Bonjour à tous, on se retrouve aujourd'hui pour la suite des aventures de nos sorciers en herbes et leur plan machiavélique contre Ombrage.
Marukolaugier : Elle l'a cherché.
Yuwine : Pas encore pour Narcissa, tu verras, c'est pour bientôt. / Yuki est une victime innocente./ Oui, la pique dans la main est bien envoyé.
Mimi76lh : Il suffit de peu pour changer une histoire, je l'ai bien compris en écrivant Golden Prince./ Il suffit juste d'une éducation et d'une influence différente au lieu de laisser les jeunes sans guidance./ Ah bah, on va l'avoir la chansonnette. Elle va vous surprendre :3
LiberLycaride : Oui, Oeil pour oeil, dent pour dent marche aussi, mais je préfère dire "Loi du Talion".
Sur ce, on se retrouve pour la prochaine ! Bises !
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- Gamabrage surveille les cheminées, j'en suis presque certaine, dit Hermione d'un air grave. Surveille ta grenouille, elle s'échappe.
Harry tendit une main sur la grenouille-taureau qui sautillait, pleine d'espoir, vers le bord opposé de la table et celle-ci retourna aussitôt dans sa main, visiblement déçue, attirée par la magie sans baguette de l'adolescent.
Le cours de sortilèges était l'un des plus propices au bavardage. Il y avait en général tant de mouvements et d'activités diverses qu'on ne courait pas grand risque d'être entendu. Ce jour-là, entre les coassements des grenouilles et les croassements des corbeaux, auxquels s'ajoutait le martèlement de la pluie contre les fenêtres, Harry, Neville et Hermione pouvaient parler sans se faire remarquer de la façon dont Ombrage avait failli attraper Sirius.
- J'ai eu des soupçons depuis le jour où Rusard t'a accusé de commander des Bombabouses. C'était tellement stupide, comme mensonge ! murmura Hermione. Il suffisait de lire ta lettre pour s'apercevoir que ce n'était pas vrai et donc, tu n'aurais eu aucun ennui… C'est un peu léger, comme farce, non ? Je me suis alors dit : « Et si quelqu'un cherchait simplement un prétexte pour lire ton courrier ? » Dans ce cas, ce serait le meilleur moyen pour Gamabrage d'y arriver : te dénoncer à Rusard, lui laisser le travail peu reluisant de confisquer ta lettre, puis s'arranger pour la lui voler ou même exiger de la voir. Je ne pense pas que Rusard s'y opposerait. Il n'a jamais beaucoup défendu les droits des élèves, non ? Harry, tu écrases ta grenouille.
Il la serrait en effet si fort dans sa main qu'elle en avait les yeux qui lui sortaient de la tête. Harry reposa la grenouille sur la table.
- On avait pas déjà émis cette hypothèse ? demanda Neville qui pratiquait l'exercice avec un corbeau.
- Certainement. En attendant, c'était vraiment moins une, hier soir, reprit Hermione. Un peu plus est Patmol se faisait prendre. Silencio.
La grenouille sur laquelle elle pratiquait le sortilège de Mutisme resta sans voix au beau milieu d'un coassement et lui lança un regard de reproche.
- Si elle avait réussi à attraper Patmol…
Harry acheva sa phrase pour elle :
- …je n'aurai aucun parrain foireux à qui rendre visite à Azkaban, puisqu'il aurait été déjà embrassé.
- Et ça aurait fait la Une de la Gazette, pointa Neville.
Harry agita sa baguette sans vraiment se concentrer et sa grenouille se mit à enfler comme un ballon vert en émettant un sifflement suraigu.
- Silencio ! dit aussitôt Hermione.
Elle pointa sa baguette sur la grenouille qui se dégonfla silencieusement.
- Il ne faut surtout pas qu'il recommence, voilà tout. Je me demande même si c'est une bonne chose qu'il continue de fréquenter le bar.
- On a averti Izou ce matin qui a dit qu'il ferait passer le message, lui rappela Neville. Qu'il revienne ou pas au bar, Remus pourra le mettre au courant.
