Mage Seigneurial

Chapitre 17 :

Tentative désespérée

Ce fut quelques jours après avoir discuté des duels aériens avec Bibine qu'ils firent leur premier entraînement. La dame l'avait emmené en forêt, dans une zone escarpée pleines d'arbres géants, de branchages fournis si on montait. Un très bon endroit pour s'entraîner. C'était assez loin pour que personne ne les suive ou ne les remarque. Ils commencèrent et Bibine avait assuré qu'elle piégerait l'endroit sans le prévenir prochainement pour qu'il apprenne à s'y faire. Ils y avaient passé l'après midi et Harry avait adoré ça, s'amusant comme un fou à piloter ainsi. C'était épuisant mais ça faisait franchement du bien aussi.

Ce week-end là, le premier match de quidditch de Gryffondor avait lieu, contre Serpentard. Ce fut une véritable réussite pour le nouveau capitaine et son équipe. Comme toujours, le match avait été acharné mais ils avaient gagné avec un très bel écart lorsqu'il avait attrapé le vif. Son équipe avait été remarquablement efficace et il avait été très fier. McGonagall avait été presque sautillante de joie et on avait fait la fête à Gryffondor, comme toujours. Il s'était permis d'y participer, se disant qu'un peu de détente ne ferait pas de mal. Et puis, il était capitaine, ce n'était pas comme s'il pouvait réellement s'éclipser lorsqu'on fêtait la victoire de leur équipe. En revanche, il avait fait bien attention à ne pas prendre d'alcool, les adolescents très doués pour en faire entrer en douce, et de ne pas manger n'importe quoi.

Le match ayant été une réussite sans qu'ils ne soient sur le terrain, Ron et Ginny s'étaient fait encore plus exécrables. Ils semblaient s'être persuadés qu'ils allaient perdre lamentablement et qu'il les supplierait de venir en équipe principale. Grotesque. Seulement cette fois, la coupe avait été pleine pour Harry. Aussi, il était allé voir McGonagall et Bibine pour leur en parler comme capitaine. Toutes deux savaient déjà quel comportement ils avaient et l'équipe entière en avait fait la remarque comme plusieurs autres Gryffondor suivant les entraînements. Elles savaient aussi que le capitaine avait prévenu, avait été patient et leur avait laissé une chance de changer. Mais rien n'y avait fait. Aussi, avec lui, elles consentirent à les exclure de l'équipe de réserve et à lui permettre d'organiser de nouvelles sélections exceptionnelles pour les remplacer.

L'explosion de colère des deux Wealsey avait été mémorable mais rare étaient ceux à Gryffondor qui n'avaient pas approuvé. Il fallait dire que cette année, le Survivant avait la côte même si être devenu lord lui avait valu la désapprobation de certains. Seulement, ils comptaient aussi sur lui pour Voldemort alors ils se taisaient de peur de le froisser. En revanche, Hermione, Ron et Ginny en agaçaient plus d'un. Mais ils purent protester autant qu'ils le voulaient, rien n'y fit. Rapidement, Dumbledore avait demandé un rendez-vous pour en parler, un tel renvoi d'une équipe rare. Il y était donc allé avec McGonagall et Bibine. Ils avaient rejoint le bureau du directeur pour ce faire et ils y avait retrouvé les autres directeurs de maisons en plus de Dumbledore. Ils entrèrent et se saluèrent alors que la porte se refermait.

- Encore une fois, c'est un rassemblement quel que peu exagéré pour une question aussi simple, remarqua Harry.

- Je trouve aussi, gronda Snape de manière étonnante. Cela ne me concerne pas.

- Cela concerne toutes les maisons puisque cela pourrait créer un précédent.

- Ce n'est pas la première fois que des membres d'une équipe sont renvoyés, nota Bibine.

- C'était il y a bien longtemps et pour des raisons autrement plus graves.

- Quand bien même, remarqua Harry. Ils ont été renvoyés parce que leur comportement est inqualifiable.

- Es-tu certain que ce n'est pas une vengeance pour vos récentes disputes ? demanda-t-il.

- Ce n'est pas le cas, trancha-t-il platement.

- Je ne l'aurais pas approuvé sans bonnes raisons, remarqua McGonagall offusquée.

- Il semble que vous ayez tendance à favoriser Harry cette année, posa-t-il en la faisant gonfler de colère.

- Je vous demande pardon ? fit froidement Harry. Parce que vous ne favorisez personne peut-être ? Il m'a fallu du temps pour me rendre compte de vos injustices dont j'ai profité sans le réaliser mais c'est fini. Vous n'avez fait que me favoriser aux dépends des autres et surtout des Serpentard et c'est récurrent chez vous de favoriser ceux qui vous arrangent sans avoir à rendre de compte à personne. Seulement, n'allez pas croire que personne ne le voit, tout le monde le voit même s'ils ne disent rien. Et vous osez l'accuser de la sorte alors qu'elle a été parfaitement équitable et n'a fait que son devoir ? Encore une fois, vous ne faîte ceci que parce que cela vous arrange. Ronald et Ginny font partis de vos chouchous entre autre parce qu'ils participent à l'Ordre et en conséquence, vous les favorisez. Ils ont fait leur cinéma pour rester dans l'équipe et surtout passer en principale. Et vous avez convoqué ceci aussi parce que vous avez un problème avec moi. Une fois de plus c'est personnel et parce que ça vous convient ainsi.

- J'en suis navré si tu penses qu'il y a un problème entre nous Harry.

- Je vous ai demandé de ne plus utiliser mon prénom et d'arrêter d'être aussi familier avec moi. Quand au problème, si vous ne le comprenez pas vous êtes beaucoup plus stupide que votre réputation le laisse penser.

- Monsieur Potter, fit Chourave choquée.

