Chapitre 10 :
Dette
À deux semaines de la rentrée, Harry avait redoublé d'efforts pour faire tout ce qu'il voulait avant de retourner à Poudlard. Il avait demandé à ses elfes d'aller jeter un coup d'œil à d'autres propriétés lui appartenant, à la fois curieux et soucieux de s'assurer plusieurs options. À priori, plusieurs personnes étaient susceptibles de connaître la localisation de plusieurs propriétés Potter et Black, Ministère comprit et s'il était confiant dans les protections de son château, il n'était pas contre avoir aussi une maison que personne ne connaissait. Mais il devait avouer qu'il était surtout excité à l'idée de découvrir tout ce qu'il avait. Il avait d'abord demandé à ses elfes d'aller voir le château Peverell et le manoir Black, commençant par les demeures principales. Dans un premier temps, les elfes les vérifieraient et verraient ce qu'il y avait à faire sur chaque domaine, ils feraient le point et ils s'occuperaient des maisons qu'il leur indiquerait lorsqu'il serait à Poudlard. Il leur avait ainsi donné la semaine pour aller voir plusieurs propriétés qu'il avait sélectionné via les descriptions de ses registres.
Une deuxième chose qui fut faîte cette semaine là fut de lui refaire une garde-robe. Au fil des discussions sur les coutumes vestimentaires, Zélémie avait fini par découvrir qu'il n'avait presque rien à se mettre et rien à la hauteur de son rang. Elle avait décrété qu'il fallait remédier à cela et Harry avait compris l'importance de la chose. Il savait désormais qu'il pouvait envoyer bien des messages par sa manière de s'habiller et que se vêtir convenablement ne ferait que participer à cette belle image de lord fort et stable qu'il voulait se construire. L'assistance de la dame lui avait été indispensable pour cela alors qu'il était encore loin de tout maîtriser du sujet même s'il connaissait le plus important aujourd'hui. Mais Zélémie pouvait l'orienter pour se procurer le nécessaire, l'indispensable. La dame lui avait amené plusieurs catalogues de maisons de coutures appropriées à ses yeux, certaine de la qualité de leur travail. C'était ensemble qu'ils avaient dressé une longue commande, ajoutant un parchemin imprimant les résultats d'un sort de mensuration qu'elle lui avait lancé pour avoir ses mesures exactes. Ils spécifièrent qu'ils voulaient un enchantement pour que les vêtement puissent s'agrandir un peu et s'ajuster, le jeune lord devant reprendre du poids et, il l'espérait, du muscle grâce à l'entraînement. Harry en profita pour commander des tenues adaptées pour le sport et l'entraînement au combat, pour aller voler aussi. Cette fois, plutôt que de se limiter au nécessaire, il s'acheta tout ce qu'il fallait, se faisant un peu plaisir aussi. Il commençait à se rendre compte qu'il avait cette manie de se contenter du strict nécessaire et si ça pouvait être bien sur certains points, faisant de lui une personne économe, il avait aussi décidé de se faire plaisir à partir de maintenant.
Il avait également eu une surprise inattendue en début de semaine. Elle était arrivée sous la forme d'une lettre, une lettre écrite par un gobelin inconnu. La missive ne portait pas le sceau de Gringotts mais un autre avec des glyphes gobelines dont-il ignorait la signification. Intrigué, il l'avait ouverte. Elle était écrite par un certain Avismark. Polie et rigide la lettre expliquait que le gobelin souhaitait accomplir la dette de sa famille à l'égard de la sienne, les Peverell, contractée juste avant la mort du dernier lord de la lignée. Il expliquait qu'il pouvait se renseigner sur la chose auprès de Gringotts, qu'il savait qu'il était lord Peverell parce qu'un rappel de peine lui avait été envoyé à son accession au titre. Il désirait le rencontrer pour parler de ça, l'air déterminé à régler cette dette. Harry resta perplexe, surpris. S'il avait bien compris, la dette en question datait du dernier lord Peverell, autrement dit de plusieurs siècles. Le terme de « peine » l'interpellait aussi. Il relut le courrier sans y trouver plus d'information et il décida donc d'écrire à Gringotts pour obtenir des explications, usant de son dossier contact pour ce faire.
Très vite, il avait obtenu une réponse, stupéfait à sa lecture. Avismark était le descendant direct d'un autre gobelin du même nom qui avait tenté de voler dans un coffre Peverell il y avait déjà plusieurs siècles. Seulement, il avait été attrapé par la magie posée sur le dit coffre par le lord du moment. Il avait été jugé par son propre peuple pour cela et condamné à servir lord Peverell toute sa vie sous un serment extrêmement strict. Sa famille avait été déshonoré, mise en marge de la société gobeline. Seulement, le lord était mort avant de pouvoir appliquer la sentence et il n'y en avait plus eu depuis. La peine était donc passée à chaque nouvelle génération de la lignée comme le voulait la loi gobeline, portée par chaque héritier jusqu'à ce qu'elle soit accomplie. Son accession au titre avait rappelé la peine à l'héritier actuel qui le contactait donc.
Harry resta un peu choqué. Il en savait bien plus sur les gobelins maintenant, Adélème et plusieurs de ses professeurs lui en parlant régulièrement. Il savait donc qu'ils étaient extrêmement sévères même avec leurs semblables, que les dettes devaient toujours être payées même si des siècles avaient passé. Pour lui, la chose était exagérée. Celui qui lui avait écris n'avait rien à se reprocher ou en tout cas, il n'avait pas commis le crime en question. La peine lui semblait aussi un peu extrême pour une tentative de vol mais il était vrai que les gobelins ne rigolaient pas avec cela, surtout au sein de Gringotts. Il lut le serment qui devait être appliqué et une chose était certaine, il était extrêmement strict. S'il le passait avec lui, Avismark ne pourrait jamais lui nuire d'aucune façon, lui mentir, lui désobéir… Il serait forcé à un dévouement total, à tout faire pour le servir de son mieux et accomplir ses demandes même s'il lui demandait de mourir pour lui. Il serait littéralement réduit en esclavage et Harry se demanda pourquoi il le contactait si c'était pour en arriver à cela. S'il ne lui avait pas écris, jamais il ne l'aurait su et même s'il le savait, il n'avait aucune envie de réclamer cela. Une autre chose qui le surprenait était de voir les gobelins condamner ainsi l'un des leurs à servir un sorcier. Mais en y réfléchissant, à l'époque, les lords avaient encore une très grande place respectée et honorable dans la société aux yeux des gobelins qui avaient peut-être voulu faire un exemple pour préserver les relations entre eux.
Il y pensa longuement, décidant de rencontrer le gobelin pour en discuter. Il n'avait aucune intention de lui réclamer cela mais il était aussi curieux d'en savoir plus et surtout de découvrir comment lever cette dette proprement. Gringotts lui ayant signalé qu'il pouvait passer par eux pour organiser la rencontre et la mise en place du serment, il leur demanda un rendez-vous. Il fut surpris de voir la chose se mettre en place très vite selon ses modalités et ce fut pour cela que dés jeudi soir, il se préparait pour se rendre à Gringotts. Il n'avait parlé de la chose à personne si ce n'était à Dobby pour qu'il sache où il allait, se disant que Avismark n'avait pas envie que l'affaire s'étale à d'autres. Ce fut avec anxiété qu'il se prépara, stressé de quitter la sécurité de son château. Il s'y sentait tellement bien maintenant, à l'aise, chez lui et le quitter le tendait terriblement. Il s'habilla soigneusement comme Zélémie lui avait appris, ses nouveaux vêtements tout juste reçus au matin. Il s'entoura de sort pour cacher son état de faiblesse toujours apparent, d'autres de dissimulations enseignés par Bastide pour que personne ne le repère et cela même s'il s'agissait de Maugrey et de son œil magique. Il termina en prenant ses affaires, passant une cape à capuche légère et sa cape d'invisibilité pour être certain. Il préférait nettement être trop prudent plutôt que pas assez.
Il transplana pour le Chemin de Traverse qui commençait à se vider à cette heure, toujours aussi peu fréquenté dans la situation actuelle. Caché, il gagna la banque à grands pas, enlevant sa cape d'invisibilité en entrant dans le hall désert de client. Il s'avança vers le comptoir principal, saluant poliment le gobelin en gobelbabil lorsqu'il lui accorda son attention. Il eut l'air surpris mais il le laissa à peine paraître, faisant signe à un autre gobelin de l'emmener lorsqu'il eut expliqué pourquoi il était là. Rapidement, il fut mené à un bureau où deux gobelins attendaient déjà dans un silence pesant. Ils se tournèrent vers lui à son entrée, la porte se refermant dans un claquement brusque derrière lui. Le dos droit et l'attitude maîtrisée, il retira sa seconde cape en s'avançant dans la pièce, saluant les gobelins dans leur langue, les surprenant là encore furtivement.
