Les jours suivants furent marqués par une étrange tranquillité à Kadic, mais pour Yumi, cette accalmie n'apportait aucun réconfort. Au contraire, elle accentuait l'anxiété qui la rongeait depuis l'incident sur Lyoko. Chaque matin, elle se levait avec la même boule au ventre, une sensation de malaise grandissante qui l'accompagnait tout au long de la journée. Ses amis, bien que présents, semblaient de plus en plus éloignés, comme si un mur invisible s'était érigé entre elle et le reste du monde.
À chaque cours, chaque conversation, elle se sentait de plus en plus distante, comme si elle regardait la vie à travers une vitre, spectatrice plutôt qu'actrice. Les incidents récents, ces manifestations inexplicables de pouvoirs, tournaient en boucle dans son esprit, la privant de sommeil et de paix intérieure. Elle ne pouvait s'empêcher de guetter les signes d'un autre déclenchement, la peur d'une nouvelle perte de contrôle la paralysant parfois.
Assise en cours de mathématiques, Yumi s'efforçait de se concentrer sur l'explication monotone du professeur, mais ses pensées dérivaient sans cesse. Le tableau noir couvert de formules semblait se flouter devant ses yeux, remplacé par l'image obsédante du caillou flottant dans sa main. Elle baissa les yeux sur son crayon, posé sur la table devant elle, et fixa intensément cet objet inoffensif, une part d'elle-même terrifiée à l'idée qu'il puisse, lui aussi, défier les lois de la gravité.
Lorsque soudain, une feuille de papier placée à côté de son cahier se plia d'elle-même, Yumi faillit pousser un cri. Son cœur s'accéléra brutalement, ses doigts se crispant sur le bord de la table pour éviter de perdre le contrôle.
"Yumi ? Tout va bien ?" demanda Aelita, assise à côté d'elle, sa voix douce et empreinte de sollicitude. Aelita avait remarqué le trouble de son amie depuis quelques jours, et son inquiétude grandissait de ne pas savoir comment l'aider.
Yumi cligna des yeux et força un sourire qui ne parvint pas à atteindre ses yeux. "Oui, oui… je… j'ai juste un peu de mal à me concentrer," répondit-elle, essayant de masquer sa peur sous un masque de normalité. Mais le tremblement léger dans sa voix trahissait son état d'esprit.
Aelita la regarda avec insistance, une lueur d'inquiétude dans le regard. Elle connaissait Yumi depuis assez longtemps pour reconnaître quand quelque chose n'allait pas, mais avant qu'elle ne puisse poser plus de questions, le professeur tourna son attention vers elles.
"Mademoiselle Ishiyama, si vous êtes si intéressée par la décoration de votre feuille, peut-être préfériez-vous partager votre œuvre avec la classe ?" déclara-t-il, sa voix sèche traversant la salle comme un coup de fouet.
Rougissant, Yumi baissa la tête, tentant de se faire oublier. "Non, désolée," murmura-t-elle, essayant de retrouver un semblant de calme.
Le reste du cours se déroula sans incident, mais Yumi ne pouvait ignorer les regards d'Aelita et d'Ulrich, leurs yeux chargés d'une inquiétude qu'ils n'osaient pas encore exprimer à voix haute. Le poids de leurs silences était presque aussi lourd que celui de ses propres peurs. Comment expliquer ce qu'elle-même ne comprenait pas ? Comment leur dire qu'elle avait peur de devenir un danger pour eux, pour ceux qu'elle aimait le plus au monde ?
La cloche annonçant la fin des cours résonna enfin, son tintement libérant les élèves dans les couloirs animés du collège. Les rires et les discussions remplissaient l'air tandis que les étudiants se précipitaient vers leurs prochaines activités. Mais pour Yumi, ce son familier ne signifiait pas la fin de ses angoisses. Elle quitta la salle rapidement, espérant échapper aux questions d'Aelita et des autres, ses pas précipités résonnant dans le couloir comme une course pour échapper à ses propres pensées.
