Alors que les jours se transformaient en semaines, Regina sentait une certaine paix s'installer en elle. L'exercice constant de présence dans l'instant présent, si central à la culture japonaise, l'aidait à voir sa situation sous un nouveau jour. Elle rédigeait des emails à Emma, partageant ses découvertes et ses défis, ses succès et ses échecs, et chaque mot écrit la rapprochait un peu plus d'une réconciliation intérieure.
*De : Emma Swan *
*À : Regina Morris*
*Objet : Nouvelles de la ferme et pensées*
Chère Regina,
J'espère que ce mail te trouve en pleine découverte et apaisement à Kyoto. Ici, la ferme s'éveille doucement sous les premiers rayons du soleil automnal, et chaque matin, je suis saluée par le champ doré qui semble s'étirer infiniment. Les récoltes ont été généreuses, et je me trouve souvent à penser à combien tu aurais aimé voir ces étendues de verdure.
Je voulais te dire que chaque jour, bien que rempli par le travail constant, est aussi ponctué de petites pauses où mes pensées se dirigent vers toi. J'ai appris de nouveaux plats—rien de comparable à ta maîtrise, bien sûr, mais j'espère que tu serais fière.
J'ai hâte d'entendre parler de tes aventures et apprentissages au Japon. Comment trouves-tu la cuisine là-bas ? Est-ce très différent de ce que nous connaissons ici ?
Prends soin de toi, Regina.
Affectueusement,
Emma
*De : Regina Morris*
*À : Emma Swan *
*Objet : Re: Nouvelles de la ferme et pensées*
Chère Emma,
Merci pour tes mots qui apportent toujours un sourire sur mon visage. C'est un plaisir de t'imaginer entourée de tes champs, et ça me manque plus que je ne l'aurais cru. Kyoto est incroyable—une ville de contradictions subtiles, où le traditionnel côtoie le moderne de manière si naturelle. La cuisine ici est un art en soi, chaque plat est une leçon de patience et de précision, et j'apprends beaucoup.
Cependant, malgré la beauté et la paix que je trouve ici, mes pensées me ramènent souvent à la Toscane, à nos discussions infinies sur la terrasse, sous les étoiles. Ces souvenirs sont précieux, et ils me guident dans les moments de solitude.
Comment va la ferme ? J'espère que les nouveaux plats que tu expérimentes t'apportent autant de joie dans leur création que j'en ai eu à les imaginer avec toi. J'aimerais beaucoup que tu me partages quelques-unes de ces nouvelles recettes.
Je te promets de te raconter plus sur Kyoto la prochaine fois. Prends soin de toi aussi, Emma. Tes mots sont un baume pour l'âme.
Avec toute mon affection,
Regina
Emma, restée seule à la ferme des Swan , sentait chaque jour le poids de l'absence de Regina comme une présence fantomatique à ses côtés. Les champs qui s'étendaient à perte de vue lui rappelaient les promenades qu'elles y avaient partagées, chaque coin de terre semblant murmurer le nom de Regina. Les regrets et la culpabilité tourmentaient Emma, la réveillant souvent au milieu de la nuit, le cœur serré par la douleur d'avoir poussé Regina à partir si loin.
Chaque fois qu'Emma se préparait à écrire à Regina, elle luttait contre elle-même pour rester neutre et soutenante, refoulant l'envie de déverser tous ses sentiments les plus profonds. Elle craignait d'alourdir Regina avec le fardeau de ses propres émotions, sachant combien Regina avait besoin de ce temps pour se guérir. Pourtant, chaque message qu'elle envoyait était imprégné d'un amour non-dit, chaque mot soigneusement choisi pour offrir soutien et encouragement sans trahir son désir ardent de la voir revenir.
La nuit, les rêves d'Emma étaient peuplés de souvenirs de Regina—de la chaleur de ses mains, de la douceur de sa voix, du goût de ses baisers. Elle se rappelait chaque détail avec une précision douloureuse, chaque moment de tendresse partagé résonnant dans le silence de sa chambre. Parfois, elle se surprenait à murmurer des conversations imaginaires avec Regina, riant, pleurant, se disputant et se réconciliant avec l'ombre de son amour dans la solitude de l'aube.
