Chapitre 3:

Ils m'ont fait déménager le lendemain. Tellement pressé de se débarrasser de moi...

Étonnamment, il m'aura suffi d'un jour pour passer du statut d'inconnu à celui de la «chevaucheuse des tempêtes» (surnom trouvé par Travis et Connor. J'avoue que c'est super)

Le bungalow de Cymopolée ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui de Poséidon, à un détail près: d'immenses mosaïques, représentant diverses tempêtes, comblaient chaque partie des murs. Une couchette avait été construite à la hâte dans un coin. Au milieu, une fontaine en marbre blanc. De l'eau cristalline s'en échappait. Le nom de ma mère – c'est bizarre de dire ça, alors que je ne l'ai jamais vu – y était inscrit en grec ancien sur le bord, d'une jolie inscription d'or. En me penchant pour observer mon reflet (je suis sûr d'être encore un peu pâle), l'eau se mit à bouillir légèrement, la vapeur remontant vers le plafond. L'eau se rassembla en un tas, tout en faisant trembler la structure. Les lumières clignotaient faiblement. Je ne pus reculer, car au même moment, une main d'eau s'accrocha à mon t-shirt - enfin, celui de la colonie – et me plongea la tête dans le bassin. J'eus beau me débattre, ma tête resta sous l'eau. Une voix résonna dans ma tête:

«Tiens tiens...mais qui voilà? Ne serait-ce pas mon dû?»

La voix s'amplifiait comme un océan: allant de simples vagues aux tsunamis – en gros.

«Je ne suis le dû de personne.» grondais-je. J'avais beau tout faire pour me libérer de son emprise, force est de constater sa puissance. Mon ravisseur était un dieu, ou pire.

«Bien sûr que si. Avant de s'allier à notre Mère la Terre – et de l'avoir ensuite cruellement abandonner – ta divine mère m'a rejointe. Je lui ai promis qu'elle serait reconnue, crainte même! Elle devait seulement me livrer son premier sang-mêlé d'enfant. Elle a accepté les termes de notre contrat. Donc, tu es à moi!»

Ses paroles me choquèrent. Comment une mère peut-elle faire ça à son enfant? Si déesse soit-elle? (Ok, je ne compte pas les Olympiens. Leurs enfants demi-dieux ont trop souffert.)

C'était genre le nain Rumplestiltskin version mythologie grecque. Un flop total (d'après moi)

«Or, te voici, dans cette misérable colonie» reprit-il

«Pas aussi misérable que toi! Toi qui cherches tant à m'avoir!»

Ma raillerie dut le surprendre, car l'eau desserra son emprise sur moi. Ce fut un bref instant, mais quand même.

«PETITE INSOLENTE! Je vais t'apprendre à te moquer d'O.…»

Sa voix s'éteignit aussi sec. Je savais que s'il avait continué, j'aurais su son nom.

«Le plus important, c'est que tu m'appartiens.»

Et, avant que je ne sois noyé, l'eau évacua mes poumons. J'étais allongée par terre, mon dos sur le bois polis. Du joli bois, d'ailleurs. Peut-être de l'olivier, ou du pin, ou de l'acacia...

C'est tout moi, de penser à du bois alors qu'un monstre compte m'enlever ma liberté.