Bonne année, bonne santé. On commence la nouvelle année avec un nouveau chapitre. Et je vous remercie encore et toujours d'être au rendez-vous encore une fois pour cette fic, ça me va droit au cœur.

La logique de la série dit qu'on doit attaquer le club de défense, alors, attaquons-le.

Portgasyuwine : Oui, c'est adorable, mais les choses ne sont pas si simple. Oui, Harry a toujours voulu avoir un père, mais Marco reste encore un inconnu alors, peut-on vraiment dire que ça y est, c'est fait ?/ Exact, on s'en fiche du nom de Gamabrage. / Tu auras ta réponse pour Tonks et Thatch dans ce chapitre, tu verras.

Mimi76lh : Ah bah ça me rassure ça de savoir qu'elle seera toujours autant apprécier. / On verra ce que ça donne les cours de défenses vu par cette fiction.

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Pendant deux semaines, Hermione ne parla plus de son idée d'organiser des leçons de défense contre les forces du Mal avec Harry comme professeur. Mais cela ne changea pas le fait qu'il se renseigna auprès de Drago qui lui confirma que oui, il avait bien eu une conversation de ce genre avec Hermione, et que, autant l'un que l'autre, avaient des choses à apporter pour permettre à leurs camarades de survivre à cette guerre.

Mais il restait incertain.

Le samedi qui suivit, Harry s'isola dans la salle commune avec un stylo et une feuille. Il savait ce qu'il voulait faire, mais pas comment s'y mettre. Le regard perdu sur sa page blanche, avachi dans son fauteuil, il jouait d'un air absent avec l'alliance de Lily.

Il soupira, leva sa main pour écrire, mais le mot nécessaire pour commencer sa lettre ne sortit pas.

Non.

C'était encore trop tôt, il n'y arrivait pas à s'adresser encore volontairement à lui en l'appelant « papa ». Renonçant à cela, il se mit à la rédaction de sa lettre, espérant que ça ne soit pas trop bizarre pour celui qui la recevrait, observant les kana qui coulaient de son stylo.

Marco,

Je suis désolé de te déranger, tu dois avoir déjà bien assez de choses à faire en tant que médecin, sans parler de maman qui est… enfin, tu sais autant que moi qu'elle est pas le genre de femme qui aime rester le cul assis sur une chaise.

Si je t'envoie cette lettre, c'est parce que j'ai besoin de conseils. Je pourrais m'adresser à tonton, mais il a assez de soucis comme ça, j'ai pas envie que ça lui retombe sur le dos. En parler à Izou et Haruta nécessiterait que je reste presque deux bonnes heures devant un tableau à leur faire la causette, pas ce qu'il y a de plus discret, sans compter que j'ai besoin de quelqu'un de logique et rationnel pour me dire si je fais le bon choix ou pas.

Mardi soir de la semaine dernière, Hermione a émis l'idée de faire nous-mêmes nos cours pratiques en Défense Contre les Forces du Mal. Rien de mal, jusque-là, sauf qu'elle veut que Drago et moi soyons ceux qui organisent et donnent les cours, et j'ai pas l'impression qu'elle ne vise qu'une poignée d'élèves comme ceux avec qui on fait nos devoirs.

Je ne sais pas trop quoi penser. Je pense pas en savoir plus qu'elle en matière de défenses, sans parler que si j'accepte, les ennuis, je fonce droit dedans. L'idée me semble absurde, mais de l'autre, elle me séduit. J'ai eu une conversation avec Drago sur comment se battre contre des sorciers assez instructifs, avec lui qui expliquait les sorts que pourraient utiliser les Mangemorts et qu'il avait vu Lucius faire usage, et de l'autre, moi qui songeais à comment s'en défendre. Je ne sais vraiment pas quoi faire, j'ai besoin de tes lumières, si tu veux bien. Si tu me dis « ne le fais pas », je dirais à Hermione de jeter son idée aux ordures et on n'en parlera plus.

J'espère avoir vite ton opinion. Embrasse maman pour moi.

Affectueusement,

Harry.

Il regarda un instant sa lettre, avant de rajouter son post-scriptum avec un sourire aigre :

P.S. Sinon, cette petite sœur, elle arrive quand ? Ça manque de filles dans les environs.

Il plia avec soin la lettre et prit une autre feuille blanche pour en faire une enveloppe dans laquelle il glissa son message. Il se leva de son fauteuil, réunissant ses affaires dans son sac et quitta la salle commune sans un mot pour Haruta qui était de garde dans le tableau. Il arpenta les couloirs jusqu'à arriver au bureau de son oncle juste à l'instant où il en sortait.

- Kabu ?

- /Tu descends au village ces jours-ci ?/

- /J'ai rendez-vous avec Tonks ce soir, Rosemerta nous a réservé une salle/

-/Vous vous reparlez ?/

-/Disons plutôt qu'elle m'a demandé une rencontre pour mettre les choses à plat et que la suite en dépendra./

- /Profites-en pour lui dire que tu es toujours amoureux d'elle !/

Thatch adressa un regard noir à son neveu.

- /Pourquoi tu voulais savoir si je descendais au village ?/

- /Tu peux faire partir cette lettre pour la maison, s'il te plaît ? Le sujet est sensible, je préfère pas la faire partir du château et vu que Dobby est déjà bien occupé à aider ici pour se permettre un épuisant aller-retour Londres.../

- /Qu'est-ce que tu souhaites donc dire à ta mère pour prendre autant de précautions… /

- /C'est pas pour elle, c'est pour sensei/.

Thatch se contenta de lever un sourcil, un petit sourire sur les lèvres, mais ne fit aucun commentaire. Il prit la lettre que lui donna son neveu. Il lui souhaita une bonne soirée et s'en alla. Il était très tenté de savoir ce que son Kabu voulait raconter de si confidentiel au Phénix. C'était intéressant. Très intéressant.

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Tonks se regarda un instant dans le reflet de la vitre, nerveuse, tirant sur ses mèches longues d'un brun roux délavé. Elle inspira profondément, arrangeant sa tenue pour masquer autant que possible son ventre qui commençait à s'arrondir, raison pour laquelle elle avait opté pour des vêtements larges et amples pour ce rendez-vous. S'armant de courage, elle entra finalement dans le pub et se glissa entre les clients en essayant de ne causer aucun accident. Heureusement, il y avait peu de monde ce soir-là, elle ne trébucha que deux fois. Parvenue au bar, Rosemerta eut pitié d'elle et l'escorta jusqu'à la salle privée avec un sourire entendu et un clin d'œil.

- Vas-y ma beauté, mets-le à genou ! T'es ravissante ! Il en perdra sa langue l'Alpha !

Tonks regarda la barmaid retourner à ses clients, ne sachant que dire, avant de finalement entrer. Elle manqua de faire un arrêt cardiaque quand elle entendit parler juste à l'instant où elle passait la porte :

- Rosemerta a raison, tu es magnifique ce soir. Je peux flatter mon égo en me disant que c'est pour moi que tu t'es habillée comme ça ?

Thatch était déjà dans le salon privé, assis à la table installée à côté d'une fenêtre qui laissait voir la nuit tombante.

- C'est toi qui as choisi la décoration ? Je peux flatter mon égo en disant que tu as fait l'effort pour être romantique pour moi ? lui répondit Tonks.

Quelques chandelles flottaient en effet au-dessus de la table qui avait une jolie petite nappe et un petit bouquet de roses rouges dans un vase.

- Non, ça, c'est Rosemerta qui l'a décidée seule. Le vieux loup que je suis ne sera pas refait demain.

- Ravi de voir que tu ne changes pas, sourit la femme en allant s'asseoir.

Elle s'arrangea à la table et manqua de faire tomber le vase que les réflexes fulgurants du loup rattrapèrent.

- Désolée.

- Tu es comme ça, ça fait ton charme

- Mon charme, mon charme, c'est vite dit, il a pas été assez efficace pour te retenir.

Elle cligna des yeux quand un bouquet de coquelicot apparut sous son nez, la surprenant.

- J'ai parlé sans réfléchir ce soir-là, parce qu'il était question d'un homme qui n'a pas de très bonnes intentions envers mon neveu, et comme toujours lorsque ça touche ma famille, je me braque très facilement. J'ai préféré partir que d'être violent avec toi, chose que je ne me serais pas pardonné.

Tonks sourit et prit le bouquet de fleurs, touchant doucement les pétales.

- Tu n'es peut-être pas romantique, mais tu n'as pas oublié mon affection pour ces fleurs, souffla-t-elle. Merci. Mangeons.

Sur ces mots, un petit dîner apparut sur la table. Elle se pencha pour poser le bouquet sur le rebord de la fenêtre, avant de se tourner vers le repas.

- C'est bizarre de te voir avec des cheveux courts, dit-elle pour lancer la conversation pendant qu'elle coupait ses patates.

- Ace s'est particulièrement amusée à mettre un bon coup de ciseau dans ma pauvre pompadour, mais je l'ai cherchée. La couleur que tu as choisie est originale, mais tu m'as habitué à plus flashy. Chose qui m'a toujours attiré, d'ailleurs.

Le rose qui gagna les joues de Tonks attaqua aussi ses cheveux, tirant un sourire satisfait du loup-garou

- Tu trouves ça amusant de m'embarrasser pour des conneries ?

- J'ai toujours adoré faire rougir les jolies femmes, lui dit Thatch en sirotant son verre de vin avec un sourire fier et amusé. Si tu réagis, c'est que tu es une femme magnifique, c'est tout.

- Combien de fois tu t'es attiré des ennuis avec des filles en parlant ainsi ?

Voyant que l'homme se mettait effectivement à compter sur ses doigts, elle soupira et lui dit de laisser tomber.

- Maintenant qu'on a passé les préliminaires avec des conneries, si on entrait dans le vif du sujet ? demanda le loup en reposant son verre pour s'attaquer à sa viande.

Tonks reposa ses couverts à côté de son assiette à peine entamé et essuya nerveusement sa bouche. Thatch n'avait fait aucune mention de sa grossesse, les Portgas avaient l'air d'avoir gardé le silence. Devait-elle lui dire pour qu'il assume et revienne avec elle ? Non, il ne ferait le choix que pour l'enfant et non pour elle, et ils ne retrouveraient jamais leur idylle.

- Si c'est une nouvelle méthode de recrutement, tu aurais pu économiser des gallions, ma réponse est toujours la même, lui dit Thatch pour briser le silence. A moins que tu aies quelque chose d'important à me dire, je ne vois pas la raison de cette rencontre. Je ne m'excuserai pas, ma famille a toujours été ma priorité, et dire pardon serait cracher sur ça.

