Bonjour à tous ! On se retrouve ce mois-ci pour un nouveau chapitre. Et je vous ais vu, bandes d'hystériques. Vous êtes INTENABLE. Marco est là, et ça y est, c'est la hype... mais c'est comme ça que je vous aime.

Donc voilà, retour à la maison, on a enfin Marco dans la place. Comment va se passer la cohabitation ? Comment se passer le trauma suite à l'incident du cimetière ? Comment vont agir Voldemort et Dumbledore avec les Portgas qui font bande à part ? La suite... maintenant ? Lol. Allez, on passe aux reviews :

Kasumikuna : You have a dirty mind. But I feel the same about them. Jealous Marco is cute.

Vivianne95 : Ouep. Vive la révolution. Surtout quand les pirates sont derrières.

Kioko1999 : Le doute était voulu sur le sujet de Marco. Le retard, c'est pas grave, le chapitre ne va pas s'échapper.

vladimir-stiles-loki crow : Oui. Marco est là. On va bien s'amuser. Dumbledore peut-être moins.

Yz3ut3 : La suite le sera bien plus. Et mieux. Y'a du drama.

Aelita Yoru : Ca sera encore mieux la suite.

NeferGwen : Go for it, nouille-chan ! /Comment gérer ? Mais je vais pas gérer./ Et où est le souci entre Marco et Fumseck ? Parce que ce sont des phénix tout les deux ? / Comme je te l'ai dit par mail, Bleach/NCIS, je vais m'y remettre, mais quand, je sais pas.

Misstykata : Pourquoi prendre des guillotines quand on a un bûcher.

Marukolaugier : Merci !

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt !

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Juin s'achevait tout juste et l'été, très chaud, s'annonçait mitigé avec les évènements.

Une toute petite zone dans le journal annonça le résultat du Tournoi : Harry vainqueur. Aucune mention de Cedric. Fudge devait faire pression sur la presse.

Il y avait eu aussi la rencontre avec les Diggory. Pour éviter l'attention de qui que ce soit, elle avait eu lieu dans le parc pas loin de l'appartement. Les parents de Cedric ne lui en voulaient pas. Au contraire, ils lui étaient reconnaissants d'avoir ramené le corps de leur enfant.

- Il n'a pas eu le temps de souffrir, ni même de comprendre qui l'a tué, leur avait dit Harry. C'était moi qu'on voulait à la base, donc, c'est de ma faute s'il est mort.

Le couple Diggory avait voulu protester, mais Harry ne leur en avait pas laissé le temps.

- J'ai demandé à Fudge de vous remettre la récompense du Tournoi, au moins pour organiser les funérailles de votre fils. Je doute qu'il l'ait fait, mais sachez que si vous avez besoin d'aide, de quoique ce soit, que ce soit financier ou simplement une paire de bras en plus, vous pouvez m'appeler, tant que je suis au pays. C'est le minimum que je puisse faire. Je ne remplacerai jamais l'enfant que vous avez perdu, mais je peux faire à sa place ce qu'il faut pour vous aider en cas de problème. Vous commencez à vous faire vieux, et même si vous avez la magie, il arrive un jour où on a besoin des plus jeunes pour continuer à vivre. A ce moment-là, je serais là pour vous aider si j'ai pas encore plié bagages, parce que le faire de l'autre bout du monde, ça sera pas facile.

Ace avait esquissé un pauvre sourire en voyant son fils emprisonné dans une étreinte sanglotante de la mère de Cedric. Le père avait essuyé ses larmes et avait dit à la D. qu'elle avait élevé un bon fils.

- C'est bien l'une des seules choses de bien que j'ai faites dans ma vie, avait répondu la femme.

Oui, parce que la pirate était en phase de déprime. Elle avait sur le dos son amant et ses frères pour la rappeler à l'ordre, mais cela ne changeait pas les faits. Avec l'arrivée de Marco, elle avait eu la réponse qu'elle avait craint par-dessus tout : la fin de la guerre.

L'homme qu'elle avait appelé 'Oyaji' était mort. Si elle était restée à sa place, ça ne se serait pas produit. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne regrettait pas d'avoir agi, même si au final, son petit-frère avait été impliqué. Non, elle regrettait qu'on se soit sacrifié pour elle, alors qu'elle était la seule responsable de ses conneries.

Elle avait voulu partir, comme elle l'avait fait deux ans avant, durant la dispute au sujet de son sexe de naissance. Mais cette fois, Harry lui avait couru après pour qu'elle ne reste pas seule. Ils avaient passés deux jours dehors, à vagabonder dans la capitale, sans rien dire, avant de rentrer.

A leur retour, Marco l'avait juste prise dans ses bras pour qu'elle pleure, avant d'hocher la tête à l'adresse de Harry pour lui dire qu'il avait bien fait.

Concernant l'homme… c'était plus facile que l'adolescent l'imaginait. Le zoan était un homme calme et discret. Pas un mot plus haut que l'autre, et pourtant, il maniait le sarcasme et l'ironie avec un talent indéniable. Le jeune avait presque du mal à transposer sur lui l'image de fureur et de rage qu'il avait été dans son bref combat contre Voldemort. On aurait dit deux personnes différentes.

C'était aussi impressionnant le contrôle qu'il avait sur sa mère. Même Remus n'en était pas revenu et il avait presque embrassé les pieds du blond en remerciement. Il suffisait juste d'un « Ace » d'avertissement, suivi d'un regard sévère pour que sa mère ne parte pas dans ses délires et courbe l'échine. Et c'était valable pour Thatch. L'un comme l'autre essayaient de faire des yeux doux au blond, mais c'était sans espoir. Harry comprenait pourquoi on parlait toujours de lui comme le frère aîné, il avait juste une autorité innée qui faisait qu'on l'écoutait. Quand l'ado discutait avec lui, il avait toujours un petit sourire aux lèvres, et pour répondre aux questions, il montrait de la patience et de la passion. Il avait laissé le jeune aborder tous les sujets qu'il voulait, allant de si oui ou non, il avait encore de la famille de sang, au possible été caniculaire qui s'annonçait. Bien entendu, le jeune avait pris soin de rester loin du sujet de l'esclavage. Si l'homme voulait lui en parler un jour, soit, mais il n'allait pas intentionnellement aborder un sujet sensible.

