Auteur: Lady Zalia

Type: Post-Poudlard. Aventure, Romance. Pairing [Harry/Drago].

Résumé du chapitre précédent: Un élève est porté disparu et Drago a été kidnappé. Les deux affaires ont-elles un lien?

Disclaimers: Oui j'ai du retard. Deux semaines X_X... En ce moment je galère un peu à écrire. Je suis vraiment désolée. 😔 Entre la rentrée, le jeu Harry Potter Magic Awakened et ma perte de motivation, j'ai laissé le temps filer. Mais je reviens avec de nouvelles idées !


Chapitre 8

Harry transplana dans un petit village typique de l'Angleterre industrielle, aux rues étroites bordées de maisons de briques rouges. Il s'était désillusionné avant de le faire et il loua sa présence d'esprit. Plusieurs voitures étaient garées le long du trottoir et des moldus se promenaient à proximité.

Le sortilège de localisation utilisé sur la lettre l'avait mené directement devant une porte noire, semblable à toutes les autres. Une large fenêtre donnait sur la rue, cependant un rideau blanc empêchait de voir l'intérieur de la demeure. La maison n'avait qu'un seul étage et un minuscule carré de pelouse en guise de jardin.

Aucun nom n'était inscrit sur la boîte aux lettres et il n'y avait pas non plus de sonnette, mais un gros heurtoir en métal qu'Harry actionna, baguette dissimulée le long de son avant-bras.

Un homme d'une quarantaine d'années vint ouvrir, maigre et mal rasé, il semblait avoir connu des jours difficiles. Ses cheveux étaient poivre-et-sel et sa robe sorcière était élimée à plusieurs endroits, signe d'une utilisation intensive.

Le sorcier lui jeta un regard méfiant.

- Oui, qu'est-ce que vous voulez ?

- Bonjour, monsieur. Êtes-vous le père de Terence Sharp ?

Il y eut un moment de silence et l'homme eut un mouvement de recul.

- Oui, c'est moi… Et vous êtes… ?

Harry réprima un sourire. Il était rare encore aujourd'hui que les gens ne le reconnaissent pas du premier coup d'œil, mais l'homme devait être dans un état d'esprit particulier. Il semblait osciller entre l'avant et l'arrière, comme s'il hésitait entre fuir en transplanant et se précipiter à l'intérieur.

- Je suis le professeur Potter. J'enseigne la Défense contre les Forces du Mal à Poudlard. Est-ce que Terence est là ?

- Euh oui. Vous allez me l'reprendre ?

- Est-ce que je pourrais entrer pour discuter en sa présence ?

L'homme sembla perdre tout espoir. Il se recula et lui fit signe d'entrer.

Ils débouchèrent dans un salon à l'apparence chaleureuse. La cheminée était assez grande et allumée. Un arbre de Noël se trouvait à côté, face à une table ronde pourvue de deux chaises. Quelques guirlandes étaient accrochées au mur et un poste de radio diffusait une chanson de saison. Au fond de la pièce, la cuisine ouverte était équipée de manière minimaliste : une cafetière, une casserole abandonnée sur une vieille cuisinière en fonte, de la vaisselle en train de sécher au bord de l'évier…

Terence était assis à table avec un regard interrogateur. Ils étaient manifestement en pleine partie de bataille explosive. À côté de lui, un paquet de caramels moldu était bien entamé, à en juger par les nombreux emballages qui traînaient sur la table.

- Professeur Potter !

- Bonjour Terence. Je suis soulagé de te trouver. Tu as quitté le Poudlard sans autorisation et surtout sans prévenir personne. Nous nous sommes inquiétés pour toi.

L'adolescent détourna les yeux, l'air boudeur.

- Comment vous m'avez retrouvé ?

Pour préserver son amitié avec Nigel, Harry décida d'une demi-vérité.

- J'ai utilisé une formule pour te localiser à partir d'une de tes affaires. Je ne suis pas au courant de toute la situation, mais je vais être malheureusement obligé de te ramener à Poudlard. Tu es mineur et tu es sous notre responsabilité.

L'homme trouva le courage d'intervenir.

- Mais il n'est pas tout seul, je suis son père !

- Je suis désolé, mais vous ne pouvez pas demander à votre fils de quitter l'école comme ça pour vous retrouver. Sa mère n'est encore au courant de rien, mais si vous voulez obtenir une garde partagée, vous devez vous montrer raisonnable.

- Ma mère n'en a rien à faire de moi ! Elle m'a laissé tout seul à Poudlard pour Noël pendant qu'elle refait sa vie !

Harry soupira. Il était en plein milieu d'un drame familial qui le dépassait grandement.

- Je comprends que tu trouves ça injuste, Terence. Comme tu as 13 ans, le juge pourra te demander ton avis. Mais il faut que tu comprennes que tu t'es mis en danger en faisant ça. Quand nous avons interrogé ton ami Nigel, il ignorait où tu te trouvais. Si je n'avais pas eu connaissance de la formule pour te retrouver, nous aurions été obligés de prévenir le Ministère, et vous monsieur vous auriez eu des problèmes.

- Je… Je vois. Ter', je suis désolé, tu vas devoir partir.

- Mais papa !

- Terence, si tu veux avoir une chance de pouvoir voir ton père cet été, tu dois rentrer à Poudlard avec moi. Pour l'instant, personne n'est au courant. Mais si tu refuses, je n'aurais pas d'autre choix que de prévenir ta mère et la justice. Il faut que tu sois raisonnable, même si ça ne te plait pas.

L'adolescent soupira et monta l'escalier, sans doute pour chercher ses affaires. En haut, le bruit d'une porte claqua, si violemment qu'elle fit trembler les murs. Le père semblait réellement animé de bonnes intentions, car son visage était défait, et il rappela à Harry sa propre situation.

- Il est en colère… Vous avez des enfants, monsieur Potter ?

- J'ai un fils qui vit avec sa mère. Nous sommes séparés depuis un peu moins d'un an maintenant, mais je peux comprendre votre situation. Si vous demandez à voir Terence pendant la moitié des vacances scolaires, vous l'obtiendrez probablement.

- Je ne sais pas, j'ai peur qu'on me le refuse. Je n'ai pas été un bon père ces dernières années. Je l'ai négligé. Mais je veux être là pour lui maintenant. C'est lui qui m'a retrouvé, vous savez. C'est un garçon malin. Et quand il m'a dit qu'il était tout seul à Noël, je lui ai dit de faire le mur. Je l'ai récupéré à Pré-au-Lard. Je n'avais pas grand-chose à lui offrir mais au moins pour une fois j'ai fait mieux que sa mère. C'est ma faute. Je ne veux pas qu'il ait des ennuis.

- Il n'en aura pas, si ce n'est un remontage de bretelles par son directeur de maison. Je préfère le retrouver ici avec vous plutôt que n'importe où dans la nature avec quelqu'un qui aurait de moins bonnes intentions. Ma priorité en tant que professeur est que mes élèves soient en sécurité.

