Fate/stay night : Under The Star Sky

Bien avant – Recueil.

Irina Kôta ne bougeait pas.

L'endroit n'était pas bondé mais pas vide, non plus. La jeune femme ne connaissait pas encore ce milieu, donc, la voici un peu perdue dans l'exposition Aozaki. Elle y distinguait tout de même des groupes, papotant entre eux. Irina se baladait doucement en fixant sans trop comprendre, les différentes marionnettes présentées. Son attention se porta sur une, plus particulière, aux longs cheveux noirs.

« Vous cherchez quelque chose ? »

Une voix douce interrompit la marche d'Irina qui tourna la tête, presque instantanément à sa gauche.

C'était une magnifique femme aux cheveux bordeaux, attachés en une queue de cheval. Portant une chemise blanche simple et un pantalon noir, même Irina Kôta reconnut immédiatement la personne en face : la célèbre marionnettiste, Tokô Aozaki. Celle-ci eut les bras croisés au niveau de sa poitrine, les mains en-dessous de ses coudes, avec un sourire aux lèvres.

« Ah, euh bien … oui, bafouilla légèrement Irina, un peu déstabilisée durant quelques secondes.

– Oh, je peux peut-être vous aider alors, murmura Tokô.

– Ça concerne cet objet-là. »

Irina désigna une marionnette en face, celle qui avait les cheveux noirs.

Aujourd'hui.

« Tiens donc, Yukita. Te voici dans un triste état. »

La Master d'Avenger venait de rentrer dans sa base et la voici devant un des infectés, Yukita. Celui qui avait combattu contre Shinji et Gilgamesh, il lui manquait un bras et au vu de sa mine souffrante, le jeune homme attendait quelque chose de la belle brune. Celle-ci retira lentement son manteau noir pour le poser sur sa chaise.

« Toutefois, je dois te féliciter de ne pas avoir sali la base, concéda la jeune femme. Enfin, je t'écoute.

– Je voudrais … je voudrais … être soigné … maîtresse … »

La brune était partie dans sa chambre pour se changer et Yukita patientait devant la porte, en la suppliant de le soigner. Il avait déjà réalisé un garrot sur son bras manquant avec une partie de sa veste noire pour ne pas céder à l'hémorragie (et ne pas salir cet endroit).

« Hum … »

Après quelques minutes, la jeune femme sortit avec sa mini-robe noire sans manche et lui arrivant à ses cuisses. Ayant récupérée des bottines tout aussi sombres, la Master secoua légèrement sa tête pour repousser ses mèches ébènes, devant son beau visage. Étant plus à l'aise dans cette tenue, la jeune femme daigna enfin à écouter son subordonné.

« Dis-moi donc, lâcha-t-elle en s'asseyant sur le fauteuil, les jambes croisées.

– Je … je voudrais que vous me soignez, supplia Yukita.

– Ah, oui. Effectivement, ce serait logique. »

De ses yeux, elle analysa vivement les blessures de son subordonné. Elle posa son index sur sa joue, faisant mine de réfléchir. Puis, elle haussa simplement les épaules.

« Je suis désolée, Yukita. Mais je ne peux pas faire repousser de bras, affirma-t-elle, en soupirant légèrement.

– Mais … vous m'avez transformé comme ça … ! Alors vous pourrez certainement … !

– Puisque je te le dis. Ne sois pas si insistant, ça m'embarrasse que tu me voies si impuissante.

– Maîtresse, il peut toujours servir. Je suggère donc de lui venir en aide. »

Avenger venait de prendre la parole. Adossé au mur, il jeta un regard à l'homme qui était à genoux pour supplier sa maîtresse. Celle-ci tourna ses yeux vers son Servant et finit par les fermer doucement.

« Tu as raison … mais bon, je ne sais toujours pas le faire hein. Inutile de me le demander, chacun votre tour. Ce n'est pas comme si je ne voulais pas te soigner, Yukita. Quand je ne sais pas faire … bah, je ne sais pas faire. »

Apparemment, le voici condamné à n'avoir qu'un bras alors, songea Avenger. Un peu compatissant envers le goule, le Servant finit par lui hausser les épaules.

« Apprends à faire avec, suggéra-t-il. Malheureusement pour toi, les morts auront plus d'utilité pour elle que toi, désormais.

– Mais je …

– Avant tout, comment as-tu fini comme ça ?

