utilisé pour immobiliser les Mangemorts et les rendre intransportables.

"C'est un secret de famille", c'est tout ce que Harry a dit. Cela laissa Sirius perplexe. James n'avait jamais mentionné qu'il connaissait les secrets de sa famille ou qu'il avait accès à la magie familiale. Comment Harry les avait-il découverts ? Il faudrait qu'il le lui demande une fois qu'ils seraient à l'abri des oreilles indiscrètes.

Finalement, les Aurors partirent. Harry voulait simplement se rendormir, mais Sirius insista pour qu'ils fassent leurs bagages et retournent à la petite maison qu'il avait louée à l'extérieur de Cardiff. Ils devaient continuer à faire des recherches le lendemain... et Sirius ne se sentait pas tout à fait en sécurité dans une région où les Mangemorts venaient d'attaquer - et d'où certains d'entre eux s'étaient échappés.

Harry s'installa dans son lit et s'endormit aussitôt, manifestement épuisé.

Sirius n'arrivait pas à se rendormir. Les événements de la nuit... avaient fait resurgir des démons enfouis. Il s'était limité à un seul verre de Whisky pur-feu et ne tira pas de nouvelles conclusions.

La plupart de ses conversations mentales tournèrent autour de la question de savoir s'il devait emmener Harry et laisser la Grande- Bretagne derrière lui.

Il avait déjà abandonné son filleul. Aujourd'hui... aujourd'hui, il était prévenu à l'avance que les Mangemorts reprenaient leur marche. Il n'était pas un jeune voyou sans responsabilités dans le monde ; il ne pouvait pas simplement se jeter dans la bataille sans se soucier des conséquences futures. Il avait enfin un rôle à jouer dans la vie de son filleul... et il devait protéger le jeune homme du mieux qu'il pouvait.

Il posa le verre vide et ses yeux se fixèrent sur les braises mourantes de la cheminée. L'aube pointait par la fenêtre bien avant que le sommeil ne daigne rendre visite à Sirius Black ce matin-là.

"Harry Potter", lança la voix rauque du directeur dans l'obscurité de la grande salle. Le front de Harry s'affaissa sur la surface dure de la table. Il releva la tête et la redescendit. Il essaya de se réveiller du mauvais rêve qui le troublait en ce moment.

Bien sûr, il était déjà réveillé. C'était sa malchance, et non un cauchemar, qui le tourmentait. Si quelque chose de mauvais pouvait arriver... cela lui arriverait. C'était Halloween, il devait donc arriver quelque chose de grave.

Le nom de Harry venait d'être annoncé comme quatrième participant - mineur de surcroît - à un tournoi de trois personnes entre trois écoles de magie. Les élèves des trois écoles, les professeurs et les dignitaires des trois pays avaient tous une expression aigre ou fâchée sur le visage lorsqu'ils regardaient Harry dans la salle obscure.

Il sentait leurs regards, chacun l'accusant, le jugeant et le condamnant, souhaitant le maudire et le dénoncer.

"Je n'ai pas demandé cela", dit-il d'une voix calme et frustrée.

Ron avait l'air furieux. Hermione avait l'air déconcertée et un peu nerveuse. Harry se leva et commença à marcher vers l'avant de la Grande Salle.

Lorsqu'il arriva, Dumbledore essaya de le faire descendre de l'estrade et de l'emmener dans une antichambre. Harry ne voulut pas bouger. "Cet artefact a été trafiqué. Je n'ai pas inscrit mon nom dans cette coupe. Qu'allez-vous faire ?"

"Discutons-en maintenant, M. Potter."

"Je veux que vous disiez à ces personnes que je n'ai pas participé à ce concours. Je ne veux pas y participer."

Dumbledore cligna plusieurs fois des yeux, puis se retourna. "Harry a raison. Il semble que je doive clarifier certaines choses. Quelqu'un a altéré la Coupe de Feu, vieille de plusieurs siècles. Je vais enquêter pour savoir comment cela s'est produit et qui l'a fait. En attendant, cela pourrait signifier que Mr. Potter devra participer". Quelqu'un cria : "Il a triché".

Dumbledore secoua la tête. "Je ne pense pas qu'un élève de cette école ait l'expérience ou la maîtrise de la magie nécessaire pour confondre un artefact magique vieux de six cents ans. Je peux me tromper... mais je ne pense pas que M. Potter ait fait ça."

Ce n'était pas une déclaration d'innocence éclatante de la part du directeur, mais Harry devait s'y tenir. Le vieil homme était trop prudent avec ses mots. En fait, il semble que certaines de ses paroles aient été conçues pour faire paraître Harry plus coupable que si Dumbledore n'avait rien dit. 'Je ne pense pas que M. Potter ait fait cela' était une façon assez faible d'affirmer que les seules personnes capables de cette action étaient les professeurs de Poudlard ou les visiteurs qu'ils accueillaient en ce moment même.

Harry se laissa pousser par Dumbledore jusqu'à l'antichambre. Il s'assit sur une marche en pierre et ne parla pas, même lorsque les trois chefs d'académie commencèrent à se déchirer.

Si les circonstances avaient été différentes, Harry aurait peut-être apprécié que les gens s'amusent à dénoncer le manque de compétence de Dumbledore. Après tout, Sirius avait pourri à Azkaban pendant douze ans et Harry avait pourri à Little Whinging à cause de l'inaction de cet homme.

Finalement, la pièce devint silencieuse et Harry sentit que des regards se posaient sur lui. Il leva les yeux. Ils attendaient qu'il fasse... ou dise quelque chose.

"Quelles sont mes options ?

Dumbledore se tourna vers l'un des hommes du ministère, celui qui ressemblait à un Olivier Wood ridicule et obèse. Harry se souvenait de lui lors de la Coupe du Monde. Il avait longtemps joué comme batteur avant d'entrer au gouvernement. Depuis, il s'était manifestement laissé aller.

"Il y a deux options. Le vieux Barty m'a tout expliqué... avant qu'il ne finisse mal. Harry peut concourir ou payer le forfait."

"Et quel est le coût du forfait ?" demanda Harry.

"La Coupe n'a jamais choisi que trois trophées. J'ai trouvé cette histoire intéressante, mais Barty l'a rendue si sérieuse, si ennuyeuse. Ce qui est intéressant, c'est qu'à chaque fois, la coupe a choisi quelque chose de différent.

D'un puissant magicien, elle a pris la majorité de son pouvoir. À une sorcière rusée, elle a ôté la faculté de parler. À un jeune sorcier qui souhaitait se retirer du Tournoi des Trois Sorciers de 1513... elle n'a rien pris."

L'homme avait le sens du drame, à défaut d'autre chose. Harry soupira et posa un instant son front sur ses genoux. Puis il se leva et regarda Dumbledore dans les yeux.

"Je veux savoir comment cela s'est passé..."

"Petit arriviste arrogant". C'était Severus Rogue qui, pour une raison ou une autre, s'était invité dans la chambre, aux côtés de McGonagall et du nouveau professeur de défense, Maugrey, à l'allure plutôt horrifiante.

"Professeur Rogue, si vous me parlez à nouveau ainsi, je demanderai au Magenmagot d'enquêter sur votre conduite après votre libération conditionnelle auprès de Dumbledore. Le directeur de l'école a un dossier assez noir. Vous imaginez ce qu'ils pourraient vous faire... compte tenu de vos "compétences" en tant qu'éducateur de leurs enfants et petits-enfants ?"

Les yeux de Rogue s'écarquillèrent et sa bouche se referma.

Dumbledore prit un air triste. "Harry, il y a déjà assez de colère dans cette pièce. Essayons tous d'être calmes."

"Essayons tous de comprendre ce qui s'est passé. Je n'ai pas demandé cela. Je pense que le tournoi est une bonne idée et je suis tout à fait d'accord pour que Cédric nous représente. Je ne veux pas être une distraction..."

C'est ainsi que Fleur Delacoeur a calomnié Harry sous le regard impassible de Cedric Diggory et Viktor Krum.

Harry finit par en avoir assez... de tout cela. "Je demanderai à mon tuteur de venir régler tout cela demain. Il a récemment repris son siège au sein du Magenmagot. Je m'attends à une enquête approfondie de la part du gouvernement... à moins que vous ne trouviez une solution à ce gâchis."

Harry sortit de la salle et entra dans le grand hall vide, ignorant les professeurs qui continuaient à l'appeler.

Il ne s'agit pas d'un désordre qu'il a inventé lui-même. Il demandera de l'aide - contrairement à ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Il se battrait à chaque étape du processus. Puis il ferait payer cher tous ces imbéciles, en particulier celui qui avait trafiqué la Coupe de Feu.