Tonks secoua la tête.

- C'est à moi de demander pardon. J'ai été naïve, dit-elle tout bas. Je viens d'arriver dans l'Ordre, avec une seule idée en tête, m'assurer que l'horreur et la peur que j'ai connue quand j'étais enfant ne se reproduisent pas. Dumbledore était un héros, un personnage admiré, le seul qui ait réussi à garder le Seigneur des Ténèbres au large. Celui qui a vaincu Grindelwald. Je voulais l'aider, prouver qu'en dépit de mon jeune âge, de mon inexpérience, je pouvais être utile dans cette guerre qui se prépare. Quand il m'a dit que nous avions besoin de ton aide pour s'assurer que les loups-garous ne se rallient pas à Tu-Sais-Qui, je me suis dit que c'était une occasion idéale de lui montrer qu'il pouvait me faire confiance…

Ses mains se serrèrent en songeant à ce qu'elle avait voulu dire ce soir-là et qu'elle n'avait toujours pas pu lui annoncer.

- Mais voilà, j'ai justement oublié qu'avant d'être le second Alpha des Îles Britanniques, tu es un homme avant tout. Et surtout, le genre d'homme que tu es. J'aurais dû me rappeler que si toi et les Portgas, vous faisiez au mieux pour garder votre lien secret, surtout de Dumbledore, c'est pour une raison. J'aurais dû me rappeler du nombre de fois où ta sœur a craché son nom comme s'il était la cause de tous ses soucis…

Elle ferma les yeux pour ne pas lui laisser voir qu'elle avait envie de pleurer.

- J'ai oublié tout cela, pour me concentrer seulement sur cette mission. J'ai insisté, alors que tu avais clairement dit que tu ne voulais pas. C'était stupide de ma part, et je t'ai perdu ce soir-là.

Elle se rappelait du déchirement qu'elle avait ressenti quand son amant était sorti du lit pour se rhabiller, lui disant de ne pas s'embêter pour le raccompagner. Sa façon de lui tourner le dos, de refuser de la regarder, comme si elle appartenait déjà au passé. Elle se rappelait de ses larmes quand il l'avait remerciée de lui avoir prouvé qu'il pouvait encore aimer une femme, avant de partir. Il ne l'avait pas dit que c'était fini, mais elle l'avait compris. Le message avait été limpide après tout.

Elle avait passé le reste de la nuit à sangloter dans le lit étrangement froid où l'odeur de l'homme qu'elle aimait était resté incrusté dans ses draps des jours durant. Ses rêves de mariage et de famille avaient été brisés.

- Dora.

La femme reprit de son mieux sa contenance et regarda l'homme face à elle qui avait lui aussi posé ses couverts, les bras croisés sur le bord de la table.

- Si j'étais un homme raisonnable et logique, je te dirais que c'est pour le mieux qu'on ne soit plus ensemble. Tu ne sais que la surface. Je ne suis pas quelqu'un de bien. Aucune femme saine d'esprit serait fière de dire qu'elle est ma mère, ma sœur ou mon épouse.

- Tu sous-entend qu'Ace n'est donc pas saine d'esprit ?

Thatch eut un bref éclat de rire à ça.

- Tu l'as pas vu dans ses meilleures années, avant qu'elle n'adopte Harry. On parle d'une femme qui m'a assommé dans le seul but de me rhabiller en vahiné devant toute notre famille adoptive. Mais ce n'est pas là où je veux en venir, Dora.

Il tendit une main à la femme qui y déposa la sienne, la retrouvant vite emprisonnée entre les doigts calleux du roux.

- Je suis un homme égoïste, et je te veux auprès de moi, et pas seulement pour notre bébé. Oui, je suis au courant, je l'ai deviné, il n'y a pas huit milles raisons pour que ma famille me pousse à reprendre contact avec toi.

Du pouce, il lui caressa doucement les doigts.

- Je vais être franc avec toi, Dora. Parce que je t'aime et que je veux pas que tu te fasses d'illusion. Je suis un homme recherché mort ou vif.

Il la sentit se raidir dans sa main, mais elle ne fit aucun geste pour qu'il la lâche.

- Je suis un pirate. Tu peux le dire à Dumbledore, j'en ai rien à carrer. J'ai connu l'enfer de l'esclavage et la liberté de la piraterie. J'ai préféré une vie à prendre ce que je veux, plutôt que me plier à des lois qui disent que je n'avais aucun droit à cause d'une stupide marque au fer rouge, qu'on a effacé par le feu, dans mon dos. Je vais partir. On a trouvé un moyen de rentrer, ce qu'il nous manque, c'est du temps pour mettre en place tout ça. Je te laisse le choix, et si tu décides de ne pas me suivre, je ne t'en tiendrais pas rigueur.

Il essayait d'ignorer les odeurs de stupéfaction et de crainte qui venaient de la femme en face de lui, préférant se concentrer sur les yeux noisette devant lui.

- Je peux me ranger, avec une petite maison pour toi et notre enfant, mais si on vient me dire « Commandant, on a besoin de toi », je reprendrais mes épées, n'en doute pas un instant, parce qu'il s'agira de me battre pour ceux qui ont fait de moi l'homme que je suis. Pour ma famille. Ceux qui m'ont accepté malgré tout, quand le monde m'a vendu comme du bétail. Je ne pourrais pas changer, et je ne te demande pas de changer. Mais tu es en droit de savoir.

Il posa délicatement la main de la jeune femme sur la table, sans jamais la lâcher.

- Tu as le mérite d'être direct et honnête, lui dit Tonks.

Le pirate lui lâcha la main et se leva.

- Je te laisse réfléchir. J'ai été content de te revoir.

- Et le bébé ? Pas de belles paroles, ou quoique ce soit ?

- Si tu voulais un beau-parleur, je t'aurais bien présenté à mon frère aîné, mais Ace lui a déjà foutu le grappin dessus. Un enfant se fait à deux, il est normal qu'on soit à deux pour l'élever. Mais tu es celle qui portera cet enfant pendant neuf mois et le mettra au monde. En ça, tu as priorité sur le chapitre. Je serais heureux d'être parent, de pouvoir l'élever, mais si tu veux que je disparaisse de vos vies, je le ferais sans protester.

Il s'appuya sur le dossier de sa chaise avec ses mains légèrement tremblantes.

- T'es un salopard, lui dit Tonks.

- Je m'en cache pas. Tu mériterais quelqu'un de mieux aussi. Tu une Auror, un modèle de droiture et d'honnêteté pour les citoyens, quelqu'un en qui ils peuvent avoir confiance. La personne qui viendra à leur secours quand les salopards comme moi leur arracheront leurs bijoux. Donc… je m'en vais ou je me rassois ?

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La lettre avait brûlé tout au long de la journée dans la poche de pantalon du D., astucieusement glissée dans une boîte de bonbons venant de la maison pour passer la fouille possible du courrier. Et là, enfin tranquille, assis dans son lit, il était en possibilité de la lire.

Dès les premières lignes, il percevait presque la voix au ton calme et tranquille de Marco. Et la réponse le surprit. Oui, c'était une bonne idée de mettre en place des cours de défenses, aussi subversif que ça puisse être, mais il fallait agir intelligemment. S'ils étaient trop nombreux, ils attireraient l'attention, à moins d'une bonne couverture pour justifier les réunions. Sans parler qu'il fallait éviter des réunions régulières. Il était nécessaire de jongler avec les horaires et les jours pour attirer moins l'attention. Il faudrait aussi qu'ils apprennent en priorité les premiers soins. Parce qu'un entraînement en défense sérieux impliquerait des blessures. Minimes, certes, mais le risque était là.

« Le jeu en vaut la chandelle, d'après moi, » disait Marco dans la lettre. « Mais le tout est de savoir si toi et Drago, vu que vous serez les professeurs, vous êtes capables d'endosser la responsabilité. Cela peut vite dégénérer, il faudra faire preuve d'autorité, et surtout, bien leur faire comprendre que le but n'est pas de faire des conneries dans les couloirs, mais de se défendre. Vous avez une arme entre les mains avec ces baguettes magiques. Utilisez-la de façon responsable. Si l'un de vos élèves utilise ce que vous leur apprenez pour faire des conneries, la faute reviendra sur vous pour lui avoir mal appris. C'est à vous que revient la décision. Vous prenez la responsabilité jusqu'au bout ou vous préférez rester dans le rang autant que possible pour vous préserver ? N'oubliez pas que vous avez quinze ans, tout de même. Mais peu importe votre décision, je sais qu'elle sera mûrement réfléchie et je vous en féliciterai. Ne soyez simplement pas surpris si vous vous faites brûler, vous allez jouer avec le feu après tout. »

Harry replia la lettre sans avoir loupé le « on fait le nécessaire, je te passe les détails » en réponse à son post-scriptum. Il s'allongea sur son lit, réfléchissant à tout cela. Il n'était pas professeur, il était un adolescent, un étudiant comme un autre. Est-ce que préparer des jeunes de son âge pour qu'ils survivent à une guerre était son devoir ? Son rôle ? Non. Voulait-il le faire ? Oui, cette idée le séduisait plus qu'il n'avait envie de l'admettre. Pourquoi le ferait-il ?

Neville marmonna quelque chose dans son sommeil au sujet de sa grand-mère et d'un chapeau.

Le D. écarta son rideau pour regarder le baldaquin de son ami.

Il n'était pas question qu'il reste sans rien faire alors que ses amis pouvaient y passer, simplement parce qu'ils étaient amis.

Harry n'avait besoin que d'une dernière chose.

Le lendemain, sachant qu'il n'avait aucun cours en commun avec Drago, il dû avoir recours à la Carte du Maraudeur pour le croiser dans un couloir. Le vol à la tire marchait dans les deux sens, aussi bien pour prendre quelque chose que pour donner un objet à quelqu'un. Aussi, il glissa la lettre de Marco à son ami qui allait en sortilège, sans que ni celui-ci, ni personne d'autres, ne le remarque. Et au dîner Drago la lui rendit en venant exprès à sa table, le mettant au défi de venir manger à elle de Serpentard, alors que sous la table, le papier, bien froissé par les lectures, retourna à la possession de son destinataire d'origine.

- Manger à la table de Serpentard ? répéta Harry.

Il se retourna vers les vert et argent, pensif, avant de se lever.

- Chiche.

- Je ne suis pas assez folle pour vous suivre ! leur dit clairement Hermione. Bon appétit à vous, mais moi, je vais voir Luna à Serdaigle.

