Chapitre 3 :
Précepteur
Assis sur le sol au milieu du salon de sa suite, devant la cheminée éteinte, Harry scrutait frénétiquement ses livres de cours. Il avait sortis tout ses manuels de sorts et de métamorphose, cherchant une solution à son problème présent. Il devait voir lord Lafay dans quelques heures et c'était dans cette optique qu'il s'était lavé et habillé ce matin là, mettant un peu de soin dans son apparence pour faire bonne impression. Mais un problème majeur s'était posé lorsqu'il s'était regardé dans le miroir pour la première fois depuis un bon moment. Il avait une mine affreuse digne d'un zombie. Il était très pâle, les lèvres presque bleues, les joues creusées, les yeux cernés, les cheveux ternes… Bref, il n'était pas présentable. Il cherchait donc comment poser un glamour efficace pour dissimuler tout cela.
Il trouva finalement un sort qui convenait et il se souvint soudain d'un autre sortilège, plus puissant, plus précis et plus efficace pour faire ce qu'il voulait. Il s'agissait de la forme évoluée du sort qu'il avait sous les yeux. Il fronça les sourcils, tentant de se souvenir où et quand il avait appris ce sortilège mais il ne parvint pas à mettre le doigt dessus. Se disant qu'il avait dû le voir passer quelques part ou alors que Hermione lui en avait parlé parmi les milliers de sorts dont-elle pouvait discuter, il laissa tomber pour plutôt rejoindre la salle de bain et se mettre devant le grand miroir pour essayer. Et il réussit du premier coup, ravi. Son visage retrouva un teint sain, ses cernes disparurent, ses cheveux se firent brillants, ses lèvres rosées, ses joues plus pleines. Il sourit, satisfait avant de s'arrêter sur son front vierge de cicatrice désormais. Il faudrait peut-être remettre une fausse. Il préférait garder pour lui qu'il était parvenu à briser ce lien, par prudence et parce qu'il se doutait que tout le monde autour de lui ferait des histoires s'ils apprenaient qu'il avait pris ce risque. Et la cicatrice marquait aussi son identité pour tous. Lui la détestait pour tout ce qu'elle représentait et il était très heureux de s'en être débarrassé. Mais on ferait sûrement des histoires en trouvant un Harry Potter sans cicatrice que ce soit parce qu'il s'en était défait ou pour remettre son identité en cause. Il décida donc d'en remettre une fausse et il le fit naturellement sans même penser au sort qu'il lança. Il observa le résultat, très satisfait du résultat même s'il grimaça de revoir cet éclair sur lui.
Désormais prêt, il décida de prendre le temps de réfléchir à cet entretien, à quoi dire et comment. Mais il semblait évident qu'il devait expliquer clairement et précisément au lord pour qu'il puisse saisir tout le retard qu'il avait et donc, l'aide intensive dont-il avait besoin. Mais ce n'était pas pour cela qu'il voulait tout dire. Il pensa donc à quoi dire et à quoi demander dans le serment avant de parler de quoi que ce soit. Très vite, il se surprit à tourner un peu en rond dans sa suite, stressé et angoissé devant cet entretien. C'était tellement important. Pour lui, pour son avenir, pour comprendre ce qu'il se passait autour de lui, ce qu'il pouvait faire, pour préserver son précieux héritage et le faire prospérer, pour trouver sa place dans cette société. Mais c'était aussi dangereux pour lui pour des raisons évidentes. En plus de cela, il redoutait la manière dont-il pourrait être accueilli et traité parce qu'il était Harry Potter. Rare étaient ceux qui l'avaient traité normalement, comme n'importe qui à leur rencontre à cause de cela. Nombreuses étaient ses relations conditionnées par sa célébrité alors qu'il savait que beaucoup de monde ne lui aurait pas parlé sans cela. Il détestait ça aussi et il priait pour que ça ne crée pas de problèmes supplémentaire.
Finalement, il passa son anxiété en s'amusant à brûler ses vieilles loques venues des Dursley, y prenant un malin plaisir, souriant en se disant que jamais plus il n'aurait à retourner là bas. Il prévoyait de passer l'été à l'hôtel en sachant qu'il en avait les moyens et il pourrait aussi commencer à se chercher un endroit où vivre ensuite. Un appartement ou une petite maison peut-être. Il pouvait largement s'offrir un petit chez lui. Il aurait sa maison et cette réalisation le faisait pétiller joyeusement. Il s'était promis, promis d'avoir une belle vie et une famille, espérant que ses parents et Sirius, s'ils pouvaient le voir, seraient heureux et rassurés avec cela. Il n'en doutait pas. Il savait qu'on lui ouvrirait le Terrier ou peut-être le Square pendant les vacances mais il ignorait quand comme toujours et il songeait à refuser cette fois pour se concentrer totalement sur ce qu'il devait apprendre. Si lord Lafay acceptait de lui enseigner, s'il acceptait de le faire tout l'été, alors il lui consacrerait tout son temps jusqu'à la dernière seconde. Il ne pourrait plus à Poudlard ensuite et il voulait donc mettre ses vacances à profit pour avancer et poser des bases solides. Il savait que s'il allait au Terrier, avec ses amis, il ne pourrait pas travailler et il ne serait pas concentré. Il préférait donc éviter et de toute façon, il les verrait à la rentrée à Poudlard et toute l'année. Cela lui fit penser qu'il n'avait pas reçu une seule lettre de leur part, comme l'année précédente, la chose le déprimant et le mettant un peu en colère. Quoi qu'il n'avait pas écris non plus mais ses amis savaient que l'été, chez les Dursley où il était censé être, il ne pouvait pas écrire.
Soupirant, mettant cela sur le côté, il termina de brûler joyeusement ses loques, se sentant étrangement soulagé après cela, comme si ça tournait définitivement la page Dursley. Il se prépara ensuite à partir. Il était encore un peu tôt mais il n'y tenait plus. Il rassembla donc la totalité de ses affaires de quelques sorts, repassant par la salle de bain pour s'assurer de son allure. Il passa sa cape enchantée, se cachant dedans, puis il se mit en route. Il faisait très sombre ce jour là, aussi sombre que l'humeur et l'ambiance du pays actuellement et il se dit qu'il allait sûrement pleuvoir, se dépêchant. Il rejoignit la chambre d'auberge qu'il avait réservé. Elle était tout à fait correcte et spacieuse, dotées d'un espace salon qui servirait pour l'entretient. Arrivant, il déposa son sac avant de sortir sa baguette. Prudent, il vérifia la pièce, posant des sorts de silence, de dissimulation, de discrétion… pour que personne ne puisse les espionner. Il ajouta une protection par prudence. Puis il attendit, fébrile. Peu avant l'heure, il fit venir le service à thé qu'il avait commandé avec de petits gâteaux. Il s'arrêta devant le miroir, reculant un moment sa capuche pour s'assurer que ses sorts n'avaient pas bougé. Puis soudainement, le faisant sursauter, quelques coups résonnèrent en provenance de la porte.