Lorsque Harry entra dans la salle commune des Gryffondor, seule Hermione semblait heureuse de le voir. Même après les propos de Dumbledore - ou peut-être à cause des propos et de la manière dont Dumbledore les a tenus - ses camarades de classe avaient vu d'un mauvais œil toute cette histoire.

Hermione, elle, l'entraîna vers un siège près de la cheminée. "Qu'ont- ils dit ?"
"Rien pour l'instant. Ils étaient encore en train de se disputer et de s'envoyer des piques".

"Alors..."

Harry haussa les épaules. "Je vais contacter Sirius. Je le laisserai exercer son «pouvoir» sur ces... honorables éducateurs."

Hermione ricana. Elle admirait le sens de l'humour de Harry lorsqu'il parvenait à se manifester et à faire coucou.

"Ron est... eh bien, il parle d'abord et engage son cerveau quelques jours plus tard."

"Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda Harry.

"J'ai montré à Ron ce soir ce que j'ai fait à Malefoy l'année dernière quand il se réjouissait de la mort de Buck.

Harry se souvint de la gifle et de l'expression du visage de Malefoy. "C'est grave, hein ? Rappelle-moi de ne pas te mettre en colère".

"Il y a la colère... et puis il y a ce que les commentaires de Ron m'ont fait ressentir. Ne t'approche pas de lui", dit Hermione.

"Ok. Où est-il allé ?"
"Aux dortoirs."
"Super", dit Harry. "Il faut que j'aille chercher quelque chose là- haut.

"Tu veux que je..."

"Non, dit Harry. "Si je ne peux pas faire face à quelques critiques, je n'arriverai jamais à rien dans ce monde. Merci de ta compréhension.

"Je ne pense pas que tu aies fait ça... ou même que tu puisses le faire. Ron n'a pas eu l'air de croire le directeur."

Harry haussa les épaules. "Comme beaucoup d'autres personnes, semble-t-il." "Eh bien, sa défense n'était pas vraiment convaincante."

"L'histoire de ma vie à Poudlard, je suppose. Reste assise, je vais essayer de redescendre sans jeter de sort à qui que ce soit."

"Ne laisse pas un préfet te voir, si tu as besoin de jeter un sort".

"Normalement, les nôtres sont inutiles, mais à cause de ce qui s'est passé ce soir, ils pourraient bien prêter attention si je faisais quelque chose de mal. Toute une bande de Percy Weasley, des gratte- papier fous de pouvoir."

Hermione rit et retourna à l'épais livre qu'elle avait sur les genoux.

Harry se leva et se dirigea vers les escaliers. Il fallait qu'il le dise à Sirius... et qu'il évite les ennuis.

Harry adopta une attitude stoïque face à la situation. Pour chaque bien, il y avait un mal. Il était parti vivre avec Sirius, et maintenant, bien sûr, il devait faire face à la pagaille du Tournoi. Il le résoudrait, puis quelque chose d'autre se produirait.

C'est ainsi que se déroulait sa vie.

Harry prit une grande inspiration et poussa la porte de l'espace qu'il partageait avec Dean, Seamus, Neville et Ron. Le silence de trois des personnes présentes en dit long. Neville dit un "bonjour" timide et silencieux.

L'année scolaire allait être longue.

Le 1er novembre, Sirius Black remonta le chemin qui menait de Pré-au-Lard à Poudlard. Il avait eu douze heures pour se mettre terriblement en colère et se saouler. Il n'avait eu qu'un peu de temps pour se calmer et dégriser.

Son esprit sournois de farceur - qui pouvait facilement pousser une bonne blague trop loin, il le savait - était déjà en train de concocter de mauvaises choses pour Karkaroff, Rogue, Dumbledore, et même Ludo Verpey.

Il s'était souvenu de cette nuit d'insomnie après la Coupe du monde, lorsqu'il s'était demandé s'il devait disparaître avec Harry. La réponse aurait dû être oui. Ce désastre le prouva.

Sirius inspira profondément l'air frais et léger. Il commença à marcher un peu plus vite. Poudlard, dans la douceur du matin, avait l'air imposant et magnifique.

Il allait apporter un peu de violence verbale pour gâcher les choses ce matin.

Il franchit la porte extérieure à l'orée du domaine. Il aperçut Hagrid qui s'occupait d'un champ de citrouilles. Le grand homme lui fit un signe de la main que Sirius lui rendit.

Le château semblait encore endormi, mais Sirius savait que Dumbledore attendait... L'homme pouvait paraître un peu fou, mais peu de choses lui échappaient. Si Harry était mêlé à la pagaille, Dumbledore, l'était aussi et en savait bien plus qu'il ne voulait l'admettre.

Sirius arriva au château proprement dit. Il aperçut les robes claires de Dumbledore dans l'entrée.

L'arrivée de Sirius avait donc été remarquée. Par les gardes ? Ou bien Dumbledore avait-il d'autres espions efficaces dans l'enceinte de l'établissement ?

"Lord Black", dit le directeur. Ses larges bras semblaient accueillants, mais Sirius savait qu'il n'était pas le bienvenu ce matin.

"Directeur".
"Marchez avec moi et M. Verpey à l'extérieur, voulez- vous ?"

"Avec plaisir."

Sirius vit un chef de département du ministère nerveux sortir de l'ombre et rejoindre le groupe. Ludo Verpey, un gâchis de la vie d'un sorcier. Un joueur dégénéré, une passoire qui transmettait à son insu des informations aux Mangemorts, un fonctionnaire du Ministère incapable de faire son travail même avec cinq ou douze assistants brillants qui faisaient tout le boulot, un homme incapable de mettre les pieds à Gringotts de peur qu'un des syndicats à qui il devait de l'argent ne le rattrape.

Sirius lui adressa un signe de tête, mais ne lui parla pas et ne lui propose pas de lui serrer la main.

"M. Potter semblait très contrarié", commença Dumbledore une fois qu'ils furent tous les trois à l'abri des oreilles indiscrètes.

"Je suis très contrarié. L'illusion que vous donnez d'une sécurité forte dans cette école... Je ne sais pas comment vous vous en sortez."

Dumbledore inclina la tête, mais ne dit rien.

Verpey marcha un peu plus vite pour ne pas se laisser distancer par les deux autres. "Qu'est-ce que tu viens faire ici, Black ?"

"Je veux savoir ce qui s'est passé, ce que votre enquête a révélé, et ensuite je veux négocier un compromis.

Verpey commença à parler, mais Dumbledore lui coupa la parole. Le fonctionnaire du ministère avait manifestement apprécié le fait que Potter soit impliqué ; cela attira beaucoup d'attention sur ce qui aurait pu être une compétition terne.

Le directeur de l'école reprit la conversation. "J'ai enquêté sur la Coupe de Feu. Les instructions initiales - évaluer les capacités magiques des volontaires de trois écoles et choisir un seul représentant fort de chacune d'entre elles - ont été bouleversées par la suite. Une quatrième école a été ajoutée à la Coupe et, apparemment, un seul nom a été codé en dur pour la considération..."

"Donc... quelqu'un qui a un accès, quelqu'un qui sait manier sa baguette haut la main?" Dumbledore acquiesça.

"Harry a parlé d'un contrat magique qui se mettait en place. L'avez- vous vérifié ?"

Dumbledore soupira. "Oui, Harry a été intégré au contrat même si nous savons qu'il n'a pas inscrit son nom."

"Autre chose ?" Dumbledore secoua sa tête.
"Verpey, qu'en pense le ministère ?

"Nous sommes préoccupés par le fait que quelqu'un ait pu altérer un artefact précieux. Mais... nous pensons qu'une concurrence supplémentaire ne fait pas de mal."

"Alors... typique de la tête dans le sable. On dirait presque que Fudge est toujours ministre. Je suppose qu'Hugo Blackwater n'est pas un politicien si différent, n'est-ce pas ?"

Verpey ne dit rien à ce sujet.
"Dumbledore, connaissez-vous l'identité de ce saboteur ?"

"Hélas, non. La Coupe semble avoir... consommé tout résidu...
trace magique. Elle sait qu'elle est censée sélectionner quatre candidats et elle recommencerait si nous la rallumions..."

Sirius s'arrêta de marcher. Dumbledore et Verpey avancèrent de quelques pas avant de se rendre compte que leur compagnon n'était plus avec eux. Le directeur se retourna et regarda Sirius.

"Oui ?

"J'en ai fini avec les plaisanteries, Albus. Vous ne m'avez rien offert. Verpey, ici présent, se réjouit que Harry soit dépassé par les évènements ; c'est une bonne publicité et tout ça. Vous, Monsieur le Proviseur, avez fait paraître Harry encore plus coupable en lui donnant la tiède assurance qu'il est innocent.

