Chapitre 1 : Quatre Privet Drive et Chemin de travers

Les éléments en italique sont des répliques reprises directement du livre « Harry Potter à l'école des sorciers » de J.K. Rowling


M. et Madame Dursley habitent aux 4 Privets Drive avec leur fils. Les voisins les voient en général comme une famille un peu étrange, même s'ils ne le rapportent pas afin de ne pas s'attirer leurs foudres. La plupart détournent la tête lorsque Vernon Dursley passe. L'homme est gros. Il n'y a pas d'autre mot. Le père de famille pèse en tout cas une centaine de kilos qui se voient parfaitement sur son ventre qui s'arrondit toujours plus, ses cuisses couvertes de vergetures et sur les nombreux plis que forme son menton alors même qu'il lève la tête. Il n'a jamais été très aimé, mais on dit de lui qu'il sait être impartial.

Sa femme, Mrs Pétunia Dursley est le contraire de son mari. Fine, voire maigre, elle n'a que la peau sur les os. Son visage tient au-dessus d'un cou particulièrement long. Des rumeurs disent que plus jeune, elle était belle. Ses cheveux bruns n'étaient pas sales et son visage pas autant pointu. Mais c'était avant. Le couple a eu un enfant il y a maintenant onze ans de cela. Le petit Dudley Dursley. Dudley est le même que son père, chuchotent le voisinage lorsque sa mère n'est pas dans les parages. Il est déjà assez fort et son menton montre déjà les plis caractéristiques des hommes Dursley. Un jour, quelqu'un a dit qu'il ressemblait à un cochon avec une perruque. Le voisinage a beaucoup ri.

Pourtant, dans cette rue si avide de critiquer et de porter des coups bas à quiconque serait étrange, il y a bien un sujet que personne n'évoque. Il y a quelqu'un dans la maison des Dursley qui n'est pas censé être présent. Un petit garçon maigre aux habitudes trop grands et au teint trop pâle. Ce sujet-là est tabou, si bien qu'aucun commentaire n'est fait sur la personne de Harry Potter. Personne n'ose en parler, car il a besoin d'aide. Chacun pense qu'une personne tierce interviendrait afin de stopper la famille Dursley, quelqu'un viendrait sauver cet enfants de la négligence. Personne n'est jamais venu toquer à la porte du 4 Privet Drive afin de s'inquiéter pour l'enfant que les Dursley n'aiment pas et cachent.

Harry Potter est seul dans un monde d'adulte qu'il ne comprend pas. Dès son plus jeune âge, on lui a annoncé que ses parents étaient morts dans un accident de voiture alors qu'il avait un an et quelques mois. Cette révélation lui a été faite alors qu'il n'avait que trois ans. Puis, en même temps, sa tante lui a demandé de temps en temps des services. En espérant quelque chose en retour, le petit garçon a tout fait pour la femme qui l'élève, mais jamais, elle ne lui a donné quoi que ce soit en retour. Pétunia Dursley ne lui a jamais offert même un simple sourire. Le seul enfant qui vit avec lui est Dudley, son cousin. Petit, épais et blond. Un cochon à perruque, avait-il un jour dit dans la rue de sa petite voix fluette. Les gens avaient ri, mais en rentrant, sa tante l'avait giflé.

- Je suis spécial, a dit un jour Harry dans l'année de ses cinq ans pendant un repas. Dans ses yeux brillait alors une étincelle que jamais personne n'a décelée. Le petit garçon avait fait son premier jet de magie accidentel. Il pensait pouvoir enfin mériter faire partie de la famille s'il devenait spécial.

Son oncle a recraché son vin et sa tante a avalé de travers la viande au menu. Son cousin n'avait rien entendu car il regardait la télé d'un œil attentif. Ses tuteurs s'étaient ensuite tournés vers lui en le regardant d'un air dégoûté, méprisant.

- Tu n'es rien, lui a craché sa tante et effaçant le peu de respect que son neveu avait réussi à conserver pour elle.

- Un microbe, avait ajouté son oncle en coupant sa viande avec acharnement. Un insecte, un monstre !

Depuis, Harry ne parle plus. Il ne dit rien à sa famille et ne veux pas qu'elle entende sa voix. Depuis qu'il refuse de parler, tout le monde le laisse tranquille à la maison. Le seul moment où il parle est lorsqu'il se rend à l'école.

Depuis ses quatre ans, Harry Potter fréquente la petite école de quartier. Les enfants ont le droit d'y accéder dès leurs deux ans, mais son oncle a refusé de l'envoyer si tôt en classe, prétextant que son neveu possède la capacité de mémorisation d'un poisson rouge et est simple d'esprit.. Dudley est aussi entré dans la petite école à ses quatre ans, mais pas pour les mêmes raisons. Sa mère refusait tout bonnement de le laisser loin d'elle plus d'une heure par jour. Une fois en classe, Harry a évolué très rapidement, contrairement à son cousin qui s'amusait à soulever les jupes des filles avec sa règle et à lancer des boulettes de papier mâché sur le professeur.

Autant dire que la vie de Harry n'est pas idéale. Entre son cousin qui passe son temps à le martyriser, sa tante qui lui donne les tâches ménagères à faire et son oncle qui tente par tous les moyens de le faire aller dans son placard, Harry ne se sent bien nulle part. La seule personne agréable pour lui est son professeur, Nancy Shafiq. Elle a laissé sa classe l'appeler par son prénom, Harry adore venir la voir pour lui poser des questions.

- Maîtresse Nancy, pourquoi le ciel est bleu ?

- Parce que l'univers est noir, mais que la terre veut nous rendre heureux, Harry.

Elle lui répond toujours avec une bienveillance sans borne et lui passe même parfois la main dans les cheveux, pour le plus grand bonheur du garçonnet. Nancy lui a appris à lire et à compter et lorsqu'à sept ans, il a dû monter en classe supérieure, il a pleuré de devoir la quitter. Toujours avec la même tendresse, elle lui avait dit qu'ils pourraient toujours se voir. .