Il s'assura que sa capuche était bien en place, refusant de dire qui il était avant d'avoir eu le serment. Il sortit sa baguette au cas où, méfiant. Il prit une inspiration avant d'ouvrir la porte. Il découvrit alors un homme grand et carré d'épaule. Il portait une tenue riche et soignée avec une robe sorcière légère. Une cape fine le couvrait, sa capuche ne dissimulant pourtant pas son visage. Il devait avoir la cinquantaine, de longs cheveux auburn, une barbe soigneusement taillée et un regard bleu glacial transperçant. Il était impressionnant, transpirant l'assurance, la confiance et la force. Harry s'effaça pour le laisser entrer, refermant derrière lui alors que le lord se débarrassait de sa cape, la gardant sur son bras. Il vint lui faire face, son attitude calme et maîtrisée loin de son agitation intérieure.
- Bonjour lord Lafay, salua-t-il poliment. Je vous remercie d'être venu malgré les conditions.
- Bonjour, rendit-il en le scrutant avec curiosité sans faire de remarque sur la baguette qu'il tenait toujours. Je dois avouer que vous m'intriguez et si la Magie vous a donné mon nom, je me dois d'écouter. Peut-être pouvons nous nous occuper du serment tout de suite que nous puissions parler franchement. Quelles conditions souhaitez vous ?
- Simplement que cet entretien reste totalement confidentiel. Que vous gardiez pour vous tout ce que vous pourriez percevoir, voir ou entendre quoi que nous décidions à la fin de cette rencontre et que jamais vous n'utilisiez aucune des informations que vous aurez aujourd'hui pour quoi que ce soit. Pas sans mon autorisation donnée de plein grès et en pleine connaissance de cause.
- Cela me semble correct même si je me demande pourquoi vous pensez cela si nécessaire.
- Je vous expliquerai. Et je vous remercie de bien vouloir faire cela. Voulez vous que je prête serment aussi ?
- La même chose, répondit-il.
- Très bien. Alors allons-y.
L'homme sortit sa baguette et ils prêtèrent serment, Harry se détendant un peu après cela, soulagé qu'il l'ait réellement fait, se sentant un peu plus serein. Il le remercia d'ailleurs une fois de plus lorsqu'ils terminèrent, lui offrant ensuite de s'asseoir. L'homme prit place dans un fauteuil, le regardant en attendant manifestement qu'il montre enfin son visage. Harry retira alors sa cape, la déposant sur le dossier de son fauteuil avant de s'asseoir et de se mettre à préparer le thé. Il sentait nettement le regard du lord sur lui et il n'avait pas manqué l'éclair de surprise qui était passé sur son visage. Il termina le thé, lui offrant une tasse avant de se redresser, en prenant une lui même. Il reporta son attention sur l'homme qui ouvrit alors la bouche :
- Vous êtes Harry Potter n'est-ce pas ? demanda-t-il sans réelle question. Dans ce cas, je peux aisément comprendre ces mesures de prudences vu le contexte.
- Il est vital pour moi de rester discret pour des raisons évidentes, approuva-t-il. Et je ne vous connais pas du tout alors…
- Je ne suis pas partisan du Seigneur des Ténèbres, fit-il tranquillement, loin de là. Je le jure sur ma magie, dit-il dans un nouveau serment qui soulagea le jeune homme.
- Merci, répondit-il avec une reconnaissance qu'il ne put cacher alors que le lord lui enlevait une grande inquiétude.
- Ce n'est rien, je comprend que cette démarche n'est pas évidente dans votre cas. Mais je m'interroge d'autant plus sur le pourquoi vous avez besoin de moi ?
- Ça ne me servira à rien de vous cacher ce genre de chose alors je vais être franc, commença-t-il. Jusqu'à il y a environ six jours, j'ignorai absolument tout des lords, de leur existence, de leur rôle et surtout de l'héritage qui est le miens en tant que Potter, dit-il en l'ahurissant visiblement. J'ai découvert cela totalement par hasard et je suis allée à Gringotts en premier lieu simplement pour confirmer cela et j'en suis venu à devenir lord dans la foulée.
- Vous n'en saviez rien ? demanda le lord. Personne ne vous a rien dis à ce sujet ?
- Non. J'ignorais tout, c'est un hasard. J'ai été choqué d'apprendre tout ça bien sûr. J'ai lu les livres que Gringotts donne automatiquement lors d'une officialisation de titre et j'ai alors réalisé que j'avais énormément à apprendre, que j'étais très en retard, que je devais m'y mettre sur le champs, que j'avais des responsabilités… J'ai lu ces livres et il est vite apparus évident que j'avais besoin d'un professeur. Comme je n'avais jamais eu ne serait-ce qu'un sous-entendu ou une allusion sur cela dans mon entourage, j'ai jugé inutile de me tourner vers eux. J'ai cherché comment trouver un professeur adapté et je suis tombé sur l'enchantement qui m'a conduis à vous dans l'ouvrage sur les lords.
- Mais qu'à fait votre tuteur ? questionna le lord l'air outré. Vous auriez dû être éduqué depuis votre plus jeune âge. Il est aberrant que vous appreniez tout cela maintenant et par hasard en plus !
- J'ai grandi parmi les moldus, renseigna-t-il. Je ne savais même pas que j'étais un sorcier avant d'entrer à Poudlard et…
- Quoi ?! fit l'homme clairement choqué maintenant.
- Oui je sais, moi aussi je trouve ça ahurissant maintenant que je sais tout cela. J'ai grandi avec des moldus sans rien savoir du monde magique et depuis que j'y suis entré, je n'avais jamais entendu parler des lords ni de l'importance de ma famille. Rien du tout. Mes connaissances sur la société magique, sur la magie sont limitées aussi à ce que l'on apprend à Poudlard et j'ai réalisé qu'on en apprenait que peu là bas. J'ai absolument tout à apprendre et je veux l'apprendre mais j'ai besoin d'un professeur, les livres ne suffiront jamais.
- C'est certain. Vous avez en effet un énorme retard à rattraper.
- Je suis prêt à travailler autant qu'il le faudra, assura-t-il avec détermination. Quand j'ai lu le serment des lords, j'ai trouvé une voie qui rassemble tout ce que je veux faire dans la vie et je suis fier de mon héritage. J'aimerais lui faire honneur, dit-il en voyant le lord sourire à cela.
- Qui était votre tuteur avant que vous ne deveniez lord ?
- Ma tante maternelle et son mari mais ils sont moldus.
- Non je voulais dire, votre tuteur magique, rectifia-t-il.
