Bonjour à tous !

On se retrouve aujourd'hui pour la suite des aventures et Harry qui réalise qu'il y a plus classe et badass qu'un coup de pied dans une porte ! Ensuite, comme promis dans le chapitre du mois dernier, la réponse à ce qui s'est joué au dés : la totalité de la scène. La proposition d'Ace était littéralement du pile ou face, et la réaction de Harry s'est faite au D100. En faite, si j'avais pas fait une si bonne réussite, ma fic serait rester sur son premier titre (qui est le nom de mon dossier pour les chapitres) "L'enfant de la voleuse" mais c'est en tirant le dé et en voyant que ça me menait à un Harry à l'avenir de criminel, je suis donc passée à ce titre que vous connaissez tous aujourd'hui. Ensuite, c'est Remus qui a eut droit à un jet de dé. C'était soit ça, soit il allait tout balancer à Dumbledore. En cas d'échec critique, il finissait avec une balle entre les deux yeux, c'est pour dire à quoi vous avez échappé.

Bon, à présent que j'ai fini le blabla et que le chat est là pour approuver ce qui va suivre, nous pouvons passer aux commentaires :

Algol D. DarkWalker : Même si une certaine personne pense que tu as du niveau avec ton jeu de mot (en même temps, c'est une russe, forcément), moi, j'ai qu'une chose à dire : la porte est en haut à droite (mode blasé on).

Yz3ut3 : C'est un plaisir, mais pour ne pas savoir où je veux en venir, n'hésite pas à me poser la question. Soit je te dis que c'est du spoil, soit je te donne l'explication.

Apozmis : Et il n'est pas là pour faire joli le Remus !

Neko chan 124 : Ça fait plaisir à savoir ! N'hésite pas à me dire quels points tu as particulièrement aimé !

NeferGwen : Naaaaaaaan ! On n'explore pas mon cerveau ! Faîtes pas ça ! Il est trop fragile pour supporter une telle épreuve ! / Là, tu as un chapitre à peine plus long, ça te va mieux ? /Quand elle a sut que j'avais pour projet de réécrire une partie de mes plans pour l'an cinq, elle m'a maudite, donc, la motivation pour écrire, je pense qu'elle le regrette un peu. / Allez ! Tous en coeur ! MARCO THE PHOENIX IS DEAD ! Yipeeee ! Son apparition, ce sera son cercueil. Et je zut Oda./ Je fais partie de ceux qui subissent la stupidité humaine durant cette période, et je réalise à quel point j'ai vraiment de la patience.

TheSepticPuppet : va dire ça à Missty !/ Attend de goûter à ses cookies (serait-ce que foreshadowing ?)

Et voilà, le blabla est fini. Soyez prudent, rester en bonne santé et à bientôt tout le monde.

PS : je vous nem tous :3

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Harry regarda sa mère qui lisait intensément un article du journal sur les incidents qui avaient eu lieu durant la Coupe du Monde de Quidditch.

SCÈNES DE TERREUR LORS DE LA COUPE DU MONDE DE QUIDDITCH.

L'image montrait un étrange objet dans le ciel avec la forme de la Marque des Ténèbres que l'adolescent avait déjà vue sur le bras de Pettigrow.

- L'article est de Skeeter ? demanda Remus qui essayait de donner du sens à un projet d'Ace pour l'agence de protection.

- Mh. Elle est en forme. Honnêtement, votre ministre est con, il aurait dû prendre exemple sur moi. Pour garder en ligne la Gazette, faut les menacer devant Bones, marmonna la femme avec un air blasé. Nombreuses bévues du ministère... Les coupables n'ont pas été retrouvés... De graves négligences dans la sécurité... Des mages noirs se déchaînent... Une honte pour le pays...

- Du Rita Skeeter tout craché, confirma Remus. Bon, j'abandonne, je ne comprends strictement pas où tu veux en venir.

Et il déposa les documents qu'il consultait devant Ace qui plia le journal pour reprendre ses papiers et tenter de faire une traduction de son idée à son nouveau secrétaire. Harry se leva de la causeuse, laissant sa BD ouverte sur le coussin et alla prendre le journal pour parcourir l'article.

- Drago est allé au match avec ses parents. On a une grosse probabilité que son père ait été parmi ceux qui ont foutu le bordel, marmonna le D. en allant se rasseoir pour faire la lecture à haute voix : « Si les sorcières et sorciers qui s'étaient rassemblés dans l'angoisse à la lisière du bois attendaient quelques paroles rassurantes de la part des représentants du ministère de la Magie, ils en auront été pour leurs frais. Un membre du ministère est en effet arrivé un bon moment après l'apparition de la Marque des Ténèbres, en affirmant que personne n'avait été blessé mais en refusant de donner davantage d'informations. Cette déclaration suffira-t-elle à dissiper les rumeurs selon lesquelles plusieurs corps auraient été découverts dans le bois une heure plus tard ? Il est permis d'en douter. »

- S'il y avait vraiment eu des victimes, Skeeter l'aurait dit avec un maximum de détails sur des pages et des pages, rassura Remus. Avec Rita Skeeter, tout le monde a toujours tort.

- Elle aime le scandale, résuma Ace.

Elle releva la tête quand deux hiboux se postèrent sur le rebord de la fenêtre ouverte du bureau de l'agence de protection. Harry déposa le journal sur sa bande dessinée et alla prendre les lettres.

- Ma liste pour cette année, reconnut l'étudiant. Et l'autre, c'est pour toi, kaachan.

Ace récupéra la lettre et la décacheta. Elle la parcourut en silence, ses sourcils se fronçant de plus en plus. Son secrétaire ne remarqua pas immédiatement qu'elle était la cause du changement de température. Il desserra sa cravate et retira la veste de son costume (même si Ace lui avait dit qu'elle se foutait de la façon dont il s'habillait, il tenait à être pro), avant de comprendre que la chaleur provenait de la D. étrangement silencieuse.

- Kaachan, ça va pas ? demanda Harry avec inquiétude.

- Tu as séché des cours ? s'enquit Ace.

- Je me suis pas encore amusé à ça. Pourquoi tu penses que je l'ai fait ?

- Parce que j'ai dans les mains une lettre du Conseil d'Administration qui me dit que ça fait deux ans d'affilée que tu sèches toutes tes classes d'une matière parce que l'enseignant ne te plaît pas. Et qu'on te menace de te retirer le Retourneur de Temps si ça continue.

- Deux ans ? s'étrangla Harry. En seconde année, je veux bien, y'avait Lockhart, mais je vois pas ce qu'ils ne comprennent pas dans le fait que tu lui as tout de même collé une injonction d'éloignement sur le dos. On peut pas faire cours à quelqu'un quand on a pas le droit d'être dans une pièce avec lui, et on avait un accord avec le professeur Rogue, pour que je prenne des leçons d'Occlumancie avec lui. Mais l'an dernier, j'ai assisté à tous mes cours.

- Il est peut-être question de l'incident de Divination, pointa Remus. Tu as peut-être passé un accord avec Minerva, mais rien ne dit que c'est remonté à l'administration.

- Mais j'ai pas demandé à être inscrit à ce cours, à la base !

- Mais Dumbledore l'a fait, souffla la femme en réfléchissant. Koneko-chan, soit honnête avec moi. Tu t'en sortirais sans ton Retourneur de Temps à tout suivre ?

- Il faudrait que je laisse tomber l'un de mes cursus.

- Je déconseille de songer à laisser tomber l'étude de la magie, pointa Remus. La magie commence tout juste à se stabiliser à ton âge. Si tu abandonnes ta formation, il te faudra une discipline de fer pour continuer le travail et t'assurer qu'elle reste sous ton contrôle, parce que tu n'auras plus d'exercice qui te permettront d'apprendre inconsciemment à la maîtriser. Sans compter que comme tu es mineur, tu n'as pas le droit de faire usage de la magie hors de l'école. C'est un miracle que tes séances d'entraînements avec ta mère n'aient pas encore été remarquées par le ministère, certainement parce que vous le faites dans un hangar assez isolé des villes. Sans Poudlard ou au minimum, un tuteur confirmé, tu deviendrais, selon l'expression moldue, une bombe à retardement.

- Maaa, je m'attendais pas à voir un usage d'une expression non-magique de ta part ! s'étonna Ace.

- J'ai passé ma scolarité avec Lily Evans, il est donc normal que j'apprenne des expressions de ce genre.

- Le problème reste que si tu recommences à louper des cours comme ça, ils te reprendront ton Retourneur de Temps, Harry, et je devrais faire face à des accusations de négligence, pointa la femme en revenant au courrier.

Remus retira de justesse la lettre des mains de sa patronne pour qu'elle ne parte pas en flamme. Cela faisait peut-être une semaine qu'il travaillait pour elle, mais il commençait déjà à avoir les bons réflexes. Dobby se manifesta à son tour et déposa une tasse de thé apaisant dont il avait le secret sur le bureau, afin d'aider la femme à se calmer.

- Négligence ? Toi ? s'étonna Harry.