- Silencio.
Le trio tourna la tête pour regarder Ronald un peu plus loin qui s'exerçait sur un corbeau.
L'affreux gros corbeau qui se trouvait sur sa table lança un croassement moqueur.
- Silencio ! SILENCIO !
Le corbeau croassa encore plus fort pour bien se moquer de lui.
- C'est la façon dont tu bouges ta baguette, dit Hermione en observant Ronald d'un œil critique. Il ne faut pas l'agiter comme ça, plutôt donner un coup sec.
- Les corbeaux, c'est plus difficile que les grenouilles, répondit Weasley avec mauvaise humeur.
- Très bien, on n'a qu'à échanger, si tu préfères, proposa Harry en se levant.
Il prit la grenouille sur sa table et le remplaça par le corbeau de Ronald qu'il incita à grimper sur sa main en sifflotant. Ainsi, il revint à sa place, reposa sur le bureau l'animal à plume et lui sifflota une insulte. Immédiatement, le corbeau lui croassa à la figure avec colère.
- Silencio.
Le corbeau continua d'ouvrir et de fermer son bec pointu, mais plus aucun son n'en sortait.
- Très bien, Mr Portgas ! s'exclama la petite voix flûtée du professeur Flitwick.
Neville, Ronald et Hermione sursautèrent d'un même mouvement, ne l'ayant pas entendu arriver. Neville et Hermione jetèrent un regard noir à Harry qui souriait de toute ses dents, plus heureux que jamais de son niveau débutant en Haki.
- À vous d'essayer, Mr Weasley, encouragea le professeur.
- Que… quoi ? oui, bien sûr, dit le roux, pris au dépourvu. Heu… Silencio !
Il fit un mouvement si brusque qu'il donna un coup de baguette dans l'œil de la grenouille. Celle-ci sauta aussitôt de la table en lançant un coassement assourdissant.
Sans surprise, Flitwick imposa comme devoir supplémentaire à Ronald l'obligation de pratiquer le sortilège de Mutisme.
En raison de la pluie qui continuait à tomber dru, les élèves furent autorisés à rester à l'intérieur pendant la récréation. Le groupe d'amis trouva quelques chaises libres dans une classe du premier étage, bruyante et surpeuplée, où Peeves, l'air rêveur, flottait à côté du lustre en jetant de temps à autre une boulette imbibée d'encre sur la tête de quelqu'un. Ils venaient tout juste de s'asseoir lorsqu'ils virent arriver McGonagall qui se frayait un chemin parmi la foule des élèves occupés à bavarder.
- Je voulais vous voir justement ! s'exclama Harry.
- Moi aussi, mais dites-moi.
Avec une expression d'une naïveté presque désarmante, Harry lui expliqua son histoire :
- Il doit y avoir un problème avec les sorts anti-insectes de la salle commune. Hier soir, juste avant de nous coucher, j'ai vu une araignée grosse comme ça dans le feu !
Il imagea la taille avec ses deux mains.
- J'en ai jamais vu de pareille, elle était grosse, pâle, imberbe et elle avait de grosses plaques sur les pattes, comme si c'étaient des bagues sur des doigts boudinés. J'ai voulu la tuer pour vous la montrer, mais elle a disparu. Ce qui est bizarre parce que je suis certain de l'avoir touchée.
McGonagall regarda Harry d'un air sévère, puis jeta un regard aux autres, avant de revenir au brun qui avait une expression toujours aussi innocente.
- Êtes-vous en train d'avouer à votre professeur que vous avez agressé un de vos enseignants ? Ce que vous me décrivez, c'est la main du professeur Ombrage.
- Pourquoi j'aurai agressé le professeur Ombrage ? Il est absolument impensable que je fasse une chose pareille !
- Dis ça à Quirrell… toussota Drago dans son poing ce qui fit renifler d'hilarité Neville.
- Non, et puis, que faisait la main du professeur dans la cheminée de la tour de Gryffondor ? continua Harry.