- Lord Peverell, commença le plus âgé des deux, je suis Burgock, agent judiciaire de Gringotts Londres et voici Avismark.
Il leur répondit d'un sobre signe de tête, prenant place dans l'un des fauteuils qu'on lui indiqua sèchement. Il observa un moment Avismark. Il semblait assez jeune comparé aux gobelins qu'il avait déjà rencontré, de bonne taille pour son peuple, ses cheveux noirs mi longs coiffés en arrière. Contrairement aux gobelins qu'il connaissait, il ne portait pas de costume mais des vêtements de cuirs plus simples qui lui donnait des airs guerriers. Il avait une expression froide, fermée et digne au visage alors qu'il l'analysait aussi.
- Votre courrier m'a surpris, commença-t-il. J'ignorais l'existence de cette affaire, avoua-t-il honnêtement. Et je me demande comment une affaire aussi ancienne peut encore être d'actualité avec les protagonistes décédés depuis longtemps, remarqua-t-il.
- La loi gobeline est très claire, répondit Burgock, la peine doit être exécutée même si le temps a passé. Cette peine a été ordonnée contre Avismark premier du nom et sa famille qui était impliquée dans le cambriolage. Elle doit être payée.
- Je suis peu au fait des lois gobelines mais sans vouloir vous offenser, je trouve cela disproportionné. Il est évident que vous n'avez rien fait de mal à mon encontre, dit-il en regardant Avismark. Je ne vois pas pourquoi je devrai vous imposer un tel serment à vie.
- Ce que les sorciers pensent des lois gobelines et de leur mise en application nous importe peu, répondit Burgock cassant. Un crime a été commis, il doit être réparé, l'honneur de la lignée d'Avismark a été perdu, il doit être restauré et pour cela, la peine doit-être appliquée. Vous pouvez refuser mais elle sera simplement reporté sur le prochain lord Peverell.
Harry grimaça intérieurement, trouvant cela vraiment extrême mais il y retrouvait bien là l'intransigeance et la dureté des gobelins. Il y avait réfléchi depuis qu'il savait et il se doutait qu'une peine aussi lourde avait dû être là pour satisfaire le lord Peverell de l'époque mais aussi pour satisfaire les lords du moment, garantir la fiabilité de Gringotts en tant que banque, assurer la réputation des gobelins qui à l'époque, avaient ouvert Gringotts Londres depuis peu. Connaissant les gobelins, le fait qu'ils ne lâchent pas l'affaire n'était pas si surprenant, d'autant plus que si un petit malin, lui le premier, ressortait cette affaire, il pouvait gravement nuire à leur réputation fragile auprès des sorciers. Il s'agissait également de la position gobeline dans la société et il en avait bien conscience. Il n'aimait pas l'idée du serment mais reculer la chose ne ferait peut-être que nuire aux gobelins, ce qu'il ne voulait pas.
- Que se passe-t-il si je refuse ? demanda-t-il prudemment.
- La lignée d'Avismark restera en marge de la société jusqu'à ce qu'un lord Peverell applique la sentence, répondit Burgock. Si vous acceptez, Avismark prêtera serment et vous servira sa vie entière mais le reste de sa famille pourra réintégrer la société gobeline avec son sera honneur restauré.
- Je vois. Vous, que voulez vous Avismark ? demanda-t-il en se tournant vers lui.
- Prêter ce serment et payer les dettes de ma Maison, répondit-il avec aplomb.
Il ne semblait pas disposé à en dire plus, illisible.
- Très bien dans ce cas, accepta-t-il.
S'il comprenait bien, refuser ne ferait que retarder la chose et continuer à imposer une situation probablement difficile à la famille d'Avismark. Peut-être était-ce pour elle qu'il le faisait. Harry ne savait peut-être pas tout des gobelins mais il savait qu'ils avaient un grand sens du peuple, du clan et probablement de la famille si on était logique. Il préférait donc accepter si c'était ce qu'il voulait, se promettant intérieurement de tout faire pour que le gobelin vive au mieux la situation. Burgock se mit alors en action, montrant le même soucis de ne pas perdre de temps qu'il constatait souvent chez les gobelins. Il commença par faire apparaître un parchemin où le serment était écris, lui demandant de le relire pour le vérifier, stipulant qu'il n'était pas possible d'en changer le moindre mot. Le lord le lut, grimaçant intérieurement aux véritables chaînes magiques que Avismark porterait. Une chose était certaine : il ne pourrait absolument rien faire contre lui et devrait le consulter à chaque fois qu'il voudrait faire quelque chose, sortir ou autre. Lui même pouvait le traiter comme bon lui semblait même si cela devait attenter à sa vie et Harry se promit de faire très attention, ne voulant pour rien au monde lui faire du mal.
Il n'aimait pas ça mais c'était visiblement la meilleure chose à faire aussi, il approuva et Avismark passa le serment qui le lierait à lui à vie. Il ne broncha pas et ne laissa rien paraître mais Harry ressentit comme un certain désespoir et un certain abattement en regardant son aura, une résignation sombre. Il ne fit pas la moindre remarque, acceptant l'anneau en argent gobelin que Burgock lui tendit. Simple, poli à l'extérieur, gravé de glyphes gobelines à l'intérieur, il devait lui permettre d'appeler Avismark à lui à la manière des elfes de maison. Il le passa à son pouce et très vite tout fut terminé. Burgock assura à Avismark qu'il irait lui même voir sa famille pour la réhabilitation, qu'il se chargerait de tout et il approuva sobrement. Ce fut ensuite avec la sécheresse gobeline que Burgock mit fin à l'entretient. Harry se leva alors pour sortir et Avismark le suivit sans un mot. Il rejoignit les aires de transplanage dont Adélème lui avait parlé dans la banque, le gobelin avec lui.
- Permettez ? demanda-t-il poliment avant de poser sa main sur son épaule pour transplaner.
Avismark eut l'air surpris qu'il demande, acquiesçant pourtant en silence et un instant plus tard, ils réapparaissaient dans la hall de son château.
- Nous sommes au château Potter, renseigna-t-il en se mettant doucement en route pour le salon. Il s'agit de ma résidence principale pour le moment.
- En vous reconnaissant je me disais que vous aviez plusieurs titres, répondit le gobelin en regardant un peu autour de lui.
- Oui. J'en ai quatre en réalité, dit-il en l'étonnant. Potter, Peverell, Black et Gaunt. Je viens de les obtenir et cela nécessite encore beaucoup de travail.
Rapidement, ils furent au salon, Harry invitant le gobelin à s'asseoir avec lui, l'ambiance tendue.
- Je vais être honnête, commença Harry, je trouve que cette peine qui vous est infligée est injustifiée et disproportionnée. Je ne pensais pas accepter et j'espérais que l'on pourrait simplement oublier ça.
- Les gobelins n'oublient jamais rien. Surtout qu'il s'agit d'un crime contre un lord très puissant à l'époque. Nos lois sont ainsi et je l'accepte comme ma famille. C'est une question d'honneur et de dignité que de payer les dettes quelle qu'elles soient.
- Je comprend, comme je peux comprendre que c'est ainsi que fonctionne votre peuple. J'imagine que c'est aussi pour votre famille que vous le faîte ?
- Oui. Ils vont pouvoir réintégrer la société et ce n'est pas une petite chose chez les gobelins.
- J'entends tout cela mais cela n'empêche pas que je trouve ça très injuste. Le dureté du serment ne me plaît pas non plus. Personne ne devrait être astreint à ça. Je veux donc que vous sachiez qu'il n'est pas dans mes intentions de vous exploiter, de vous utiliser ou de vous priver de toute liberté. Au maximum, je fonctionnerai avec vous comme si vous étiez mon employé simplement. Vous aurez un salaire décent, dit-il en le stupéfiant. Vous serez libre de vos mouvements. Inutile de me demander lorsque vous souhaitez sortir. Je ne vous empêcherai pas de voir les vôtres, votre famille. Vous serez bien traité. Je n'ai pas une grande connaissance des gobelins et de leurs habitudes de vie. Il faudra donc que vous me le disiez si vous avez besoin de quelque chose. Je vous demanderai de garder pour vous tout ce que vous pourriez savoir de moi, de mes demeures, de mes biens… Tout. Inutile de dire que dans la situation actuelle, je dois me protéger et être prudent.
- C'est l'évidence, répondit le gobelin.