Ces plaisanteries doivent s'arrêter maintenant.

"Je sais que vous faites partie du Magenmagot, dit Verpey, mais vous n'avez pas le droit d'exiger cela.

"Vous avez deux choix, Verpey. Trouver un moyen de vous en sortir... ou ne rien faire. Si le problème n'est pas résolu dans un délai raisonnable, j'engagerai Gringotts pour le régler..."

"Que peuvent-ils faire ? Le sous-ministre des sports sembla perplexe.

"Leurs briseurs de malédiction peuvent réparer la plupart des enchantements."

Dumbledore pâlit un peu, "Vous voulez dire briser tout enchantement".

"Fixer. Casser. Tout est dans l'œil de celui qui regarde".

"Vous ne pouvez pas, dit Bagman. "C'est un artefact du Département des Mystères..."

"... et a des protections", dit Sirius. "C'est drôle comme nous avons plus de protections pour les vieux gobelets que pour les innocents qui vont à Azkaban, hein ? J'ai demandé à mon avocat de se pencher sur la question pendant la nuit. Cette Coupe de Feu a été certifiée comme ayant été trafiquée... et comme ayant piégé un innocent avec son enchantement. Dumbledore vient de le dire. La
loi ne voit aucun inconvénient à ce que moi, le tuteur de Harry, m'occupe de cet enchantement. Je recommanderais d'annuler l'opération et de la relancer... sans utiliser la Coupe la prochaine
fois. Prenez... oh, une heure pour vous décider. Les gobelins ne seront pas là avant dix heures environ."

"Gobelins ! cria presque Verpey. "Ici ?" Sirius sourit.

18 septembre 1617 Votum : Fortuna Mala

La détermination est de mise avec ce votum. Le pauvre sorcier peut échouer dans son incantation à cause d'une mauvaise intention et d'un manque de conviction. Le souhait ou le désir de faire du mal doit être présent à la fois chez le lanceur de sorts et chez la cible.

Le sorcier pointe le focus vers la cible, mais ne le déplace pas pendant l'incantation.

L'incantation vulno fortunam suffit. Le votum ne peut être interrompu par le lanceur de sorts. Seule l'émotion de la cible à l'égard du lanceur de sorts peut mettre fin au sort. Si la cible perd ses pensées néfastes, le votum prend fin.

J'enregistre ce sort car il s'agit d'un dérivé de l'encantatum que nous avons récemment été chargés de fabriquer. Cet encantatum affectait une statue que nous avions fabriquée, portant malheur à quiconque la touchait. Ce votum agit plus directement. Je vous informe que j'ai testé le votum sur la tête du chef de la famille Greengrass. Son manoir a brûlé la nuit dernière. Peut-être que cet homme se souviendra à l'avenir de payer ses factures pour les statues et les objets de première nécessité qu'il commande. S'il ne me considérait pas - moi et la famille - comme des ennemis, la malédiction ne serait jamais restée.

C'est par une journée plutôt maussade de la fin du mois de novembre qu'eut lieu la Première Tâche. Harry Potter était assis dans les tribunes à côté de son parrain, Sirius Black, et de la seule amie qui lui restait, Hermione Granger. Ron Weasley, qui n'était plus qu'un faible ami, était assis bien à l'écart avec ses frères qui essayaient sans cesse de déverser diverses substances dans le dos de son pull.

Harry regarda le dragon dans le coin du stade - un dragon très grand et plutôt énervé. Il était heureux que Dumbledore et compagnie aient plié sous les menaces de Sirius.

Au lieu d'un tournoi des trois sorciers, les quatre prétendants jouèrent plusieurs rounds de Pierre-feuille-Ciseaux. Krum remporta ses trois matchs, ce qui fit de lui le "vainqueur" du tournoi.

Dumbledore lui donna le petit bol de bonbons qu'il gardait rempli de sorbets au citron en guise de prix.

Maintenant, Cédric, Viktor et Fleur s'affrontaient sans la contrainte de la Coupe de Feu... cet artefact maudit et facile à confondre.

Harry était spectateur et il aimait ça.

Hermione, elle, avait l'air de s'ennuyer. Sa main ne cessait de se diriger vers son sac à dos et l'un des nombreux livres "de lecture légère" qu'il contenait.

Sirius s'assit et sourit. Il aimait vraiment se retrouver dans la foule de nos jours. La liberté lui convenait, comme il n'hésitait pas à le rappeler plusieurs fois par jour.

"On a l'impression que ça peut mal tourner à dix reprises à partir de dimanche."

Harry fronça les sourcils. "Qu'est-ce que ça veut dire ?"

"J'ai entendu ça à la télé. Ça avait l'air bien."

Sirius explora beaucoup le monde moldu ces derniers temps. Il adorait le magnétoscope et était abonné à un magasin de location. Harry soupçonnait Sirius de fréquenter ce magasin pour la petite pièce sale qu'il y avait dans l'arrière-boutique.

Bien entendu, ni Harry ni Sirius n'avaient indiqué à Hermione comment ils avaient "acquis" l'électricité nécessaire au fonctionnement de ses appareils non magiques.
Sirius ne considérait pas qu'il s'agissait d'un vol, mais plutôt d'un emprunt à ses voisins moldus.

"C'est un vert gallois, je crois, dit Hermione.

"Hagrid m'a dit, qu'il y avait aussi un boutefeu chinois et un dragon hongrois", dit Sirius.

"Eh bien, ils ne sont pas câlins, mais le Vert est une belle bête", dit Harry. Sirius ricana à la remarque sur les câlins, car il connaissait déjà l'histoire de l'acquisition d'un dragon par Hagrid et la façon dont il avait essayé de materner la petite créature qui grandissait rapidement.

"Hagrid a dû aller les voir en cachette tous les soirs depuis qu'ils sont arrivés", dit Hermione.

"La directrice de l'école française lui avait fait les yeux doux... mais je pense qu'un dragon l'intéresserait encore plus que... eh bien, vous savez", dit Harry.

Hermione avait un air scandalisé, tandis que Sirius avait juste l'air un peu malade à l'idée de ce que deux demi-géants pourraient faire l'un avec l'autre dans un petit espace confiné.

La conversation s'acheva lorsque Verpey, un fonctionnaire du ministère de forte corpulence, commença à officier la première tâche. "Bonjour, gentils sorciers et sorcières. Bienvenue à la Première Tâche, une tâche de bravoure dans la vie de tous les jours, face à l'incertitude. Notre premier concurrent, M. Diggory de Poudlard, va maintenant s'atteler à sa tâche".

Près d'une minute plus tard, une personne de petite taille pénétra sur le sol de l'arène. Ou plutôt, c'était une personne de taille normale mais les sièges des spectateurs étaient assez élevés au-dessus de l'arène. Après tout, les dragons étaient parmi les créatures les plus dangereuses et les plus tenaces du monde magique.

Cédric prit le temps d'avancer sur la nichée et ses œufs. L'un d'entre eux était manifestement un faux, il était en or après tout. Mais on croyait que les dragons étaient daltoniens.

Pour le dragon, il semblerait que Cédric voulait faire du mal à sa couvée.

Harry était heureux de ne pas faire partie de ce gâchis. Il tendit la main et frotta un instant l'épaule de son parrain. La douleur ronronna en guise de remerciement. Plus d'une décennie passée dans une prison révoltante avait détérioré son corps d'une manière difficilement réparable. Ses épaules étaient les dernières à résister. Plus d'un guérisseur avait juré haut et fort que tout devrait rentrer dans l'ordre. Pourtant, la douleur persistait.

Hermione regarda Cédric, un Poufsouffle plutôt... séduisant, et son désir de lire son dernier livre, sur la magie du chiffre dix-sept, s'évanouit. Ses yeux suivirent sa baguette tandis qu'il transformait la pierre en chair vivante, tandis qu'il envoyait ses canines transfigurées distraire et désorienter le dragon qui tentait de grimper vers la pile d'œufs et de ramasser l'œuf d'or.

Elle admira sa grâce et sa ruse.

Elle eut également une petite palpitation lorsqu'elle réalisa que Cédric serait bien trop proche du dragon vengeur s'il parvenait à expédier les chiens transfigurés.

Elle aurait aimé qu'il pense à transformer quelque chose pour aller chercher l'œuf d'or à sa place.

Elle savait qu'elle avait un peu le béguin pour le beau garçon plus âgé... comme elle avait eu le béguin pour le fringant Lockhart... mais elle gardait ses émotions bien au chaud.

Bien sûr, Sirius le remarqua. "Alors, Hermione, j'ai cru comprendre que tu appréciais le charmes des hommes plus âgés..."

"Quoi ?