- Si l'affaire est portée devant le Magenmagot, elle perdra ta garde à cause de cette simple lettre d'avertissement. Peu importe ce que tu diras ou ce que dira votre avocat, on la jugera mauvaise mère et l'adoption sera brisée, expliqua Remus en parcourant le courrier.

- Mais ce sont des conneries ! s'indigna l'adolescent.

- Le ministère est majoritairement corrompu. Que ce soit des bêtises ou pas, ça ne changera rien.

- M'man, j'ai vraiment besoin de mon éducation non-magique si je compte m'installer là-bas ? s'enquit Harry.

Ace s'était laissée tomber dans son fauteuil et buvait en tremblant son thé sous le regard inquiet de Dobby. Le pauvre elfe avait peur qu'elle parte dans une crise de colère, parce que cela pouvait signifier un incendie.

- Là-bas ? demanda Remus.

- Dans mon coin d'origine. On verra pour te mettre dans la confidence si tu restes avec nous encore quelques mois, répondit la femme dans un grognement.

- Très bien.

Cela devait être gros pour avoir besoin de s'assurer de sa fidélité pour en parler, mais soit, il n'allait pas pousser.

- Et pour répondre à ta question, Harry, même si l'histoire, la langue et la géographie sont différentes, oui, tu as toujours besoin d'une éducation non-magique, sans compter qu'on a toujours aucun moyen d'y retourner dans l'immédiat, alors, te tire pas une balle dans le pied à ce sujet.

- C'était pour voir si je pouvais leur rendre le Retourneur, explicita Harry. J'aime pas quand on te menace en m'utilisant comme excuse.

- Si tu continues sans Retourneur, tu feras un burnout, lui dit clairement Remus. Si tu n'en as pas fait avant, ça relève du miracle, et il n'y a que cet objet qui puisse t'aider à avoir assez de temps de repos pour ne pas mettre ta santé en danger. De plus, on ne sait pas encore qui sera le remplaçant qu'ils trouveront pour compenser mon départ. J'ai laissé un résumé des sujets que j'ai abordés à Dumbledore, c'est lui qui les fera parvenir au nouveau professeur. Le reste, je ne sais pas. Je peux voir la liste de fournitures, Harry ?

Le parchemin atterrit dans les mains de Remus qui le parcourut avant de trouver l'ouvrage en question.

- Forces obscures : comment s'en protéger. Très bon ouvrage, même si je trouve ça un peu étrange de l'avoir dans la liste de fournitures de ton année. Je l'utilisais pour les sixièmes et septièmes années. Le niveau sera certainement un peu haut, mais au moins, tu as l'air d'avoir un enseignant compétent.

- Pourquoi ils viennent nous menacer pour des prunes alors ?

- Je hais les politiciens ! cracha Ace en reposant un peu violemment sa tasse sur son bureau.

Miraculeusement, ni la tasse, ni le bureau ne subirent des dommages.

Une boule de plume tomba à travers la fenêtre pour s'étaler sur le sol du bureau, dévoilant un vieil hibou épuisé.

- C'est Erroll, reconnut Harry. Ronald veut certainement savoir quand on peut se voir pour lui trouver un remplaçant à Croûtard.

- C'est sympathique de ta part de faire la démarche, nota Remus en repliant les deux parchemins.

Il confia la lettre du Conseil d'Administration à Dobby en lui disant de la ranger dans le dossier scolaire de Harry et déposa sur un coin du bureau la lettre de fourniture. Pendant ce temps, sous le regard curieux de sa mère, l'adolescent avait pris le vieil hibou pour le poser sur la causeuse. Immédiatement, Dobby fit apparaître sur la table basse une petite coupelle d'eau dans laquelle l'oiseau s'abreuva joyeusement.

- Sirius avance la monnaie, sourit moqueusement Harry.

Remus leva un sourcil et Ace confirma de la tête.

Le jeune sorcier ouvrit la lettre et commença la lecture, de plus en plus perplexe en la parcourant.

- Un problème, chaton ? demanda sa mère.

- C'est un courrier des jumeaux. Tu sais, ceux à qui je dois le siège de toilette accroché à ma porte en décoration !

- De sacrés petits diables c'est deux-là, sourit Remus avec amusement.

- Ouais, ben cette fois, ils sont sérieux parce qu'ils me posent des questions sur les rachats de dettes de maman et voudraient en discuter avec elle et leur frère aîné qui travaille pour Gringott.

- Ils sont un peu jeunes pour avoir des dettes, s'étonna la D. avec perplexité. Ils proposent une date de rencontre ou ils te laissent le choix ?

- Ils disent que leur frère à quelque chose à faire ce vendredi et qu'ils l'accompagneront donc au Chemin de Traverse. Si la date ne va pas, ils sont ok pour la changer.

Remus prit l'agenda de sa patronne sur un siège, là où il l'avait posé, et le consulta.

- La matinée est prise par une réunion de débriefing pour l'équipe de Enderson, et la signature d'un contrat avec un client, sans compter l'inventaire du matériel en début d'après-midi. Ça ne laisserait qu'un court créneau avant le début du service au bar, à moins que tu décides de commencer plus tard là-bas, informa le loup-garou.

- Harry, envoie un message à Hermione pour lui dire que je lui laisse vendredi de repos. J'avertirai ce soir Sebastian pour mon retard de vendredi.

- Je prépare un contrat de rachat de dette ? demanda Remus. C'est mon travail, à ce qu'il parait.

Ace eut un maigre rire et secoua la tête.

- Iie. Je vais voir de quoi il est question avant de faire quoi que ce soit. Parole de scout, je prendrai des notes pour faire le contrat.

- Miracle ! Ma patronne s'organise enfin un peu ! ironisa le loup-garou. En attendant, je ne sais pas ce qu'ils réservent pour cette année, mais ça va être drôle, je sens. Ils demandent des robes de soirée dans la liste de fournitures. Événement mondain en perspective.

- Robe de soirée ? J'ai l'air d'une fille ?! s'indigna Harry.

- Ton oncle Izou te dirait que les robes restent des vêtements et que ça reste le choix de chacun d'en porter ou pas, qu'ils soient des femmes, des hommes, des transgenres ou des travestis, dit Ace avec un ton de voix que Harry connaissait bien.

- Désolé d'avoir parlé sans réfléchir, s'excusa l'adolescent en baissant piteusement la tête.

- Sans compter que nous parlons de robe sorcière. Le pantalon et la jupe ont été adoptés dans l'uniforme de Poudlard en début du vingtième siècle, lui dit Remus. Même si cela fait bientôt un siècle, ça reste récent, surtout si on prend en compte que les sorciers vivent plus vieux que ceux qui n'ont pas de magie, les rendant moins enclins à ce genre d'évolution des coutumes. Tu trouveras plus de sorciers qui portent des robes de mages ou de sorciers, plutôt que les capes ouvertes avec un pantalon. D'où le fait qu'on parle encore de robe de soirée et non pas tout simplement de tenue.

- J'ai un très beau kimono dans mon placard que je sors pour l'anniversaire de maman en général. Il ira parfaitement ! J'ai pas mal grandit cet été, tu crois que l'hakama est encore à la bonne taille, kaachan ? Il commençait à être un peu court cet hiver.

- On verra ça et s'il le faut, je verrai pour t'en trouver un nouveau à la bonne taille. En attendant, tu enverras Yuki rapidement pour leur confirmer vendredi après-midi à tes amis, lui dit la D. en roulant des yeux.

- Ceci étant fait, revenons à ce projet auquel je ne comprends toujours rien. Pourtant, j'en ai entendu des idées bizarres de la part de James et Sirius, demanda le sorcier en agitant les papiers.

- J'y pense, mais Sirius m'a parlé de toi dans sa lettre de la semaine dernière, se rappela Harry en retournant le journal sur le bureau de sa mère. Il m'a dit que t'avais trouvé un boulot du côté moldu et d'essayer, si je le voulais bien, de passer te voir de temps à autre pour que tu te sentes moins seul.

- Je lui ai dit que je m'étais trouvé un petit travail de secrétaire sans entrer dans les détails. Il devrait s'en faire pour lui, plutôt que de t'embaucher pour s'assurer que j'aille bien. La solitude est le pire ennemi des loups-garous, je veux bien, mais lui, il est en cavale.

- Je lui dirai que tu as l'adresse du bar de maman et que tu passes de temps en temps. C'est pas si loin de la vérité, marmonna Harry.

Et il retourna à sa lecture.

- Cette paranoïa est vraiment justifiée ? s'enquit Remus auprès d'Ace. Je suis certain que si Dumbledore apprend pour les circonstances et l'accord, il cessera de vouloir intervenir et s'opposer à cette adoption.

- Tu parles à quelqu'un qui a été traqué dès le ventre de sa mère à cause de son salopard de père. Quand je m'y mets, paranoïa est mon second nom.