Marco avait aussi un humour sec et mordant, loin des blagues parfois assez vulgaires et crasseuses de Thatch ou des blagounettes presque enfantine de sa mère. Mais surtout, il pouvait rire de tout. Harry lui en fit d'ailleurs la remarque et eut sa réponse :

- J'ai appris très vite que le rire est un bon remède quand ça va mal, yoi, expliqua le blond. Je fais mon deuil en riant un maximum. Je préfère me consacrer à ce que j'aime dans la vie et les gens, plutôt que me morfondre sur ce que je déteste ou ce que j'ai perdu, yoi. La vie est courte et précieuse. Vaut mieux la mordre à pleine dents, mais ça ne veut pas dire qu'on doit sauter sur tout ce qui bouge, yoi. N'est-ce-pas, Thatch ?

- Hey ! J'me suis calmé ! protesta le roux depuis la cuisine où il préparait le dîner.

- Donc, cette fameuse Tonks dont j'ai entendu parler n'est que le fruit de l'imagination de tout le monde ?

- On est restés deux ans ensemble. Mon record était six mois avec Magda, tête de piaf.

- T'es plus avec Tonks ? s'étonna Harry.

Première nouvelle de l'été, et pourtant, ça ne faisait que quatre jours qu'il était rentré à la maison.

- Nop ! On a rompu peu après cette affaire avec le Tournois. On s'est disputé parce qu'elle voulait absolument que j'aide moi aussi Dumbledore, et que je lui ai clairement dit que ma priorité, c'était ma famille et que cet homme essayait de la briser. Je lui ai gentiment dit que si elle souhaitait se battre pour ce vieux fou, c'était son affaire, mais il n'était pas question que je suive le mouvement.

Avec un sourire aigre, Thatch vint s'appuyer sur le chambranle de la porte, les cheveux fraîchement coupés court.

- Je suis un Shirohige jusqu'au bout des ongles.

- Navré pour toi, vieux frère, lui dit Marco.

- J'vais m'en remettre. Au moins, cette fois, ma nana ne crève pas dans mes bras.

Et il retourna à ses fourneaux, sans voir le froncement de sourcil de Harry.

- Depuis quand on se ment entre frère, yoi ? demanda Marco en élevant la voix.

- Depuis que je suis devenu plus vieux que toi ! lui rétorqua Thatch.

- Tonton a déjà eu une relation durable ? demanda Harry avec hésitation.

- La dernière femme avec qui il a eu une relation sérieuse remonte à bien vingt ans. Enfin, pour moi ça fait vingt ans, yoi. Magdalena était une infirmière sur notre vaisseau mère. La malchance a frappé. Pendant une escarmouche avec la Marine, une tempête a éclaté. Il y avait tellement de bruits et tout le monde courrait tellement dans tous les sens qu'on a réalisé trop tard ce qu'il s'était passé. Le navire s'est presque dressé à la verticale et beaucoup d'objets ont glissé à cause de la gravité. Magda s'est retrouvée écrasée sous une lourde armoire, yoi. On n'a pas pu la sauver à temps. Les anciens disent qu'elle est toujours à bord, à veiller sur nous. Elle bouge des meubles de façon bruyante quand une tempête se prépare, pour s'assurer que personne d'autres ne meurt comme elle, yoi.

- C'est une histoire triste, mais belle dans un sens.

- Hm. Quand on dit qu'on est une grande famille, chez les Shirohige, on parle aussi de ceux qui sont partis trop tôt.

- J'vais pleurer, marmonna Izou depuis derrière son journal avec un lourd sarcasme.

- Boucle-la et va refaire ta coiffure, on voit tes cheveux blancs, yoi, lui répondit tranquillement Marco en mettant ses lunettes sur le nez pour reprendre sa lecture de rapports comme avait dit sa mère.

- Espèce de sale piaf !

- Mais oui, mais oui.

En boudant, Izou disparut du tableau, avec Thatch qui éclata de rire dans la cuisine, sans même que cela ne perturbe Haruta dans sa construction de château de cartes. Harry esquissa un sourire. Les cinq pirates, qu'ils soient bien vivants ou dans un tableau, avait une façon de fonctionner assez particulière, qui lui rappelait étrangement les vannes tordues qu'il échangeait avec ses amis à Poudlard.

La porte claqua et Ace entra, un air satisfait sur le visage.

- Tu t'es bien défoulée sur de pauvres gars incapables de se défendre contre ton sale caractère ? demanda laconiquement le blond sans même la regarder.

- Au moins, je me suis assurée qu'on ne traîne pas mon fils dans la boue avec Dumbledore. La Gazette du Sorcier ne peut pas se permettre d'avoir un nouveau procès contre moi, j'ai des preuves qu'ils reçoivent des pots-de-vin de la part de Fudge.

Elle se pencha par-dessus le canapé pour embrasser son homme sur la joue puis son fils sur le sommet du crâne. Elle se redressa en fronçant les sourcils.

- Mets-toi débout un instant, s'il te plaît, Harry.

L'adolescent reposa sa bande-dessiné et se leva, les mains dans les poches de son bermuda, attendant de savoir ce que lui voulait sa mère.

- On t'a mesuré quand, la dernière fois, chaton ?

- Euuuh… l'été dernier ?

Sans un mot, sa mère lui pointa le mur près du balcon et avec un loooong soupir, il sauta par-dessus le dossier du canapé et alla se coller contre le mur en retirant ses pantoufles.

- On ne triche pas, lui dit sa mère en allant prendre un mètre roulant dans le placard.

Marco se détourna de sa lecture, regardant avec amusement la scène. Même Haruta avait abandonné sa construction de cartes pour observer tout ça. Le bout métallique du mètre termina sous les talons de Harry qui s'était collé contre le mur, avant que le mètre soit déroulé tout du long.

- On attend le verdict ! lança Thatch depuis la cuisine.

- Le verdict dit que tu vas devoir ralentir sur l'engrais que tu lui donnes. Un mètre soixante-dix. Un putain de mètre soixante-dix.

- A peine plus grand que la moyenne des jeunes de quinze ans, yoi, conclut Marco en souriant d'amusement.

- Au moins, t'arrêteras de me considérer encore comme un gosse, bougonna l'adolescent en remettant ses pantoufles.

- On a un service après-vente pour les adolescents au mauvais caractère ? demanda la femme en rangeant le mètre.

- On l'a cherché quand t'as débarqué à bord, mais il existe pas ! lui répondit Haruta en riant.

- J'avais pas un si mauvais caractère que ça…

- Non, tu nous as juste coûté très cher en réparation. Blenheim t'en a remercié, il avait une parfaite excuse pour nous réclamer plus de ronds à Jozu et moi, répondit Marco.