- Navré professeur mais il faut bien que quelqu'un le dise un jour, répondit-il calmement. Pour ce qui est de cette affaire. Ron et Ginny ont passé les sélections et ont eu dans l'équipe la place qu'ils méritaient comparés aux efforts des autres autour d'eux. Ils pensaient avoir un passe droit par leur lien avec moi, ce que je n'ai pas permis. Ensuite, ils se sont montrés absolument infects et en dessous de tout à ce propos aussi bien au sein de la maison qu'aux entraînements. Ils insultent et maltraitent les autres membres de l'équipe et les rabaissent en se croyant meilleurs. Ils ne font aucun effort, ne s'entraînent pas sérieusement et tentent même de saboter discrètement certaines choses en espérant avoir une place. J'ai dû arrêter plusieurs accidents qu'ils ont failli provoquer au dernier entraînement avant le match parce qu'ils espéraient blesser un joueur de la principale pour prendre sa place au match, révéla-t-il en surprenant les trois autres chefs de maisons. Je les ai rappelé à l'ordre de nombreuses fois et je les ai prévenu des conséquences s'ils continuaient. Ils ont eu plusieurs semaines pour rectifier mais ils ont au contraire décidé d'empirer les choses. C'est assez maintenant. D'autres à Gryffondor seraient ravis d'avoir leur place et de s'investir, en ont le niveau et ne seraient pas des nuisances à l'équipe, des dangers même.

- J'ai pu constater tout cela, posa Bibine. Et toute l'équipe s'est plainte de leur comportement comme les Gryffondor qui suivent les entraînements. J'ai vu monsieur Potter empêcher des accidents au dernier entraînement. Des accidents qui auraient pu être très graves et qu'ils ont de toute évidence sciemment provoqué. Je trouve que monsieur Potter a même été plus que patient avec eux. Je les aurais exclus bien avant.

- Si cela ne justifie pas leur renvoi, je me demande ce qu'il faut, posa Harry.

- Je suis d'accord, approuva Flitwick. Le quidditch est fait pour s'amuser et pour le sport, pas pour qu'une telle ambiance ou de tels agissement aient lieux. C'est plus que suffisant pour justifier cette décision.

Chourave approuva et Snape ne dit rien.

- Est-ce tout ? questionna le jeune lord.

- Ce n'est pas toi qui décide quand nous en avons fini Harry, réprimanda le directeur.

- Non, mais je décide quand je m'en vais, répondit-il. Professeurs, salua-t-il poliment à l'égard des autres.

Il fit ensuite demi tour et quitta la pièce en refermant derrière lui.

- Et vous allez me dire qu'il n'a pas changé Minerva ? fit Dumbledore.

- Bien sûr qu'il a changé Albus, répondit-elle sévèrement. Tout les adolescents de son âge changent plus ou moins. Comment pourrait-il ne pas changer après tout ce qu'il a vécu et va certainement encore vivre en le sachant parfaitement ? La question n'est pas de savoir s'il a changé mais en quel sens. Un sens qui ne vous convient peut-être pas mais qui n'en n'est pas moins une bonne chose. Il est plus indépendant, plus responsable, plus sûr de lui et de ce qu'il veut, plus prudent, plus sage et plus éclairé. Il travaille très dur tout les jours et s'octroie à peine quelques pauses dans une semaine. Il est exemplaire et il passe beaucoup de temps à rassurer les autres élèves au sujet de la guerre. Beaucoup comptent sur lui même s'ils ne devraient pas parce que ce n'est pas à lui de gérer ça. Pourtant, il s'est fait pilier pour eux. Il est irréprochable, toujours calme. Il a pris sa vie en main. Il n'y a rien de mal là dedans au contraire. Il n'a fait qu'évoluer Albus et pour moi, il l'a fait de merveilleuse manière. J'ai beaucoup discuté avec lui. Cela ne vous plaît peut-être pas mais il n'y a rien de mal.

- Que vous a-t-il dit ?

- Rien de plus qu'à vous. Il n'a fait que développer un peu plus ce que la mort de Sirius lui a fait traverser et ce qu'il ressentait. Il n'est plus un enfant qui vous idolâtre Albus, il faudra vous y faire.

Elle s'en alla ensuite et Rolanda la suivit, comme Filius et Pomona, Severus leur emboîtant le pas quelques secondes plus tard. Et bien évidemment, le renvoi de Ron et Ginny ne fut pas réfuté.

Dimanche matin, Harry avait pris ses précautions. Grâce à la boîte enchantée pour la nourriture de ses elfes, il avait prévu un petit-déjeuner d'avance. Ainsi, il n'eut pas à sortir de la salle sur demande après son entraînement avec Arthur. Il se contenta de quelques sorts pour se rafraîchir et se changer avant de s'installer pour manger.

- Vous avez l'intention de garder cette salle rien que pour vous aujourd'hui ? s'amusa son ami.

- En effet. J'ai à faire et c'est devenu presque impossible de l'avoir en journée. C'est à se demander ce qu'ils viennent tous faire ici.

- Ce que font les jeunes gens de leur âge en cachette, répondit l'épéiste. Boire, flirter, essayer des sorts qu'ils ne peuvent pas, se cacher pour sécher un cours… Ce ne sont pas les options qui manquent, rit-il. Cela ne vous a jamais effleuré l'esprit ?

- Non. Je ne viens que si j'ai vraiment besoin de la salle pour une bonne raison.

Arthur eut un sourire triste, obtenant encore une fois la preuve qu'il ne s'amusait pas comme un jeune homme de son âge le devrait.

- Et pourquoi en avez vous besoin aujourd'hui ?

- Cela ne va pas vous plaire, admit-il. Je vais regarder la mémoire de Voldemort.

- Quoi ?! Harry non. Vous n'avez pas à faire ça.

- Si. C'est nécessaire. Ce ne sera pas agréable mais il y a bien plus en jeu. Je dois confirmer l'existence des horcruxes, savoir combien il y en a et où. Je sais déjà comment éviter au mieux de regarder ce que je ne veux pas mais je ne peux pas l'ignorer de toute façon. Un jour ou l'autre, je devrais y faire face. Aucune magie n'enferme les souvenirs pour toujours et je détruirai mon esprit en effaçant une telle masse de mémoire. Je vais devoir faire avec. Et puis, c'est ce qu'il s'est vraiment passé. Au moins, si je dois voir ses crimes, je pourrais aussi me souvenir de ceux à qui il l'a fait, pour ne pas les oublier. Il y a eu beaucoup de disparus et peut-être que je pourrais dire aux familles ce qu'il s'est vraiment passé si Tom le sait. J'ai décidé de voir ça comme ça. Ce sera difficile et je ne veux pas le voir mais on ne peut pas regarder que ce qui nous convient.