Le père sembla soulagé.

- Merci monsieur Potter.

Terence redescendit bientôt avec un simple sac à dos. Son visage était fermé et Harry songea qu'il avait le mauvais rôle, heureusement, le père reprit la parole.

- Terence, on va se revoir. N'en veut pas à ton prof, d'accord ? Il fait son boulot. Mais j'te promets de pas t'abandonner, je vais reparler à ta mère. Je t'enverrai un hibou pour te prévenir.

L'adolescent hocha la tête et embrassa brièvement son père, comme s'il était gêné de manifester une telle proximité devant un professeur.

- Bien, monsieur, nous allons utiliser votre cheminée, si vous le permettez. Ainsi nous serons rentrés en un rien de temps.

L'homme leur tendit son bocal de poudre de Cheminette et quelques secondes plus tard, ils étaient de retour dans son bureau. Harry poussa un soupir de soulagement tandis que le jeune Serpentard quittait la pièce, l'air toujours aussi revêche.

Une note l'attendait, arrachée à sa porte et Harry l'arracha avec avidité. Elle était signée de Neville : "Je suis parti au Ministère. Reçu réponse de Hermione peu après ton départ. Transfert prévu à 14h."

À en juger par l'horloge sur sa cheminée, il était midi passé. Harry n'hésita pas plus longtemps : Il prit une nouvelle poignée de poudre et cria sa destination.

- Atrium du Ministère de la Magie !

Comme souvent, le hall était bondé. Des centaines de personnes déambulaient entre les cheminées d'un pas pressé, et Harry s'efforça d'ignorer la nostalgie qu'il ressentait à venir ici. Il n'était plus Auror, néanmoins il connaissait le lieu comme sa poche. Il pressa le pas, aidé de sa canne, et longea la fontaine de la Fraternité magique jusqu'au bureau de sécurité. Deux employés en uniforme bleu vérifiaient les baguettes des visiteurs et il se permit d'attirer l'attention de l'un d'entre eux.

- Salut Eric ! Je dois aller au Département des transports magiques. Hermione Granger et Neville Londubat doivent déjà m'y attendre, vous avez dû les croiser.

- Salut Harry ! Vas-y, tu peux passer. Tu n'as rien à déclarer ?

- Du tout, je n'ai que ma baguette sur moi.

Il doubla éhontément la file d'attente et plusieurs sorciers lui jetèrent un regard courroucé, mais il était trop pressé pour avoir des scrupules.

Il pénétra dans l'ascenseur et appuya sur le chiffre 6. Lorsqu'il arriva au bon étage, il se précipita à l'extérieur, maîtrisant difficilement son angoisse. Drago n'allait pas tarder à arriver et il voulait être là. Ignorant la douleur grandissante dans son genou, il arriva bientôt en vue du hall d'embarquement des portoloins internationaux. Plusieurs sorciers et sorcières faisaient déjà la queue pour accéder aux cabines et Harry ne vit nulle part Neville ni Hermione. Mais alors qu'il restait immobile à observer autour de lui, une main vint le saisir par le poignet, le faisant sursauter.

- Harry, c'est Neville. Laisse-toi guider. Si Lucius ou Narcissa l'accompagnent, ils risquent de se méfier s'ils nous voient…

Une main ferme le poussa dans le dos jusqu'à un renfoncement qu'il n'avait pas remarqué, et une porte s'ouvrit pour le laisser rentrer. Harry arriva dans un petit couloir équipé d'une sorte de paroi illusoire. Il n'avait rien perçu depuis l'extérieur, mais d'ici on pouvait observer sans être vu. Hermione était déjà présente en compagnie de Victor Galum, un Auror, et Neville dissipa le sortilège de désillusion qui le recouvrait.

- Salut Hermione. Victor.

Il serra la main de son ancien collègue, s'efforçant d'ignorer le regard appuyé que ce dernier portait sur sa canne.

- Salut Harry. Alors comme ça, on essaye toujours de coincer Lucius Malefoy ?

- Drago Malefoy est notre collègue et ami. Si son père l'a plongé sous Imperium pour le forcer à abandonner son poste et quitter le pays, il me semble normal d'intervenir.

L'autre sorcier sourit et leva les mains, comme s'il voulait se dédouaner.

- Oh je ne juge pas, c'est une occasion en or de coincer Lucius Malefoy. J'espère que son fils pourra témoigner contre lui, mais tu sais comme moi que ce vieux serpent est malin. Il ne prend aucun risque, et c'est bien ça le problème…

Drago avait si faim qu'il avait l'impression que des serpents s'étaient logés dans son ventre. Son esprit était embrouillé par la fatigue mais il était trop nerveux pour dormir. Il voulait rester éveillé pour saisir la moindre opportunité, la moindre occasion de s'enfuir, et pourtant il se sentait éreinté.

Alors qu'il n'avait jamais été migraineux, son crâne était douloureux comme s'il était comprimé par un maléfice, et son corps tout entier était perclus de courbatures.

Cela faisait des jours qu'il était attaché avec ce sortilège de cécité, des jours qu'il était dans l'ignorance, dans l'angoisse, dans l'attente qu'on décide de son sort. Il avait été déplacé, emmené de cave en maison et de maison en hangar sans que l'on daigne répondre à la moindre de ses questions. Tout juste s'était-on donné la peine de lui donner de l'eau.

Finalement, on lui avait jeté un sort, et s'il n'avait rien senti, il était presque persuadé qu'il s'agissait d'un sortilège de confusion, car lorsqu'il avait essayé de se lever, il avait été incapable de tenir debout. Deux hommes musculeux, sans doute ceux qui l'avaient kidnappé, l'avaient maintenu pour l'obliger à rester immobile tandis qu'un 3e sorcier pénétrait dans sa prison.

- Impero.

Bien sûr, il avait reconnu le maléfice, mais il avait été incapable de mettre un nom sur cette voix pourtant familière. Il était persuadé qu'il la connaissait, mais c'était comme si son esprit était parti en fumée. Lui qui était pourtant un très bon occlument était incapable de mobiliser ses souvenirs. Et avant qu'il ne puisse tenter d'y résister, avant même qu'il ne puisse véritablement prendre conscience de ce qu'il lui arrivait, le premier ordre était tombé : prendre une douche, se raser et se coiffer, changer de vêtements, aller au ministère, au département des transports magiques.

Ses poignets furent détachés et on le mena jusqu'à une petite salle de bain sommairement équipée. La tête étrangement vide, il se prépara tel qu'on le lui avait ordonné, de quelques gestes mécaniques. Après tout ce stress et cette fatigue, c'était reposant de se laisser aller.

Il ne s'émut pas de son regard vide dans le miroir de la salle de bain, ni des quelques gouttes de sang qui perlèrent lorsqu'il se rasa. Sa main droite tremblait légèrement, et il fronça les sourcils, incapable de saisir la raison de cette angoisse qu'il ressentait tout au fond de lui.