– C'est le Servant Doré … »

La Master et Avenger s'échangèrent un regard rapide, le message fut parfaitement passé.

« Alors, il serait sur mes côtes, hein ? Fit la belle brune.

– Je vois, ce n'est pas étonnant, vous savez, ajouta Avenger, les paupières closes. »

Effectivement. Elle représentait une anomalie dans cette guerre donc, ce n'était guère une surprise. Puis, le visage de la brune s'illumina, comme si une idée venait de passer dans sa tête : elle se releva vivement de sa place.

« Attends-moi ici, Yukita, ordonna-t-elle. »

De nouveau, la jeune femme aux cheveux noirs partit dans une autre salle, avoisinant le salon et apparemment, cela concernait une sorte de stockage. Allumant la petite lumière jaune, elle chercha du regard l'objet de sa convoitise dans les nombreuses étagères à disposition.

« Hum … désolée, mais je ne trouve pas de bras à remplacer, déplora la belle brune.

– Vous avez des bras dans la réserve ? S'étonna Avenger, les bras croisés.

– Hé, avant de me juger, ce sont juste des bras artificiels, provenant de marionnettes. Ils ne remplaceront pas des vrais mais ça peut dépanner. Par contre, je ne sais pas si je les ai encore avec moi … »

Encore cloîtrée à l'intérieur, la jeune femme aux cheveux noirs commença à trouver le temps relativement long.

« Bon, je te dirai si je le retrouve, Yukita. Essaye de faire avec, pour l'instant. »

Yukita pesta légèrement et décida de prendre congé sous l'approbation de sa maîtresse. Celle-ci se rassit sur le fauteuil et s'affala plus confortablement tout en soupirant doucement, elle posa ensuite son regard vers Avenger.

« Le pauvre, fit Avenger.

– Tu es bien compatissant, dis-donc, ironisa-t-elle, avec un léger sourire.

– Je ne suis pas un monstre dénué de sentiments, nuança-t-il, les yeux fermés.

– Pourtant, ce n'est pas ce que tu montres sur le champ de bataille.

– Certes mais ici, c'est une situation complètement différente. »

La belle brune haussa les épaules. Elle croisa ensuite les bras tout en détournant son attention de son Servant et resta silencieuse pendant quelques secondes. Secondes qui se transformèrent ensuite en minutes sous le regard un peu intrigué d'Avenger.

« Vous êtes anxieuse ? Murmura le Servant.

– Hum ? Fit-elle, la sortant de ses pensées.

– À le voir.

– Ah, ça. »

De nouveau, la jeune femme se plongea dans un mutisme particulièrement éloquent, du moins pour Avenger. Ce dernier s'approcha lentement de sa maîtresse, celle-ci fixait un point invisible au sol, en train de réfléchir.

« Cette expression ne vous va pas, se contenta de dire le Servant.

– Je peux mal le prendre, ça.

– Pas de votre mine réfléchie. Mais de votre doute. »

La belle brune jeta un bref regard à son Servant et elle esquissa un sourire joueur à son encontre.

« Tu t'inquiéterais pour moi ? C'est mignon.

– Vous esquivez la conversation.

– D'accord … d'accord … mais quoi qu'il en soit, Avenger. On devrait peut-être y retourner : si Yukita vient de rencontrer le Servant Doré, c'est qu'il nous poursuit probablement. Alors … allons-y.

– Vous aimez me surmener, hein ?

– C'est pour la bonne cause ! Ton souhait pour le Graal vaudra double avec tant d'efforts fournis !

– Si vous le dîtes … »

Ailleurs – Fuyuki.

« Shirô ! »

Accourant doucement vers Emiya, Saber retrouva son Master, un peu plus loin de son champ de bataille. Soulagée de le voir en bon état, Artoria arriva à sa hauteur tout en esquissant une mine partiellement réjouie. Shirô fit un sourire réconfortant, lui-même heureux de la voir sans réellement de blessure.

« Tu n'es pas blessé ? Confirma la blonde, rassurée de le voir.

– Ça va. Et toi ? Tu vas bien ? Demanda Shirô.

– Oui, mon combat a été interrompu avec la venue d'un autre Servant.

– Tu connais sa classe ?

