Fate/stay night : Under The Star Sky
Bien avant – Recueil.
« Tu n'es pas digne d'être l'héritière des Kôta ! Tu n'es qu'une ratée !
– P-Père … !
– Retourne dans ta chambre et n'ose surtout pas nous déranger ! »
Irina fut enfermée dans sa chambre, complètement impuissante. Elle entendit Inaya se rendre dans la ''salle d'opération'' alors qu'elle se plaignait. Quel genre de sœur laisserait sa cadette souffrir à sa place ?! L'aînée frappa la porte de son poing, violemment, voulant faire changer les choses.
« PÈRE ! UTILISE-MOI À SA PLACE ! LAISSE-LA ! »
Elle se brisait la voix pour ça. Mais sans succès. Voici Irina en larme, complètement impuissante devant le sort de sa petite sœur : son père menait des expériences folles sur Inaya pour qu'elle soit apte à recevoir de grandes quantités de magie. Ainsi, il lui implantait de grandes quantité de circuits magiques, quitte à la faire particulièrement souffrir.
« Tu dois réussir, Inaya ! Tu dois réussir là où nous avons tous échoué ! »
Des hurlements mêlés à des pleurs. De la fille et de son père. Müller Kôta en pleurait. De rage ? De peine ? Inaya ne sut réellement décrire ses larmes. En tant que mage, les codes moraux devenaient totalement inutiles, tel l'amour paternel et la fille penchait plutôt pour la première possibilité : c'étaient des larmes de rage. Malgré la douleur qu'elle endurait, la sœur cadette devait tenir le choc.
« C'est terminé pour aujourd'hui … ha … elle est réceptive aux opérations …
– C'est formidable, chéri, on va pouvoir réussir …
– Oui, nous allons atteindre la Source … »
Alors qu'Inaya semblait littéralement en train d'agoniser sur son lit d'opération, les deux parents essayèrent de se rassurer en se prenant mutuellement dans leurs bras. Une famille de mage horrible.
Voici comment pouvait être résumé les Kôta.
Maintenant.
Un lieu étrange.
Il le connaissait pourtant. Il le connaissait même très bien.
C'était sa maison, celle des Matô. Pourtant, elle lui apparaissait très floue aujourd'hui. Les couloirs étaient sombres, grisâtres. Shinji ne voyait que vaguement un chemin qui menait à une porte. Il regarda un instant ses mains et elles-mêmes semblaient aussi peu colorés, surtout … on aurait dit qu'il avait rajeuni. Probablement au milieu de son adolescence.
Un souvenir ?
Shinji marcha lentement vers cette chambre. Doucement, il leva sa main droite vers la poignée circulaire.
« Arrête … »
Une voix retentit aussitôt. Cela eut le don de faire douter le jeune adolescent qui se rétracta pendant quelques secondes. Cette voix lui était bien familière, à qui appartenait-elle ?
« Je t'en supplie … ne viens pas ! »
Shinji Matô ouvrit brusquement les yeux et se releva avec la même véhémence. Il haleta légèrement et posa une main sur la tête :
« Oh putain … c'était quoi ce rêve … ? »
Avant même d'avoir eu le temps de comprendre ce rêve, le jeune homme remarqua qu'il s'était endormi inopinément, sur une table de bois. Bordel, quelle négligence. Gilgamesh ne se trouvait pas là, évidemment. S'il avait subi une attaque, il serait probablement déjà mort à l'heure qu'il est. Shinji Matô se releva de son banc et décida de quitter les lieux pour voir si son Servant si instable se trouvait dans les environs ou non.
Le Matô se trouvait en pleine forêt et il devait bien avouer que l'ambiance de cet endroit lui donnait la chair de poule. Surtout de nuit. C'était à cette heure que les goules sortaient habituellement, Shinji sentit son cœur battre plus fort, derrière sa poitrine. N'étant guère un mage et encore moins un guerrier, le jeune homme avança prudemment.
Ailleurs.
« Évidemment, il n'est pas là.
– Ce n'est pas pour le défendre mais l'aura meurtrière qui émane de toi, ne donne pas forcément envie de te voir.