On lui avait préparé une tenue de voyage, et il apprécia la sensation de propreté sur son corps.

Une fois sortit, on lui rendit sa baguette et il la glissa dans sa manche sans même ciller. Puis on le guida jusqu'à une grande cheminée où un feu vert était déjà allumé. Sa grosse valise l'attendait devant. Toujours guidé par cette voix dans son esprit, il prononça clairement sa destination.

- Ministère de la Magie.

Il était déjà venu plusieurs fois. Il connaissait le chemin. Il marcha tranquillement en direction des ascenseurs jusqu'au poste de sécurité.

- Bonjour. Drago Malefoy. J'ai réservé un Portoloin international.

Dans l'ascenseur, les tremblements dans sa main reprirent, et il inspira longuement pour tenter de les calmer. Il se sentait bien, heureux et sans soucis et pourtant il avait une boule dans la gorge. Comme s'il avait envie de hurler sans pouvoir parler. La sensation n'allait pas en s'apaisant, bien au contraire, et lorsqu'il arriva en vue du hall des portoloins, il se stoppa quelques secondes pour tenter de canaliser son stress. Ce n'était pas le fait de voyager à l'étranger qui le retenait, mais quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond…

Il y avait plusieurs personnes devant lui, mais ce ne fut que lorsqu'il vit Harry Potter se précipiter dans sa direction qu'il sentit réellement l'angoisse l'envahir. Il y avait quelque chose d'anormal, quelque chose dans sa tête qui n'aurait pas dû y être.

Ses souvenirs… Il essaya de les atteindre sans succès. Quelque chose l'en empêchait, et il ne comprenait pas pourquoi Harry Potter le regardait avec ce visage si grave. Il avait sa baguette à la main. Allait-il l'attaquer ? L'idée de fuir lui traversa l'esprit, mais il n'était plus capable de coordonner ses mouvements, et il tomba en arrière. Comme si une partie de lui voulait l'empêcher de partir.

- Finite Incantatem !

Le sortilège le frappa, et Drago sentit tout d'un coup tous ces souvenirs des derniers jours revenir : l'enlèvement, la faim, la soif, la saleté, l'angoisse… la honte.

Il avait été soumis à l'Imperium, il avait été dépossédé de son corps, privé de son libre-arbitre. Il avait envie de hurler, mais il serra les dents. Le coton qui atténuait ses sens avait brusquement disparu, et les sons aux alentours lui semblèrent assourdissants. Comme si on lui criait dans les oreilles.

Il serra les dents pour s'empêcher de gémir et baissa les yeux pour se concentrer sur ses pieds. Des personnes s'étaient rapprochées pour l'aider à se relever, on lui posait des questions, mais il ne comprenait pas ce qu'elles disaient. C'était trop fort, trop intense. L'envie de fuir le saisit aux tripes. Il était terrifié et humilié. Il avait envie de disparaître.

- Je… Je suis désolé.

Il repoussa un peu brusquement Neville et Harry, mais il avait besoin d'air.

- Drago, attends !

Son petit ami essaya de l'attraper, mais il se recula précipitamment pour l'éviter. A cet instant, rien ne lui semblait pire qu'une étreinte au beau milieu du Ministère. Son père… ou l'un de ses complices était probablement ici, quelque part… Il devait se mettre en sécurité. Seul.

Cette fois, il se tourna complètement et se mit à courir, abandonnant sur place sa valise. Il voulait simplement partir. Il ne savait pas si on avait tenté de le poursuivre, mais il était incapable de se retourner. Tous ces gens qui le regardaient passer, comme s'il était un criminel… Il s'efforça de rester digne, ignorant le sentiment d'opprobre qui lui chauffait les joues.

Il s'était laissé prendre par l'un des larbins de son père, comme s'il n'était qu'un stupide Veaudelune… Il s'était fait manipuler si facilement! La colère, sourde et amer, prit le pas sur la honte.

Il allait se venger… Tôt ou tard, il aurait la tête de son père. Il allait tout lui prendre, jusqu'au dernier Gallion… Il allait l'humilier comme il l'avait humilié, piétiner son égo, écraser sa fierté. Il devait déterminer si sa mère avait une part de responsabilité dans ce qui lui était arrivé, et ensuite… Il mettrait sa riposte à exécution. Leur rappeler qu'il n'était pas un candide Poufsouffle mais bien un pur Serpentard…

Arrivé devant les cheminées de l'Atrium, il s'était un peu calmé, mais le monde lui semblait encore terriblement hostile, et il s'engouffra dans le premier passage venu.

- Poudlard, bureau de Drago Malefoy.

Il espérait ardemment que Minerva n'ait pas désactivé ses autorisations, heureusement il réapparut bientôt dans son bureau. Il s'écroula sur le sol, ses jambes incapables de le soutenir plus longtemps. Ça avait été trop dur. Il s'était efforcé de conserver le masque autant que possible, mais cela avait épuisé ses dernières forces.

D'un geste de baguette, il verrouilla sa cheminée et se permit enfin de souffler. Là, il était en sécurité. Personne ne pouvait entrer dans son bureau sans son autorisation.

Drago inspira longuement, se concentrant sur sa respiration, mais bientôt les larmes se mirent à couler, et un véritable mugissement de bête blessée s'échappa de sa gorge.

Il avait mal, moralement, mentalement… Il avait envie de hurler jusqu'à s'arracher les cordes vocales, de frapper encore et encore dans quelque chose… N'importe quoi.

Il serra les poings et mordit le tissu de sa cape de toutes ses forces. Il avait besoin d'un philtre de paix, et pas de la version tout-public… Il attendit plusieurs minutes, le temps que son rythme cardiaque s'apaise, que les larmes se tarissent, puis il se releva lentement. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon. Il avait envie de vomir mais cela faisait si longtemps qu'il n'avait rien mangé que son estomac était douloureusement vide.

Péniblement, il s'accrocha au linteau de la cheminée et fit les premiers pas en direction de son canapé. Il devait gérer les priorités dans l'ordre.

- Tox !

Un elfe de maison apparut et s'inclina devant lui tandis qu'il se laissait tomber sur les coussins.

- Amène moi un verre d'eau sucrée et des fruits.

- Oui professeur Malefoy.

Son estomac allait sans doute être fragilisé par ces quelques jours d'inanition, mais il avait besoin d'un minimum d'aliments solides et des vitamines pour le maintenir éveillé, sans quoi il risquait de s'évanouir sur son chaudron.

La petite créature revint bientôt avec les aliments demandés, et il se servit d'une main tremblante. Les elfes lui avaient préparé une petite salade de fruit composée de cubes de pommes et de poires, de quartiers de clémentines et de myrtilles.

Manger fut un réel soulagement et les fruits lui semblèrent meilleurs que tout ce qu'il avait pu goûter jusqu'à présent. Déjà, il se sentait un peu mieux.