Impossible de savoir s'il était sérieux ou s'il déconnait.

- M'man, j'te rappelle au cas où tu l'aurais oublié, que la garantie pièces et mains d'œuvres, c'est un an, pas treize ou quatorze. Si t'es pas contente, tu vas à Godric's Hollow pour te plaindre à qui de droit. Et je suis certain que les Potter se feront un plaisir de te pointer que c'est toi qui m'as élevé, donc, que c'est de ta faute si je suis comme ça.

Et Harry rouvrit sa lecture d'un air satisfait en se rasseyant sur le canapé à côté de Marco.

- Je… je viens de me faire rembarrer par mon fils, souffla Ace d'un air choqué.

- Il a une bonne partie de ton caractère, yoi. Les chiens ne font pas des chats, tu ne peux donc que réaliser toute la patience qu'il nous faut pour te garder à carreaux, lui dit Marco.

- Espèce de con, lui répondit la femme.

- Moi aussi je t'aime, marmonna le blond avec un sourire de coin.

- Je vais te tuer.

- J'attends que ça.

- Je vais t'étrangler.

- Quand tu veux, yoi.

- Je vais prendre un coussin et t'étouffer avec.

- Fais-toi plaisir.

Ace plaça ses mains autour du cou du blond, comme si elle voulait l'étrangler, un étrange rictus sur les lèvres alors qu'elle se penchait par-dessus l'épaule de son fiancé.

- Je vais te brûler jusqu'à l'os, lui chuchota-t-elle.

Généralement, quand sa mère disait ça, il fallait courir vers le premier extincteur à proximité. Marco se contenta de tendre un bras derrière lui pour attraper la nuque d'Ace et la tirer vers lui pour l'embrasser tendrement.

- Fais-moi rêver, Hiken no Ace.

- Ces treize longues années sans toi ont été une vraie torture.

Le baiser se fit plus fiévreux.

- Je t'ai perdue il y a un an et demi, mais c'était bien assez pour devenir fou. Me laisse-le plus comme ça, yoi.

Ace était à présent sur la pointe des pieds, la tête à l'envers, embrassant son fiancé comme si c'était la dernière chose qu'elle pourrait faire avant de mourir, oubliant totalement qu'elle était dans le salon et que son fils était assis juste à côté sur le canapé, la regardant quelque part entre l'attendrissement, l'écœurement et l'hilarité.

La scène adorable du couple fut brisée par le retour de Thatch dans le salon.

- Le dîner est terminé, vous ferez la vaisselle. Le kabu et moi, on va aller kidnapper Hermione et se faire un fast-food et un ciné. Faîtes en sorte de ne pas foutre un bordel monumental dans tout l'appartement, que Dobby doive pas repasser derrière vous, annonça le roux d'une voix forte.

- THATCH ! s'indigna Ace en se redressant alors que le blond se contentait de rire.

- M'man, je dois te rappeler de cette conversation avec le père des Weasley sur les usages d'un canard en plastique ? demanda Harry. Du moment que j'ai un petit-frère ou une petite-sœur, vous faîtes ce que vous voulez, mais je veux pas de détails.

Il reposa sa lecture et se leva.

- Ciao Tati !

Haruta salua en riant son neveu.

- A demain matin les amoureux ! salua Thatch en rejoignant l'entrée.

Et en riant, l'oncle et le neveu se chaussèrent avant de quitter l'appartement, leur hilarité les poursuivant jusqu'en bas, dans la rue.

- Aaah… ces deux-là… ça fait du bien de les revoir comme ça, soupira son oncle.

- M'man a l'air de revivre depuis qu'il est là. J'imaginais pas que le retrouver pourrait lui faire cet effet.

Harry regarda son oncle quand il lui ébouriffa le crâne.

- Elle a survécu pour toi, pour que tu puisses avoir la possibilité d'être heureux à ton tour. Elle t'a fait passer avant tout le reste. Sans toi, elle aurait baissé les bras depuis longtemps. Quand elle allait mal, c'est à toi qu'elle s'est raccrochée.

Thatch s'arrêta sur le trottoir en s'accroupissant pour lui parler, parce que même si Harry avait bien grandi, son oncle restait clairement plus grand que lui.

- Elle aime Marco, ok. Mais à choisir, entre lui et toi, ça sera toujours toi sa priorité. Que le sang y soit ou pas ne changera pas les faits. Tu es son fils, elle a besoin de toi dans sa vie. Elle a besoin de toi pour lui dire qu'elle est quelqu'un de génial. Pour réaliser qu'elle vaut quelque chose et que sa vie vaut la peine d'être vécue. L'ananas pourra s'échiner à lui apporter tout le bonheur du monde, si toi, tu n'es pas heureux, elle ne le sera pas. Ne songe jamais qu'elle puisse te laisser de côté maintenant qu'il est là et qu'elle a une possibilité d'avoir des enfants avec lui. Tu seras toujours son bébé, ce petit chaton d'un an et demi qu'elle a ramassé avec elle et pour qui, elle aurait pactisé avec le diable. Son fils. Peut-être plus unique pour très longtemps, mais tu resteras son enfant, l'aîné, le premier à lui prouver qu'elle était digne d'affection.

- Tonton ?

- Oui ?

- Tu serais pas en train d'essayer de me consoler d'une hypothétique crise de jalousie ?

- Peut-être bien.

- Tonton... Tu te fatigues pour rien, je suis pas jaloux. J'ai attendu longtemps qu'il arrive. Il me faudra peut-être du temps pour le voir en père, en quelqu'un à qui je peux me confier pour des conseils et des problèmes, mais je vais pas m'énerver parce qu'il y a un autre homme dans la vie de ma mère, sinon, je t'aurais foutu à la porte depuis longtemps, même du haut de mes onze ans.

- Sacré kabu.

- Je suis plus un gosse pour qu'on m'appelle chaton ou louveteau, tu sais ? Bon, on va voir ce film ou on fout la paix à Hermione ?

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Il faisait chaud, très chaud.

Le soleil n'était plus qu'embrasement alors qu'il se couchait sur une nouvelle journée caniculaire des derniers jours de juin. Pourtant, Drago avait froid. De son seul bras valide, il essuya la sueur froide qui roulait dans sa nuque, puis le sang qui peignait de rouge la peau laiteuse de son visage sur une large zone autour de son œil gauche poché. Il continua de boiter dans la ruelle généreusement taguée de Londres, les maigres effets personnels qu'il avait pu emporter avec lui, dans un sac à son épaule. La tête lui tournait et sa chaussette droite pataugeait très certainement dans de l'hémoglobine qu'il avait perdu entre le moment où on lui avait transpercé la jambe et maintenant..