- Mon tuteur magique ? releva-t-il perplexe.
- Oui, vous avez forcément un tuteur magique. Aucun enfant sorcier n'est ainsi confié à des moldus sans avoir un tuteur magique désigné, surtout dans le cas d'un héritier noble, encore plus dans le vôtre. C'est la loi et avec un héritier, le tuteur est soit un autre lord, soit quelqu'un réputé comme érudit capable de l'éduquer, soit un parrain ou une marraine, ou alors un membre de la famille proche de l'ancien lord. Mais il y en a forcément un. Vous ignorez qui ? Il ne s'est jamais présenté à vous ? demanda-t-il en voyant à son air qu'il ne savait pas.
- Je ne savais rien de cela et non, jamais personne ne s'est présenté à moi comme tuteur magique. J'avais un parrain, Sirius Black mais…, fit-il douloureusement.
- Oui, je connais son histoire, assura simplement l'homme en le soulageant de ce récit.
- Sirius ne s'est pas non plus présenté comme potentiel tuteur de ce genre et personne n'a ne serait-ce que sous-entendu quelque chose à ce propos.
- Pourtant, il y en a forcément un et s'il n'a jamais rien fait pour vous, s'il ne s'est même jamais présenté, alors il a commis de très graves fautes et négligences à votre égard. Cela est passible d'une peine assez lourdes devant la loi, l'informa-t-il. Vous pouvez savoir de qui il s'agissait en posant la question à Gringotts ou au Ministère. Quoi qu'il en soit, s'il ne s'est pas fait connaître ainsi et maintenant que vous êtes lord et donc majeur, cela n'a pas d'incidence sur ce que j'aurais à vous enseigner.
- Je vais tirer ça au clair, assura-t-il en retenant sa colère à cette nouvelle révélation.
- Vous souhaitez donc vraiment devenir lord et servir la Magie ?
- Oui, vraiment. Comme je vous l'ai dis, quand j'ai lu ce serment, j'y ai retrouvé ce que je veux devenir et en lisant les livres, cela n'a fait que se confirmer. Mais c'est aussi l'héritage de ma famille, d'une famille que je n'ai pas eu la chance de connaître. Je veux le faire briller, en prendre soin et lui faire honneur. Je cherchais ce que je voulais faire de ma vie, j'ai trouvé maintenant. Et puis, j'adore la Magie, dit-il en le faisant sourire.
- J'imagine que vous savez que si j'accepte, des serments nous lierons, pour votre protection et assurer une impartialité et une qualité d'éducation.
- Oui et je sais qu'en retour, je vous devrai le respect, vous faire honneur.
- Oui mais c'est avant tout un devoir pour les véritables lords que d'aider ainsi des héritiers ou de jeunes seigneurs qui en ont besoin dans leur apprentissage. Nous devons être solidaires. Et rien ne vous sera jamais réclamé en retour si ce n'est de devenir un grand lord pour notre société.
- J'ai lu ça, acquiesça-t-il.
- Vous devrez me faire confiance si je deviens votre précepteur. Je sais que ce n'est pas une chose évidente mais cela sera scellé par la magie. Je ne pourrais pas vous nuire, ni vous tromper, ni vous manipuler, ni vous mentir ou que sais-je encore. En retour, j'aurais besoin de votre confiance et de votre sincérité dans l'apprentissage. Êtes vous d'accord avec cela ?
- Oui, confirma-t-il sérieusement.
- Bien. Vu les conditions et votre identité, je dois vous demander. Qu'en est-il de votre engagement face au Seigneur des Ténèbres ?
- Il est clair que je suis engagé que je le veuille ou non. Voldemort est obsédé à l'idée de me tuer et il ne lâchera pas c'est certain. De ce fait, j'ai les mangemort à mes trousses aussi. Et de l'autre côté, tout le monde s'attend à ce que je le combatte, fit-il avec une pointe d'ironie. On me l'a clairement fait savoir. Mais ce n'est pas ce que je veux. Cette guerre, je ne la comprend même pas totalement, je ne sais même pas ce qu'il en est vraiment, je n'étais pas né lorsqu'elle a commencé. Les idées de Voldemort me dégouttent c'est certain et je veux qu'il soit arrêté mais quand je regarde le gouvernement actuel, le sois-disant côté blanc, ça ne me convient pas du tout non plus. Je n'ai pas envie de prendre part. J'aimerais juste pouvoir me concentrer sur mon éducation, sur mon avenir et ma sécurité pour le moment. Je ne suis pas naïf au point de croire que j'y échapperais, ce serait trop beau. Mais je n'irai pas m'y jeter. J'ai déjà combattu plus d'une fois et j'ai eu une chance insolente, admit-il. Mes parents et mon parrain sont morts pour moi, je ne veux pas mourir bêtement et ruiner leurs sacrifices. J'ai même du mal à me sentir, personnellement je veux dire, concerné par cette guerre et s'il n'y avait pas eu cette histoire avec Voldemort et mes parents, j'ignore même si j'aurais pris part à ça. Je n'aurais probablement été impliqué ainsi et je n'ai pas choisi de l'être. J'ai l'intention d'apprendre à me battre pour pouvoir me défendre et défendre ceux que j'aime parce que je sais qu'on viendra me chercher ou même qu'on me poussera à y aller, que ça me poursuivra quoi que je fasse. Mais je n'envisage pas, pour le moment en tout cas, de m'engager dans cette guerre. Pour l'instant, ma priorité est d'apprendre ce que je dois savoir pour devenir un bon lord et pour gérer l'héritage que j'ai reçu.
- Je vois, répondit le lord le regard lourd alors qu'il le regardait attentivement. Vous avez beaucoup à vous préoccuper pour un jeune homme de votre âge, remarqua-t-il un peu tristement. Vous ne devriez certainement pas être mêlé à cette guerre à mon idée. Je suis d'accord avec votre raisonnement. Si vous le souhaitez, je peux moi même ou encore mieux, je peux vous présenter des professeurs extrêmement compétents qui pourront vous aider pour votre défense, le combat, votre protection. Bien sûr, ils seront assermentés si vous le voulez. Autant parce que vous êtes un jeune lord que parce que votre position dans le contexte actuel est dangereuse, soyez certain que nous veillerons à ne pas vous mettre en danger inutilement.
- Merci. Vous aussi vous risqueriez d'avoir des problèmes si on apprenait que vous faîte cela pour moi. Je le garderai secret de mon côté mais on ne sait jamais et…
- Vous ne devez pas vous inquiéter pour cela. Je suis tout à fait capable de me défendre moi et ma famille soyez en certain. Nous serons discrets et vigilants pour éviter les problèmes mais même s'ils devaient arriver, je saurais les gérer et jamais je ne vous reprocherai quoi que ce soit. Pour moi, cela ne doit pas être pris en compte dans cette décision. Ce n'est pas parce que les autres vous imposent de tels dangers que vous devez être privé d'une éducation, d'aide ou de quoi que ce soit.