- Vous êtes ici chez vous autant que vous pourrez le considérer comme tel, reprit-il. Pour le moment, je n'aurais pas grand-chose à vous faire faire. Avez-vous un métier ? Des qualifications ?
- Je suis un bon artisan forgeron, un bon combattant. Je sais m'occuper des créatures magiques de toute sorte. Je me suis occupé de dragons destinés à Gringotts. Je m'y connais en botanique magique aussi.
- Très bien. Nous sommes en train de passer en revue mes propriétés. Il y en a beaucoup et une bonne part avec de grands parcs. Peut-être pourriez vous les inspecter pour moi et voir comment vont les créatures qui s'y trouvent, réfléchit-il. Nous verrons ça dans les prochains jours. J'ai énormément de travail en ce moment alors je n'aurais pas beaucoup de temps pour vous. J'en suis désolé. Sans compter que je retourne à Poudlard dans peu de temps. Je verrai comment on s'organisera. Pour l'instant, nous allons vous installer.
Il appela ses quatre elfes de maisons qui apparurent joyeusement dans leurs beaux vêtements. Ils entourèrent le lord en souriant et celui-ci fit les présentations, leur expliquant rapidement la situation. Il leur demanda de donner une chambre à Avismark, de lui montrer les endroits dont-il aurait besoin le soir même.
- Si vous avez le temps, pourriez vous lui faire visiter le château demain ? demanda-t-il avec une douceur qui surprit Avismark.
- Bien sûr lord Potter. Dobby sera ravi de s'en charger, approuva-t-il.
- Merci Dobby. Vous pouvez aller avec eux, ils vont vous montrer votre chambre et le nécessaire. Ils s'occuperont aussi de vos repas. N'hésitez pas à leur demander si vous avez faim. Je ne pose certainement pas de règle sur la question. Et s'il y a quelque chose que vous souhaitez manger ou boire en particulier, vous n'avez qu'à demander. Là encore, j'ignore les habitudes gobelines en la matière. Prenez la fin de la semaine pour vous installer, nous verrons plus tard pour le travail.
Avismark approuva, se levant pour partir avec Dorémi et Ori. Dobby et Mella restèrent avec leur maître, attendant que la porte soit refermée pour se tourner ver lui :
- Est-ce que Harry Potter a d'autres consignes pour Avismark ? demanda Dobby.
- Pas pour le moment. Son serment est extrêmement dur et strict, il ne pourra pas faire de bêtise. Si vous pouviez juste aider pour qu'il se sente le plus à l'aise possible ici ?
- Mella et les autres s'en occupent, assura-t-elle avec un grand sourire.
- Merci. Je n'avais pas prévu ça mais j'imagine qu'un gobelin avec ce genre de savoir pourra être utile pour gérer les domaines, remarqua-t-il. Seulement, je veux avant tout qu'il se sente bien ici. Sa situation n'est vraiment pas facile, je ne veux pas en rajouter.
- Nous veillerons Harry Potter, ne vous en faîte pas. Dobby et les autres s'occupent de tout. Est-ce que Harry Potter souhaite dîner ?
- Dans une petite demi heure si ça va pour vous ? Je vais prendre mes potions d'abord.
Ils approuvèrent et le laissèrent pour s'occuper de son repas. Harry commença par prendre ses potions avant de se lever et de rejoindre son bureau, mettant un peu d'ordre dans ses parchemins laissés là en réfléchissant à cette nouveauté. Il essaierait au maximum de voir Avismark comme un employé et de le traiter comme tel et non en esclave comme le prévoyait sa sentence. Il y aurait des particularités à cause du serment bien sûr mais il ferait en sorte de lui donner une vie aussi normale qu'il le pourrait. Il alla finalement dîner, terminant un peu laborieusement avec les effets des potions qu'il venait de prendre arrivant en force. Dobby lui assura qu'ils s'occupaient d'Avismark en l'accompagnant à sa chambre, le poussant à aller se reposer alors qu'il titubait. Il alla donc se coucher, un peu préoccupé par ce qu'il pouvait faire pour le gobelin.
Le lendemain, ce fut alors qu'il s'entraînait avec Arthur et Bastide, Adélème observant comme toujours, que le gobelin fit son apparition, accompagné de Dobby, le regardant avec perplexité en le voyant s'entraîner ainsi. Ils firent une pause, Harry le présentant aux trois hommes stupéfaits de trouver un gobelin au château. Avismark eut l'air surpris lorsqu'il lui demanda son accord pour expliquer les raisons de sa présence, ses trois professeurs étonnés à cette révélation. Harry expliqua alors au gobelin qui étaient les trois hommes, l'enseignement qu'il suivait en ce moment. Avismark n'ouvrit pas beaucoup la bouche, observant l'air fermé et le cour reprit avec un spectateur de plus. Lorsqu'il changea de cours, Avismark partit à la découverte du château avec Dobby et Harry en discuta avec Adélème. Celui-ci lui confirma que les gobelins n'auraient jamais accepté de lever ou modifier la punition, que c'était une question importante pour eux. Il confirma aussi ses suppositions à propos des autres enjeux que cela comportait. Harry fut un peu soulagé lorsqu'il lui confirma qu'il avait fait le bon choix. D'après Adélème, les gobelins vivant bannis de la société avait une vie extrêmement dure, honteuse, très pauvre et misérable. La levé du bannissement permettrait à la famille d'Avismark de retrouver son honneur, de pouvoir de nouveau travailler à des postes convenables, de retrouver une place de citoyen ordinaire dans la société gobeline… Cela représentait énormément d'après lui. Il lui expliqua que pour Avismark, cela serait une fierté que de permettre à sa famille de s'en sortir et de payer cette dette, que les gobelins auraient beaucoup d'estime pour lui grâce à ça. Le jeune homme fut alors un peu rassuré, se disant qu'il ne restait plus qu'à offrir une vie aussi confortable que possible au gobelin.
S'il ne vit que peu Avismark le reste de cette semaine, Harry ne manqua pas de prendre des nouvelles à travers ses elfes. Avismark avait visité le château, s'était installé, appréhendait son environnement visiblement. Il avait un peu discuté avec les elfes qui avaient été ravis de lui expliquer comment ils vivaient ici, l'étonnant. Il avait passé pas mal de temps à se promener dans le parc, venant observer ses entraînements au combat le matin, restant dans son coin en silence. Harry avait pris le parti de le laisser tranquille pour le moment, se doutant qu'il ne devait pas être heureux d'être là et que c'était certainement très différent de ce qu'il connaissait. Ce ne fut que dimanche qu'ils discutèrent de nouveau rapidement. Le jeune lord s'assura qu'il avait tout ce dont-il avait besoin, qu'il était bien installé. Il l'autorisa à utiliser les ateliers du château s'il en avait envie. Avismark avait expliqué qu'il était artisan, il s'était donc dit qu'il voudrait peut-être profiter des ateliers dont-il n'avait lui même aucun usage pour le moment. Il confirma ensuite ses missions pour les semaines à venir : aider les elfes avec ses autres propriétés et particulièrement s'occuper des parcs et des créatures magiques. Il lui avait aussi demandé de trouver quelques autres créatures messagères pour lui. Hedwige relevait plus de l'amie que de la simple chouette pour lui et il rechignait à lui donner trop de travail. Mais en plus de cela, il aurait certainement besoin dans l'avenir d'avoir plusieurs messagers disponibles. Le gobelin parût satisfait, le jeune lord le percevant vaguement dans son aura et cela le rassura.
Sa vision d'aura était d'ailleurs une chose sur laquelle il passait du temps cette semaine. Comme prévu, elle s'était pleinement réveillée et désormais, tout ce qui vivait ou qui était magique était nimbé d'une belle aura colorée pour lui. Son premier soucis était d'arriver à activer et désactiver cette vision à volonté. Voir constamment les auras était vite très fatiguant, lui donnant mal au crâne, prenant beaucoup de sa concentration et le contrôler était donc le plus urgent. Heureusement, il avait vite trouvé comment faire dans ses livres et grâce à l'entraînement en magie interne qu'il suivait sur les conseils de Bastide, il y parvint rapidement. Ses yeux était puissamment magiques et il s'agissait simplement de réduire le flux de magie qui y circulait pour « éteindre » sa vision d'aura. Il réussi sans trop de mal, connaissant déjà les principes. Cela lui demandait quelques secondes de concentration. Il savait pourtant qu'avec de l'entraînement et l'habitude, il pourrait y parvenir en un clin d'œil. Il pourrait même l'activer partiellement en régulant précisément la magie dans ses yeux. Toute la semaine, il avait consacré un moment chaque jour à apprendre à lire ces auras, se familiarisant progressivement avec ce pouvoir.