Arthur le regarda un moment sérieusement, avant de soupirer :

- Vous avez raison, même si ça ne me plaît pas du tout en effet. Mais faîte au mieux pour ne regarder que ce que vous avez besoin de voir. Inutile de vous imposer d'autres choses si vous pouvez l'éviter.

- Bien entendu, s'amusa-t-il.

- Je veillerai sur vous pendant ce temps.

- Merci Arthur. Je vais déjà essayer de confirmer leur existence aujourd'hui et peut-être voir combien et quoi. Je devrais pouvoir voir tout cela dans quelques souvenirs. Ce serait déjà bien pour aujourd'hui.

- Oui. Je ne sais pas quelle magie mémorielle vous allez utiliser mais ce sera fatiguant et éprouvant de toute façon. Il vaut mieux découper l'opération en plusieurs fois.

- Je vais y aller progressivement, approuva-t-il.

- Quelle magie ?

- Un rituel de lecture. C'est un peu complexe mais ça devrait me permettre, en me concentrant sur une chose précise, d'avoir directement les souvenirs qui s'y rapportent dans l'ordre chronologique. Donc, si Voldemort a entendu parler des horcruxes, j'imagine que ça commencera par le moment où il a trouvé ça.

- Certainement, dit-il en le regardant ranger ses affaires.

- Bien, allons-y. J'aimerai tirer ça au clair très vite.

- Que ferez vous une fois que vous saurez ? Prévenir l'Ordre ?

- Par Merlin non. Je ne serai même pas surpris que Dumbledore sache déjà et le garde pour lui. La seule chose que l'Ordre arriverait à faire c'est attirer l'attention de Tom sur le fait que nous savons et si cela arrive, il cachera ses horcruxes pour assurer sa survie.

- C'est vrai. Alors qu'allez vous faire ? Aller les chercher vous même ? fit-il gravement.

- Il le faut. Il est fort probable que Voldemort vienne pour moi et n'engage un combat sérieux que si je suis là. Lorsqu'il viendra et que je l'affronterai, parce que ça va arriver, je voudrai en finir en une fois et ne pas avoir à recommencer quelques années plus tard. Avec un peu de chance, un seul suffira. Il n'y en a peut-être qu'un d'ailleurs. Mais s'il y en a plus… Il y a un sort dans les livres Peverell qui exploite un lien d'âme pour faire venir ceux qui sont liés. C'est censé ne fonctionner qu'avec ceux qui sont volontaires pour venir et uniquement si le lanceur le veut. J'espère pouvoir faire venir les autres horcruxe directement grâce à lui en me concentrant juste sur les objets.

- Si cela doit être volontaire, est-ce que ça marchera avec un horcruxe ? Vous avez dit que malgré tout, ces choses ont une certaine volonté.

- Je ne sais pas, mais ça vaut la peine d'essayer. Au pire cela échouera sans conséquence. Mais si ça marche, ça nous évitera de courir après chacun d'entre eux.

- C'est vrai. Et si cela fonctionne ?

- Je les enfermerai dans un coffre sceau pour les neutraliser et empêcher qui que ce soit d'autre de les reprendre. Puis il faudra trouver comment les détruire. Si j'ai raison et que le journal était bien un horcruxe, ça nous apprend que les basilics peuvent les détruire.

- Mais ça ne cour pas les rues.

- En effet mais au pire, on sait comment en faire naître un.

- Et comme vous êtes fourchelang, vous devriez pouvoir le contrôler.

- M'en faire un ami serait plus appréciable, sourit-il en l'amusant.

- Bien, vous semblez avoir bien préparé la chose. Mais s'il vous plaît laissez moi vous accompagner pour le faire. Juste pour veiller.

- Si vous voulez.

- Avez-vous déjà un coffre sceau ?

- J'en ai dans mes inventaires d'héritage mais j'ignore s'il ne sont pas déjà occupés. Je verrai ça aux prochaines vacances.

- Avismark peut certainement en faire un. Il est artisan non ? Et ce genre d'objets sont des jeux d'enfants pour les gobelins. Il devrait pouvoir vous faire quelque chose d'assez puissant pour contenir n'importe quoi. Les gobelins sont forts pour ça. Leurs coffres à Gringotts sont fait avec ce savoir faire.

- Je lui demanderai si besoin.

Il se leva ensuite pour rejoindre le centre de la salle, sortant sa baguette pour tracer un cercle magique complexe au sol.

- Cela devient une habitude les cercles magiques, s'amusa Arthur.

- Avant, je savais qu'ils existaient mais pas du tout comment m'en servir et encore moins à quoi ils servaient. C'est complexe c'est certain mais c'est aussi très pratique. La magie est bien plus stable avec ça. C'est contraignant mais pour certaines choses c'est très utile.

- Les cercles magiques sont fait pour mêler plusieurs sorts en même temps, pour lancer des magies très élaborée et ils stabilisent l'énergie, l'ancrent. C'est le mieux pour ce genre d'opération. C'est inutilisable en pleine action par que c'est immobile mais pour ça... Et vous avez la chance d'avoir des livres qui en décrivent de très puissants. C'est très rare ce genre de chose.

- Autant en profiter, s'amusa-t-il en s'installant au centre.

Il prit le temps de relire la procédure et le fonctionnement de la chose, Arthur venant s'asseoir en face de lui hors du cercle, prêt à surveiller.

- Est-ce qu'il y a un moyen pour moi de tout stopper si ça dérape ? demanda l'esprit gardien inquiet.

- Je crains que non. Je suis le seul à contrôler la magie du rituel. Mais je peux y mettre fin quand je veux alors ne vous en faîtes pas. Si j'en ai besoin, je peux sortir des souvenirs.