Harry était content. Dudley n'était pas dans la même classe que lui et ne pouvait l'embêter que durant la récré. Mais cela se passait quand même mal pour lui en général. Les autres enfants ne jouaient pas avec lui parce que son cousin passait son temps à le courser à l'aide de ses copains. Un jour, sans comprendre pourquoi Harry s'est retrouvé sur le toit de l'école alors qu'il fuyait Dudley. Maîtresse Nancy est venue le sauver et a tenté de plaider sa cause, mais rien à faire. Le directeur a appelé tante Pétunia, qui l'a gardé dans le placard tout le week-end. Malgré tout, Harry avait senti son cœur se chauffer en pensant qu'une personne tenait à lui.

Dans une semaine, c'est son anniversaire. Pourtant, Harry n'en tire aucune joie. Contrairement à son cousin, il ne pourrait pas avoir de nombreux cadeaux et jamais il ne pourrait souffler la moindre bougie. Il considère avoir eu une chance inespérée le mois passé.

Il a réussi à se faire inviter à l'improviste à l'anniversaire de Dudley. La dame qui devait le garder à eu un accident et personne ne pouvait s'occuper de lui. Refusant de le laisser seul sous peine de retrouver la maison en cendre, son oncle a finalement décidé de l'emmener avec eux au zoo. Pour la première fois de sa vie, Harry a pu admirer des animaux autres que des lapins, oiseaux et lézards. Les singes, un lion, une girafe ! Il a pu tout observer et a tenté de mémoriser un maximum d'informations afin de tout raconter à sa maîtresse en rentrant de vacances. Arrivé face à un vivarium, il avait parlé avec un serpent, puis fait à nouveau de la magie. Il avait tout simplement fait disparaître la vitre qui enfermait le serpent.

Harry sourit en se souvenant de cet instant. Malgré sa punition, malgré les moqueries et les gifles, Harry sait que ce qu'il vient de faire, c'est de la magie. Et la magie, il est le seul à en faire. Il ne sait pas comment la produire autrement qu'avec des émotions fortes, mais ne s'en préoccupe pas. Pour l'instant, il est content de pouvoir compter sur sa magie lorsqu'il est triste ou en colère. Elle est la seule chose qui lui permette de ne pas s'identifier à sa famille particulièrement dysfonctionnelle.

Ce matin, Harry est envoyé par l'oncle Vernon, chercher le courrier, comme d'habitude. Il prend les lettres et en découvre trois. Une de tante marge, la sœur de son oncle, une une autre de l'amie en vacances de tante Pétunia, Yvonne. La dernière est adressée à Harry Potter, dans le placard sous l'escalier. En lisant ces quelques mots, Harry se fige. Une lettre lui est adressée. Une lettre est parvenue jusqu'ici pour lui. Pour lui ! Il relit attentivement les lettres tracées à l'encre verte sur l'enveloppe légèrement jaunie et est désormais certain que la lettre lui est adressée. Il ne rêve pas.

-Harceler! S'égosille Vernon. Viens me donner ce fichu courrier !

Le garçon reprend ses esprits et glisse sa lettre dans son placard avant de retourner dans le salon pour apporter le reste à son oncle. Il mange rapidement son bout de lard et son œuf avant de prétexter un mal de ventre et de s'éclipser dans son placard. Là, il ouvre la lettre et la lit.

COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE

Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin
Docteur en Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Cher Mr Potter,Nous
avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice-adjointe

Harry doit lire plusieurs fois la lettre avant de vraiment comprendre le sens de celle-ci. Il la tourne et la retourne avant de s'avouer vaincu. Un sourire flotte sur son visage, avant qu'un voile ne tombe sur son regard. Son sourire disparaît et ses yeux vert émeraude virent à un vert plus foncé. Il baisse les yeux et soupire. Soit on lui fait une blague de très mauvais goût, soit il n'est pas le seul à pouvoir faire de la magie. Dans les deux cas, il est déçu. Harry garde secrète la lettre. Il peut ainsi vérifier ses deux hypothèses. Soit c'est une mauvaise blague et il pourra voir chez quelqu'un un comportement étrange, soit c'est une véritable école de sorcellerie et dans ce cas, il ne lui reste que sept jours pour confirmer son inscription, puis on lui enverra une autre lettre pour lui dire que le délai n'a pas été respecté et qu'il n'est désormais plus invité à y étudier.

Pendant sept jours, il attend. Il attend patiemment qu'un comportement étrange se fasse remarquer, ou qu'une lettre de refus lui soit transmise. Pendant sept jours, il court, le matin, chercher le courrier pour voir s'il n'y a pas d'autres lettres et pendant sept jours, il observe silencieusement toutes les personnes qu'ils croisent hors de sa maison. Il a tellement regardé une femme fixement qu'il lui a fait peur. Au bout de sept jours, ce n'est pas une lettre qui vient le trouver. C'est un individu.

- Vous êtes... Hein ?

Harry regarde dans les yeux la femme qui se trouve devant lui. Des cheveux courts et d'un mélange de brun et gris, des yeux jaunes perçant, une robe noire comme la nuit accompagnée du chapeau pointu qui va avec. La femme se présente comme étant Mme Bibine, professeur de Poudlard. Le garçon reste un moment sans réaction avant de tout simplement refermer la porte au nez de la nouvelle venue. La sonnette retentit et il se bouche les oreilles avant de se ruer dans son placard.

- Harry va ouvrir ! S'exclame la voix stridente de Pétunia. Incapable de faire quoi que ce soit ce gosse.