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Ce vendredi-là, Harry accompagna sa mère à Gringott pour retrouver les jumeaux, comme prévu. Les fournitures étaient déjà dans le sac sans fond d'Ace alors que Harry tenait dans ses bras une cage contenant une chouette rousse qui se nettoyait les plumes. Comme toujours, la couleur de leurs cheveux rendait facile le repérage des Weasley. Le grand roux avec les deux jumeaux était de toute évidence leur grand-frère. Avec ses vêtements et surtout ses bottes de cuir, on aurait pu croire qu'il allait à un concert de rock. Il portait les cheveux longs en catogan et une boucle d'oreille avec un crochet de serpent. Vu son teint aussi halé que celui d'Ace et le nombre de tâches de rousseurs sur son visage, il devait être souvent au soleil.

- Salut les Portgas ! saluèrent les jumeaux. C'est notre frère aîné, Bill !

- Enchantée, salua Ace en serrant la main à Bill.

- Je suis en vacances en ce moment, mais normalement, je travaille pour Gringott, en Égypte, comme Briseur de Sort, se présenta Bill.

- Un aventurier qui explore les tombes à la recherche de trésor, c'est bien ça ?

- Exact.

- C'est le patrimoine d'un pays qui part entre les mains des Gobelins, pointa Ace. Je suis une fervente croyante de l'importance de l'Histoire pour l'évolution Humaine.

- Les Gobelins se font payer par les musées magiques pour ça, justement. Les pièces non magiques sont dupliquées et envoyées au musée moldu du Caire, sourit le jeune homme.

- Bon alors ça va.

Et Ace eut un rire. Harry secoua la tête et tendit la cage à oiseaux aux Weasley.

- Mes excuses pour Mangetsu qui a croqué Croûtard. Je sais que Ronald adore l'orange, alors, je me suis dit que cette chouette-pêcheuse rousse serait une bonne compensation. Elle a pas encore de nom, je lui laisse ce plaisir.

- Croûtard était vieux, c'est un miracle qu'il ait survécu autant de temps, mais merci à toi. Ron voulait un hibou depuis que Percy a eu le sien, remercia Bill en le déchargeant.

- Vous voulez boire quelque chose, on sera mieux pour parler assis que debout, proposa Ace.

- On peut pas avoir une glace ? demanda avec espoir Harry.

- Non. Tu vas avoir des problèmes de santé si tu abuses trop du sucre, Harry.

- Demo…

Harry ne protesta pas plus quand sa mère lui adressa un regard perçant.

Le groupe retourna donc dans le Chaudron Baveur et s'assis autour de quelques boissons (fortes pour Ace et Bill) afin de parler.

- Donc, vous vouliez me parler d'un rachat de dette ? s'enquit la femme en sirotant son verre de rhum.

- Il se trouve qu'on a fait un pari durant la Coupe du Monde… commença Fred.

- … concernant le résultat du match… continua George.

- … pari qu'on a d'ailleurs remporté…

- … le problème est qu'on s'est fait avoir…

- … quand on s'est fait verser nos gains.

- Il est question de Ludovic Verpey, résuma Bill. Les jumeaux ont parié toutes leurs économies avec lui, et il les a remboursés avec de l'or de farfadets, connu pour disparaître au bout de quelques heures.

- Ah. Ouais, j'ai eu des retours de plusieurs gobelins à ce sujet. Je les fais mariner un peu sur un possible rachat parce que c'est pas la première fois que l'homme refuse d'honorer ses dettes et que toute autre personne que moi serait incapable d'avoir au moins un début de remboursement, soupira la pirate.

Harry avait entendu parler de Verpey à toutes les sauces depuis quelques années déjà et jamais en bien.

- Je leur avais déconseillé, mais ils ne m'ont pas écouté. J'étais pas au courant qu'ils s'étaient fait avoir par de l'or de farfadets avant qu'ils viennent me poser des questions sur le rachat de dette. Apparemment, ils savent que c'est l'une de vos activités.

- Vous vouliez faire quoi de cet argent ? demanda Harry avec curiosité.

- On voulait ouvrir notre boutique de Farces et Attrapes après Poudlard, lui dit George.

- Déjà que maman a détruit une bonne partie de nos marchandises… grommela Fred.

- …si en plus le peu d'argent qu'on a disparaît…

Vu la façon dont Ace se laissa aller dans son siège, Harry savait qu'elle avait entendu quelque chose qui l'intéressait.

- Il s'agit de combien ? s'enquit la femme.

- On avait parié trente-sept Gallions, quinze Mornilles et trois Noises.

- Donc, je dois récupérer la somme de soixante-quatorze Gallions, trente Mornilles et six Noises ? C'est pas énorme comme somme pour débuter dans le commerce, surtout si on prend en compte les conditions suicidaires pour avoir un prêt chez Gringott. Je peux racheter la dette et peut-être vous aider pour votre projet, il m'intéresse. Mais ça ne sera pas sans quelques conditions, rien de bien monstrueux, sauf si vous êtes racistes et bourrés de préjugés.

- Je peux vous toucher deux mots en privé ? demanda Bill en perdant son air plaisant.

- Oui, lui répondit la femme avec perplexité.

Et les deux adultes se levèrent pour s'éloigner de la table pour se caser dans un coin de la pièce, Bill jetant un sort d'intimité autour d'eux pour éviter d'être entendu.

- Ta mère serait vraiment prête à aider ? s'étonna Fred.

- Si elle le dit. Comment, je sais pas encore par contre, répondit Harry en observant l'échange silencieux.

Il devrait apprendre à lire sur les lèvres. Tout ce qu'il voyait, c'était un Bill nerveux et méfiant qui avait un doigt d'avertissement vers Ace qui semblait toujours aussi détendue qu'à l'habitude. Elle se mit à décompter quelque chose sur ses doigts, avant de sembler démontrer son point en faisant avec ses mains un geste comme pour dire « à côté ». Le roux croisa les bras en fronçant les sourcils, assez attentif, alors que la femme secouait un doigt pour nier quelque chose dans ses explications.

- De quoi peuvent-ils bien parler ? s'enquit George.

Harry commençait à soupçonner que ce Bill sache pour les autres activités de sa mère et craigne qu'elle entraîne les jumeaux avec elle. Finalement, ils se serrèrent la main et revinrent vers la table. Là, le Briseur de Sort mit de nouveau un sortilège en place autour du groupe pendant que la pirate sortait de quoi noter.

- Donc, je vais aller droit au but sur ce que je vous propose, dit-elle en ouvrant une page de son bloc-note. Vous avez trois options. La première, refuser de faire affaire avec moi et on en reste là. La seconde, vous contenter du rachat de dette et la galère qui vous attend pour l'ouverture de votre boutique. La troisième, c'est passer un partenariat avec moi, en sachant que je touche pas à des domaines très légaux.

Elle agita son stylo en direction des jumeaux avec un air sérieux.

- Je vais limiter un maximum les risques vous concernant, mais je préfère que vous sachiez.

- Vous entendez quoi par-là exactement ? demanda Fred en fronçant les sourcils.

- Si j'en crois ce que raconte les gobelins sur elle, c'est la maboule qui a réussi à calmer tous les merdeux et connards des bas-fonds moldus, tout en commençant à faire régner un peu d'ordre du côté de l'Allée des Embrumes, répondit Bill. Ce sont leurs mots, pas les miens.

- En un mot, comme en cent, je suis la tête de la pègre depuis quelques années déjà. J'ai mes règles, des domaines auxquels je ne touche pas, et surtout, mon but principal, c'est pas amasser de l'argent ou du pouvoir, mais surtout décrasser les bas-fonds en offrant à ceux qui foutent la merde une chance d'avoir une autre vie et de sortir de la misère.

- En gros, ma mère est une criminelle utopiste philanthrope, se moqua Harry.

- Excuse-moi d'espérer de te voir vivre dans un monde moins merdique que l'actuel ! protesta sa mère.

Les jumeaux se regardèrent, un peu nerveux et méfiants, avant de regarder leur frère aîné.

- Elle m'a parlé de sa proposition. Elle est acceptable et quasiment sans risque pour vous, rassura l'aîné. A moins que la justice magique soupçonne quelque chose, ils n'auront aucune raison de s'adresser aux gobelins pour essayer de remonter l'affaire, sans parler qu'il est question surtout d'argent moldu à la base.

- Ce que je propose est assez simple, assura Ace. Je ne vais pas vous faire tremper dans des affaires qui vous dépassent ou quoique ce soit qui puisse vous déranger.

Tout en commençant ses explications, elle lista les points importants sur papiers :

- Il m'arrive très souvent de devoir réinjecter dans l'économie des très grosses sommes d'argent, et malheureusement, pas de petites coupures que je peux dépenser en faisant mes courses. Et pour le coup, la monnaie sorcière m'aide pas mal, surtout votre projet. Ce que je vous propose, c'est, outre vous fournir un fond de départ pour vous aider à avoir votre commerce, c'est de vous verser l'argent pour l'achat de marchandises. Bien entendu, je ne fais pas ça gratuitement. Mais ce n'est pas une dette pour autant que vous contractez. Je propose un investissement.