Il regarda autour de lui, cherchant un point de repère dans cette zone non-magique de Londres, essuyant un peu de sang de son nez.

Il était si épuisé.

Est-ce qu'il s'était perdu ?

De la musique lui fit tourner la tête vers un angle de rue plus loin devant lui.

Peut-être…

Forçant sur ses jambes faibles et blessées, il essaya d'accélérer pour atteindre l'angle de la rue malfamée. Seule sa fierté le retint de pleurer de soulagement en reconnaissant l'insigne lumineux du bar.

Lost New World.

Jamais encore il n'avait été aussi heureux de trouver une échoppe moldue. Surtout quand Remus était en train de sortir des ordures avec un des employés. Le loup-garou se détourna de la benne à ordure pour rentrer, et remarqua l'état de son ancien élève qui traînait la jambe pour le rejoindre.

- Appelle la patronne, on a une urgence médicale, demanda le secrétaire d'une voix pressante.

Le serveur ne demanda pas le pourquoi du comment et rentra vite dans le bar. Dans l'Underground, poser des questions revenait à mettre des vies en jeu.

Drago se laissa aller sur Remus quand celui-ci vint le soutenir.

- Lucius ? devina le secrétaire en le soutenant aisément pour le ramener vers le bar.

- J'ai… j'ai dit non… je… veux pas perdre… Hermione…

Et il s'effondra sans connaissance, telle une poupée de chiffon dans les bras de son ancien professeur.

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Marco était en train d'expliquer, avec démonstration à l'appui, à quel point Ace lui avait manqué. La belle brune appréciait énormément ce cours sur la reproduction humaine que son médecin favori lui offrait. Son homme avait toujours eu un talent indéniable pour ça. Et heureusement qu'il n'y avait plus qu'eux à l'appartement et que le Fidelitas rendait l'habitation insonore, parce que la pirate était certaine que son fiancé voulait que tout le quartier sache qu'il était un dieu au pieu.

Jusqu'à ce que le téléphone sonne.

Difficilement, la brune se dégagea des mains très baladeuses de son compagnon et roula dans le lit, pour essayer d'atteindre ses vêtements au pied de celui-ci.

Sauf que le blond avait une toute autre idée en tête, puisqu'il la reprit par les hanches pour la ramener vers lui.

- Marco… rit piteusement la brune. J'dois répondre, chéri…

- Tu es en vacances, Remus-san peut gérer, non, yoi ? Tu crois vraiment que je vais en rester à deux rounds ?

Il resserra sa prise sur le corps fin de sa future épouse et entreprit de lui dévorer la peau du cou sous ses baisers, glissant ses mains de plus en plus bas sous la ceinture. Ace roula des yeux en souriant et administra une claque sur le crâne de son compagnon.

- Promis, je pousse une gueulante si c'est pas important, mais donne-moi deux minutes.

Avec un grognement boudeur, le blond la relâcha pour s'asseoir sous le drap. Ace sortit son téléphone au bout de deux doigts grâce à l'antenne et s'assit au bord du lit en décrochant.

- Qui que ce soit au bout du fil, si ce n'est pas urgent, j'vous vire, annonça-t-elle.

Marco ne pouvait la voir que de dos, mais il la connaissait suffisamment pour savoir que quand elle se baissa, ce n'était pas pour se gratter le pied. Il s'agissait plus de se rhabiller fissa. Il alla la rejoindre de son côté du lit pour récupérer ses vêtements et commencer à les remettre, la regardant s'habiller un peu difficilement en gardant le téléphone contre l'épaule.

- Très bien, j'arrive avec un nouveau médecin, conclut-elle.

Elle raccrocha et enfila haut de bikini et chemise. Elle retira de son poignet son élastique pour se faire un vague chignon en se dirigeant vers la porte. Marco allait la suivre quand son regard tomba sur deux tâches de sang distinctes dans les draps poisseux.

- Bébé, ça va ?

Ace se retourna avec perplexité, suivit son regard et roula des yeux.

- Ce sera pas la première fois que ma régénération automatique pose des difficultés, on gèrera plus tard. Dépêche-toi, tu as un patient.

Marco termina de nouer sa ceinture en la suivant dans le couloir, dévalant les marches jusqu'à l'entrée, croisant Dobby qui revenait de courses.

- Il y a une urgence au bar, lui dit Ace en enfilant ses chaussures. T'occupe pas de ma chambre, je vais m'en charger en rentrant.

L'elfe de maison regarda Marco, puis sa patronne et haussa des épaules en comprenant pourquoi on lui demandait de pas s'occuper de la chambre.

- Dobby est joignable s'il le faut, assura-t-il.

- Merci, yoi, lui dit le blond en refermant ses spartiates.

Et le couple quitta l'appartement en coup de vent. Ils ne s'embarrassèrent pas de l'escalier, sautant directement du dernier palier, jusqu'au rez-de-chaussée, faisant peur à une vieille femme qui venait d'emménager, une certaine Mrs Figg. Elle les regarda passer en courant alors qu'Ace appelait Thatch pour tomber sur sa messagerie.

- Ramènes fissa ton cul au bar quand tu as ce message ! lui dit-elle avant de raccrocher.

- Essaye Harry, lui recommanda Marco. Ou la petite Hermione, yoi. Ils voulaient aller au ciné avec elle, non ?

Faisant une frayeur innommable aux automobilistes, ils sautèrent par-dessus les voitures en marche sans même les regarder. Ace essaya son fils et eut une réponse :

« J'suis sorti de la salle pour répondre. On est au ciné avec Hermione, pas de quoi te faire des cheveux blancs, » lui dit son fils en fermant une porte derrière lui d'après le bruit.

- Il y a une urgence au bar. Embarquez Hermione et ramenez-vous rapidement.

« On arrive. »

Et il raccrocha.

Juin n'était pas encore fini, mais le mois avait décidé d'être pourri jusqu'au bout. Et dire que la petite miss ne devait reprendre le travail qu'après la sortie en mer de la semaine prochaine, ça allait lui faire drôle.