– Je suis navrée, je n'ai pas eu le temps d'échanger quoi que ce soit avec lui. Il a immédiatement profité de la confusion afin d'attaquer Archer. »

Emiya hocha positivement la tête. Au moins, sa partenaire ne possédait pas de blessures importantes et le jeune homme intima à Saber de quitter les lieux.

« Avec tous les combats ici, nous pouvons rentrer ''normalement''. Je ne pense pas que celui qui nous cible pourra nous voir si facilement.

– Je suis d'accord, acquiesça Artoria, suivant son Master. »

Le duo prit le chemin du retour.

Après un affrontement contre Rin Tohsaka et Archer, ils s'en étaient plutôt bien sortis. Shirô ne considérait pas cette bataille, comme inutile. Au contraire, même. Un match nul contre ce redoutable duo représentait un résultat plutôt positif.

Fuyuki – Maison Emiya.

De retour à leur maison, Emiya Shirô déposa lentement son manteau noir sur un meuble à proximité. Plutôt satisfait de retrouver sa chère demeure, le jeune homme entra en premier. Saber s'apprêta à fermer la porte derrière, lorsque son regard se dirigeait momentanément vers les cieux sombres de Fuyuki.

« Il va bientôt neiger, commenta simplement la blonde.

– Ah, tu n'apprécies pas ? Répondit-il, son attention rivée vers sa camarade.

– Je ne sais pas.

– Hum ? »

Artoria resta silencieuse pendant quelques secondes.

Bien sûr qu'elle avait déjà vu de la neige. Un sentiment étrange la gagna, elle ne sut réellement se l'expliquer mais quelque chose l'intrigua. La belle chevalière secoua négativement la tête et décida de fermer la porte.

« Je viens de croiser Caster et elle en avait après moi, souffla Emiya, assis dans le salon.

– Caster ? E-Elle est venue à toi ?! »

Saber venait d'élever la voix, ayant même dépassée le cadre de sa pensée. Cela surprit Shirô qui leva vivement son visage puis sans réellement comprendre, la blonde fit le tour de la table, pour s'approcher de lui. À la fois anxieux et effrayé, Emiya craignait étrangement le pire : Artoria s'accroupit également et se trouva en face de son Master.

« Master, permets-moi de t'inspecter, lâcha-t-elle, d'un ton sérieux.

– M-M'inspecter ?! S'interloqua le jeune homme, surpris par la proposition. »

Il y avait de quoi, après tout. Saber qui voulait ''l'inspecter'' ?! Définitivement, cette idée lui déplaisait fortement ! La blonde, voulant faire son travail de Servant, ferma les yeux comme le ferait un professeur avec son élève.

« Shirô, articula-t-elle avec un ton se voulant plus sévère. Un Caster est un Servant excellant dans la magie. Il n'est vraiment pas impossible qu'elle ait placée un sort quelque part sur toi.

– Je peux très bien vérifier par moi-même ! Se défendit Emiya.

– Je préférerais m'en assurer personnellement. »

Devant l'insistance un peu trop prononcée de la blonde, le jeune homme aurait presque pu capituler mais non, hors de question ! Instinctivement, Shirô se redressa complètement, légèrement embarrassé par la situation devenue incontrôlable.

« Je vais le faire moi-même, affirma-t-il, plus sérieux que jamais. »

Saber croisa les bras au niveau de sa poitrine et ferma de nouveau les yeux.

« Il se pourrait que le niveau de Caster soit si haut que même ta perception ne suffirait pas. Pour ta sécurité, notre sécurité, il vaudrait mieux que ce soit moi qui le fasse, argumenta-t-elle, de nouveau. »

Définitivement, cette idée lui déplaisait mais le mage finit par abandonner toute lutte contre la belle blonde. Emiya se rassit et retira son t-shirt habituel, dévoilant une musculature discrètement développée. Même si cela ne fit rien de particulier à la Pendragon qui se rapprocha de Shirô, de plus en plus déstabilisé.

Les secondes où Saber observait le jeune homme, paraissaient infiniment longues aux yeux du Emiya.

Vite. S'il te plaît.

« Fort heureusement, je ne vois rien sortant de l'ordinaire, constata la blonde. »

Une main en-dessous de son menton, Saber réfléchissait et lui donna son feu vert pour se rhabiller.

« Je dois dire que je suis impressionnée du peu de blessures reçues alors que tu as affronté Rin Tohsaka, dans un combat singulier, admit la Servant.