Les jours s'écoulaient et avec eux, le travail à la ferme demandait à Emma de rester ancrée dans le présent, mais son cœur vagabondait souvent vers Kyoto. Les messages de Regina décrivant ses nouvelles expériences étaient à la fois une source de joie et de douleur. Emma les lisait et les relisait, s'accrochant à chaque mot comme à un lien fragile qui les unissait encore.
Dans chaque courriel, Emma tentait de décoder les sous-entendus, cherchant des signes que Regina aussi ressentait ce manque abyssal. Elle répondait avec soin, insérant subtilement des rappels de leur intimité partagée, espérant éveiller dans le cœur de Regina le désir de revenir à la maison.
Au fil du temps, alors qu'Emma s'occupait de la ferme, elle commença lentement à comprendre que son amour pour Regina devait être libre de toute attente. Elle réalisa que soutenir Regina signifiait aussi laisser la porte ouverte à toutes les possibilités, y compris celle que leurs chemins se recroisent dans le futur sous une forme renouvelée et peut-être plus forte.
Emma apprenait à vivre avec son amour pour Regina, non plus comme un fardeau de regrets et de désirs inassouvis, mais comme un souvenir chéri qui l'aidait à avancer, à grandir, et à être prête pour le jour où peut-être, leur amour trouverait un nouveau chemin pour s'épanouir.
*De : Emma Swan *
*À : Regina Morris*
*Objet : Recettes et souvenirs*
Chère Regina,
Je suis ravie d'entendre que Kyoto te traite bien. La manière dont tu décris tes journées là-bas me donne l'impression de voyager à travers tes mots. Merci pour ces partages qui éclairent mes journées.
En réponse, je t'envoie deux recettes que j'ai récemment testées. La première est un risotto aux champignons porcini, qui, je pense, te rappellerait les bois près de la ferme. La seconde est une tarte aux pommes épicée, parfaite pour ces soirées qui commencent à sentir l'automne ici. J'espère qu'elles te rappelleront un peu les saveurs de notre Toscane.
Prends soin de toi, Regina. Chaque découverte que tu fais enrichit les récits que j'espère continuer à lire.
Avec affection,
Emma
*De : Regina Morris*
*À : Emma Swan *
*Objet : Re: Recettes et souvenirs*
Chère Emma,
Merci pour les recettes, elles sonnent délicieusement familières. Je me réjouis à l'idée de les essayer ici, même si les ingrédients locaux ajouteront sans doute une touche inattendue. Chaque mail de ta part est un lien précieux avec la maison, et j'apprécie énormément tes partages.
Kyoto est un endroit de réflexion profonde pour moi. Chaque jour apporte de nouvelles leçons sur l'importance de la patience et de la présence dans le moment, des leçons que j'intègre petit à petit à ma pratique culinaire et personnelle.
Tes mots ajoutent une couche de chaleur à ces journées parfois mélancoliques, et pour cela, je te suis très reconnaissante. Continuons à partager ces fragments de nos vies, ils sont des repères dans mon voyage ici.
Prends soin de toi et de la ferme. J'attends avec impatience d'entendre plus sur tes jours et tes projets.
Bien à toi,
Regina
Au fil des semaines, Regina formait des liens avec les autres chefs et apprentis. Ils étaient curieux de sa vie en Italie, de ses techniques et de ses recettes. Ces échanges culinaires devenaient des sessions de partage enrichissantes où Regina pouvait montrer un peu de son monde tout en embrassant le leur. Elle organisa même un petit atelier pour présenter quelques classiques de la cuisine Toscane, qui fut accueilli avec enthousiasme.