"Tu me cries dessus... et tes yeux n'ont pas quitté le garçon en bas... ohh, le dragon l'a remarqué. Pas de chance."

Hermione blanchit. Harry se pencha en avant sur son siège. Sirius cessa de plaisanter. Un jet de feu se dirigea directement sur Cédric, mais le garçon le para d'un coup de baguette avant d'essayer de se réfugier derrière une grosse pierre.

Le garçon était brûlé, gravement, mais il était vivant. Ce qu'il avait fait avec sa baguette avait... redirigé une partie des flammes ailleurs.

Les yeux de Harry s'éloignèrent de la forme léthargique et douloureuse de Cédric Diggory. Les flammes se dirigea vers le haut et vers la gauche, vers l'endroit où Dumbledore... était assis.

Le sorcier n'était plus vêtu de robes, mais de cendres. L'homme fruste assis à côté de lui, le nouveau ministre de la magie, avait arraché sa cape et essayait de sauter dessus pour éteindre les flammes. Apparemment, dans les moments de stress, l'homme pouvait oublier qu'il était un sorcier avec une baguette.

Les yeux de Harry allèrent et vinrent entre Cédric et la table des juges. Dumbledore n'était pas blessé, juste en colère et embarrassé.
Cédric s'était battu contre la douleur, avait attrapé l'œuf d'or et avait réussi à faire un bon bout de chemin avant de s'écrouler en hurlant. Il se releva et boita aussi vite qu'il le put.

Dans sa cabine, Dumbledore s'était remis dans un état presque impeccable lorsque Cédric quitta l'arène de compétition. Peu de gens avaient vu ce qui était arrivé au directeur, mais cela fit sourire Harry.

Il avait jeté un mauvais sort à Dumbledore il y a près de deux semaines. La malédiction était restée, ce qui signifiait que Dumbledore n'avait pas les intérêts de Harry à coeur. L'homme avait failli être écrasé par une pierre dans la Grande Salle, avait été renversé par une armure dans le couloir, avait été aspergé d'une sorte de pus dans une lettre adressée à Hermione Granger mais qui lui avait été livrée par erreur. Et maintenant... il avait été grillé par un dragon.

Alors que Sirius pouvait apprécier la nature vicieuse de cette "farce", Harry la garda pour lui. Il ne voulait pas parler du grimoire, la source de ses nouvelles connaissances ésotériques.

Harry applaudit poliment lorsque M. Krum fut annoncé dix minutes plus tard. Il observa le stratagème brutal et direct du Bulgare. Très différent des douces métamorphoses utilisées par Cédric.

Il cessa d'y prêter attention lorsque le dragon devint un peu fou et piétina quelques-uns de ses œufs. Les jaunes écrasés lui avaient montré tout ce qu'il avait besoin de savoir.

Cette tâche était barbare. Une demi-douzaine de dragons venaient de périr parce qu'un sorcier incompétent avait voulu donner une meilleure image de ce qu'il pouvait faire.

Harry sortit du stade avant que Krum ne reçoive son œuf. Un Sirius Black confus le rejoignit quelques instants plus tard.

"Alors ?"
"C'était insensé." "Je ne comprends pas."

"Je ne suis pas aussi fou de dragons que Hagrid, mais je les respecte. Ce... garçon là-dedans vient d'assassiner un tas de dragons potentiels. Je ne vais pas m'arrêter là. Ils vont m'entendre."

Sirius haussa les épaules, mais continua à suivre son filleul. Ils étaient presque de retour au château avant qu'Hermione ne réalise que son ami et son ennuyeux tuteur avaient disparu. Peut-être que les hormones étaient en train de l'atteindre.

Elle avait regardé le garçon comme s'il s'agissait du dernier steak du supermarché.

Elle serait plus heureuse si elle pouvait retourner à ses livres. Les garçons... étaient si... difficiles.

En la 814e année depuis la disparition de Merlin 7 décembre 1702

L'enchantement de Memoria, variation 31

Ce sort diffère de ses prédécesseurs dans le sens où il ne fait pas partie d'un rituel, mais qu'il est conçu pour être utilisé unilatéralement par un sorcier contre un autre.

J'ai développé cette variante au milieu d'une année terrible pour la famille Potter. Le Magenmagot, le nom antiquaire ridicule du Conseil des sorciers, a dépassé les limites de la bienséance.

En effet, à cause d'un mémoire d'une maîtrise soumis à la bibliothèque du Magenmagot, mon plus jeune frère, Hereford, a été banni du royaume. Il s'est penché trop profondément et a parlé trop honnêtement des créatures qu'il a étudiées au cours des six dernières années.

La variation Memoria a été conçue pour s'assurer qu'aucun de ces minables égorgeurs avec lesquels je partage la chambre du Magenmagot ne puisse jamais... ne pas oublier de tenter de faire respecter leur bannissement.

J'ai fait en sorte que la thèse d'Hereford soit publiée à Paris. Je pense que beaucoup seront intéressés par ses découvertes sur les créatures magiques maudites et créées. Moi-même, je n'avais pas réalisé qu'il était impossible d'utiliser le sang d'un vampire, la peau d'un elfe de maison ou même le venin d'une manticore dans une potion ou un rituel. L'argument de mon frère est que la malédiction présente chez les vampires, les loups-garous et même les elfes de maison détruit toutes les propriétés bénéfiques de la potion. De même, les composants d'une créature artificielle, telle qu'une chimère, n'ont aucun effet bénéfique sur la santé et le potentiel magique à l'extérieur de l'ensemble en raison de la manière dont ils ont été créés.

Le problème de sa thèse remonte aux révélations sur la malédiction des elfes de maison. Le fait de regrouper la classe des serviteurs avec les loups-garous et les vampires a valu à mon frère des ennemis immédiats. Personne n'aime penser, positivement ou négativement, à ses elfes de maison. Cette thèse, découverte par un vieil homme plusieurs mois après sa soumission, a obligé ceux qui l'ont apprise à reconsidérer la malédiction.

Forcer les elfes à travailler a renforcé la malédiction, l'a poursuivie. Si nous laissons la magie agir sans interférence, les travaux de mon frère suggèrent que la malédiction prendra fin ou que les maudits s'éteindront complètement.

Toutes les options sont mauvaises, mais la poursuite de cette malédiction pendant des décennies et des siècles est bien pire que le désagrément à court terme d'en finir maintenant.

Bien sûr, le tribunal n'était pas d'accord avec moi. Ils approuvent de nouvelles expériences sur les Moldus afin de perfectionner les charmes de mémoire... mais refusent de mettre fin à notre soutien à une malédiction sur une race sensible. Faut-il s'étonner que les Moldus aient dû agrandir Bethléem ?

Hôpital - Bedlam - pour accueillir tous les fous apparemment aliénés, il s'agit en fait des échecs de diverses expériences de charme de mémoire.
La magie n'est pas conçue pour agir en douceur sur les Moldus. Le coût de cette expérimentation est plus élevé que ce que nous
devrions être prêts à payer.

Quoi qu'il en soit, la variation 31. L'incantation est oublier, de la racine française "oublier". La baguette est tenue pointée vers le front de la cible et un coup est ajouté une fois l'incantation effectuée.

Le Conseil de la Famille Potter a débattu pendant de nombreuses heures avant de décider d'inclure cette variante dans notre Livre. Un tel pouvoir est dangereux, mais l'idiotie et la corruption incontrôlées le sont encore plus. Héritiers, faites bon usage de ce pouvoir. Soyez prudents, mais fermes face aux corrompus et au mal banal.

Harry chercha Hermione du regard. Plus la Seconde Tâche approchait, plus il se sentait contrarié. Il n'avait aucun penchant romantique pour son amie. Non, après ce qu'elle l'avait aidé à faire en janvier, il éprouvait à son égard des sentiments de protection et de fraternité.

"Calme-toi", dit Sirius. "Elle a probablement décidé de ne pas participer à cet événement... après ce qui s'est passé."

"Krum", dit Harry.

Il était prêt à déclarer une vendetta entre la famille Potter et les Krums de Bulgarie, mais Sirius l'avait empêché de le faire. Harry était mineur et Hermione, la partie lésée, n'était pas sous la protection des Potter à l'époque. Harry n'avait aucune raison de se battre en duel avec le phénomène du Quidditch, et encore moins de tenter un sort de castration.

Sirius frotta l'épaule de Harry et le jeune sorcier commença à respirer plus calmement. Finalement, l'imbécile du ministère, Verpey, lança l'événement et Diggory, Krum et Delacour sautèrent dans le lac en plein mois de février. Imbéciles de sorciers, pensa Harry.

