Chapitre 8 :

Choc

Une fois assuré que le jeune lord était entre de bonnes mains, Isaac s'en était allé. Adélème, Arthur et Bastide étaient restés auprès du jeune homme, faisant de leur mieux pour le rassurer sur la suite des évènements, sur leur soutient. Adélème lui assura qu'il s'occupait des explications à ses autres professeurs et qu'ils s'arrangeraient au jour le jour pour lui permettre d'étudier sans se surmener et se faire du mal. S'il le fallait, ils lui enseigneraient dans sa chambre et Harry sembla surpris qu'ils soient prêt à cela. Arthur lui expliqua qu'ils adapteraient son entraînement à ses forces et surtout, qu'il allait faire en sorte de l'aider à se remettre en forme en douceur. Bastide lui assura qu'ils pouvaient s'entraîner au duel efficacement en prenant les mesures de sécurité approprié pour qu'il ne soit pas blessé et que cela ne l'empêcherait pas de lui enseigner les sorts. Quand aux jours où il n'en serait pas capable, ils lui assurèrent qu'il y avait bien assez de théorie et de stratégie à apprendre pour continuer à être productif juste en discutant. S'il y avait une chose que les trois hommes avaient compris était que leur élève avait besoin de se voir avancer et de ne pas rester inactif. Aussi, ils cherchèrent à lui démontrer que même en se reposant et en prenant soin de lui, il pourrait continuer et cela sembla le soulager.

Lorsqu'il fut l'heure, Adélème alla accueillir Solange, l'informant des nouvelles du jour. La professeur de droit fut proprement horrifiée et très inquiète d'apprendre l'état du jeune lord. Elle alla le voir, lui assurant son soutient et le fait qu'elle était totalement prête à s'adapter pour l'aider de son mieux. Ils commencèrent d'ailleurs ce jour là. Arthur et Bastide se retirèrent, Adélème et Solange s'installant près du lord pour un cours léger principalement fait de discussions et de débat, de réflexion sur des sujets de cours qu'ils avaient déjà abordé. Et lorsque Harry montrait des signes de faiblesses, perdant toute concentration, fatigué, ils faisaient des pauses, lui assurant qu'il ne devait pas s'en faire. Ils le laissèrent manger tranquillement quand sa collation arriva, comprenant désormais à quel point il avait besoin de reprendre du poids. Ils y allèrent tranquillement et lorsque Harry s'inquiéta des notes qu'il ne pouvait prendre dans son état, Adélème invoqua simplement une plume à papote et du parchemin pour prendre les notes à sa place, le rassurant.

Lorsque le déjeuner arriva, Adélème mangea avec son élève dans sa chambre, le regardant prendre ses potions avant toute chose. Il y en avait beaucoup et cela ne faisait que l'inquiéter davantage. Harry avait attendu un peu avant de se mettre à manger et l'homme avait clairement pu voir les effets secondaires des breuvages s'abattre sur lui rapidement. Il avait à peine eu le temps de terminer son repas léger par rapport au sien qu'il l'avait vu se mettre à trembler et à claquer des dents. Sa fièvre avait soudain disparut. Leurs plateau retournèrent en cuisine et Adélème s'approcha de son élève semblant soudain absent. Il effleura son front du revers de la main, le trouvant en effet gelé. Il sortit sa baguette, annulant le sort rafraîchissant posé au matin par Isaac, dégageant les couvertures sous son élève pour le couvrir avec soin, ajoutant un léger sort de réchauffe pour s'assurer qu'il retrouve vite plus de confort. Il s'assit près de lui, ne le lâchant pas des yeux, inquiet. Isaac devait repasser en fin de journée et il se promit de rester jusqu'à être sûr que son protégé allait aussi bien que possible.

Lorsque Églantine fut sur le point d'arriver pour une après-midi d'économie et de gestion, il laissa Harry à Dobby pour aller l'accueillir et lui parler, lui expliquer. La belle dame eut l'air aussi inquiète que Solange au matin et Adélème savait que toute cette petite équipe de professeur s'était déjà attachée au jeune homme. Tous savaient ce qui entourait la vie de Harry Potter en ce moment. Pourtant, le nouveau lord ne lâchait rien, travaillait dur, ne se plaignait jamais, ne se laissait pas faire, faisait tout pour apprendre au mieux. Il était humble, déterminé, à l'écoute, intelligent, bienveillant, impliqué… Et en sachant comment il avait découvert son statut, les questionnements que cela engendrait assurément, le choc en plus de tout le reste… Harry affrontait admirablement et tous n'avaient pu que saluer cela, avoir envie de l'aider de leur mieux. Il ne fut donc pas surpris par l'angoisse de la dame qu'il mena au chevet du jeune homme toujours absent alors que les effets des potions s'abattaient sur lui. Églantine eut l'air horrifiée en le voyant si maigre et pâle. Ils reprirent place à son chevet, veillant, discutant de la situation et des changements à faire pour gérer au mieux.

Lorsque Harry fut de retour, retrouvant ses esprits avec peine, il fut aussi tendu et mal à l'aise qu'il avait été avec tous, honteux. Mais la dame sut le rassurer elle aussi, le priant de se reposer sur eux s'il en avait besoin. Comme avec Solange, lorsqu'il fut mieux, ils discutèrent sur leurs sujets de cours, Harry restant presque entièrement caché sous ses couvertures alors qu'il tremblait toujours. En fin de journée, Adélème raccompagna la préceptrice avant de revenir au chevet de son élève qui eut l'air surpris par cela, Dobby revenu à ses côtés.

- Vous ne rentrez pas ? demanda-t-il faiblement.

- J'aimerais attendre le verdict d'Isaac pour aujourd'hui, expliqua-t-il en revenant s'asseoir près de lui.

- Je suis vraiment désolé pour ça, fit-il l'air honteux les dents serrées. Ce n'était pas censé se passer ainsi alors qu'il y a tant à faire.

- Vous n'avez pas à vous excuser Harry. Vous n'y êtes pour rien et comme nous vous l'avons dis : votre santé est la priorité. Cela, rien ne pourra le rattraper si nous la laissons se dégrader, le reste, nous le pourrons. Nous vous aiderons à gérer. Vous vous devez vous concentrer avant tout sur votre santé.

Le jeune lord n'eut pas l'air convaincu, acquiesçant pourtant. Il y eut un moment de silence, Dobby s'approchant de son maître :

- Est-ce que lord Potter voudrait manger quelque chose de spécial pour son anniversaire ? demanda-t-il en stupéfiant Adélème.

- Je vous laisse me faire la surprise, répondit-il. Je n'ai pas d'idée précise.

- Dobby et les autres vont vous faire un excellent repas d'anniversaire ! sourit-il.

- Je n'en doute pas.

L'elfe lui sourit et disparut un instant plus tard.

- C'est votre anniversaire ? demanda Adélème.

- Oui, approuva-t-il.