D'un Tempus, il consulta la date et l'heure : Lundi 29 décembre, presque 16h. Harry allait sans doute récupérer son fils bientôt, et c'était une bonne chose. Ainsi il n'aurait pas le temps de le harceler de questions sur ce qui s'était passé…

À peine avait-il pensé cela qu'un bref "toc-toc" retentit depuis sa porte d'entrée. Il soupira alors que la voix de son petit ami résonnait depuis l'extérieur.

- Drago ! C'est Harry. Est-ce que je peux entrer ?

- Harry… Je ne veux voir personne pour le moment… s'il te plait.

Sa voix était éraillée, comme s'il allait se remettre à pleurer. Il serra le poing. Il se sentait désespérément faible, et cette constatation l'enrageait. Oui, il valait mieux qu'il ne voie personne.

Harry ne répondit pas tout de suite, mais Drago savait qu'il était encore derrière la porte. Il attendit, en silence, bien décidé à ne pas ouvrir. S'il le laissait entrer, le Survivant allait sans doute le serrer dans ses bras et lui allait à nouveau fondre en larmes sans pouvoir se retenir. Il s'était déjà bien suffisamment montré pathétique pour aujourd'hui, et même pour le reste de l'année si on lui demandait son avis.

Finalement, l'autre sorcier finit par comprendre qu'il n'obtiendrait pas gain de cause, car il reprit la parole.

- Bon. J'ai récupéré ta valise, je te la laisse devant ta porte. Je dois aller chercher James. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à envoyer un message à Neville ou moi. Et quand tu te sentiras prêt, on sera là. On est soulagé que tu sois indemne. J'ai eu tellement peur pour toi…

Drago l'entendit faire quelques pas dans le couloir, et il lâcha un profond soupir. Indemne, l'était-il vraiment ? Physiquement, sans doute, mais mentalement… ?

Il avait cessé d'attendre quoi que ce soit de son père depuis bien longtemps, mais il ressentait malgré tout l'amertume de la trahison. Car s'il n'avait pas pu voir ni reconnaître la voix de celui qui l'avait mis sous Imperium, il était évident que tout cela avait été orchestré par Lucius Malefoy en personne.

Il devait réfléchir à un moyen de se venger, mais d'abord il devait reconstruire sa carapace. Ce n'était pas grave. S'il y a bien quelque chose qu'il avait pu apprendre au sein de sa famille dysfonctionnelle, c'était que la vengeance était toujours meilleure froide.

Il se leva et marcha d'un pas décidé vers son laboratoire. Il avait des potions à brasser…

Harry soupira longuement, à la fois de soulagement et de dépit. Drago était sauf, mais alors qu'il aurait aimé pouvoir le serrer dans ses bras et l'embrasser, ce dernier s'était terré dans son appartement. Sans compter ce regard de lapin effrayé qu'il lui avait jeté lorsqu'ils étaient au ministère…

Il aurait aimé pouvoir s'assurer qu'il était indemne, surtout après avoir vu l'horreur se peindre sur son visage pâle. Lorsqu'il avait jeté le Finite, l'Imperium s'était dissipé et le Serpentard avait soudainement pris conscience de sa situation. Il ne pouvait qu'imaginer tout ce qui avait pu défiler dans sa tête.

Depuis quand avait-il été ensorcelé ? Qu'avait-il vécu durant ces jours de silence ? Il devait éviter d'imaginer le pire, mais l'expression de son petit ami lui avait broyé le cœur.

Il s'éloigna à regret des appartements du potionniste. Il devait rejoindre Pré-au-Lard à 17h pour retrouver Ginny et récupérer James mais il avait à peine plus d'une heure devant lui.

Il remonta dans les étages et tomba sur Neville.

- Il ne veut pas me voir. Il dit qu'il préfère rester seul pour le moment.

Le visage du botaniste prit une expression soucieuse.

- Tu es certain qu'il est bien libéré de l'Imperium ?

- Je pense que oui. Tu as vu son expression au ministère. Il a repris ses esprits dès que mon sort l'a touché. J'imagine qu'il est choqué, c'est compréhensible. Il vaut mieux lui laisser du temps. On verra demain s'il se montre aux repas ou non…

- Ok. Mais si ça dure trop longtemps, je lui enverrai Dolly. De mon côté, j'ai prévenu Minerva. Elle est soulagée de savoir qu'il est de retour. Elle voudra sans doute le voir avant la rentrée.

- Bon, je vais chercher James. Je te retrouve pour le dîner.

Comme d'habitude, il rejoignit son bureau pour emprunter la cheminée et être transporté directement aux Trois-Balais. Lorsqu'il arriva, Ginny l'y attendait déjà, les bras croisés et la moue boudeuse, tandis que James sirotait un verre de lait.

- Tu es en retard.

Harry se retint de soupirer. Son comportement était prévisible. Il lui répondit au contraire par un sourire, s'approchant immédiatement de son fils pour l'embrasser.

- Coucou papaaaa !

- Bonjour Jamie, bonjour Ginny. Tu m'avais donné rendez-vous pour 17h, je te rappelle.

La rousse pinça les lèvres.

- Je suis persuadée de t'avoir dit 16 heures. Et il s'appelle James, je te rappelle. Je reviendrai le chercher dimanche soir, comme prévu. À 16 heures cette fois.

- Étant donné que je ne l'ai même pas eu une semaine comme prévu mais seulement 5 jours et demi, je pense que tu peux faire un effort. Ce sera 17 heures trente. Comme ça nous aurons le temps de profiter tranquillement de l'après-midi après sa sieste.

- Ce n'est pas à toi de décider.

- Il se trouve que si, Ginny. James est mon fils et je suis déjà bien assez conciliant. Est-ce que tu as terminé ton lait Jamie ? Tu fais un bisou à maman ?

- J'ai fini ! Maman bisou !

Ginny serra leur fils dans ses bras avant de l'embrasser sur le front et ce dernier répondit à sa mère par un smack retentissant sur sa joue.

- Au revoir mon chéri. On se retrouve dimanche.

Ginny quitta les lieux d'un pas raide, sous le regard espiègle du Survivant. Il avait décidé de ne plus se laisser faire par son ex-femme et il ne comptait plus sacrifier son temps avec son fils pour préserver l'humeur de la rouquine. Ils n'étaient même plus amis et à présent que Ron l'avait rassuré sur les sentiments du reste de la famille Weasley, il se sentait bien plus légitime.

- Ça te dit qu'on passe par Honeydukes avant de rentrer ? Ils ont inventé un nouveau parfum de chocolat.

- Ouiiii !

Le petit garçon tapa dans ses mains avec enthousiasme et sauta de sa chaise, la main tendue pour attraper celle de son père. Harry enchanta son sac de voyage pour léviter derrière lui tandis qu'il s'appuyait sur sa canne d'un côté et tenait son fils de l'autre.

Comme chaque année, Pré-au-Lard était recouvert par la neige, et un immense sapin de Noël trônait au centre du village. Toutes les boutiques avaient recouvert leur devanture de guirlandes lumineuses et un jeune musicien jouait des cantiques à l'aide de plusieurs instruments enchantés.