C'était un événement particulièrement ennuyeux à regarder. Alors que le dragon avait été assez fascinant, à l'exception de la boucherie de Krum, cet événement était aussi excitant que de regarder de l'eau s'évaporer. Il n'y avait rien à voir.

C'était manifestement le travail de Dumbledore. Un défi extrêmement brillant mais mortellement ennuyeux pour les spectateurs - essayer de susciter une sorte d'enthousiasme international pour l'Angleterre à un moment où elle pourrait en avoir besoin en abrutissant les dignitaires, les journalistes et les faiseurs d'opinion. Brillant et stupéfiant à la fois.

Harry et Sirius passèrent le temps en discutant de leurs projets pour l'été. Harry voulait visiter Godric's Hollow. Sirius était tout à fait d'accord, avec une pointe de tristesse sur son visage. Il proposa ensuite à Harry de visiter les terres ancestrales des Potter et de voir ce qu'il restait du manoir. Il avait brûlé des décennies plus tôt, probablement à cause des Mangemorts, mais la maison pouvait être reconstruite.

Harry sourit. Sirius raconta à Harry ce dont il se souvenait lorsqu'il avait visité l'endroit il y a si longtemps. Des images d'une nouvelle maison, faite de pierres blanches brillantes, commencèrent à se former dans l'esprit de Harry.

La conversation se termina, quarante minutes après que les gens se soient jetés à l'eau, lorsque Fleur sortit de l'eau. En larmes.

Elle avait des entailles sanglantes sur les bras et les jambes. Quelqu'un l'a recouverte d'une couverture et essaya de la calmer.

Dix minutes plus tard, Diggory émergeait du lac... avec Cho. Harry appréciait vraiment l'apparence de la jeune fille asiatique et anglaise. Mais... il ne ressentait pas de jalousie. Pas maintenant, pas après qu'elle ait risqué sa vie pour un stupide tournoi et qu'elle ait été sauvée par Diggory. Le garçon s'était donné beaucoup de mal pour elle et il espérait qu'ils parviendraient à s'en sortir.

Puis il regarda Cho... et réfléchit à la situation. Cédric avait eu besoin de récupérer sa petite amie. Fleur était en larmes parce qu'elle n'avait pas retrouvé quelqu'un... Il restait donc... Krum.

"Tu crois qu'Hermione est en bas ?" demanda Harry.

"Non", dit Sirius avec une certaine assurance. "Pas après que tu aies menacé de retirer les parties génitales de Viktor pour ce qu'il a fait. Même Albus ne pourrait pas être aussi stupide..." Il avait l'air moins sûr de lui lorsqu'il s'arrêta de parler.

"Quand il s'agit de ce vieil homme, sa stupidité est sans fin. Je t'ai raconté ce qui lui est arrivé la semaine dernière ? Peeves a encore semé le bordel dans la classe de Métamorphose. Il a réussi à arracher une tapisserie et à presque en détruire une autre. Le directeur est arrivé et lui a demandé d'arrêter. Peeves a éclaboussé les robes de Dumbledore avec un produit qu'il avait volé à Rogue. Les robes brillantes ont commencé à se dissoudre. Dumbledore perdit son sang-froid et jeta un sort à Peeves. Le poltergeist s'est envolé contre un mur. Le Baron Sanglant, qui venait s'occuper de Peeves, reçut le sort à sa place. Il a été exorcisé.

Depuis lors... Peeves ne s'arrête plus".

Sirius affichait un sourire contrarié. Quelle merveilleuse et terrible farce ! Sirius ne savait toujours pas ce qui avait permis à Dumbledore d'améliorer son sort récemment, mais l'homme avait souffert. Une hanche cassée, la moitié de sa bibliothèque privée brûlée lorsque Fawkes vécut une renaissance inopportune, et un flot presque constant d'intoxications alimentaires. Certains jours, le vieux sorcier se réveillait avec des taches violettes sur le visage... mais il niait avoir la vérole. Peu de gens le croyaient, vu le nombre d'épidémies qu'il avait eues récemment.

Sirius avait entendu dire que les Aurors avaient même discrètement commencé à interroger de nombreuses prostituées de l'allée des embrumes et des environs pour voir s'il n'y avait pas d'épidémie.

Sirius leva les yeux lorsque le temps s'acheva et que Krum n'était toujours pas là. Karkaroff envoya une sorte de message. Krum refit surface quelques minutes plus tard et commença à beugler en bulgare.

Finalement, Karkaroff se tourna vers Dumbledore et commença à hurler, cette fois en anglais.

Rien de tout cela ne filtra jusqu'aux spectateurs, à l'exception de quelques mots ici et là.

Harry passa d'un air prêt à tuer à un air simplement en colère, puis à un léger sourire. Finalement, lorsqu'un homme évoqua une petite fille blonde et Hermione, Harry eut un large sourire.

Les scores ont rendu la foule plutôt bruyante. Krum réussit à obtenir vingt points. Fleur en eut quinze. Diggory obtint quarante-cinq points.

Harry attendit qu'Hermione se réveille et vit ses yeux s'accrocher à Krum. Elle porta la main à sa baguette avant que Madame Pomfresh n'emmène la jeune fille dans une tente médicale.

"Krum ne l'a même pas remarqué", dit Harry. "Les sorciers ont une grande connaissance de la situation. La sienne est censée être meilleure que la plupart des autres." Sirius fronça les sourcils.

"Je ne comprends pas.

"Il n'a pas remarqué qu'elle était sur le point de le maudire. Il n'a

pas remarqué !"

"Et alors ?"

"Le sort que je lui ai jeté fonctionne. Il ne peut pas la voir. Elle était à trois mètres et il ne l'a pas vue..."

"Hein ?"

"J'ai jeté un sort de famille à Krum. Si je ne pouvais pas être pleinement satisfait de ce qu'il a fait à Hermione, je pouvais au moins essayer de la protéger."

"Et... il a fait quoi, ce sort ?"

"C'était une forme étrange de charme de mémoire. J'ai supprimé sa capacité à voir ou à penser à Hermione Granger."

"Vraiment ?" dit Sirius en souriant un peu.

"Ce foutu... Bulgare. Beaucoup de preuves de ce qu'il a fait sont là. Il l'a mise enceinte... contre sa volonté. Elle était ivre et incapable de consentir après sa dispute avec Ron au bal d'hiver... et il ne s'est même pas rendu compte qu'il allait avoir un enfant avec elle. Le compte n'y est pas", a-t-il déclaré. Un Bulgare jouissant de l'immunité diplomatique à cause de ce tournoi ridicule. Libre de violer qui il veut, toutes celles qui attirent son attention. Notre ministère ne considère même pas une telle chose comme un crime. Une sorcière ivre, selon eux, est une sorcière consentante."

"Surtout si elle a des droits diminués" ..."

Le visage de Harry se crispa de colère. "C'est le terme horrible qu'ils utilisent pour désigner les nés-moldus. Il faut avoir un certain nombre de générations d'héritage magique pour bénéficier de toutes les protections. Je suis surpris qu'aucun né-moldu n'ait jamais essayé de renverser le gouvernement", dit Harry. Sirius soupira et regarda la scène se dérouler.

"Dumbledore avec tout le pouvoir magique qu'il a refuse de l'utiliser. Ils l'ont castré lorsqu'ils l'ont nommé chef des sorciers. Ils ont fait en sorte qu'il ne fasse pas grand-chose qui leur déplaise, même s'il pouvait se battre en duel avec la plupart d'entre eux en même temps et tenir son rang. Il est faible et ne mérite pas sa force magique", dit Harry.

"Tout ce pouvoir et il n'en fait rien", acquiesça Sirius.

Dumbledore s'entretena avec Krum et finit par comprendre que Krum se trouvait juste devant Granger sous l'eau et qu'il ne pouvait pas la voir. Il lança un charme de diagnostic sur Krum et hocha la tête.

Lorsqu'il tenta de rompre l'enchantement, Krum s'effondra. Cela attira l'attention de Harry.

"C'est un début, dit Harry. "Ils finiront par le briser, mais Krum... et bien il ne sera plus tout à fait la même personne qu'avant."

"Un peu dur ?" déclara Sirius. Il avait déjà essayé de tuer un ennemi à cause d'une farce. Il ne voulait pas que Harry connaisse ce genre de noirceur, qu'il fasse ce genre d'erreurs.

"Je me suis assis avec ma meilleure amie en janvier. Je lui ai tenu la main à l'infirmerie pendant qu'elle pleurait. Pompfresh a jeté le sort pour provoquer la fausse couche. Non. Après cela, je ne considère pas qu'une action non létale contre Krum soit trop sévère. Elle a perdu sa virginité avec lui. Elle ne pourra jamais former un lien de mariage avec quelqu'un d'autre que lui... et c'est un play-boy idiot. Elle a conçu un enfant avant d'être capable de s'en occuper... et la magie a une façon de punir ceux qui gaspillent leur potentiel magique. Pomfresh m'a dit qu'Hermione ne pourrait peut-être plus jamais concevoir d'enfant magique."