À peine eut-elle franchi la porte qu'elle sentit une présence inquiétante derrière elle. Ce n'était pas une intuition vague, mais une sensation presque physique, comme une ombre qui la suivait. Un frisson lui parcourut l'échine. Elle se retourna lentement, ses sens en alerte.
C'est alors qu'elle aperçut Yolande, l'infirmière de l'école, se dirigeant droit vers elle. Le visage de Yolande, habituellement chaleureux et amical, était étrangement inexpressif, ses traits figés dans une sorte de masque impénétrable. Mais ce qui troubla le plus Yumi, ce fut ses yeux. Ils étaient fixés sur elle avec une intensité glaciale, une lueur froide et mécanique qui fit naître un sentiment de terreur dans le cœur de la jeune fille.
"Yumi, tu pourrais m'accompagner à l'infirmerie, s'il te plaît ? J'ai besoin de te parler," dit Yolande d'une voix étrangement monotone, dénuée de toute l'empathie habituelle.
Yumi fronça les sourcils, une alarme silencieuse résonnant dans son esprit. Quelque chose n'allait pas. Chaque instinct en elle criait de ne pas suivre Yolande, mais elle savait aussi que refuser pourrait être dangereux. La tension dans l'air était palpable, et elle comprit que XANA n'était pas loin.
Sans un mot, elle acquiesça et se résigna à suivre l'infirmière, espérant que ce n'était qu'une simple vérification médicale. Mais plus elles s'approchaient de l'infirmerie, plus le malaise grandissait en elle. Les couloirs, habituellement remplis de vie, semblaient soudainement froids et silencieux, comme si le monde entier retenait son souffle.
Une fois à l'intérieur de l'infirmerie, Yolande referma la porte derrière elles avec une lenteur calculée, un geste qui sembla résonner comme un verrou mental pour Yumi. Lorsqu'elle se retourna, son visage avait pris une expression presque sinistre. Ses yeux, à présent brillants d'une lueur sinistre, ne quittaient pas Yumi des yeux.
Le malaise de Yumi se transforma en une peur froide. Elle se tenait prête à agir, son corps tendu comme un arc. C'est alors que Yolande, d'un mouvement lent et précis, leva la main, la plaçant face au visage de Yumi, ses doigts s'écartant légèrement comme pour encadrer son visage.
"Qu'est-ce que vous faites... ?" commença Yumi, mais sa voix mourut dans sa gorge alors qu'une sensation étrange émanait de la paume de l'infirmière. Une chaleur douce mais insistante, enveloppante et dangereusement apaisante, la fit frémir.
"Tout ira bien, Yumi. Tu dois te reposer," dit Yolande d'une voix douce, mais mécanique, dénuée de tout sentiment. Les paroles semblaient récitées, vides de toute sincérité. "Tu es fatiguée, n'est-ce pas ? Si fatiguée…"
Comme si les mots avaient un pouvoir hypnotique, Yumi sentit une lourdeur écrasante s'abattre sur elle. Ses paupières devenaient lourdes, chaque battement de son cœur semblait plus lent, et le monde autour d'elle commença à se dissoudre dans une brume de fatigue artificielle. Elle vacilla sur ses pieds, luttant pour rester consciente, mais c'était comme si toute sa volonté fondait, aspirée par cette chaleur envoûtante.
Yolande avançait lentement, maintenant sa paume à quelques centimètres du visage de Yumi, l'effet hypnotique se renforçant avec chaque pas. "Oui… repose-toi," murmura-t-elle, sa voix se faisant plus insistante, presque chantante. "Ferme les yeux… laisse-toi aller…"
C'est à cet instant que Yumi comprit avec une horreur glaciale que XANA avait pris le contrôle de l'infirmière. Elle n'était plus en sécurité, et XANA tentait de la soumettre, de la rendre inconsciente pour l'emmener à l'usine. Mais Yumi n'était pas prête à se laisser faire. Malgré la torpeur qui l'envahissait, elle savait qu'elle devait réagir, et vite. Chaque seconde comptait, et elle refusait de devenir une marionnette de XANA.