- Vous ne seriez pas en train d'essayer de m'embobiner, Mr Portgas ?
- Je n'oserai pas le faire, surtout auprès de ma directrice de maison.
- Pourquoi je ne vous crois pas ?
- Eh bien, j'ai vu le professeur il y a peu et elle n'avait pas l'air d'avoir de blessure aux mains, annonça Luna en volant au secours de son petit-ami. Après, elle avait l'air de porter des gants.
McGonagall soupira en se massant le nez.
- Vous cinq me donnez plus de problème que j'en ai eu avec les Maraudeurs, vous le réalisez ? Je ne devrais pas, mais je ferme les yeux pour cette fois, parce qu'elle le mérite après ce qu'elle a fait à votre main. Au moins, nous avons la confirmation que les cheminées du château sont surveillées. Évitez de nouveau ce genre de comportement, Mr Portgas.
- Mais j'ai rien fait ! gémit Harry.
- Mr Portgas, je ne suis pas née de la dernière pluie. J'étais venue vous annoncer que vous aviez l'autorisation d'ouvrir votre club, alors, ne me faites pas regretter.
- Je m'assurerai que Harry n'ait pas envie d'empaler d'autres… araignées, promit Hermione avec un regard menaçant pour son ami.
- Je pourrais aussi passer faire une inspection surprise pour m'assurer que vous ne faîtes rien de répréhensible dans votre club. Parce que j'ai beaucoup de mal à voir quelqu'un comme Mr Malefoy pousser la chansonnette.
Drago adressa un regard noir à Harry et Hermione quand ils se mirent à rire.
- Je l'ai vu faire avec Harry, professeur, c'était sans prix ! confirma Hermione.
- Bien. Ne vous attirez pas plus d'ennuis.
Avec un regard pour le groupe, elle replongea dans la cohue, évita de justesse une boulette d'encre qui atterrit sur la tête d'un élève de première année, puis disparut en partant à la poursuite de Peeves.
- Elle doit particulièrement détester Gamabrage pour ne pas t'avoir puni, commenta Neville.
Drago, lui, regardait Hermione qui contemplait la fenêtre, mais ne semblait pas la voir. Les sourcils froncés, elle regardait dans le vide.
- Qu'est-ce qu'il y a, Hermione ?
- Oh euh… j'étais simplement en train de penser…, dit-elle sans quitter des yeux la fenêtre ruisselante de pluie.
- A quoi donc ?
- J'imagine que nous avons raison de faire ce que nous faisons… Enfin, je crois… Non ?
Le reste du groupe échangea un regard.
- Tu as des doutes sur ton idée ? demanda Luna.
- Je sais, admit-elle en s'entortillant les doigts. Mais après avoir parlé avec Patmol…
- Il est tout à fait d'accord, fit remarquer Harry.
- Oui, dit Hermione qui regardait à nouveau la fenêtre. Oui, c'est justement pour ça que je me demande si c'est une bonne idée, après tout…
Peeves vint flotter au-dessus d'eux, sa sarbacane prête. Machinalement, tous se protégèrent la tête de leurs sacs jusqu'à ce qu'il se soit éloigné.
- En quoi le fait que Patmol soit d'accord jette le doute sur le projet ? demanda Neville.
Hermione paraissait tendue et malheureuse. Les yeux à présent fixés sur ses mains, elle demanda :
- Tu as vraiment confiance en son jugement ?
- Pourquoi ?
Une boulette d'encre les frôla et frappa Katie Bell en plein sur l'oreille. Hermione la regarda se lever d'un bond et se mettre à lancer divers objets à Peeves. Enfin, elle reprit la parole en ayant l'air de choisir très soigneusement ses mots.
- Tu ne crois pas qu'il aurait pu devenir un peu… disons… téméraire… depuis qu'il est enfermé square Grimmaurd ? Tu ne crois pas que… il aurait tendance à vivre… à travers nous ?
- Qu'est-ce que tu veux dire par vivre à travers nous ? s'étonna Harry.