- Bon, eh bien, je vais aux nouvelles de mes bonnes copines Susan et Hannah, décida Neville.

Et il prit son assiette pour aller se faire une place entre les deux amies de Poufsouffle qui le regardèrent faire en riant.

Tranquillement, Harry suivit Drago jusqu'à la table de Serpentard et offrit un sourire radieux à une Daphné surprise.

- Tu nous fais quoi, là ? demanda-t-elle.

- Eh bien, je viens voir si c'est aussi dangereux que le dit Weasley de venir manger dans un nid de serpents.

- Tu cherches le bâton pour te faire battre, Drago, pointa Théodore face à Harry pour le coup.

- Je ne fais que rappeler une chose qui a été oubliée. Les quatre maisons étaient amies à leur fondation et des divergences d'opinions ont fait naître cette haine, rappela Drago en se servant à manger en ignorant le regard assassin de la majorité de la table. Tu en as vu beaucoup de Gryffondor qui auraient cherché à connaître qui tu es vraiment, sans se soucier de ta famille ou de la couleur de ton uniforme ?

- J'vois pas pourquoi vous faîtes tout un foin avec cette affaire, alors qu'on étudie déjà ensemble, commenta Harry. Je peux avoir le poivre, Zabini ?

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Enfin, le sujet des cours de défense fut à nouveau abordé à la fin de septembre, un soir où le vent hurlait en rafales déchaînées. Assis à une table de la bibliothèque, ils étaient quatre à étudier des ingrédients pour une potion de Rogue, pendant que Luna écrivait une dissertation pour son cours d'Histoire de la Magie.

- Je me demandais, tu as repensé au cours de défense contre les forces du Mal, Harry ? dit soudain Hermione

- Bien sûr, répondit Harry d'un air grognon. Difficile d'oublier avec cette harpie qu'on a comme prof…

- Je voulais dire, l'idée qu'on avait eue, Drago et moi.

- Tu l'as eue seule, tu n'as fait que me demander mon opinion et tenter de me forcer la main pour que j'aide Harry, parce que j'ai eu le malheur de dire en première année que je n'avais aucun scrupule à être sale, rectifia le blond avec un froncement de sourcils.

- Bon d'accord, l'idée que j'ai eue de vous demander de nous donner vous-même des leçons, accorda la demoiselle en roulant des yeux.

Harry ne répondit pas tout de suite. Il fit semblant de lire attentivement une page des Antivenins asiatiques pour ne pas avoir à dévoiler ce qu'il avait en tête.

Il avait longuement réfléchi au cours des quinze jours précédents. Il savait qu'il voulait le faire, mais il avait la frousse. Marco avait eu raison de lui pointer les responsabilités, quelque chose de pas forcément adapté à un étudiant de quinze ans.

- Ce n'est peut-être pas une bonne idée, pointa Neville. Vous abusez déjà pas mal du Retourneur de Temps, ça serait une charge peut-être trop lourde.

- Ce n'est pas ça le souci, Neville, lui dit Drago. Portgas a demandé au Saint Docteur son avis.

- Et ? demanda Hermione avec espoir.

- Il est d'accord avec l'idée, mais il ne faut pas oublier les risques. Je ne pense pas que ce soit ça qui effraie Harry, et ce n'est pas non plus ça qui me fout la frousse, avoua le Serpentard en posant sa plume pour passer une main dans ses cheveux.

Il tendit une main à Hermione qui y déposa la sienne et immédiatement, Drago la lui serra.

- On sera responsable de ce que feront les autres avec ce qu'on leur apprend. Si on s'y prend mal, on lâchera le chaos sur l'école, parce qu'ils penseront simplement que c'est un jeu, alors que ce n'est pas le cas, dit d'une voix sombre Harry. Si des cours sont organisés, chaque personne présente doit prendre conscience qu'on n'est pas ici pour rigoler, mais pour apprendre à se battre.

- Alors, dîtes-le nous, souffla Luna en collant son front à celui de son petit-ami. Dites-nous d'être responsable. Vous êtes doués pour ça. Je sais que vous ferez passer le message.

Les deux concernés regardèrent Neville. Leur ami avait un point de vue logique sur la chose.

- J'ai deux options, suivre Ombrage et finir aux côtés de mes parents à Sainte Mangouste. Ou apprendre à me battre, peu importe la méthode, pour sauver ma famille et mes amis. Le choix est vite fait, dit le jeune homme.

- Vous savez que si on est ici aujourd'hui, c'est parce qu'on a eu de la chance ? rappela Harry.

- Oui, Harry, répondit Hermione avec douceur. Mais ce n'est pas une raison pour prétendre que tu n'es pas doué pour la défense contre les forces du Mal, parce que tu as ce don, c'est incontestable. L'année dernière, tu as été la seule personne à pouvoir résister complètement au sortilège de l'Imperium du premier coup. Tu es capable de produire un Patronus, tu sais faire toutes sortes de choses dont même des sorciers d'âge mûr sont incapables.

- Il sait faire un Patronus, pointa Harry en montrant Drago.

- Et je résiste aussi à l'Impérium, je l'ai découvert quand père a essayé de l'utiliser pour me forcer à prendre la marque des Ténèbres, gronda Drago.

- Mon point se tient ! pointa Hermione. Viktor m'a toujours dit…

Drago tourna la tête vers elle si brusquement qu'il sembla avoir attrapé un torticolis.

- Quoi ? s'exclama-t-il en se massant la nuque. Tu es toujours en contact avec Krum ?

- Serait-ce de la jalousie, Tsundere ? taquina Neville.

- T'y mets pas avec ce stupide surnom ! grogna le Serpentard en donnant un coup de pied sous la table à son voisin d'en face.

Hermione embrassa Drago sur la joue, les laissant tous les deux rougissants. Au moins, cela eu le mérite de sauver les tibias de Neville.

- Donc, il a dit que Harry savait faire des choses que lui-même ne connaissait pas et pourtant il était en dernière année à Durmstrang. C'est Harry qui a débarqué à Poudlard en montrant que pour des actions basiques, on peut se passer de baguettes magiques. Et nous sommes les seuls à avoir eu l'idée de nous entraîner dans ce sens. Il n'y a qu'une seule école au monde qui enseigne ce genre de magie, et ce n'est pas Poudlard. Pourtant, ça pourrait nous sauver la vie. C'est le genre de chose à savoir.

Hermione bougea légèrement sur sa chaise sans pour autant lâcher la main de Drago. Elle regarda les deux garçons tour à tour.

- Alors, qu'en pensez-vous ? Vous acceptez de nous donner les cours ?

- Il y a le problème que tu veux proposer ça à plus que notre groupe d'étude, pointa Neville. Drago est un Serpentard et Harry est quasiment vu en assassin.

- Exact, ils seront pas nombreux à vouloir nous suivre, fit Harry en agitant sa plume.

Il resta perplexe quand Luna l'embrassa sur la joue.

- Tu serais surpris, Portgas D. Harry. Du moment que Chang et son Enormus à Babille reste au loin, ça me va, dit-elle.

Hermione se pencha vers le milieu de la table, forçant les autres à en faire autant.

- Notre première sortie à Pré-au-Lard aura lieu le premier week-end d'octobre, on est d'accord ? Qu'en penseriez-vous si nous disions à tous ceux qui sont intéressés de nous retrouver au village pour qu'on puisse en parler ?

- Que ça prenne pas trois mille ans, grommela Harry. Kaachan a dit qu'elle ferait le déplacement. Si Sirius sera au rendez-vous, je ne sais pas, mais si ma mère veut me voir en tête à tête, c'est pas pour rien.

- En attendant, il faut réfléchir aux points que le Saint Docteur a soulevés, pointa Drago. Enfin, on y réfléchira en voyant combien de gens Hermione aura rameuté, mais il faut s'organiser un minimum.

- Je pensais à un rendez-vous à la Tête de Sanglier, annonça la demoiselle.

- Autant placarder qu'on veut faire quelque chose de louche, lui dit Harry en secouant la tête. Le mieux, c'est de réserver une salle chez Rosemerta.

- Harry n'a pas tort. Le pub sera tellement bondé d'élèves de l'école que notre présence n'en sera pas bizarre. Sans compter qu'avec son sixième sens, il pourra se concentrer sur la porte pour s'assurer qu'on nous écoute pas.

- Si on va à La Tête de Sanglier, il n'y aura qu'une salle toute petite, et tout le monde nous écoutera, même les clients, pointa Drago. Ce n'est vraiment pas prudent, on ne sait pas qui sera là-bas. Une salle privée sera plus intime et facilement gérable.

Hermione eut une expression presque blessée de voir ainsi sa si bonne idée logiquement refusée, mais hocha la tête.

- Je ferai le nécessaire, venez au rendez-vous pour que les gens sachent ce que vous pensez.

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Le matin du jour où ils devaient aller à Pré-au-Lard, le vent soufflait, mais le ciel était clair. Après le petit déjeuner, ils firent la queue devant le bureau de Rusard qui cochait les noms sur la longue liste d'élèves autorisés par leurs parents ou leurs tuteurs à se rendre au village. Harry était excité comme une puce à l'idée de revoir sa mère et de savoir enfin ce qu'elle voulait lui dire de si important pour qu'elle fasse le déplacement.

Lorsqu'il arriva devant Rusard, le concierge renifla longuement comme s'il essayait de détecter une odeur particulière. Puis il hocha brièvement la tête en faisant trembler ses bajoues et Harry put repartir et descendre les marches de pierre dans l'air frais et ensoleillé.

- Et heu… pourquoi Rusard te reniflait comme ça ? demanda Neville tandis qu'avec Harry et Hermione ils avançaient tous trois d'un pas vif le long de la grande allée qui menait au portail où Drago les attendait déjà.

- J'imagine qu'il essayait de détecter une odeur de Bombabouse, répondit Harry avec un petit rire. J'avais oublié de vous dire…

Il leur raconta l'histoire de la lettre expédiée à sa mère et de l'irruption de Rusard quelques secondes plus tard, exigeant de lire ce qu'il avait envoyé. Il s'aperçut qu'Hermione trouvait l'anecdote très intéressante, et semblait y attacher beaucoup d'importance.

- Il a dit qu'on lui avait signalé que tu commandais des Bombabouses ? Mais qui le lui a signalé ?

- Le nombre de personnes qui auraient eu envie de mettre le nez dans son courrier est assez conséquent, lui dit Drago alors qu'ils descendaient tranquillement vers le village. On peut passer par Dumbledore, Ombrage, ou une bonne moitié des Serpentard. Je suis même certain que le professeur Rogue aurait bien voulu y jeter un œil.

