3 octobre
Odeur préférée (Favourite scent)
Aquila & Daisy (Dragon Quest IX)
Il y avait une odeur que Daisy aimait entre toutes et dont aucun de ses amis n'arrivait à retrouver la provenance. Elle avait demandé à Bérangère, qui connaissait aussi bien Chérubelle qu'Ablithia, les deux villes que la Célestellienne avait visitées en premier lors de son voyage. Elle s'était enquise auprès de la reine Noria, car Ouadi était une cité à la température chaude et relaxante où elle avait passé l'hiver au milieu de sa quête des fyggs. Elle avait même demandé son avis à Loris, le prêtre qui l'accompagnait, en le faisant repasser par les grandes étendues herbues et sauvages de la Plaine de l'Exil. Là, entre la présence imposante des hautes montagne, les rivière d'eau limpide et les champs de fleurs qui bordaient la région de Finefleur, jusqu'à la mer, ça lui avait vraiment donné l'impression d'être chez elle.
C'était une odeur que Daisy sentait encore parfois, mais elle ne parvenait pas à décrire quelles émotions ça lui procurait. C'était comme respirer des impressions passées et la senteur du rêve dont elle ne se souviendrait jamais vraiment. Ça lui donnait la sensation d'être un peu heureuse, un peu à sa place et de ne plus avoir à se soucier de rien.
Ce n'était pas un sentiment triste, contrairement à ce qu'on pourrait croire d'un mélange qui passait bigrement pour de la mélancolie. C'était si émouvant pour elle que son ancien mentor entreprit, par n'importe quel moyen, de trouver comment reproduire exactement cette odeur préférée. Et non pas de retrouver ce que c'était. Car Aquila avait compris, presque depuis le premier instant où sa disciple l'avait interpelé pour lui dire: « C'est cela, Maître. Cette senteur que je parviens pas à définir et qui me donne tant de joie... », qu'il s'agissait des parfums de l'Observatoire.
L'Observatoire, cette immense tour perchée dans les nuages, qui avait été le foyer et le lieu de naissance des Célestelliens pendant des siècles. Daisy y avait passé presque toute sa vie. Elle y avait forcément des foules de souvenirs qu'elle ne parvenait pas tous à resituer et Aquila voulait qu'elle connût, dans ce monde, un endroit où elle se sentirait chez elle. Il savait que ce n'était pas le cas. Alors, il rassembla tout ce qui avait pu lui rappeler leur maison.
De la mousse émeraude des marécages d'Urdus, bien sûr – les murs de l'Observatoire avaient été joliment ornés, par endroits, de cette plante moelleuse aux propriétés magiques.
De l'eau fraîche, puisée directement à l'endroit où elle naissait, dans le bassin chevauchant le Golfe de Rivesall et la région de Pontaudy – les précipitations qui s'accumulaient dans les creux du bâtiment céleste étaient toujours d'une pureté inégalable.
De la terre sacrée de l'Île Neuvie – le nom de cette matière rare et bénie parlait d'elle-même.
Et un écheveau céleste, que l'ancien maître Célestellien finissait tout juste d'accrocher devant une de ses fenêtres lorsque la Gardienne pénétra dans son chalet.
Elle demeura stupéfaite de le voir là et ses yeux verts battirent d'incompréhension quand elle intégra pleinement cette image de sa haute stature altière, développant avec des gestes guerriers de longs filaments bleu azur de soie divine.
« Maître ? finit-elle par dire. Oserai-je vous demander pourquoi… enfin, quel est le problème… enfin, si je peux faire quelque chose pour vous ? »
Et puis, la jeune Célestellienne sentit le parfum que cette mousse émeraude, cette eau fraîche, cette terre sacrée et cet écheveau céleste exhalaient.
« Oh…, soupira-t-elle simplement, un souffle venu du plus profond de l'âme. »
Aquila était plutôt du genre taciturne et il avait bien compris que les mots, à ce moment-là plus encore, n'avaient guère d'importance. Il s'approcha de son élève pour poser une main ferme sur son épaule et hocha la tête. Daisy leva les yeux vers lui, un regard plein d'affection. Et elle sourit, avant de prendre sa main et de la serrer dans les siennes.