Tout en parlant trop bas pour être comprise, Pétunia descend les escaliers et va ouvrir la porte à la femme étrange aux yeux de chouette. Une fois présentée, Pétunia a exactement la même réaction que Harry. Elle ferme la porte devant la pauvre madame Bibine qui soupire de frustration, toujours sur le perron. Elle sonne une dernière fois, cette fois-ci, c'est Dudley qui va ouvrir à la femme. En la voyant, il crie dans la maison le nom de sa mère afin qu'elle vienne voir l'étrange dame. Ne pouvant pas congédier celle-ci devant son fils, qu'elle s'efforce de bien éduquer, elle l'invite enfin à entrer et lui propose même une tasse de thé.

- Volontiers, a accepté Mme Bibine. En fait, je suis là pour parler à Mr Potter, précise-t-elle en prenant place là ou Pétunia lui a indiqué. Celle-ci faillit tourner de l'œil en entendant le nom de son neveu, mais se dirigea lentement alors vers le placard sous l'escalier. Elle ouvre la porte et le découvre en train de lire sur ce qui lui sert de lit. Elle le traîne alors de force dans le salon et lui demande de s'asseoir à côté d'elle. Pour la première fois de sa vie, Pétunia Dursley est bien décidée à protéger Harry.

- Bonjour Harry ! Joyeux anniversaire !

Harry sursauta. C'est vrai, il a soufflé ses bougies de poussière pour son anniversaire le matin même. Comment cette drôle de femme peut être au courant ?

- Comme je le disais tout à l'heure, je suis professeur à l'institut de Poudlard, l'école de sorcellerie, la plus grande et la plus célèbre de toute l'Écosse. Nous t'avons envoyé une lettre afin de te préparer et te demander de préparer tes affaires, mais étant donné que tu ne connais pas le monde magique, je suis venue te chercher afin de t'aider à acheter le matériel nécessaire.

- Il n'ira pas.

Pétunia regarde Madame Bibine sans sourciller, certaine que si le tuteur de l'enfant ne souhaite pas le scolariser, ils ne viendraient pas les embêter. Mais c'est sans compter sur la professeure, qui plisse les yeux devant la courte et concise phrase de Mme Dursley.

- Pourtant, dès sa naissance, les parents d'Harry, l'ont inscrit dans cette école afin qu'il y étudie, pour son futur.

- Il ne viendra pas, il ne veut pas et nous n'autorisons pas qu'Harry parte de chez nous.

Alors que sa tante affiche un air qui se veut autoritaire et sûr d'elle, Harry, lui, ne sait pas trop ce qu'il ressent. En regardant de plus près Mme Bibine et en écoutant ses paroles, il n'a pas manqué la petite, mais bien présente lueur de peine qui a brillé dans ses yeux, en parlant de ses parents à lui. Sans pouvoir s'en empêcher, Harry ouvre la bouche et autorise pour la première fois depuis six ans à sa tante d'entendre sa voix.

- Vous connaissez mes parents ?

La voix fluette et simple du garçon surprend Pétunia, qui tourne la tête dans sa direction. Les yeux de son neveu sont fixés sur l'inconnue. Il la dévisage comme une sauveuse. L'étincelle qui brille dans son regard fait fondre le cœur de Mrs Dursley. Pourtant, elle ne laisse rien paraître et fronce un peu plus encore le nez. Il est hors de question que son neveu parte sans qu'elle ait son mot à dire. Pourtant, en observant la femme aux yeux jaune, Pétunia se rend compte qu'elle pose sur lui un regard rempli de tendresse qui surprend l'enfant. Personne ne l'a jamais regardé comme ça.

- Oui, bien sûr que je les connais, j'ai été leur professeur et par la suite leur amie.

- Et ... Leur accident de voiture, vous savez ce qu'il s'est vraiment passé ? Demande-t-il d'une voix pleine d'espoir.

- Accident de voiture ? Répète automatiquement la professeure. Son regard devient sombre, ses lèvres se pincent, tandis que ses sourcils viennent plisser ses yeux. Pétunia devient blanche en voyant que la dame en face d'elle se fâche.

- Un accident de voiture ? demande une nouvelle fois Mme Bibine en insistant sur les mots accident et voiture.

- Jamais Lily et James n'auraient été tués par quelque chose d'aussi banal qu'un accident de voiture, dit-elle d'un ton sans équivoque en regardant fixement la femme se trouvant juste devant elle. Pétunia se raidit et pince ses lèvres, tandis que le regard de Harry s'illumine.

- Lily et James ? C'étaient leurs prénoms ? demande l'enfant.

- Lily et James sont aussi allés apprendre à Poudlard, car c'est une école spéciale Harry, c'est une école de magie.

- Non ! refuse Pétunia en se levant d'un bond. Je refuse que Harry aille dans la même école que mon idiote de sœur, je refuse qu'il devienne comme eux, si nous le laissons ici, avec des gens normaux, il le deviendra aussi !

Harry regarde sa tante puis la professeure, avant de retourner son regard vers sa tante et de le rediriger ensuite vers la professeure, ainsi de suite. Harry ne comprend pas exactement ce qui se passe, mais du haut de ses onze ans, il décide qu'il est capable de prendre ses propres décisions. Alors que Pétunia continue de crier contre son invitée, Harry se faufile hors de la salle et se précipite dans son placard. Il prend le vieux sac de Dudley, qui lui a été donné lorsqu'un trou a été fait, le remplit précipitamment des quelques vêtements qu'il possède et d'un rouleau de scotch. Une fois le sac fermé, il se présente à nouveau devant la porte du salon, où Madame Bibine tente d'expliquer tant bien que mal à la femme en face d'elle, que l'inscription de Harry est définitive.

- On part quand ? demande Harry en regardant la professeure.

Celle-ci se fige dans ses explications et étouffe un petit rire. Pétunia en revanche ne pipe mot, ne comprenant pas pourquoi cet enfant, qu'elle a élevé, est prêt à partir à la moindre étincelle de magie. Elle se revoit à douze ans, envoyant une lettre au professeur Dumbledore pour accéder à cette école. Puis sa réponse courte, concise, décevante, inacceptable.