- C'est simple en suivant de trouver un moyen de voler la lettre au concierge, renchérit Neville.

- Pour une fois que je ne fais aucune allusion de ce genre, ricana Harry.

- Hmhm… marmonna Hermione pour toute réponse.

Et elle resta plongée dans ses pensées jusqu'à ce qu'ils eussent atteint les abords de Pré-au-Lard.

- Tu as bien réserver la salle ? se fit confirmer Drago.

- Oui, c'est bien fait, assura Hermione. On a encore un peu de temps avant le rendez-vous, tu veux qu'on aille directement là-bas, ou tu préfères gérer ta mère avant, Harry ?

- Je vais voir maman. Si elle a du temps, elle pourra surveiller la porte pour nous. Je vous dis à tout à l'heure ?

- Passe-lui le bonjour pour moi, si on ne la voit pas, demanda Drago.

Harry les salua et fila au travers le village en regardant en tous sens à la recherche de sa mère le long de la grand-rue. Il passa devant le magasin de farces et attrapes de Zonko où il ne fut pas surpris de voir Fred, George et Lee Jordan, puis devant le bureau de poste d'où des hiboux s'envolaient à intervalles réguliers.

Finalement, il parvint à la percevoir un peu plus loin, du bout de ses sens. Elle avait l'air accompagnée de deux personnes, mais il n'arrivait pas à savoir qui, ni à bien les identifier. En arrivant dans la zone plus rurale du village, il la trouva assise sur une barrière dans sa panoplie de Van Hellsing.

Et seule.

Bon, ce devait être son Haki qui déraillait, pas de quoi s'en faire.

- Bonjour chaton, sourit la femme avec une certaine nervosité sous son chapeau.

- Salut m'man. Tu vois, j'suis entier, je suis resté hors des ennuis, j'ai compris la leçon !

Il écarta les bras pour bien montrer qu'il était en un seul morceau, avant d'aller enlacer sa mère qui le serra étonnamment fort dans ses bras. Elle recula ensuite pour lui prendre sa main et examiner la marque de brûlure, caressant tristement la peau.

- Vaut mieux ça que me balader avec Je ne dois pas dire de mensonge sur la main, lui dit Harry. Et puis c'est propre. Et ça donne un style. Aouch

Harry se frotta le front quand il se prit une vilaine pichenette dans le crâne.

- C'est tout ce pourquoi tu voulais me voir ? demanda le jeune.

- Assieds-toi, Harry. S'il te plaît.

Perplexe, Harry se percha à côté de sa mère sur la barrière et lui donna sa main quand elle la lui réclama. Il la regarda lui caresser les doigts en silence, cherchant apparemment les mots pour lui expliquer pourquoi elle était présente.

- Sirius n'est pas venu, finalement ? s'enquit l'adolescent.

Ace secoua la tête.

- Et donc ?

- Je… hum… tu… tu sais ce que tu passes ton temps à me réclamer depuis que Marco est là.

- Un frère ou une sœur pour Noël ?

- Tu peux faire une croix sur cette idée.

Harry eut l'impression de prendre une douche glacée. Non… sa mère serait stérile ?

- Sur Noël, j'entends, poursuivit Ace. Tu auras les deux courant mars.

Le cerveau de l'adolescent eut un court-circuit.

- J'ai pas compris. Tu peux avoir des enfants ou pas ?

Le maigre sourire de sa mère était la seule chose qu'il voyait sous son chapeau noir.

- Je suis enceinte.

Le cri de joie que poussa Harry devait être audible jusqu'au Pôle Sud. Il se jeta littéralement sur sa mère pour la serrer dans ses bras de toutes ses forces, ne cherchant même pas à retenir ses larmes d'émotions.

Après des années à avoir vécu seul avec sa mère, il avait enfin l'occasion de voir son rêve, profiter d'une grande famille, se réaliser. Sa mère lui rendit l'étreinte, collant son visage à ses cheveux, et Harry était certain de sentir des larmes tomber sur son oreille. Il resserra ses bras sur la femme qui lui avait consacré sa vie.

Il allait être grand frère.

Finalement, il recula, essuyant ses larmes avec un coin de sa veste, reniflant sans la moindre élégance, mais conservant un sourire lumineux aussi immense que possible.

- Heureusement que les Portgas sont durs comme le roc, on a fière allure à pleurer comme des tuyaux d'arrosage, commenta Harry.

- On s'en fout, ça restera entre nous, lui répondit sa mère en souriant.

- Tu en es loin ?

- Quatre mois, à peine moins que Tonks certainement.

Elle ouvrit son manteau et remonta sa chemise pour laisser voir son ventre bien plus rond qu'il ne l'aurait imaginé.

- Tu as dû les sentir si tu m'as trouvé avec ton Haki.

- Les ?

- Quand j'ai dit que tu aurais les deux pour mars, je parlais d'un petit frère et d'une petite-sœur.

- Des jumeaux !?

Sa mère hocha la tête avec joie et regarda son fils aîné approcher avec précaution une main du ventre, comme s'il avait peur de l'éclater telle une bulle de savon. Il fit courir ses doigts sur la peau douce et chaude, suivant le chemin du tatouage qu'elle avait dans la zone. Il sourit en sentant les muscles de sa mère se contracter pour résister aux légères chatouilles. Là, juste sous ses doigts, deux vies attendaient le bon moment pour se montrer.

- Ils sont encore trop petits pour que tu puisses les percevoir comme ça, mais d'ici Noël, tu devrais pouvoir mieux les sentir.

- C'est génial ! Franchement… je… j'ai pas d'mot.

Il leva brusquement le nez vers sa mère.

- Pourquoi Marco ne m'a rien dit quand il est passé ?

- Il n'a rien dit non plus à Thatch, tu sais... Il m'a laissé la possibilité de vous l'annoncer à tous les deux.

Le sourire de la femme vacilla alors qu'elle laissait retomber sa chemise.

- T'es certain que tu es d'accord avec…

- Maman, coupa Harry avec un regard sévère. Tu te fais du souci pour rien. Tu crois que si l'idée me dérangeait, j'aurais autant insisté sur le sujet ? Oui, je sais que ce n'est pas ton corps d'origine, mais je t'ai déjà dit ce que je pensais. De nous deux, tu es celle qui y attache le plus d'importance. Les morts ont rarement l'occasion de se plaindre. Si encore, elle avait un fantôme, je dis pas, mais ce n'est pas le cas.

Il attrapa les mains de sa mère et lui sourit.

- On t'a laissé une deuxième chance. Les circonstances sont peut-être bizarres, mais ne t'attarde pas dessus pour t'empêcher de vivre. Je t'adore m'man. Et je veux que tu arrêtes de t'inquiéter pour rien à mon sujet. Vis. Arrête de survivre. T'as passé presque autant de temps qu'elle dans ce corps, je pense que tu peux te permettre de dire que c'est le tien, depuis le temps, non ?

Ace reprit son fils dans ses bras.

- Vilain chaton que tu es, chuchota-t-elle en retenant une nouvelle crise de larmes. T'as pas honte de faire pleurer ta pauvre mère quand elle a déjà les hormones qui la martyrisent ?

- Parce que c'est ma faute maintenant ! s'indigna Harry en lui tapotant le dos. Allez viens, tu vas aller t'asseoir au Trois Balais et boire un truc, d'accord ? Comme ça, je vais gérer avec Drago ce que nous a pondu Hermione et ensuite, je pourrais rester avec toi.

La femme embrassa son fils aîné sur la tempe et se leva pour le suivre jusqu'au bar.

- Je ferai la surveillance pour vous, lui dit-elle alors qu'ils marchaient bras dessus-bras dessous. Tu sais que tu as fait un heureux en l'appelant à l'aide ?

- Tant que ça ? s'étonna Harry.

- Mhmh…

- J'avais besoin d'une tête rationnelle et il m'a semblé un bon candidat, là où toi tu m'aurais demandé de faire attention à ma peau.

- Fais ce que je dis, pas ce que je fais.

- C'est que tu m'as répété, mais je crois que j'ai compris l'inverse. Pas que je m'en plaigne, suis content de ma vie… si on exclu ce château de merde.

Ace embrassa son fils sur le crâne en réponse.

- Tu sais que tu vas devoir arrêter de grandir, chaton. Tu commences à me rattraper et c'est pas bon.

Harry roula des yeux et ouvrit la porte des Trois Balais pour voir que ses amis avaient retrouvé Luna et qu'ils discutaient à une table avec le professeur Newgate.

- Mademoiselle Portgas ! appela le roux en voyant le duo. En voilà une vue magnifique ! Toujours aussi ravissante !

- Et vous, toujours aussi discret professeur Newgate, soupira Ace en se dirigeant vers lui. On se voit plus tard, koneko-chan ? J'ai deux mots à toucher à ton professeur.

- Haiii…

Il laissa sa mère l'embrasser une dernière fois sur la tempe avec de suivre ses amis dans la salle privée, laissant Ace s'asseoir à la table de Thatch.

- Si on savait pas ce qu'on sait, on pourrait croire qu'il essaye de la draguer, dit Neville alors qu'ils se tenaient dans l'encadrement de la porte.

- Il a assez d'instinct de survie pour ne pas le faire, surtout quand il sait le genre d'homme possessif qu'est le Docteur, marmonna Harry en enlaçant Luna par derrière.

- Sinon, elle voulait te dire quoi ta mère ?

Baoum !

Thatch venait littéralement de tomber de sa chaise pour le plus grand amusement d'Ace.

- Ah ba, je crois que m'man vient de lui annoncer la dernière, sourit Harry. Elle attend des faux-jumeaux.

- C'est vrai ? s'exclama Hermione. Mais c'est génial !

- Ouais… c'est une superbe nouvelle… sourit Drago avec tristesse.

Harry offrit une accolade à son ami, bien conscient que celui-ci n'aurait certainement pas la possibilité de voir sa sœur grandir.

- Alors, qui doit nous rejoindre ? demanda Harry pour changer le sujet. Le groupe d'étude ?

- Oh, juste deux ou trois personnes en plus d'eux, dit Hermione qui consulta sa montre et jeta un coup d'œil inquiet en direction de la porte. Je leur avais dit de venir à peu près à cette heure-ci, pour te laisser du temps avec ta mère … Ah, regardez, c'est sûrement eux.

La porte du pub s'était ouverte. Pendant un instant un épais rayon de soleil transperça la poussière et divisa la salle en deux avant de disparaître, occulté par la foule qui entrait.