- Je veux dire que… je pense qu'il aimerait beaucoup fonder une société secrète de défense juste sous le nez de quelqu'un du ministère… Je crois qu'il se sent très frustré de ne pas pouvoir faire grand-chose là où il est… Alors, j'ai l'impression que… qu'il nous pousse à agir à sa place.
- Hermione, regarde-moi, demanda Drago en se penchant vers l'avant.
La demoiselle tourna la tête vers son petit-copain qui la fixa de ses yeux gris clair, sans la lâcher un seul instant.
- Patmol est d'accord avec le projet, mais ce n'est pas à lui que Harry a demandé conseil. Toi-même tu dis que le Saint Docteur est l'homme le plus logique et rationnel que tu n'aies jamais vu. Et cet homme nous a exposé clairement son opinion, mais surtout, nous a dit quoi faire pour ne pas nous faire prendre.
- S'il y en a un qui doit s'ennuyer, c'est bien lui.
- Hermione ! Il vient de gagner un fils ! rabroua Neville. Voir même deux si on voit son attachement à Drago ! Tu crois vraiment qu'il va les envoyer à l'abattoir ?
- Et il m'a dit lui-même que ça faisait du bien de travailler comme médecin pour la mafia anglaise, parce qu'il a été bloqué sur une île d'un calme plat à jouer les gentils petits docteurs de campagne, lui dit Harry. S'il y en a un qui ne vit pas par procuration, c'est bien lui.
- Toutes ces idées pour nous assurer qu'on se fera pas prendre, c'est lui qui nous les a données, rappela Luna. Tu ne peux pas accuser le Saint Docteur de vouloir nous envoyer dans la gueule du danger sans préparation.
Hermione se mordit la lèvre sans rien répondre. La cloche retentit au moment où Peeves fondait sur Katie en lui renversant une bouteille d'encre sur la tête.
- En attendant, on devrait commencer à songer à quand organiser la première séance, dit Neville alors qu'ils se levaient.
- Je vais demander au capitaine un parchemin avec l'emploi du temps de nos prochaines séances d'entraînement, annonça Drago.
- Je vais en faire de même pour l'équipe de Serdaigle, assura Luna. A ce soir.
Elle et Harry s'embrassèrent chastement avant que la blondinette s'en aille. Neville assura qu'il toucherait un mot à Susan et les Gryffondor s'en allèrent, bien que Hermione et Drago eurent un peu de mal à se séparer.
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Harry se réveilla en sursaut mais Dobby avait appris depuis le temps qu'il ne fallait pas rester dans les environs d'un Portgas endormi. La lame passa au large de l'elfe de maison qui resta immobile le temps que l'adolescent se réveille. Le D. scruta les ténèbres autour de lui avant de voir l'elfe.
- Désolé Dobby, s'excusa mollement Harry.
- Dobby sait à quoi s'attendre et agit en conséquence, assura l'elfe en se rapprochant de nouveau du chevet de l'étudiant.
- Qu'est-ce qu'il se passe pour que tu viennes me réveiller à… minuit ? M'man a un problème ?
- Dobby vient juste ramener miss Yuki à monsieur Harry. Le Capitaine a fini la rééducation de l'aile. Miss Yuki va beaucoup mieux.
En effet, dans les bras recouverts d'un kimono vert pomme de l'elfe, la chouette blanche hululait d'un air paisible, visiblement guérie. Harry s'assit dans son lit et présenta sa main à la chouette qui se percha dessus d'un air ravi.
- Comment va Winky ?
- Elle se remet lentement, elle fait son deuil, mais elle continue de boire beaucoup, dit tristement Dobby. Mais l'Alpha et le professeur Chourave l'aident beaucoup. Et monsieur Drago a beaucoup changé à son contact. Dobby pense que quand monsieur Drago quittera Poudlard et les Portgas, il proposera à Winky de venir avec lui.
- Et toi, tu feras quoi, quand les Flamel auront fini avec les préparations ?