- Quoi que vous verrez, si cela devient difficile, n'hésitez pas à arrêter, pria Arthur. Je ne dis pas qu'il faudra renoncer mais si vous avez des choses difficiles à voir, mieux vaut faire des pauses et vous laisser le temps de digérer, d'en parler… Même si vous arrivez à ne voir que ce qui concerne les horcruxes, la créations de ces choses nécessite des meurtres que vous verrez certainement. Cela sera bien assez traumatisant comme ça alors ne vous imposez pas de tout voir d'un seul tenant. Je sais que cette information est importante à obtenir mais donnez vous un peu de temps. Pour l'instant, même si les choses sont précaires, il n'est pas encore nécessaire de vous imposer ça.

- Je vais faire attention. Pour aujourd'hui, je vais déjà voir si j'ai fait les bonnes déductions, s'il connaît les horcruxes et s'il a pu avoir le projet d'en créer. Ce sera déjà bien pour une première si j'y arrive.

- Ce serait mêmeformidable, approuva-t-il. Vous vous fixez souvent de trop gros objectifs, s'amusa-t-il.

- Peut-être, avoua-t-il. Allons-y, dit-il en s'efforçant de se détendre.

Il respira et prit un moment pour se concentrer sur ce qu'il voulait en premier lieu : savoir si Tom connaissait l'existence des horcruxes et s'il avait pu vouloir en faire quel que chose. Une fois focalisé sur son but, il sortit sa baguette pour énoncer clairement l'incantation d'activation du rituel. Une seconde plus tard, il se sentit aspiré dans son propre esprit, un peu à la manière dont il pouvait le faire volontairement lorsqu'il s'exerçait puissamment à l'occlumencie. Une image apparut et il eut l'impression de se retrouver dans le corps de quelqu'un d'autre, dans la peau de Tom. Il avait un livre ouvert dans les mains, son doigt pointant un mot sur une page : horcruxe. Il devait s'agir de l'instant où il avait découvert cela dans ce livre. Rien que cette image confirma à Harry qu'il connaissait les horcruxes. Il se concentra pour suivre, découvrant peu à peu l'environnement autour de lui. Il s'agissait visiblement de la Réserve de Poudlard. Il suivit Tom qui lisait le passage parlant des horcruxes et de Herpo l'infâme. C'était bien moins précis que dans l'Avelia mais c'était bien assez pour comprendre ce dont il s'agissait et comment faire.

Tout en suivant le souvenir, Harry se mit à réfléchir. Tom avait découvert cela à Poudlard, donc très tôt dans sa vie. Pour le moment, il était impossible de savoir quel âge avait Tom mais vu ses mains sur le livre, il était jeune. Le livre se referma soudain, révélant le titre : « Secrets les plus sombres des forces du mal. » Il ignorait que Poudlard avait ce genre de livre mais ce n'était pas important. Il se concentra plutôt sur la date de ce souvenir pour rapidement voir un journal sorcier daté du début de l'année 1942, donc lorsque Tom était en quatrième année. Il continua à rester concentré sur le sujet des horcruxes. Il vit défiler des images, des émotions, des pensées… Très vite, il avait pu confirmer qu'il s'agissait bien des souvenirs de Tom, voyant son nom sur ses affaires, les gens autour de lui l'appeler et son reflet dans un miroir termina de lui montrer qu'il était bien question de lui. Il vit Tom chercher à se renseigner sur le sujet, enthousiaste, très enthousiaste même, sa peur de la mort déjà flagrante, son ambition d'obtenir l'immortalité très présente. De toute évidence, Tom avait commencé à être ce qu'il était très jeune. Harry sentait la différence entre cette jeune version et celle d'aujourd'hui qu'il avait vu de près par le lien. L'esprit était différent, moins cruel mais encore plus manipulateur. Différent mais très ressemblant. Il retrouvait sans aucun mal Voldemort dans le jeune Tom. C'était l'esprit de manipulation et de jeu d'acteur qui était le plus flagrant dans ce qu'il ressentait, lui disant qu'à l'époque, Tom se cachait et tenait une image de très bon élève irréprochable.

Il regarda, écouta et ressentit, voyant l'idée faire très vite son chemin dans la tête de l'adolescent qu'il était à l'époque. Il vit le Poudlard de ces années là, les élèves et les professeurs qui l'entouraient. Dumbledore n'était pas si différent. La manière qu'il avait de regarder Tom était significative. Il semblait déjà se douter de quelque chose et Tom lui même pensait qu'il se doutait qu'il n'était pas franc, qu'il ne se montrait pas tel qu'il était réellement. Il fut bien obligé de ressentir ce que Tom ressentait : son ambition, sa froideur, son dédain des autres, son dégoût des autres, sa supériorité, son orgueil, sa cruauté, cette façon qu'il avait de voir tout les autres comme de la vermine, cette envie de s'élever au dessus de tous… C'était écœurant, très loin de son propre esprit.

Il vit qu'il avait parlé des horcruxes avec Slughorn qui semblait l'adorer mais il comprit surtout que oui, il avait fermement voulu fabriquer des horcruxes très tôt. Il avait ambitionné de fractionner son âme en sept, chiffre magique, et donc de créer six horcruxes en plus de la partie d'âme qui resterait en lui. Et il l'avait fait bien avant de quitter Poudlard. Harry se concentra sur la création du premier horcruxe et il vit alors toute l'histoire de la Chambre des Secrets de l'époque défiler, comment Tom l'avait découverte en faisant des recherches sur sa famille. Il vit comment il avait manipulé tout le monde, charmé le basilic de Salazar jusqu'à tuer Mimi. Son premier meurtre qu'il avait mené sans l'ombre d'un remord ou d'une hésitation, aimant ça, prenant ça comme une expérience amusante, une victoire, un premier objectif atteint. Il put voir comment il avait piégé Hagrid avec cela. Et enfin, il vit comment il avait créé le premier horcruxe du journal un peu plus tard sur la base de ce premier meurtre.

Ce fut là dessus que Harry se força à arrêter, écœuré par la mort de Mimi et surtout par les émotions cruelles et froides du sorcier, comme par l'horrible sensation provoquée par la création du horcruxe. Comment pouvait-on s'infliger ça ? Il cessa, se concentrant sur l'arrêt du rituel pour en sortir. Brusquement, il fut de retour à la réalité, secoué, ouvrant les yeux. Tout fut un peu trouble et étrange autour de lui le temps qu'il reprenne ses esprits et il tomba dans le regard inquiet d'Arthur devant lui. Il respira profondément, faisait refluer les sensations et les émotions, revenant à lui, se sentant un peu malade après cette expérience dérangeante.