Honeydukes était plutôt calme ce lundi, car Noël était passé et les élèves étaient encore chez eux. Mme Flume les accueillit avec un large sourire depuis l'arrière de son comptoir. Devant elle, un petit manège proposait des sucettes colorées tandis qu'un automate fabriquait des barbes à papa qui changeaient de goût au fur et à mesure qu'on les mangeait.

Harry acheta une tablette de chocolat à la guimauve, une au praliné et une au nougat, puis il prit un ballotin pour Neville et Drago. Il y avait peu de vent et malgré la fraîcheur ambiante, il se surprit à apprécier le moment, déambulant au même rythme lent que James.

- Tu n'as pas trop froid ?

- Non ! La neize c'est to beau !

- Si tu veux on fera un bonhomme de neige à Poudlard. On va rentrer par la cheminée directement dans mon appartement. Tu vas pouvoir découvrir ta nouvelle chambre !

De retour aux Trois-Balais, il tint son fils tout contre lui avant d'utiliser la poudre de Cheminette.

À Poudlard, Harry libéra le petit garçon qui se précipita immédiatement à la recherche de sa nouvelle chambre.

- Ouaaaaaah ! To cooool !

Poudlard avait créé un dortoir d'élève en miniature, avec un seul lit, une petite commode, une table de nuit et un coffre à jouets. Le couvre-lit ainsi que les rideaux étaient couleur crème et décorés avec l'emblème de Poudlard en noir et or. Lorsqu'on éteignait la lumière, le plafond s'illuminait avec les étoiles et les planètes qui se déplaçaient à un rythme lent. Les murs de pierre étaient décorés chacun avec une bannière de maison, comme pour éviter que James ne soit déjà influencé dans sa répartition future.

Harry songea avec amusement qu'il aurait aimé que James soit à Serpentard juste pour embêter Ginny, mais avec tous les récits que sa mère et ses oncles avaient dû lui raconter, il serait étonnant qu'il n'aille pas à Gryffondor.

Il était bien placé pour savoir que la répartition était bien davantage une affaire de choix et de famille que de tempérament, et seuls les nés-moldus étaient véritablement répartis sans aprioris.

- Alors chéri, ta chambre te plaît ?

- L'est géniale papa !

Harry rangea ses vêtements dans la commode. Ginny avait mis le strict minimum, mais il pouvait toujours aller en acheter d'autres au cours de la semaine. Maintenant que son fils avait une chambre, il pourrait y entreposer des affaires et des jouets qui resteraient à Poudlard…

- Après dîner, tu pourras ouvrir tes cadeaux de Noël. Tu as celui de papa et celui de Neville à ouvrir.

- Et Dwago y vient pas ?

- Drago est malade. Tu le verras quand il se sentira mieux. Tu l'aimes bien ?

- L'est gentil ! Neville aussi. On va enco' aller au tampoline ?

Harry eut besoin de quelques secondes pour comprendre qu'il parlait de la Salle sur Demande qui s'était transformée en parc de jeux pour enfants la dernière fois que James était venu.

- Ah ! Si tu veux, mais pas ce soir.

Ils discutèrent encore plusieurs minutes, James racontant à son père ce qu'il avait eu pour Noël ainsi que diverses informations sur Ginny et les Weasley en général. Le petit garçon parlait plutôt bien pour son âge, et Molly Weasley veillait à fournir à ses petits-enfants les savoirs fondamentaux.

Harry aurait aimé que son fils aille dans une école maternelle moldue, au moins quelques jours par semaine, mais Ginny ne voulait pas en entendre parler et puisqu'il n'avait plus la garde, il ne pouvait que s'incliner.

Ils rejoignirent la Grande Salle pour le dîner, et James fut émerveillé par les décorations de Noël de Poudlard. Toute la table accueillit le petit garçon avec enthousiasme et Minerva métamorphosa une serviette de table en toupie.

Drago ne se montra pas de tout le repas mais Harry et Neville s'y attendaient. Le choc était encore trop récent et ils pouvaient le comprendre.

Après le dîner, il se retrouvèrent dans l'appartement de Harry pour s'échanger les cadeaux. Neville avait trouvé pour James une jolie fleur blanche (dont le Survivant avait été incapable de retenir le nom), qui disait bonjour et lâchait des compliments et des encouragements à intervalles réguliers. Pour Harry, il avait offert un guide des plantes de combat rédigé par Astrid Cole, une botaniste de renom.

Harry avait acheté pour Neville des gants en peau de Wyverne des marais, un cuir si fin qu'il donnait l'impression qu'on ne portait rien, ainsi qu'un ballotin de chocolats. Harry réclama une petite tasse de chocolat chaud pour son fils tandis qu'ils buvaient du thé, et une fois le petit garçon lavé et couché, ils purent reprendre une conversation plus sérieuse.

- Tu t'en es bien sorti avec Terence Sharp ?

L'ex-Auror sortit deux petits shoots d'hydromel avant de se rasseoir.

- Très bien. Le père était compréhensif. Il m'a fait de la peine. Les parents de Terence sont séparés depuis longtemps, la mère a la garde exclusive et délaisse le gosse. Ça m'a fait penser à ma propre situation. Le père était paumé et je me dis que j'aurais pu finir comme ça si j'avais pas atterri ici. Je lui ai dit qu'il pouvait demander à voir Terence au moins la moitié des vacances scolaires. Il faut juste que ça soit officiel.

- Tant mieux. J'espère que Terence va pouvoir voir son père plus souvent. Ça devrait l'apaiser. Pour ce qui est de Drago…

Harry soupira.

- Je ne suis pas très psychologue. Je sais qu'après tout ce que j'ai vécu j'ai tendance à banaliser la violence et après la Bataille de Poudlard, j'avais l'impression que toute notre génération était en quelque sorte insensibilisée. Mais je me rends compte que tout le monde ne peut pas réagir comme moi, et heureusement. Je ne serai sans doute pas très doué pour réconforter Drago donc…

- Harry, il faut que tu lui parles. Si tu le laisses, il va se renfermer dans sa carapace et redevenir le Serpentard détestable qu'on a connu. Ne l'abandonne pas. Et puis je suis certain que ça lui fera du bien de voir James.

- Mais je ne peux pas l'embrasser devant James ! Si Ginny l'apprend, elle trouvera un nouveau moyen de me pourrir la vie…

- Tu la penses si mesquine que ça ?

- Elle est revancharde et elle estime que je l'ai mal traitée. Et puis surtout Drago voulait garder ça secret. Ginny va forcément le dire à Molly qui le dira à Arthur et ainsi de suite. Et j'aurais voulu l'annoncer à Ron et Hermione avant qu'ils ne l'apprennent par d'autres…

Neville eut un rictus étrange, à mi-chemin entre la pitié et la moquerie.

- Ah je ne dis pas que c'est facile. Mais je reste persuadé que tu ne dois pas le laisser ruminer sa vengeance, et il t'écoutera bien plus que moi. Même si je suis devenu son ami, tu es devenu son petit-ami. Sans compter que vous avez toujours eu une relation particulière, tous les deux.

