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Une odeur chaude et délicieuse de pains d'épice et de chocolats flottait dans les airs quand Séraphine se réveilla, un dimanche de mi-décembre. Elle se leva et s'habilla comme à son habitude. Ses camarades de dortoir étaient déjà parties. D'ordinaire, c'était Séraphine qui quittait l'endroit plus tôt, mais elle était restée éveillée tard la veille pour préparer son cadeau de Noël.

Dans la salle commune, les branches d'un énorme sapin effleuraient le lac noir. Séraphine rejoignit la Grande Salle et vit des elfes de maison qui accrochaient des guirlandes de houx aux murs. Elle s'assit à sa table et aperçut des rangées de citrouilles qui chantonnaient des airs de Noël version sorcier.

« Tu restes pour les vacances de Noël ? demanda Neil Trix, qui s'empiffrait de petits gâteaux en forme de lutins.

— Je ne sais pas encore, répondit Séraphine. J'espère.

— Moi, je vais rentrer. Je vais bientôt avoir une petite sœur, j'irais probablement à Saint Mangouste vers Noël. »

Séraphine ne l'écoutait pas. Elle cherchait Lily, pour lui offrir un cadeau qu'elle avait eu du mal à trouver : une édition limitée des contes de Beedle le barde. Quand elle entra dans la Grande Salle, Séraphine hésita à aller la voir devant tous les Serpentard, et décida finalement qu'elle se devait de respecter les objectifs qu'elle s'était fixés.

« Lily ? » l'appella-t-elle.

La jolie rousse se retourna et adressa un sourire hésitant à Séraphine.

« Séraphine, comment vas-tu ?

— J'ai quelque chose pour toi. »

Elle lui tendit le livre, quand celui-ci se transforma en une bouche monstrueuse qui claqua férocement des dents. Elle les planta dans le bras de Lily et Séraphine, figée, regarda l'un de ses pires cauchemars se réaliser. Elle savait ce qu'elle devait faire : bouger, lancer un sort pour sauver Lily de cette situation, faire quelque chose d'utile, en somme. Mais elle était incapable d'amorcer le moindre geste.

Quelqu'un d'autre le fit pour elle : c'était Remus Lupin, qui était arrivé peu après Lily. L'affaire se déroula en quelques secondes, mais pour Séraphine, elle dura bien plus.

« Mademoiselle Evans ! » s'écria Mcgonagall.

Elle fit transportée à l'infirmerie immédiatement. Séraphine, elle, s'effondra. Comment une telle chose avait-elle ou se produire ? Elle se retint de sangloter devant les autres élèves, mais dès que Remus l'emmena à son tour à l'infirmerie et qu'elle fut seule sur son lit, elle se mit à pleurer à chaudes larmes.

Cependant, par-dessus ses espoirs de réconciliation et de rapprochement anéantis, et le désespoir immense qui en découlait, il y avait cette question, obsédante qui se répétait en boucle dans sa tête : qui était le responsable de cet affreux accident ?

La réponse se trouvait dans les cachots, au dortoir des Serpentard, dans la chambre des Nobles. Cassidy, Cassie et Cassandre Rupert étaient assises sur leur lit, les yeux baissés.

« J'ai de la peine pour Séraphine, déclara Cassie.

— Nous n'avions pas le choix, rétorqua Cassidy.

— Et elle l'a bien mérité, renchérit Cassandre, à chercher à sympathiser avec les sang-de-bourbe. »

Ses deux sœurs la fixèrent, muettes de stupeur. Elle avait osé utiliser l'expression. Ce mot maudit, que leurs parents les avaient interdit de prononcer. À force de traîner avec les pires fanatiques de sangs-purs, elle finissait par employer ce genre de terme naturellement.

Cassidy, Cassie et Cassandre Rupert avaient été élevées dans une famille de deux nés-Moldus, qui prenaient tout particulièrement soin d'éviter à leurs filles d'êtres contaminées par les préjugés racistes dont ils avaient souffert, souffraient et souffriraient encore. Mais au final, être à Serpentard avait suffi à les attirer près de la bêtise et les trois filles, pour s'intégrer, s'obligeaient à normaliser ces comportements et à les adopter.

« Ce n'est pas de notre faute, souffla Cassidy. Après tout, ce n'est pas nous qui avons demandé à ensorceler le livre. »

Leurs yeux se posèrent sur une lettre, marquée par une insigne qui n'avait plus fait son apparition depuis des décennies : le sceau des Prince.

Car c'était bien Eileen Prince, la mère de Séraphine, à l'origine de tout cela.

Cette dernière s'était renseigné sur tous les membres de la maison Serpentard — ou plutôt sur tous les sangs-purs de Poudlard, ce qui revenait presque au même. Elle avait découvert les Rupert, camarades de dortoir de sa fille, et s'était rapidement aperçue qu'elles étaient facilement manipulables. Quelques mots, quelques promesses, et elles étaient prêtes à commettre les pires des bassesses.

Apprendre que Séraphine trainait toujours avec cette sang-de-bourbe de Lily Evans avait éveillé en elle une telle fureur ! Comprenant que sa fille lui avait menti, elle avait aussitôt imaginé un plan pour la punir, et les Rupert étaient apparues, parfaitement malléables et obéissantes quand on savait vendre du rêve.

Eileen ne se souciait pas vraiment des conséquences de cet acte sur le dossier scolaire de Séraphine. Elle espérait même qu'on la considère coupable : si cela pouvait aider à la remettre en question et l'obliger à se plier aux ordres de sa mère, alors c'était tant mieux.

De toute manière, Eileen était bien trop occupée pour faire face aux effets néfastes de ses actions. En effet, elle était contrariée par son absence à la une des journaux. Elle était certaine que la journaliste l'avait bien aperçue à la gare de King's Cross. Elle était presque sûre qu'elle l'avait reconnue. Alors, pourquoi ne faisait-elle pas les gros titres ? La famille Prince n'était-elle plus aussi intéressante qu'avant ?

Elle se rongea nerveusement les ongles. Si elle ne pouvait pas attirer l'attention de par son seul retour, alors elle devait la concentrer sur quelque chose d'autre. Il lui fallait un projet qui allie l'inhabituel et la famille Prince.

Elle releva brusquement la tête et sourit. Bien sûr, la solution était là, sous ses yeux, depuis le début, et résoudrait ses deux problèmes principaux : après tout, quel journaliste ne serait pas intrigué par une jeune fille héritière d'une ancienne famille de sangs-purs qui, malgré son jeune âge, assiste déjà sa mère dans les affaires familiales ?