Avec l'expérience de nombreuses courses poursuites, le duo se faufilaient facilement dans la foule des gens qui rentraient chez eux après le travail dans l'espoir de se mettre au frais. Tout le monde se poussait et se bousculait en criant et les injuriant, afin de ne pas se faire percuter par les deux commandants qui courraient de toutes leurs jambes, traversant les routes sans le moindre scrupule et sautant par-dessus le moindre obstacle qui aurait pu les ralentir.

Enfin, ils arrivèrent devant le bar et y entrèrent en coup de vent, faisant tourner la tête aux clients curieux et inquiets.

Seb, au comptoir, se contenta de montrer la porte menant à la zone du personnelle d'un geste du pouce. Prenant le poignet de son amant en main, Ace louvoya entre les clients qui lui firent de la place sans discuter. Si la patronne était aussi pressée, ce n'était pas bon de vouloir la ralentir. Sauf si on avait un désir de mort. Le couple monta rapidement l'escalier pour voir que le bureau était entrouvert. En se précipitant à l'intérieur, ils virent Remus qui jetait des sorts de premiers soins à un Drago salement amoché, allongé et inconscient sur la causeuse.

- Trousse à pharmacie. Je prends la suite, yoi, annonça d'emblée Marco en marchant à grand pas vers l'adolescent inconscient en remontant ses manches.

Ace fila dans le vestiaire le plus proche et revint avec une grosse valise de plastique rouge qu'elle jeta à son amant. Marco rattrapa l'objet au vol et l'ouvrit sur la table basse pour se mettre au travail, prenant la place du loup-garou qui recula d'office.

- J'ai trouvé Drago dans la rue alors que je sortais les poubelles avec Jonas, expliqua Remus en se frottant le crâne avec inquiétude pendant que Marco chaussait ses lunettes. Il boitait et laissait une traînée de sang derrière lui. Samuel a nettoyé le chemin pendant que je le remontais ici.

- Il a dit qui l'a mis dans cet état ? s'enquit Ace en se mordant le pouce.

- Je pense que c'est son père, mais il ne l'a pas confirmé.

Craac.

La bouteille de désinfectant explosa dans les mains de Marco, répandant du produit partout par terre.

- Je vais avoir besoin d'une autre bouteille de désinfectant, annonça le médecin avec une voix froide. Ou de l'alcool très fort. Du soixante-dix ou plus.

- Je vais chercher une bouteille de Poteen, annonça Remus.

- Bonne idée, cet alcool est tellement fort qu'il s'en réveillera, marmonna le médecin.

Et Remus sortit de la pièce.

- Baisse ta température, tu fais réagir le désinfectant, demanda le blond sans regarder sa compagne.

Ace allait lui répondre quand la porte s'ouvrit sur Harry, Hermione et Thatch.

- DRAGO ! s'exclama Hermione avec horreur.

Thatch la rattrapa avant qu'elle ne se précipite sur son ami.

- Comment est-ce arrivé ? demanda Harry en essayant de contrôler la peur et la colère qui le prenait à la gorge.

- Remus l'a trouvé dehors, expliqua Ace.

Le loup-garou en question revint avec la bouteille d'alcool qu'il déposa à côté de Marco qui la déboucha avec les dents avant de se laver les mains avec et d'imbiber un coton pour revenir au garçon. Pendant ce temps, le loup-garou jeta un sort de nettoyage sur l'alcool et le désinfectant par terre, laissant le linot de nouveau propre.

- Drago avait ce sac avec lui, il a dû fuguer de chez lui, termina Remus en montrant du pouce le sac de cours du blond sur le bureau de la patronne.

- Il a de la chance. Pas d'hémorragie interne, yoi, annonça Marco en désinfectant une longue balafre sur les côtes du blond qui eut un simple frémissement. Malgré les blessures sur sa poitrine, il n'a aucune côte cassée. Il a un genou et une épaule déboîtée, et une perforation du muscle du mollet que je peux réduire. De ce que j'ai vu de la tête, outre des coupures et un œil au beurre noir, il ne doit pas avoir de traumatisme particulier. Je pense qu'il a déjà reçu des soins… autre que ceux de Remus-san, j'entends, yoi.

- Alors pourquoi il est inconscient ? demanda Hermione.

- Je lui ai retiré ses chaussures et elles étaient gorgées de sang, lui dit l'ancien professeur. Il a dû s'évanouir à cause de ça.

- Les blessures sont peut-être externes, mais elles n'en sont pas moins graves pour autant. La personne qui lui a fait ça a agi dans un accès de rage, yoi, continua le blond en déchirant un peu plus une patte du pantalon de Drago pour avoir un meilleur accès à ses blessures.

- Mais vous êtes qui au juste ? s'enquit la demoiselle en fronçant des sourcils, n'ayant jamais vu Marco sous forme humaine.

- Le meilleur médecin du monde, lui dit Thatch avec fierté.

Le nouveau capitaine reposa la bouteille d'alcool derrière lui avec agacement, braquant deux yeux d'or pur, si semblables à ceux des rapaces, sur son frère.

- Si j'étais le meilleur médecin du monde, j'aurais sauvé mon petit-frère alors qu'il se vidait de son sang sur le sol de sa cabine pendant que je m'envoyais en l'air dans la chambre d'à côté ! Si j'avais été le meilleur du monde, j'aurais sauvé l'amour de ma vie quand un putain de pilier de magma lui a transpercé la poitrine... !

- Marco, calme-toi, tu as un patient, appela Ace.

- Si j'avais été le meilleur médecin du monde, j'aurais pas eu à enterrer Oyaji et lancer tout le monde dans une stupide attaque suicide contre Teach !

- Je peux aider ? intervint Harry pour couper court à la colère.

- Viens ici, je vais avoir besoin que tu lui tiennes la jambe pendant que je m'occupe du genou et du bandage, yoi. T'as l'estomac bien accroché ?

- Du moment qu'il se met pas à sentir le cochon grillé, ça me va.

Harry vint mettre un genou sur les coussins, tenant la jambe de son ami en évitant la plaie sur le mollet.

- Qu'est-ce que… qu'est-ce que vous faîtes ? souffla la demoiselle avec inquiétude.

- Tu connais le principe des médecins de terrain ? Des infirmiers militaires ? demanda Ace à la demoiselle en s'appuyant contre le côté de son bureau pour regarder les deux hommes de sa vie au travail.

- Oui, et bien ?

- Tu peux voir Marco comme ce genre d'homme…

Dans un claquement écœurant, le genou du Serpentard fut remis en place, avant d'être soigneusement bandé. Vinrent ensuite les plumes bleutées qui illuminèrent d'une lueur froide la blancheur aseptisée du bandage.