- Harry, l'école ne commence qu'à partir du premier septembre, dans un mois, je suis ici pour t'emmener faire des achats.

Sur cette déclaration, Pétunia renchérit de plus belle, clamant que jamais elle ne donnerait d'argent à Harry pour faire des dépenses inutiles. Déjà, debout, fulminante, la maîtresse de maison se dirige en marchant remarquablement vite, vers des escaliers et les monte rapidement. Si Harry veut partir, qu'il parte. Elle ne peut rien faire pour cet enfant s'il est incapable de définir ce qui bon ou non pour lui.

- Vous êtes vraiment une sorcière ? demande Harry en la regardant avec suspicion.

- En effet, tu veux voir ?

Prenant le hochement de tête frénétique de haut en bas de Harry comme un oui, la professeure sourit. Sous le regard attentif du garçon, elle sort un bout de bois d'environ une trentaine centimètres, qu'elle tend à bout de bras sur une pile de journaux posés un meuble devant elle.

- Accio diurne.

Les journaux s'élèvent dans les airs sous le regard ébahi de Harry, qui observe silencieusement le tout. Les journaux restent un moment en l'air, puis elle les fait aller se remettre en place.

- Je peux vous demander quelque chose ? Le regard que Harry porte sur la baguette fait penser à la professeure qu'il a une vilaine idée en tête tant il ressemble à James.

- Voilà, ce sont les anciens livres de Lily ! Pétunia entre dans le salon muni d'une pile de livres, qu'elle veut poser sur la table du salon. Mais il n'y a plus de table du salon. À la place de celle-ci, est apparu un âne, qui vient lui hennir en plein dans la figure. Elle pousse un cri de peur et tombe en arrière tandis que tous les livres se retrouvent par terre. Harry n'ose pas rigoler, mais ses lèvres tremblent sous l'effort de ne pas le faire, tandis que madame Bibine regarde Pétunia d'un air compatissant avant de retransformer l'âne en table.

- Je suis désolé de vous avoir fait peur, le but était de faire savoir à Harry que je suis bel et bien une sorcière, se couvre la professeure en offrant sa main pour aider la tante de son protégé à se lever. Pétunia la fusille du regard et se relève seule avant de ramasser les livres et de les poser sur la table.

- Ce sont les livres de Lily. N'achète pas des nouveaux, de toute façon, je ne peux pas me permettre de te donner de l'argent. Ceux-ci feront l'affaire.

Harry touche du bout des doigts la couverture du livre au sommet de la pile. Il est plein de poussière, mais semble encore en bon état. Le petit sorcier fixe la pile sans réaliser que la professeure le regarde d'un air bienveillant, tandis que sa tante se plonge dans des souvenirs qu'elle aimerait oublier. Lily revenant de l'école un peu plus puissante à chaque fois, ramenant des amies pendant les vacances, faisant une expérience que jamais elle ne pourrait faire.

- Va les ranger, ordonne la matriarche d'un ton sec. Harry opina et se saisit des livres pour aller les mettre dans le placard. Il en profite pour remettre son sac par terre. C'est avec une mine réjouie qu'il revient au salon.

Ce n'est qu'après bien des négociations que Pétunia accepte enfin qu'il parte avec la professeure afin de faire ses derniers achats. Il a fallu à la professeure assurer que les Dursley n'auraient rien à payer des différentes factures que pourrait récolter leur neveux.

C'est ainsi que Harry se retrouve à regarder un bar dans une allée de Londres. Une minute à peine plus tôt, il était absolument certain qu'il n'y avait rien à cet endroit, mais lorsque Madame Bibine le lui a explicitement montré du doigt et donné le nom, il l'a vu, comme par magie. Il lit sur l'enseigne en grandes lettres d'un jaune défraichi le nom de l'établissement. Le Chaudron Baveur. Le bâtiment est assez petit et ne paraît pas très bien entretenu. L'extérieur est recouvert de lierres morts, les pierres grises ne mettent pas en valeur l'habitation.

Madame Bibine s'avance vers l'entrée et pousse la porte pour laisser Harry entrer. Elle se poste devant lui et marche résolument vers le fond de la boutique après avoir fait un petit salut de la main au patron qui se trouve derrière le bar. Harry ne peut s'empêcher de grimacer. L'intérieur n'est pas mieux que l'extérieur. Le pub est vraiment minuscule et en plus de ça, assez miteux. Harry compte en tout cinq araignées et deux rats alors qu'il traverse le bar en restant bien derrière l'adulte qui l'accompagne. Les quelques personnes présentes ne font pas attention à lui jusqu'au moment où Harry se prend les pieds sur une dalle et faillit tomber. Ses cheveux noirs légèrement longs, mais très emmêlés cachent en général la cicatrice qu'il porte au front, mais une personne a le temps de la voir.

- C'est Harry Potter, chuchote la personne l'ayant reconnu à son voisin, celui-ci ainsi que d'autres qui ont entendu, se tournent vers le noiraud et le regardent comme une bête de foire. Madame Bibine entend la rumeur monter rapidement. Sans délicatesse, juste avant de sortir du bar, elle prend Harry par les épaules et le pousse en retrait pour le protéger du monde qui s'est levé et veut désormais lui serrer la main. La professeure l'interroge du regard, mais en ne voyant que de l'incompréhension dans les yeux du garçon, elle décide de se montrer clémente. Un pas sur le côté plus tard, quatre personnes se rapprochent de Harry et lui demandent de leur serrer la main.

- Bonjour Harry Potter, merci Harry Potter, dit simplement une petite femme habillée d'une cape d'un vert éclatant, en se retirant après lui avoir touché la main et regardé son front.

Je suis Doris Crockford, Mr Potter, c'est extraordinaire de vous voir enfin.