Rassemblant toute l'énergie qui lui restait, Yumi se concentra sur le peu de force qu'elle sentait encore en elle. Ses pensées, floues et désordonnées, se focalisèrent sur une seule idée : se libérer. Dans un geste désespéré, elle ferma les yeux et, puisant dans cette énergie mystérieuse qu'elle craignait tant, utilisa sa télékinésie pour projeter violemment Yolande contre le mur, rompant ainsi l'effet hypnotique.
Le choc fut brutal. Yolande s'effondra au sol, son corps heurtant le mur avec un bruit sourd. Pendant un instant, le silence retomba dans l'infirmerie, seulement troublé par la respiration haletante de Yumi qui tentait de reprendre ses esprits. Mais à peine avait-elle commencé à se calmer que Yolande, toujours sous l'emprise de XANA, commença à se relever, ses mouvements désormais saccadés, mécaniques, presque inhumains.
"Tu ne peux pas m'échapper, Yumi," dit Yolande, sa voix déformée par l'influence de XANA, une froideur glaciale perçant chacun de ses mots. "Je dois t'emmener… XANA t'attend."
Yumi, le souffle court, sentait son cœur battre à tout rompre. Elle avait réussi à se libérer une première fois, mais l'infirmière possédée était de nouveau debout, prête à accomplir la mission que XANA lui avait confiée. Le regard fou de Yolande se planta dans celui de Yumi, déterminé, implacable.
Sans perdre une seconde, Yumi tourna les talons et se précipita vers la sortie, son esprit en alerte maximale. Ses jambes, encore tremblantes de l'effort précédent, la portaient à toute vitesse dans les couloirs de Kadic, tandis que derrière elle, les pas saccadés de Yolande résonnaient, poursuivant inlassablement sa cible.
La course-poursuite était engagée, et Yumi savait qu'elle devait trouver un moyen de prévenir ses amis avant que XANA ne réussisse à la capturer. Sa détermination était féroce, alimentée par la peur et l'adrénaline. Elle devait tenir bon. Pour elle. Pour ses amis. Pour le monde.
Le temps semblait s'étirer à l'infini alors que Yumi sprintait à travers les couloirs de Kadic, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Chaque pas résonnait lourdement, marquant sa fuite désespérée. Elle n'avait aucune idée de combien de temps elle pourrait tenir tête à Yolande, mais elle savait qu'elle devait absolument gagner du temps. Chaque seconde qu'elle parvenait à voler à XANA rapprochait ses amis de la désactivation de la tour.
Son esprit, habituellement si calme et réfléchi, était maintenant submergé par une vague de panique. Elle pouvait sentir l'adrénaline couler dans ses veines, une force brute qui la poussait à courir plus vite, à penser plus vite. Le monde autour d'elle devenait flou, réduit à un simple dédale de couloirs qu'elle devait parcourir pour échapper à l'emprise implacable de XANA.
Dans sa course effrénée, Yumi agrippa son téléphone et, d'une main tremblante, composa le numéro de Jérémie. Elle pouvait à peine entendre le son de la tonalité au-dessus du martèlement de son propre cœur.
"Jérémie ! XANA a pris le contrôle de Yolande, elle est en train de me poursuivre ! Il faut désactiver la tour, vite !" cria-t-elle, sa voix trahissant la panique qu'elle s'efforçait de contenir. L'angoisse menaçait de la submerger, mais elle savait qu'elle devait rester lucide, qu'elle ne pouvait pas se permettre de céder à la peur.
Il y eut une fraction de seconde de silence, puis la voix de Jérémie, tendue mais résolue, résonna à l'autre bout de la ligne : "On est en route pour l'usine, Yumi. Tiens bon !"
Les mots de Jérémie étaient rassurants, mais ils n'effaçaient pas la menace qui se rapprochait inexorablement derrière elle. Elle pouvait entendre les pas de Yolande se rapprocher, rapides, précis, implacables comme le destin. Le son résonnait dans le couloir, un écho terrifiant de sa propre peur.