- Bon… Je lui laisse la journée de demain, mais s'il ne vient pas dîner, j'irais le voir à son appartement.

Lorsque Harry alla se coucher, il ne put s'empêcher de penser à Drago. Cela ne faisait que peu de temps qu'ils étaient ensemble, mais il s'imaginait déjà parfaitement vivre à ses côtés, et même élever James avec lui. Alors oui, il était prêt à tout pour lui faire oublier sa mauvaise aventure, quitte à le secouer un peu…

Drago se réveilla tard ce jour-là. Ce n'était pas dans son habitude, et ce seul fait ne l'aida pas à se sentir mieux. Après le philtre de paix, il avait été obligé de brasser une potion de sommeil sans rêve pour parvenir à dormir.

De fait, lorsqu'il avait ouvert les yeux, le soleil était déjà haut dans le ciel. Il se leva en soupirant et prit une douche pour dissiper la langueur qui l'avait envahi.

Il avait des choses à faire et le plus urgent était de récupérer les affaires qui étaient restées chez ses parents…

- Caly !

Il attendit plusieurs secondes en priant Merlin sans que rien n'apparaisse. Mais quelques minutes plus tard, son elfe de maison apparut devant lui et se laissa immédiatement tomber en une posture prostrée.

- Maître Drago… Maître Drago a appelé Caly et Caly est venue.

Il avait les bras et les jambes entièrement bandés et certains pansements étaient encore rougis par le sang. Son visage avait été lacéré, manifestement par un maléfice, et Drago ne voulait pas imaginer le reste de son corps.

Il avait grandi en entendant ses parents ordonner à leurs elfes de se punir pour telle ou telle action, mais Caly était son serviteur personnel et le voir ainsi blessé l'enragea.

- Caly ! Qu'est-ce… Pourquoi es-tu dans cet état ?

- Maître Lucius a… Maître Lucius a demandé à Caly ce que maître Drago préparait et… Comme maître Drago avait ordonné à Caly de ne rien dire, Caly n'a pas pu répondre. Maître Lucius… Maître Lucius était furieux.

Drago ferma les yeux. Il y a bien longtemps, ses parents lui avaient offert l'elfe, ce qui signifiait que ses ordres outrepassaient ceux de ses parents. Il inspira longuement pour se forcer à se calmer. Se mettre en colère devant son serviteur ne ferait que l'effrayer davantage…

- Je suis navré que tu aies autant été blessé. J'ai besoin de toi pour quelque chose, mais ensuite je te soignerai, et tu n'auras plus besoin d'y retourner. Tu pourras vivre ici à Poudlard jusqu'à cet été, et tu m'accompagneras lorsque je m'achèterai une maison.

Caly se mit à pleurer, secouant ses oreilles dans tous les sens alors que l'émotion le submergeait.

- Maître Drago est trop bon avec Caly. Qu'est-ce que Caly peut faire pour maître Drago ?

- J'ai besoin que tu récupères les quelques affaires qui sont restées chez mes parents. Tout est dans ma chambre normalement. Il y a mes vêtements, une dizaine de livres et quelques souvenirs comme des lettres et un album photo. Est-ce que tu penses que tu es capable de faire ça ?

Drago supposait que ses parents comptaient lui envoyer ses affaires une fois arrivé chez les Krall car on lui avait fourni que le strict minimum pour voyager. Heureusement, la plupart de ses biens étaient dans son appartement à Poudlard…

En fouillant sa valise, il avait eu la surprise de trouver l'amulette et la fiole de poison qu'il avait acheté juste avant de se faire enlever. Manifestement, ses ravisseurs avaient eu pour consigne de lui laisser tous ses biens… C'était plutôt inattendu, mais sans doute que son père n'avait pas imaginé qu'il comptait acheter un cadeau pour son amant secret.

Caly hocha la tête, néanmoins incapable de masquer la peur qui l'avait envahi.

- Caly ira chercher les affaires de maître Drago. Maître Lucius et maîtresse Narcissa ont formellement interdit d'y toucher, mais Caly ira pour maître Drago.

Drago soupira. Il ne se souvenait que trop bien comment Dobby, l'ancien elfe de son père, avait sauvé Harry durant la guerre. Les elfes de maison étaient capables de tout lorsqu'ils appréciaient quelqu'un, et Drago se promit de mieux traiter son elfe à l'avenir.

- Caly, si jamais mes parents te surprennent, je veux que tu t'enfuies immédiatement. Ces affaires valent moins que ta vie, tu m'entends ? J'aurais préféré te soigner avant, mais il vaut mieux que tu y ailles tout de suite pour éviter d'éveiller leurs soupçons et j'ai besoin d'un peu de temps pour préparer les potions.

Caly écarquilla les yeux.

- Oui, maître Drago. Caly fera de son mieux. Caly est vraiment honoré par l'ordre de maître Drago !

L'elfe disparut et Drago se tourna vers sa bibliothèque. Il devait brasser une potion de Wiggenweld pour soigner les blessures, et peut-être une petite potion de régénération sanguine. Il savait que les elfes de maison étaient bien plus sensibles que les sorciers, il devait donc prévoir le dosage en conséquence pour éviter une surmédication.

Il n'avait vraiment envie de voir personne, mais il avait besoin des conseils de Dolly Peterson pour soigner son elfe. Une chance que l'infirmière reste à Poudlard durant les fêtes de Noël…

Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte de son appartement et s'arrêta sur le seuil. À l'extérieur, tout était silencieux, mais ce n'était pas étonnant. Il ne restait que très peu d'élèves et la plupart étaient dans leurs salles communes pour profiter des cheminées, tant les couloirs du château étaient glacés.

Après une longue inspiration, il s'aventura d'un pas vif. Il voulait passer le moins de temps possible à l'extérieur de son appartement. Il ne croisa personne jusqu'au rez-de-chaussée où deux Gryffondors braillards le dépassèrent sans même lui prêter attention, manifestement désireux d'aller jouer dans la neige. Lui avait sursauté en les voyant, et il se maudit pour sa faiblesse. Heureusement qu'il restait plusieurs jours avant la reprise des cours…

Il s'arrêta quelques secondes pour calmer son rythme cardiaque avant de reprendre sa marche en direction de l'infirmerie. Lorsqu'il pénétra dans la vaste salle, la médicomage était assise devant une fenêtre, profitant du soleil d'hiver pour lire un épais grimoire. Elle se leva à son arrivée et lui offrit un petit sourire, les sourcils plissés en une expression interrogatrice.

- Bonjour Drago ! J'ai appris ce qu'il t'était arrivé. Comment te sens-tu ?

Le Serpentard maudit intérieurement le probable responsable de l'information et secoua la main en un geste vague.

- Bonjour Dolly. Je vais bien, et je ne suis pas venu pour discuter de ça.