- Et vous attendez quoi de nous ? demanda George.

- Outre un retour d'investissement à la hauteur de disons… dix pour cent ? Que vous donniez du travail aux gens. Les premiers temps, je peux comprendre que vous ne le fassiez pas, mais disons, deux trois ans après le début de votre affaire, commencez à embaucher du monde. Et pas des gars riches et autres. Non, des gens qui en ont vraiment besoin. Et sans vous arrêter au fait que la personne en face de vous ne soit pas humaine.

- Du moment qu'on se fait pas bouloter dans notre sommeil, commenta Fred en haussant les épaules.

- Quand vous aurez besoin de passer une commande, faites-moi parvenir un devis ou une facture, et je me chargerai de la transaction. Mais n'abusez pas les garçons, d'accord ? Sinon, je pourrais demander un reversement un peu plus important et je suis certaine que vous voulez pas vous fâcher avec moi.

- Je comprends pas vraiment le principe, avoua George avec un signe de son jumeau qui disait la même chose.

- C'est du blanchiment, lui dit Bill. Certainement pas quelque chose qu'il faut dire aux parents, sous peine d'attirer de très gros ennuis qui vaudront aux concernés de belles années à Azkaban. En disant qu'elle a investi dans votre affaire, elle fait disparaître de l'argent dont l'origine est douteuse et en reçoit en échange sous le couvert d'un retour d'investissement qui peut être justifié et prouvé. Les sorciers sont feignants de ce côté, ils laissent l'argent aux gobelins, sans plus. De ce que j'ai appris en me renseignant un peu, c'est que ça ne marche pas du tout comme ça du côté non-magique. Ils surveillent l'argent de plus près et ils ont besoin de justificatifs pour les grosses sommes. Gringott est vu, du côté non-magique, comme une banque soumise à un statut secret particulier.

- C'est encore plus compliqué avec tes explications ! se moqua Fred.

- Pire que Perce et ses fonds de chaudrons ! renchérit George.

- Pour faire simple, les moldus savent qu'ils ne peuvent pas mettre leur nez dans l'argent qui passe par Gringott. C'est une banque étrangère pour eux, qui possède un statut secret, résuma Bill après une bonne correction aux jumeaux moqueurs.

- Je m'occupe du fond de départ et de payer les marchandises, en échange, vous me permettez de dire que l'argent que j'utilise vient en partie de chez vous, avec preuve à l'appui, leur dit Ace.

- Et vous ferez quoi avec cet argent ? demandèrent sérieusement les jumeaux.

- Construire des hôpitaux, répondirent d'une même voix les deux D.

Ace regarda son fils avec un petit sourire puis termina ses notes et fit glisser le tout aux Weasley.

- Quelque chose à rajouter dans les points que j'ai pris en note ? Si c'est pas le cas, je rentre pour faire le contrat et je vous l'envoie. Il vous suffira de me contacter quand vous aurez besoin des fonds.

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Ace entra dans la chambre de son fils avec le repassage pour le voir occupé à faire l'inventaire de sa valise.

- Ton Retourneur de Temps ? demanda la mère.

- Au cou avec la goutte et l'alliance, répondit Harry sans se détourner de sa check-list et de sa valise.

La femme déposa sur le lit de son fils le linge propre et s'assura que le kimono et hakama, que son enfant avait en guise de tenue de soirée, étaient correctement pliés puis rangés.

- Tu préfères des sandales classiques ou des getas ?

- Sandales. Même si les getas me feraient paraître plus grand, je préfère éviter de faire une chute avec dans les escaliers du château.

- Je vais les chercher.

Ace allait partir quand son fils la rappela.

- J'peux te poser une question indiscrète, m'man ?

Perplexe, la femme se retourna et regarda son enfant qui semblait embarrassé par quelque chose.

- De quoi s'agit-il ?

- Est-ce que… ça te manque… d'être un homme ?

Ace se laissa aller dans l'encadrement de la porte en croisant les bras, réfléchissant intensément à la question et faire comprendre son opinion à son fils.

- La réponse courte est un peu. Il est vrai que ça fait toujours bizarre, un changement de cette ampleur. Si je l'accepte aussi facilement, c'est parce que, même si je ne l'étais pas à la naissance, je suis le feu, aujourd'hui. Je suis un élément, ces histoires de genres s'appliquent difficilement à moi. Être un homme en soit ne me manque pas des masses. Certes, j'avais pas de poitrine avant, ce qui fait que je dois modifier vingt ans de travail pour prendre en compte ce changement physique qui altère mon équilibre, sans parler que c'est pas la joie pour le dos. Il y a aussi que je déteste avoir les nerfs et les hormones qui me disent merde quand j'ai mes règles et je parle pas de la douleur abominable qui va avec. Mais outre ça, la grosse différence, de mon point de vue, c'est de devoir m'asseoir pour aller pisser. Pas de quoi en faire une montagne.

- Toujours aussi glamour, m'man, nota Harry avec un rire.

- Je suis une pirate, être crue et crade, c'est dans ma nature. Ce qui me manque le plus, c'est mon corps d'origine, cette simple idée, c'est tout. C'est… c'est, encore aujourd'hui, assez gênant pour moi de vivre dans le corps de Lily. Rien que pour l'hygiène, j'ai l'impression de… d'être un intrus, de manquer de respect… Je sais pas comment dire ça. Certes, j'ai un problème de pudeur, mais quand ça me revient en pleine face, j'en arrive à plus me regarder dans un miroir. Je sais qu'elle est morte, qu'elle a peu de chance de s'offusquer de ce que je fais de son corps, mais j'ai toujours cette impression de lui manquer de respect alors qu'elle en a fait des masses pour moi.

- Ow… donc, j'ai aucune chance dans un futur proche ou lointain d'avoir un frère ou une sœur ?

- Occupe-toi de tes bagages.

- Tu sais m'man… Lily Potter est morte. Tu devrais vraiment arrêter de te soucier d'elle et profiter un peu de cette vie.

- Tais-toi et fais ta valise.

.


.

Drago trouva rapidement le compartiment de ses amis avec un mine épuisée et sombre.

- Je hais mon père.

- Bonjour à toi aussi, Drago, salua Neville en levant le nez de son livre de botanique.

Le blond hissa difficilement sa valise dans le porte-bagages pour recevoir un coup de main de Harry. Il se laissa ensuite tomber sur une place de libre à proximité de Hermione qui le regarda faire avec perplexité.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda Harry en se rasseyant.

Il ignora Luna qui se vautra sur lui pour mieux voir Drago sur le siège en face.

- J'ai eu quelques mots avec mon père, suite à la Coupe du Monde. Il veut me faire transférer à Durmstrang. Qu'est-ce qu'il veut que j'aille faire là-bas…

- Où est l'école ?

- Quelque part dans le nord, dans une région slave, répondit Luna. C'est tout ce qu'on sait, car l'école, comme celle de Beauxbâton, est incartable.

- Je ne connais pas les langues slaves, ça aurait été une galère monumentale, grommela Drago. C'est là-bas que mon père voulait m'envoyer à l'origine, vu qu'il a connu le directeur actuel de par certains cercles… sombres. Cet été, la rencontre avec le ministre de la magie Bulgare lui a remis l'idée en tête et pour le coup, je lui ai dit que ce n'était pas une bonne idée, niveau éducation, vu que je serais en retard par rapport à ce qui sera demandé à leurs examens, et que même s'il trouvait que la vision de la magie noire était moins stupide qu'à Poudlard, après quatre ans ici, ce n'est pas une raison suffisante pour que je prenne un tel retard. Mère ne voulait pas que je sois aussi loin et le refuse toujours autant. Mais vu comment c'est parti, il va profiter du passage en Angleterre de Karkaroff pour s'assurer que je passe les prochaines années là-bas pour me détourner de mes mauvaises fréquentations.

- On est désolé de te causer des soucis, souffla Hermione en n'osant pas regarder leur ami Serpentard.

- Je ne le regrette pas. J'ai… j'ai appris beaucoup en sortant du cadre que m'a si longtemps imposé mon père. Et je dois avouer que je suis assez jaloux de vos vies.

Drago soupira et se laissa aller en arrière.

- Ne parlons plus de ça. Mère m'a promis d'essayer de l'en dissuader, alors, on sera fixé. Je présume que ton oncle t'a dit ce qui se traficoter à Poudlard, non ?

- Il m'a dit que je ne serais pas concerné vu que je suis trop jeune pour participer, donc, voilà. J'ai pas insisté, répondit Harry en acceptant le changement de sujet.

- Je suis au courant de ce qui est prévu ! annonça Luna en se levant d'un bond. Papa a réussi à obtenir une autorisation pour écrire sur ce qu'il va se passer ! C'est le grand retour d'un ancien tournoi ! Ils vont relancer le…

Luna s'interrompit quand la porte de leur compartiment s'ouvrit sur Ronald. Il lança un regard à Drago en plissant les yeux mais le Serpentard se contenta de lever un sourcil. Le roux se tourna vers Harry, les oreilles toutes rouges.