Les soirées étaient le moment le plus difficile pour Regina. C'était à ce moment-là que la solitude la frappait le plus durement, lorsque l'activité du jour s'apaisait et que les pensées d'Emma, de la ferme, de leur temps ensemble, revenaient la hanter. Elle se promenait souvent dans les jardins tranquilles de Kyoto, où la beauté du paysage l'aidait à apaiser son esprit. Parfois, elle s'asseyait près d'un étang, écrivant dans son journal ou rédigeant des mails à Emma, décrivant ses journées et exprimant ses sentiments subtils.
Un mois s'était écoulé depuis son arrivée à Kyoto, et Regina sentait qu'elle avait beaucoup changé. L'enseignement de Tanaka, l'environnement discipliné et la distance de sa vie habituelle lui avaient donné une nouvelle perspective sur ce qu'elle voulait pour son avenir. Elle réfléchissait sérieusement à ce que signifiait revenir en Toscane. Était-ce pour reprendre les choses là où elles s'étaient arrêtées avec Emma, ou y avait-il quelque chose de plus, quelque chose de différent qu'elle devait explorer pour elle-même?
À mesure que Regina s'immergeait plus profondément dans la culture culinaire japonaise, elle découvrait non seulement de nouvelles techniques de cuisine mais aussi des philosophies de vie qui influençaient sa perception personnelle et professionnelle. Les principes de wabi-sabi, l'acceptation de l'imperfection, résonnaient particulièrement avec elle, lui apprenant à apprécier les imperfections de sa propre vie et de ses relations.
Regina trouvait en elle un apaisement qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. Chaque jour passé dans ce pays aux traditions ancrées lui avait lentement enseigné l'art de la retenue émotionnelle et de l'équilibre intérieur. Elle avait appris à écouter ses émotions sans les laisser dominer sa raison, une compétence qui avait transformé sa perception du manque et de la solitude.
Assise en position du lotus dans le petit jardin de sa résidence temporaire, elle méditait sur le chemin parcouru. Le manque d'Emma était toujours là, une présence constante dans ses pensées, mais ce manque s'était transformé. Il n'était plus une source de douleur aiguë, mais plutôt un rappel doux de l'amour qu'elles avaient partagé, un lien qu'elle espérait renouer, enrichi de sa nouvelle compréhension de soi.
Avec chaque lever du soleil, Regina sentait grandir en elle le désir de retourner en Toscane. Ce n'était pas seulement le manque d'Emma qui l'appelait de retour mais également le désir de reprendre sa vie là où elle l'avait laissée, avec une nouvelle perspective et une nouvelle force. Elle comprenait maintenant que le vrai courage n'était pas de fuir ses problèmes mais de les affronter avec sagesse et compassion.
"Revenir, ce n'est pas revenir en arrière, mais avancer vers une version de moi que j'aime et respecte", pensait Regina en préparant ses bagages pour le retour. Elle avait appris à Kyoto que la vie, tout comme la cuisine, nécessite une adaptation constante et une harmonisation avec les ingrédients que le destin nous donne.
Regina prenait le temps chaque jour de se préparer mentalement un retour. Elle pratiquait la méditation pour rester centrée, et écrivait dans son journal pour organiser ses pensées et ses plans. Elle envisageait son retour non comme une fin, mais comme le début d'une nouvelle étape de sa vie, où elle pourrait appliquer tout ce qu'elle avait appris sur elle-même et sur l'art de vivre en paix avec ses émotions.
Le souvenir d'Emma n'était plus teinté de la douleur des adieux, mais illuminé par la possibilité de nouvelles retrouvailles. Regina envisageait leur prochaine rencontre avec une douce anticipation, prête à explorer comment leur relation pourrait évoluer avec sa nouvelle compréhension de l'amour et de la patience.
"Je reviens à toi, mais différemment." Murmurait-elle dans le calme du jardin, un doux sourire fleurissant sur ses lèvres alors qu'elle pensait à Emma, à la ferme des Swan , et à toutes les possibilités qui les attendaient.
Emplie d'une sérénité renouvelée et d'une résolution calme, Regina était prête à rentrer chez elle.