- Dobby a le mal de mer, mais il a entendu dire que monsieur Harry voulait s'installer sur une jolie petite mangrove. Dobby suivra certainement monsieur Harry.
Un sourire étira les lèvres du D. alors qu'il présentait son poing à Dobby pour un check.
- Tu seras le bienvenu.
Dobby répondit joyeusement au check à son tour.
- Dobby a aussi ceci pour monsieur Harry.
De son kimono, il sortit plusieurs parchemins qui correspondaient aux emplois du temps des équipes de Quidditch des autres maisons.
- Le Capitaine a demandé si tout était prêt pour vous.
- Il nous manque un moyen de communication entre nous, mais on fera sans pour l'instant. Tu es vraiment d'accord pour nous servir de guet ?
Dobby positionna ses deux mains devant son visage, comme Harry avait vu faire dans des mangas de ninja.
- Dobby est un ninja ! Il s'entraîne très dur pour voler la recette des cookies magiques de l'Alpha ! Personne ne verra Dobby ! Dobby est le ninja des Portgas ! chuchota l'elfe avec sérieux.
- D'accord, monsieur le ninja, je te tiens au courant. Bonne nuit.
Dobby eut une joyeuse révérence et fila hors du dortoir pour retourner à son travail. Harry sifflota doucement à Yuki qui alla se percher sur la tête du lit pour glisser sa tête sous son aile. Avec un sourire, l'adolescent se rendormit paisiblement.
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Les pans de leurs robes voltigeaient et tournoyaient autour d'eux alors qu'ils traversaient en pataugeant le potager détrempé pour se rendre au double cours de botanique. La pluie qui tombait en gouttes aussi grosses que des grêlons sur le toit de la serre produisaient un tel vacarme qu'ils avaient du mal à entendre le professeur Chourave. L'après-midi, il fallut transférer le cours de soins aux créatures magiques dans une classe libre du rez-de-chaussée à cause de la tempête qui balayait le parc et, à l'heure du déjeuner, Angelina informa, au grand soulagement de Ronald, que la séance d'entraînement de Quidditch était annulée. Harry sauta sur l'occasion pour lui dire à elle et Ronald à voix basse :
- Très bien, le terrain était à Gryffondor, donc, on va pouvoir commencer. Ce soir, sept heures et demi, septième étage, en face de la tapisserie qui représente Barnabas le Follet battu par les trolls. Tu peux le dire au reste de ton équipe ?
Elle parut légèrement déconcertée mais promit de faire passer le message. Harry utilisa ensuite le repas du soir pour s'assurer de faire passer le message, allant aborder directement Susan pour lui demander à voix haute si elle ne voulait toujours pas faire une chanson en duo avec Neville. Ils étaient à l'entrée de la Grande Salle quand il lui dit ça, et bien assez des élèves du club passaient à proximité pour saisir le message.
- On commence ce soir le club, ça serait bien.
- Tu sais que Neville est déjà promis, ça ne sert à rien de faire les entremetteurs pour nous. Ne croit pas que c'est parce que tu as réussi à caser Hermione avec quelqu'un, que c'est ta vocation. On règlera ça ce soir, lui répondit la demoiselle en ayant compris le but de la manœuvre.
La localisation de la salle termina dans la poche de Susan quand Luna passa par-là. La blondinette renonça d'ailleurs à manger avec son petit-copain pour aller faire passer le mot aux Serdaigle.
Heureusement qu'ils avaient l'excuse du club de karaoké, vu qu'ils faisaient ça au nez et à la barbe des professeurs. Il fallait qu'ils trouvent un autre moyen de communication.
À la fin du dîner, cependant, le D. était sûr que la nouvelle avait été transmise à chacune des personnes qui avaient assisté à la première réunion. Ils étaient bien une petite trentaine, ça faisait du peuple à avertir.
A sept heures, Harry, Neville et Hermione quittèrent la salle commune, Harry serrant dans sa main la carte des Maraudeurs. Les élèves de cinquième année avaient le droit de se promener dans les couloirs jusqu'à neuf heures du soir mais tous trois n'en jetaient pas moins des regards inquiets tout autour d'eux-pendant qu'ils montaient au septième étage.