- Je… je voulais te remercier pour la chouette, Portgas. Elle… elle est superbe. J'adore la couleur. Merci beaucoup.

- Vu que je suis un peu responsable du cas de Croûtard, je te dois bien ça. Et c'est le parrain qui a avancé la monnaie, alors… Prends-en soin.

- Merci beaucoup.

Et il s'en alla en refermant la porte.

- Tu lui as vraiment payer un autre animal ? se fit confirmer Neville.

- Hm. Une chouette-pêcheuse rousse. Il est content, il fait moins chier. Tout le monde est heureux.

Pour le coup, plus personne ne songea à ce qu'il se préparait à Poudlard alors que le train poursuivait sa route vers le nord, la pluie tombant de plus en plus dru. On dût rapidement allumer les lanternes à cause du ciel noir et de la buée épaisse, alors que les jeunes papotés. Ils discutèrent de tout et de rien, parlant des vacances de chacun, bien que l'on évita de demander à Harry ce qu'il avait fait avant et après la semaine annuelle à la mer, à laquelle Luna s'était jointe cette année, en plus de Neville et Hermione. On mentionna en passant que Remus n'avait pas encore posé sa démission, s'étant donné apparemment comme mission de faire entrer un peu de bon sens dans le cerveau d'Ace. Ce qui était peine perdue, mais s'il y tenait tant…

Puis, ils se changèrent à tour de rôle et patientèrent les quelques instants qui les séparaient de leur arrivée à la gare.

Quand le Poudlard Express ralentit enfin et s'arrêta dans la gare de Pré-au-Lard, tout était plongé dans les ténèbres. Les portières du train s'ouvrirent et un coup de tonnerre retentit au-dessus des élèves qui en sortirent. Hermione emmitoufla Pattenrond dans sa cape et Harry décrocha la sienne qu'il étendit au-dessus de sa tête. Luna sauta sur son dos pour s'abriter aussi, lui tirant un soupir blasé. Ça allait être galère, surtout qu'elle s'accrochait bien à lui pour compenser le fait qu'il ne la soutenait pas.

Sur le quai, la tête baissée, les yeux plissés, ils durent affronter une pluie battante. Il tombait un tel déluge qu'ils avaient l'impression de recevoir sur la tête des seaux d'eau glacée.

- Premières années ! Par ici !

Ce n'était pas Hagrid mais Thatch qui faisait l'appel. Ce qui était assez nouveau comme situation.

- Qu'est-ce qu'il fabrique ? C'est Hagrid, non, qui s'en charge en général ? s'étonna Neville par-dessus la tempête.

- Shiranai. Je vais voir, ne m'attendez pas.

Harry, Luna toujours sur son dos, se fraya un chemin dans la foule jusqu'à son oncle qui avait mis pour l'occasion un manteau plus chaud et épais que ses vêtements classiques qu'il avait à Poudlard.

- Ji-chan ?

Thatch jeta un regard à son neveu tout en gardant la lanterne en hauteur pour bien se faire voir.

- Allez vous mettre à l'abri, les jeunes.

- Naze koko ni iru ?

- Je suis un marin, Hagrid n'a pas assez d'expérience dans ce domaine pour pouvoir réagir assez vite et correctement si un gamin tombe à l'eau durant la tempête. Donc, allez vous mettre à l'abri. Oust !

Thatch le prit par les épaules et le fit tourner vers les calèches si vite que son neveu manqua de glisser sur le sol boueux.

- Obéis, Harry ! conseilla Luna. Je veux pas finir le cul par terre !

- Alors descend !

- J'ai froid et tu es chaud !

- Mais arrête de me prendre pour un radiateur !

Tout en continuant de se chamailler, ils rejoignirent une calèche pour voir que le reste du groupe les avaient attendus, en dépit des bougonnements de Drago. Harry jeta un vague regard aux sombrals qui étaient particulièrement adaptés à l'orage vu que l'eau ruisselait sur leur peau de cuir. Le jeune Portgas suivit ses camarades dans la diligence, se serrant pour pouvoir rentrer tous dedans.

- Je t'interdis de m'appeler Tsundere ! avertit le blond trempé de pluie en voyant le D. ouvrir la bouche.

Intelligemment, le garçon décida de la refermer sous le grand rire de Neville alors que la portière se refermait d'un coup sec. Ainsi la longue procession des diligences s'ébranla brutalement, dans un grincement de roues, claquements de sabots et des gerbes d'eau, le long du chemin qui menait au château de Poudlard, avec une certaine difficulté à cause de la tempête. Ils finirent par franchir le grand portail et affrontèrent l'ouragan qui les attendait dans l'allée du château. La diligence oscillait tellement qu'elle allait finir par se renverser.

Des éclairs traversèrent le ciel lorsque leur diligence s'arrêta devant les grandes portes de chêne auxquelles on accédait par un large escalier de pierre. Les passagers des premières diligences montaient déjà les marches quatre à quatre pour entrer au plus vite dans le château. La bande d'amis ne tarda pas à les imiter, essayant de ne pas déraper sur le marbre.

- Je sais pas où finissent les eaux du lac, mais il va finir par déborder, commenta Neville en s'ébrouant.

Luna allait lui répondre quand Harry la tira brutalement en arrière, faisant qu'un ballon rouge plein d'eau tomba du plafond pour exploser sur le sol, là où elle s'était tenue auparavant, submergeant les chaussures de tout le monde par une vague d'eau glacée qui pénétra jusque dans leurs chaussettes. Tout le monde leva le nez et recula en voyant que Peeves était leur comité d'accueil blagueur du moment. Le petit homme, coiffé d'un chapeau à clochettes et d'une cravate orange autour du cou, avait son gros visage malveillant tendu par la concentration tandis qu'il visait à nouveau.

- PEEVES ! hurla une voix furieuse. Peeves, descends IMMÉDIATEMENT !

Le professeur McGonagall venait de sortir en trombe de la Grande Salle. Elle glissa sur le sol humide et saisit Hermione par le cou pour se rattraper, ce qui laissa parfaitement l'opportunité à Neville de faire son acte de gloire. Dean reste surpris quand sa bouche se retrouva vide alors qu'il mâchait un chewing-gum auparavant et Peeves poussa un hurlement perçant en lâchant toutes ses bombes à eau pour inonder un peu plus le sol. L'esprit frappeur prit la fuite en hurlant alors que Drago applaudissait poliment Neville.

- Ouais, ben en attendant, c'est froid et trempé ici, grommela Luna.

Elle regarda Harry qui essorait du mieux qu'il pouvait sa cape.

- Tu veux bien me porter jusqu'à la table de Serdaigle ? demanda-t-elle avec espoir en regardant le jeune mafieux en devenir.

- Et puis quoi encore ? A demain Lovegood.

Vexée, Luna s'en alla à grand pas en gonflant les joues, rejoignant la table de Serdaigle pour se laisser tomber à sa place à côté de Padma qui la regarda faire avec amusement.

- Nanda ? demanda avec méfiance Harry en voyant les trois autres rire.

- Mets tes lunettes, recommanda Neville en aidant McGonagall à se redresser sans tomber de nouveau.

Le jeune D. regarda ses autres amis qui ne l'aidèrent pas à comprendre, vu qu'ils riaient aussi. Ils souhaitèrent une bonne soirée à Drago et obéirent à McGonagall quand elle leur dit de rejoindre la Grande Salle. Ils allèrent s'asseoir pour profiter de la chaleur et attendre la répartition en continuant de dégouliner.

- Fanboy en approche, avertit Hermione avec un sourire en essorant ses cheveux.

Harry paniqua mais n'eut pas le temps de réagir que Colin était sur lui.

- Salut, Harry !

- Crivey, je t'ai pas déjà dit de pas m'appeler comme ça par mon prénom ? grommela le D. en essayant de ne pas s'exaspérer.

- Désolé, mais je suis tellement excité ! Tu sais quoi ? Tu sais quoi, Harry ? Mon frère entre en première année ! Mon frère Dennis !

- Je suis content pour toi, marmonna le jeune Portgas.

- Il est vraiment fou de joie ! assura Colin en sautant quasiment sur la chaise qu'il occupait pour parler à Harry. J'espère qu'il va être à Gryffondor ! Croise les doigts, hein, Harry ?

- Hai, hai…

Et Colin s'en alla rejoindre sa place avec ses amis un peu plus loin, laissant le D. cogner sa tête sur la table avec désespoir sous le sourire compatissant de Neville. Hermione cessa de se débarrasser de l'eau de sa crinière (que la chaleur commençait à sécher, et pour le coup, à rendre plus touffue que d'habitude) et se mit à observer la table des professeurs. Thatch devait escorter les premières années sur le lac, McGonagall s'assurait que le hall ne reste pas une patinoire, mais le professeur de Défense n'était toujours pas là. Pourtant, Haruta avait confirmé qu'ils en avaient trouvé un et que le cuistot disait que c'était un bon choix.