– Pour tout dire, elle était quand même à un niveau au-dessus de moi. Je m'en suis sorti avec de la chance, je ne pensais pas réussir à reproduire ton … »

Puis, le jeune homme s'arrêta dans sa phrase et reporta son attention vers Artoria. Celle-ci lui porta un regard anxieux, ne comprenant pas la subite pause dans son discours.

« Shirô ? S'interloqua la Servant.

– J'ai réussi à projeter ta première épée, Caliburn … »

Il avait reproduit Caliburn ?

Saber parut assez impressionnée par la prouesse de son Master. Pouvoir projeter une épée de ce calibre … il fallait une grande maîtrise pour réaliser un tel exploit.

« Tu es décidément bien étonnant, Shirô, sourit lentement la chevalière.

– J'ai pas trop réfléchi, c'était sûrement avec le feu de l'action, se justifia-t-il, une main derrière la tête. »

Artoria nota la certaine modestie que son Master faisait preuve. Après une bonne dizaine de minutes de pause où les deux partenaires mangeaient joyeusement ensembles, Shirô partit faire la vaisselle.

Pendant ce temps, assise devant le jardin Emiya, Saber se perdit momentanément dans cette observation. Les flocons étaient doux et froids. Non pas qu'elle ne connaissait pas la neige à son époque, mais étrangement, Artoria se sentit nostalgique en regardant ce spectacle. De la buée sortit de sa bouche lorsqu'elle expira.

« Tu ne rentres pas, Saber ? »

Ayant vu sa partenaire immobile devant les nombreux flocons de neige, Shirô venait de prendre la parole. S'étant momentanément tournée vers son interlocuteur, la blonde secoua négativement la tête.

« J'aimerai profiter de cet air, un petit peu, déclara-t-elle, simplement.

– Tu risques d'attraper froid, souligna Emiya.

– Cela ira. Plus important, comment te sens-tu ?

– Tout va bien. Même après avoir projeté Caliburn, il semblerait que je n'ai pas de contrecoup. »

Après tout, c'était un Hogû (Noble Phantasm) d'un rang assez élevé. Et pourtant, il avait réussi cet exploit sans dommage particulier. Le jeune homme décida de prendre place à côté de sa partenaire, tout en regardant dans la même direction : le jardin, en l'occurrence.

« Heureusement alors. Tu as dû subir un entraînement intensif pour atteindre un tel niveau, n'est-ce pas ? Supposa Saber, un léger sourire aux lèvres.

– Hum … pas vraiment. Disons que je n'étais pas très doué, au début, ricana légèrement Shirô.

– Ah, vraiment ?

– Ouais. Kiritsugu m'a dit de ne pas trop m'investir dans la magie mais je n'en ai fait qu'à ma tête. Après sa mort, c'est Irina-san qui m'a formé. Elle était comme lui au début, même si vers la fin, j'avais l'impression qu'elle était plus pressée que j'apprenne la magie … »

En y repensant, la blonde ne savait que très peu de choses concernant cette Irina Kôta : selon Shirô, elle serait venue à lui, après la mort de Kiritsugu. À l'instar de son père adoptif, Irina n'avait pu venir que quelques mois, dans une année.

Cela avait duré un peu plus de deux ans avant qu'à son tour, elle ne disparaisse dans la nature. Shirô et Irina ne s'étaient plus donnés plus aucune nouvelle. Comment le vivait-il d'ailleurs ? Saber ne sut trop comment aborder ce sujet.

« Ainsi, tu as pu te perfectionner, sans même hériter du blason magique de ton père, n'est-ce pas ? Reprit Artoria, en regardant Shirô.

– … Un peu près oui, répondit le jeune homme.

– Cela a dû être amusant pour toi, alors.

– … »

Shirô ne répondit rien. Il se contenta de baisser les yeux. La Servant comprit vivement pourquoi et ferma doucment ses paupières émeraudes.

« … Je vois, murmura le Roi des Chevaliers. J'imagine … que ce n'était pas le cas, n'est-ce pas ?

– Pas vraiment non … il n'y a rien d'amusant, dans l'apprentissage de la magie, avoua le fils de Kiritsugu.

– …

– J'ai appris la magie parce que c'est utile, rien de plus.»

Artoria ne répondit rien dans l'immédiat. Au fond, elle connaissait parfaitement les raisons qui animaient le jeune homme aux cheveux rouges.