- Est-ce que ça va Harry ? demanda l'esprit gardien avec douceur. Vous êtes atrocement pâle.

- Je vais bien, assura-t-il.

- Comment ça s'est passé ?

- Bien. J'ai pu voir ce que je voulais et seulement ce que je voulais.

- C'est une bonne nouvelle, remarqua-t-il avec soulagement. Qu'est-ce que ça donne ?

- J'avais raison. Voldemort a découvert l'existence des horcruxes quand il était en quatrième année, dans un livre de magie noire de la Réserve. Il a immédiatement voulu en savoir plus, puis, il a décidé d'en créer. Je l'ai vu créer ce fameux journal en cinquième année, après le meurtre de Mimi avec le basilic de la Chambre des Secret. C'était son premier mais il avait l'ambition d'en créer six pour avoir sept part d'âme en tout. Le chiffre magique a visiblement beaucoup d'importance pour lui. Je ne sais pas encore pour les autres, je me suis arrêté après le premier pour le moment.

- C'est un résultat au dessus de toute espérance pour une première, c'est très bien, approuva-t-il. Vous avez bien fait de vous en tenir là pour aujourd'hui. Cela fait déjà des heures que vous y êtes. Il est presque l'heure du déjeuner.

- D'accord. Juste le temps de faire le point et j'irai manger. Six, il voulait le faire six fois, remarqua-t-il avec effarement. Cela en sachant à quel point c'était dangereux pour sa propre âme. Il est vraiment obsédé par l'immortalité, depuis son plus jeune âge de ce que j'ai compris. Il est conscient des risques et de ce que ça lui inflige mais il se croit plus fort que n'importe qui, au dessus des conséquences.

- Classique d'un esprit tel que le sien, soupira Arthur.

- Oui. Néanmoins, il est aussi très conscient du risque. Il voulait en faire beaucoup mais il s'était fixé la limite des six et ne comptait pas aller au dessus. Je verrai dans les prochaines lectures s'il est resté sur cette idée. Mais on va partir sur six horcruxes pour l'instant. Cinq si on oublie le journal déjà détruit et en m'excluant puisque ce qu'il s'est passé avec moi n'était pas conscient de sa part. Il n'avait pas conscience de ce que j'étais avant la rupture du lien. Sinon, il n'aurait pas cherché à me tuer au risque de détruire sa propre âme et il ignorait ce qu'était le lien. La prochaine fois, j'essaierai de voir s'il a fait les autres qu'il envisageait.

- Oui mais une prochaine fois. Pour l'instant, faîte une pause. J'imagine que l'expérience n'est pas plaisante.

- Non mais je suis déjà familiarisé avec son esprit et ses émotions alors ça va. Je vais gérer tranquillement. Je sais à quoi m'attendre au moins, soupira-t-il. Quoi qu'il en soit, je crois que je sais pourquoi Dumbledore a fait venir Slughorn cette année.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas si Dumbledore sait pour les horcruxes exactement mais il se doute que Voldemort à fait quel que chose pour survivre. Il y a le fait qu'il a survécu après le sacrifice de ma mère, qu'il est revenu, le journal… Il sait qu'il y a un truc et il cherche sûrement. D'après ce que j'ai vu, Voldemort était plus ou moins proche de Slughorn à l'école. Slughorn l'adorait et il est allé lui poser ses questions sur les horcruxes et sur la manière de déchirer son âme. Il lui a demandé si diviser son âme en sept était possible. Pour ce que j'en ai vu, Slughorn est le seul avec qui il a parlé des horcruxes. Mais compte tenu de ce qu'il s'est passé ensuite, Slughorn l'a probablement gardé pour lui pour ne pas subir de vengeance. Il ne faut pas être un génie pour comprendre à quel point cette information est importante. Dumbledore se doute peut-être qu'il puisse savoir quel que chose et l'a fait venir pour tenter d'obtenir ces informations. Cela lui ressemblerait bien.

- Oui, ça se tient, approuva-t-il.

- En tout cas, ça expliquerait ce qu'il s'est passé avec moi. S'il l'a vraiment fait autant de fois qu'il l'avait prévu, cela a été largement suffisant pour rendre son âme instable. Un morceau a dû s'en détacher ce soir d'Halloween et se réfugier en moi, dit-il avec une grimace.

- Au moins vous savez à quoi vous en tenir maintenant. Et s'il y a eu ce morceau d'âme en vous, n'oubliez pas qu'il ne reste rien de Voldemort en vous désormais si ce ne sont ces souvenirs. Mais c'est vous qui contrôlez, pas lui.

- Oui, approuva-t-il. Quel que part, c'est une bonne chose. Si je n'avais pas su pour les horcruxes, cela aurait été dramatique. Même en le battant, il serait revenu encore et encore. Il faut que je m'occupe de ça. Je vais voir ce qu'il a créé et essayer de les localiser. Et je vais étudier les livres Peverell pour voir comment les récupérer et les détruire en sécurité.

- Nous vous aiderons de notre mieux pour cela. On ne peut pas vous aider pour regarder ces souvenirs mais nous pouvons pour le reste et nous le ferons sans faute.

- Merci Arthur, sourit-il.

- Ce n'est rien. Vous êtes d'un tel courage Harry. Rien ne vous oblige à faire tout cela pourtant, vous le faîte et je sais que ce n'est pas uniquement pour vous.

- Je ne veux pas qu'il gagne ou qu'il fasse plus de mal. Je ne veux plus travailler avec l'Ordre ou me jeter dans la gueule du loup mais je ne peux décemment pas ignorer tout ça en restant caché. J'en suis incapable.

- Et c'est rare, posa-t-il. Nous vous soutiendrons parce que tous doivent se sentir concernés. Nous faisons tous partie de cette société. Cette guerre est l'affaire de tout le monde et nous y prendrons notre part à vos côtés.

- Merci, fit-il avec émotion.

- C'est normal. Pour l'instant, que diriez vous de programmer une visite au manoir le week-end prochain pour voir Isaac ? Il me semble qu'il voulait vous revoir régulièrement et ce sera l'occasion de nous assurer que tout cela ne vous atteint pas physiquement avant de poursuivre. Qu'en dîtes vous ?