Il avait d'ailleurs découvert qu'il ne passait pas uniquement par ce qu'il voyait mais aussi par ce qu'il ressentait. La vision d'aura offrait une certaine forme d'empathie vis à vis de ce qu'il regardait, l'impératif étant évidemment le contact visuel. Il tentait donc d'être attentif à ce qu'il ressentait en regardant autour de lui avec cette vision. Il s'était aussi essayé à lire un peu les auras de ceux avec qui il passait le plus de temps. Il ne put que lire grossièrement, ne saisissant pas encore toute la complexité de la chose, n'ayant pas encore retenu toute les traductions de ce qu'il voyait. Il eut pourtant un début. Il essaya d'abord avec Dobby, son aura dominée par la loyauté, l'affection et le dévouement lorsqu'il était avec lui. Cela le réconfortait énormément, le touchant profondément. Les auras des quatre elfes se ressemblaient beaucoup en cela. Il avait ensuite essayé avec Adélème, curieux d'essayer de décoder ce qu'il ressentait à son égard. S'il ne s'était pas trompé, il y avait chez lui, lorsqu'ils étaient ensemble, de l'affection, de la protection, de l'attention et de l'inquiétude. Il en fut touché là encore, réconforté de voir qu'il ne s'était pas trompé dans ce qu'il pensait à son égard. Doucement, il essayait de commencer à interpréter ce qu'il voyait. Mais ce qu'il s'attelait à enregistrer en premier lieu grâce à ses livres étaient les caractéristiques de danger, de tromperie, de mensonge, de traîtrise… Cela pouvait l'aider efficacement et c'était donc ça qu'il étudiait en premier.
La dernière semaine de vacances fut là bien plus vite qu'il ne l'avait imaginé. Cet été était passé extrêmement vite et en même temps, tant de choses étaient arrivées qu'il avait l'impression que cela faisait bien plus de deux mois qu'il avait quitté Poudlard pour les vacances. Sa vie avait radicalement changée, pour le meilleure à ses yeux. Il avait radicalement changé et il le prenait comme un grand accomplissement personnel. Il était heureux et fier, espérant que Sirius le serait tout autant s'il le voyait, comme ses parents. Avoir repris sa vie en main de la sorte l'avait aidé à accepter la mort de son parrain. Elle n'aurait pas été vaine, elle l'avait secoué pour qu'il se réapproprie sa vie et qu'il ait de nouveau le contrôle sur son avenir. Dorénavant, il savait où il allait, il savait quoi faire, il savait ce qu'il voulait et comment l'obtenir. Il n'était clairement plus le même, loin de là et c'était donc d'une toute autre manière qu'il abordait cette rentrée.
Cette semaine là, lorsqu'il assista à ses derniers cours de l'été avec chaque professeur, ils lui donnèrent chacun un programme à suivre lorsqu'il serait à l'école, des lectures, des recherches et il promit de travailler avec assiduité. Ils lui assurèrent qu'il pouvait leur écrire à la moindre question, le priant de prendre soin de lui, de se reposer, de ne pas hésiter à leur demander de l'aide s'ils pouvaient faire quoi que ce soit… Harry fut touché par leur attention, se sentant entouré et soutenu. La plus grande surprise vint pourtant de Arthur. Jeudi soir après ses cours, il se présenta au château, demandant à lui parler l'air étrangement sérieux. Il l'avait donc emmené au salon où ils s'installèrent confortablement.
- Y-a-t-il un problème Arthur ? demanda-t-il tendu.
- Non aucun problème, rassura-t-il immédiatement. Je souhaite simplement vous parler de quelque chose et vous faire une proposition.
- Je vous écoute, dit-il intrigué.
- Je ne vous ai pas tout dit à mon propos, commença son professeur. Je ne suis pas un sorcier ordinaire.
- Vous savez que rien ne me dérange de ce point de vue, remarqua-t-il immédiatement.
- Oui, sourit-il. Vous êtes le sorcier le plus tolérant que j'ai rencontré depuis bien longtemps. Mon cas reste pourtant très particulier. J'ai été un sorcier ordinaire mais je ne le suis plus depuis longtemps. En réalité, je suis mort il y a déjà un bon moment, dit-il en le stupéfiant. J'ai pourtant eu la possibilité de rester, sous la forme d'un esprit gardien. Je n'ai pas réellement le sang de la famille Lafay mais j'en était très proche de mon vivant, nous sommes restés amis et ils m'ont accueilli chez eux.
- Qu'est-ce qu'un esprit gardien ? demanda Harry tentant d'avaler l'information.
- Mon âme et ma magie, mon esprit, résident dans un objet magique. Un objet qui doit être lié à un ou plusieurs êtres magiques. Sans cela, je reste enfermé dans cet objet sans pouvoir faire quoi que ce soit, en sommeil. Je suis lié à la famille Lafay en ce moment. Ainsi, je peux apparaître et vivre comme tout à chacun comme vous l'avez vu. Malgré cela, pour moi, manger, boire, dormir… n'est pas nécessaire. Je le fais par plaisir pur. Le seul moyen de me tuer est de détruire l'objet dans lequel je réside. Si je suis blessé trop lourdement, je retourne simplement dans cet objet avec un temps de régénération. Je peux faire de la magie comme de mon vivant mais comme vous le savez, je ne suis pas doué, s'amusa-t-il.
Harry sourit. Il savait en effet que Arthur n'avait qu'une magie très faible et qu'il avait du mal avec les sorts. Cela ne le dérangeait pourtant pas. Il s'était plongé dans le maniement des épées magiques et plus largement, il savait utiliser les objets magiques à la perfection.
- Certains esprits gardiens sont soumis à leur maître, à celui auquel ils sont liés. Ce n'est pas mon cas. Je vais avec qui je veux et je fais ce que je veux. Pour ma part, je préfère les relations amicales pour cela, dit-il en le faisant sourire. C'est pourquoi je suis resté avec les Lafay. Ils sont devenus ma famille et me traitent comme tel. Mais il est de coutumes et c'est normal, que l'esprit gardien aide son partenaire en échange du lien qui permet de vivre presque normalement. Il existe une gigantesque variété d'esprits gardiens même si on en voit rarement. Certains ont des fonctions et pouvoirs spécifiques, d'autres non.
- Puis-je vous demander si c'était volontaire ? Devenir un esprit gardien ?
- Oui, approuva-t-il. J'ai choisi et je suis très heureux de ma vie actuelle, dit-il en le soulageant. Ne vous en faîte pas pour ça.
- Tant mieux. Je suis surpris, j'ignorais l'existence des esprits gardiens et je ne me doutais de rien. Mais ça ne change rien pour moi, réaffirma-t-il.
- Je m'en doute. Si je vous ai dit cela, c'est parce que j'aimerais que vous acceptiez de me prendre avec vous, dit-il en le surprenant. J'aimerais devenir votre esprit gardien. Vous êtes quelqu'un de bien Harry, de merveilleux et je me plais à croire que nous sommes amis désormais.
- Nous le sommes, approuva-t-il ému en le faisant sourire.
- Je voudrais venir avec vous. Je pourrais vous accompagner incognito, vous aider, vous protéger si le besoin s'en fait sentir. Je voudrais rester à vos côtés, vous soutenir.
Harry resta sans voix un moment, touché par son attention à son égard, par sa volonté de rester à ses côtés. Il devait avouer que cette idée lui plaisait. Arthur avait un immense effet rassurant et sécurisant sur lui. Ils s'entendaient à merveille, se ressemblaient sur bien des points et avaient déjà noué une amitié comme Harry n'en n'avait jamais connu. C'était doux, réconfortant, apaisé, sans exigence, plein de soutient.
- Ce ne sera probablement pas amusant de rester avec moi, remarqua-t-il.
- Ce n'est pas cela l'important. Je voudrais vous accompagner, peu importe ce qu'il se passe.
- Vous êtes certain ?
- Absolument certain et Adélème est d'accord avec moi. Je ne fais pas grand-chose chez les Lafay et je crois sincèrement que notre rencontre n'est pas fortuite. Je veux vous aider, être là pour vous et vous accompagner.
- Est-ce que cela veut dire que vous vivrez ici ?
- Oui mais si cela vous dérange, je resterai dans mon objet magique et je n'ai besoin de….
- Non ce n'est pas ça, intervint-il. J'en serais très heureux mais est-ce que cela vous convient ?
- Je ne vous le demanderai pas si cela me dérangeait et votre demeure est très loin d'être désagréable, s'amusa-t-il en le faisant sourire.
- Et lorsque j'irai à Poudlard ?