- Allons bon. Tu sais que tu peux me parler si ça ne va pas. Je suis soumise au secret médical. Si tu as besoin de quoi que ce soit…

- Pour l'instant j'ai besoin de conseils. Mon elfe de maison a été torturé par mes parents. Sans doute un sortilège de découpe. Bref, je pense brasser une potion de Wiggenweld et peut-être une potion de régénération sanguine, mais il faut que j'adapte les doses. Que me préconises-tu ?

L'infirmière sembla réfléchir un instant avant d'aller chercher un livre d'aspect relativement vieux sur l'une de ses étagères. Elle le feuilleta jusqu'à arriver à une page bien précise et s'approcha pour lui montrer.

- Il y a peu de sorciers qui se sont intéressés au sujet, comme tu dois t'en douter. Ici, un médicomage a décidé de donner les doses pour un nourrisson pour sauver un elfe de maison d'une commotion cérébrale. Mais il n'a pas donné de préconisation pour une potion de régénération sanguine. Je ne sais pas si ça t'aide.

Drago se remémora péniblement ses cours de licence. Certains ingrédients étaient toxiques pour les bébés donc la composition de certaines potions étaient parfois assez différentes.

- OK, je pense que je vais pouvoir me débrouiller. J'ai un grimoire sur les potions infantiles dans mon bureau. Merci pour ton aide.

Il avait déjà fait quelques pas vers la sortie que Dolly l'avait rattrapé en posant une main sur son bras.

- Drago, attends…

Le contact l'avait fait sursauter, et il se dégagea d'un geste brusque avant de lui jeter un regard furieux.

- Non. Je ne veux pas en parler.

- Et comment tu vas faire lorsque les cours vont reprendre ?

- Je m'en sortirais. J'ai vécu pire, ne t'inquiète pas pour moi. Ce n'est pas une tentative d'enlèvement qui va me mettre à terre. Mon père serait bien trop heureux.

L'infirmière soupira mais ne chercha plus à le retenir.

- Bon, je vais espérer que tu sais ce qui est le mieux pour toi. Quoi qu'il en soit, ma porte sera toujours ouverte.

Drago retourna sans attendre en direction du sous-sol, priant pour ne croiser personne d'autre. Interagir avec sa collègue l'avait déjà épuisé et il avait encore une voir deux potions à préparer avant de pouvoir se reposer.

Il parvint à rejoindre son appartement sans croiser de nouvelles personnes, à son grand soulagement, et commença immédiatement à brasser la potion de Wiggenweld. Au milieu du salon, quelques-unes de ses affaires avaient commencé à apparaître, ce qui suggérait que ses parents ne s'étaient pas encore aperçus de la manœuvre.

Après avoir récupéré le grimoire sur son étagère, il avait commencé à mettre en place les différentes composantes sur son établi. L'ingrédient principal était évidemment les feuilles de Dictame pour leur effet cicatrisant, mais il y avait aussi de l'écorce de sorbier en poudre, de l'asphodèle, de l'huile essentielle de menthe, du jus de Horglup, de l'hydromel et du mucus de cervelle de paresseux. L'huile essentielle étant toxique chez les nourrissons, Drago la remplaça par une infusion de feuilles de menthe, tout comme l'hydromel qu'il remplaça par du sirop d'érable.

La potion était en train de refroidir quand son elfe termina son transfert. Caly savait qu'il ne tolérait pas d'être dérangé pendant qu'il brassait des potions, et il resta silencieux, attendant devant la porte qu'il lève enfin le nez de son chaudron. Lorsque Drago remarqua enfin sa présence, il s'empressa de saisir une fiole et de la remplir avant de la tendre à son elfe.

- Caly, tu as terminé ? Tiens, bois-ça. Tu te sentiras mieux.

La petite créature s'exécuta sans hésiter, et l'expression angoissée sur son visage se transforma bientôt en un soulagement flagrant.

- Oh merci maître Drago ! Caly est tellement reconnaissant que son maître l'ait soigné ! Caly se sent beaucoup mieux à présent, Caly n'a plus mal !

D'un claquement de doigts, il fit disparaître les bandages qui recouvraient ses membres, provoquant un soupir rassuré chez Drago. Les multiples entailles sanguinolentes avaient laissé place à une peau rose et lisse.

- Bon, tant mieux. Caly maintenant je t'ordonne de te reposer. Bois de l'eau, mange quelque chose et va dormir. Tu peux aller dans les cuisines de Poudlard, demande aux autres elfes s'il y a un lit disponible pour toi. Je ne t'appellerai pas avant demain.

- Maître Drago est si bon, si gentil ! Caly a de la chance d'être l'elfe de maître Drago.

Il s'inclina et disparut tandis que Drago se laissait tomber sur une chaise. Lui-même était assez épuisé. De quelques coups de baguette, il répartit le reste de la potion dans des fioles qu'il étiqueta, nettoya son chaudron d'un Recurvite et rejoignit sa chambre.

Son lit avait déjà été fait, mais il se contenta de s'y allonger sans même retirer sa couette. Il avait seulement besoin d'une bonne sieste. Ensuite, il pourrait à nouveau réfléchir à sa situation…

Contrairement à la veille, la journée avait été pluvieuse et Harry avait passé tout son temps dans la Salle sur demande avec James. Le petit garçon n'avait cessé de faire du trampoline, du toboggan et de l'escalade, sous le regard à la fois émerveillé et un peu triste de son père qui était incapable de l'accompagner dans ses acrobaties. Neville les avait rejoints au cours de l'après-midi pour tenir compagnie au Survivant et jouer à chat perché avec le petit garçon qui s'était amusé comme un fou.

De son côté, Harry avait eu bien du mal à s'empêcher de penser à Drago. L'absence du potionniste aux repas et plus généralement dans son quotidien était un rappel de ce qu'il lui était arrivé, et Harry regrettait de ne pas avoir débarqué au manoir Malefoy dès qu'il avait appris l'annonce de sa démission. Il se sentait coupable d'avoir laissé son petit ami souffrir pendant plusieurs jours et bien qu'il ignorât précisément ce qu'il avait vécu, il ne pouvait qu'imaginer le pire.

Ainsi, après le dîner et sous les encouragements de Neville, il descendit aux cachots en compagnie de son fils, mais une fois devant la porte, il hésita quelques secondes. Et si le Serpentard lui en voulait ? Et s'il décidait de le plaquer pour avoir la paix ?

Leur relation était si jeune qu'elle en était presque chimérique. Harry sentait qu'elle pouvait s'évaporer en un instant, avant même d'avoir pris réellement naissance, et cette idée l'angoissait. Finalement, ce fut son fils qui l'obligea à faire le premier pas. Il avait frappé à la porte et s'était mis à brailler un "DWAGOOOOO !" de toute la force de ses petits poumons, faisant presque sursauter le Gryffondor au passage.

- James, évite de hurler comme ça dans les couloirs ! Peut-être que Drago était en train de dormir…

Avant même que son fils ne puisse répondre, la porte s'était ouverte sur une mine renfrognée, manifestement dérangée en pleine sieste.