– Qu'est-ce que tu as dit ?! »
Momentanément déstabilisée par cette pique, Rin Tohsaka se ressaisit vivement. La voici dans la maison Matô sauf qu'il n'y avait absolument personne. Pas une trace de ce vieux Zôken, probablement sorti. La jeune femme se demandait ce que pouvait réserver ce grand-père et quel était son rôle dans cette guerre.
« Tu penses qu'il voudrait récupérer Sakura ? Demanda Archer en suivant les pas de sa maîtresse.
– Je ne sais pas, avoua-t-elle sans ton particulier tout en arpentant les longs couloirs de la maison, mais son séjour dans les Matô n'a pas servi à rien. Au contraire, je pense que Zôken a déjà prévu quelque chose dans le cas où Sakura se battrait pour elle. »
EMIYA n'ajouta rien, la réponse étant assez complète. S'il comprenait bien … sa petite sœur était la clé pour le plan pour ce vieil homme. Néanmoins, Rin ignorait comment il pourrait exploiter Sakura. Parce que les réponses se trouvaient dans les 10 années d'entraînement que Zôken lui avait imposé.
Et il fallait découvrir ça.
« Par contre, il est assez inattendu qu'il connaisse le Master d'Avenger, reprit Archer en fronçant à peine les sourcils.
– Tu penses qu'ils sont alliés ? Conjectura Tohsaka, d'un ton lent.
– Pas nécessairement. Néanmoins, je pense qu'ils sont entrés en contact avant même la guerre.
– Pourquoi ça ?
– Je doute qu'un Master puisse s'allie avec cette femme, bien trop instable et sur les lignes éthiques de la guerre. En revanche pour quelqu'un qui ne participe pas à la guerre directement, ses règles ne s'imposent pas à lui. Surtout que le compte de Servant n'y est pas : elle a probablement invoqué le sien en dernier, avec un moyen détourné. »
Les déductions paraissaient relativement justes. Cela signifiait que Zôken et cette femme se fréquentaient avant le début de la guerre puisque ce vieil homme l'avait aidé pour son invocation. Rin ferait mieux de demander à Sakura directement, pour des éventuelles informations …
Lendemain matin – Maison Emiya.
Il était près de 8h30.
Alors que le ciel paraissait bien éclairé par le soleil, Saber était assise dans le salon à fixer un point bien précis : son Master, Emiya Shirô. Ce dernier se trouvait dans la cuisine et préparait le petit-déjeuner, lui tournant ainsi le dos. Jusqu'à là, rien d'anormal. Pourtant, tout dans le corps de Shirô l'intimait de ne pas se retourner et croiser le regard de la Servant : pour une raison ou une autre, il sentit un regard accusateur vers lui.
Et c'était bien la réalité : Saber accusait bel et bien Shirô de quelque chose dont il ignorait totalement la raison. Pourquoi lui en voulait-elle ?! C'était bien ça qu'il l'effrayait à vrai dire alors il évita tout contact visuel avec la belle blonde.
« … »
Aucun son ne résonna dans la résidence. Hormis le ''bonjour'' d'Artoria, elle n'avait plus prononcé le moindre mot et s'était contentée de regarder Emiya. Depuis combien de temps maintenant ? Le jeune homme n'en savait désespérément rien mais c'était tout de même bien trop pesant pour lui. Qu'avait-elle à lui reprocher, exactement ?! Il n'avait rien fait !
« Saber, à table, sourit maladroitement le mage. »
L'intéressée hocha simplement la tête et prépara effectivement la table. Durant tout le petit-déjeuner, Artoria l'accusa implicitement et silencieusement de quelque chose. Shirô commença à sentir son cœur battre rapidement, plus qu'à l'accoutumé. Pourquoi agissait-elle aussi étrangement depuis ce matin ?!
Bon.
Il valait mieux affronter son destin maintenant. Il ne pouvait continuer la journée de cette manière, le mage finirait par craquer mentalement.
« Hé, Saber.
– Oui ?
– P-Pourquoi … tu me regardes, comme ça ? »
Cette question lui fit plisser ses beaux yeux émeraudes. S'était-elle sentie percer à jour ? (Le cas échéant, elle était vraiment mauvaise pour masquer ses intentions.)
La Pendragon déposa ses couverts momentanément tout en fermant son regard.