- Je serai avec vous. Je resterai dans mon réceptacle magique que vous devrez garder sur vous. Cela veut dire aussi que je verrai et entendrai tout ce qu'il se passe autour de vous mais je garderai tout pour moi et je suis prêt à en faire serment. Vous accompagner à Poudlard ne me pose pas de problème, rester dans mon réceptacle n'est pas un soucis pour moi. La seule question Harry c'est : le voulez vous ou non ? demanda-t-il tranquillement.
- Avec plaisir, répondit-il en souriant. Que faut-il faire ?
Arthur se leva pour le rejoindre l'air très joyeux, sortant un objet de sa poche. Il s'agissait d'une grosse bague en or formant un dragon qui s'enroulait autour du doigt, semblant dormir.
- Ceci est mon réceptacle magique. Seul celui que je choisi peut y toucher en dehors de moi bien évidemment. Il vous suffit de le porter pour former le lien magique entre nous.
- Y-a-t-il une distance limite à laquelle vous pouvez être là par rapport à lui ?
- Non. Je pourrais aller à l'autre bout du monde du moment que j'ai un lien avec quelqu'un. Il faut juste faire attention à l'anneau. S'il lui arrive quelque chose, cela se répercute sur moi. Il n'est pas fragile et il est magiquement très lourdement protégé. Il a déjà subi les flammes d'un dragon et de puissants sortilèges sans problème alors ne vous en faîte pas trop pour ça.
- J'en prendrai grand soin, assura-t-il.
Arthur sourit à cela, lui tendant une main et Harry lui donna la sienne, le laissant passer l'anneau à son annuaire droit. Le jeune homme sentit immédiatement le lien magique s'établir entre eux. C'était chaud et apaisant, comme Arthur, le touchant.
- Cela ne risque pas de vexer les Lafay ? demanda-t-il après un moment.
- Pas du tout, assura-t-il. Je suis comme un membre de la famille pour eux et à ce titre, j'ai le droit de vivre ma vie comme je l'entend et d'aller où bon me semble. Aucun d'eux ne trouvera à y redire puisque c'est mon choix.
- D'accord. Vous restez ici ce soir ?
- Si cela vous convient. Ce qu'il y a de bien avec le réceptacle magique, dit-il légèrement, c'est qu'il peut aussi contenir toutes mes affaires et que je peux les faire apparaître à ma guise. Le déménagement est vite fait avec moi, rit-il en l'amusant.
- Alors bienvenu dans votre nouvelle maison, dit-il.
- C'est un immense plaisir, répondit-il.
Harry appela ses elfes pour leur annoncer, ceux-ci ravis d'accueillir l'homme au château, s'entendant très bien avec lui. Ce fut donc joyeusement qu'ils allèrent lui préparer une chambre, ajoutant avec plaisir un couvert à la table du dîner. Samedi, veille du départ pour Poudlard, Adélème passa la majeure partie de la journée avec lui. Il lui avait amené plusieurs objets, soucieux de l'aider de son mieux et Harry en avait été touché. Il y avait une très belle paire de boucles d'oreilles en diamant, discrète et élégante. Elles étaient enchantées puissamment pour protéger l'esprit du porteur de toute tentative de legilimencie. S'il avait lu beaucoup de choses et commencé les exercices d'occlumencie cet été, avançant vite, trouvant cela étrangement facile contrairement à ce qu'il avait éprouvé avec Snape, il n'était pas encore assez entraîné pour résister à un légilimens expérimenté. Cela l'avait préoccupé et Adélème avait trouvé une solution, le touchant. Il laissa donc son précepteur percer ses oreilles d'un sort indolore et mettre en place les bijoux sur lui, les scellant pour que lui seul puisse les retirer.
Il lui avait aussi offert un bracelet destiné à l'alerter s'il y avait un élément étranger, les potions en premier dans sa nourriture ou ses boissons. Si Harry n'avait pas pensé à ça en premier lieu, il savait que c'était l'une des protections classiquement utilisées par les familles nobles ou anciennes par précaution. Son cadeau suivant avait été un blason de la famille Lafay sous la forme d'un petit médaillon qu'un protecteur comme lui offrait traditionnellement à son protégé pour marquer le lien entre eux. Le médaillon se présentait sous la forme d'un sceau de cire pour la simple raison qu'il était fait en apposant le sceau magique du lord dans le métal chauffé, authentifiant ainsi le bijou. Son dernier cadeau fut deux paires de carnets enchantés pour communiquer en direct par écrit à travers eux. Adélème lui avait dit qu'il en garderait un d'une paire pour qu'il puisse le contacter immédiatement s'il en avait besoin et que la deuxième paire lui servirait à rester en contact avec Isaac pour ses soins. Le médicomage fut d'ailleurs heureux devant cette disposition lorsqu'il vint dans l'après midi, rassuré de savoir que le jeune homme pourrait le joindre sur le champs en cas de pépin, promettant de garder constamment le carnet sur lui. Harry en fut aussi soulagé. Les carnets étaient enchantés pour ne fonctionner qu'avec leur propriétaire et ce furent ensemble qu'ils bouclèrent les sorts pour s'en assurer.
Harry fut touché par ces présents, sachant qu'il s'agissait d'objets très rares et très chers et que l'homme avait fait en sorte de remédier à plusieurs de ses préoccupations, assurant son soutient. Il était resté au château, patientant au salon le temps que Isaac l'examine une dernière fois avant son départ. Le médicomage s'était dit relativement satisfait par l'avancée de son traitement même s'il avait espéré mieux. Il donna ses consignes à son patient, lui rappelant de bien faire attention à son alimentation et à son hydratation, de ne pas se surmener, de bien dormir, de se reposer si le besoin s'en faisait sentir. Il lui donna un stock de potion pour tenir jusqu'aux prochaines vacances, les bouteilles enchantées pour contenir d'immenses quantités mais surtout pour les conserver dans les meilleurs conditions possibles. Isaac lui avait également préparé une pharmacie un peu plus classique pour soigner facilement les petits bobos, pour les bleus qu'il ne se faisait que trop facilement, avec tout le nécessaire en cas de besoin et de quoi soigner les petits maux de l'hiver qui arriveraient bien vite en Écosse. Là encore, le jeune homme fut touché par son attention alors qu'il n'avait pas pensé à une telle chose. Ainsi, il aurait tout ce qu'il fallait à porté de main et il ne serait pas forcé d'aller à l'infirmerie ou d'appeler Isaac à moins d'avoir un véritable problème. Isaac qui insista plusieurs fois pour qu'il le contacte avec le carnet à la moindre chose, à la moindre question ou inquiétude.
Il passa la fin de la journée avec Adélème, Isaac et Arthur, les deux premiers semblant peiner un peu à le laisser, le touchant. Mais ils s'en allèrent finalement, priant Arthur de bien veiller sur lui. Ce soir là, Harry prit le temps de refaire un point avec Avismark pour s'assurer qu'il allait bien et que ce qui lui avait été confié pour les semaines à venir lui convenait. Il ne voyait pas trop le gobelin mais il savait grâce à Dobby qu'il s'était mis au travail avec le parc du château et qu'il le faisait bien. Avismark restait fermé et froid sans surprise et Harry prenait le parti de le laisser tranquille. Le gobelin y mettait du sien, accomplissant les tâches qui lui avaient été confié avec zèle. Il avait donc décidé de le laisser tranquille pour le moment, de le laisser s'installer et constater qu'il n'avait aucune intention de le maltraiter. Mais il espérait vraiment pouvoir s'en faire un ami ou tout du moins, avoir une bonne relation avec lui dans l'avenir. Avismark était parti pour le suivre jusqu'à la mort de l'un d'entre eux et il préférait qu'il le vive aussi bien que possible. Il savait que son anneau de lien gobelin pouvait permettre à Avismark de le contacter en cas de besoin. Il suffisait au gobelin de le souhaiter et il sentirait son anneau chauffer un peu. Ensuite, il pouvait l'appeler auprès de lui pour parler dés qu'il en avait l'occasion. Il savait aussi que Avismark ne serait pas arrêté par les barrières de Poudlard qui le prendraient, de par son serment strict, comme l'un de ses familiers et non pas comme un être à part entier. Harry n'aimait pas trop l'idée qu'il soit considéré ainsi mais c'était bien ce qu'il se passait. Il s'était donc assuré que tout était en ordre pour Avismark et il en avait fait de même avec ses elfes, Dobby lui assurant qu'il ne devait pas s'inquiéter et qu'il s'occupait de tout comme il lui avait demandé, très heureux et fier d'avoir un tel rôle.