- Si nous avions su nous aurions prévu quelque chose. Vous avez seize ans c'est ça ?

- Oui mais ce n'est rien, je ne fais jamais rien de particulier à mon anniversaire. J'avais même oublié que c'était aujourd'hui. Cela veut dire qu'on est déjà à la moitié de l'été. Il ne reste qu'un mois.

- Ne vous en faîte pas, ça ira, assura Adélème. Vous avancez très vite. Tout ira bien. Cet enseignement prendra du temps de toute façon. Mais vous serez prêt et nous serons toujours là pour vous accompagner à distance. Vous n'avez pas besoin de tout savoir avant la rentrée. Le plus important est votre santé d'abord, votre sécurité en second puis le reste.

On toqua soudain à la porte, Ori entrant avec Isaac qui vint aussitôt prendre de ses nouvelles. Les deux lords lui expliquèrent alors comment la journée s'était passé, Harry minimisant bien plus qu'Adélème.

- On ne peut rien y faire j'en ai peur, fit le médicomage. Mais cela devrait être moins violent d'ici la fin de la semaine. Vous devez vous reposer et ça ira.

- Les effets secondaires disparaîtront ensuite ? demanda Adélème.

- Non mais ils vont s'atténuer. Dans quelle mesure ? On ne peut le prévoir. Au plus son état s'améliorera au mieux cela ira mais il y aura toujours des gênes. Je pense que cela sera déjà bien amoindri à son retour à Poudlard.

Ils discutèrent un moment avant que Adélème ne prenne congé, laissant le médicomage à son examen, priant son protégé de se reposer et de ne pas se forcer. Isaac prit ensuite un moment pour examiner son jeune patient. Il renouvela ses soins sur sa cheville, lui ordonnant de ne pas marcher et d'un sort, il régla le problème des toilettes. Il lui commanda de demander l'aide de ses elfes s'il devait sortir du lit et d'être prudent. Cela fait, ils se lancèrent dans la première séance de soin des cicatrices. Le médicomage l'aida à s'allonger sur le ventre pour qu'il puisse atteindre son dos où les cicatrices problématiques étaient concentrées. Tendu, le lord se laissa pourtant faire, somnolent. Isaac appliqua une pâte épaisse et chaude sur ses marques avec précaution. Puis il lança plusieurs sortilèges et si Harry sentit que ça chauffait et picotait, c'était très supportable, le détendant. Le traitement pris plusieurs minutes après quoi Isaac nettoya son dos, l'aida à se rhabiller et à se réinstaller plus confortablement. Il l'aida à prendre ses potions, restant encore un moment avec lui, s'en allant lorsque ses elfes lui apportèrent son dîner, lui conseillant de profiter de sa nuit avec une potion de sommeil sans rêve pour se coucher tôt.

Ce soir là, il eut droit à un excellent repas et à un très beau gâteau d'anniversaire fait par ses elfes qui pleurèrent lorsqu'il les invita à le manger avec lui sur son lit. Ce fut un moment plaisant malgré les malaises, un moment doux et joyeux animé par les petits êtres ravis de faire la fête entre eux ainsi. Ils ne tardèrent pourtant pas trop, Mella nettoyant tout avec Ori alors que Dobby amenait les potions du soir et que Dorémi remettant en place les draps de son maître et fermait les rideaux. Ils furent tout les quatre ravis lorsqu'il les remercia chaleureusement pour ce repas. Ils lui souhaitèrent bonne nuit et il en fit de même avant de les laisser partir et de s'installer pour la nuit.

Le lendemain, un peu plus énergique après une longue nuit calme, ce fut de meilleure humeur que Harry se réveilla sous les appels de Dobby. Ce matin là, il se contenta de sorts pour se laver et s'habiller. Ce n'était pas l'idéal mais ça passerait pour une fois. Il ne pouvait pas marcher, sa concentration défaillante rendant un sort de lévitation sur lui même hasardeux et il ne voulait pas accaparer les elfes pour ça. Il s'en contenta donc, ne voulant certainement pas risquer l'accident de la veille. Il devrait d'ailleurs veiller à ce que cela n'arrive plus sans quoi il risquait d'entraver encore plus son apprentissage. Il avait pris ses potions, les effets ne tardant pas à se faire sentir. Il eut pourtant le temps de demander à Dobby s'il pouvait l'amener à la véranda, peu désireux d'accueillir encore ses professeurs dans sa chambre. Avec son pied blessé qui devait resté surélevé et ses malaises, son bureau n'était pas adapté non plus. La véranda était un bon compromis. Il pourrait être à l'aise sur la méridienne et recevoir ses professeurs plus dignement. Dobby fut ravi de l'aider, le transportant en un claquement de doigt où il le souhaitait, lui permettant ainsi de profiter du parc dans le même temps.

La fin de semaine fut bien plus tranquille que le jeune lord ne l'avait imaginé en comprenant que son état serait révélé. Ses professeurs avaient tous étaient très compréhensifs, très rassurants, ne protestant pas un instant d'aménager les leçons au contraire. Et si Harry n'était toujours pas à l'aise de se montrer ainsi, il était plus détendu. Son pied avait vite guéris mais il n'avait pas repris l'entraînement pratique au combat, malmené par les potions. Pourtant, ses leçons tactiques ou les démonstrations qu'ils lui faisaient étaient tout aussi enrichissantes pour lui, lui apprenant beaucoup. Ses autres cours avaient repris normalement, entrecoupés de pauses lorsqu'il n'arrivait plus à suivre ou qu'il se sentait mal. Harry sentait Adélème le surveiller de près, de très près et il était souvent celui qui proposait de faire un arrêt, semblant voir qu'il en avait besoin. Le jeune lord avait été soulagé se sentir les effets secondaires s'affaiblir au fil des jours, espérant qu'il pourrait vite reprendre son travail ordinaire.

Dans la semaine, il avait reçu une nouvelle salve de lettre. Celle de Dumbledore, Remus, Hermione, Ron et Ginny étaient dans le même ton que les premières, lui ordonnant plus ou moins subtilement de se montrer et de prendre contact avec eux, le sermonnant comme un enfant en bas âge incapable de décider de sa propre vie et de s'occuper de lui même. Il avait soupiré, agacé et déçu. Il leur avait pourtant expliqué clairement dans sa première réponse. Mais il ne tergiversa pas longtemps sur le sujet, refusant de répondre encore pour se répéter. S'ils n'avaient pas compris la première fois et continuaient à se comporter de la sorte, il n'allait pas perdre son temps avec cela, s'énerver et s'agacer pour rien. Il avait bien autre chose à faire. Si ceux qui se disaient proches de lui n'étaient pas capables de lui faire confiance et de comprendre qu'il avait besoin d'un temps pour lui et bien il l'imposerait. Plus personne ne lui dicterait sa conduite.