« Rien de bien spécial, nia-t-elle complètement sans paraître convaincante du tout.
– Et pour de vrai ? Fit-il, interloqué par son piètre mensonge.
– … »
Saber aurait pu se sentir outrée par une telle phrase mais s'abstint facilement.
« Nous allons sortir tous les deux.
– Hein ? Sortir ? Où ?
– Je ne sais pas. Cela fait deux jours que nous ne sommes pas sortis et manifestement, tu as besoin de changer d'air, Shirô. »
Le Master ne comprenait pas trop où la jeune femme voulait vraiment en venir. Avoir besoin de sortir ? Depuis quand ? Sûre de ses déductions, Artoria but sa tasse de thé, les paupières closes. Alors que son interlocuteur parut bien plus confus. Peut-être que sur son visage, la fatigue se lisait-elle facilement ? Pourtant, il n'avait pas l'impression non plus.
« Pourquoi dis-tu ça ? Demanda Emiya, les sourcils haussés.
– Depuis les événements de cette nuit-là, tu m'as l'air légèrement … différent ? Je me suis dit que cela pourrait concerner tes blessures, toutefois, j'ai l'impression que tu étouffes après tous ces jours de guerre, déclara la Pendragon d'un ton lent.
– J'ai l'air si fatigué que ça, alors ? Sourit légèrement le jeune homme.
– Pour un humain, il est normal de ressentir la fatigue. Il faut que tu puisses te détendre un minimum, c'est pourquoi en tant que Servant, j'ai pris l'initiative de sortir avec toi.
– Sortir avec moi ?! »
Emiya se releva instantanément, en prenant une posture presque … défensive ? Saber leva directement son visage en ayant entendu la subite exclamation de son Master. Pour le jeune homme, elle venait de lancer une véritable bombe dans sa tête : se rendait-elle compte de ses propos ? Bien qu'il sût pertinemment, que c'était un énorme quiproquo, Shirô ne put contrôler sa réaction.
Réaction totalement incompréhensible aux yeux de Saber, soi-disant passant.
« Oui.
– S'il te plaît, Saber … n'essaye plus de me tuer comme ça … soupira le mage.
– ? »
Naturellement, Artoria ne comprit pas où le jeune homme voulait en venir. Ayant été un Roi dont les relations sociales s'approchaient pratiquement du néant, la belle blonde ne connaissait rien des expressions modernes comme le fait de ''sortir ensembles''. Pour elle, il n'y avait aucun sous-entendu : ils allaient littéralement sortir ensembles.
Pour le malheureux Shirô, il y en avait.
Donc, les voici sur le point de sortir. Enfilant son manteau blanc, la belle Saber posa un regard derrière où son Master finissait de se préparer. Pour elle, la santé de Shirô passait avant toute priorité et à son sens, il avait besoin de se dégourdir les jambes.
« Je suis prêt, lâcha le jeune homme.
– Allons-y, alors. »
Le duo sortit pour se balader en ville. En plein jour, ils ne craignaient pas une attaque puisque les règles stipulaient de combattre en nuit, ou dans un lieu désert, sans le moindre témoin. Shirô fut légèrement ébloui par la lumière du soleil et il leva un faible regard dans cette direction.
Ah, la neige s'en est allée …
« Tu as un endroit où tu voudrais aller, Saber ? Demanda le mage en fermant la porte à clé.
– Je vais simplement me contenter de te suivre, après tout, tu connais bien mieux la ville que moi, déclara simplement Artoria en ayant ses mains dans son dos.
– Hmm … »
Où devait-il aller, dans ce cas-là ? Faire les courses ? Cela semblait plutôt banal mais cela n'allait certainement pas déranger la Pendragon, en y repensant. Non, pour se changer les idées, mieux valait faire quelque chose de différent, pour une fois. Shirô plaça sa clé dans la poche.
« Je vois. Dans ce cas-là … »
Le jeune homme intima à sa partenaire de le suivre, Saber s'exécuta simplement en marchant dans ses pas. À cette heure (11h), les rues commençaient à se remplir et Fuyuki était une ville très commerçante où beaucoup de monde défilait. Même avec les récentes disparitions, il semblerait que les habitants continuaient malgré tout, de vivre. Les yeux d'Artoria se baladèrent vivement de droite à gauche en voyant les nombreuses marchandises.