- Bonne idée. Je vais contacter Isaac pour voir s'il est libre et le proposer à Adélème aussi. Comme ça, nous pourrons parler de tout ce que j'ai découvert et faire un point.

- Oui, sourit l'épéiste heureux de le voir disposé à en parler de lui même avec les autres.

Ils discutèrent encore un peu, Harry terminant de se sortir de tout ça. Puis il se leva et s'appliqua à effacer toute trace du rituel avant de ranger ses affaires. Arthur réintégra son réceptacle alors qu'il avalait ses potions et il prit le chemin de la grande salle pour aller manger. Sans surprise, il se retrouva assailli par le trio habituel pour savoir ce qu'il avait fait ce matin et comme toujours, il les ignora, mangeant avec Neville. Cette après midi là, enfermé dans son bureau, Harry commença par prendre des notes sur ce qu'il avait vu dans les souvenirs de Tom, les informations qu'il y avait trouvé qu'elles lui semblent importantes ou non, ne voulant rien manqué et pouvoir y revenir plus tard sans avoir à retourner dans ces souvenirs. Il commença également un autre carnet où il inscrivit le chiffre 1 suivit du nom de Myrtle Warren. Il écrivit la date de sa mort, la raison, le lieu, y imprimant une photo magique issue de son esprit… Regarder ces souvenirs ne serait pas plaisant mais si ça pouvait répondre à certaines interrogations sur les morts qu'il y avait eu, les disparitions jamais résolues, ce serait bien. Il ne savait pas encore s'il révélerait ce genre de chose, le faire s'avérant délicat par les questions que cela poserait, mais il tiendrait un registre ne serait-ce que pour se souvenir lui même de ces gens et leur rendre hommage.

Cela fait, il passa sur un autre sujet qui le tenait à cœur. Il voulait trouver un moyen de remercier Avismark pour avoir trouvé les informations dont il avait besoin aussi vite et avec une telle efficacité. Cela l'avait énormément aidé et soulagé. Il voulait le remercier. Il cherchait un cadeau à lui faire mais il n'avait pas vraiment d'idée, ignorant ce que les gobelins pouvaient apprécier. Il y avait l'or bien entendu et donner de l'or à Avismark, en plus de son salaire, était une idée. Il se doutait bien, connaissant la précarité dans laquelle sa famille avait pu vivre jusqu'à l'accomplissement de la dette, que de l'or pouvait servir pour lui et les siens. Mais il espérait trouver quelque chose de plus spécifique. Il avait beau y réfléchir, il n'avait pas eu d'idée, jusqu'à cette après-midi là. S'il se souvenait bien, Avismark premier du nom avait été condamné à cet asservissement parce qu'il avait voulu voler le lord Peverell de l'époque. Il ne s'était jamais posé la question de savoir de quel objet il pouvait être question. Curieux, il avait fait apparaître le dossier de cette affaire qu'il avait en tant que partie prenante, le lisant pour la première fois. Il rappelait les faits et surtout, les expliquaient.

Il s'agissait en réalité d'un seul objet, d'une arme : la hallebarde de Velark. Velark avait été le père du voleur et l'artisan qui avait fabriqué la hallebarde. Celle-ci avait été achetée par le père du lord Peverell concerné. Et comme tout les sorciers le faisaient, lorsque le sorcier était mort, son fils avait refusé de rendre la hallebarde comme le voulait le système gobelin. Harry connaissait désormais très bien cette règle gobeline disant qu'un objet n'était jamais vraiment acheté mais plutôt loué et devait être restitué à l'artisan qui l'avait vendu ou à ses héritiers lorsque celui qui l'avait loué mourrait. Une règle que les sorciers n'avaient jamais respecté, estimant que l'objet était définitivement acquis. Ce dédain des traditions gobelines avaient été sources de nombreux conflits et c'était à cause de cela que les gobelins ne vendaient plus leur artisanat aux sorciers depuis des siècles. Avismark premier du nom avait voulu récupérer la hallebarde gardée dans un coffre de Gringotts, sans y parvenir, condamné pour cela.

Terminant de lire le dossier, Harry fit apparaître ses registres de propriété, cherchant la fameuse hallebarde, se demandant s'il l'avait encore. Et il l'avait encore, dans le même coffre au fin fond de Gringotts. Il y avait une image et un descriptif de l'arme. Elle était splendide, en argent gobelin, incrusté d'or et de pierres précieuses. Un objet absolument magnifique. Il sourit en constatant qu'il l'avait toujours, ayant désormais trouvé le bon présent, ou du moins, un début de présent. C'était un juste retour des choses. À ses yeux, la tradition gobeline aurait dû, devrait être respectée. D'autant plus que les sorciers avaient su d'avance ce qu'il en était. Cela l'amena à se demander s'il avait d'autres objets gobelins qui devraient être restitués et il se dit que cela plairait peut-être à Avismark de regarder ça pour lui pour qu'il puisse les rendre. Satisfait par son idée, il rangea le tout, se promettant d'aller à Gringotts récupérer la hallebarde pour la rendre à Avismark le week-end suivant. Cette question réglée, il se remit à ses études.

Ce week-end là fut pourtant un peu sombre à Poudlard. Si Harry l'avait appris à retard, plongé qu'il était dans son emploi du temps chargé, il découvrit que Katie Bell avait été victime d'un sortilège sombre lors d'une visite à Pré-au-lard. Lui même avait décidé de ne pas se rendre au village cette année. Premièrement, il n'avait pas le temps et deuxièmement, cela ne ferait que donner plus de raison à Voldemort d'attaquer le village. Il n'y allait donc jamais. D'après ce qu'il avait appris, Katie avait trouvé un étrange collier et avait été frappée par un sortilège inconnu lorsqu'elle l'avait touché. Résultat, elle se retrouvait à l'hôpital pour plusieurs mois. Toute l'école en parlait mais personne ne savait trop ce qu'il s'était passé si ce n'était qu'elle avait eu de la chance de survivre.