Je suis très fier de faire votre connaissance, dit quelqu'un d'autre.

J'ai toujours rêvé de vous serrer la main, assura un troisième. Je suis si émue.

Je suis si honoré de faire votre connaissance, Mr Potter, dit un quatrième. Je m'appelle Diggle, Dedalus Diggle.

Je vous ai déjà vu, répondit Harry tandis que le chapeau haut de forme de Dedalus Diggle tombait sous le coup de l'émotion. Vous m'avez salué un jour dans un magasin.

Il s'en souvient ! s'écria Diggle en regardant tout le monde autour de lui. Vous avez entendu ? Il s'en souvient !

Deux autres se présentent avant que Harry ne voit approcher vers lui un homme affublé d'un turban violet sur le derrière de la tête. Il regarde l'homme s'approcher et curieux, observe son turban. Presque immédiatement, sa cicatrice le gratte assez fortement. Il résiste à l'envie d'y porter la main pour calmer le désagrément.

- Harry, je te présente ton professeur de défense contre les forces du mal, Mr Quirinus Quirrell, lui présente madame Bibine en tendant une main vers son collègue. Elle sourit en hochant la tête pour saluer son collègue , puis se retire légèrement pour les laisser faire connaissances.

P... P... Potter ... balbutia le professeur en saisissant la main de Harry V ... V... Vous ne pouvez pas savoir à.… à quel point je suis heu... heu... heureux de vous rencontrer.

Dès que leurs mains se touchent, la cicatrice de Harry recommence à lui faire mal, il résiste à porter la main à son front pour rester poli devant un professeur. Une fois les présentations finies, Harry laisse madame Bibine l'emmener derrière le bar. Ils se retrouvent alors coincés dans une impasse, devant un grand mur de pierre. Tandis que sa professeure tente de se souvenir de quelque chose, Harry ose lui poser une question qui lui trotte dans la tête depuis qu'ils sont partis du 4 Privet Drive, oubliant sa cicatrice.

- Madame, comment mes parents sont morts si ce n'est pas dans un accident de voiture ?

La femme se retourne et l'observe quelques secondes de ses grands yeux jaunes avant de prendre une grande inspiration. Elle s'assied sur une caisse en bois à sa droite et indique au garçon de faire de même. Une fois les deux installés, elle ouvre la bouche et commence à lui parler avec un air particulièrement sérieux et triste appliqué au visage.

- Lorsque tu as eu un an et quelques mois, le 31 octobre 1981, ta mère et ton père se sont fait tuer par un mage noir dont personne n'ose prononcer le nom. Ne me demande pas de te le dire, prononcer ce nom porte malheur et n'apporte que craintes et confusion. C'est le plus grand mage noir que nous avons eu à combattre depuis plusieurs siècles en Angleterre et il a fait bien des victimes. Certains sont dans notre hôpital magique sans espoir de guérison, tandis que d'autres sont morts. Je ne sais pas grand-chose de l'assassinat de tes parents... Mais je peux te dire que c'étaient des gens bien. Lorsque je suis devenue professeur à Poudlard, ils sont la première classe que j'ai eu.

Elle le fixe quelques secondes avant de secouer la tête et de reporter son attention sur le mur.

- Tu as les traits de ton père, mais les yeux de ta mère, conclue-t-elle en se levant.

Harry reste assis, les yeux baissés et le regard dans le vide, tandis qu'une autre question vient s'ajouter dans la longue liste qu'il a élaborée. Il lève les yeux, mais le spectacle qu'il voit alors lui coupe l'envie de parler. Devant lui, il y a un passage dans le mur et derrière, une allée colorée et particulièrement magique l'invite à entrer. Il se lève et se dirige doucement vers l'entrée que forme le mur avant de regarder Madame Bibine. L'habitude de ne pas parler est tellement forte qu'il ne dit rien, et s'engage sous le regard bienveillant de l'enseignante dans l'allée. À sa droite, un magasin de balais qui vole, à sa gauche une maison d'édition, puis une animalerie avec des chats, des hiboux et des rats ! Plus loin il aperçoit dans un magasin de prêt à porter, une bobine de file voler et sur la terrasse d'un marchand de glace, des coupes glacées se déplacent toutes seules devant les clients. Il regarde avec émerveillement tout ce qui se trouve à la portée de ses yeux et décide de tout faire pour ne plus jamais avoir à aller dans le monde moldu. Néanmoins, une petite voix dans sa tête noircit le tableau. Un sorcier a tué ses parents. Des sorciers l'ont abandonné chez les Dursley. Les sorciers ne sont pas mieux que les gens normaux finalement s'ils tuent les gens qu'il aime, ou du moins qu'il a aimé un jour, sa famille.

Il se force à détourner son regard de toutes les choses incroyables qui lui pendent sous le nez et décide de poser une nouvelle question à Madame Bibine.

- Madame, est-ce que c'est vous qui m'avez laissé devant chez mon oncle et ma tante quand mes parents sont morts ?

- Non petit, c'est Dumbledore, le directeur de Poudlard ainsi que le ministre de la Magie qui ont décidé de faire ainsi. Je n'en connais pas les raisons.

Harry acquiesça, ferme la bouche et décida de ne jamais laisser ce fameux Dumbledore entendre le son de sa voix. Il serait désormais muet en sa présence. Le ministre de la Magie, en revanche, ne risque pas de le croiser un jour, il est donc inutile de prendre une décision en ce qui le concerne. Harry sourit en regardant autour de lui. Il aperçoit rapidement une deuxième ménagerie, des boutiques de livres et de vêtements, ce qui provoque des frissons dans son dos. Ce nouveau monde n'attend que lui !