Sirius cligna plusieurs fois des yeux, puis reconnut que Krum méritait ce qui lui arrivait. Les enfants... eh bien, les enfants sont plus précieux que l'or.

"On va chercher Hermione ?" Harry acquiesça.

"J'espère qu'elle s'est calmée."

"Nous pourrons nous occuper de votre idiot de directeur plus tard dans la journée demain. Krum s'en est pris à Hermione quand elle n'était pas mon alliée. Mais maintenant... maintenant elle est protégée par les Potter et les Blacks. Dumbledore était au courant de cette attaque et a tout de même chargé Hermione d'être sauvée par Krum. Il devra en répondre."

Harry sortit sa baguette et transforma une pomme de pin en un petit bateau, assez grand pour trois personnes. Sirius et lui montèrent à bord. Il ne fallut pas longtemps pour séparer Hermione de Madame Pomfresh et la ramener au château.

Il fallut beaucoup plus de temps, jusque tard dans l'après-midi, pour qu'elle cesse de pleurer.

La troisième épreuve du Tournoi des Trois Sorciers débuta sous un sombre nuage. Le premier concurrent de Durmstrang, Viktor Krum, se trouvait dans un hôpital allemand où l'on avait réparé les dommages causés par les sortilèges. En privé, des personnes bien informées ont déclaré qu'il ne serait plus jamais capable de voler ou de lancer un sort. La rupture d'un étrange charme mémoriel, relativement inoffensif, lui avait brouillé l'esprit. Il lui a fallu deux mois pour apprendre à porter une cuillère à sa bouche.

De même, des rapports sur ses attaques contre des sorciers nés- moldus en Espagne, en Italie, en Irlande et en Grande-Bretagne ont été publiés. Depuis qu'il est devenu célèbre, il s'est servi des préjugés à l'encontre des nés-moldus pour s'en prendre à toutes sortes de sorcières, âgées de onze à quinze ans. Un pédophile révolté qui profite de sa célébrité et des préjugés du monde entier pour prendre son pied.

Enfin, il y eut la plainte de Sirius Black contre Albus Dumbledore concernant l'alliée de sa famille, Hermione Granger. Dumbledore aurait mis une victime d'agression sexuelle à proximité de son agresseur supposé dans le cadre d'un divertissement. Les deux hommes ont été meurtris, mais Sirius a passé plus de dix ans à Azkaban. Dumbledore a perdu beaucoup plus d'influence, tandis que Sirius s'en est finalement mieux sorti. En effet, Dumbledore a finalement été chassé de son poste de directeur à Poudlard pour sa mauvaise gestion du Tournoi, ainsi que pour avoir dissimulé un certain nombre de failles dans la sécurité de l'école au cours des dernières années.

Harry était assis dans les gradins tandis que son parrain siégeait au Conseil d'administration, qui avait également été reformé à la suite du scandale Dumbledore. Il se réveilla un peu lorsque Ludo Verpey sortit et commença à annoncer le début de la tâche finale.

"Bonsoir, gentils sorciers et sorcières. Ce soir, nous mettons un terme à cette grande tradition qu'est le Tournoi des Trois Sorciers."

Harry respira un peu mieux en entendant cela. Hermione avait trop perdu cette année. L'école était devenue la risée de tous à cause de Dumbledore. Même Harry avait failli être entraîné dans cette folie.

"Ce soir, nos trois concurrents, Cédric Diggory de Poudlard, Fleur Delacour de Beauxbatons et le remplaçant Klaus Schmidt de Durmstrang se frayeront un chemin dans ce grand labyrinthe. Outre le défi d'arriver au centre, il y aura des pièges, des créatures, des énigmes et bien d'autres divertissements à l'intérieur..."

Harry grogna. Cela avait l'air ennuyeux, à peu près aussi regardable que la Seconde Tâche. Alors qu'il regardait la surface d'un lac, il allait maintenant regarder un des haies.

Le vent léger fit onduler les haies. Personne ne tint compte du public lors de la conception de ce fiasco ?

"Au coup de canon, M. Diggory entrera en premier. Au coup de canon suivant, M. Schmidt entrera. Puis Mme Delacour."

Un coup de canon retentit et Cédric partit.

Harry se demandait comment allait Hermione. Elle avait quitté Poudlard après la Seconde Tâche. Il était peu probable, maintenant que ses parents savaient ce qui s'était passé, qu'ils l'autorisent à revenir.

Mais... la jeune fille était motivée et pouvait apprendre dans les livres. Sirius avait même parlé d'engager des professeurs particuliers pour Hermione pendant l'été et au-delà.

Il se sentait triste pour elle, pour ce qui s'était passé.

Il avait suffi de peu de temps, moins de dix minutes, pour causer tant de dégâts. Elle ne pouvait même pas se souvenir de ce qui aurait dû être un moment spécial pour elle. Non, elle était ivre morte, ses robes relevées dans un coin sombre d'un des jardins du château, à la vue de tous ceux qui passaient par là.

Harry se demanda s'il ne devrait pas se rendre dans un certain hôpital en Allemagne et lancer un sort de mort.

Il entendit à peine le second coup de canon, mais il remarqua la sensation de secousse d'un Portoloin lorsqu'il fut soulevé et projeté dans l'espace.

Il atterrit avec un grand bruit sourd. Ses jambes cédèrent, le projetant sur la terre molle dans un méli-mélo. Mais il se remit à rouler et à bouger presque aussitôt que la gravité en eut fini avec lui.

Il sortit sa baguette et regarda autour de lui comme un animal acculé.

C'était son troisième voyage en Portoloin et les deux premiers avaient été des moments tendus pour lui (un procès pour Sirius et une compétition de Coupe du Monde qui s'était terminée par une attaque de Mangemorts).

Il esquiva un sort d'étourdissement qui venait de l'ombre. Harry se retourna et vit Peter Pettigrew, une baguette sombre à la main, portant une grotesque limace dans ses bras.

"Attention, Pettigrew ! ordonna la limace.
C'était Voldemort en quelque sorte.
"Il doit être vivant pour que ce rituel fonctionne..."

Cela suffit à Harry. Il arracha son collier porte-bonheur et dispersa quatre pierres taillées sur le sol. Il incanta un sort familier, mais tordit sa baguette d'une manière étrange.

Le dôme d'or entra en éruption, mais cette fois Harry était à l'extérieur. Peter Pettigrew et sa limace de compagnie étaient à l'intérieur.

Tout se passa si vite que Peter ne put pas arrêter le sort qu'il essayait de lancer. Il abattit sa main dans un mouvement vicieux de balancier. Mais la baguette, puis la plus grosse partie de son poing, disparurent à l'intérieur du dôme d'or.

La couleur du bouclier s'assombrit et le bouclier énergétique s'épaissit.

Le traître s'écroula sur le sol en hurlant. Le paquet qu'il tenait dans son bras valide tomba dans l'herbe et commença à rouler. Une partie du paquet tenta de traverser la protection. Lorsque la créature sous forme de limace fut endommagée, une révoltante fumée gris noirâtre s'échappa de celle-ci.

Voldemort. Son essence. Son mal.
Harry s'assit sur l'herbe et regarda Pettigrew s'évanouir sous l'effet de la douleur. Il regarda sa baguette un moment avant de lancer un stupefix sur le bouclier d'or.

Il brilla d'un or plus foncé... et s'agrandit vers l'intérieur. Harry sourit.

Son travail sur l'inversion de cette protection avait valu chaque seconde. Lorsqu'il l'avait utilisé l'année dernière pour sauver son parrain, cela avait été dangereux. Il aurait pu facilement manquer d'oxygène avant que cet idiot de Fudge ne cède. Mais maintenant, il était assis dans l'oxygène et Pettigrew et l'ombre de Voldemort étaient assis à l'intérieur. Pettigrew suffoquerait rapidement... et Voldemort serait probablement anéanti si son ombre touchait le bouclier. Au fur et à mesure qu'elle était alimentée, la couche de protection s'agrandissait vers l'intérieur, rétrécissant la zone de sécurité.

Harry ramassa un bouquet de fleurs mortes sur une pierre tombale. Il les jeta sur le bouclier d'or. Celui-ci clignota à nouveau et grandit d'une fraction de pouce.

Il regarda l'énorme chaudron qui bouillonnait à vingt pieds à sa droite. Il se leva et fit léviter le tout au-dessus du dôme. Il relâcha le sort et la gravité accéléra le chaudron vers le bas.