« Dans ce cas-là … tu as appris la magie pour aider les autres ? Devina son interlocutrice.

– … Oui, c'est ça. J'ai … toujours admiré les héros … au point de vouloir devenir moi-même un héros de la justice. C'est pour ça que je vis et que je me bats. »

Saber ne répondit rien.

Ce silence déstabilisa même le jeune homme pendant quelques secondes. La belle chevalière parut même hésitante, l'espace d'un instant.

Tout son entraînement magique … cela ne l'amusait pas particulièrement. Parce que tout son apprentissage avait pour but d'aider son prochain. Tout son apprentissage le conduisait à son rêve, de devenir un héros de la justice. De ce fait, pour Emiya Shirô, c'était plus une responsabilité, d'apprendre la magie, qu'un amusement.

Artoria Pendragon finit par fermer ses yeux émeraudes.

« Je discerne mieux ton raisonnement, ainsi, murmura la blonde. J'admets que ce sentiment ne m'est pas inconnu, non plus. Toutefois, j'aimerais te mettre en garde : personne d'ordinaire ne devrait endosser un tel fardeau. »

Personne d'ordinaire.

Saber ne l'était pas. De ce fait, cette phrase ne s'appliquait pas à elle, supposa Emiya. Le jeune homme posa discrètement son regard vers la blonde, toujours en train de fixer un point invisible dans l'air.

« Shirô … tu n'as pas à endosser une telle responsabilité, c'est bien trop lourd. »

Quelques flashs furtifs d'un incendie traversèrent son esprit.

Ce n'était pas sa responsabilité, hein ?

Dans ce cas-là … pourquoi avait-il survécu, ce jour-là ? Pourquoi était-il le seul survivant ? Pourquoi Kiritsugu l'avait trouvé, lui, et pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi avait-il attrapé sa main, au milieu de cet Enfer ?

Il avait bien une responsabilité à avoir. Il n'avait pas le choix.

« Et toi, tu t'es déjà amusée dans tes entraînements ? Lâcha Emiya, le ton lent.

– Pas une fois, je ne me suis épanouie durant mes entraînements. C'était dans l'unique but de devenir Roi, que je le faisais, informa la blonde, à son tour. »

Le mage faisait le lien, effectivement entre les deux.

S'entraîner dans l'unique but d'aider autrui. Voilà comment ils pouvaient résumer leur ressenti durant leur enfance. Ils se ressemblaient bel et bien. Peut-être était-ce pour cela que Saber avait répondu son invocation.

« Alors, toi non plus, tu ne dois pas porter un poids pareil, argumenta Emiya. »

Artoria fut surprise d'entendre de tels mots et se tourna vers son Master, absolument sérieux dans tous ses propos.

« Shirô, je suis un Roi. De ce fait, il m'incombe d'arborer une telle charge, poursuivit la chevalière.

– Désolé mais cette manière de penser, je ne la comprends pas, rétorqua Emiya en se relevant de sa place. »

Son visage se dirigea à sa gauche où Saber était encore assise. Depuis un moment, Artoria pensait excessivement à son devoir, que ce soit en tant que Servant ou de Roi. Et cela lui déplaisait.

« Tu n'as plus à endosser ce rôle de Roi, après tout, tenta de convaincre le jeune homme aux cheveux rouges.

– Que dis-tu ? S'offusqua presque Artoria, les sourcils froncés.

– Même si ton règne s'est fini de façon dramatique … cet événement n'était pas anodin. Il était destiné à te mener quelque part. »

Saber parut dubitative pendant l'espace d'une seconde.

« Où donc ?

– Désolé … mais je n'ai pas la réponse. Si tu veux mon avis … c'est pour l'obtenir que tu as répondu à mon invocation, Saber. »

La blonde ne sut répondre quoi que ce soit, pour le coup. Emiya posa nerveusement sa main sur sa nuque et détourna légèrement son regard de sa Servant.

« Enfin, euh je vais aller dormir un petit peu, hésita Shirô, un peu déstabilisé.

– Repose-toi bien et n'hésite pas à me solliciter si tu as besoin de quoi que ce soit.

– … Ok, bonne nuit, Saber. »

Ailleurs – Souterrain.

(Mettre The Ravaging Myth de FGO)

« Argh … cet endroit est assez repoussant.

– Fais attention à où tu marches, Sakura.