Yumi sentit l'étau se resserrer autour d'elle. Chaque tournant, chaque porte fermée ajoutait à sa panique. L'école, qu'elle connaissait si bien, se transformait sous ses yeux en un labyrinthe cauchemardesque, chaque couloir semblant la conduire vers une impasse.
"Tu ne peux pas fuir, Yumi," résonna la voix de Yolande derrière elle, devenue étrangement métallique, froide, déshumanisée. "XANA te veut… et tu lui appartiendras."
Ces mots, d'une froideur implacable, firent trembler Yumi jusqu'au plus profond de son être. Elle tourna brusquement un couloir, cherchant désespérément une échappatoire. Ses yeux cherchèrent frénétiquement une issue, une cachette, quelque chose qui pourrait lui donner un peu de répit.
C'est alors qu'elle aperçut la porte menant à la salle de sport. Sans réfléchir, elle s'y engouffra, son corps réagissant avant même que son esprit ne puisse analyser les implications. La porte se referma derrière elle avec un claquement sec, coupant brusquement le son des pas de Yolande. Yumi se précipita derrière les gradins, se plaquant contre le sol froid, son souffle court, sa poitrine se soulevant de manière irrégulière.
Elle tenta de calmer sa respiration, chaque souffle semblant aussi bruyant qu'un cri dans le silence oppressant de la salle de sport. Le silence était lourd, pesant, seulement interrompu par le bruit régulier de son cœur battant à toute vitesse. Mais ce silence ne dura pas. Le bruit des pas reprit, résonnant dans la salle, amplifié par l'espace vide, chaque son renforçant la peur qui la consumait.
Pendant ce temps, à l'usine, la tension était palpable. Jérémie et le reste du groupe étaient déjà en action, chacun pleinement conscient de l'urgence de la situation. Ulrich, Aelita et Odd se tenaient prêts, leur détermination gravée sur leurs visages alors que Jérémie lançait la procédure de virtualisation.
En quelques secondes, ils se retrouvèrent sur Lyoko, leurs avatars matérialisés dans le Territoire des Montagnes. Le paysage déchiqueté, avec ses falaises abruptes et ses précipices béants, ne laissait aucune place à l'erreur. La tour rouge se dressait au loin, un phare sinistre au bord du précipice, symbole de la menace imminente que représentait XANA.
"Elle est dans le Territoire des Montagnes, juste au bord d'un précipice," expliqua Jérémie, sa voix tendue résonnant dans leurs oreillettes. La carte holographique flottait devant ses yeux, les points lumineux représentant ses amis se déplaçant rapidement vers leur objectif. "Dépêchez-vous, Yumi n'a pas beaucoup de temps !"
Le trio s'élança à toute vitesse à travers le territoire, chaque seconde étant une course contre la montre. Les Bloks apparurent bientôt, leurs canons s'allumant alors qu'ils tentaient de barrer la route à l'équipe. Mais ils étaient prêts. Ulrich dégaina ses sabres, ses mouvements précis et rapides, chaque coup découpant les monstres avec une efficacité redoutable. À ses côtés, Odd esquivait les tirs avec agilité, ripostant avec ses flèches laser qui trouvaient leur cible à chaque fois.
Aelita, quant à elle, gardait ses yeux fixés sur la tour rouge qui brillait au loin, son visage marqué par une concentration intense. Elle savait que le temps était compté, et que chaque seconde gagnée dans ce combat rapprochait Yumi de la liberté. Elle évitait habilement les tirs ennemis, se faufilant avec grâce entre les attaques, déterminée à atteindre la tour.
"On y est presque !" cria Ulrich, sa voix pleine d'espoir alors que la tour se rapprochait rapidement. Leurs efforts semblaient porter leurs fruits, mais le danger n'était pas encore écarté.