Le dôme brilla d'une couleur dorée profonde et satisfaite. Le rat et l'ombre perdirent quelques centimètres dans toutes les directions. Le comateux Pettigrew était à deux doigts de perdre un pied.

Harry regarda alors sa montre. Plus de vingt minutes s'étaient écoulées depuis le début de la Troisième Tâche. Comment se fait-il qu'il soit encore seul ici ? Personne ne s'était rendu compte de son absence ? Sirius avait été occupé avec les gouverneurs, mais il était assis à côté de Fred et George Weasley à la tâche. Ont-ils pris cela pour une blague ?

Harry se promena dans le cimetière et jeta des objets sur le bouclier.

Une pierre tombale voyante, tombée d'une grande hauteur, agrandit le dôme au point de couper le pied de Pettigrew. Cela irrita l'ombre au plus haut point.

Plus d'une heure s'était écoulée avant que Harry ne dispose d'une protection suffisamment grande pour menacer le cerveau et le crâne pourris de Pettigrew.

Il se rassit. Il savait que Sirius finirait par venir le chercher. Peut-être même que les idiots en blouse rouge du Ministère l'accompagneraient. Il souhaitait simplement qu'ils se dépêchent.

Il n'y a plus d'adrénaline dans son sang. Il était sur le point de s'effondrer sous l'effet du stress et de l'épuisement.

Il se retourna avant même que le bruit de l'apparition ne parvienne à ses oreilles. C'était comme s'il avait senti la magie.

Sirius, à fleur de peau et terrifié, courut et s'accrocha à Harry quelques instants plus tard. "Je vais bien."

Il désigna le dôme. "Ils ne vont pas bien."

Sirius y jeta un coup d'œil. "Le rat !

Harry ramena l'homme en position assise.

"Ne t'approche pas de ça. Tu ne voudrais pas perdre une main ou un pied, n'est-ce pas ?"

Sirius se pencha sur l'état de Pettigrew. Puis il se calma un peu.

"Désolé que cela ait pris autant de temps. Le nouveau ministre est un imbécile qui tergiverse beaucoup. Les Aurors recevaient des ordres d'une demi-douzaine de personnes et n'arrivaient pas à se décider. Et puis Dumbledore s'est pointé après que certains sorciers aient expliqué que tu avais disparu."

"Eh bien... je suis surpris que tu sois arrivé jusqu'ici."

"Je peux être persévérant", dit Sirius.

"Devons-nous attendre les témoins ?"

Sirius acquiesça et se détendit un peu. Pettigrew était encore dans les vapes à cause du choc subi par son corps meurtri. La seule chose qu'il possédait encore était sa tête et son torse.

Vers minuit, une petite équipe d'Aurors arriva enfin. Pettigrew avait depuis longtemps suffoqué. Le petit nuage noir semblait bouillir de rage à l'intérieur du dôme.

Sirius prit le relais une fois que les idiots du ministère soient arrivés.

"Shacklebolt, viens dans ce dôme. Les autres, gardez vos distances pour l'instant."

Le grand Auror noir s'approcha de Sirius d'un air perplexe.

"Qu'est-ce qui vous a pris tant de temps ?"
"Politique", dit l'Auror.

"A quel sujet ?"

"Qui dirigerait l'équipe, quelle était la mission, combien de personnes viendraient, si le ministre devait être présent... à peu près tout".

"Bones est-elle devenue sénile ?"

"Non, la directrice du département de la justice magique est à l'hôpital depuis hier matin. Elle a attrapé la variole du dragon..."

" Scrimgeour ?"
Le grand Auror noir haussa les épaules.

"Je pense que nous avons besoin d'une personne forte et intelligeente pour être notre nouvel ambassadeur auprès de Magical China...

L'Auror sembla un peu surpris.

"Nos trois derniers diplomates ont été assassinés par des terroristes.

"Où voulez-vous en venir ?"
"Une telle menace serait... équivalente à une condamnation à mort."

"Les tergiversations permises par cette masse inutile auraient pu coûter la vie à mon filleul, s'il n'avait pas été préparé à faire face aux problèmes".

L'Auror eut l'air perturbé mais ne dit rien d'autre.

Sirius le conduisit à un endroit proche du dôme doré.

"Le mort qui s'y trouve est Peter Pettigrew, le traître de la famille Potter, de la famille Black et probablement de beaucoup d'autres.

L'Auror sembla surpris d'avoir la preuve de voir celui qui avait trahi l'Enfant-qui-a-survécu... Il avait trouvé un peu commode que Sirius ait un ami soi-disant mort qui l'ait fait atterrir à Azkaban. Mais... ça.

"Je vois. C'est quoi ce brouillard noir ?"

"Un spectre." L'Auror roula des yeux.
"De qui ?"

"Harry ? L'appela Sirius.
"Oui?", dit le jeune homme en se levant.

"Quel est ce spectre ?"

"Je n'en suis pas très sûr", dit Harry. "Quelque chose que Pettigrew avait emprisonné dans une sorte de créature. On ne peut jamais savoir ce qu'un meurtrier fou peut garder sur lui."

Sirius et Harry avaient décidé de ne pas mentionner le mot V. Ni l'un ni l'autre ne voulait attiser les passions alors que c'était simple de s'occuper de cette horrible chose. Ni l'un ni l'autre ne voulait ou n'avait besoin d'être félicité pour avoir tué Voldemort une seconde fois.

"D'accord. Qu'est-ce qu'on est censés faire maintenant ?"

"Lancez un sort sur le dôme, Auror", dit Harry.

"D'accord."

L'homme envoya un coup d'éclat. Le dôme s'illumina d'or et l'intérieur de l'espace sécurisé se rétrécit.

"Quel est l'intérêt ? demanda l'Auror.
"Nous utiliserons cette protection pour détruire le spectre", dit Harry.

"J'ai l'ordre permanent que de tels phénomènes soient capturés pour être étudiés par le Département des Mystères..."

"Appelez donc un langue-de-plomb", dit Sirius, et je lui parlerai".

L'Auror commença à reculer. Personne n'aimait travailler avec les langue-de-plomb. C'était une drôle de bande, Sirius le savait par expérience.

Harry en avait assez d'attendre. Il invoqua une statue funéraire massive et avant qu'elle ne l'atteigne, elle se heurta de plein fouet au dôme. Cela suffit à faire pencher la balance. La petite zone de sécurité à l'intérieur du bouclier disparut. La brume noire qui ressemblait à un spectre disparut, tout comme le corps de Peter Pettigrew.

"C'est géré", dit Harry.

L'Auror soupira, pensant probablement à l'excès de paperasse qu'il allait devoir remplir.

"Ils vont vouloir vous parler", dit-il à Harry.

"Ce serait un plaisir.
"On peut sortir d'ici ?" demanda Sirius.
L'Auror finit par acquiescer.

Harry relâcha la protection et se pencha pour ramasser ses quatre pierres de protection. L'Auror tendit la main pour essayer de les récupérer. Harry secoua la tête et dit : "Magie familiale".

Le Magenmagot avait protégé la magie familiale des centaines d'années auparavant. Ils n'enfreindraient pas les règles aujourd'hui, même s'ils voulaient savoir ce que Harry continuait à faire, parce qu'ils ne voulaient pas perdre leurs propres magies. La famille des Ollivander ne consentirait jamais à partager sa magie familiale, car la fabrication de baguettes pourrait devenir un métier courant.
Peu d'autres familles novatrices accepteraient que leurs sorts, leurs protections ou leurs enchantements soient divulgués. En effet, le mandataire des Zabini reçut des instructions strictes pour que rien ne porte atteinte aux magies familiales, car la révélation d'une telle magie ferait condamner l'actuel chef de famille à plusieurs chefs d'accusation pour meurtre de mari.

Harry rentra à Poudlard, la mine renfrognée. Il était déjà plus d'une heure du matin. Il avait été enlevé vers sept heures.

C'était clairement inacceptable.

Sirius poussa Harry vers le château et dit : "Je reviendrai demain après-midi. Dors plus demain si tu en as besoin. Si des plaisantins de l'école ou du gouvernement veulent te parler, ils peuvent attendre mon arrivée."

"Je connais mes droits", déclara Harry.

"Mais tu es aussi grincheux et tu t'emportes de temps en temps. Garde ton calme et je serai de retour vers trois heures. Je dois passer un peu de temps avec notre avocat dans la matinée."

Harry acquiesça et entra dans le château.

Sirius marcha longtemps jusqu'à la salle d'attente. D'un côté, il était heureux que le problème Voldemort soit probablement réglé. D'un autre côté, le gouvernement britannique était loin d'être compétent.

Que faire ?