Il y eut pourtant d'autres messages bien plus doux pour son anniversaire. Un cadeau de Hagrid qui le toucha avec sa carte écrite de travers et pleine de fautes. Mais le demi-géant, bien que très mal à l'aise dans l'exercice, honteux de cette défaillance souvent, faisait toujours cet effort pour lui à son anniversaire et à Noël, lui démontrant toute sa confiance et son attention. Il y avait un paquet des jumeaux qui explosa de confettis lorsqu'il l'ouvrit, le faisant sourire. Une lettre accompagnait leur assortiment de farces et de bonbons. Ils lui souhaitaient bon anniversaire et demandaient, dans un registre plus grave et plus inquiet, s'il allait bien, s'il avait besoin d'aide. Ils expliquaient avoir entendu qu'il s'était enfuis et qu'il refusait de dire où il était, angoissés pour lui. Une troisième carte d'anniversaire venait du professeur McGonagall inquiète pour lui elle aussi. Elle lui disait que Dumbledore lui avait raconté qu'il avait disparus, craignant qu'il ait été capturé ou qu'il fasse des bêtises, qu'il se mette en danger. Comme les jumeaux, elle semblait aussi surprise qu'angoissée pour lui, lui demandant s'il avait besoin d'aide, comment il allait, renouvelant ses condoléances pour Sirius.

Touché, il avait répondu. Il les remerciait pour leurs vœux d'anniversaires, expliquant comme il l'avait fait pour les autres qu'il était en sécurité, qu'il n'y avait rien à craindre, que personne ne savait où il était ou ne pourrait le trouver. Il leur dit qu'il avait juste besoin de temps pour lui après la mort de son parrain, qu'il avait besoin de faire le point, de faire son deuil tranquillement de son côté, assurant qu'il serait de retour à la rentrée sans problème. Il ne donna pas de précisions mais il avait espoir que ces quatre là respecteraient davantage sa volonté. Il ne savait pas vraiment ce qu'il lui faisait dire cela quand Dumbledore, Remus, Hermione, Ron et Ginny auraient dû être les premiers à le faire mais son instinct lui soufflait. Rien que leur ton bien plus concerné et inquiet de leurs lettres parlaient. Eux semblaient réellement se soucier de lui, sans ordre ni reproche.

La lettre annuelle de Poudlard était aussi arrivée cette semaine là et Harry avait demandé à Dorémi d'aller faire les courses pour lui sur le Chemin de Traverse. Il ne voulait pas y aller lui même, se doutant qu'on devait le chercher et qu'il y avait des risques qu'on le trouve sur l'allée. Il ne voulait pas envoyer Dobby qui serait trop facilement rattaché à lui aussi, il demanda à Dorémi. Elle sembla ravie et très fière de recevoir cette mission, lui assurant qu'il aurait tout ce qu'il lui fallait de la meilleure qualité. Et elle accomplit sa mission avec brio, soulageant Harry de cette corvée.

La semaine suivante, Harry put retrouver son bureau et travailler davantage. Les effets secondaires étaient toujours là mais ils étaient moins violents. Le jeune lord parvenait à continuer à travailler malgré leur présence, bien plus concentré et alerte. Ses professeurs le virent d'ailleurs soulagé de pouvoir vraiment s'y remettre, l'aidant de leur mieux. Le courage et la volonté du jeune homme était tout de même incroyable à leurs yeux. À son âge, peu d'adolescents se montreraient aussi investis et aussi travailleurs que lui, cela démontrant sa maturité.

Ce soir là, vendredi, ce fut avec curiosité que Harry prit son livre de relevé de compte. Il sortait d'une après-midi de cours de gestion et économie. Adélème et Églantine venaient de s'en aller. Au cours de la leçon du jour, ses deux professeurs lui avaient parlé de la dernière section du livre de relevé de compte, lui conseillant de toujours là garder à l'œil et de la consulter tout les jours si possible pour surveiller les mouvements dans ses coffres. Ils lui avaient expliqué qu'il pouvait y voir les mouvements du jour tout coffres confondus mais aussi ceux à venir dans le mois suivant. Ayant bien entendu le conseil, il était donc décidé à jeter un coup d'œil régulièrement désormais. Revenant à son bureau après avoir raccompagné ses professeurs, il sortait donc son livre de relevé pour regarder ça. Dobby apparut près de lui, lui apportant ses potions de fin de journée qu'il but sans la moindre grimace, habitué désormais et il savait que son ami prévoyait une tasse de thé goûteux pour faire passer le goût. Le soir, il prenait ses potions après ses cours mais il mangeait plus tard, lui laissant le temps d'un thé que les elfes ne manquaient jamais de lui apporter.

Il s'installa donc confortablement, ouvrant le livre en même temps qu'il prenait sa tasse de thé. Cela faisait presque deux semaines qu'il avait commencé son traitement et il en voyait déjà les effets, encouragé. Son appétit commençait à revenir à force de manger tout au long de la journée et il n'avait plus besoin de potion anti-nausée pour ses repas. Il dormait aussi mieux même si ses nuits sans potion de sommeil sans rêve restaient agitées et angoissées. Mais il faisait moins de cauchemars et dormait plus. Le repos faisait du bien et l'apaisait un peu. Il se rendait compte que son état de santé n'était pas pour rien dans son ressentit général et cela lui donnait une raison de plus de suivre avec soin les consignes d'Isaac. Les repas et le sommeil avaient déjà amélioré les choses de manière sensible pour lui et il en venait à se demander comment il se sentirait en pleine forme, réalisant qu'il ne l'avait jamais été et qu'il ne s'était pas senti décliner au fil du temps.

Reposant sa tasse, il se concentra sur ses relevés. Adélème et Églantine lui avaient expliqué que normalement, hormis ses dépenses personnelles, il de devrait trouver que les rentrées de ses investissement fait antérieurement par ses lignées. Ils lui avaient expliqué qu'il y avait certainement fort à faire de ce côté, son portefeuille d'action assurément défraîchis par l'absence plus ou moins longues de lord. Il avait déjà bien compris qu'il aurait du travail pour remettre tout cela en ordre et vraiment exploiter ce qu'il avait. Mais il attendait de vraiment connaître le fonctionnement de tout cela avant de faire quoi que ce soit et sa professeur avait d'ailleurs commencé par cela pour lui donner les moyens de s'occuper de son héritage considérable. Il s'était d'ailleurs dis qu'il allait se pencher sur tout ce qu'il avait en action, investissement et entreprise pour commencer à analyser et à faire le tri. Le lord et la dame lui avaient aussi expliqué que personne n'avait pu toucher à cela en l'absence de lord et que si des membres de la famille proche ou non mourraient sans héritier alors tout revenait au lord. Il y aurait donc certainement du travail pour tout remettre en ordre. D'après eux, ses revenus avaient certainement décliné au fil du temps avec les investissements devenus obsolètes mais il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprise vu les montant qu'il avait découvert pour chaque lignée.