« Cet endroit est toujours aussi fréquenté ? Murmura la belle blonde en laissant son regard sur le marché.
– Hm … je dirais non parce que d'habitude, il y a plus de monde mais ça ne doit pas être très différent non plus. »
Cela semblait vraiment différent de son époque, effectivement. La belle chevalière devait bien avouer que cette ère comportait son lot de surprise, même avec les informations du Graal, préalablement transmis. Ou peut-être qu'en son temps, cela fonctionnait d'une manière similaire ?
Le duo se rendit ensuite dans un beau parc où la lumière du soleil mit en valeur toutes les feuilles, d'un vert éclatant. Une petite fontaine se trouvait en son milieu et contribua à rendre cet endroit aussi vivant que magnifique. En ce temps ensoleillé, une petite balade leur ferait le plus grand bien. Des enfants jouaient joyeusement tout en courant frénétiquement, traversant le parc dans son intégralité.
« Malgré les incidents, les personnes s'épanouissent toujours, remarqua le Roi de Grande-Bretagne.
– Je pense qu'il ne connaisse que la moitié de la vérité, rectifia le mage en prenant place sur un banc.
– La moitié seulement ?
– L'église couvre probablement tous les faits. S'ils savaient vraiment le nombre de disparition, il y aurait moins de monde ici.
– Je vois. »
Saber acquiesça et fut bien d'accord avec son Master. La jeune femme s'assit à ses côtés, les mains sur ses genoux. En voyant ces petits enfants courir joyeusement dans le parc, la blonde songea à cet instant que leur innocence suffisait amplement à rendre cet endroit magnifique.
« Il est vrai qu'à cette vue … devenir un héros de la justice, n'est pas chose absurde. Loin de là même, sourit lentement la Servant.
– … C'est pour ce genre de sourire que je me bats, ajouta Emiya en déposant ses coudes sur les genoux.
– Dis-moi Shirô … je ne te l'ai pas encore demandé jusqu'à maintenant … mais durant cette forme de goule, qu'avais-tu ressenti en toi ? »
Le jeune homme tourna son regard le sol et joignit ses mains, presque nerveusement. Qu'est-ce qu'il avait ressenti ? D'agir comme un véritable monstre ?
« Je ne saurais trop le dire, mes souvenirs sont flous … cependant, je sais que j'avais peur … peur d'avoir du sang sur les mains. Et ça c'était bien confirmé …
– Tu n'étais pas conscient de tes faits et gestes, rectifia immédiatement Saber d'un ton ferme.
– Ouais, je sais. Sauf que j'arrive pas trop à me sortir ces idées de la tête.
– Broyer trop du noir là-dessus ne t'apportera que du malheur, Shirô. Personnellement, je prendrais plutôt ces événements comme un moteur pour tes idéaux. »
Comment la Pendragon pouvait prendre les choses avec un tel recul ?
« La souffrance que tu éprouves est une étape nécessaire pour l'accomplissement de ton idéal, reprit la belle blonde avec un ton doux. »
Le jeune homme ne répondit pas, il se contenta de froncer les sourcils de façon presque imperceptible.
« C'était mon cas aussi, tu sais. Durant mon règne, j'ai beaucoup ressenti cette souffrance dont je te parle … »
C'est faux. Je le sais.
« Mais elle m'était nécessaire pour maintenir mon royaume. »
Tu ne parles pas de toi. Tu parles de quelqu'un d'autre.
Le vent souffla légèrement, secouant leurs chevelures. Saber avait son regard posé directement sur la fontaine qui laissait échapper l'eau tandis que Shirô fixait le sol, inlassablement.
« Ainsi, bien que j'eusse des regrets … les idéaux que j'ai défendus sont les bons. C'est ce que mon entourage, mon peuple, mon royaume désirait. Que je me batte de tout mon soûl, jusqu'à la toute fin. »
C'est faux.
Ton peuple ne voulait pas ça. Il voulait que tu sois humaine.
Mais tu as dû rejeter cette humanité pour être Roi. Comment pourriez-vous, vous comprendre au juste ? Tu ne comprends pas les gens qui t'entourent. Et personne ne pouvait te comprendre.