– Oui, oui. »

Sakura et Rider investiguaient ces étranges égouts. Médusa menait la marche silencieusement tout en analysant tous les éléments environnants. Mais mis-à-part les gouttelettes d'eaux qui chutaient au sol, ou dans l'eau, aucun son ne sévissait. La Master suivit de près sa coéquipière pour ne pas la perdre de vue, voulant presque lui prendre le bras.

Les minutes s'écoulèrent et progressivement, la Matô eut l'impression que cet endroit constituait un énième échec. Désespérant, Sakura poussa un léger soupir par le nez, comme dépitée. Cependant, Rider leva subitement son bras gauche, lui intimant explicitement de ne pas avancer.

« Ne bouge pas. Ils sont ici.

– ''Ils'' … ? »

Des bruits furtifs retentirent.

Comme des courses, notamment des pas qui touchaient l'eau autour. Des grognements à peine humain se mélangèrent aux bruits. Alors que Sakura balada son regard dans toutes les directions, Rider resta immobile tout en veillant sur sa Master.

« Héhé … je ne pensais pas que la maîtresse allait nous donner de la nourriture si vite …

– Elle est bien généreuse, ouais …

– Surtout que la nourriture est de haute qualité aujourd'hui ! »

Avec les échos, difficile de bien localiser ses murmures. Mais la jeune femme sentait qu'elles se faisaient entourer. Il se tramait bel et bien quelque chose ici. Sakura Matô fronça les sourcils et porta discrètement une main sur son bras gauche, au cas où les choses deviendraient incontrôlable.

« Ne t'en fais pas, tonna subitement Médusa, d'une voix douce. Aucun de ces êtres ne posera le moindre doigt sur toi. »

Droite comme un i, Rider fut entourée d'une puissante aura violette. Des étincelles jaillirent depuis son corps et la jeune femme fut assaillie de tous les côtés par trois ombres supersoniques. Néanmoins, aucun ne toucha la belle Servant qui s'était volatilisée à un vitesse supérieure, d'un saut vers le haut.

Redescendant à vive allure, elle affligea un coup de coude au premier assaillant qui s'écrasa à une dizaine de mètres, puis, la jeune femme poursuivit avec un coup de pied retourné, directement sur le visage de son compère. Ce dernier subit un sort similaire à son ami, en s'envolant plus loin.

Enfin, Rider saisit le visage de la troisième ombre pour la lancer à toute allure. La dernière victime s'encastra violemment dans le mur. Médusa se reposa au sol, sans aucune trace de fatigue après cet impressionnant enchaînement.

Une légère couche de fumée s'était installée pendant quelques secondes, sans que la Servant ne bouge, sa longue chevelure dansant à travers le vent. La jeune femme tourna sa tête légèrement vers la gauche où d'autres ombres commençaient à marcher dans sa direction, avec une démarche de zombie. En un éclair, Rider récupéra ses dagues et elle fonça vers les nouveaux ennemis.

En quelques mouvements, le groupe de zombie fut complètement annihilé par ses soins. Médusa fit disparaître ses armes et elle se retourna vers Sakura.

« La voie est libre, souffla la Servant.

– Oui, cet endroit est probablement un laboratoire, assura la Matô.

– Très vraisemblablement. »

Sakura reprit la marche tout en faisant attention à ses pas. Effectivement, d'autres cobayes s'approchèrent dangereusement du duo. Néanmoins, grâce à la puissance de Rider, aucun ne put toucher la Master, peu surprise par la tournure des événements. Elles s'éternisaient ici pendant de longues minutes, à la recherche d'un énorme indice, outre les ''habitants''.

« Il faut découvrir ce qu'il se cache ici … murmura la jeune femme. »

En explorant les différents couloirs de ces égouts, Sakura remarqua directement un détail frappant : la mairie de Fuyuki avait délaissé complètement cet endroit. L'architecture datait de plusieurs dizaines d'années avant. La Matô avait entendu dire que ces égouts avaient été utilisés par un tueur d'enfant auparavant.

Méfiante, la jeune femme devait faire preuve de prudence, tout de même. Une dizaine de minutes s'écoula et Sakura finit par tomber devant une grande porte métallisée. Dans le dos de sa Master, Rider fit quelques pour devancer sa partenaire et posa une main sur la poignée, tout en tournant son visage.

« À ton signal, lâcha la Servant.

– … Allons-y. »

Chapter 19 : Your Burden is So Heavy