Aussi, lundi, après le déjeuner, Harry alla voir sa directrice de maison, sachant qu'elle était libre comme lui à cette heure. Il passa par sa salle de classe et elle le reçut avec un sourire tendu. Sans aucun doute, elle devait être inquiète pour la jeune fille. La porte refermée, il s'avança vers elle :

- Professeur, avez-vous eu des nouvelles de Katie ? demanda-t-il.

- Oui. Elle est hors de danger maintenant mais elle va devoir rester longtemps à l'hôpital j'en ai peur.

- Je vois, soupira-t-il. Je lui écrirai. Je vais être direct professeur : savez-vous ce qu'il s'est passé ? Pour le peu que j'en ai entendu, ce n'est pas un petit sortilège ni un accident qui l'a mis dans cet état.

- C'est vrai. Officiellement, c'est un accident. Et cela le sera pour le reste de l'école, posa-t-elle d'abord.

- Je ne dirai rien madame. Mais je pense que vous savez pourquoi j'aimerai savoir.

- Oui. Vous n'êtes pas le seul à vous demander si cela a ou non un rapport avec la guerre. Nous n'en savons rien pour l'instant. L'affaire est suspecte. De toute évidence, mademoiselle Bell a pris le collier aux Trois Balais sous l'influence d'un imperius, révéla-t-elle gravement. Qui l'a lancé ? Vous savez comme moi qu'on ne peut le savoir si facilement. Elle devait amener le collier à monsieur Rusard d'après ce qu'elle a pu dire. Elle n'était pas censée y toucher. Ce collier était maudit, un collier d'opale. Le professeur Snape l'a neutralisé. Il proviendrait de Barjow et Burk mais nous n'en sommes pas certains.

- Je… je crois que j'ai vu un collier de ce genre là bas quand j'y suis allé par accident avant ma deuxième année, se rappela-t-il. Je m'en souviens parce qu'il y avait une note qui disait de ne pas y toucher, qu'il aurait tué 19 moldus.

- Cela ne fait que confirmer dans ce cas.

- Sait-on quel était le but final ?

- Et bien, si cela s'était passé comme prévu, une fois dans le château, un tel objet aurait aussitôt été détecté par les alarmes du directeur sur la magie noire et il aurait pris le collier. Je doute qu'il y aurait touché mais…

- L'instigateur l'espérait peut-être, termina-t-il. Le directeur est une cible prioritaire pour Voldemort et ses alliés.

- Oui. La question se pose même si nous ne pouvons rien confirmer ni déterminer de qui cela vient. Soyez prudent monsieur Potter.

- Je le serai. Merci professeur.

Elle le salua et il alla vers le bureau qu'il occupait toujours, réfléchissant à cela. L'attaque sur Dumbledore était tout à fait possible mais elle était aussi complètement bancale. Qui que soit le coupable, c'était une tentative désespérée. Ce soir là, Ron et Hermione furent sur son dos, parlant de cette affaire, remettant le cas de Draco sur la table. S'il ne fit pas vraiment attention à eux, il se posa des questions en regardant le Serpentard avec sa vision d'aura. Malfoy était encore pire aujourd'hui, son aura pleine de panique, de terreur, de culpabilité, d'échec… Cela n'était pas une preuve mais c'était franchement suspect d'autant plus que si on suivait la logique avec lui comme coupable, on pourrait imaginer que Voldemort lui avait demandé de tuer Dumbledore. C'était plausible et ça expliquerait l'état du vert et argent depuis le début de l'année. Si c'était sa mission et compte tenu de son caractère, il y avait de quoi être dans tout ses états. Il continuait à voir Draco aller à la salle sur demande seul très régulièrement grâce à la carte du maraudeur. Il était peut-être temps de découvrir ce qu'il y faisait.

Aussi, le lendemain, lorsqu'il s'y rendit comme tout les matins pour s'entraîner avec Arthur, il ne pensa pas à une salle d'entraînement en ouvrant la pièce magique. Il s'efforça de penser de toute ses forces à Draco et à la raison pour laquelle il venait ici. Il espérait que cela ferait apparaître ce que Draco matérialisait quand il venait quoi que ce soit. Lorsqu'il entra, il fut un peu surpris. Ce n'était pas une configuration particulière qui était apparue mais une armoire, une grande armoire de bois sombre. Arthur apparut près de lui, lui demandant ce que c'était :

- Aucune idée, répondit-il en le surprenant. J'ai demandé à la salle de faire apparaître ce qui intéresse Malfoy ici pour qu'il vienne si souvent.

- Alors vous pensez que vos condisciples ont raison sur sa responsabilité dans l'attaque ?

- Pas à cause de Hermione et Ron. Après avoir vu son père se jeter à genoux devant Voldemort dans le cimetière, il serait stupide de ma part de ne pas garder un œil sur son fils. J'ai peu de doutes sur le fait qu'il puisse être en contact avec Voldemort et que Voldemort puisse vouloir se servir de lui à Poudlard.

- C'est un risque des plus vraisemblable, approuva-t-il.

- Il y a ça et le fait qu'il n'est pas le même du tout cette année. Ses résultats baissent alors qu'il est très à cheval là dessus. Il s'est fait beaucoup trop discret alors qu'il à tendance à se mettre constamment sur le devant de la scène d'ordinaire. Il ne m'a presque pas insulté depuis la rentré, ni attaqué, ni rien de ce genre alors que c'était notre sport préféré depuis la première année, s'amusa-t-il en le faisant rire.

- Rivaux ?

- Je crois qu'on peut dire ça. Mais ça a surtout été conditionné par les autres alors je ne sais pas si c'est vraiment ce que nous aurions été en temps ordinaire. Je ne l'aime pas, il est arrogant, insultant, discriminant… mais quand on sait par qui et dans quelle idéologie il a été élevé, je me dis que c'est un peu du formatage et qu'il faudra attendre qu'il se mette à penser par lui même pour être vraiment fixé.

- Vous avez raison.

- Bref. Il est très étrange, anxieux et même terrorisé pour moi. Au début de l'année, je me disais que c'était peut-être parce qu'il avait peur pour sa famille, parce qu'il s'était retrouvé devant Voldemort, parce qu'on lui avait demandé de faire quel que chose ou une raison dans ce genre là. Ce serait plus que logique. Peu importe ses idées, s'il se retrouve devant Voldemort, il n'y aura aucun choix pour lui quoi qu'on lui demande.