De retour à Kadic, la situation de Yumi devenait de plus en plus désespérée. Le silence oppressant de la salle de sport ne faisait qu'amplifier la peur qui s'emparait d'elle. Elle pouvait sentir la présence oppressante de Yolande se rapprocher, chaque pas résonnant comme un coup de marteau dans son esprit, l'étau se resserrant autour d'elle.
Soudain, un grincement se fit entendre. Yumi réalisa avec horreur que la porte de la salle de sport s'était ouverte. Un souffle glacé de terreur lui parcourut la nuque. Yolande était entrée, sa silhouette se détachant contre la lumière tamisée de la salle, ses yeux fixés droit sur Yumi, un regard vide, dénué d'humanité.
"Ne t'enfuis pas, Yumi," dit Yolande, sa voix monotone résonnant dans la salle, l'écho se propageant dans chaque recoin, comme un serpent s'enroulant autour d'elle. "Ce sera plus facile si tu arrêtes de résister…"
Le ton de Yolande, froid et implacable, semblait aspirer toute chaleur, toute force de résistance. Yumi se recroquevilla davantage derrière les gradins, cherchant à disparaître, à échapper à ce cauchemar éveillé. Mais la peur ne cessait de croître en elle, une peur viscérale, paralysante.
"Non… Non, je dois tenir… Ils vont désactiver la tour…" se répéta-t-elle en murmure, essayant de se convaincre, de ne pas céder à la panique. Mais chaque mot qu'elle prononçait était une lutte, une bataille contre la terreur qui menaçait de l'engloutir.
Le bruit des pas de Yolande se rapprochait, lents, mesurés, implacables. Yumi savait que ses amis étaient tout près de désactiver la tour, mais chaque seconde qui passait semblait la rapprocher de la capture. Elle serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes, cherchant à se raccrocher à quelque chose, à ne pas sombrer dans la peur qui l'envahissait.
C'était une course contre le temps, et le temps semblait sur le point de s'arrêter.
Sur Lyoko, le combat faisait rage, mais Aelita, concentrée et déterminée, atteignit enfin la tour. Sans perdre une seconde, elle plongea à l'intérieur, se retrouvant dans l'espace éthéré et familier qui constituait l'interface de la tour. Les chiffres et les symboles défilèrent devant ses yeux, mais son esprit restait focalisé sur une seule chose : désactiver la menace.
À l'extérieur, Ulrich et Odd combattaient sans relâche les Bloks qui les assaillaient. Chaque coup de sabre d'Ulrich était précis, méthodique, tranchant à travers les ennemis comme un rasoir. Odd, avec son agilité habituelle, bondissait d'un point à un autre, ses flèches laser fusant dans l'air pour abattre les Bloks qui tentaient de les encercler.
"Vite, Aelita !" s'exclama Jérémie depuis le poste de contrôle, son regard fixé sur les écrans, surveillant de près les indicateurs qui reflétaient l'état critique de la situation. L'angoisse montait, chaque seconde semblait plus longue que la précédente, le sort de Yumi en dépendait.
Aelita, les doigts tremblants d'adrénaline, commença à entrer le code avec une précision fébrile. Les lettres « L-Y-O-K-O » apparurent une à une sur l'écran holographique. Elle sentait la tension se dissiper à mesure qu'elle complétait l'entrée du code, mais elle savait que tant que le processus n'était pas terminé, le danger restait imminent.
Enfin, elle appuya sur la touche finale. La tour, qui jusque-là émettait une lumière rouge menaçante, changea brusquement de couleur, passant à un blanc pur et éclatant. Un éclair de lumière jaillit du centre de la tour, se propageant à travers tout le territoire comme une vague d'énergie purificatrice, désactivant instantanément les forces de XANA et ramenant la paix sur Lyoko.
Simultanément, dans la salle de sport de Kadic, Yolande, qui s'apprêtait à attraper Yumi, s'arrêta net. Ses yeux, autrefois vides et inexpressifs, s'écarquillèrent, et un spasme parcourut son corps. Puis, sans un mot, elle s'effondra lourdement sur le sol, inerte, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. La menace qui pesait sur Yumi s'était évanouie, du moins pour le moment.