- Mais à la différence des bouchers des champs de bataille, il a un don pour la médecine qui se traduit par la régénération. Tu pourrais lui tirer une balle dans la tête qu'il se relèverait immédiatement, intact. Ce don est moins efficace sur les autres, mais ça aide beaucoup, Pomfresh elle-même l'a vue avec la blessure cicatrisée de Harry.

- C'est l'oiseau de l'autre soir ? Un animagus ?

- C'est plus compliqué que ça, grimaça Thatch

Remus regarda l'alpha en levant un sourcil, étant lui aussi parti de l'idée que le blond était un animagus. La jambe de Drago fut reposée et les plumes passèrent sur toutes les blessures, s'attardant sur les plus graves, laissant une peau rose tout juste cicatrisée derrière, et allant jusqu'à soigner l'œil poché. La partie gauche de son visage était parcourue par des cicatrices rosées qui se rassemblaient sous l'oreille du blond à présent. Pour la plaie de la jambe, il ne put la soigner que partiellement avant de devoir y mettre quelques points de sutures qu'il protégea dans un autre bandage.

- Ace, tu te souviens de ce qu'il faut pour préparer une transfusion, yoi ?

La femme se dégagea du bureau et alla prendre le nécessaire dans le matériel de premier secours pendant que Marco demandait à Harry de tenir son camarade en position assise pour lui remettre en place l'épaule.

- Avec ou sans kairoseki ? demanda Ace alors que Drago était étendu de nouveau sur les coussins.

- Sans, il a besoin de tout, se contenta de répondre le blond.

Il désinfecta une veine de l'adolescent, la massant ensuite d'un pouce bleuté pendant un instant, avant de s'asseoir en face sur la table basse.

- Je vais te chercher de quoi manger, vieux frère, annonça Thatch.

Et il quitta le bureau alors que le blond s'enfonçait le nécessaire à transfusion dans une veine. Il aspira l'air jusqu'à attirer son sang dans le tuyau, avant de le relier à l'aiguille dans le bras de Drago, permettant au liquide carmin de rejoindre les veines de l'adolescent.

- Il va se réveiller ? demanda Hermione en triturant nerveusement l'ourlet de son tee-shirt.

- T'es à chaque fois comme ça, quand je finis à l'infirmerie ? s'enquit Harry. Ou c'est parce qu'il est question de Drago que tu te fais du mouron ?

- Tu veux qu'on parle de Luna qui fait une crise d'hystérie à chaque fois que tu te fais la moindre coupure, Portgas ? rétorqua la demoiselle avec indignation.

Ace embrassa son compagnon sur la joue et se leva pour passer derrière Hermione et la prendre par les épaules pour la rassurer.

- Tout va bien se passer. Drago est jeune, en bonne santé et avec la magie de son côté. Il devrait pas tarder à reprendre connaissance. Marco est un faiseur de miracle.

- Si tu veux un rendez-vous avec Ivankov, adresse-toi à Dragon, pas à moi, yoi, répondit Marco d'une voix laconique.

- Connard.

- J'ai un patient.

Hermione et Remus regardèrent Harry qui était secoué d'un rire silencieux alors qu'Ace se mettait à ronchonner dans son coin. Puis, Marco siffla, leur disant que le blessé reprenait connaissance. Harry alla rejoindre son ami qui s'agitait doucement et qui finit par ouvrir les yeux, pour tomber sur l'expression indéchiffrable de son médecin.

Le jeune sorcier cligna des paupières et fronça les sourcils.

- J'vois pas pourquoi Hermione fait tout ce foin sur ce soi-disant Paradis et les anges qui l'habitent, quand on vous voit.

Marco renversa sa tête en arrière pour rire à gorge déployée, alors que Harry se penchait par-dessus son ami, apparaissant à l'envers pour le Serpentard.

- Tu sais faire tes premières impressions, le Tsundere.

- Baisse d'un ton Portgas, j'ai un troupeau d'hippogriffes dans le crâne, grogna le blond en voulant se pincer le nez.

- Bouge pas ce bras, la transfusion ne fait pas huit mètres, yoi, lui déconseilla Marco en lui attrapant le poignet.

Drago se redressa brusquement devant l'inconnu, avant de gémir quand sa tête commença à lui tourner.

- Hey, du calme, Drago. Marco t'a rafistolé mais je pense pas qu'il soit conseillé de bouger durant une transfusion sanguine, rassura Harry en posant ses mains sur les épaules de son ami.

- Vas-y doucement. Il a besoin d'être rassuré et rallongé pour que la transfusion puisse se finir, souffla Ace à Hermione.

La lionne hocha la tête et alla rejoindre le Serpentard en panique, aidant les efforts de Harry pour l'apaiser et le rallonger.

- Tu es en sécurité, ici, peu importe ce qui t'a fait du mal, on ne pourra pas te toucher ici, rassura la demoiselle en lui prenant son bras relié à la transfusion pour s'assurer qu'il ne le bougerait pas. Tu as perdu du sang, alors, il te donne le sien pour compenser.

Elle se tourna vers Marco pour une confirmation :

- Votre don marche aussi par le sang, n'est-ce pas ? C'est pour ça que vous n'avez pas pris la peine de demander son groupe sanguin et qu'il a repris aussi vite connaissance.

Le sourire de Marco voulait clairement dire qu'elle avait deviné correctement et la jeune lionne ne put s'empêcher de rougir devant le compliment silencieux.

- Oi, bourreau des cœurs, évite de draguer les demoiselles qui sont encore sur les bancs de l'école quand ta fiancée est dans le coin, veux-tu ? demanda Ace toujours en arrière avec Remus.

- Bien sûr, bébé, lui répondit en souriant Marco.

- Vous avez toujours été comme ça, tous les deux ? se fit confirmer Remus.

- Noon… je me suis calmée. Au moindre désaccord ou à la moindre crise de jalousie, j'avais tendance à vouloir lui coller mon poing dans la figure, lui dit Ace.

- Tu t'es énormément calmée, je confirme, assura Marco.

Si ça, c'était calme, comment est-ce que c'était avant ? Horrible question…

- Tu peux répondre à des questions, Drago ? demanda Harry en s'asseyant sur la table basse à côté de Marco.

Le Serpentard laissa tomber son bras libre sur ses yeux.