- Bien, s'exclame l'adulte en s'arrêtant devant un bâtiment en marbre absolument immense. Harry lève les yeux et ne peut s'empêcher d'admirer le lieu. Au contraire du bar du Chaudron Baveur, l'habitation est immense, d'un beige clair magnifique, avec une phrase en latin inscrite au-dessus de la porte, elle aussi pleine d'arabesques. Harry souffle d'admiration et écoute seulement d'une seule oreille son accompagnante qui lui indique que le bâtiment est en fait une banque particulièrement célèbre chez les sorciers. Elle lui donne le nom, mais Harry ne répond pas, n'écoute pas, trop occupé à regarder le plus de choses possibles. Il entre dans le bâtiment et de nouveau, se retrouve en pleine admiration devant tout le luxe qui s'offre à lui. Le plafond est à des kilomètres au-dessus de sa tête, des colonnes en marbre se dressent pour former un chemin jusqu'au milieu de la banque, un tapis rouge leur permet de marcher sans faire le moindre bruit. Ils s'avancent ensemble, la professeure en regardant devant elle, Harry en tournant la tête dans tous les sens pour tout admirer à la fois et tenter de déterminer de quelle race sont les personnages étranges qui semblent travailler pour la banque. La professeure étouffe un rire en voyant Harry tenter de tout voir en même temps, quitte à se rompre le cou.

- Bonjour, Bibine Renée, je souhaiterais accéder au compte du jeune Harry Potter, présent juste ici.

L'être aux grandes oreilles regarde alors Harry fixement pendant plusieurs secondes, ce qui gêne le garçon. Il sent que le regard de la créature est posé sur son front et il porte la main à ses cheveux pour tenter de cacher sa cicatrice. Pourquoi tout le monde semble si intéressé par cette marque ? Puis, il suit madame Bibine et le gobelin dans la banque et peut accéder à son coffre au moyen d'un wagon de train, particulièrement plus dangereux que tout ce qu'il a vu de sa vie. Tout le trajet, sa main reste crispée et accrochée à la poignée de porte, afin de ne pas se retrouver éjecté du wagon. Mais ce qui impressionne le plus l'enfant, c'est la profondeur dans laquelle la banque est apparemment enfouie. Quand va-t-elle s'arrêter ? Une fois devant son coffre, le gobelin l'ouvre et Harry est subjugué par la beauté de ce qu'il voit devant lui.

Des pièces en or, en argent et en bronze, des vêtements, des objets, des livres et des bijoux sont entreposés dans le coffre sous ses yeux, la professeure lui fait savoir que tout cela lui appartient. Harry referme sa bouche et demande s'il peut prendre de l'argent en trébuchant sur quelques mots.

- Oui bien sûr ! Les pièces en bronze sont des noises, il en faut 26 unités pour faire une mornille, qui sont les pièces en argent. Et enfin, il faut 17 mornilles pour faire un gallion, la pièce en or. Tu comprends ?

Il hocha frénétiquement la tête par automatisme et s'empare de la bourse en peau de dragon que lui tend la professeure. Il prend deux bonnes poignées de pièces et les fourre dans le petit sac, avant d'attacher celui-ci à sa taille. Ils sortent de la pièce et remontent dans le wagon afin de retourner dans le hall principal de la grotte. Une fois hors de la banque, Harry a encore plus de questions en tête, mais refuse de les poser à la professeure. Il ne la connaît pas assez et ne lui fait pas confiance. Après tout, peut-être que les humains sans magie sont méchants et sans cœur, mais les sorciers l'ont bien abandonné sans bonne raison chez ces gens ! Aucune des deux populations n'est mieux que l'autre. Dès que ces pensées traversent son esprit, son visage se ferme.

- Nous allons à présent aller t'acheter des habits de sorciers, puis aller prendre ce qu'il te faut pour cette année. Tu as bien pris ta lettre ?

Harry fouille dans son petit sac en bandoulière et en sort la lettre jaunie, qu'il déplie et lit avec attention dans sa tête.

Le professeur et l'élève marchent tranquillement alors vers la boutique de madame Guipure afin de laisser l'enfant regarder autour de lui. Harry est partagé entre la joie extrême de découvrir un nouveau monde et la peur immense de ne jamais trouver sa place ou pire, découvrir que les sorciers sont tous comme ce Dumbledore qui l'a laissé aux mains des Dursley. Mais en voyant tout ce que la rue propose, en voyant combien le monde magique est peut-être différent de celui des sans pouvoirs, Harry se dit qu'il a peut-être une chance d'avoir trouvé sa place. Néanmoins, il secoue la tête et refuse trop d'espoir.

Il entre dans le magasin de Madame Guipure et immédiatement, il est pris en charge. À ses côtés, un garçon blond est en train de se faire prendre les mesures, de ses bras et de son tour de taille, afin de confectionner ses robes. Il s'apprête à tendre la lettre de Poudlard à la jeune femme qui l'a aidé à monter sur la petite estrade, mais elle lui dit gentiment qu'elle l'a reconnu comme un élève de première année et qu'elle sait exactement ce qu'il lui faut. Harry lui sourit et la laisse faire.

Salut, dit le garçon. Toi aussi, tu vas à Poudlard ?

Harry ne répond pas, persuadé que quelqu'un d'autre est aux côtés de ce garçon. Il a manifestement très envie de parler, ce qui rend le survivant particulièrement mal à l'aise.

Mon père est en train de m'acheter mes livres dans le magasin d'à côté et ma mère est allée me chercher une baguette magique à l'autre bout de la rue, dit le garçon d'une voix traînante. Ensuite, je compte les emmener faire un tour du côté des balais de course. Je ne vois pas pourquoi les élèves de première année n'auraient pas le droit d'avoir leur propre balai. J'arriverai bien à convaincre mon père de m'en acheter un et je m'arrangerai pour le faire passer en douce au collège.