Ce fut donc sans appréhension qu'il regarda, trouvant quelques rentrées non négligeables, ses yeux parcourant les lignes tranquillement. Il se figea pourtant en regardant les opérations à venir. Il n'y en avait pas beaucoup puisqu'il n'y avait pas de dépense programmée pour son patrimoine financier. En faîte, il n'était pas censé y en avoir. Sa seule dépense constante était les salaires de ses elfes et les achats pour le château et la vie quotidienne. Ce n'était pas les gobelins qui s'en chargeaient puisqu'il le faisait lui même, donnant leurs salaires à ses elfes en pièce et en main propre puisqu'ils n'avaient pas droit à Gingotts et c'était la bourse domestique qui servait pour les courses et le reste. Il n'était donc pas censé y avoir de dépense programmée ainsi. Pourtant, il y avait trois lignes, trois lignes qui le figèrent. La première était une allocation mensuelle pour les Dursley, versée tout les quinze du mois d'un montant de deux cent gallions soit près de mille livres. Il resta totalement stupéfié par cela. Après un moment de paralysie, il alla directement à l'intercalaire du coffre correspondant, interrogeant les documents avec les sorts appropriés pour finalement découvrir que cela durait depuis son arrivée chez les Dursley à un an. Il resta choqué un moment. Logiquement cette allocation aurait dû servir pour lui certainement mais Merlin savait qu'il n'avait jamais vu l'ombre de quoi que ce soit. Il se sentit presque malade à l'idée que les Dursley avaient reçu tout cet argent, de son héritage alors qu'ils le traitaient en esclave, ne cessant de lui rabâcher qu'il leur coûtait déjà trop cher.

Il lui fallut un moment pour digérer ça, se jurant d'y mettre fin rapidement. Il ne pouvait rien faire pour l'argent déjà donné mais plus une noise ne leur parviendrait, cela était certain. Grâce à ses leçons et à ses lectures, il savait aussi que seul son tuteur magique avait pu ordonner ce genre de versement s'il pouvait dire que c'était dans son intérêt. Ce qui aurait été le cas si les Dursley ne l'avaient pas traité de cette façon. Il respira, tentant d'avaler le choc et la colère que cette découverte engendrait. Il écrirait aux gobelins mais avant, il s'intéressa aux deux autres lignes. Les deux étaient nommées comme donations et là encore, Harry savait que son tuteur magique pouvait ordonner ce genre de chose s'il s'agissait de bénéficiaires qui le concernait directement et qui jouaient un rôle dans son avenir ou si son protégé le demandait et qu'il jugeait cela raisonnable. Aucun doute qu'il pourrait invoquer à la fois l'un et l'autre pour justifier ça.

La première donation allait à Poudlard, tout les premiers septembre. Vingt mille trois cent gallions, plus de cent mille livres et il se sentit malade une fois de plus au montant. En allant vérifier, cela durait depuis le premier jour où Dumbledore avait eu sa tutelle. Cela représentait plus de trois cent mille gallions en tout, un million cinq cent mille livres. La deuxième donation allait à l'Ordre. Celle là n'avait été versé qu'une seule fois l'année dernière mais elle était programmée pour chaque année désormais. Vingt mille gallions par an dans un coffre au nom de Dumbledore. Mais que faisait-il avec tout cet argent ? Le choc laissa rapidement place à la fureur pour Harry. Il se sentait trahis, volé et utilisé. Il fallait faire cesser ça mais il ignorait la meilleure manière de le faire. L'argent des Dursley, il ne pourrait le récupérer mais le reste… Peut-être. Il tergiversa longuement sur le sujet, se résignant au fait qu'il avait besoin de conseil en la matière. Il se décida donc à en parler à Adélème le lendemain. Il avait encore un peu de temps. Le versement des Dursley n'était que dans quelques jours et les donations pour le premier septembre. Il aurait donc le temps de réagir avant les prochains versements.

L'affaire le préoccupa toute la soirée, sa colère ravivée envers le vieil homme qui profitait de lui et de son héritage de manière flagrante à ses yeux. Le lendemain, Arthur et Bastide n'eurent aucun mal à sentir son énervement à l'entraînement mais ils ne posèrent pas de questions. Adélème ne le fit pas non plus. Régulièrement, il rappelait à son protégé qu'il était là s'il en avait besoin mais il le laissait venir de lui même. Ce qu'il fit ce jour là. Lorsqu'ils furent installés dans le bureau, Harry lui demanda s'il pouvait lui parler de quelque chose et le lord s'installa face à lui pour écouter avec attention. Le jeune homme lui expliqua alors ce qu'il avait découvert la veille. Lorsqu'il parla des Dursley, il minimisa, ne voulant guère lui expliquer pourquoi il trouvait ça monstrueux, lui demandant simplement comment y mettre fin proprement.

- C'est scandaleux, gronda le lord. C'est du vol.

- Oui. Pour l'allocation aux Dursley, une simple demande aux gobelins suffit non ?

- Oui. Votre dossier contact peut facilement remplir cette tâche.

- Bien. Pour les dons, dit-il en crachant presque le mot. Je ne sais pas comment procéder. Y-a-t-il une chance de récupérer cet argent ?

- En théorie oui, répondit-il. Cet argent ne vous profitait pas, servait les intérêts du tuteur. Ces dépenses ne sont pas justifiables, les montant encore moins. Mais il faudra porter plainte et intenter une action en justice. Je pense qu'il faudrait demander le conseil d'un bon avocat. Voulez vous quelques noms ? De toute manière, vous allouer les services d'un avocat fixe ou d'un cabinet deviendra une nécessité pour vous. Comme pour tout lord de votre ampleur.

- Je ne connais aucun avocat loin de là, déplora-t-il.

- J'en connais plusieurs très bien. Je peux vous les présenter rapidement et organiser des rendez-vous sous sceau du secret si vous le voulez.

- Il y a aussi un serment professionnel pour les avocats non ?

- Tout à fait, extrêmement strict d'ailleurs. Celui que vous embaucherez sera forcé au secret professionnel magiquement. Il ne pourra rien dire que vous n'aurez autorisé. Un serment de secret ne sera utile que pour les rencontres avant embauche.

- Très bien. Dîtes moi, pria-t-il. J'aimerais régler ça rapidement.

Adélème approuva, lui décrivant plusieurs avocats de sa connaissance ou de réputation, leurs tarifs, leurs résultats, les chances qu'ils l'acceptent comme client, leurs spécialités. Trois possibilités furent retenues et Adélème lui promit d'organiser les rendez-vous au plus vite. Ils passèrent ensuite à leur leçon du jour, Harry un peu soulagé de savoir qu'il y avait possibilité de récupérer son argent. Mais ce n'était pas tellement pour l'argent qu'il le faisait mais bien plus pour obtenir justice pour ce vol. Ils se mirent au travail, parlant Magenmagot et responsabilité politique des lords, le samedi matin consacré à cela.