- Potter… Bon sang, tel père, tel fils. Je vois qu'il est aussi subtil que toi…

- Salut Drago ! Euh nous venions… James tenait à t'offrir tes cadeaux !

Il tendit le paquet avec un sourire emprunté, et le Serpentard lui jeta un regard suspicieux alors que James brandissait le ballotin de chocolats.

- Utiliser ton fils pour m'obliger à sortir, c'est vraiment petit… Bonsoir James. Comment vas-tu bonhomme ?

- Bonsoi Dwago ! Joheu Nowel ! Ça vaaaa et toi ? Papa m'a dit que t'été malade ?

Nouveau haussement de sourcil de la part de Drago qui s'était penché pour se mettre à la hauteur du petit garçon. Harry haussa les épaules.

- Tu n'étais pas en état de venir dîner avec nous dans la Grande Salle. Mais je suis heureux de te voir. Tu m'as manqué.

Le blond rougit un peu et s'effaça pour les laisser entrer.

- Tu as raison, je n'étais pas très en forme. Mais je vais mieux maintenant. Venez. J'ai aussi des cadeaux pour vous deux, et je suis en retard.

Le salon était plongé dans l'obscurité mais Drago alluma la lumière d'un coup de baguette, éclairant une pièce aussi impeccablement rangée qu'à l'accoutumée. Trois paquets étaient posés sur la table basse. Ils s'installèrent sur le canapé et Drago appela un elfe pour leur amener du thé et un verre de lait chaud.

James fut le premier à ouvrir son cadeau. Il s'agissait d'une sphère enchantée pour raconter des histoires tout en projetant des images sur les murs et le plafond, à la manière d'un théâtre d'ombre vivant. Le petit garçon en fut émerveillé et Harry profondément ému.

Le cadeau de Harry était une broche ronde en forme de nœud celtique sertie d'une émeraude en son centre et de quatre petits onyx dans son pourtour. L'ensemble était parcouru d'entrelacs de métal dans un pur style irlandais. Elle dégageait une énergie magique, ce qui signifiait qu'elle était enchantée. Il rougit et pressa la broche contre son torse, tâchant de transmettre par ses yeux ce qu'il ne pouvait pas dire à haute voix.

- Merci Drago, ton cadeau est magnifique. Ouvre le tien avant que j'ouvre le deuxième paquet.

Harry avait fouillé le coffre-fort de la famille Black pour trouver le cadeau de Drago. Il avait voulu quelque chose d'utile et de rare pour son petit ami, et surtout quelque chose que toute sa fortune d'héritier Malefoy ne lui permettait pas d'avoir. Il avait fini par trouver un grimoire de potion qui datait du moyen-âge. Il était écrit en latin et, pour l'avoir fait expertiser, il présentait des potions pour certaines encore inconnues. Harry ne doutait pas que la plupart d'entre elles relevaient de magie noire, mais il faisait confiance à Drago pour ne pas en faire un mauvais usage.

Le Serpentard avait écarquillé les yeux en découvrant l'intérieur du paquet, restant silencieux pendant plusieurs secondes avant de finalement reprendre la parole.

- Harry, c'est vraiment… Tu n'aurais pas dû… C'est… Il est…

- Il te plait ?

- Tu rigoles ! Il est exceptionnel ! J'ai hâte de pouvoir le lire… Et les tester ! Est-ce que tu te rends compte de la valeur d'un tel grimoire !

Le Gryffondor leva les mains, un large sourire aux lèvres.

- Il était au fin fond du coffre-fort Black. Il te revenait de droit en fait…

- Merci. Ouvre ton second cadeau… Mes présents font pâle figure à côté du tiens.

Il s'était levé pour aller poser le grimoire sur une étagère, le posant avec une révérence manifeste. Harry ouvrit délicatement son second présent pour découvrir une magnifique écharpe en cachemire noire brodée d'un dragon vert. L'étoffe était si douce et chaude qu'il aurait aimé pouvoir s'enrouler tout entier dedans.

- Tes cadeaux sont géniaux, Drago, tu n'as pas à rougir ! Mon second cadeau n'est qu'un ballotin de chocolats de chez Honeydukes, alors que cette écharpe est juste exceptionnelle.

- Mais j'adore le chocolat ! Pas vrai, James ! Le chocolat c'est un super cadeau !

- Je les ai choisis avec papa !

Drago s'empressa de déballer la petite boîte pour accompagner le thé et chacun d'entre eux put croquer avec bonheur dans un petit carré de cacao.

Harry se sentait aux anges et aurait aimé rester mais il était déjà tard pour James et il devait aller coucher son fils.

- Je suis désolé de ne pouvoir rester plus longtemps, mais James s'est bien dépensé aujourd'hui et il est plus que temps d'aller au lit. Mais peut-être que nous pourrons te voir demain.

Le petit garçon était en train de bailler à s'en décrocher la mâchoire, la tête appuyée contre l'un des coussins du canapé, et ses yeux papillonnaient déjà, comme s'il était sur le point de s'endormir.

- Tu as prévu quelque chose en particulier ?

- Et bien, à vrai dire, j'aimerai amener James au chemin de Traverse pour lui acheter de nouveaux vêtements qu'il pourrait laisser à Poudlard. Ginny ne lui a mis que le strict minimum.

- Plutôt que d'aller chez Mme Pieddodu, tu devrais aller chez Gaichiffon à Pré-au-Lard. Il y aura beaucoup moins de monde et… peut-être que je pourrais vous y accompagner.

Le visage de Harry s'illumina subitement.

- Vraiment ? Parce que ton aide me serait très précieuse. Je n'ai jamais été très doué pour ça et surtout ça nous ferait vraiment plaisir d'être en ta compagnie.

- Je verrais… demain matin. On se retrouve dans la Grande Salle au petit déjeuner.

Le Gryffondor réveilla doucement son fils qui s'était assoupi, mais alors qu'ils s'apprêtaient à passer la porte, Drago attrapa la nuque de son petit ami pour l'attirer jusqu'à lui en un doux baiser. James les regardait, tout sourire, et Harry écarquilla les yeux.

- Mais… je croyais que tu ne voulais pas…

- Je ne veux plus me cacher… Mon père peut bien aller au diable. Je veux lui prouver qu'il ne dirigera jamais ma vie. Allez, bonne nuit à vous deux.

Il ponctua sa phrase d'un nouveau baiser, avant de saluer James d'une caresse dans les cheveux et refermer sa porte.

Harry sourit bêtement. Cela ne faisait peut-être que quelques semaines qu'ils étaient ensemble, mais il se sentait très, très amoureux.


Fin du chapitre 8

Encore désolé pour le retard. Ce chapitre est un peu Drama mais il termine par une note mignonne ! (Même si Drago n'en a pas encore tout à fait terminé avec le trauma...) J'espère qu'il vous a plu. Je m'attaque au chapitre 9 dès aujourd'hui, c'est promis !