En comprenant que c'est à lui que le blond parle, Harry haussa un sourcil puis hocha doucement la tête, mais pas un son ne sortit de sa bouche. Le garçon à ses côtés le regarde d'un air étrange et soupire avec dédain avant de se retourner et de regarder en face de lui.

- Je suis certain d'être assez fort et riche pour entrer dans l'équipe de Quidditch dès la première année.

La mention de Quidditch interpelle Harry et il est sur le point de lui demander ce que c'est avant de refermer la bouche et réfléchir. S'il lui demande le sens du mot, cela le rendrait surement stupide. Harry décide d'analyser chaque mot que le garçon lui a dit pour ensuite pouvoir former une question correcte. D'après ce qu'il dit, ce Quidditch serait un sport ou un jeu qui se joue en équipe et sur balais. Étrange.

- On n'a pas le droit d'y jouer en première année ? Demande-t-il simplement en prenant bien soin de ne pas montrer son peu de connaissance en la matière. Le garçon sourit de manière narquoise.

- Moi, oui. Mon père dit que ce serait un scandale si je n'étais pas sélectionné dans l'équipe.

Harry hoche la tête et regarde ses pieds. À son côté, la jeune femme brune qui s'occupe de lui relève doucement le menton pour prendre sa taille complète. Il se rappelle ensuite ce que Madame Bibine lui avait dit plus tôt dans la matinée, alors qu'elle lui expliquait le fonctionnement de l'école. Les élèves sont répartis dans quatre maisons différentes qui leur permettent de faire ressortir le meilleur d'eux-mêmes.

- Comment sait-on dans quelle maison on va, demande Harry en essayant de prendre les mots que Madame Bibine lui avait donnés plus tôt.

En fait, on ne peut pas vraiment savoir avant d'être sur place. Mais moi, je suis sûr d'aller à Serpentard, toute ma famille y est toujours allée. Tu t'imagines, se retrouver à Poufsouffle ? Je préférerais m'en aller tout de suite.

Immédiatement, Harry aime le nom des deux maisons que le blond à citer. Le premier parce que le serpent est l'un de ses animaux préférés et le deuxième parce qu'il est tout autant joli à prononcer, et sonne comme quelque chose de gentil et agréable à ses oreilles. Harry estime avoir assez donné de sa voix au garçon lorsqu'il aperçoit enfin Madame Bibine, qu'il avait perdue de vue. Celle-ci discute avec une femme dans la rue, juste devant le magasin. Elle rigole, ses yeux brillent alors qu'elle raconte quelque chose de visiblement passionnant à la femme en face d'elle. Elles se disent au revoir après quelques secondes et Bibine entre dans le magasin pour aller en direction de Harry. La dame qui s'est occupée de lui sans même qu'il ne s'en rende compte revient rapidement avec des habits noirs dans les bras.

- Oh Bonjour Madame Bibine ! C'est donc vous qui accompagnez ce jeune homme cette année ! Il vient donc du côté moldu, ajoute-t-elle un peu plus bas. La femme aux cheveux gris hoche la tête et sourit à la vendeuse.

- Bref, reprend celle-ci, nous avons donc trois robes de travail, modèle normal, un chapeau pointu, une paire de gants protecteurs et une cape d'hiver ! Tu pourras noter ton prénom à la plume indélébile sur ce bout d'étiquette, d'accord ? Parfait ! Cela fait un total de 22 gallions, deux mornilles et 10 noises.

Harry sort de sa sacoche l'argent demandé et paye pour la première fois quelque chose de sa poche. Ce sont des sacs sur les bras et un sourire collé au visage qu'il franchit le seuil du magasin pour se rendre dans le suivant, sans prendre la peine de saluer l'autre garçon. Madame Bibine lui indique le magasin de chaudron, ils y entrent. Quelques minutes plus tard, Harry en ressort avec un chaudron, une boîte de fioles en verre et en cristal, ainsi qu'une balance en cuivre. Dans le magasin en face, madame Bibine lui fait acheter un télescope à trois gallions.

- Il ne te reste plus que les livres et la baguette magique, lui annonce-t-elle en souriant.

Madame Bibine observe son élève sans trop comprendre comment interpréter son comportement. La vie chez les moldus semble ne pas avoir été facile et à part avec le fils Malefoy, il n'a pas parlé presque de tout l'après-midi. Elle tente tant bien que mal de lui arracher quelques phrases, mais il reste muet et ne semble pas éprouver l'envie de se confier à elle. C'est avec le regret de devoir le faire retourner dans la maison de ses tuteurs moldus qu'elle entre dans le magasin de livres, le plus célèbre de la rue, Fleury et Bott. Madame Bibine lui indique que pour la première année, il est inutile de monter à l'étage, ce que Harry comprend parfaitement. Il regarde sa liste et part chercher les livres demandés. Il trouve assez facilement "Histoire de la magie", de Bathilda Tourdesac et "Manuel de Métamorphose à l'usage des débutants", de Emeric G. Changé. Ce sont les deux seuls livres qu'il soit obligé d'acheter. En effet, les versions que sa mère lui a laissées tombent en lambeaux. Après avoir trouvé les deux ouvrages, il retourne vers madame Bibine, qui de nouveau discute avec un sorcier sans trop s'occuper de lui. Elle jette parfois des coups d'œil dans sa direction, mais ne semble pas se soucier de l'aider pour une noise. Il se dirige vers elle et lui pointe du doigt sur la liste le seul livre manquant qu'il doit encore acheter. Elle le regarde et tente d'attendre afin qu'il lui dise de vive voix ce qu'il veut, mais il s'obstine et refuse de parler. Elle part dans le magasin et disparaît du champ de vision de Harry. Cinq minutes plus tard, elle revient avec "Forces obscures : comment s'en débarrasser", de Quentin Jentremble. De nouveau, Harry va payer ses livres et sort de la boutique en souriant. La professeure qui l'accompagne n'a pas vu que Harry a acheté plus de livres que demandé. La matière qui lui donne le plus envie est les sortilèges, mais elle est très rapidement suivie des Potions.