Harry lui sourit, touché, se détendant dans l'entretien, le lord lui faisant bonne impression. Il y eut un moment de silence et il but un peu de thé avant que le lord ne reprenne :
- Nous devrons donc tout voir depuis le début dans tout les domaines, constata-t-il. Cela sera difficile et intensif pour vous mais faisable. Nous commencerons par le plus important et vous aurez beaucoup de lecture à faire.
- Je ferais ce qu'il faudra, répondit-il.
- Je suis sûr que vous pourrez devenir un lord très bien rapidement, sourit-il. En travaillant bien sur les bons sujets, cela peut se faire. Bien sûr, vous avez des années à rattraper mais il y a des choses moins importantes que vous apprendrez avec le temps sans problème. Nous nous concentrerons sur le plus important pour que vous puissiez assumer votre titre sans trop de difficultés.
- Il y a une chose que je dois préciser, dit-il en se souvenant d'un point important.
Il sortit ses mains de ses manches et leva le sort de dissimulation sur ses chevalières, tendant ses mains sur lesquels l'homme se pencha avec intérêt, se faisant rapidement surpris.
- Quatre titres ? releva-t-il.
- Oui, j'ai été encore plus surpris.
- Savez vous pourquoi ?
- Sirius Black, mon parrain, était le dernier héritier en titre des Black auxquels je suis aussi lié par le sang et il semble qu'il ait fait de moi son héritier.
- Il semble ? Ce n'est pas certain ? demanda-t-il perplexe.
- C'est la supposition des gobelins, répondit-il intrigué par sa réaction.
- Que dis le testament de monsieur Black ?
- Euh… je l'ignore, je ne sais même pas s'il y en a un.
- Il y en a forcément un pour une personne de ce rang. On fait faire des testaments aux héritiers nobles à partir de onze ans et on les remet à jour régulièrement. D'autant plus que s'il a fait de vous son héritier, cela est forcément écris dans un testament et si vous êtes l'héritier, vous auriez dû être convié à la lecture de ce testament.
- Je ne l'ai pas été, dit-il platement bien qu'intérieurement chamboulé. Les gobelins se sont peut-être trompés sur la raison mais… Savez vous comment je peux et si peux voir son testament ?
- Bien sûr que vous pouvez, vous êtes lord Black. Il vous suffit de demander ce document à Gringotts ou au Ministère. Les deux doivent l'avoir.
- Je me renseignerai, assura-t-il un peu confus sur cette histoire.
- Les Gaunt ? interrogea alors le lord en changeant de sujet.
- On ne sait pas trop pour cette lignée, répondit-il. La succession indiquait lien de magie et d'âme mais je ne sais pas d'où cela provient et les gobelins non plus. Quand aux Peverell, je suis un lointain descendant. Les gobelins m'ont dit que malgré cela, cet héritage ne s'était pas déclenché pour d'autres et que donc, je devais remplir des conditions particulières à ce titre qui sont inconnues pour l'instant.
- Je vois. Cela ne change pas l'apprentissage pour vous mais ça augmente considérablement votre charge de travail comme lord pour gérer ces lignées et ça augmente aussi considérablement votre poids au gouvernement. Quatre sièges, ce n'est pas rien. Il est déjà rare d'en avoir deux. Vous aurez un grand pouvoir politique, il faudra donc vous appliquer pour savoir tout ce dont vous aurez besoin, dit-il en le faisant approuver.
- Je sais que ça représente beaucoup de travail mais j'y suis prêt. Je n'ai pas peur de l'effort.
- Je vous aiderais de mon mieux, assura le lord. En travaillant intelligemment, vous serez rapidement armé au minimum pour tout cela. Hormis tout ce que vous aurez à apprendre en tant que lord, il peut m'être utile d'en savoir plus sûr vous. Comment vous en sortez vous à l'école ?
- Assez bien je pense même si je ne suis clairement pas premier de la classe, s'amusa-t-il. Je suis bon en métamorphose, en sortilège, en botanique, en soins aux créatures magiques et en potion même si c'est laborieux dans cette matière à cause de ma relation avec le professeur. Je suis nul en histoire et en divination. Je ne vais pas continuer la divination en ASPIC l'année prochaine, j'aimerais changer avec les runes si c'est possible, je verrais ça à la rentrée. Je suis correct en astronomie. Mais mon grand point fort c'est la défense où j'ai d'excellents résultats. J'ai tenu une sorte de club de défense l'année dernière, cela a bien fonctionné.
- Avez vous d'autres activités ?
- Je suis attrapeur dans l'équipe de quidditch, j'adore voler et je suis plutôt bon en la matière. C'est tout.
- Cela semble très bien. Vous faîte bien d'échanger la divination avec les runes, c'est une très bonne décision et je crois que cela vous sera bien plus utile. Mais s'améliorer en histoire pourrait être une bonne chose.
- Je pense que le cours à Poudlard est le problème, expliqua-t-il avant de lui décrire Binns et ses cours depuis cinq ans.
- En effet, si c'est ainsi ce cours est vide de sens pour vous. Je pourrais vous indiquer quelques livres qu'il serait bon de lire en la matière.
- Avec plaisir merci, approuva-t-il.
- Qu'allez vous prendre en ASPIC cette année ?
- Métamorphose, sortilège, botanique, soins, défense. J'aimerais prendre potion mais il me faudrait un optimal à mes BUSE et je ne suis pas sûr de l'avoir. Je n'ai pas encore les résultats. J'aimerais les runes aussi mais comme je ne l'avais pas en BUSE, je pourrais probablement pas mais je demanderais si je peux suivre les cours.
- C'est bien, c'est un bon programme et votre emploi du temps ne devrait pas être trop chargé. Cela vous laissera du temps pour étudier en parallèle.
- Oui, c'est ce que je me disais aussi.
- Allez vous continuer votre club de défense ?
- Non, ça s'est fait dans des conditions particulières l'année dernière mais je ne continuerai pas. J'aurais le quidditch parce que j'y tiens et que ça me permet de me défouler mais je veux garder le reste de mon temps pour mes études.
- Cela est sage en effet. Mais n'oubliez surtout pas de ménager du temps pour vous et pour vous détendre, c'est important aussi. Saturer votre esprit n'aidera pas à apprendre plus vite au contraire.
Harry approuva même s'il savait qu'il y avait des chances pour qu'il travaille beaucoup, se sentant frénétique et empressé à ce sujet. Il voulait rattraper son retard et être à la hauteur. Mais à Poudlard, il y avait aussi ses amis et le quidditch pour se détendre.