D'abord, déterminer qui a fait ça ? Le kidnappeur était-il Pettigrew ? S'était-il faufilé avec un portoloin actif sous sa forme animagus ? Avait-il entré le nom de Harry - ou y avait-il un autre mangemort ? Y avait- il des complices qu'il fallait traquer ?

Sirius repensa à la liste des suspects. Certains d'entre eux pourraient-ils être sous l'emprise de l'Imperium - ou un échange aurait-il pu avoir lieu avec le Polynectar ?

Verpey, Karkaroff, tout le monde avait besoin d'être vérifié. Il regarderait même si quelqu'un avait utilisé un Imperium sur McGonagall, Flitwick ou Maugrey.

Il voulait des réponses maintenant. Son filleul avait failli mourir, encore une fois, cette nuit.

Harry Potter était assis à la table des Gryffondor et mangeait sa part du festin d'ouverture lorsqu'il sentit que des regards se posaient sur lui. Il se retourna pour regarder autour de lui lorsqu'il vit une femme plutôt petite et corpulente assise à la table des Gryffondor.

La table des gouverneurs lui jeta un coup d'œil.

Il repensa à ce que Sirius avait dit des différents membres. Il n'avait pas grand-chose de bon à dire sur chacun d'entre eux, mais Harry ne se souvenait pas d'une femme à l'allure si... particulière.

Il retourna à son poulet rôti et à ses pommes de terre.

Le sentiment d'être observé ne faiblit pas, mais Harry refusa de l'admettre.

Après que la nouvelle directrice, McGonagall, ait congédié tout le monde pour la nuit. Il retourna à la tour de Gryffondor. Mais il n'avait pas l'intention de passer une soirée tranquille.

La grande femme lui tira le coude avant qu'il n'atteigne l'escalier. "Restez là, M. Potter. Je souhaite vous parler..."

"Et vous êtes ?"

"Je suis la gouverneure de cette école. Vous pouvez m'appeler Madame Ombrage".

Harry acquiesça.
"Que vouliez-vous savoir ?"
"Vous êtes décidément un enfant grossier, n'est-ce pas ?"
"Je souhaite retourner dans mon dortoir. Si vous n'avez rien à dire..."

Son regard haineux fit presque reculer Harry.

"Vous, M. Potter, avez une influence déstabilisante. Mon mentor, Monsieur Fudge, est en déshonneur à cause de vous. Je me suis à peine accroché à un poste au ministère de l'Éducation. Je ne vous aime pas. Je n'aime pas ce que vous représentez. Je déteste votre politique..."

"Madame, je ne sais même pas ce que sont mes opinions politiques. Je ferai part de vos commentaires à mon parrain. Vous pourriez peut-être dire la même chose à un sorcier adulte."

"Je ferais attention à moi si j'étais vous, Potter."

Harry se retourna et se fondit dans la foule qui quittait la Grande Salle. Harry s'interrogeait sur cette femme. Qu'avait-elle à gagner dans ce qu'elle avait dit ce soir ? Était-elle assez stupide pour penser que sa bile le blesserait ou l'énerverait ?

Il obtint de Krum qu'il rende justice à Hermione. Il avait tué les deux principaux traîtres de la famille Potter. Il savait ce qu'était le devoir.

Un larbin, un bureaucrate pourrait-il faire quelque chose pour l'arrêter ? Non.
Rien ne peut arrêter un Potter.

Son grand-père, son père et lui-même avaient passé des décennies à se battre contre de plus grands maux. Mais... Harry se rendit compte que c'étaient les petits maux qui permettaient aux plus grands d'exister.

Une violeuse utilisant les lois anti-moldues pour s'en sortir. Une politicienne vindicative qui s'accroche au pouvoir pour pouvoir menacer et tenter d'intimider ses ennemis.

Ce sont de petites choses qui sont devenues de grandes choses. Ce sont des choses contre lesquelles un Potier s'est battu.

C'est ce que Harry s'est juré de combattre, de combattre pour sa vie et de combattre pour sa famille... de mettre fin à tout cela.

Il comprenait maintenant ce que serait son but particulier du Devoir des Potter. Il avait achevé son plus grand mal ; il était maintenant libre d'en finir avec les plus petits, de les arracher à leurs sombres cachettes, à leurs lieux de force et d'anonymat.

Il dénoncerait, détruirait et éliminerait.
Il était un Potter par naissance, par magie et par devoir.

L'ancien commerçant entra dans son arrière-boutique. Contrairement à ce que semblait être la façade, l'arrière s'étendait presque au-delà de la portée visible de l'œil humain. Non pas que les limites humaines aient de l'importance pour le commerçant.

Il n'était pas un véritable ancien, pas comme les dieux de l'Olympe, mais il n'était pas non plus un jeune Hellion.

C'était sa troisième période de punition. Il avait existé dans cette temporalité pendant plus de treize mille ans.

Il commença à fouiller dans les cartons de marchandises "neuves". Il tria les vieux livres et les bibelots, les amulettes et les objets magiques.

Sa main s'arrêta lorsqu'il tira un livre en particulier parmi les nouvelles acquisitions.

Ce livre déclencha un souvenir, un sentiment de nostalgie.

Le livre avait plus de mille ans et était en mauvais état, mais les liens du sang étaient toujours présents.

Le mot "Potter" était à peine visible sur la couverture. Un grimoire, donc.

Il feuilleta le livre épais. L'avait-il déjà vendu ? Avait-il fait des ravages dans le monde avec ce livre ?

Il cessa de trier les articles et ramena le volume dans la partie principale de son magasin. Il le posa à un endroit dégagé sur l'une de ses étagères.

Il se rendit ensuite derrière le comptoir et sortit son manifeste. Il lui fallut plus d'une heure pour trouver l'entrée du numéro 147, le grimoire de Potter.

Il se documenta sur la rencontre qui avait eu lieu il y a plus de sept cents ans. Il s'amusa de voir que le garçon avait failli toucher la pierre bleue de Croon. Le commerçant avait été autorisé à l'exposer dans le cadre de sa punition. C'était sa plus belle réussite, une merveilleux morceau de démonologie. Il en avait encore des centaines dans le monde... et ces merveilleuses et horribles malédictions étaient ce pour quoi il était encore puni.

Mais... à l'époque... il avait empêché le jeune Potter de toucher la pierre. Il se souciait plus d'acquérir un gallion de plus pour sa liberté que du plaisir de piéger une autre âme ici avec lui dans sa chambre de punition.

Il se demandait s'il allait encore arrêter un jeune homme aussi curieux.

Il se demandait si l'apparition du grimoire des Potter signifiait qu'un autre Potter viendrait bientôt dans sa boutique.

Il savait qu'un grand nombre des plus de mille articles qu'il avait vendus avaient été colportés par lui plus d'une fois.

Certains objets magiques ont plus de résonance que d'autres, certaines choses ont plus besoin d'être dans le monde que d'autres.

Il supposa que le garçon, plus d'un demi-millénaire plus tôt, avait réussi son test. Il aurait aimé pouvoir ouvrir le livre et le lire, mais cela lui était refusé dans le cadre de sa punition.

Il cessa de fixer le livre et ferma son manifeste.

Il s'assit pour réfléchir et planifier. Il était ici, pris au piège, mais il avait les moyens et l'occasion de semer le chaos. Que pouvait-il faire ?

L'ange déchu Adzraeus, qui n'avait pas encore fini de purger sa peine, avait un long catalogue de crimes. Pour avoir répandu la magie dans le monde entier, il a été condamné à mille ans de supplice. Pour avoir tué l'humanité en lui infligeant des tourments agréables, il passa une période à entretenir les feux de Tenebras. Maintenant, pour avoir créé des malédictions merveilleuses et euphorisantes, une peine indéterminée pour rendre la magie précieuse aux âmes dignes. Un supplice d'une durée inconnue, probablement pire que la douleur directe ou les feux de l'enfer de Tenebras qui léchaient ses pieds et ses tibias.

La vie d'un commerçant, c'est l'incertitude. L'ennui. La mort lente de ses souvenirs.

Les pouvoirs en place ne pouvant plus orienter directement les acteurs individuels vers de nouvelles voies, ils ont eu recours à des mandataires. Adzraeus fut puni trois fois pour avoir suivi les commandements et les suggestions de son maître.

Il ne se ferait pas prendre une quatrième fois. Il ne ferait pas ce qu'on lui ordonne.

Non... il ferait ce qu'il veut.

Il s'assit dans son fauteuil et réfléchit à la destruction créatrice, au délicieux chaos... puis il oublia tout. Le grimoire de Potter, l'entrée du numéro 147, tout cela quitta sa mémoire.

Alors... il s'assit et a attendit.