- Donc en ce moment, fit Harry au milieu de l'échange, mes sièges sont gelés ?

- Oui, approuva Adélème. Avant que vous n'obteniez les titres, Dumbledore pouvait prendre le siège Potter à votre place ainsi que le siège Black une fois le testament de votre parrain en votre faveur ouvert. Mais dés que vous accédez aux titres officiellement, les sièges ne peuvent plus être occupés par un autre que vous. Ils sont gelés jusqu'à ce que vous vous présentiez au Magenmagot pour les revendiquer et les occuper. Ce que vous ne pourrez faire qu'à partir de dix sept ans.

- Donc Dumbledore doit savoir maintenant, remarqua-t-il.

- Pas forcément. Dumbledore a été rétabli dans sa fonction de président du Magenmagot après l'intrusion au Ministère en juin. Il se peut donc qu'il ne l'ait pas remarqué. Sa fonction lui donne toujours une place au Magenmagot, le droit de voter et d'intervenir comme les autres. Le seul moment où les choses changent pour lui c'est lorsqu'il lève sa baguette pour voter, il n'a plus trois voix mais une. Le décompte est automatique avec un sortilège posé sur la salle et sans détail des votes. Il se peut donc qu'il ne s'en soit pas rendu compte. D'autant plus qu'il n'y a pas eu de réunion du Magenmagot depuis un moment. Le Ministère est dans un désordre total en ce moment.

- Je n'en doute pas. C'est une bonne chose pour les sièges. Je ne veux pas que Dumbledore soit affilié à mon nom une seconde de plus.

- En effet. Vous ne semblez pas vouloir que Dumbledore sache pour vos titres, il y a une raison ?

- Ce n'est pas que Dumbledore, c'est tout mon entourage. Je préfère d'abord bien intégrer les choses et me donner le temps d'apprendre un minimum avant de le faire savoir. Je veux avoir les idées en place lorsque ça arrivera parce que je doute que beaucoup de monde autour de moi approuvera.

- Pourquoi ça ? demanda-t-il intrigué.

- Parce que… ce n'est pas du tout leur truc cet univers. Ils sont plutôt critiques sur cette partie de la société, dit-il diplomatiquement comme il l'apprenait en cour d'élocution.

- Je vois. Mais vous vous n'étiez pas réticent, remarqua-t-il, malgré que tout soit arrivé à l'improviste.

- Je n'ai pas les même idées, ni la même vision de la vie et des choses. Et je crois que nous n'avons pas la même ouverture d'esprit non plus. Enfin, nous sommes… très différents, soupira-t-il tristement.

- Vous devez savoir que votre statu, votre famille pourrait vous attirer bien des convoitises intéressées. Le nom des Potter est connu dans le monde magique pour sa noblesse et sa richesse. Faîtes attention à vous. Les gens intéressés peuvent faire beaucoup de dégâts sur vous.

- Je le sais et j'ai bien l'intention d'être prudent. Je me demande pourquoi j'ai dû attendre si longtemps pour entendre parler des lords. Beaucoup d'héritiers sont à Poudlard.

- C'est un sujet presque tabou, répondit Adélème. On ne parle pas des lords en dehors de nos cercles en général.

- Pourquoi ça ?

- Nous avons commencé à l'aborder mais vous savez que les lords sont très mal aimés depuis la formation du Conseil Magique il y a de cela plusieurs siècles. Avant, les lords détenaient tout le pouvoir et ça ne plaisait pas à certains. Il y a eu des luttes de pouvoirs violentes et à l'époque, les lords ont jugé plus sage d'accepter de partager le pouvoir pour la paix de la société magique. Cela a été le début de la dégringolade pour les lords au Royaume-Unis. On a voulu nous retirer de plus en plus de pouvoir et il y a eu pour cela de nombreuses campagnes de diffamations. Il y en a aujourd'hui encore et nous ne devons qu'à la Magie d'avoir ce qu'il nous reste aujourd'hui. Ces siècles de propagande négative ont rendu les lords antipathiques pour le reste de la population et l'effet est d'autant plus renforcé par l'influence moldu d'autant plus grande au fil du temps. Plus personne ne sait ce qu'est réellement un lord et pour tous, nous sommes des snob profitant de leur fortune et d'un titre que nous ne méritons pas, qui n'a plus de sens, que nous sommes des fainéant qui n'ont que leur intérêt à cœur. Il est donc devenu de mauvais ton de parler des lords et de la noblesse et c'est aussi pour cela que les héritiers ou les initiés de Poudlard n'en parlent pas, pour ne pas être embêté. Et pour eux, il relèvera de l'évidence que vous auriez dû être éduqué comme un héritier. Je pense qu'aucun d'eux ne se doute de la négligence dont vous êtes victime. Je ne serais pas surpris si vous découvriez qu'ils pensaient que vous saviez en réalité, qu'il n'était pas utile de se risquer à en parler. D'autant plus qu'avec votre célébrité et s'ils ont cru que vous rejetiez cet enseignement, ils en auraient encore moins parlé avec vous.

- Je vois. J'essaierais de tirer ça au clair.

- Y-a-t-il des héritiers avec qui vous êtes amis ?

- Un. Nous ne sommes pas de grands amis mais je l'apprécie beaucoup et nous passons un peu de temps ensemble. L'héritier Londubat.

- Je ne l'ai jamais rencontré mais je sais que l'actuelle lady Londubat est une femme de poigne attachée aux traditions même si elle reste discrète. Vos familles sont connues pour être en bons terme. C'est une bonne chose que vous vous entendiez bien.

- Oui, sourit-il en pensant à Neville. Je pense que j'en discuterais avec lui. De ce que je sais, sa grand-mère n'est pas du genre à négliger son éducation alors il pourra peut-être m'aider à étudier lorsque je serais à Poudlard.

- C'est une bonne idée. Vous pensez donc révéler vos titres à Poudlard ?

- Je ne vais pas le cacher mais je crois que je vais garder les titres Gaunt et Peverell secrets pour le moment. Tout le monde sait pour celui des Potter évidemment, d'autres savent aussi pour celui des Black mais personne ne se doute pour celui des Gaunt et des Peverell. C'était totalement imprévisible.

- C'est une bonne idée. Vous garderez des cartes dans votre manche ainsi et avec déjà deux sièges connus, cela vous fera déjà beaucoup de poids et de pouvoir. Mais c'est aussi une bonne chose de vous révéler maintenant. Cela vous permettra de construire votre image de lord sur l'année qui vient pour ensuite prendre votre place au Magenmagot à dix-sept ans.

- Si la guerre est finie. Je ne mettrais pas un pied au Ministère tant qu'il sera sous l'influence de Voldemort.

- Et vous avez bien raison, approuva Adélème. Ce serait trop dangereux et de toute manière inutile. En l'état, plus rien ne fonctionne comme cela devrait au gouvernement.