- Préférez vous que je vienne chez vous pour les cours ou préférez vous que nous fassions cela chez moi ? Si nous faisons ainsi, je privatiserais la salle que nous utiliserons ainsi, personne de ma famille ou autre n'entrera pendant nos cours et personne ne vous verra si nous ne sommes pas d'accords avec ça.
- Eh bien, je vis à l'hôtel pour le moment alors…
- À l'hôtel ? releva l'homme surpris. Ici ?
- Non, dans un autre établissement.
- Pourquoi ne pas rester avec votre famille moldu ?
- J'évite de donner une raison aux mangemorts, répondit-il même si la sécurité des Dursley n'était clairement pas la véritable raison. Ils sont moldus et à priori, Voldemort ne sait pas trop qui ils sont et où ils vivent alors je préfère comme ça. Personne ne sait où je suis en ce moment. Pas même mes amis et je prends toutes mes précautions. Vous pourriez venir à mon hôtel si vous voulez. Je vous indiquerai où.
- D'accord, nous ferons ainsi, approuva-t-il en le scrutant. Vous savez, avec quatre titres et un tel héritage, vous devez posséder plusieurs domaines, des résidences et des manoirs ancestraux. Avez vous eu les registres à Gringotts ?
- Oui.
- Vos biens doivent y être répertoriés. Regardez et vous devriez trouver une demeure où vivre si vous le souhaitez. Cela serait mieux que l'hôtel et plus sécuritaire surtout.
- Je regarderais.
- Pour le moment, nous ferons cela dans votre hôtel. J'amènerais les livres nécessaires le temps que vous puissiez les acheter pour vous. Mais je vous conseille aussi de regarder dans votre héritage et vos demeures. Rares sont les anciennes familles qui n'ont pas de bibliothèque très fournie. Vous devrez certainement racheter bien des livres parce que les choses évoluent en matière de politique, d'économie ou de droit mais les livres anciens apprennent aussi beaucoup de choses et beaucoup de vieilles lois sont toujours en vigueur.
- Je regarderais ça aussi.
- Je ne vais pas tergiverser sur la question, j'imagine que vous avez déjà bien des choses pour vous préoccuper en ce moment. J'accepte d'être votre précepteur si cela vous convient et je ferais de mon mieux pour vous aider.
- Merci beaucoup, sourit-il. J'en serais ravi.
- Dans ce cas, penchons nous sur notre contrat et serment comme ça, nous pourrons commencer dés demain.
Harry approuva, soulagé et heureux, rassuré après cette rencontre. Il avait une très bonne impression et intuition sur l'homme, un peu plus sûr de lui sur le sujet. Ils se penchèrent donc sur leur contrat, s'appuyant sur le contrat basique en vigueur dans ce cas et que Harry avait pu lire dans son livre sur les lords. Il le relut pourtant, le trouvant exact. Ce contrat était destiné à s'assurer surtout de la sécurité de l'élève, de la qualité de l'enseignement, de son impartialité, de la bienveillance du professeur, de l'impossibilité de manipulation ou d'influence consciente, d'abus. Ils le revirent ensemble pour y ajouter quelques petites choses. L'homme s'engageait à garder son identité secrète et à ne parler de lui à personne sans sa permission. Il s'engageait à s'assurer au mieux de sa sécurité dans leur relation et leurs cours. Il prenait ainsi plusieurs engament ajoutés pour sa situation particulière et Harry en fut touché alors qu'il ne rechignait pas une seconde. Le lord semblait en savoir plus qu'il ne le disait, en avoir comprit plus qu'il ne le disait mais cela ne l'inquiétait pas pour il ne savait quelle raison. Et avec un accord magique si strict, l'homme ne pourrait pas lui nuire et serait forcé de bien lui enseigner quitte à trouver des professeurs en plus dans les domaines qu'il ne maîtrisait pas parfaitement. Il y avait une close pour rompre leur contrat à tout moment en spécifiant que malgré tout, un secret absolu devrait toujours être respecté même s'ils cessaient de travailler ensemble.
Ils restèrent longuement sur cet accord que le lord aîné fut le premier à signer et à cacheter, Harry le suivant avant qu'ils ne fassent un serment magique en plus pour assurer définitivement la chose. Lorsque ce fut fait, Harry se sentit mieux, plus en confiance, plus rassuré autant dans sa relation naissante avec l'homme que pour son avenir. Un silence tranquille était tombé entre eux alors qu'ils rangeaient chacun leur exemplaire du contrat. et ce fut un bruit d'explosion et des cris paniqués venant de l'Allée dehors qui rompirent l'instant. Harry bondit en une fraction de seconde, comme monté sur ressort, sa baguette immédiatement en main. Il attrapa sa cape pour se cacher avant de s'approcher de la fenêtre un sort de protection en avant pour être sûr. Il observa l'extérieur pour comprendre ce qu'il se passait mais il faisait assez sombre ce jour là et il ne vit d'abord rien d'autres que quelques gens courant. Remontant le flux, ses yeux tombèrent sur la boutique Ollivander aux vitres éclatées et à la façade défoncée pile au moment où des gens en sortaient. Il prit conscience de la présence de lord Lafay près de lui, baguette en main mais son attention était sur ce qu'il se passait. Un homme qu'il reconnut sur le champs en tenait un autre prisonnier et encagoulé, ce qui ne pouvait être que des mangemort les entourant.
- Greyback, grinça-t-il en resserrant sa baguette et en comprenant que le prisonnier devait être monsieur Ollivander.
S'il eut le réflexe de vouloir se porter au secours de l'homme, un bras solide l'arrêta.
- C'est trop dangereux, fit lord Lafay grave et sombre.
Et Harry le savait mais il détestait rester inactif dans ce genre de cas. Il n'eut pourtant pas à se poser de questions très longtemps puisqu'une seconde plus tard, les mangemort disparaissaient avec le fabriquant de baguettes, formant de longues traînées noires dans leurs sillages. Il grimaça et jura intérieurement, furieux et très inquiet pour l'homme qui avait été si gentil avec lui à peine deux jours plus tôt. Il avait voulu l'aider et il n'avait rien pu faire pour le secourir. Il se sentait tellement pathétique face à cela.
- Pourquoi le Seigneur des Ténèbres voudrait-il monsieur Ollivander ? s'interrogea l'homme qui l'avait lâché et qui avait visiblement compris.
- Parce qu'il a besoin d'informations sur les baguettes.
- Pourquoi ?