- Gâche pas ta salive. J'ai fugué ce matin de chez moi. Père… enfin, mon ex-père, puisqu'il m'a renié, voulait que je vienne à une réunion de Voldemort ce soir, avec lui. Il… il voulait que je prenne la Marque des Ténèbres… je… je lui ai dit non. Il est entré dans une rage noire et il m'aurait tué sous sa baguette si mère n'était pas arrivé…

Un frisson parcourut l'échine de Drago.

- Il m'a jeté un Doloris… avoua-t-il d'une voix étranglée. Il a eu recours à ça quand son Impérium n'a pas marché…

Harry serra les poings alors que Hermione portait ses mains à sa bouche pour étouffer une exclamation d'horreur.

- A son propre fils ? Mais c'est immonde ! Comment peut-on tomber aussi bas pour infliger ça à sa propre chair ! rugit Remus avec fureur.

- Le sang ne change rien au comportement des gens inhumains, répondit froidement Marco en se grattant presque frénétiquement le dos de sa main de libre.

Ace l'empêcha de continuer en venant se coller à son dos pour l'enlacer par derrière en restant debout.

- Tu as réussi à fuir comment ? demanda doucement la femme.

- Mère a contacté le professeur Rogue, alors qu'il était en pleine mission pour le Seigneur des Ténèbres. Il m'a jeté des sorts pour stabiliser mon état, pendant que mère faisait diversion et m'a transplané pas loin d'ici, avant de retourner au manoir pour s'assurer que père ne passerait pas sa fureur sur mère.

Marco décrocha la transfusion de Drago et guérit la légère plaie avec ses flammes, avant de la retirer de son propre bras où toutes traces disparurent dans un embrasement.

- Tu le ramènes et je vais voir l'état de la mère, ou tu préfères y aller toi, Ace ? demanda le blond en rangeant ce qui pouvait être rangé et en mettant de ce côté devait être nettoyé.

Remus s'avança et lança un puissant sortilège nettoyant sur le matériel médical qui rejoignit le reste des affaires.

- Mes connaissances médicales sont basiques, au mieux, et je préfère ne pas débarquer à l'hôpital en devant expliquer l'état d'un garçon qui n'a pas de papiers, surtout avec mon passif. On pourrait se mettre à imaginer que je fais du trafic d'enfant, se justifia Ace. Et même si je sais plus ou moins où est l'hôpital sorcier, ils sont tellement cons qu'ils seraient capables de prévenir Lucius qui viendrait l'achever. Reste avec lui au cas où il nous sortirait une blessure du néant.

- Sans parler de la transfusion que vous venez de faire, renchérit Lupin. L'Alpha n'est pas encore de retour, ce n'est pas conseillé de partir dans une situation inconnue de ce genre, même si vous êtes un homme dur au mal.

- Je m'incline devant la logique, yoi. Je viens de te retrouver, ne vas pas mourir, on est d'accord ?

- J'ai plus de chance de faire peur à ce connard que lui de me faire mal, rassura Ace en l'embrassant chastement.

- J'confirme, glissa Harry. M'man lui a déjà envoyé son genou dans les bijoux de famille.

- Toujours mieux que de faire manger une table comme pour Lockhart, bougonna Hermione.

Tous les hommes de la pièce la regardèrent comme si elle était folle.

- Je préfèrerais mille fois finir manchot comme Lockhart plutôt que me prendre un coup sous la ceinture ! T'as une idée d'à quel point c'est douloureux !? s'indigna Harry.

- Et tu es la fille la plus brillante de l'école ? Cette fille est folle… tu es folle Granger… marmonna Drago en se pinçant le nez.

La demoiselle soupira profondément et regarda Ace.

- Existe-t-il un espoir que les femmes puissent un jour comprendre les hommes ?

- Tu t'adresses pas à la bonne personne, lui dit Ace avec une grimace alors que son fils toussota pour masquer son hilarité.

Il grimaça quand sa mère lui administra une bonne claque derrière le crâne.

- Chaton moqueur que tu es. Je décolle, je reviens vite.

- Vous allez faire comment ? Votre magie se limite au feu et notre réseau de cheminette personnel est protégé pour éviter des intrusions, marmonna Drago.

- Ton père s'est-il assuré de faire le nécessaire pour que Dobby ne puisse plus circuler chez vous ?

- Je pense qu'il l'a oublié, avoua le blond avec une grimace gênée.

- Tu as ta réponse.

- Besoin d'aide ? proposa Remus à sa patronne.

- Non, je vais m'en sortir.

Le loup-garou consulta sa montre.

- Je vais pouvoir assister à la réunion de l'Ordre de ce soir. Je salue ton parrain, Harry ?

- Dis-lui d'arrêter avec ses mystères dans ses lettres. S'il peut rien dire de concret, qu'il ne dise rien, tout simplement, parce qu'il commence à se comporter comme Dumbledore.

- Venant de toi, ce n'est pas flatteur. Bonne soirée, je vous tiens au courant.

Il s'en alla tranquillement.

- L'Ordre ? répéta Hermione.

- Dumbledore a choisi d'appeler son groupe de lutte contre Voldy L'Ordre du Phénix, à cause de Fumseck, répondit Ace. Remus a décidé seul de jouer les agents-doubles pour mon compte. Ça m'a surprise. Il a débarqué, comme ça, hier, avec un rapport de ce que manigance Dumbledore dans sa lutte. Des démarches utopiques sans fondement. Lips service comme vous dîtes, vous les anglais. M'enfin. Soyez sage et préviens ta mère, Hermione, que tu attends Thatch pour rentrer chez toi, d'accord ?

La lionne hocha la tête et Ace partit au petit trot hors du bureau, redescendant les marches et quittant le bar par la sortie de secours après un signe de la tête au barman. Elle referma la porte coupe-feu et s'assura qu'il n'y avait personne autour d'elle avant d'appeler Dobby.

L'elfe apparut à ses pieds avec le chapeau noir de sa patronne.

- Dobby était en train de nettoyer le chapeau de la Commandante, expliqua l'elfe en montrant la brosse dure qu'il avait dans son autre main.

- T'embête pas, je vais le mettre.

L'elfe fit disparaître la brosse et donna le vêtement à la pirate qui le tourna un long moment entre ses mains.

- J'ai un service à te demander, Dobby. Je comprendrais parfaitement que tu me dises non, donc, si ça ne t'enchante pas, ne te force pas, on est d'accord ?

- Dobby doit faire du mal à quelqu'un ? s'enquit l'elfe avec inquiétude.

