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Le chemin de Traverse, en pleine effervescence ce jour là, regroupait des boutiques sorcières de tout type. Séraphine, fascinée, se retenait à grande difficulté de se coller aux vitrines pour admirer les teintes cuivrées des chaudrons ou humer la délicieuse odeur des patacitrouilles.

Elle faillit s'étouffer en apercevant les étiquettes qui indiquaient les prix et se consola en se disant que, avec l'héritage légué par sa grand-mère, elle pourrait peut-être s'acheter une ou deux friandises.

Mais elle avait beau balayer la rue du regard de long en large, elle ne voyait toujours pas un quelconque bâtiment qui ressemblerait à une banque. Elle se doutait qu'une banque sorcière était différente d'une banque Moldue de bien des points, mais elle espérait qu'elles seraient suffisamment identiques pour les repérer.

Après une dizaine de minutes passées à chercher en vain Gringott, elle finit par interpeller un homme, grand et mince, aux cheveux roux, accompagné d'une femme rondelette, petite et rousse, qui tenait dans ses bras un bébé.

« Excusez-moi, dit-elle. Je cherche la banque de Gringott. Sauriez-vous où elle se trouve ?

— Bien sûr, assura la femme en lui souriant. Tu la trouveras au bout de la rue. C'est le grand bâtiment, tout en blanc. »

Comme elle avait les bras occupés, elle désigna la fin du Chemin de Traverse d'un mouvement de tête.

Séraphine les remercia et emprunta la direction indiquée. Elle atteignit un immense édifice, blanc comme neige, qui surpassait en taille toutes les boutiques alentour.

Elle grimpa un escalier de marbre blanc et arrivant face à un monumental portail en bronze, gardé par une créature humanoïde, aux oreilles pointues et aux petits yeux entièrement noirs : un Gobelin.

« Z'êtes qui ? grogna-t-il en lui barrant la route.

— Je m'appelle Séraphine Prince, je viens pour un héritage. » déclara-t-elle.

— Hmpf. » marmonna-t-il en se décalant du passage.

Elle traversa le portail et entra dans le hall. Elle s'avança vers le guichetier. Elle toussota pour attirer son attention.

Comme il ne la regardait toujours pas, elle dit : « Bonjour. Je cherche Durk. »

Il lui jeta un bref coup d'œil.

« Derrière vous. » grommela-t-il.

Elle se retourna et vit un Gobelin, habillé d'un costume élégant bleu marine et d'une cravate de la même couleur. Il remonta ses lunettes rectangulaires sur son nez en la toisant.

« Séraphine Prince. Bonjour, je suis Durk, le notaire en charge de votre dossier. Où est votre tuteur légal ?

— Elle n'a pas pu venir », mentit-elle.

Durk fronça son seul sourcil.

« Dans ce cas, nous ne pouvons procéder à l'héritage, annonça-t-il. Il faudra que vous reveniez un autre jour.

— Attendez ! s'écria-t-elle. Pourriez-vous m'expliquer... enfin, ce que vous savez sur mon héritage ? »

Il soupira avant de marmonner : « D'abord, attendons Servisis. »

Elle eut un air interrogateur et il précisa : « L'elfe de maison de votre défunte grand-mère, qui est actuellement en charge de la maison. »

Servisis arriva quelques minutes plus tard. La moitié de sa tête semblait avoir été écrasée par une grosse étagère. Son œil gauche était caché derrière une énorme bosse. Il était habillé d'une robe sorcière adaptée à sa morphologie et à sa taille.

« Bonjour, Durk, salua-t-il. Vous êtes Séraphine Prince, je présume. J'ai connu votre mère. J'espère que vous ne serez pas comme elle. »

Elle ne sût que répondre.

« Suivez-moi », ordonna Durk. Il jeta des coups d'oeil à une jeune femme blonde, aux longs ongles crochus dotée d'une large dose de maquillage, qui les épiait, avant d'ajouter : « Il vaut mieux éviter les oreilles indiscrètes. »

Il les guida au travers d'un dédale de couloirs et s'arrêta devant une porte avec un petit écriteau sur lequel il était indiqué : Durk, notaire.

C'était un petit bureau. Les murs étaient cachés derrière de grosses étagères de dossiers et Séraphine devina qu'un sort de Silence avait été jeté sur la pièce.

« Asseyez-vous, je vous prie. »

Séraphine et Servisis obéirent et prirent place sur leurs sièges.

« Mademoiselle Séraphine, dit Durk en époussetant les bords de son bureau. Que savez-vous exactement du passé de votre famille ?

— Rien, répondit-elle honnêtement.

— Oh... Dans ce cas, je vais commencer par le début. » déclara Durk avec un soupir discret.

Il se racla la gorge.

« La famille Prince était une famille de sangs-purs qui croyaient fermement à la pureté du sang. Comme la plupart des familles de sangs-purs, ils reniaient tous ceux qui prenaient la décision de se marier, ou même d'avoir une quelconque liaison avec une personne Moldue, ou même de sang-mêlé. Eileen a fait le choix de se marier et d'avoir un enfant avec un Moldu. Cependant, elle n'a, étrangement, pas été reniée.

— Ils n'en ont pas eu le temps. » dit Servisis.

Durk le fixa longuement avant de reprendre : « Effectivement, nous pouvons supposer cela. Mais revenons-en à ce qui nous importe : l'héritage. Dans ses derniers instants, Dorothy Prince a écrit son testament. Il stipule que vous, mademoiselle Prince, héritiez du manoir Prince, ainsi que de tout ce qui reste dans le coffre Prince, à savoir un montant de 4881 gallions, 7 mornilles et 19 noises, et une couronne en argent. »

Le souffle de Séraphine s'était bloqué dans sa gorge au moment où Durk avait énoncé la fortune. Combien d'ingrédients de Potion allait-elle pouvoir s'acheter ? Combien de chaudrons ? Combien de patacitrouilles ?

« Malheureusement, dit Servisis avec une jubilation évidente, votre mère n'ayant pas pu venir, vous ne pourrez pas accéder à votre héritage. »

Séraphine retourna à la réalité avec difficulté. Bien sûr, c'était trop beau pour être vrai. Elle se mordit sévèrement la lèvre. Hors de question de perdre l'espoir d'une vie meilleure parce que sa mère refusait d'avoir affaire aux Prince.

« Si nous revenons demain, nous pourrons ? demanda-t-elle, légèrement tremblante.

— Bien sûr, dit Durk. Mais veuillez ne pas tarder. Je ne serais au bureau qu'entre onze heures et douze heures. »

Elle hocha la tête en se promettant qu'elles y seraient.

Durk raccompagna Servisis et Séraphine à la sortie. Une femme apparut sur le seuil de la porte. Servisis et Séraphine la reconnurent immédiatement. Eileen Prince, furieuse, se trouvait à quelques pas d'eux — elle n'était certainement pas décidée à accepter l'héritage de sa fille et prête à en découdre.