Avec un soupir, le jeune Portgas repoussa son assiette et ses couverts pour croiser ses bras sur la table. Il posa son menton sur ses bras et regarda le plafond avec ennui et inquiétude. Il espérait qu'il n'y ait eu aucun problème. Jamais il n'avait vu de ciel aussi sombre et orageux. Des nuages noirs et pourpres s'y entremêlaient et, lorsqu'un coup de tonnerre retentit au-dessus du château, un éclair fourchu traversa le plafond magique. Il soudoierait Remus pour voir s'il ne voulait pas l'aider à installer cet enchantement dans le salon, ça ferait un super ajout !

Enfin, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent et le silence se fit. Le professeur McGonagall entra, à la tête d'une longue file d'élèves de première année qu'elle amena au bout de la salle, près de la table des professeurs. Ils donnaient une toute autre définition de ce que c'était d'être trempé jusqu'aux os. On aurait dit qu'ils avaient traversé le lac à la nage plutôt qu'en barque. Lorsqu'ils se mirent en rang face aux autres élèves, tous frissonnaient de froid et d'anxiété, Thatch arriva en fin de rang, dégoulinant totalement d'eau sans que cela semble le déranger, tenant un garçon plus petit que tous les autres dans ses bras. Le gosse était enroulé dans le manteau du professeur de Soins aux Créatures Magiques… et Thatch faisait bien deux mètres, donc, le vêtement n'était certainement pas ajusté pour le gamin. Le petit blond semblait à la fois heureux comme un gamin de cinq ans le jour de Noël et pourtant légèrement honteux. Finalement, Thatch le déposa à la fin du rang formé par ses compagnons, lui souffla quelque chose et le gamin hocha la tête avant que l'homme aille s'asseoir. A cet instant, Harry constata que son oncle était pieds nus.

L'explication lui vint quand celui qui ne pouvait être que le petit frère de Crivey (la ressemblance était trop frappante) articula à l'adresse de Colin « Je suis tombé dans le lac ! », ce qui semblait être la source de sa joie. Thatch avait dû partir le repêcher apparemment, d'où son état et l'explication de pourquoi l'enfant avait le manteau du loup-garou sur ses épaules. Le professeur McGonagall posa alors sur le tabouret le Choixpeau toujours aussi sale et rapiécé. Le silence tomba, attendant la chanson du vénérable couvre-chef.

Sauf que Harry ne l'écouta pas. Il luttait contre le sommeil.

Il dû s'assoupir, parce que ce qui le réveilla, ce fut les applaudissements et les hurlements de ses camarades de classe quand un premier élève rejoignit Gryffondor. Le minuscule Dennis Crivey, toujours dans l'immense manteau de Thatch, se précipita avec la même excitation qu'un chiot vers Colin pour se jeter sur la chaise à côté de lui.

- Colin, je suis tombé dedans ! s'exclama-t-il d'une voix perçante en se jetant sur une chaise vide. C'était formidable ! Et le monsieur a plongé pour me sauver ! Il nageait comme un poisson dans l'eau !

- Super ! dit Colin du même ton enthousiaste. Le monsieur, c'est le professeur Newgate, le loup-garou du château !

- Wouaoh ! s'écria Dennis comme si on ne pouvait rêver mieux que de tomber dans les eaux déchaînées d'un lac insondable et d'en être sauvé par une créature tout aussi dangereuse.

Puis son visage prit une mine contrite.

- Il m'a grondé parce que je m'étais trop penché pour regarder l'eau et que c'est pour ça que je suis tombé.

Bien fait pour lui.

- La baignade n'a pas eu l'air de le déranger, nota Neville en regardant Thatch qui essorait son catogan en discutant avec Pomfresh. On dirait que c'est tout ce qu'il y a de plus normal.

- Beaucoup de gens dans la famille ont une malédiction qui les empêche de nager, expliqua Harry. A vivre sur un navire, je pense que ce doit être courant pour lui de devoir faire un plongeon pour sauver quelqu'un.

- Le tatouage dorsal de ta mère veut tout dire, pointa Hermione.

- Qu'est-ce qu'il a ce tatouage ? demanda Neville. Je le trouve plutôt cool, même si Grand-Mère aurait ma tête si je m'avisais de m'en faire un comme ça.

- Parce que c'est typiquement un emblème pirate, Neville.

Cela n'éclaira pas plus le jeune sorcier, ce qui fit que la demoiselle renonça tout simplement à lui répondre. Harry ne fit aucun commentaire, se contentant d'applaudir avec les autres quand un élève finissait chez eux. Enfin, Dumbledore leur souhaita bon appétit et le repas apparut. Harry adressa un remerciement mental aux elfes de maisons pour ce merveilleux festin et commença à se servir de la soupe. Le fantôme de Gryffondor flotta le long de la table pour papoter avec les jeunes et finit par s'arrêter à côté du trio.

- Vous avez de la chance que le festin ait pu avoir lieu, dit alors Nick Quasi-Sans-Tête. Il y a eu des ennuis à la cuisine, cet après-midi.

Harry leva les yeux de sa soupe alors que Neville demandait ce qu'il en était.

- C'est la faute de Peeves, bien sûr, répondit Nick en remontant un peu sa fraise sur son cou tranché. La discussion habituelle. Il voulait assister au festin. Impossible, bien entendu, vous le connaissez, il est incapable d'avoir des manières civilisées, il ne peut pas voir une assiette pleine sans la jeter par terre. Nous avons tenu un conseil des fantômes : le Moine Gras voulait lui donner une chance, mais le Baron Sanglant s'y est formellement opposé, ce qui est beaucoup plus sage, à mon avis.

Le trio se tourna vers la table de Serpentard pour voir le spectre émacié et taciturne couvert de taches de sang argentées en question, flottant à quelques distances des nouveaux venus.

- Ce qui explique pourquoi il a commencé aussi tôt dans l'année à mettre le bordel, comprit Harry. T'as pas dû l'arranger, Neville, surveille tes arrières.

Le jeune grimaça d'avance à la possible vengeance de l'esprit frappeur.

- Qu'est-ce qu'il a fait, dans la cuisine, au point que le repas manque de ne pas avoir lieu ? demanda Hermione.

- Oh, comme d'habitude, répondit Nick Quasi-Sans-Tête en haussant les épaules. Il a tout mis sens dessus dessous. Il y avait des marmites et des casseroles partout. Le carrelage était inondé de soupe. Il a terrifié les elfes de maison...

Dans un bruit de métal, Hermione reposa brutalement son gobelet, répandant du jus de citrouille sur la nappe de lin blanc qui fut soudain constellée de taches orange. Mais elle n'y prêta aucune attention.

- Il y a des elfes de maison, ici ? dit-elle en regardant Nick Quasi-Sans-Tête d'un air horrifié.

- Hmhm, confirma Harry avec un soupir. C'est pour ça que je pousse une gueulante quand les garçons foutent un bronx inutile et monumental dans le dortoir.

- Je me souviens encore de la tête de Dean, Weasley et Finnigan quand tu nous as tous enfermés un matin dans le dortoir en disant que tu nous laisserais pas sortir tant que la pièce ne serait pas correctement rangée, sourit avec amusement Neville.

- Il y a vraiment des elfes à Poudlard ? continua Hermione d'une voix criarde.

- Il y en a même plus que dans n'importe quelle autre résidence de Grande-Bretagne. Je crois qu'ils sont plus d'une centaine, lui dit Nick.

- Je n'en ai jamais vu un seul !

- Ils ne quittent presque jamais la cuisine en plein jour, expliqua Nick Quasi-Sans-Tête. Ils sortent la nuit pour nettoyer un peu... s'occuper de mettre des bûches dans le feu, et tout le reste... On n'est pas censé les voir, n'est-ce pas ? Le propre d'un bon elfe de maison, c'est de faire oublier sa présence.

Hermione le regarda fixement.

- Et c'est avec ce genre de vieille mentalité qu'on en est aujourd'hui à cautionner leur maltraitance alors que ce sont des créatures pensantes au même titre que n'importe qui assis à cette table, soupira Harry.

- Les sorciers vivent plus longtemps que les moldus, rappela Neville qui essayait d'éponger le jus de citrouille renversé par Hermione afin de limiter les dégâts. Les mentalités prennent plus de temps à évoluer.

- C'est ce genre de chose que vous apprend le professeur Newgate ? s'enquit Nick avec un ton presque hautain.

- Comment pouvez-vous cautionner ce genre de comportement ! s'indigna Hermione.

Elle voulut se lever de table mais Neville la fit se rasseoir.

- Je pense que continuer le débat n'est pas une bonne chose, nota Neville avec un air entendu au fantôme qui s'en alla en haussant les épaules.

- Mais… protesta leur amie.

- Granger ! Écoute-moi ! rappela à l'ordre Harry. Non, c'est pas normal cette situation, mais il y a une explication à son origine et le traitement actuel qu'ils subissent doit être changé, je suis d'accord ! Oui, c'est de l'esclavage ! Je suis d'accord avec l'idée !