- Non, pas du tout ! rassura la femme. Il s'agit de me faire entrer discrètement au manoir Malefoy. Il faut récupérer des affaires de Drago, sans compter que je dois rencontrer Narcissa. Jusqu'à ce qu'il soit capable de se débrouiller seul ou que son père soit hors de la photo, il restera avec nous.

- Le jeune monsieur Malefoy a eu des problèmes avec monsieur son père ? se fit confirmer le petit assistant.

- Oui. Il est dans le bar, Marco l'a soigné.

- Dobby va aider la Commandante ! annonça -t-il avec détermination.

- Merci beaucoup. T'es certain de pas vouloir la semaine prochaine entière de vacances ?

- Trois jours suffisent amplement à Dobby ! Sinon, Dobby va s'ennuyer.

- C'est très bizarre, mais ce sont ceux qui y ressemblent le moins qui se comportent comme des anges.

Alors que Dobby rougissait, on entendit Marco éternuer par la fenêtre ouverte du bureau. Ace se coiffa de son couvre-chef et Dobby lui prit sa main. L'instant d'après, ils n'étaient plus là.

.


.

Narcissa était seule dans un des petits salons intimes du manoir Malefoy, caressant son ventre rond, laissant libre court à sa peine. Elle n'arrivait pas à croire que son époux soit allé jusqu'à user du sortilège Doloris sur leur propre fils. Qu'il torture des moldus, des Sang-de-Bourdes ou des Cracmols pouvaient être vu comme normal de la part d'un individu aussi puissant politiquement parlant et avec un héritage de pureté pareille. Mais de là à torturer leur enfant leur propre enfant…

Drago avait agi stupidement en se liant à Harry Potter. C'est ce qu'elle s'était dit dans un premier temps. Mais il était revenu à la maison avec des réflexions plus aigües et sinueuses, mais surtout des idées pour asseoir un peu plus l'influence de leur famille. Puis, il y avait eu toute cette sordide affaire de dette et elle-même devait avouer qu'il était plus facile de refuser de rembourser une créature sans droit, comme un gobelin, plutôt qu'une femme telle que cette Portgas qui n'avait pas peur de venir marcher dans la gueule du loup et le brûler au passage, pour avoir ce qu'elle voulait.

Et enfin, il y avait eu les rumeurs qui avaient pointé les mensonges des idées de leur fils. Drago ne s'était pas lié avec le jeune Potter pour le pouvoir ou préserver la fortune de la famille. C'était une banale amitié, même pas une alliance d'intérêt. Lucius avait bien assez de camarades Mangemorts ayant eux aussi des enfants à Poudlard, pour être mis au courant de la vérité. Il avait voulu que cela cesse et avait eu quelques mots durs avec son fils. Pour la première fois, Drago avait cessé de se comporter comme un parfait héritier sang-pur pour répondre mot pour maux à son père. Pour y remédier, Lucius avait voulu l'envoyer à Durmstrang. Après tout, Karkaroff était un ancien camarade. Mais la fuite de l'homme à la fin du Tournoi des Trois Sorciers avait tué l'idée dans l'œuf.

Le pire avait éclaté aujourd'hui, avec l'effrayante vérité.

Leur fils s'était entiché de cette Granger, sa camarade de classe d'ascendance moldue. Un moyen définitif d'entacher leur nom et leur lignée. Pourtant, il l'avait défendue de toutes ses forces devant son père, réduisant à néant le moindre argument d'une quelconque suprématie des Sangs-Purs.

Narcissa regarda son enfant à venir avec tristesse.

Lucius avait dû se douter que ça finirait ainsi, sinon, il ne lui aurait pas ordonné de lui donner un nouvel héritier. Elle n'était qu'une épouse, elle devait faire son devoir. Mais, malgré les choix de son fils, elle ne pouvait s'empêcher de sentir son cœur saigner devant le traitement qu'il avait reçu et l'incertitude de son état après ces si longues heures de silence.

Toc toc.

La blonde sursauta et remarqua cette femme, cette Portgas, sur le seuil de la porte de son salon. Comment est-elle entrée ici ?

- Vous ! Tout ça c'est de votre faute ! Comment osez-vous venir chez nous après tout ce que vous avez fait ! s'indigna Narcissa.

- Vous allez bien ?

La blonde allait continuer de la haranguer quand la question remonta à son cerveau.

- Vous… vous me demandez comme je vais… vous osez me demander comment je vais ?!

Ace soupira et alla rejoindre Narcissa qui s'était levée dans sa colère. Avec deux doigts, elle poussa la femme enceinte pour la forcer à se rasseoir.

- Drago est chez moi. Il va bien, il a reçu des soins. Il se repose, il a perdu beaucoup de sang durant la journée.

Un sanglot étranglé de soulagement quitta difficilement la gorge de la femme qui essuya son début de larmes avec l'élégance d'une dame de bonne éducation. Ace s'accroupit devant elle, la regardant dans les yeux.

- Votre mari a levé la main sur vous ?

- Je suis une bonne épouse, il n'a aucune raison de le faire, lui répondit la femme avec un regard froid et une attitude hautaine en dépit de ses larmes.

- S'il dépasse les bornes, ne restez pas là. Pour le bébé que vous portez et pour Drago. Il se fait du souci pour vous, même s'il ne l'avouera pas. Alors, faîtes attention à vous et à votre fille à venir.

- Comment pouvez-vous dire que je porte une fille ?

- C'est un secret. Ce que je vais faire, à présent, c'est profiter de l'absence de votre époux pour récupérer les affaires de Drago. Vous pouvez m'indiquer sa chambre, que je ne doive pas fouiller partout ? Plus vite j'aurais pris ses bagages, plus vite je partirais.

- Qu'allez-vous faire de mon enfant ?

- Lui permettre de vivre sans avoir à craindre votre mari. Le laisser s'épanouir et découvrir le monde dans son ensemble. Il ne manquera de rien, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.

Narcissa baissa la tête en se mordant les lèvres pour ne pas pleurer. Difficilement, elle indiqua où trouver la chambre de son fils et Ace s'en alla, laissant la femme derrière elle. Si cette nana ne voulait pas se sauver d'elle-même, c'était son souci. Elle n'avait pas l'intention de se battre pour quelqu'un qui tenait trop aux apparences et à la réputation pour vouloir préserver sa vie et celle de son enfant.

Ace se retourna un instant vers la pièce qu'elle avait quittée.

Elle devrait peut-être envoyer un message à Rogue, qu'il garde Lucius à l'œil, afin de ne pas mettre Narcissa et sa fille en danger. Pour Drago, elle pouvait bien faire ça au minimum.