Le lendemain, il se leva tôt comme et il alla s'entraîner avec Arthur comme à l'habitude, cela l'aidant à gérer son stress du jour. On était le premier septembre et dans quelques heures, il serait dans le train pour Poudlard, appréhendant un peu avec tout ce qu'il s'était passé, se doutant que ses amis et Dumbledore ne le laisseraient pas gentiment tranquille. Il fit donc un bon entraînement avec Arthur l'aidant grandement à se calmer puis ils allèrent prendre le petit-déjeuner ensemble. Cela fait Harry rejoignit sa suite pour aller se préparer. Dobby s'était chargé lui même de faire ses bagages. Au final, toutes ses affaires avaient fini par être renouvelées pour répondre à son nouveau statu, chaque objet frappé des sceaux Black et Potter qu'il n'avait pas l'intention de cacher, chaque chose marquée magiquement comme sa propriété, sort qu'il avait découvert cet été avec Zélémie. Il avait d'ailleurs découvert tellement de choses cet été et il ne comprenait pas pourquoi certaines d'entre elles n'étaient pas enseignées à Poudlard, relevant du quotidien et de la culture de tous. Adélème lui avait expliqué qu'au Royaume-Unis, comme un peu partout dans le monde, l'enseignement s'était progressivement appauvris sous prétexte de pratiques désuètes ou inutiles et qu'à son avis, cela rendait la population plus manipulable, plus sage. Cela s'était fait sur des siècles depuis que les seigneurs magiques avaient commencé à perdre leur pouvoir et aujourd'hui, la société était devenue très opaque, sans transparence, floue pour beaucoup et cela empêchait énormément de contestations, de protestations. Harry avait le même sentiment. Au plus il en apprenait, au plus il trouvait ça étrange.
À ses affaires habituelles pour Poudlard, il ajouta bien d'autres choses. Il avait déjà bien plus d'effets personnels, de vêtements, de produits de conforts ou de distractions. Il y avait ajouté le nécessaire pour ses soins, sa pharmacie nouvellement créée. Il avait ses affaires pour ses cours donnés par ses professeurs de l'été. Il avait aussi emporté une immense quantité de livres, autant pour étudier que pour ses lectures personnelles. Ses effets de lord l'accompagnaient et resteraient d'ailleurs constamment sur lui comme ses affaires les plus précieuses, rangées dans un sac magique rétrécit en une breloque qu'il mettrait sur le collier offert par Adélème. Il prenait évidemment son balai et ses nouvelles tenues de vol. Il avait ajouté tenues et équipements pour ses entraînements au combat et au duel. Sa malle neuve et luxueuse frappée des blasons Potter et Black n'avait jamais été aussi pleine et il louait la magie lui permettant de tout y ranger sans problème. Il y avait cela et bien d'autres choses. Une fois tout vérifié, Dobby envoya ses affaires dans le hall, assurant qu'il préparait aussi la cage d'Hedwige et qu'il s'assurait que sa chouette était prête au voyage.
Harry s'attela alors à se préparer, s'habillant d'une manière loin de ses anciennes habitudes, comme le jeune lord qu'il était, gardant cependant une certaine sobriété comme Zélémie lui avait conseillé lorsqu'il n'allait pas à des rendez-vous officiels, dans sa vie de tout les jours. Il passa donc un pantalon de costume noir bien ajusté et bien coupé, une belle paire de souliers de cuir, une chemise bordeaux sombre qu'il rentra dans son pantalon, passant une ceinture à la belle boucle dorée. Zélémie lui avait enseigné qu'il était de bon ton pour lui de porter cravate, nœud papillon, jabot ou autre du genre en signe d'élégance et de soin. Lui avait une préférence pour les foulard de soie que l'on nouait et dont les extrémités disparaissaient dans la chemise. Il en passa un aux motifs discrets bordeaux et noir. À cela, il pouvait ajouter une veste de costume ou une robe sorcière et il opta pour la robe, soucieux de garder les traits magiques au maximum, la veste de costume amenée par les moldu, les sorciers ayant bien plus l'habitude des robes, des vestes longues et des manteaux longs. Celle qu'il choisit était simple, noire et légère alors qu'il faisait bon aujourd'hui.
Il ajouta ensuite quelques accessoires. Il avait bien sûr les boucles d'oreilles, le bracelet et le collier d'Adélème, ses quatre chevalières de lord, celle des Gaunt et des Peverell facilement cachées par la magie qu'elle contenait prévue pour cela. Il avait aussi la bague d'Avismark et celle d'Arthur, ses mains se remplissant. Il avait bien sûr ses baguettes, sa première toujours à son avant bras gauche comme à l'habitude, la nouvelle, discrètement cachée sous son pantalon à sa cheville droite dans un holster adapté. Une belle montre à gousset trouvée dans les bijoux du château trouva vite sa place dans sa poche. Une montre en or massif, magique et donc sans rouages mais animée par une magie aussi ancienne qu'elle et qui existait bien avant celles des moldus. Celle-ci était encore plus particulière puisqu'elle arborait le sceau, le blason de l'ancienne assemblée des lords britanniques. Il en existait une par lignée et celle-ci était celle des Potter. Il espérait rassembler les quatre qu'il était censé posséder, ces objets très précieux. Il mit aussi en place deux bijoux plus récents, des pins en or. Un au blason Black, l'autre au blason Potter qui trouvèrent leur place sur les angles de son col de chemise. Il savait maintenant qu'il était de tradition pour les membres de famille noble d'arborer leurs blasons et il aimait cette idée de revendiquer sa famille dont-il était fier, le faisant donc avec plaisir. Il était non seulement fier de son ascendance mais c'était aussi comme pour avoir un peu de Sirius et de ses parents avec lui de par ces symboles.
Tout cela fait, il s'approcha d'un miroir pour voir son allure. Il était toujours trop mince même s'il avait repris du poids mais cela ne se voyait presque pas avec cette tenue. Son teint était un peu moins pâle qu'au début des vacances et il avait moins de cernes mais ce n'était toujours pas ça. Il était donc décidé à porter de légers sorts pour arranger tout ça et ne rien laisser paraître. Il n'avait plus de lunettes désormais et cela faisait du bien à son visage, l'allégeant. Ses yeux guéris étaient presque brillants et lumineux, leur vert émeraude plus beau que jamais. D'après Zélémie, il avait des yeux et un regard exceptionnel et cela le faisait sourire et penser à sa mère à qui il devait ses pupilles. Ses cheveux avaient bien poussé aussi. Isaac l'avait prévenu que cela arriverait, que ça faisait partie des effets des puissantes potions nutritives qu'il prenait. Il avait d'ailleurs enfin vu sa pilosité pointer le bout de son nez grâce à ça et il avait commencé à utiliser des sorts de rasages que Adélème lui avait appris. Ce n'était pas pour lui déplaire, se sentant plus homme avec ça.
Ses cheveux noirs avaient bien poussés, gagnant en discipline avec la longueur. Ils couvraient un peu ses épaules. Automatiquement, il avait d'abord pensé les couper de nouveau mais Zélémie en avait presque fait une crise cardiaque, disant qu'il avait des cheveux magnifiques et qu'il était tout à fait dans les attributs d'un lord d'avoir les cheveux longs, les cheveux courts anciennement porté par les gens du peuple. Il avait réfléchi à la chose alors qu'il ne s'était pas vraiment posé la question au départ. Et finalement, il avait décidé de les garder longs. Il aimait voir son image changer dans le miroir, reflétant son évolution de l'été, celui qu'il était maintenant et qu'il voulait devenir, celui qu'il choisissait d'être. Il se sentait complètement différent, très heureux de cela, se sentant bien plus à l'aise avec lui même, dans son corps. Ses cheveux plus longs participaient à cela et cela l'amusait aussi de penser au pied de nez que cela aurait fait à Pétunia qui s'acharnait à toujours lui couper les cheveux pour ne pas qu'il ressemble à une racaille. C'était un peu énervé qu'il avait constaté que son réflexe de les couper venait certainement de là et non d'une préférence de style, cela l'encourageant un peu plus à les laisser longs. Zélémie s'était simplement chargée de les égaliser et de remettre en forme sa coupe, lui apprenant comment les coiffer.