- Les elfes ont besoin des sorciers pour survivre, ils se nourrissent de notre magie et ce sont eux-mêmes qui décident de nous repayer en nous servant, lui dit Neville.

- Nan, l'origine est pas là, c'est plus complexe. Mais il n'y a qu'une solution.

Harry rapporta son attention à Hermione qui avait repoussé son assiette tout juste entamée.

- Faire la grève de la faim ne changera pas les choses. Au contraire, en plus de les inquiéter pour rien, tu ignores le fruit de leur labeur. Ce qu'il faut faire, c'est changer les mentalités. Apprendre aux elfes qu'ils ont le droit au respect et de dire stop quand ils en ont marre, de l'autre, il s'agit pour les sorciers de respecter les elfes et leur travail. De ne pas les traiter comme de la sous-merde.

- On a des elfes de maison dans ma famille depuis très longtemps, pointa Neville. Ils sont heureux, ils ont tout ce dont ils ont besoin, on les traite bien et tout le monde est content. Un elfe qui n'est pas heureux le fera sentir en essayant de trouver la moindre faille dans ses ordres pour causer du tort à son maître. Dobby est un exemple.

- On fait des trucs sales, mais tant qu'on lui demande pas de s'impliquer dedans, il n'en a rien à cirer. Il me fait même la morale quand je veux mettre mon nez dans les affaires de ma mère. Donc, tu vois, on peut trouver un arrangement, le tout est d'apprendre le respect.

Harry montra l'assiette du doigt.

- Cette assiette que tu laisses ne sera pas vue comme un signe de protestation pour leur cause.

- Harry a raison. Tu vas déprimer les elfes en leur laissant croire qu'ils ont mal travaillé. Déjà que Peeves ne les a pas aidés, tu vas leur mettre un sacré coup au moral, renchérit Neville. Si tu veux aider, c'est par autre chose, par exemple, en t'assurant que le dortoir soit en ordre avant d'aller en cours, ce genre de chose. C'est ce que fait Harry.

Harry repoussa l'assiette vers Hermione.

- Le problème est épineux, mais c'est par l'éducation que tu changeras les choses. En prouvant tout ce que changer de comportement rapporte, avec démonstratin à l'appuis. Alors, ce que tu vas faire, dans l'immédiat, c'est finir ton assiette, ensuite, tu feras toutes les recherches que tu veux. On est ok ?

Neville attrapa la fourchette de leur amie et la lui mit dans la main.

A contre-cœur, la demoiselle laissa là la discussion et accepta de recommencer à manger au son de la pluie et de l'orage. Même si elle chipota pas mal la nourriture, elle accepta au moins de finir son assiette. Le trio ne parla plus, se fondant dans le bruit ambiant et les clapotis de l'averse sur les hautes fenêtres.

Harry se saisit d'une pomme quand le dessert apparut, la nettoya machinalement avec sa manche et la donna à Hermione. Elle lui adressa un regard noir mais il ne détourna pas son but, faisant qu'elle prit le fruit à contre-cœur.

Lorsque les gâteaux eurent été engloutis et que les assiettes, nettoyées de leurs dernières miettes, eurent retrouvées tout leur éclat, Dumbledore se leva, et comme toujours, tout le monde se taisait pour l'entendre. Pour le coup, la tempête au dehors s'entendait encore plus avec le gémissement du vent et la pluie. Harry jeta un regard à son oncle pour voir qu'il s'était mis à l'aise comme pour assister à un spectacle.

Dumbledore rappela encore une fois les objets interdits par Rusard. Qui suivait vraiment ce règlement, sérieusement ? Et surtout qui, dans sa folie suicidaire, irait s'aventurer du côté du bureau de Rusard juste pour une liste qui n'était de toute façon pas respectée ? Harry ignora son passage sur la Forêt Interdite et lui offrit son regard le plus noir quand il mentionna Pré-au-Lard. Il espérait vraiment que cette fois, on ne chipote pas parce que c'était Portgas sur le nom de son autorisation et non pas Dursley.

- Je suis également au regret de vous annoncer que la Coupe de Quidditch des Quatre Maisons n'aura pas lieu cette année.

Le brouhaha fit sortir Harry de sa léthargie digestive. L'annonce ne passait pas très bien. Mentalement, le D. entama une petite danse de la joie. S'il n'y avait pas de match, aucun incident n'aurait lieu sur sa personne !

Dumbledore continua sans s'occuper de l'hostilité des joueurs et des fans parmi les élèves.

- Cela est dû à un événement particulier qui commencera en octobre et se poursuivra tout au long de l'année scolaire, en exigeant de la part des professeurs beaucoup de temps et d'énergie. Mais je suis persuadé que vous en serez tous enchantés. J'ai en effet le grand plaisir de vous annoncer que cette année, à Poudlard...

Un superbe et scénaristique sens du timing coupla un coup de tonnerre particulièrement assourdissant avec l'entrée de quelqu'un à la volée dans la Grande Salle.

A côté de cette entrée bien dramatique, Harry sentait qu'il pouvait aller se rhabiller avec son front-kick dans les portes. Il n'avait clairement pas le niveau.

Toutes les têtes se tournèrent vers le nouveau venu, soudain illuminé par un éclair qui zébra le plafond magique. L'homme ôta son capuchon, secoua une longue crinière de cheveux gris sombre, puis s'avança en direction de la table des professeurs. Harry le reconnaît immédiatement, après l'avoir côtoyé pendant quelques mois en seconde année, afin de calmer les Anglais sur les risques que Thatch décide de le bouloter au lieu de lui enseigner le self-défense.

Fol-Œil.

Avec sa démarche bancale de sa jambe de bois, il remonta la Grande Salle jusqu'à la table des professeurs pour aller s'adresser à Dumbledore. L'attention de Harry fut attirée par son oncle. Thatch avait les sourcils froncés, clairement méfiant, comportement que son neveu ne lui avait encore jamais vu devant Maugrey.

Quelque chose n'allait pas pour que son oncle soit aussi hostile à l'homme avec qui il avait pourtant des relations assez cordiales.

L'ancien Auror tendit une main aussi labourée de cicatrices que son visage et Dumbledore la serra, en murmurant des paroles que seule la table professorale pouvait entendre. Finalement, il fut congédié vers une chaise vide du côté droit de la table, loin du regard ambré, méfiant et menaçant du loup-garou.

L'homme s'assit, secoua sa crinière grise pour dégager son visage, tira vers lui une assiette de saucisses, la leva vers ce qui restait de son nez et renifla. Il sortit ensuite de sa poche un petit couteau, en planta la pointe dans une des saucisses et commença à manger. Son œil normal était fixé sur son assiette, mais l'œil bleu ne cessait de s'agiter dans son orbite, embrassant du regard la Grande Salle et les élèves assis autour des tables.

- Je vous présente notre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, déclara Dumbledore d'une voix claire qui rompit le silence. Le professeur Maugrey.

L'entrée de Maugrey dans les rangs professorales se fit dans le silence. Si ça n'avait pas été pour la méfiance de son oncle, Harry aurait applaudi. Peu importe, l'homme était totalement indifférent à cet accueil peu chaleureux. Le jeune D. vit son oncle froncer le nez quand le vieux auror paranoïaque bu dans sa flasque.

- Comme je m'apprêtais à vous le dire, nous allons avoir l'honneur d'accueillir au cours des prochains mois un événement que nous n'avons plus connu depuis un siècle, reprit Dumbledore en souriant à la foule des élèves qui contemplaient toujours Maugrey Fol Œil d'un air stupéfait. J'ai le très grand plaisir de vous annoncer que le Tournoi des Trois Sorciers se déroulera cette année à Poudlard.

- VOUS PLAISANTEZ ! s'exclama Fred un peu plus loin sur la table.

L'atmosphère de tension qui s'était installée dans la salle depuis l'arrivée de Maugrey se dissipa soudain. Presque tout le monde éclata de rire et Dumbledore lui-même pouffa d'un air amusé.

- Non, je ne plaisante pas, Mr Weasley, dit-il. Mais si vous aimez la plaisanterie, j'en ai entendu une très bonne, cet été. C'est un troll, une harpie et un farfadet qui entrent dans un bar...

Le professeur McGonagall s'éclaircit bruyamment la gorge alors que Thatch esquissait un sourire crispé.

- Heu... c'est vrai..., dit Dumbledore. Le moment n'est peut-être pas venu de... Où en étais-je ?

Il serait temps, en effet, qu'il explique ce qu'était ce foutu tournoi et ce qu'il avait de si exceptionnel.

- Ah, oui, le Tournoi des Trois Sorciers... Certains d'entre vous ne savent pas en quoi consiste ce tournoi, je demande donc à ceux qui savent de me pardonner d'avoir à donner quelques explications. Pendant ce temps-là, ils sont autorisés à penser à autre chose.

- Quelle générosité, marmonna Harry en croisant les bras sur la table pour se laisser aller dessus.