- Malheureusement, soupira Arthur. Les enfants sont souvent victimes du passif de leurs parents ou des adultes autour d'eux.

- Alors je l'ai gardé à l'œil. Cette tentative avec le collier est peut-être de lui. Malfoy n'est pas du genre à affronter en face quelqu'un comme Dumbledore. Il fait souvent le fier mais il est… je ne dirai pas lâche même si je le pensais avant. Non, c'est plutôt que se battre l'effraie je crois. Avant que la guerre ne revienne, il a, de vue en tout cas, eu une vie favorisée et facile. Si c'est vraiment le cas, se battre réellement, surtout dans une telle guerre, c'est terrifiant et difficile. Et ce n'est pas dans sa nature. Se battre sur le plan verbal et moral oui mais se battre réellement, attaquer réellement, il ne sait pas faire et ça lui fait peur. Comme pour la plus part des gens normaux j'imagine.

- Oui, approuva tristement Arthur en sachant que ce n'était pas son cas.

- Si on lui a vraiment demandé de s'attaquer à Dumbledore, ça doit lui paraître impossible mais il ne peut pas dire non. Il doit réfléchir à un plan pour y arriver et s'il vient ici pour cette armoire, elle doit au moins être une possibilité. Mais je ne sais pas ce que c'est, dit-il en observant le meuble.

- Moi non plus, fit l'esprit gardien en ouvrant le meuble pour regarder.

Elle était vide et d'allure assez simple.

- Elle est assurément magique, posa-t-il. On sent sa magie mais ce n'est ni noir ni blanc et je ne vois rien de particulier pour expliquer. Vous devriez demander à Avismark, conseilla-t-il. Les gobelins ont de grandes connaissances sur les objets magiques et il est artisan. Il sait peut-être.

- Je l'appelle, approuva-t-il.

Il se servit donc de sa bague d'abord pour prévenir Avismark, puis, quelques minutes plus tard, le faire apparaître avec eux. Ils se saluèrent et il prit de ses nouvelles avant de lui expliquer la situation et de lui montrer l'armoire.

- Avez-vous une idée de ce que c'est ? questionna-t-il alors que le gobelin tournait autour du meuble.

- Oui, approuva-t-il. C'est une armoire à disparaître.

- Que fait-elle ? demanda Arthur.

- Et bien elle permet de disparaître, répondit-il comme une évidence avec une grimace pour lui. Ces armoires fonctionnent par deux milord, dit-il plus platement en se tournant vers Harry. Un peu comme le transplanage, on se déplace d'une armoire à l'autre avec leur magie. Ces armoires ont été particulièrement populaires durant la dernière guerre pour s'enfuir si les mangemorts débarquaient. Avec, on peut passer n'importe quelle protection. Mais c'est extrêmement capricieux comme objet magique. Cela ne fonctionne pas à tout les coups et ça peut gravement blesser voir tuer l'utilisateur si elle est mal utilisée.

- Je vois. Donc cette armoire pourrait faire entrer des intrus dans Poudlard ? constata-t-il gravement.

- Elle pourrait si les dits intrus ont accès à la seconde de la paire. Mais cette armoire est endommagée, constata-t-il en l'analysant. Elle ne peut clairement pas fonctionner en l'état.

- Est-ce réparable ? demanda le lord.

- Avec les connaissances nécessaires, oui, approuva-t-il.

- Malfoy cherche peut-être à la réparer, comprit-il. Elle pourrait faire entrer des mangemorts à travers les protections de l'école ?

- Oui, confirma Avismark.

- Tuer Dumbledore, faire entrer des mangemorts… Si je n'ai pas de preuve, constata Harry, c'est quand même très probable. Il leur faut la deuxième armoire. Par Merlin, dans le train en début d'année, Ron et Hermione ont dit qu'ils avaient surpris Malfoy et sa mère chez Barjow et Burk, s'intéressant à une vieille armoire étrange. La coïncidence serait vraiment grosse.

- C'est ce qu'on appelle un faisceau d'indices concordants, remarqua Arthur.

- Il faut que je sache si cette armoire est toujours chez Barjow et Burk et si c'est bien ça, soupira Harry. Je pourrais y aller avec ma cape d'invisibilité.

- Trop dangereux, trancha Avismark en le surprenant. Laissez moi m'en charger. Je peux facilement vérifier ça sans risque.

- Vous êtes sûr ? demanda-t-il.

- Oui et nous pourrons facilement savoir si celle de Barjow et Burk, si c'est bien ça, va avec celle-ci. Elles ont des numéros, dit-il en indiquant un chiffre runique gravé en tout petit dans un coin.

- Dans ce cas, je vous laisse faire mais ne vous mettez pas en danger, pria Harry.

- Cela sera facile, assura le gobelin en revenant près de lui sous le sourire d'Arthur.

- Alors faisons ça, approuva le lord. Au château ? demanda-t-il à Avismark.

Le gobelin approuva et il le salua, le priant de prendre soin de lui avant de le renvoyer au château.

- Il vous apprécie de plus en plus, remarqua Arthur. Il veut déjà vous aider et vous protéger.

- Vous pensez ?

- Cela se voit quand on connaît les gobelins. Il n'aurait pas soulevé le fait que c'était dangereux pour vous pour ensuite se proposer de s'en charger si ce n'était pas le cas.

- Je l'espère, comme j'espère que ça se passera bien.

- Les gobelins sont des habitués de l'allée des Embrumes, surtout ceux qui ont été hors société comme Avismark et sa famille. Personne ne fera attention à lui là bas et il saura le dissimuler sans aucun problème, effacer ses traces.

- Hum, approuva-t-il l'air pourtant soucieux pour le gobelin. Quoi qu'il en soit, si cette deuxième armoire est là bas, je vais devoir surveiller ça ou ce sera la porte ouverte pour entrer ici.

- Il faudra déjà la réparer. Inspecter régulièrement l'armoire pour voir si cela avance ou non sera un bon indice.

- C'est ce que je vais faire. On verra bien ce que ça donne.