- Pour pouvoir me tuer, soupira-t-il en le choquant. Voldemort et moi possédons des baguettes jumelles qui se font échec l'une à l'autre, qui refusent de s'affronter. Nous en avons déjà fait l'expérience. Match nul, ironisa-t-il. On ne peut s'affronter réellement avec ces baguettes l'une contre l'autre. Monsieur Ollivander a fabriqué ces baguettes et en connaît les secrets. Il doit vouloir savoir s'il peut remédier à ça ou, le cas échéant, trouver une nouvelle et puissante baguette. J'ai eu la même idée. Je suis allé voir monsieur Ollivander il y a deux jours à peine à cause de ça. Je savais qu'il me fallait une autre baguette au cas où Voldemort m'attaquerait encore. Monsieur Ollivander m'a aidé à trouver une autre baguette qui me conviendrait. Il me l'a même offerte, il était inquiet pour moi, dit-il douloureusement.
Lord Lafay ne répondit rien mais une main réconfortante et solide vint se poser sur son épaule un moment.
- Êtes vous certain d'être en sécurité en restant sur le Chemin ? demanda-t-il finalement alors qu'ils regardaient toujours dehors.
- Je crois, tant que je ne me fais pas remarquer. Cela fait longtemps que je ne suis plus en sécurité nul par de toute façon, soupira-t-il fatalement. Je suis habitué. Personne ne sait où je suis et je veille à ne pas me montrer. J'ai pris mes précautions et personne ne se douterait que je suis ici justement parce que c'est dangereux.
- Soyez prudent et…
Il s'arrêta, sortant sa baguette et une noise. Il l'ensorcela et lui tendit.
- Si jamais vous en avez besoin. Ce portoloin vous conduira chez moi. Ma demeure est lourdement protégée et je vous accueillerais volontiers en cas de danger.
- Merci, sourit-il en prenant la pièce qu'il rangea très précieusement.
- C'est mon devoir désormais. Je vous suggère de rapidement regarder vos biens. Il me semble que les Potter avaient un château, une vieille demeure puissante. Vous y seriez bien plus en sécurité. Ce genre d'ancien domaine possède des magies très fortes et solides surtout lorsqu'il s'agit de protéger le maître des lieux.
- Je vais regarder ça très vite et voir si je peux m'y installer. Ce serait certainement plus prudent.
Il y eut un moment de silence lourd entre eux alors que les badauds revenaient voir la boutique en piteux état. Harry se détourna alors, retournant s'asseoir au salon, retirant sa capuche.
- Je vais devoir attendre la nuit pour rentrer, remarqua-t-il.
- Vous ne voulez pas que les aurors, s'ils viennent, se moqua-t-il, vous voient n'est-ce pas ?
- Je ne préférerais pas. Ils ne sont pas fiables du tout, comme le Ministère.
- Je ne peux qu'acquiescer.
Il y avait cela et le fait que si l'Ordre, Maugrey en particulier, venaient, il ne voulait pas qu'ils le voient.
- Est-ce que ça ira ? demanda le Lord.
- Oui ne vous en faîte pas, assura-t-il. Vous pouvez y aller si vous le voulez. Nous nous verrons demain.
L'homme hésita visiblement avant d'approuver. Harry lui expliqua alors à quel hôtel il était et quelle suite, comment y aller, assurant qu'il préviendrait la réception de sa visite pour qu'il n'y ait pas de problème. Cela fait, le lord s'en alla, transplanant directement. Harry resta alors seul, fermant les rideaux de la pièce. Il avait envie de rentrer, tellement envie de rentrer alors qu'il se sentait mieux dans l'autre hôtel. Si seulement il pouvait transplaner, cela serait réglé, la chose permise grâce à clef de chambre lui permettant de passer les barrières de l'hôtel. Il y pensa un moment. Ce n'était pas si compliqué après tout. Il suffisait de respecter les trois D. Déterminé à atteindre sa Destination, se déplacer sans hâte mais avec Délibération. Il se passa mentalement toute la théorie du transplanage avant de s'arrêter, stupéfié. Depuis quand savait-il tout cela ? Il ne devait commencer les cours de transplanage que cette année, il n'avait jamais transplané et pourtant, cela lui semblait simple et totalement naturel. Comme s'il avait fait cela des milliers de fois. Il resta perplexe un moment, un peu inquiet aussi de comprendre d'où cela venait. Mais il ne parvint pas à trouver et il décida finalement d'essayer, peu inquiet sans qu'il ne puisse en connaître la raison.
Une seconde plus tard, il était dans sa suite dans son hôtel et il resta pétrifié alors qu'il avait parfaitement réussi sans aucun problème et sans aucune gêne. Pourtant, il était absolument certain de n'avoir jamais appris à transplaner, encore moins toute la théorie sur comment le faire et même sur tout le fonctionnement de la chose. Seulement, il savait sans savoir comment. Et c'était un peu effrayant. La chose le tracassa jusqu'au soir sans qu'il ne puisse trouver de solution, décidant finalement de passer à autre chose. Il avait fermé les fenêtres et les rideaux, s'excusant auprès d'Hedwige de ne pas la laisser sortir cette nuit après ce qu'il s'était passé. Il ne voulait certainement pas qu'un membre de l'Ordre ou autre la remarque. Il adorait Hedwige mais elle était vraiment reconnaissable. Il fallait être prudent. Sa tendre amie ne sembla pas gênée, venant trouver sa place sur son épaule, se nichant dans ses propres plumes comme décidée à lui tenir compagnie, le faisant sourire.
Il retourna à ses lectures, désormais soulagé d'avoir un professeur, rassuré aussi alors qu'il se sentait bien avec lord Lafay, Adélème comme il lui avait demandé de l'appeler. Le contrat très strict passé entre eux aidait beaucoup à se détendre et à se mettre en confiance. Il se sentit donc plus serein sur le sujet. Il lut un peu avant de commander un petit dîner, la faim se faisant sentir. Son repas terminé, il s'installa de nouveau, prenant cette fois les registres de ce qu'il possédait. Si Adélème avait raison, il avait peut-être déjà, sans le savoir, une maison ou vivre, une maison bien protégée. Son allusion à un château Potter lui était restée en tête et il prit donc le registre de sa famille principale, plus enclin, dans l'immédiat, à choisir une maison venant de ses parents. Il prit donc le très épais volume portant le blason Potter, l'ouvrant avec une certaine révérence. Le livre explicatif de Gringotts parlait également de ces registres, expliquant qu'ils se mettaient à jour automatiquement pour le peu que les biens soient placés dans un coffre affilié à la famille à Gringotts, marqué par un membre de la famille comme possession, ou présents dans l'une des demeures magiques de la famille. Ces registres étaient à la fois liés à Gringotts, aux demeures et à la magie de la famille. Seul le lord pouvait avoir et ouvrir ses livres qui répertoriaient tout ce que possédaient ceux qui portaient son nom et même ce que possédaient les membres mariés et reliés à une autre lignée, le lord gardant autorité sur toute sa Maison.