« Alors Shirô, mes idéaux sont certes emplis de regrets mais ils me permettent tout de même d'avancer, continua la Servant aux yeux émeraudes. »
Elle ne pouvait porter autant de regrets, même pour ses idéaux.
Son armure servait à cela : à la protéger de ses regrets pour qu'ils ne la touchent jamais. Elle pouvait sentir ça mais elle se protégeait sciemment de ses propres sentiments. C'était comme si son armure agissait comme une prison qui contenait ses réels sentiments …
« Saber … je voudrais te poser une question. Juste une seule.
– Bien sûr. »
Emiya Shirô leva son regard vers la belle blonde qui lui répondit.
« … Est-ce que … tu comprends le cœur des gens, autour de toi ? »
Plus tard.
La journée continua dans le même rythme, Shirô et Saber se baladaient dans la ville. Passant par des cafés, des magasins banals ou des simples promenades s…
Emiya se surprit à s'évader temporairement de cette réalité. C'était une sensation étrange … cela faisait longtemps qu'il n'était plus sorti pour s'amuser ainsi. Pour Saber, ce sentiment devait être amplifié de manière exponentielle. Avec son statut de Roi, elle ne pouvait se permettre un tel luxe comme s'amuser ou se détendre.
« Regarde, Shirô. Si nous jetions un coup d'œil de ce côté ?
– T-Tu ne veux pas plutôt regarder ça ? Contesta implicitement Shirô en ayant un sourire maladroit sur son visage. »
Le fils de Kiritsugu pointa un stand dédié au tourisme, avec beaucoup d'accessoires de tout type tandis que Saber désigna … un stand de fleurs. En soi, regarder des fleurs ne le dérangerait pas plus que cela … mais en cette période de l'année, les vendeurs préparaient probablement la Saint-Valentin. Et cela le mettait un peu mal à l'aise …
Mais malheureusement pour lui …
« Elle est déjà partie … »
Artoria partit sans attendre la réponse de son partenaire. La jeune femme contempla les nombreux bouquets à disposition. Ils étaient tous placés de façon harmonieuse où des roses s'en dégageaient principalement. Mais la blonde parvint à identifier beaucoup d'autres et Shirô la rejoint après quelques secondes.
(Mettre Answer de Tsukihime Remake)
« Shirô, connais-tu le langage floral ? »
Légèrement penchée vers l'avant avec les mains sur ses genoux, Saber fixa une à une les nombreuses fleurs alors qu'Emiya parut un peu moins intéressé que sa camarade, tout en étant curieux, toutefois.
« Très vaguement, je pense, répondit simplement le jeune homme.
– Regarde, sur toute la première rangée, tu retrouves des renoncules : cela désigne la surprise, la joie ou même parfois, les reproches. Puis, derrière, ce sont des camélias. Ils expriment l'admiration, l'amour éternel et la beauté parfaite.
– Ehhh … tu en connais beaucoup sur les fleurs, fit-il en contemplant également les belles roses devant lui.
– Disons que j'ai eu l'occasion de côtoyer quelqu'un qui en sait bien plus que moi, sourit la blonde en fermant momentanément les yeux. »
Shirô déposa furtivement son regard vers sa Servant et réfléchit quelques secondes. Une de ses connaissances dont le langage des fleurs n'avait pas de secret pour lui … maintenant qu'il y songeait, dans sa légende, il n'y avait pas un mage de …
« Hé, petit. Hé, petit ! »
Des murmures, qui se voulaient discrets, parvinrent à Shirô. Ce dernier se tourna à sa droite où le vendeur (un homme d'une quarantaine d'années avec des cheveux noirs courts et des lunettes sur le nez) lui fit un signe de s'approcher. D'abord réticent, Emiya abdiqua et s'approcha de lui.
« Oui ? Il y a un problème ? Souffla le Master, sans être très impliqué.
– Je vais te préparer un beau bouquet, lâcha subitement le vendeur d'un ton rassurant.
– Hein ? Mais je n'ai rien demandé, monsieur.
– Pas pour toi, mais pour ta jolie copine ! S'exclama ensuite son ''complice''.
– Quoi ?