En se regardant dans le miroir, il aimait l'image qu'il y voyait. Il avait l'air plus mature, plus fier, plus assuré, tellement différent de celui qu'il était deux mois plus tôt. C'était parfait. Il avait avancé, il avait changé et il avait repris sa vie en main. Prêt, il vérifia l'heure, constatant qu'il lui restait encore un peu de temps. Il en profita pour aller rendre visite à Buck et lui dire au revoir, se promenant dans son château qu'il peinait à laisser. C'était sa maison, sa première vraie maison, son premier vrai chez lui rien qu'à lui et ça ne signifiait pas rien. Ici, il y avait l'âme et la magie de sa famille qu'il n'avait pas pu connaître et cela lui faisait du bien, se sentant moins seul au monde grâce à ça. Lorsqu'il fut presque l'heure, il rejoignit le hall, y trouvant Arthur qui l'attendait avec ses elfes. L'homme était vêtu d'une de ces tuniques matelassée à l'air médiéval qu'il portait toujours, un pantalon de cuir et des bottes terminant. Il était toujours sobre, seule sa très belle épée toujours à sa hanche se faisant riche et magnifique. Et elle suffisait entièrement à embellir l'homme et à lui donner de l'ampleur, à le définir comme épéiste. Il salua ses elfes qui avaient les larmes aux yeux devant son départ, les rassurant comme il pouvait, leur rappelant de ne pas hésiter à le contacter s'il y avait quoi que ce soit. Il prit le temps de les réconforter avant de se redresser. Il rétrécit sa belle malle pour la glisser dans sa poche, s'assurant ensuite que Hedwige était bien dans sa cage. Elle somnolait tranquillement et il fit apparaître une étoffe pour la couvrir et lui permettre de continuer à dormir, l'insonorisant pour qu'elle soit tranquille. Il sourit en la regardant se blottir dans ses plumes confortablement, fermant complètement le tissu.
- Vous êtes prêt ? demanda tranquillement Arthur lorsqu'il se redressa.
- Je le suis, assura-t-il avec confiance en le faisant sourire.
L'homme approuva et il disparut pour réintégrer sa bague. Autour de son doigt, le dragon se réchauffa un peu, s'animant et remuant comme pour se blottir contre sa peau avant de s'immobiliser. Il sourit à cela, sentant la présence d'Arthur avec lui et cela le rassurait beaucoup. Il prit délicatement la cage d'Hedwige, souriant à ses elfes en leur assurant que les vacances de Noël seraient vites là, puis il disparut, transplanant. Ce fut sur le quai neuf trois quart qu'il réapparut, le bruit et le monde le frappant immédiatement. Il s'était habitué au calme et à la tranquillité de son château et retrouver cette agitation n'était pas très plaisant. Il se dépêcha donc de se diriger vers le train, marchant avec assurance, se tenant droit et fier, illisible. Il ne regarda pas autour de lui, ignorant le reste pour monter dans le train. Il n'était ni tôt ni tard et s'il y avait du monde sur le quai, le train commençait à peine à se remplir. Il n'eut donc aucun mal à trouver un compartiment libre, s'y installant, refermant. Il vérifia que Hedwige allait bien avant de la laisser tranquille et de s'asseoir. Il sortit sa baguette pour faire apparaître l'un des livres de sa malle, se réjouissant de ne plus avoir la Trace, la chose vraiment pratique. Il camoufla la couverture et le contenu de son livre de loi, ne voulant guère partager sa lecture avec qui que ce soit, ni que l'on voit sur quoi il pouvait travailler. Son soucis de garder sa vie privée privée était plus exacerbé que jamais, certainement amplifié par tout ce que la presse et son entourage lui faisaient vivre depuis des années, voulant toujours tout savoir de lui pour le crier sur les toits. Désormais, il était bien décidé à garder tout ça pour lui à moins d'être sûr que la personne ne le répéterait pas à qui que ce soit sans son accord. Et il n'était certainement pas sûr de ça avec ses amis.
Il s'installa donc confortablement, ignorant le ballet des étudiants dans le couloir, pas un ne venant l'embêter pour son plus grand bonheur. Il n'était clairement pas contre être tranquille jusqu'à être au château. Lorsque le train démarra, il était toujours seul, en paix, plongé dans sa lecture pour bien la comprendre, restant pourtant vigilent sur ce qu'il se passait, aux aguets comme depuis toujours. C'était devenu naturel pour lui, sa sécurité toujours précaire. Avoir efficacement appris à se défendre et se protéger avec Bastide l'avait pourtant apaisé. Il avait encore beaucoup de progrès à faire mais il ne se sentait plus aussi faible et impuissant. Désormais, il savait comment réagir et cela était très rassurant. Si seulement l'Ordre et les autres lui avaient appris cela avant… Il ignora les nombreux allées et venues dans le couloir, plongé dans sa concentration d'étude développée cet été. Malgré son état de santé et son traitement, jamais il n'avait étudié aussi efficacement, jamais il n'avait été si concentré avec une mémoire aussi efficace, un esprit si logique et vif et il se demandait si avoir brisé le lien avec Voldemort ne lui avait pas libéré l'esprit et ses capacités cérébrales. Si autrefois il décrochait vite, il pouvait se concentrer efficacement bien plus longtemps aujourd'hui, se demandant si motivation nouvelle à apprendre, sa curiosité devenue immense en tout domaine, n'y étaient pas pour quelque chose. Mais ce n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Rien dans son évolution de l'été ne lui déplaisait, très loin de là et il comptait bien continuer sur cette voie.
Ce fut au bout d'une demi heure de trajet, alors qu'il avait pensé être tranquille pour le voyage, que sa porte s'ouvrit soudain brusquement, en grand, sans que personne ne lui ait demandé son avis. « Impoli » fut aussitôt le mot qui lui vint à l'esprit, agacé par ces manières. S'il avait déjà apprécié la politesse avant, c'était encore plus le cas depuis qu'il avait cours avec Zélémie lui enseignant toutes les subtilités et signification de ce qui relevait d'un art véritable pour elle.
- Harry ? fit une voix forte et surprise qui lui fit intérieurement grincer des dents.
Il releva la tête de son ouvrage pour découvrir Hermione à la porte, Ron et Ginny derrière elle. Ils le regardaient l'air étonnés, comme ne croyant pas ce qu'ils voyaient.
- Bonjour Hermione, salua-t-il. Ron, Ginny, ajouta-t-il avec un signe de tête.
Il y eut une seconde d'immobilité avant que le visage de la brune ne se peigne de colère de la même manière qu'il l'avait fait avant qu'elle ne frappe Malfoy en troisième année. Elle entra, Ron et Ginny en faisant de même derrière elle l'air tout aussi énervés. Il se tendit d'instinct, sentant le danger et il eut raison. Hermione fut devant lui en deux pas, levant une main dans l'intention manifeste de le gifler. Harry sentit la fureur monter en lui à cela. Hermione et les autres savaient, de manière légère certes mais ils savaient qu'il avait été victime de violence chez lui en plus de ce qu'il avait vécu. Qu'elle pense à le frapper le révoltait par cela mais aussi par le simple fait de frapper une personne dont on se disait l'ami, comme n'importe qui d'ailleurs. Fort de ses réflexes de combats acquis grâce à Arthur et Bastide, il arrêta sa main à une vingtaine de centimètres de son visage, attrapant son poignet d'une main ferme alors qu'il sentait l'anneau d'Arthur chauffer légèrement, sentant son énervement devant la scène qui avait assurément suivis de sa place. Un instant de stupéfaction dans le compartiment devant son geste vif et il releva un regard froid sur la jeune fille :
- Je peux savoir ce qui te permet de lever la main sur moi ? demanda-t-il.
Elle détourna un instant le regard sous l'intensité du sien, tirant sa main de sa prise. Ce fut Ron qui reprit la parole, s'avançant près d'Hermione comme sa sœur de l'autre côté :
- Merde Harry ! s'exclama-t-il. T'étais passé où ?! Pourquoi tu n'as pas répondu à nos lettres ?!
- J'ai répondu à vos lettres, dit-il le ton plat.
- Tu n'as répondu qu'à la première ! fit Ginny. Est-ce que tu as une idée du bazar que tu as mis ?! À quel point on s'est inquiété ?!
- Je n'ai répondu qu'à vos premières lettres simplement parce que toutes les autres étaient quasiment identiques en contenu bien que le ton se soit dégradé, remarqua-t-il. Je n'avais pas envie de me répéter encore et encore. Si vous n'avez pas su accepter ma réponse première, je n'y peux rien. Je vous ai expliqué ce que je faisais, je vous ai expliqué que j'avais besoin de temps pour moi et que je voulais être laissé tranquille. Je n'ai pas à me justifier davantage. Quand au bazar sois disant ? Quel bazar ? Je n'étais pas censé faire quoi que ce soit avec qui que ce soit cet été. Je n'avais rien de prévu. Si vous vous êtes inquiétés, j'en suis désolé mais il n'y avait pas de quoi.
- Tu rigoles ?! fit Ron. Tu as disparu sans prévenir ! Avec tout ce qu'il se passe en ce moment !