Il y eut d'abord Dean, Seamus avec Ron, puis Lavande, suivis de près par les jumelles Patil en compagnie de Chang et de l'une de ses habituelles amies spécialisées dans les gloussements (Luna eut un bruit semblable à celui d'un chat en colère). Venaient ensuite Theo et Blaise ainsi que des sœurs Greengrass. Puis Katie Bell, Alicia Spinnet et Angelina Johnson, Colin et Dennis Crivey, Ernie MacMillan, Justin Finch-Fletchley, Hannah Abbot et Susan Bones, trois garçons de Serdaigle qui s'appelaient, il en était presque sûr, Anthony Goldstein, Michael Corner et Terry Boot. Ginny, suivie d'un garçon blond, grand et maigre, le nez en trompette, que Drago reconnut vaguement pour l'avoir vu dans l'équipe de Quidditch de Poufsouffle et enfin, fermant la marche, Fred et George Weasley accompagnés de leur ami Lee Jordan, tous trois chargés de grands sacs en papier remplis de marchandises achetées Chez Zonko.

- Deux ou trois personnes ? dit Harry d'une voix rauque en s'adressant à Hermione. Deux ou trois personnes en plus ?

- En fait, on dirait que l'idée a eu pas mal de succès, répondit-elle d'un ton joyeux. Entrons, j'espère qu'on aura assez de chaises.

Et elle poussa Drago et Harry dans la salle privée, alors que les deux jeunes échangeaient un regard effrayé. C'était tout juste si Hermione n'avait pas fait signe à la moitié de Poudlard. Ils virent Ace se lever en se retenant de rire pour aller parler à Rosemerta qui ne s'en priva pas en hochant la tête. Après quoi, tout le monde était dans la salle privée, assis sur des chaises. La voluptueuse tenancière vint les voir avec plus d'une trentaine de bouteilles de Bièreaubeurre qu'elle déposa sur une petite table à proximité avec un clin d'œil.

- Cadeau d'une ravissante brune. Amusez-vous bien !

Et elle referma la porte alors que Fred faisait passer les boissons.

Harry et Drago regardèrent d'un air hébété les élèves prendre leur bière des mains du roux. Ils n'arrivaient pas très bien à imaginer pour quelle raison tous ces gens étaient venus ici jusqu'à ce qu'une horrible pensée leur vienne à l'esprit : peut-être s'attendaient-ils à ce qu'ils leur fassent un quelconque discours ?

Les deux garçons se regardèrent avec panique sous le rire de Neville avant de se tourner vers Hermione avec des expressions de frayeur presque colérique identique.

- Qu'est-ce que tu leur as raconté ? siffla Drago.

- Je vous l'ai dit, ils veulent simplement écouter ce que vous avez à leur dire, répondit Hermione d'un ton apaisant.

Mais Harry continuait de la regarder avec une telle expression de panique qu'elle s'empressa d'ajouter :

- Vous n'avez pas besoin de faire quoi que ce soit pour l'instant, c'est moi qui leur parlerai d'abord.

- Hey, Portgas, Malefoy ! salua Nott en s'asseyant devant eux.

Les deux garçons n'avaient rien à envier à des statues de marbres tellement ils étaient paralysés. Bien sûr, il y eut des problèmes avec certains à cause de l'inclusion des Serpentard, mais Neville poussa un sifflement perçant pour attirer l'attention sur lui.

- On est pas ici pour se prendre le chou pour des bêtises comme la couleur de l'uniforme. S'il y en a qui ont des problèmes, vous savez où est la porte !

Pour le coup, ceux qui ne l'avaient toujours pas remarqué en cinq ans comprirent bien que le petit Neville était devenu grand et qu'il n'était plus du tout ce petit garçon timide qui se laisse marcher sur les pieds.

Cho adressa un sourire à Harry et s'assit à la droite de Ronald. Son amie, qui avait des cheveux bouclés d'une couleur blonde tirant sur le roux, ne souriait pas du tout. Elle lança à Harry un regard méfiant qui signifiait clairement qu'elle ne serait pas venue si elle avait eu son mot à dire.

- Personne ne te force à être là.

Tout le monde regarda Luna qui foudroyait du regard la blonde.

- Tu es une grande fille, tu peux prendre seule tes décisions, Chang n'est pas ta mère.

La fille aux cheveux bouclés adressa un regard à son amie Cho et se leva.

- Tu connais mon opinion. Fais ce que tu veux, mais je pense que c'est une mauvaise idée. Merci pour la boisson.

Sous le regard implorant de Cho, elle laissa sa boisson encore fermée sur sa chaise et s'en alla. L'attrapeuse de Serdaigle tourna un regard haineux vers Luna.

- Luna a raison, soutint Neville. Ce qu'on fait ici ne plaira pas à tout le monde. Si on force les gens, c'est la meilleure façon de faire remonter tout ça aux mauvaises oreilles.

Harry se fraya un chemin entre deux chaises, conscient que tout le monde le suivait du regard et alla jeter un œil dehors. Sa mère se détourna de sa conversation avec Thatch pour croiser le regard de son fils et lui montrait du menton un sorcier qui venait de sortir à la suite de la blonde. Reconnaître le dos de Samuel rassura le D. qui referma la porte.

- Mettons-nous d'accord, cette réunion n'a jamais eu lieu, on est clair ? dit-il d'une voix froide. Vous n'en parlerez à personne de l'extérieur. Et c'est valable pour ton amie, Chang. Elle est partie, donc, si elle te pose la question, tu t'es baladée dans ton coin avec qui tu veux.

La porte claqua avec un ton de finalité.

Le ton de l'adolescent sonnait comme une menace qui fit déglutir plus d'un. Cho préféra baisser les yeux sur ses mains, alors que Harry passait à proximité d'elle pour rejoindre la table sur laquelle il s'était assis.

Par groupes de deux ou trois, les nouveaux arrivants s'installèrent autour des cinq amis. Certains paraissaient surexcités, d'autres simplement curieux, mais il y avait une certaine inquiétude désormais dans leurs traits.

- Qu'est-ce qui nous dit qu'elle ne pas nous balancer tous ? demanda Astoria. On devrait ajourner la réunion.

- Pas besoin, assura Harry. Elle va avoir une légère perte de connaissance et se réveiller plus tard à l'infirmerie sans se rappeler de ce qu'elle a fait de l'après-midi. Rien de plus, rien de moins.

- Elle a dû tester un de nos petits fours, sourit George d'un air complice.

- Je me disais aussi qu'on avait trop forcé sur le dosage, réfléchit Fred.

- L'affaire est classée, on peut commencer ? demanda Neville depuis la chaise où il s'était assis à l'envers. Si d'autres veulent partir, c'est maintenant ou jamais.

Les retardataires se dépêchèrent de s'asseoir pendant que Luna sautait sur la table à côté de Harry pour lui sourire avec son éternel regard rêveur. Lorsque tout le monde eut pris une chaise, les bavardages s'évanouirent et tous les yeux se fixèrent sur Harry.

- Heu… dit Hermione d'une voix que la nervosité rendait légèrement plus aiguë qu'à l'ordinaire. Eh bien, heu… bonjour.

Le groupe reporta son attention sur elle mais les regards continuèrent de se tourner régulièrement vers Harry.

- Alors, heu… bon, vous savez pourquoi vous êtes ici. Heu… donc, Harry et Drago ont eu l'idée…

Les deux concernés lui adressèrent un regard bien noir, la forçant à se rectifier immédiatement :

- Je veux dire, j'ai eu l'idée… que ce serait peut-être bien pour les gens qui veulent étudier la défense contre les forces du Mal, et je veux dire étudier vraiment, pas se contenter des idioties que nous fait faire Gamabrage…

La voix d'Hermione devint soudain beaucoup plus forte et plus assurée à la suite des rires provoqués par le surnom. Harry n'aurait jamais cru qu'il ait déjà fait le tour du château.

-…Parce qu'on ne peut pas appeler ça des cours de défense contre les forces du Mal…

- Bravo, dit Goldstein, ce qui donna du courage à Hermione.

- Donc, j'ai pensé que nous devrions peut-être prendre nous-mêmes les choses en main.

Elle marqua une pause, lança un regard en biais à Harry et Drago, puis continua :

- J'entends par là apprendre à nous défendre pour de bon, pas seulement en théorie, mais en jetant réellement les sortilèges…

- Tu veux quand même réussir l'épreuve de défense le jour des BUSE, non ? dit Corner.

- Bien entendu, répondit aussitôt Hermione. Mais, plus encore, je veux suivre un véritable entraînement défensif parce que je ne suis pas assez naïve pour croire que le monde est sans danger. Je ne sais pas pour vous, mais je sais très bien que si je me fais agresser dehors, les aurors ne seront pas forcément là à temps pour me sauver la mise. Et j'aime la vie. Mais j'aime par-dessus tout mes amis et ma famille. Et pour eux, plus que pour des résultats sur un papier, je veux apprendre à me battre. Être capable de me défendre même s'il ne me reste que mes dents pour ça.

Le rose aux joues, elle ne s'attendait pas à se faire applaudir, et encore moins par toute la salle.

- Enfin… c'est notre projet, en tout cas, reprit Hermione avec un teint cramoisie. Si vous décidez de vous joindre à nous, il faudra voir comment nous ferons pour…

- Quand tu parles danger, tu parles de Tu-Sais-Qui ? Où est la preuve qu'il est de retour ? demanda d'un ton assez agressif le garçon blond qui jouait dans l'équipe de Poufsouffle.

- Harry l'a vu et… commença Hermione.

- Ah oui, c'est sûr, parce que Portgas est une source fiable ! dit le garçon blond, en désignant Harry d'un signe de tête.

- Et toi, tu es qui ? demanda Ronald d'un ton assez grossier.

- Zacharias Smith, répondit le garçon. Et j'estime que nous avons le droit de savoir exactement ce qui lui fait dire que Tu-Sais-Qui est de retour.

- Écoute, reprit aussitôt Hermione, ce n'est vraiment pas l'objet de cette réunion…

- Laisse, Hermione, dit Drago en se levant de sa chaise. Je vais gérer. Si on ne croit pas Harry, on me croira moi, peut-être.

Drago regarda Harry qui s'était pris la tête dans les mains sous la lassitude.

Si tous ces gens étaient venus jusqu'ici, ce n'était pas vraiment pour les cours de Défense. Hermione aurait dû s'en douter. Certains d'entre eux, peut-être même la majorité, espéraient entendre Harry leur faire un récit de première main de ce qui lui était arrivé.