Il ouvrit le registre dont chaque page était finement décorée. Il regarda les premières pages, un peu ému de se dire qu'il avait entre les mains la liste de tout ce que sa famille de sang lui avait légué. Il en prendrait soin. Il n'avait pas pu les connaître mais il aurait tellement voulu. Les pages de présentations passées, il en découvrit une qui indiquait que l'entier contenu du registre appartenait exclusivement à lord Harry James Potter, dernier héritier et dernier membre de la famille en vie. Une constatation qui l'attristait même s'il le savait. Il trouva un sommaire juste après, organisé en plusieurs catégories : baguettes, portraits, mobilier, artefact, bijoux, vaisselle, armes, livres… Il y avait des dizaines et des dizaines de parties. Il les parcourut, se trouvant très curieux de tout regarder mais il remit cela à plus tard. Pour le moment, il voulait consulter un sujet en particulier : les biens immobiliers et terriens. Il trouva finalement la bonne ligne, venant la toucher de sa baguette. Les pages tournèrent alors jusqu'à trouver la bonne, Harry se penchant sur elle.
Il s'agissait d'une page titre du chapitre avec un autre petit sommaire en dessous au nom de chaque propriété. Il y en avait plusieurs, le choquant un peu par le fait qu'il pouvait posséder tout ça. Il avait vraiment du mal à assimiler l'idée qu'il avait un tel patrimoine désormais. Il parcourut les lignes, souriant tristement en tombant sur « Cottage Potter, Godric's Hollow, Angleterre ». La maison où ses parents étaient morts. Il s'était promis d'y aller un jour, leurs tombes se trouvant aussi dans le village mais il ne s'en sentait pas le courage pour l'instant. Il vit plusieurs autres propriétés entre villas, cottages et manoirs. Il y avait aussi des domaines et parcs, des forêts et même un loch. Mais ce fut la première ligne qui attira toute son attention avec l'intitulé « Château Potter, Stinchcombe's Forest ». Il y avait bien un château et il en resta un peu sans voix, stupéfait.
Il tourna finalement la page pour arriver sur ce château et il fut émerveillé par l'image magique du lieu. L'édifice massif était magnifique à ses yeux. Il était construit avec une pierre claire, couleur de sable presque blanc, ses toits couverts d'ardoise. Il était loin d'être aussi grand que Poudlard mais il n'en n'était pas moins impressionnant. Il y avait plusieurs images sous bien des angles ainsi qu'un plan. Il y avait des douves et un pont levis, l'excitant un peu comme un enfant. Il découvrit trois cours intérieures, l'une juste derrière le mur d'enceinte, accessible par le pont levis, une autre plus petite lui faisant un peu penser au cloître de Poudlard et une dernière très grande et ouverte sur le lac du domaine un peu plus bas et tout le parc qui l'entourait. Le château avait plusieurs épaisses tour ronde et en comptant les rangées de fenêtres, Harry estima qu'au plus haut, l'édifice avait quatre étages de plusieurs mètres chacun. Les images du parc étaient aussi très belles et il resta ébahis en se disant que cet endroit lui appartenait, l'imprimant définitivement en regardant une photo de l'entrée principale, l'arche juste après le pont levis surmonté d'un blason Potter en or impossible à manquer par sa taille respectable.
Il s'intéressa au descriptif ensuite. Il y avait un grand nombre de chambres et de pièces de vies classiques, deux bibliothèques, des caves, des bureaux, une salle de bal, d'entraînement, des coffres, un laboratoire de potion, des réserves… Il y avait aussi des serres, de vastes écuries et cela lui fit penser à Buck qui devait toujours être enfermé au Square. L'hippogriffe qu'il aimait beaucoup serait certainement mieux dans un tel endroit si c'était possible. Il parcourut la description puis le petit point historique sur le château. Il avait été bâtis environ sept cent ans plus tôt, là où avait vécu le fondateur de la lignée Potter, Linfred de Stinchcombe. Depuis, il était la demeure principale des Potter. Il était visiblement très bien protégé, solidement fermé pour tout ceux que le lord n'avait pas autorisé à entrer. Et les protections ne s'arrêtaient pas au château mais s'étendaient sur tout le domaine fermé de puissantes barrières. Harry ne put que constater en lisant les sorts qui l'entouraient que oui, il serait bien plus en sécurité et en paix là bas. Avec un tel système de protection, il doutait même qu'une mouche puisse entrer sans sa permission. C'était très rassurant et il était vraiment très curieux d'aller voir ça. Peu enclin à dormir, il décida d'y aller à l'instant, pressé de voir l'endroit et de peut-être s'installer quelque part.
Il ramassa donc ses affaires et se prépara, Hedwige restant sur son épaule. Caché dans sa cape, il rejoignit l'une des cheminées de l'hôtel. Il referma la petite pièce et ajouta des charmes pour s'assurer que personne ne saurait où il allait. Il entra dans la cheminée, posant une main sur Hedwige avant de lancer sa destination. Lorsqu'il ressortit, il faisait sombre et un gros nuage de poussière l'entourait. Hedwige s'ébroua sur son épaule et il prit sa baguette pour évacuer la poussière. Il lança ensuite un lumos, restant un peu sans voix devant le décor qui, quoi qu'obscure à cette heure de la journée, était impressionnant. Il ressortait d'une gigantesque cheminée de plusieurs mètres de large au manteau de pierre sculpté. Il se trouvait dans ce qui devait être un grand hall majestueux. Il leva un peu plus sa baguette, découvrant des colonnes de pierres, des sculptures un peu partout, un sol en damier blanc et sable jointé de doré. Face à la haute et lourde double porte de bois, il y avait un imposant escalier de pierre, se séparant en deux sur un palier pour longer les murs. Plusieurs grands corridors partaient de la salle. Et en levant la tête, il vit un lustre de cristal plus grand qu'il ne l'aurait cru possible. Il faisait sombre et il semblait y avoir une considérable quantité de poussière mais il se sentait bien ici et l'endroit semblait extraordinaire.
Il se mit à déambuler un peu au hasard, découvrant un château qui en imposait sans être oppressant, riche sans être ostentatoire. Il y avait de grandes fenêtres, des tentures, des tapis… Il y avait aussi meuble et tapis mais tout était couvert de draps blancs, pleins de poussière et de saleté, les vitres un peu opaques. Mais rien ne freina son enthousiasme à l'idée de vivre ici, le blason des Potter présent un peu partout le faisant se sentir un peu plus chez lui. Il se promena longuement, découvrant toutes sortes de pièces. Et en fouillant un peu, il s'aperçut qu'il y avait même encore des vêtements dans les armoires mêmes s'il doutait qu'ils soient encore au goût du jour. Mais il semblait y avoir tout ce qu'il fallait ici si ce n'était la nourriture et les produits de consommation du quotidien. Seulement, il y avait un immense travail de ménage et de remise en ordre à faire et il n'avait clairement pas le temps pour ça pour l'instant. Il ne pouvait pas habiter ici en l'état. Il y pensa un moment, se demandant comment faire, l'envie de venir vivre là désormais bien présente. Puis une idée lui vint. Il avait un ami précieux qui pourrait peut-être l'aider :
- Dobby ? appela-t-il doucement.