- Nous verrons bien comment les choses évoluent. Excusez moi, c'était une grosse parenthèse au cours.

- Ce n'est rien. Je suis là pour répondre à toutes vos questions. Reprenons nous sur le Magenmagot ?

- Oui, approuva-t-il. Allons-y.

Ils se remirent au travail, Harry n'oubliant pas de noter physiquement ou dans sa mémoire tout ce qu'il apprenait. Adélème s'en alla à l'heure du déjeuner et il sourit lorsque Dobby lui annonça qu'ils avaient dressé la table pour lui dans la véranda pour son repas. Il aimait cette vaste pièce pleine de lumière, de plantes avec cette vue magnifique sur le domaine et le lac. Il s'y sentait bien, à l'aise et les elfes avaient pris l'habitude d'y dresser la table lorsqu'il mangeait seul, dans ce contexte privé auquel la pièce était réservée. Pour prendre le pli au plus vite, il appliquait toutes les règles de politesse et de convenances avec ses professeurs, autant qu'il pouvait, ses malaises étant les seules occasions où l'on brisait un peu cela. Sauf exception, la véranda était donc réservée à ses moments privés comme le voulait l'usage. Ce fut donc avec plaisir qu'il s'y rendit, marchant doucement, fatigué par sa semaine de cours et les effets des potions qui malgré tout persistaient. Il avait régulièrement des fièvres ou des sensations de froid intense, des tremblements, des maux de têtes, des crampes, des essoufflements, des troubles de l'équilibre et des sens ainsi que des sursauts de magie. Mais c'était gérable. Ce n'était plus aussi fort que la première semaine même si cela restait très présent. Seulement, il pouvait le maîtriser maintenant même s'il avait régulièrement besoin d'une petite pause. Il avançait pourtant très bien et ses professeurs avaient su le rassurer dans sa peur de ne pas apprendre assez vite. S'il continuait à travailler de la même manière, il était plus calme dans son esprit, moins frénétique, acceptant de voir que oui, il avançait très bien et qu'il n'y avait pas de quoi paniquer. Et ce calme ne l'avait rendu que plus efficace.

Il mangea avec plaisir le délicieux repas de ses elfes. Il retrouvait à peine cette sensation de plaisir en mangeant qu'il redécouvrait tout juste, se demandant s'il l'avait connu un jour réellement. Lorsqu'il était arrivé à Poudlard, il n'avait jamais connu le plaisir de manger réellement par gourmandise et non pas pour survivre simplement. Il mangeait peu à l'école, sautant des repas sans difficulté, trop habitué à ne presque pas manger, comme si son esprit avait admis le fait qu'il ne devait manger que le minimum pour vivre. Personne ne lui avait jamais dis qu'il fallait faire autrement et il le réalisait tout juste. Avec tout les changement qu'il voyait en ce moment, il remettait tout en question. Les conseils d'alimentations d'Isaac avaient changé sa manière de voir les choses, ses explications sur le sujet lui ayant fait prendre conscience du fait qu'il devait faire attention à ce qu'il mangeait. Avec tout les dégâts qu'il constatait sur sa santé aujourd'hui à cause d'une mauvaise alimentation, la mort qui ne s'était approchée que trop près à cause de cela, il s'était promis de faire très attention à ce qu'il mangeait maintenant.

Avec les bons repas de ses elfes, équilibrés et toujours parfaits, il retrouvait le plaisir de manger. Dobby, Dorémi, Ori et Mella lui avaient déjà fait découvrir beaucoup de choses en la matière, fait goûté des choses qu'il ne connaissait pas et c'était plaisant. À Poudlard, il n'avait jamais fait trop attention et il avait vite mal au ventre en mangeant à l'école. Il avait essayé les friandises avec les autres bien sûr mais il ne trouvait pas cela si bon que tous le prétendaient. Cela s'avérait souvent lourd pour lui, lui donnant là encore mal au ventre souvent. Isaac avait pu lui expliquer que c'était à cause de l'alimentation qui lui avait été imposé auparavant. La nourriture de Poudlard et les à côtés avaient été trop riches pour lui et son corps avait naturellement du mal avec ce genre de choses. Mais cela allait beaucoup mieux avec les conseils du médicomage et il commençait à vraiment aimer manger pour la première fois de sa vie, remerciant toujours ses petits domestiques qui faisaient tout leur possible pour cela. Dobby lui avait d'ailleurs demandé s'il pouvait se procurer des livres de recettes pour le château, pour avoir plus d'idées et il l'avait autorisé à en acheter, touché par son dévouement pour lui.

Son repas terminé, les effets des potions se faisant sentir comme la fatigue de la semaine, il décida de laisser son apprentissage de côté une heure ou deux. Tout ses professeurs lui avaient conseillé de décrocher un peu le week-end, de s'aérer la tête avec d'autres choses, que cela ne ferait que lui profiter. Et s'il avait dû mal à lâcher, il pouvait s'accorder un peu de temps pour autre chose. Ses pas le menèrent à sa bibliothèque pour une recherche qu'il devait faire depuis un moment : celle sur les résultats des test traditionnels. Il ignorait toujours ce que signifiaient plusieurs choses qui étaient apparues et il était curieux maintenant qu'il parvenait à se détacher un peu de son apprentissage de lord. Il gagna donc la bibliothèque, usant de la magie de la pièce pour trouver une réponse à ses questions. Il chercha d'abord un livre sur la vision d'aura, puis un autre sur le porteur de vie, sur l'âme augmentée et sur la magie enrichie. Il trouva plusieurs ouvrages sur les deux premiers sujets, faisant venir ceux qui lui semblaient les plus pertinents. Les deux derniers en revanche furent plus complexes. Un seul livre ressortit pour la magie, aucun pour l'âme et il se demanda s'il pourrait trouver plus d'information dans les bibliothèques Peverell, Black ou Gaunt même s'il ne restait presque rien de la dernière. Il se promit de voir cela avant de retourner à Poudlard, se disant qu'il faudrait jeter un coup d'œil à d'autres propriétés aussi au cas où.

Il récupéra les trois livres sélectionnés pour aller se trouver un bon fauteuil dans l'un des coins salon de la vaste pièce. Il prit tout d'abord celui sur la vision d'aura. Il était assez épais et semblait ne concerner que cela. Le premier chapitre lui expliqua précisément ce dont-il s'agissait, le surprenant. Le don de la vision d'aura était extrêmement rare et permettait de voir les auras de tout les êtres vivants, les auras des installations ou objets magiques. Les couleurs, leurs mélanges, l'intensité, la luminosité… tout cela pouvait donner une énorme quantité d'informations sur tout à condition d'apprendre à les lire correctement. Cela pouvait lui montrer la nature des gens, ce qu'ils éprouvaient au moment où il les regardait et d'après le livre, une aura était impossible à falsifier. C'était prodigieux à ses yeux mais il ne comprenait pas pourquoi il n'avait jamais eu cette vision. D'après le livre, elle se manifestait au plus jeune âge et il fallait apprendre à contrôler le don pour l'activer ou le désactiver à volonté. Autre anomalie : ceux possédant ce don étaient censés avoir une vision parfaite et même bien plus performante que le commun des gens. C'était faux pour lui et il se demanda si les dommages causés à ses yeux y étaient pour quelque chose, se promettant de demander à Isaac lorsqu'il viendrait pour son contrôle et ses cicatrices le lendemain. Il priait déjà pour qu'il puisse récupérer ce don en soignant ses yeux, cela semblait extraordinaire. Et cela ne le mettait que plus en colère au sujet de ceux, Dumbledore et les Dursley, qui l'avaient mis dans cette situation.