- J'annonce officiellement le retour de Lord Voldemort, dit froidement Drago.

La réaction fut immédiate et prévisible. Cho poussa un hurlement aigu et renversa de la Bièraubeurre sur sa robe. Terry Boot eut une sorte de spasme. Padma frissonna des pieds à la tête et Lee laissa échapper un étrange glapissement qu'il parvint à transformer en toux. Tout le monde, cependant, regarda fixement Harry, avec même une certaine avidité, revenant de temps à autres à Drago.

- C'est ici que ça se passe, pas là, rappela Drago en se montrant du pouce. Pourquoi je dis que Face de Serpent, comme on l'appelle familièrement, est de retour ? Deux choses. Parce que le Portgas que je connais ne mentirais pas pour une chose aussi grave, surtout quand il insiste pour que je vienne me mettre à l'abri si les choses dégénèrent chez moi. Seconde chose, mon père me l'a confirmé, fou de joie, avant d'exiger de moi que je prenne la Marque des Ténèbres. Il est allé jusqu'à utiliser l'Imperium pour essayer de m'y contraindre.

Il regarda Théo qui se leva sans la moindre hésitation en comprenant le message.

- Mon père était Mangemort durant la dernière guerre. Et oui, il s'est rendu dans ce fameux cimetière de Little Hangleton le soir du Tournoi. Quand j'ai retrouvé mon père cet été, il m'a dit clairement que le Seigneur des Ténèbres était de retour, mais qu'il cherchait à gagner en force avant de reprendre sa guerre. Il m'a clairement dit qu'il voulait me garder hors de tout ça, que je ne fasse pas la même erreur que lui. S'il devait lui arriver quoi que ce soit, ou si on devait exiger que je prenne la Marque, je devrais me réfugier chez les Zabini.

- Merci Theo.

- De rien Drago. Nous sommes juste plus intelligents que nos parents.

Et le garçon se rassit pour se faire frotter le bras par Daphné.

- Voilà la preuve. Deux enfants de Mangemorts qui vous disent que leur père ont repris leur service auprès de Face de Serpent, annonça froidement Drago. Ni Harry, ni moi n'avons envie de perdre l'après-midi à essayer de vous convaincre, alors, si ce n'est pas suffisant, allez-vous-en.

- Je peux Drago ? demanda Neville.

- La scène est à toi, lui dit Drago.

Et dans un claquement de talon, il alla se rasseoir, Hermione se mettant derrière lui pour lui chuchoter à l'oreille afin de l'aider à se calmer. Neville ne bougea pas de sa chaise, les coudes toujours appuyé au dossier.

- Soyez sérieux un instant. Vous croyez que tout se résume à Voldy ? Vous croyez que l'Allée des Embrumes est peuplée de quoi, de licornes peut-être ? Des monstres, on en trouve partout. Chez les sorciers, tout comme chez les moldus. Récemment, il y a eu un sympathique article qui nous a tous rappelé qu'un assassin était toujours en cavale. Avant même la sortie de cet article, Harry a eu le malheur de le pointer à Ombrage, et ça lui a valu une semaine de retenue. Ceux qui me connaissent bien savent mon opinion et celle de mon groupe sur Black, mais là n'est pas la question. On est tous ici à la base, parce qu'on veut nous enfermer dans des petites boîtes en nous faisant croire que dehors, c'est le calme plat. Et c'est faux.

Tout le monde semblait retenir son souffle pendant que le groupe s'exprimait. Sauf l'idiot de service, qui cette fois, n'était pas roux.

- Tout ce que Dumbledore nous a dit l'année dernière, c'est que Cedric Diggory a été tué par Tu-Sais-Qui et que Portgas a ramené son corps à Poudlard, répliqua Zacharias avec dédain. Il ne nous a donné aucun détail, il ne nous a pas expliqué comment Diggory avait été tué et je pense que nous aimerions tous savoir…

- Si tu es venu pour entendre raconter ce qui se passe exactement quand Voldemort assassine quelqu'un, je ne peux rien pour toi, l'interrompit Harry. D'une, parce que si toi, tu n'as pas de deuil à faire, certains présents dans cette pièce sont encore dans cette phase. Ensuite, je suis plus que certain que quand Face de Serpent aura cessé de jouer à cache-cache, il se fera un plaisir de te montrer avec démonstration à l'appui comment on tue quelqu'un. La vie n'est pas un putain de jeu.

Il ne détacha pas les yeux du visage agressif de Zacharias Smith.

- Je ne veux pas parler de Cedric Diggory, d'accord ? Alors, ceux qui sont venus pour ça peuvent repartir tout de suite, mais ne soyez pas surpris de vous réveiller à l'infirmerie. Et je vais vous dire clairement une chose. Ce qu'a dit Dumbledore ou ce que vous croyez, je m'en balance, mais royal ! Si on ne s'était pas obstiné à vouloir me garder sur le territoire anglais en menaçant mon adoption, je serais dans une école étrangère depuis longtemps ! C'est votre problème si vous voulez faire les autruches, pas le mien. Maintenant, Luna l'a déjà dit à la blonde de tout à l'heure, vous savez où est la porte.

Il lança un regard furieux en direction d'Hermione. Tout cela était de sa faute, pensa-t-il. Elle avait voulu l'exhiber comme une sorte de phénomène de foire et, bien sûr, ils s'étaient tous précipités pour voir s'il avait vraiment des choses si extraordinaires à raconter. Mais personne ne se leva pour partir, pas même Zacharias Smith qui continuait de fixer Harry d'un regard intense.

- Donc, comme je le disais, reprit Hermione, la voix à nouveau suraiguë… Si nous voulons apprendre à nous défendre, nous devons nous organiser, décider de la fréquence des cours, de comment communiquer…

- C'est vrai que tu arrives à faire apparaître un Patronus corporel ? demanda Susan à Harry.

- On reconnait bien la nièce d'Amélia Bones, sourit Drago.

Il tira sa baguette et chuchota l'incantation. Immédiatement, un chat d'argent jaillit de sa baguette pour gambader entre les jambes des élèves sous les cris de ravissement.

- Un chat Ragdoll. C'est Portgas qui m'a appris, dit le blond alors que le chat finissait par s'évanouir.

Un murmure intéressé s'éleva du groupe.

- Tantine m'a parlé de l'audience disciplinaire, mais tu disais ne pas savoir le faire, alors que Portgas avait fait apparaître une panthère apparemment.

- On a eu le temps de me l'apprendre depuis la rentrée.

- On confirme pour la panthère, sourit Luna. Panthère avec des flammes sur les pattes.

- Une étrange ressemblance avec une certaine brune, ricana Neville.

- Oui, je me sens en sécurité avec ma mère, c'est normal, on parle d'une femme qui a quand même brûlé Dumbledore au visage, bougonna le D. en croisant des bras.

- Ça alors, les garçons ! s'exclama Lee, l'air très impressionné. C'est incroyable ! Et vous autres, vous avez appris ?

- C'est le genre de chose qu'on espère apprendre avec eux, pointa Neville.

- Pourquoi vous n'avez rien dit ? s'étonna Dean.

- Pourquoi faire ? On attire bien assez l'attention comme ça, et je pense être en droit d'être un minimum rancunier contre tous ceux qui ont parié et pari encore qu'il m'arrivera une merde à Halloween, dit froidement Harry.

Quelques élèves s'agitèrent sur leur chaise d'un air gêné.

- Et tu as vraiment tué un Basilic avec l'épée qui se trouve dans le bureau de Dumbledore ? demanda Terry Boot. C'est ce que m'a dit l'un des portraits quand je suis allé là-bas, l'année dernière…

- C'est quoi ces conneries ? demanda Neville.

- Dumbledore est habité par un Enormus à Babille, dit sagement Luna.

- Alors comment se sont arrêtés les attaques, si tu n'y es pour rien ? demanda Terry.

- C'était bien un Basilic à l'origine de ça, confirma Hermione. Mais l'animal doit s'être rendormi dans les profondeurs de Poudlard. Même si sa peau est très résistante à la magie, s'attaquer à lui avec une épée pour seule arme, c'est suicidaire.

- Mon père n'était pas étranger dans ces attaques, informa Drago. Elles ont cessé, et jusqu'à ce que Face de Serpent vienne à Poudlard, elles ne reprendront plus.

Ginny avait gardé la tête basse à la mention des attaques mais personne ne le remarqua.

- C'est une raison de plus pour apprendre à se défendre. Les techniques de dompteurs de serpents que tu as montré le jour du duel peuvent marcher ? demanda Colin.

- Iie, réfuta Harry en secouant la tête. J'ai fait ça parce que le serpent était petit. Le Basilic doit être plus grand, gros et long que moi. Et surtout rapide. Même moi je suis pas kamikaze au point de vouloir tester.

- Dans le cas d'une présence avérée d'un Basilic éveillé, pas endormi et enfermé comme celui de la Chambre, le mieux à faire, c'est de l'avoir par derrière. Ou par en haut. Ou l'attirer dans un piège. Comme son regard est mortel, il faut lui crever les yeux en premier avant de pouvoir espérer l'affronter. Le problème vient ensuite de sa taille et de son venin, mais c'est plus gérable. Avec un bon plan d'attaque et même un piège, on peut l'avoir, conseilla Drago.

- Et à la fin de notre première année, il a arraché la pierre phénoménale, annonça Ronald à tout le monde…

- Philosophale, souffla Hermione.

- C'est ça, oui… à Vous-Savez-Qui.

- Du tout, lui dit Neville en essayant de ne pas rire.

- Qui l'a fait alors ? demanda Hannah avec des yeux ronds comme des Gallions.

- On l'a su après coup, mais quelqu'un l'avait déjà récupérée entre temps pour la renvoyer aux Flamel, informa Harry avec sérieux. On est descendus en bas, on a traversé des épreuves faîtes pour un groupe de premières années, et on s'est occupé de Quirrell alors qu'il était possédé.

- C'était pas beau à voir, confirma Drago.

- Comment vous savez qu'elle a été rendue à ses propriétaires ? demanda Astoria avec perplexité.

- Parce que c'est ma mère qui l'a fait. Il lui a fallu une heure aller et retour en prenant son temps, pour passer les épreuves, récupérer la pierre et repartir.

- Vous voyez le tableau ? Une suite d'épreuves pour des premières années, tout simplement. Un test certainement, soupira Hermione. Et au bout, un appât pour forcer une confrontation avec Face de Craie.