– Attends, tu ne vas pas me dire que t'as pas vu les signaux qu'elle t'envoie ou quoi ? Un cours sur les fleurs, tu crois que c'est pourquoi ? Personne n'en fait ! Elle veut carrément que tu lui en offres. »
Décidément, entre la fille de l'hôtel et lui, pourquoi des inconnus s'immisçaient dans sa vie sans aucune gêne ? Puis, encore cette histoire où il était supposé sortir avec Saber ?
Attends, c'est vraiment l'impression qu'on donne, moi et Saber ?
N'importe quoi.
Le jeune homme secoua vivement la tête, chassant des pensées un peu trop absurde à son goût. Gentiment, il refusa la proposition très insistante de ce type … qui ne semblait pas lâcher l'affaire pour autant, puisqu'il réitéra sa demande.
« Allez, petit. Tu vas la décevoir si tu continues à agir comme ça, conseilla le vendeur en étant plus sérieux cette fois-ci.
– C'est très gentil mais … »
Shirô posa un regard à Saber dont l'attention était essentiellement rivée sur les autres fleurs, juste à côté. Comme si elle cherchait à challenger ses connaissances florales. La belle blonde avait tout de même pris la décision de sortir, de s'occuper de lui durant la journée, uniquement pour son bien. Ne serait-ce pas le minimum, de la remercier avec un beau cadeau ?
Le fils de Kiritsugu inspira légèrement et se retourna vers le vendeur.
« Un beau bouquet alors, sourit-il. »
Les sourcils légèrement froncés, Artoria butait contre certaines fleurs dont elle ne connaissait ni l'existence, ni leur signification symbolique. Serait-ce de nouvelles espèces ?
« Hé, Saber. »
Accroupie pour tout analyser, la chevalière tourna vivement sa tête et fut un petit peu déconcertée par la vision d'un Shirô lui tendant un magnifique bouquet : il mêlait des gardénias (de petites fleurs blanches), des lins (fleurs bleues) et enfin des roses rose. La
jeune femme ne sut trop quoi dire pendant quelques instants, avec la bouche légèrement entrouverte.
« Tiens, fit le jeune homme sans aucune arrière-pensée, merci pour la journée … ça faisait un moment que je ne m'étais plus amusé. Du coup, j'espère que tu aimes les fleurs, Saber. »
L'intéressée se redressa correctement et accepta le bouquet, elle le prit dans ses mains.
« M-merci, bafouilla la belle blonde. »
Artoria sentit qu'elle rougissait légèrement et se cacha derrière les fleurs pour que Shirô ne remarque pas sa gêne.
« Euh, ça va Saber ? Demanda le mage en s'approchant un petit peu.
– Oui, ne t'inquiète pas. C'est juste que … je … je n'ai pas beaucoup l'habitude de recevoir des présents … alors … cela m'a un peu touché. »
Ceci dit, elle leva la tête pour regarder d'un peu plus près ce magnifique bouquet. La jeune femme esquissa ensuite un sourire sincère tout en regardant son Master dans les yeux.
« Shirô … merci beaucoup pour ton cadeau, c'est vraiment l'un des plus beaux que j'ai pu avoir, de toute ma vie … »
Emiya ne bougeait plus, son regard se perdant sur sa partenaire. La scène était juste … magnifique à contempler.
Peut-être à cause du coucher du soleil qui rendait les cheveux de Saber, un petit peu plus dorés qu'ils ne l'étaient déjà ?
Peut-être à cause de la brise qui secoua les vêtements et la belle chevelure d'Artoria ?
Peut-être à cause des pétales de cerisiers qui s'envolaient avec la brise, mettant en valeur la silhouette de sa Servant ?
Qu'est-ce qui rendait ce panorama si beau, au final ?
Peut-être … parce que …
C'était le premier vrai sourire que Saber faisait pour elle.
Il voulait lui demander : « Est-ce que tu as déjà souris pour toi ? »
Mais inutile de le faire.
Il connaissait déjà la réponse avant même de poser la question. Bien sûr que non. Comment un Roi s'étant débarrassé de toute humanité pouvait sourire pour elle-même ? Son bonheur était simplement celui des autres. Son bonheur correspondait à la paix dans son royaume.
Artoria Pendragon savait probablement sourire pour elle, même si c'était rare.
Mais pas le Roi Arthur.