Yumi sortit lentement de sa cachette, encore sous le choc. Ses jambes tremblaient, et elle dut se tenir à un des gradins pour ne pas s'effondrer. Le soulagement de savoir que le danger immédiat était passé se mêlait à une terreur sourde qui continuait de la ronger. Elle était sauvée, mais au fond d'elle, elle savait que ce répit ne serait que temporaire. XANA ne s'arrêterait pas là. Il reviendrait, plus déterminé que jamais.
Peu après, l'équipe se retrouva à nouveau dans la salle du supercalculateur, leurs visages gravés par l'inquiétude et la fatigue. Jérémie, déjà plongé dans l'analyse des données, tapait furieusement sur son clavier, ses yeux ne quittant pas les lignes de code qui défilaient à toute vitesse sur ses écrans. Son visage, habituellement calme et réfléchi, était à présent marqué par une gravité inhabituelle.
"Le spectre de XANA qui a possédé Yolande avait de l'énergie à revendre, sans nul doute", déclara-t-il d'une voix tendue, ses doigts volant toujours sur les touches. Il marqua une pause, son regard se durcissant tandis qu'il tentait de comprendre les motivations derrière cette attaque. "Mais pourquoi s'en prendre directement à toi, Yumi ? D'habitude, c'est au groupe tout entier qu'il en veut."
Ses mots résonnèrent dans la salle, créant un silence lourd de signification. Les autres échangèrent des regards perplexes, chacun d'eux tentant de trouver une explication à cette nouvelle stratégie de XANA. Jusqu'à présent, XANA avait toujours attaqué de manière à affaiblir l'ensemble du groupe, mais cette fois-ci, il avait ciblé Yumi spécifiquement, et cela soulevait de nombreuses questions.
"Peut-être qu'il veut l'affaiblir d'abord, pour ensuite s'en prendre à nous ?" suggéra Aelita, son ton réfléchi, mais teinté d'une inquiétude palpable. Elle n'avait jamais vu Yumi aussi vulnérable, et l'idée que XANA ait trouvé un moyen de les diviser de l'intérieur la terrifiait.
Yumi détourna le regard, son esprit plongé dans un tourbillon de pensées confuses. Elle se sentait de plus en plus coupable de ne pas tout dire à ses amis, mais la peur de leurs réactions, de leur incompréhension, la paralysait. Comment pouvait-elle leur expliquer quelque chose qu'elle ne comprenait même pas elle-même ? Comment leur dire qu'elle avait senti cette ombre, cette présence oppressante, grandir en elle ?
Jérémie, qui avait cessé de taper sur son clavier, releva la tête et fixa ses yeux bleus sur elle, un mélange de préoccupation et de suspicion dans le regard. "Yumi, est-ce que tout va bien ?" demanda-t-il, sa voix douce mais ferme, comme s'il cherchait à percer à jour le mystère qui entourait son amie.
Yumi ouvrit la bouche pour parler, pour tout leur dire, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. L'hésitation la gagna, et elle ne put qu'articuler une réponse vague, décevante même à ses propres oreilles. "Un peu secouée, je suppose."
Odd, qui s'était jusque-là tenu en retrait, s'approcha, une expression de sérieux inhabituel sur son visage habituellement rieur. "Je ne sais pas, Yumi. Tu n'as pas l'air bien depuis quelques jours. Tu es sûre que tout va bien ?" Il cherchait son regard, tentant de capter un indice qui lui échapperait, quelque chose qui confirmerait ou infirmerait ses soupçons.
Ulrich, debout à côté d'elle, ne la quittait pas des yeux. Il avait cette intensité protectrice qui lui était propre, cette volonté farouche de veiller sur ceux qu'il aimait. "Si quelque chose ne va pas, tu peux tout nous dire." Sa voix était douce, mais empreinte d'une fermeté qui ne tolérait pas le mensonge.