- Double-Face va très bien pour ce coup, pointa Drago.

Les murmures reprirent de plus belle autour de la pièce.

- Tu ne peux rien dire contre toutes les tâches que tu as accomplies l'année dernière pendant le Tournoi des Trois Sorciers, dit Cho qui le regardait en souriant. Tu as affronté des dragons, des êtres de l'eau, l'Acromentule et tout le reste…

Un murmure approbateur et admiratif s'éleva autour de la pièce. Harry soupira. Il était temps de les ramener sur terre.

- Écoutez… dit-il et tout le monde se tut à l'instant même. Je… je ne veux pas jouer les faux modestes mais j'ai toujours bénéficié de beaucoup d'aide au moment où je faisais tout ça…

- Pas avec le dragon, en tout cas, dit aussitôt Michael Corner. Faut être particulièrement cinglé pour faire la course avec une bête pareille…

- Il a dû se résoudre à faire ça parce que son plan d'origine a échoué, dit Luna avec un sourire indulgent pour son petit-copain. Il n'avait pas prévu que le gaz ne fasse pas effet.

- Il n'empêche qu'on aurait pu croire que tu savais où le dragon allait t'attaquer à l'avance, et ça, c'est impressionnant, insista George.

- Bon, d'accord, admit Harry, en sentant qu'il ne servirait à rien de le nier. Mais je veux que vous sachiez que c'est quelque chose qui s'apprend. L'apprentissage est long, douloureux, loin d'être plaisant, mais le résultat est là.

- Et tu es assez bon pour faire valser Luna jusqu'au tronc du Saule Cogneur en gardant les yeux fermés, rappela Neville avec un sourire.

Le couple fut pris de belles rougeurs.

- J'admets néanmoins que l'entraînement est douloureux, grimaça Drago en se frottant le crâne. Le professeur Newgate rigole pas pour le Haki.

- C'est là où tu disparais tous les dimanches ? comprit Blaise. Tu apprends ce…

- On appelle ça le Kenbushoku no Haki, éclaira Harry. Fluide Sensitif si tu préfères en anglais.

- Il reste aussi que personne ne t'a aidé à te débarrasser de ces Détraqueurs l'été dernier, fit remarquer Susan. D'ailleurs, c'est vrai que tu étais avec un vampire et que c'est le neveu d'Ombrage ?

- Ex-neveu. On n'aborde pas le sujet avec Will sous peine de le voir partir dans une tirade, spécifia Hermione.

- Tout de même, t'as un sacré palmarès, commenta Katie.

- Bon, O.K., je sais que j'ai réussi certaines choses sans aucune aide, mais ce que je voudrais vous faire comprendre, c'est…

- Tu essayes de te défiler pour ne pas nous montrer ce que tu sais faire ? intervint Smith.

- Boucle-la, veux-tu ? gronda Neville en plissant les yeux.

- Enfin, quoi, dit le Poufsouffle, on vient tous ici pour qu'ils nous apprennent des choses et là-dessus, l'un des prof nous raconte qu'il ne sait rien faire du tout.

- Ce n'est pas ce qu'il a dit, grogna Fred.

- Tu veux qu'on se charge de te laver les oreilles ? demanda George en sortant d'un des sacs de Chez Zonko un long instrument de métal à l'aspect meurtrier.

- Ou n'importe quelle autre partie de ton corps, nous on n'est pas difficiles, on veut bien te coller ça où tu voudras, ajouta Fred.

- Si tu étais plus attentif, Smith, tu auras compris qu'il a admis avoir eu de l'aide, et oui, on l'a aidé, dit froidement Neville. Mais Harry comme Drago savent faire des choses. Drago a appris très jeune à se battre en duel, parce qu'on attendait des choses de lui en retour. Quant à Harry, on lui a martelé dans le crâne que le monde était crade et que s'il ne voulait pas se faire avoir, il fallait qu'il sache se défendre. Combien, ici, parmi-vous, peuvent prétendre avoir eu un tel enseignement ?

Susan leva la main, suivie de Nott et Blaise, mais personne d'autre.

- Et vous savez pourquoi ? leur dit Hermione. Parce que nous faisons partie d'une génération qui n'a connu que la paix. Nous étions tous trop petits pour prétendre nous rappeler de la guerre et de la peur. Même pour ceux qui sont d'ascendances moldus. La Seconde Guerre mondiale était finie bien avant notre naissance. Nous avons peut-être connu la Guerre Froide et la chute du Mur de Berlin, mais c'est loin géographiquement parlant… on ne se sent pas forcément concerné parce que c'est sur le continent, pas à côté de chez nous. Et puis, nous avons l'armée, la police. Et pourtant, chaque année, il y a des morts, des disparitions et des crimes. Sauf pour des enfants issus de familles particulièrement touchées par un conflit, méfiante ou avec des liens avec l'armée, on n'en trouvera pas des masses des jeunes de notre âge capable de se défendre.

Un long silence suivit son discours et elle le laissa s'étaler en profitant pour boire une gorgée de sa boisson.

- Bien, alors, essayons d'avancer, reprit Hermione… Le premier point, c'est : sommes-nous tous d'accord pour suivre des cours que nous donneraient Drago et Harry ?

Il y eut un murmure général d'approbation. Zacharias croisa les bras sans rien dire, trop occupé sans doute à surveiller l'instrument que Fred tenait à la main.

- Bien, dit Hermione, soulagée que quelque chose ait enfin été décidé. Alors, la question suivante, c'est à quel rythme va-t-on le faire ? À mon avis, il faut au moins une séance par semaine, sinon ça ne vaut pas le coup…

- Attends un peu, coupa Angelina. Nous devons être sûrs que ça ne va pas se télescoper avec notre entraînement de Quidditch.

- Ni avec le nôtre, dit Cho.

- Ni avec le nôtre, ajouta Zacharias Smith.

- Drago, tu vas pas la laisser faire ça… gronda Balise d'un ton faussement mécontent.

- Si elle télescope mon entraînement, je serais sur le terrain, dit le blond avec amusement. Ce n'est pas parce qu'elle a aucun intérêt pour le sport, comme Harry, que c'est le cas de tout le monde.

- Je suis certaine qu'on peut trouver une soirée qui convienne à tout le monde, dit Hermione un peu agacée. Vous savez, c'est quand même assez important, il s'agit d'apprendre à nous défendre…

- Bien dit ! aboya Ernie, dont Harry s'était attendu à ce qu'il intervienne bien avant. Personnellement, je pense que c'est très important, peut-être même plus important que tout ce que nous aurons à faire d'autre cette année, même avec les BUSE qui nous attendent !

Il promena autour de lui un regard impérieux, comme s'il s'attendait à ce que tout le monde s'écrie « Sûrement pas ! » Mais voyant que personne ne disait rien, il poursuivit :

- En ce qui me concerne, je ne comprends pas pourquoi le ministère nous a imposé un professeur aussi incompétent dans une période aussi critique. De toute évidence, ils nient le retour de Vous-Savez-Qui mais de là à nous donner un enseignant qui nous empêche systématiquement d'utiliser des sortilèges de défense…

- Point numéro un, ce sera toujours une année critique pour quelqu'un. Pas que pour les BUSES, pointa Luna en énumérant sur ses doigts. Il y a les ASPICS. Et imagine les tout petits de premières années qui débarquent en découvrant la magie, tu crois qu'ils ressentent ça comment ? Petit deux, que le ministère nie le retour de Face de Craie est un problème, mais qu'il nous envoie un enseignant qui nie tous les possibles dangers du monde extérieur, ça en est un autre. Petit trois… Hermione ?

Hermione reprit la suite :

- Nous pensons que la raison pour laquelle Gamabrage ne veut pas nous former à la défense contre les forces du Mal, c'est qu'elle a… une sorte d'idée folle selon laquelle Dumbledore pourrait se servir des élèves de l'école pour constituer une sorte d'armée privée. Elle pense qu'il cherche à nous mobiliser contre le ministère. Ce qui n'est pas illogique, puisque beaucoup ont des parents proches qui travaillent ou sont en relation avec le Ministère de la Magie, et ils ne seront pas tous capables de lever leur baguette contre leurs enfants.

- Je vais finir par demander des intérêts pour l'autorisation d'utiliser le surnom que je lui ai trouvé, pointa Harry.

- Trop tard, c'est passé dans le domaine public dès que Peeves a mis le grappin dessus, lui dit Neville.

Et à côté, tout le monde ou presque sembla stupéfait de la théorie du complot que le groupe avait pondu. Puis, il y eu la petite voix de Luna qui se glissa dans le silence :

- C'est assez normal, après tout, Cornélius Fudge lui aussi dispose de sa propre armée.

- Ce serait pas étonnant, marmonna Drago. On ne sait pas ce qu'ils traficotent dans le Département des Mystères.

- Fudge a une armée ? Première nouvelle, commenta Susan.

- Oui, il a une armée d'Héliopathes, déclara solennellement Luna.

- Luna, les Heliopathes n'existent pas, soupira Hermione avec lassitude.

- Bien sûr que si, insista Luna. Va dire ça à la mère de Harry !

- C'est quoi, des Héliopathes ? demanda Denis, intrigué.

- Ce sont des esprits du feu, répondit Luna, dont les yeux exorbités s'arrondirent en lui donnant l'air plus fou que jamais. De grandes créatures enflammées qui galopent droit devant elles en brûlant tout sur leur passage… Les femelles prennent la forme de serpentins de feu qui possèdent le corps de personnes tout juste mortes et vivent pour une durée de plusieurs décennies dedans, jusqu'à les brûler totalement de l'intérieur !

- Ces créatures n'existent pas, Denis, affirma Hermione d'un ton acerbe. N'écoute pas Luna.

- Si, elles existent ! protesta Luna avec colère.

- Je suis navrée, mais as-tu la preuve de leur existence ? demanda Hermione. Et non, Ace n'est pas une Héliopathe !

- Si ça en est une ! Et il y a plein de témoignages. Tu es tellement bornée qu'il faut toujours tout te mettre sous le nez pour que tu y croies…

- Harry, dit quelque chose !

- Eh bien…

Techniquement parlant, sa mère pouvait correspondre à cette définition.

- Hum, hum, dit Ginny, dans une si bonne imitation du professeur Ombrage que plusieurs d'entre eux se tournèrent vers elle d'un air affolé avant d'éclater de rire. N'étions-nous pas en train de décider du rythme de nos cours de défense ?

- Si, dit aussitôt Hermione. Tu as raison, Ginevra.

- Une fois par semaine, ça paraît bien, approuva Lee.