- Et je vous ai expliqué que j'étais en sécurité dans un endroit sûr et qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire, remarqua-t-il.
- Pourquoi tu n'es pas venu au Square ?! Pourquoi tu ne nous as pas prévenu ?! questionna Hermione accusatrice. Pourquoi tu n'as pas voulu nous dire où tu étais ?!
- Hermione, qu'est-ce que tu ne comprend pas dans « Je veux être seul pour faire mon deuil de mon parrain, réfléchir et prendre du temps pour moi » ? Je voulais être seul. Je n'ai pas à me justifier auprès de vous de mes allées et venues pendant l'été, je n'ai pas à vous dire où je passe mon temps. Et c'est aussi pour rester tranquille et en sécurité que je n'ai dit à personne où j'étais. Cela a bien fonctionné puisque j'ai été tranquille tout l'été. Sirius était à peine mort. Tu crois vraiment que j'avais envie d'aller au Square ? C'était sa maison. Je n'avais pas besoin de ça.
- Ce n'est qu'une excuse Harry, répondit-elle sévère. Tu as été égoïste, imprudent, irresponsable… Tu t'es mis en danger pour rien ! L'Ordre tout entier t'a cherché partout ! Tu n'imagines pas le soucis que tu as donné à tout le monde ! L'énergie qu'ils ont déployé pour toi ! Dumbledore était très inquiet !
- Je n'en n'ai que faire, dit-il en les figeant. Si l'Ordre a décidé de me chercher alors que je leur ai dit que j'allais bien, que j'étais en sécurité et que je voulais être seul, ce n'est pas mon problème. C'est leur choix. D'autres m'ont écris pour savoir, je leur ai donné la même réponse qu'à vous et ils n'en n'ont pas fait un drame. Ils ont compris, m'ont fait confiance et m'ont laissé en paix. Incroyable que vous, vous ne pussiez pas le faire. Tu oses me qualifier d'égoïste ? fit-il ensuite. J'ai perdu la dernière famille qui me restait Hermione. J'ai perdu ma famille ! insista-t-il. Qu'est-ce que vous croyez ?! Que vos petites tapes sur l'épaule et vos « ça ira vite mieux » m'auraient aidé à digérer ça ?! fit-il froidement. Je venais à peine de retrouver Sirius et je l'ai perdu presque immédiatement à cause de cette maudite guerre. Je n'ai même pas eu le droit d'aller à son enterrement ! J'avais entièrement le droit de prendre du temps pour moi et pour faire mon deuil. Tu ne sais pas ce que c'est que de perdre sa famille, aucun de vous ne sais. Vous n'avez jamais eu à perdre qui que ce soit ! Vous n'avez aucun droit de me juger sur cela. Et j'ai justement pris toute les précautions pour ma sécurité. Qu'est-ce que vous croyez ?! Que je ne sais pas que Voldemort et ses mangemorts sont après moi ? Après ce qu'il s'est passé au Ministère ? Que j'ai envie qu'ils me tombent dessus ? Vous me prenez vraiment pour un tel imbécile ?
Il y eut un moment de silence tendu dans le compartiment, aucun ne soutenant son regard lourd :
- Si c'est pour me parler de la sorte, vous pouvez vous en aller, gronda-t-il. Je n'ai pas à me justifier auprès de vous pour ce que je fais pendant l'été. Je n'ai strictement rien fait de mal, je n'ai mis personne en danger et je n'ai rien demandé à personne. Vous n'avez aucun droit de me tenir un tel discours ou de me reprocher quoi que ce soit. C'est vous les égoïstes. Vous n'avez pensé qu'à vous et ce que vous vouliez sans jamais vous inquiéter de ce que je pouvais ressentir et vivre ! Il est hors de question, totalement hors de question que je me laisse sermonner ainsi par vous. Alors soit vous en restez là, soit je vous mets dehors. C'est clair ?
- Mais enfin qu'est-ce qu'il te prend Harry ? fit Ginny l'air choquée.
- Ce qu'il me prend ? C'est à vous que je devrai demander cela, répondit-il. Qu'est-ce qu'il vous prend d'essayer de me frapper et de me hurler dessus ainsi, de m'insulter sans aucune raison valable ? Pourquoi je devrais tolérer ça Ginny ? Dis le moi.
- On s'est inquiété, bredouilla-t-elle.
- Et ça vous donne le droit de me hurler dessus ? De me harceler de lettres m'ordonnant carrément de vous obéir sans égard pour ce que moi je veux ? Pour ce dont moi j'ai besoin ? Vous ne dirigez pas ma vie et vous n'avez pas autorité sur moi. Que vous vous inquiétez, je peux le comprendre. Cela ne m'empêche certainement pas de mener ma vie comme je l'entend et ça ne m'oblige en rien à vous donner tout les détails de ce que je fais. J'étais triste, j'étais mal et j'avais besoin de temps pour moi. Je n'ai pas à me justifier ni à expliquer quoi que ce soit et vous n'avez aucun droit de me sermonner de la sorte.
- Nous voulions juste un explication Harry, fit Hermione plus calme devant sa froideur.
- Et ça ne te donne pas le droit de me frapper, de m'insulter, de me juger, de m'attaquer ou de me hurler dessus de la sorte Hermione. Tu pouvais simplement poser la question. Maintenant, soit vous arrêtez votre cinéma, soit vous sortez, commanda-t-il.
Sans un mot de plus, il retourna à sa lecture, calme et froid d'apparence, fulminant un peu intérieurement. Mais il savait parfaitement se contrôler maintenant. Il retourna à son livre, ignorant totalement les trois autres. Il y eut un moment de silence et d'immobilité autour de lui avant que le trio ne prenne finalement place sur les banquettes. Une ambiance inconfortable perdura un moment, Harry s'en fichant complètement, préférant lire. Ce fut Ron qui ouvrit la bouche le premier, Harry sentant vite un nouveau conflit arriver :
- Eh mec, c'est quoi ces fringues ? demanda-t-il l'air soudain détendu.
- Ce sont mes habits Ron, répondit-il platement sans relever le regard de son livre.
- Tu rigoles ? Tu nous fait quoi ? On dirait Malfoy en mode sang-pur snob, rit-il.
- Jusqu'à preuve du contraire, je m'habille comme je le désire, dit-il simplement. Et Malfoy n'a pas le monopole de la chemise et du pantalon droit.
- Tu vas pas rester habillé comme ça j'espère ? fit le roux.
- Je resterai habillé comme ça autant que je le voudrais Ron. Ça ne te convient pas ? Et bien tant pis. Moi ça me convient parfaitement et ça me plaît.
- Depuis quand tu t'habilles comme ça ? Depuis quand tu as ce genre de vêtements ? Et depuis quand tu as les cheveux longs ?
- Cet été, répondit-il simplement doucement agacé par l'interrogatoire.
- Mais enfin Harry, c'est complètement indécent de s'habiller comme ça, fit Ginny.
- Pourquoi ? Je m'habille comme j'en ai envie. Il n'y a rien d'indécent dans ma tenue.
- Harry, tu ressembles à un de ses salopard de sang-pur mangemort stupides et arrogants, snobs et qui se croient au dessus de tout, fit Ron.
- Premièrement, tout les sang-purs ne sont pas des mangemort Ron. Deuxièmement, si une tenue comme celle là suffit à me qualifier ainsi alors les gens sont stupides et je n'en n'ai que faire. Je m'habille comme ça me plaît.
- Pourquoi tu as les cheveux longs ? questionna Ginny.
- Pourquoi je dois subir cet interrogatoire ? demanda-t-il durement. Je fais encore ce que je veux avec mes vêtements et mes cheveux. Maintenant, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis en train de lire et j'aimerais pouvoir lire en paix.
Il y eut un nouveau moment de silence avant que Hermione ne reprenne :
- Qu'est-ce que tu lis ? demanda-t-elle.
- Quelque chose qui m'intéresse et sur quoi j'aimerais pouvoir me concentrer, répondit-il.
Il se tut ensuite, se focalisant sur son ouvrage, un peu agacé. Tout trois lui demandaient des comptes qu'ils n'étaient pas en droit de réclamer, l'énervant. Mais en plus, aucun ne s'inquiétait réellement de comment il allait, montrant bien où se trouvait leur intérêt à ses yeux. L'ambiance resta lourde et tendue autour de lui et il eut envie de se retrouver seul, sentant les regards scrutateurs et pleins de jugement sur lui. Cela n'était pas nouveau, loin de là, même venant de ses amis mais aujourd'hui, il n'était plus disposé à l'accepter bien gentiment sans montrer son désaccord.