Le second livre qu'il prit fut celui sur la magie enrichie. L'ouvrage parlait cette fois de la magie interne d'un être dans sa globalité et il dut chercher un peu pour trouver les pages parlant de son sujet. Il n'y avait pas grand chose mais assez pour lui expliquer grossièrement. Magie enrichie signifiait que son noyau magique avait été enrichi par une autre magie et était plus puissant que ce qu'il était naturellement. D'après le livre, cela pouvait arriver de plusieurs façons : en absorbant partiellement ou totalement le noyau magique d'un autre être, en recevant un don de noyau magique, par d'anciens rituels, par certains évènements magiques… Cela était cependant très rare, ne fonctionnait presque jamais. Il se demanda donc d'où cela pouvait lui venir, incapable de comprendre. Cela semblait pourtant être une bonne chose, le rendant plus puissant et plus solide magiquement. Le livre ne lui en révéla pas plus, d'autres recherches nécessaires.

Il prit finalement le troisième ouvrage sur le porteur de vie. Là encore, le livre était entièrement consacré au sujet et lorsqu'il découvrit ce dont-il s'agissait, il resta choqué un bon moment, lisant et relisant la phrase fatidique : « Un porteur de vie est un être magique masculin capable de tomber enceint et donner naissance à des enfants. » Harry resta stupéfait un moment, peinant à assimiler l'information. Puis ce fut un peu frénétiquement qu'il lut un peu plus, voulant en savoir davantage. Il s'agissait d'une particularité magique très rare et l'on considérait que c'était une bénédiction de la Magie elle même. Le porteur de vie qui avait un compagnon masculin pouvait tomber enceint comme une femme, sa magie créant tout le nécessaire à la gestation et à la naissance, lui donnant la possibilité d'être mère pour ainsi dire. Si le porteur de vie était masculin, il existait aussi des donneuses de vie chez les femmes. Dans ce cas, une femme en couple avec une autre femme était capable de mettre sa compagne enceinte et cela était aussi rare et estimé que le porteur. Le jeune lord lut un peu, n'ayant jamais su qu'une telle chose était possible, incapable de déterminer comment il se sentait vis à vis de cela.

Le livre disait aussi que les porteurs et les donneuses de vie étaient naturellement plutôt homosexuels même si évidemment, chacun était libre de choisir, cette particularité ne leur enlevant en rien la possibilité de faire des enfants de manière ordinaire. Harry resta figé un moment à cela. Homosexuel ? Était-il homosexuel ? Il ne s'était jamais posé la question de son orientation. L'homosexualité faisait partie de ces choses que les Dursley avaient diabolisé et ce n'était pas un sujet dont-il avait entendu parler depuis son entrée dans le monde magique. Lui n'avait rien contre mais jamais il ne s'était posé la question pour lui même. Le sujet le turlupina un moment mais il était incapable de répondre. Il n'était même pas sûr de ce qu'il ressentait pour les femmes. Il avait eu un béguin pour Cho mais cela lui était très vite passé et le peu qu'il avait eu avec elle ne lui avait pas plu du tout. Il ne savait pas ce qu'il voulait en la matière. La seule chose qui était certaine était qu'il voulait se marier et avoir plusieurs enfants. Naturellement, il s'était donc dis qu'il aurait une femme parce que c'était ainsi que la nature rendait possible le fait d'avoir des enfants. Mais maintenant qu'il savait que cela était possible aussi avec un homme, il ne savait plus, comme s'il ne s'était orienté vers les femmes non pas par choix ou envie mais par nécessité pour avoir sa famille.

Ses réflexions s'embrouillèrent rapidement, perdu qu'il était avec cette nouvelle, ne sachant pas vraiment quoi en penser ou quoi faire de cela. Lorsqu'il devint évident qu'il ne répondrait pas à la question dans l'immédiat, il se dit qu'il aurait bien le temps d'y penser. Il n'avait pas l'intention de se mettre en couple pour le moment avec tout ce qu'il avait à gérer entre la guerre, ses études, ses titres et son héritage. Il n'en n'avait pas envie de toute manière et le mariage n'était clairement pas pour tout de suite non plus. Il aurait donc le temps de démêler tout cela et d'y penser. Il faudrait aussi qu'il demande à Isaac si cette capacité pouvait avoir été altéré par ses problèmes de santé. Si c'était le cas, il n'y avait plus de question à se poser. S'il voulut laisser cela sur le côté, le sujet le travailla jusqu'à ce qu'il aille se coucher.

Et cela le travaillait encore lorsque Isaac arriva après son entraînement du dimanche matin avec Arthur et Bastide. Ils rejoignirent l'infirmerie ensemble, le médicomage faisant le bilan de ce qu'il s'était passé depuis sa visite du milieu de semaine, l'examinant soigneusement avant de traiter ses cicatrices. Doucement, Harry sentait les tensions et les douleurs qu'elles engendraient diminuer au fil des séances. Il savait qu'elles ne disparaîtraient pas mais si elles pouvaient cesser de lui faire mal, il était largement preneur, la chose le soulageant bien plus qu'il ne l'avait imaginé. Ils terminaient et il venait de se rhabiller lorsqu'il se décida à parler avec le médicomage. Il s'entendait très bien avec Isaac. Il était doux, tranquille, compréhensif, patient, à l'écoute, bienveillant. Il le mettait à l'aise et prenait soin de lui, attentif. Cela faisait un peu plus de deux semaines depuis leur rencontre et il s'était détendu à son égard, son serment rendant la confiance un peu plus facile entre eux.

- Isaac, dit-il alors qu'ils avaient convenu d'utiliser leurs prénoms désormais. Il y a deux choses dont j'aimerais discuter avec vous, expliqua-t-il un peu tendu.

- Je vous écoute, répondit-il en prenant une chaise pour s'asseoir près du lit où il se trouvait toujours.

- Il y a quelques semaines, j'ai effectué les rituels de test que les nobles font traditionnellement passer à leurs enfants pour détecter les particularités magiques. J'ignorais si mes parents l'avaient fait et Adélème m'a conseillé de le faire au cas où quelque chose sortirait.