- Le Tournoi des Trois Sorciers a eu lieu pour la première fois il y a quelque sept cents ans. Il s'agissait d'une compétition amicale entre les trois plus grandes écoles de sorcellerie d'Europe — Poudlard, Beauxbâtons et Durmstrang. Un champion était sélectionné pour représenter chacune des écoles et les trois champions devaient accomplir trois tâches à caractère magique. Chaque école accueillait le tournoi à tour de rôle tous les cinq ans et tout le monde y voyait un excellent moyen d'établir des relations entre jeunes sorcières et sorciers de différentes nationalités — jusqu'à ce que le nombre de morts devienne si élevé que la décision fut prise d'interrompre le tournoi.

Joyeuse, la réputation du Tournoi.

- Le nombre de morts ? chuchota Hermione, effarée.

- Ce sont des choses qui arrivent, lui répondit Harry en haussant les épaules.

Elle lui administra un sympathique regard noir qui le laissa indifférent. Ceux de sa mère étaient plus impressionnants.

Pourtant, parler de morts sembla en inquiéter beaucoup. Il est vrai qu'on pouvait se poser sur les gestions des écoles si on organisait dans les établissements des évènements mortels. Mais dans quel genre de monde de tarés ils se croyaient pour laisser des jeunes en apprentissage dans des situations dangereuses ? Et après, on le faisait chier avec ses cours de self-défense !

- Au cours des siècles, il y a eu plusieurs tentatives pour rétablir le tournoi mais aucune n'a rencontré un grand succès, poursuivit Dumbledore. Cette année, pourtant, notre Département de la coopération magique internationale et celui des jeux et sports magiques ont estimé que le moment était venu d'essayer de le faire revivre. Nous avons tous beaucoup travaillé au cours de l'été pour nous assurer que, cette fois, aucun champion ne se trouvera en danger de mort.

Il venait, juste à l'instant, de se tirer une balle dans le pied ! Le risque zéro n'existe pas. Le réfuter revenait à avouer sa naïveté au mieux, ou juste s'attirer la poisse au pire. Parce qu'avec le temps, Harry avait parfaitement appris que l'univers aimait bien se moquer des gens avec ce genre de situation.

- Les responsables de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront en octobre avec une liste de candidats et la sélection des trois champions aura lieu le jour d'Halloween, continua Dumbledore. Un juge impartial décidera quels sont les élèves qui sont le plus dignes de concourir pour le Trophée des Trois Sorciers, la gloire de leur école et une récompense personnelle de mille Gallions.

Harry jeta un regard à Fred quand il entendit le rouquin dire qu'il était intéressé. S'il tenait tellement à se mettre en danger, c'était son problème ! Le pire, c'était qu'il n'était pas le seul à vouloir se présenter. L'idée fleurissait sur toutes les tables. Rien à faire des risques, l'argent était une bonne motivation. Quelle bande de naïfs.

- Je sais que vous êtes tous impatients de rapporter à Poudlard le Trophée des Trois Sorciers, mais les responsables des trois écoles en compétition, en accord avec le ministère de la Magie, ont jugé qu'il valait mieux, cette année, imposer de nouvelles règles concernant l'âge des candidats, annonça Dumbledore. Seuls les élèves majeurs, c'est-à-dire qui ont dix-sept ans ou plus, seront autorisés à soumettre leur nom à la sélection.

Enfin quelque chose d'intelligent !

Dumbledore haussa légèrement la voix car plusieurs élèves poussaient des exclamations scandalisées et les jumeaux Weasley paraissaient soudain furieux :

- Il s'agit là, d'une mesure que nous estimons nécessaire, compte tenu de la difficulté des tâches imposées qui resteront dangereuses en dépit des précautions prises. Il est en effet hautement improbable que des élèves n'ayant pas encore atteint la sixième ou la septième année d'études puissent les accomplir sans risques. Je m'assurerai personnellement qu'aucun élève d'âge inférieur à la limite imposée ne puisse tricher sur son âge pour essayer de se faire admettre comme champion de Poudlard par notre juge impartial.

Au moins, il était réaliste, mais il venait de mettre au défi les plus fous de parvenir à passer au travers l'impartialité du juge. La preuve en était que les jumeaux Weasley étaient deux parmi tant d'autres

- Je vous demande donc de ne pas perdre votre temps à essayer de vous porter candidat si vous avez moins de dix-sept ans. Comme je vous l'ai déjà dit, les délégations des écoles de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront en octobre et resteront parmi nous pendant la plus grande partie de l'année scolaire. Je ne doute pas que vous manifesterez la plus grande courtoisie envers nos hôtes étrangers tout au long de leur séjour et que vous apporterez votre entier soutien au champion de Poudlard lorsqu'il, ou elle, aura été désigné. Mais il se fait tard, à présent, et je sais combien il est important que vous soyez frais et dispos pour vos premiers cours, demain matin. Alors, tout le monde au lit ! Et vite !

Dumbledore se rassit et se tourna vers Maugrey Fol Œil. Tous les élèves se levèrent dans le vacarme des chaises qui glissaient sur le sol et se dirigèrent en masse vers la double porte donnant sur le hall d'entrée. Harry jeta un regard à son oncle qui lui dit clairement « plus tard » en lui rendant le regard, faisant que le jeune suivit ses amis vers la tour de Gryffondor, derrière les jumeaux.

- Ils ne peuvent pas nous faire ça ! s'exclama George qui n'avait pas encore rejoint la foule des élèves et restait là à regarder Dumbledore d'un air furieux. On va avoir dix-sept ans en avril, pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas tenter notre chance ?

- Ils ne m'empêcheront pas d'être candidat, dit Fred d'un air buté, en lançant également un regard indigné à la table des professeurs. Les champions vont pouvoir faire plein de choses qui sont interdites en temps normal ! Et en plus il y a mille Gallions à gagner !

- Si vous tenez absolument à risquer vos vies, c'est votre souci. Je passe mon tour, j'ai eu assez d'adrénalines ces dernières années, marmonna Harry.

- T'as surtout pas besoin d'argent ! bougonna Ronald alors que Hermione et Neville les poussaient hors de la Grande Salle.

- J'ai connu la misère, Weasley, crois-moi. Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui, on a de l'argent, que ça a toujours été le cas. J'ai connu les squattes et les placards à balais avec un plafond qui fuit.

Ronald se prit une claque derrière le crâne de la part de Fred, alors que George passait un bras autour des épaules de Harry, le faisant ralentir bien assez pour qu'ils finissent en arrière du groupe.

- On a les documents pour ta mère. On est bon pour le deal. Bill a laissé un message en plus, histoire de brouiller quelques pistes bancaires, souffla le roux.

- Très bien. Te prends pas la tête, je récupèrerai les documents moi-même, lui dit à voix basse le brun.

Neville se retourna vers eux, perplexe de les voir autant à la traîne.

- Qu'est-ce que vous fabriquez ?

- J'essaye de vendre à Harry une fausse baguette magique, mon cher monsieur !

- C'est quoi cette affaire ? demanda Hermione avec perplexité.

Et c'est ainsi que les jumeaux prirent en otage le trio pour leur vanter leurs produits de leur futur entreprise, l'histoire du Tournoi reléguée au second plan. Si Hermione n'avait pas l'air emballé, Neville trouvait l'idée franchement fantastique.

Ils arrivèrent devant le tableau d'Izou et Haruta qui avaient invité d'autres personnages de tableau dans une grande partie de poker. La rousse se détourna de sa partie pour jeter un regard suspect à son neveu quand il se mit à rire et lui fit bien signe de ne pas dire à ses adversaires qu'elle trichait.

- Mot de passe ? exigea-t-elle.

- Blackjack, répondit George.

Tout le monde, sauf son jumeau, le regarda et il haussa les épaules.

- C'est un préfet qui me l'a donné.

Le portrait pivota et le groupe entra dans la tour où les attendaient des fauteuils confortables et un feu qui craquait dans la cheminée. Hermione jeta un regard sombre aux flammes, souhaita une bonne nuit à ses amis et s'en alla rejoindre le dortoir des filles. Les garçons en firent autant de leur côté, rejoignant le dortoir des quatrièmes années. Harry se retint de rire en voyant Seamus qui avait épinglé une rosette en forme de trèfle à sa tête de lit, alors que Dean accrochait au mur un poster d'un joueur Bulgare à côté de celui de football du West Ham. Harry secoua la tête et ouvrit sa valise pour ranger ses affaires. Il afficha notamment à côté de son lit un poster de son catcheur favori : l'Undertaker, ce qui lui valut un « boooouh » moqueur de l'amateur de football. Le D. se mit rapidement en pyjama en suivant, et en faisant face au reste du dortoir par habitude pour garder son dos caché, et ainsi ses petits secrets loin de la curiosité de ses camarades, avant de se glisser dans son lit chauffé par une bouillote. S'allonger dans les lits tièdes en écoutant l'orage qui se déchaînait au-dehors procurait une sensation de confort extrême. Harry se tourna dans le lit en souriant, se disant qu'il devrait descendre dès que possible dans les cuisines pour offrir des chocolats aux elfes. Ils faisaient un boulot d'enfer, il fallait qu'il les remercie.