- Du moment que… commença Angelina.

- Oui, oui, on est au courant pour le Quidditch, l'interrompit Hermione d'une voix tendue. Pour ce qui est du lieu, j'ai déjà une bonne idée en tête.

Elle regarda les autres qui hochèrent la tête.

- La bibliothèque ? suggéra Katie Bell avant qu'ils aient pu dire quoique ce soit.

- Je ne pense pas que Madame Pince sera vraiment enchantée de nous voir pratiquer des maléfices dans sa bibliothèque, dit Harry.

- Peut-être une classe inutilisée ? proposa Dean.

- On serait trop à l'étroit pour ce que l'on a en tête, refusa Drago. Sans compter qu'on se ferait prendre facilement. Même si on a le droit de faire ce que l'on fait, le sujet reste très controversé.

- Nous enverrons un message à tout le monde lorsque nous aurons fixé une date pour le premier rendez-vous. Avec, il y aura le lieu du rendez-vous avec des instructions précises sur comment y accéder, annonça Hermione.

Elle fouilla dans son sac, en sortit une plume et un parchemin, puis hésita un instant, comme si elle se préparait à dire quelque chose qui ne plairait pas forcément à tout le monde.

- Je crois que nous devrions tous écrire notre nom simplement pour savoir qui était présent à cette première rencontre. Mais je pense également – elle prit une profonde inspiration – que nous devrions tous promettre de ne pas crier sur les toits ce que nous avons l'intention de faire. Donc, si vous signez, vous vous engagez à ne rien révéler de ce que nous préparons, ni à Gamabrage, ni à quiconque d'autre.

Fred tendit la main vers le parchemin, mais Harry l'intercepta avant.

- Pas que ça. On va vous apprendre à vous défendre, Drago et moi. Mais c'est pas pour faire les cons derrière, dans les couloirs, dit le D. en agitant d'un air sérieux le rouleau de parchemin.

- On n'est pas là pour être potes, seulement pour vous donner des clefs pour survivre, enchaîna Drago.

Les deux garçons étaient levés à présent et faisaient face à ceux qui seraient leurs élèves.

- On n'attend pas de vous à ce que vous juriez fidélité à quelqu'un. Simplement que vous preniez en compte que les cours qu'on vous donnera pourront être crade et que vous risquez des bosses, des ecchymoses, des plaies, continua le blond.

- Vous signez, vous vous engagez à utiliser ce savoir pour votre survie et celles des autres, pas pour nourrir cette stupide querelle inter-maison, conclut Le D. en agitant un peu plus le parchemin. On vous donnera des clefs pour survivre, pas pour faire les cons.

- Le parchemin, vous en ferez quoi ? demanda Ronald.

- Il va partir pour Londres avec sa mère, annonça Drago.

- C'est tout ? demanda Fred.

Harry lui passa le papier et le roux écrivit son nom avec entrain mais tout le monde remarqua que certains ne paraissaient guère enthousiastes à l'idée d'ajouter leur nom à la liste.

- Heu… dit lentement Zacharias sans prendre le parchemin que George lui passait. En fait, il suffira qu'Ernie me dise à quel moment aura lieu la prochaine réunion.

Mais Ernie, lui aussi, avait l'air d'hésiter à signer. Hermione le regarda en haussant les sourcils.

- Je… Enfin, bon, nous sommes préfets, s'exclama Ernie. Et si jamais cette liste était découverte… Je veux dire… Tu nous as avertis toi-même, si Gamabrage s'aperçoit…

- Tu viens d'affirmer que ce groupe était la chose la plus importante que tu aurais à faire cette année, lui rappela Harry.

- Je… Oui, répondit Ernie, oui, je le crois. Simplement…

- Ernie, tu penses vraiment que je vais m'amuser à laisser traîner cette liste ? demanda Hermione avec mauvaise humeur. Drago l'a dit, elle part pour Londres avec la mère de Harry. Si Gamabrage arrive à fouiller le bureau d'Ace, je me fais nonne.

- Pour la future vie de couple de Drago, assure-toi que ça n'arrive pas, Harry ! pouffa Daphne en prenant le parchemin des mains de George.

- Greengrass, tu vas me le payer, siffla Drago.

Après Ernie, plus personne ne souleva d'objection. Cho demanda simplement s'il était certain que tout irait bien pour Marietta et Harry lui donna sa parole, faisant qu'elle signa avec joie. Lorsque la dernière personne – en l'occurrence, Zacharias – eut signé, Hermione reprit le parchemin et le roula. Un sentiment étrange parcourait à présent l'assistance. C'était comme s'ils avaient signé une sorte de contrat.

- Deux dernières choses. La première, c'est que lorsque vous venez en cours, vous laissez vos robes de sorciers derrière. Chemise et baguette, voir pull ou veste. Rien de plus. Dans nos cours, il n'y a pas de maisons. Tout ça, c'est à la porte, exigea Harry.

- Seconde chose, nous sommes tous d'accord que ce que nous faisons est subversif, rappela Drago avec un étrange sourire. C'est pour ça qu'il nous faut une couverture. Ceux avec un minimum d'esprit stratégique comprendront ce que j'entends par-là.

- Au cas où on se fait découvrir ? comprit Angelina.

- Exactement. Et c'est là que ce sera le plus drôle. Nous allons monter un club de karaoke inter-maison. Si quelqu'un vous pose une question, vous direz que vous passez vos soirées à donner de la voix. Tout dépend de vous si vous avez des compétences vocales correctes pour appuyer vos dires.

- Les tiennes sont impeccables, Drago, je t'assure ! pouffa Hermione.

Le blond tourna la tête vers Hermione pour lui adresser un regard noir.

- Gardez bien ça en mémoire, c'est notre couverture et c'est ce que nous ferons si Gamabrage débarque, insista Harry.

- Karaoke… ça va être mortel ! s'exclama Justin.

- Padma et Abbott, restez derrière s'il vous plaît, demanda le D. Les autres, on vous libère.

Par groupes de deux ou trois, les autres s'en allèrent de la pièce pour profiter de leur journée.

Cho prit tout son temps pour fermer son sac, le visage caché derrière un long rideau de cheveux noirs, mais Harry s'occupait déjà de Padma et Hannah, l'ignorant totalement. Luna la regarda partir avec un regard sombre jusqu'à ce qu'elle disparaisse par la porte, esquivant Ace qui entrait à son tour.

- Donc, on va graver dans la roche notre couverture, disait Harry aux deux préfètes. Gamabrage ne doit pas demander pourquoi elle n'a jamais entendu parler du club et se retrouver avec des professeurs aussi perplexes qu'elle. C'est pour ça que vous allez voir vos directeurs de maisons et leur dire qu'en discutant avec les autres préfets de cinquième année, vous avez eu l'idée de monter un club de karaoke inter-maison. Si on vous demande les membres, vous dites que la liste est secrète pour éviter des ennuis et des moqueries aux concernés.

- Rogue se doutera qu'il y a quelque chose de louche, lui dit Drago. Mais il est assez fin pour se dire que poser plus de questions ne ferait qu'attirer des ennuis que l'on veut justement éviter.

- McGonagall va se demander ce qu'il m'arrive, grimaça Hermione.

- J'irais la voir avec toi, lui dit Harry.

- Tu mentirais à McGonagall en la regardant dans les yeux ? s'étonna Neville.

- C'est pas elle qui me fera peur.

Harry n'avait pas remarqué sa mère et Ace avait fait un signe de ne pas la trahir alors qu'elle se rapprochait de lui.

- Alors qui pourrait bien te faire peur, jeune homme ? demanda-t-elle.

Harry ne sursauta même pas.

- Je t'ai sentie venir. Tu tiens très chaud, m'man, se justifia le garçon.

Sa mère eut un soupir déçu.

Hermione lui donna la liste avec un sourire.

- Merci d'avance.

- Mais je t'en prie, sourit Ace avec un étrange air un peu effrayant. Si elle veut venir chez moi, je l'attends.

Oui, si Gamabrage arrivait à ressortir vivante et victorieuse d'une fouille chez Ace, ce serait un miracle.

Le papier disparut dans une poche intérieure du manteau de la femme. Elle se tourna vers Drago.

- Quelqu'un t'attend dehors.

Le blond sortit dehors avec curiosité avant de rejoindre rapidement sa propre mère qui s'était assise à l'autre bout de la salle.

- Et la blonde ? demanda Harry en refermant la porte.

- Le professeur Newgate l'a apportée à l'infirmerie. Il s'avère que la demoiselle a perdu connaissance. Et c'est une bonne chose parce qu'elle est anorexique et a donc besoin de voir un spécialiste qu'elle ne peut éviter dans ces conditions.

- Chang sera rassurée, marmonna Padma. La façon dont tu as présenté la chose a foutu la frousse, quand même.

- S'il y a une fuite, on va avoir des ennuis, au-delà d'une simple expulsion. Harry a bien fait, défendit Neville.

- Bon, eh bien, nous avons à faire. Bonne journée Miss Portgas !

- Bonne journée, jeunes filles.

Et Susan s'en alla avec Padma.

- Félicitations, en tout cas. Harry nous a dit, sourit Luna, quand les deux filles s'en allèrent.

- L'heureux papa doit marcher sur un nuage, commenta Hermione.

- Je lui ai faussé compagnie, mais faut pas le dire, chuchota Ace en posant un doigt sur ses lèvres. Il était à deux doigts de m'enrouler dans du papier bulle avant que je sorte de la maison. J'ai choisi judicieusement de sauter par la fenêtre quand il avait le dos tourné.

- Vous habitez haut, quand même, c'est dangereux, pointa Neville. C'est quatre étages.

- Le béton a eu plus mal que moi. Je déconne pas, y'a une trace d'impact juste sous le balcon ! En attendant, soyez prudent avec ce groupe, d'accord les jeunes ?

Le groupe hocha la tête.

- Alors je vais y aller. Ah et Tsuki-chan ? Même si je peux comprendre ce que tu ressens, ne vire pas au Yandere pour si peu, ça n'en vaut pas la peine.

Luna se contenta de grimacer.

- Pas trop de bêtises.

- Rentre avant que Marco ne perde les rares cheveux qu'il a encore, conseilla Harry.

Ace l'embrassa sur le front.

- Je t'aime mon chaton. On se voit vite.

Elle lui caressa le visage en souriant avant de partir en humant doucement.

- Marco n'est plus otou-san ? demanda Hermione.

- C'est plus compliqué que ça, Hermione, lui dit Harry en passant un bras autour des épaules de Luna.