- Très bon conseil, approuva-t-il. Cela est toujours utile même s'il est rare que quelque chose de significatif soit révélé. Mais si vous me parlez de ça, j'imagine qu'il y a eu quelque chose.

- En effet. J'ai découvert deux choses que je ne soupçonnais pas et dont je ne connaissais même pas l'existence d'ailleurs. Des choses qui sont sûrement influencées par ma santé et je voudrais que vous me disiez ce que vous en pensez.

- Bien sûr, sourit-il. Et une fois de plus, soyez certain que je ne parlerais de cela à personne, assura-t-il.

- Je sais, acquiesça-t-il désormais confiant en cela. La première chose est que je détiens le pouvoir de vision d'aura, dit-il en le stupéfiant visiblement. Mais je n'ai jamais eu l'ombre d'une manifestation de ce don. J'ai lu que j'étais censé avoir une vue parfaite. Je me demandais si la dégradation de mes yeux était responsable ? Si c'est réparable ?

- Cela explique pourquoi vous n'êtes pas aveugle, remarqua-t-il. Votre carence sur une telle période aurait déjà du vous mener à la cécité comme je vous l'ai expliqué. Mais avec ce don, vos yeux sont puissamment chargés de magie. Je n'ai pu le constater à cause de la dégradation, elle a dû grandement s'affaiblir mais c'est certainement cela qui a ralenti l'avancement des dégâts. Quand avez vous fait les rituels ?

- Il y a moins d'un mois, le vingt juillet.

- S'ils affichaient encore ce don, c'est qu'il y a de bonnes chances que nous puissions vous le rendre en soignant vos yeux mais il ne faudrait pas trop tarder. Il faudrait le faire au plus vite pour vous assurer un maximum de chances de récupérer ce pouvoir. Cela nous dit aussi que nous pourrons encore mieux soigner vos yeux. Ils sont fortement magiques, les soigner sera un peu plus simple, le résultat plus assuré. Pour la vision d'aura, nous ne saurons qu'en retirant les bandages en fin de traitement. Mais il y a de bonnes chances.

- D'accord, sourit-il un peu rassuré. Dans ce cas, voyons pour faire ça la semaine prochaine si ça vous convient. Peut-être mercredi ?

- Cela me va parfaitement. N'oubliez pas que vous aurez trois jours dans le noir.

- Oui je sais mais Dobby et les autres seront là pour m'aider et je vais quand même faire mes cours en même temps.

- Très bien. Je préparerais tout ce qu'il faudra. Quelle est la deuxième chose ?

- Je ne sais pas encore trop comment prendre ça, dit-il avec tension. J'ignorais totalement que c'était possible mais il est évident que ma santé actuelle altère peut-être cette capacité alors je voudrais être fixé pour pouvoir y réfléchir clairement.

- Je vois. Je vous écoute, assura-t-il avec douceur en sentant sa confusion à ce sujet.

- Je suis porteur de vie, lâcha-t-il en le choquant une fois de plus. Je voudrais juste savoir si c'est encore possible malgré tout ça pour pouvoir assimiler l'idée et y penser.

- Vous êtes vraiment béni par la Magie, sourit-il. Normalement, cette capacité ne sera pas altérée par votre santé actuelle. Cependant, c'est inenvisageable avant que vous soyez totalement guéris et que vous ayez pris le temps de laisser votre corps récupérer et trouver la stabilité. Autrement dis, trois ans environ.

- Je n'ai pas l'intention d'avoir des enfants si tôt de toute manière, s'amusa-t-il pour tenter de se détendre.

- Je m'en doute. Lorsque vous serez entièrement guéris et en santé, cela sera possible. Cependant, si vous veniez à tomber enceint, dit-il doucement, il faudra un suivis pointu. Votre corps a déjà vécu et encaissé beaucoup de choses, votre noyau magique aussi. Vous serez à vie plus fragile qu'un autre, surtout parce que cela a eu lieu pendant votre croissance. Toute votre vie il faudra être vigilent à votre santé. Vous ne devriez pas avoir de problème particulier mais votre corps et votre magie pourraient être plus facilement ou plus gravement atteint par les problèmes divers que l'on peut rencontrer dans la vie. Vous aurez toujours une fragilité. Une grossesse masculine est plus complexe qu'une grossesse ordinaire parce qu'elle est fortement magique. Rien de dramatique mais c'est plus fatiguant et cela fragilise plus le porteur. Par prudence, il faudra donc vous surveiller de près et prendre des précautions pour éviter tout problème. Mais rien ne vous empêchera d'avoir des enfants en tant que porteur ou de manière ordinaire.

- Je vois, fit-il alors que le sujet le laissait encore confus et perdu.

- Avez vous des questions sur ce sujet. Si vous ignoriez tout de cette possibilité, j'imagine que cela a été un choc, remarqua-t-il délicatement.

- Oui, c'est sûr. Je ne savais pas que les hommes pouvaient tomber enceint dans le monde magique. Je ne sais pas trop quoi faire de ça pour l'instant. Il faut que j'y réfléchisse. J'ai trouvé plusieurs livres qui en parlent dans ma bibliothèque. Je vais les lire. Je dois encore me faire à l'idée.

- Si vous avez la moindre question ou si vous désirez en discuter, je suis là, assura-t-il.

- Merci, sourit-il soulagé par cela. Je vais prendre le temps d'y penser et de m'informer. De toute manière, je n'ai ni prévu d'être en couple, ni d'avoir des enfants avant un bon moment avec tout ce qu'il se passe alors j'ai le temps.

- En effet. Je dois cependant vous prévenir. Si vous avez des relations sexuelles avec un partenaire masculin, veillez à vous protéger efficacement, dit-il en le voyant rougir doucement. Dans votre cas, une grossesse est probable et tant que vous n'êtes pas guéris, ce serait extrêmement dangereux pour vous et donc l'enfant.

- Je n'ai pas l'intention d'être avec qui que ce soit, assura-t-il gêné. Et comme je suis lord, le mieux serait…

- De rester vierge jusqu'à votre mariage, termina le médicomage. Vous comptez suivre la tradition alors ? Il est vrai que c'est un signe fort de symbole et dans le cas d'un porteur, si vous choisissez d'épouser un homme, la virginité devient presque obligatoire comme pour une dame.

- Je m'en doute, ça paraît logique. Ma position comme lord sera fragile au moins au début alors j'ai bien l'intention de tout faire comme il faut pour assurer ma place et la consolider.

- Je comprend. Dans ce cas, il ne devrait pas y avoir de problème. N'hésitez pas à me solliciter à ce sujet si vous avez des questions ou des inquiétudes.

- Merci Isaac.

Le médicomage s'en alla finalement et Harry se dit qu'il avait là un sérieux sujet à méditer, ne sachant que penser de ça. Encore fallait-il réaliser et accepter la chose comme vraiment possible pour lui et ensuite, il pourrait peut-être déterminer ce qu'il voulait pour sa vie de famille plus tard.