Le craquement de son apparition fut presque immédiat et l'elfe de maison fut là près de lui, l'air très heureux.
- Monsieur Harry Potter ! s'exclama-t-il. Dobby est tellement heureux que vous l'appeliez. Harry Potter manque tellement à Dobby, fit-il les larmes aux yeux.
Harry s'agenouilla devant lui, remarquant que oui, il n'avait pas pris le temps de discuter avec Dobby depuis longtemps.
- Je suis désolé Dobby. Je t'ai négligé.
- Harry Potter a beaucoup de choses dans la tête, remarqua-t-il. Dobby sait qu'il ne pense pas à mal. Mais Dobby est inquiet pour monsieur Harry Potter.
- Je vais bien Dobby, sourit-il. Merci. Et toi ? Comment vas-tu ?
- Dobby va très bien, sourit-il.
- Est-ce que ça se passe bien à Poudlard ? Ton travail en cuisine ?
- Dobby est content de Poudlard mais Dobby s'ennuie un peu Harry Potter monsieur. Dobby fait toujours la même chose. Mais Dobby est très heureux d'avoir un travail et un salaire.
- Tant mieux. N'hésite pas à venir me voir si tu as un problème ou si tu as besoin de quelque chose.
- Dobby voudrait demander quelque chose, fit-il.
- Quoi donc ?
- Est-ce que Dobby peut travailler pour Harry Potter monsieur ? Dobby aimerait vraiment ça et Dobby veut être avec son ami.
Ce n'était pas la première fois que l'elfe demandait cela. En fait, il lui demandait presque à chaque fois qu'ils discutaient. Il avait dis non jusque là, n'ayant pas l'utilité de s'allouer ses services et sachant que Dobby s'ennuierait très vite sans travail. Mais c'était différent aujourd'hui.
- Et bien j'aurais peut-être un travail pour toi, annonça-t-il alors que l'elfe se mettait à sautiller de bonheur. Tu vois ce château, dit-il en désignant les lieux. C'est le château des Potter, mon château maintenant. J'aimerais venir m'y installer mais...
- Harry Potter ne peut pas vivre ici, c'est sale, fit l'elfe avec une grimace. Mais Dobby peut tout nettoyer et préparer pour lui ! s'extasia-t-il. Dobby pourrait s'occuper de la maison de Harry Potter ! S'il vous plaît monsieur, pria-t-il. Dobby pourra s'occuper de la maison et de la cuisine et de tout ce qu'il faut ! Dobby serait tellement heureux de s'occuper de la maison de Harry Potter ! fit-il en le faisant sourire.
- J'espérais que tu dirais cela, répondit-il touché. Tu es mon ami et j'ai confiance en toi. Je n'ai pas le temps de m'occuper du château, j'ai énormément de choses à faire. Mais je voudrais venir vivre ici. Ce château est très protégé aussi et ce serait mieux en ce moment, dit-il alors que l'elfe acquiesçait vivement. Bien sûr, tu auras ton salaire, tes congés et tout ce qu'il faut. Je m'occuperais de tout ce dont tu as besoin.
- Ce serait un immense honneur pour Dobby de s'occuper de la maison de Harry Potter et de Harry Potter lui même. Dobby ne trahira jamais Harry Potter ! fit-il avec conviction.
- Je sais mon ami, sourit-il. Merci, mais si tu travailles pour moi, je t'offre des vêtements décents. Il est plus que temps de quitter cette loque, remarqua-t-il.
Les grands yeux de l'elfe s'emplirent de larmes et il se jeta sur lui pour un câlin, le remerciant à la chaîne. Le lord referma ses bras sur ce petit être si fort et si fidèle à ses yeux. Dobby était assurément un ami très précieux pour lui. Il lui laissa le temps de se remettre, faisant apparaître un mouchoir pour lui.
- Dobby va faire de la maison de Harry Potter la plus belle des maisons ! jura-t-il avec conviction. Et monsieur Harry Potter n'aura à s'inquiéter de rien !
- Merci Dobby, ça m'aide énormément et j'ai toute confiance en toi. Mais cet endroit est très grand. C'est trop pour toi tout seul. Est-ce que tu connaîtrais des elfes de maisons qui chercheraient du travail ? Comme pour toi, ils auront un salaire, des vacances, des vêtements et leur liberté. Je déteste l'esclavage. Mais ce sera toi le chef.
- Dobby connaît des elfes qui seraient très heureux et honorés de travailler pour Harry Potter monsieur et tous seront très fidèles. Harry Potter monsieur n'aura à s'inquiéter de rien.
- Génial, sourit-il. Combien d'elfes penses-tu qu'il faudrait ? C'est assez grand mais je serais le seul à vivre ici pour l'instant. Et j'installerais peut-être Buck dans les écuries aussi, tu sais, l'hippogriffe de mon parrain.
- Oui Dobby se souvient. Dobby pense que quatre elfes seraient bien. Et Dobby sait déjà à qui il pourrait demander pour trouver les trois autres.
- De combien de temps as-tu besoin pour les recruter ?
- Pas longtemps, une heure Harry Potter monsieur, assura-t-il. Dobby peut le faire immédiatement comme ça Dobby pourra vite préparer la maison de Harry Potter pour qu'il puisse s'y installer.
- Merci Dobby, tu es vraiment extraordinaire, dit-il sincèrement en lui amenant de nouveau les larmes aux yeux. Est-ce que ça te conviendrait de venir me voir demain matin, ici, à sept heure avec les elfes qui accepteront ? Je t'appellerais et tu pourras me donner leurs noms pour qu'ils puissent venir.
- Dobby est d'accord Harry Potter monsieur, répondit-il en souriant très largement.
- Alors à demain Dobby. Merci encore.
- Dobby est très heureux de pouvoir s'occuper de la maison de Harry Potter monsieur. C'est le plus grand rêve de Dobby.
Touché, Harry lui sourit. Depuis sa deuxième année, il en avait appris plus sur les elfes de maisons. Des êtres assez puissants malgré ce que l'on faisait croire, parmi les plus fidèles et dévoués en tout, amoureux du travail. On s'était servi de leur gentillesse et de leur douceur, de leur innocence contre eux au point de les asservir, la chose pas si ancienne que cela et il détestait cette pratique. Il se promit d'ailleurs de veiller à ce que ses elfes ne travaillent pas trop et aient tout le confort qu'ils méritaient à ses yeux. Dobby s'en alla finalement et il décida de rentrer à l'hôtel dormir un peu avant sa première journée de cours avec Adélème.