Yumi baissa les yeux, incapable de soutenir leurs regards inquiets. L'étau de la culpabilité se resserrait autour d'elle. Elle aurait voulu tout leur dire, leur révéler cette terreur qui l'habitait, mais les mots lui manquaient. "Je vous l'ai dit… vous serez les premiers au courant si quelque ne va pas," finit-elle par dire, sa voix faible, un murmure presque inaudible. Mais elle savait que cette promesse, comme les précédentes, n'était qu'un autre mensonge.
La nuit tomba sur Kadic, enveloppant l'école dans une obscurité silencieuse. Les couloirs, habituellement animés, étaient désormais déserts, baignés dans la lumière pâle des lampadaires extérieurs. Après une journée aussi épuisante, les autres étaient retournés au pensionnat, leurs esprits alourdis par les événements récents. Mais Yumi, elle, n'avait pas eu le courage de les suivre. Elle avait prétexté un devoir en retard pour rester en arrière, loin des regards scrutateurs de ses amis.
La vérité était qu'elle n'osait pas les affronter, pas tant qu'elle ne comprendrait pas ce qui lui arrivait. Chaque fois qu'elle croisait leurs regards, elle sentait le poids de leur inquiétude, de leurs attentes, et cela la paralysait. Elle avait besoin de temps, de solitude, pour comprendre cette ombre qui grandissait en elle.
Yumi se rendit au parc, le même endroit où tout avait commencé, espérant que l'air frais de la nuit l'aiderait à clarifier ses pensées. Le vent froid caressait son visage, glissant sur sa peau comme un murmure distant. Les feuilles bruissaient doucement, créant une mélodie naturelle qui contrastait avec le tumulte de ses pensées.
Assise sur le même banc où elle avait autrefois ressenti la première manifestation de son pouvoir, elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Le silence du parc était apaisant, presque réconfortant, mais il ne pouvait chasser l'angoisse qui la dévorait de l'intérieur.
"Qu'est-ce qui m'arrive ?" murmura-t-elle pour elle-même, sa voix se perdant dans le souffle du vent. Les mots étaient chargés de désespoir, une prière silencieuse pour une réponse qu'elle savait ne pas pouvoir obtenir.
Mais le silence ne lui apporta aucune réponse. Au lieu de cela, une lourdeur étrange s'installa dans son esprit, une sensation d'oppression, comme si quelque chose d'invisible s'insinuait lentement en elle. Cette ombre, qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant, semblait grandir, se nourrissant de ses peurs et de ses doutes. Pour la première fois, Yumi ressentit une véritable terreur, non pas de ce qui l'entourait, mais de ce qui se passait en elle.
Cette sensation de ne pas être seule dans ses propres pensées, comme si quelqu'un ou quelque chose l'observait de l'intérieur, la fit frissonner. Elle se leva brusquement du banc, les yeux écarquillés par la peur. Cette présence, cette ombre, n'était pas normale. Était-ce XANA ? Avait-il réussi à s'infiltrer en elle, à s'immiscer dans son esprit pour la contrôler de l'intérieur ?
"Non… Non, je ne peux pas laisser ça arriver," murmura-t-elle, son cœur battant à tout rompre. Sa respiration s'accélérait, la panique grandissant à mesure que l'idée prenait forme. Elle devait lutter contre cette ombre, mais comment combattre quelque chose qu'elle ne pouvait même pas voir, qu'elle ne pouvait pas comprendre ?
Malgré sa résolution, Yumi savait que cette ombre ne disparaîtrait pas aussi facilement. Elle était là, tapie dans l'obscurité de son esprit, et elle grandissait, menaçant de prendre le contrôle. Pour la première fois, Yumi se rendit compte qu'elle n'était peut-être pas assez forte pour affronter ce qui venait, et cette pensée la terrifiait plus que tout autre chose.
Sous le ciel étoilé de Kadic, Yumi se tenait seule, une ombre sur son cœur, une peur qui ne ferait que grandir tant qu'elle n'aurait pas trouvé les réponses à ses questions. Mais elle savait qu'elle n'aurait pas le luxe de ce temps. XANA ne l'attendrait pas.