- Nous allons pouvoir aller t'acheter ta baguette magique, indique, alors comme dernier achat, la professeure de Poudlard. Elle se dirige vers une petite maison et ouvre la porte pour laisser passer Harry devant elle. Une fois entré, Harry va simplement se positionner devant le bureau qui trône au fond de la pièce. Une seconde plus tard, un homme de petite taille aux cheveux gris apparaît et lui sourit de ses dents jaunes.

- Harry Potter, j'espérais que vous viendrez !

Il observe comme tant d'autres, la cicatrice qu'il a sur le front, puis se concentre sur ses yeux.

Ah, oui, oui, bien sûr, dit l'homme. Je pensais bien que j'allais vous voir bientôt, Harry Potter. Vous avez les yeux de votre mère. Je me souviens quand elle est venue acheter sa première baguette, j'ai l'impression que c'était hier. 25,6 centimètres, souple et rapide, bois de saule. Excellente baguette pour les enchantements.

Le vendeur de baguette magique s'approche doucement de Harry, les mains dans le dos. Ses yeux argentés angoissent Harry, qui n'a qu'une envie : sortir.

Votre père, en revanche, avait préféré une baguette d'acajou, 27,5 centimètres. Flexible. Un peu plus puissante remarquablement efficace pour les métamorphoses. Enfin, quand je dis que votre père l'avait préférée... en réalité, c'est bien entendu la baguette qui choisit son maître.

Ollivander fait le tour du comptoir et commence à prendre les mesures du bras du jeune Harry, sous le regard inquisiteur de Madame Bibine. Après quelques secondes, Ollivander hoche la tête et part dans les rangées de tiroirs derrière son bureau. Il cherche pendant quelques instants, mais revient rapidement. Il ouvre la longue boîte avec laquelle il est revenu et la tend à Harry

- Bois de sorbier, 25, 7 centimètres, crin de licorne.

Harry la prend en main et directement, sans le moindre geste, une partie du contenu de l'office du vieil homme se vide au sol dans un fracas. Harry repose délicatement la baguette en grimaçant. Ollivander ne prend pas la peine de ranger le bazar et retourne chercher une baguette dans les tiroirs.

- Bois de chêne, 30, 2 centimètres, ventricule de dragon.

Harry prend en main la baguette que le vendeur lui tend, mais de nouveau, des éléments volent et explosent dans tous les sens.

- Un client difficile, semble se réjouir le vendeur.

Harry essaie quatre autres baguettes avant que Ollivander ne se lasse et ne comprenne pas ce qu'il cloche. Il réfléchit quelques secondes et son regard s'illumine. Il retourne dans ses tiroirs et confie plus tard une baguette magique que Harry prend en main avec appréhension. Un sentiment de chaleur l'envahit et il frissonne de bonheur en comprenant que ce qui vient de se passer confirme que cette baguette est la sienne et l'a choisi, comme lui avait expliqué Madame Bibine quelques heures plus tôt.

Bravo ! s'écria Mr Ollivander. Très bien, vraiment très bien. Étrange... très étrange...

- Excusez-moi, mais qu'est-ce qui est étrange ? Ne peut une fois de plus s'empêcher de demander Harry.

Je me souviens de chaque baguette que j'ai vendue, Mr Potter, répondit-il. Or, le phénix sur lequel a été prélevée la plume qui se trouve dans votre baguette a également fourni une autre plume à une autre baguette. Il est très étrange que ce soit précisément cette baguette qui vous ait convenu, car sa sœur n'est autre que celle qui... qui vous a fait cette cicatrice au front.

- Ma cicatrice ? Et qui possédait cette baguette ? s'enflamme l'enfant sans s'occuper de l'œil inquiet que lance Madame Bibine au propriétaire de la boutique.

- Oh, on ne prononce pas son nom. La baguette choisit son sorcier, Mr Potter. Les raisons n'en sont pas toujours suffisantes, mais ce qui est évident, c'est que vous êtes appelé à faire de grandes choses ! Après-tout, celui-don't-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a fait de grandes choses terribles, certes, mais stupéfiantes !

Harry se tait et observe sa baguette avec méfiance. Après avoir entendu ce que le vieux vendeur vient de lui dire, il n'est plus enclin à l'utiliser. En voyant la détresse de son élève, madame Bibine vient poser une main sur son épaule et lui sourit. Harry tourne la tête vers elle et l'interroge du regard. Elle tend quelques pièces au vendeur avant d'entraîner le jeune garçon de 11 ans vers la sortie. La professeure lève les yeux au ciel comme pour se donner du courage avant de se baisser au niveau de Harry et mettre ses deux mains sur ses épaules.

- Harry, cette baguette est la tienne, c'est à toi d'en écrire l'histoire. Celle de ce mage noir dont Ollivander te parle est bel et bien celle qui a tué tes parents. Tu as remarqué que tout le monde te connaît ? C'est parce qu'à un an à peine, tu as réduit en poussière ce mage.

Harry la regarda avec des yeux ronds et attendit la suite de l'histoire sans piper le moindre mot, espérant qu'elle le prendrait comme une invitation. Elle lui fait un petit sourire et accède à sa demande silencieuse.

- Harry, lorsque ton père et ta mère sont morts, c'était pour te protéger. Le mage noir qui les a tués a pénétré dans votre maison, assassiné tes parents, puis a tenté de te tuer toi. Mais, comment dire...

- Le sort a peut-être ricoché, a été dévié, tout ce que l'on sait, nous, citoyens, c'est que le sort de Tu-Sais-Qui t'a atteint et que tu l'as ensuite redirigé vers lui. Le résultat est là. Voldemort n'est plus. Finit Ollivander qui se trouve sur le seuil de son magasin, venant en aide au professeur qui peinait à trouver ses mots.