« Il n'y a pas de quoi, Saber. Ça me fait plaisir, tu sais. »
La jeune femme ferma les yeux et huma légèrement les fleurs, l'odeur agréable de ces dernières lui plaisait. Emiya Shirô ne sut trop comment réagir mais cette journée avec sa partenaire avait suffi pour qu'il comprenne une chose capitale sur elle : le combat ne lui correspondait pas.
Un petit peu plus tard.
Rin et Sakura partageaient le dîner ensembles, entre sœurs avec le sourire aux lèvres. Archer et Rider surveillaient le manoir en se trouvant sur le toit.
Ilyasviel prit son thé avec ses servantes, Berserker se trouvait en retrait.
Caster discutait avec son cher Master, Kuzuki.
Kirei lisait un manuscrit dans son église pendant que Lancer était perché sur un arbre, à attendre.
Shinji suivait Gilgamesh dans des ruelles sombres.
Enfin, Shirô demeurait assis sur un banc, aux côtés de Saber qui souriait à la vue de son bouquet de fleurs, sur ses genoux.
Cependant … cet instant qui semblait suspendu dans le temps, s'estompa. Dans ce ciel assombri par la nuit, des nuages sombres couvraient la lune et empêchaient les étoiles de briller. Les oiseaux ne volaient pas, les animaux ne sortaient pas dans les rues, non plus. Non, la nature elle-même avait compris plus rapidement que l'Homme qu'un nouveau cycle allait débuter avec la fin du précédent.
Quelque chose brisa cette harmonie.
Non, quelqu'un le fit comme depuis le tout début de cette guerre.
« Chers, Masters. »
Une voix singulière résonna dans toute la ville.
Rin et Sakura levèrent leur regard vers le haut instinctivement, ne sachant pas trop où se situait cette ladite voix. Caster fronça à peine les sourcils tandis que Kuzuki resta mécanique. Ilya plissa son regard rougeoyant. Kirei ferma vivement son manuscrit d'un mouvement, Lancer haussa un sourcil simplement. Shinji se retourna d'un coup, comme s'il s'était senti attaqué pendant que Gilgamesh poursuivit sa marche. Shirô se redressa net alors que Saber leva un simple regard, clignant des yeux.
« Je suis Inaya Kôta, une Master non-officielle de cette guerre du Graal. Je sais que vous ne connaissez probablement pas ce nom mais, sous peu, cela va changer très rapidement. »
Debout et droite comme un I sur un grand building, la jeune femme avait une main sur la hanche. Sa longue chevelure noire, attachée en queue de cheval, se balança doucement au gré du vent nocturne, tout comme sa robe ténébreuse. Elle ne s'adressait pas directement aux Masters comme un Servant le ferait mais plutôt par le biais de ses familiers : ses corbeaux étaient dispersés dans toute la ville et servaient de « haut-parleurs » pour elle.
De ce fait … tout le monde à Fuyuki pouvait l'entendre.
« Je suis la responsable des disparitions des habitants de Fuyuki depuis le début de la guerre. Mais elles ne seront pas vaines, j'en fais le serment. Après tout, elles vont permettre de réaliser mon souhait. »
Shirô eut les yeux élargis en constatant le point qu'Inaya s'adressait à toute la ville puisque la jeune femme ne disposait d'aucun moyen à parler directement aux mages eux-mêmes. Voulait-elle devenir l'ennemie publique numéro une ?
Kotomine Kirei plissa son regard et se dirigea vers les locaux de son bureau. Le nom « Kôta » ne lui était pas complètement étranger, au contraire même. Dans ses dossiers, le prêtre se souvenait effectivement de quelque chose …
« Si vous, Masters choisis par le Graal, comptez vous opposer à moi, venez donc. Le monde, tel que nous le connaissons, risque de subir quelques modifications. »
Le vent du mauvais augure souffla. Cela fit perdre quelques pétales au bouquet de Saber qui avait les yeux élargis, ces pétales s'envolèrent à travers la nuit. Elle avait oublié momentanément, dans quoi ils étaient tous embarqués.
« Parce que j'ai bien l'intention de détruire ce cycle pour en entamer un nouveau. »
Chapter 30 : To Break The Cycle.
Part II : Under The Twilight, You Smile For Yourself.