- Attendez, dit Harry lorsqu'ils furent arrivés en haut du dernier escalier.
Il déroula son parchemin, le tapota avec sa baguette magique et murmura :
- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Le plan de Poudlard apparut aussitôt. De petits points noirs mobiles, chacun accompagné d'un nom, montraient à quel endroit du château se trouvaient les diverses personnes qu'ils tenaient à éviter.
- Rusard est au deuxième étage, dit Harry en regardant le plan de près. Et Miss Teigne au quatrième.
- Et Ombrage ? demanda Hermione d'un ton anxieux.
- Dans son bureau, indiqua Harry. Dobby est en position et Drago est déjà là-haut. On peut y aller.
Ils se hâtèrent le long du couloir jusqu'à une surface de mur lisse, face à une immense tapisserie qui représentait la stupide tentative de Barnabas le Follet d'apprendre à des trolls l'art de la danse. Un troll mangé par les mites cessa de donner ses habituels coups de massue au maître de ballet et regarda les nouveaux venus. Est-ce qu'il avait assez d'intelligence pour reconnaître ces visiteurs récurrents ? Drago les rejoignit de l'autre côté du couloir, cachant au mieux sa nervosité.
Neville se chargea de faire apparaître la pièce, faisant demi-tour devant la fenêtre située à l'une des extrémités du mur, puis devant le vase de la taille d'un homme qui se trouvait à l'autre bout.
« Il nous faut un endroit pour apprendre à nous battre… pensait-il avec force. Donnez-nous un lieu pour nous entraîner… »
Une porte de bois verni apparut dans le mur.
- On est bon Neville, annonça Harry.
Il attrapa la poignée de cuivre, ouvrit la porte et pénétra le premier dans une pièce spacieuse, illuminée par des torches semblables à celles qui éclairaient les cachots, huit étages plus bas. Des bibliothèques s'alignaient le long des murs et de grands coussins en soie tenaient lieu de sièges. Au fond de la pièce, des étagères étaient chargées de toutes sortes d'instruments tels des Scrutoscopes, des Capteurs de Dissimulation et une grande Glace à l'Ennemi craquelée, des objets que sa mère possédait pour la plupart dans ses deux bureaux, astucieusement placés pour ne pas être vu des moldus. C'était Remus qui les lui avait recommandés, tout en lui conseillant de ne pas s'y fier en permanence.
Drago entra à sa suite et testa du pied les tapis au sol, le plus souvent utilisés dans les gymnases moldus.
- Parfait pour les chutes et le corps à corps, dit le blond avec un air satisfait.
- Et si on a de la visite ? demanda Hermione qui avait suivi le mouvement avec Neville.
Tout juste eut-elle prononcé ses mots que la salle changea pour devenir instantanément plus petite et confortable, avec des tentures de couleurs vives aux murs. Des poufs et des canapés étaient disséminés un peu partout en arc de cercle autour d'une petite estrade de bois avec un micro et un étrange gramophone. Il y avait même une table basse sur laquelle ils pourraient déposer des bonbons et des boissons pour parfaire le déguisement.
- Que demande le peuple ? demanda Neville avec satisfaction.
- Plus qu'à attendre tout le monde, annonça Drago.
Et la salle de défense réapparut à une vitesse vertigineuse.
- Tu surveilles la Carte ? demanda Harry à Neville en lui donnant le parchemin.
La création des maraudeurs changea de main alors que Drago accrochait à un porte-manteau sa robe de sorcier. Il défit sa cravate et son col, imité par Harry, avant de remonter ses manches sur son propre holster. Hermione secoua la tête en les voyant faire et elle prit sur une étagère Sortilèges à l'usage des ensorcelés, se laissa tomber sur le coussin le plus proche et commença à lire. Neville se chargea de la surveillance de la carte pendant que Harry et Drago partaient dans un combat à main nue.
On frappa doucement à la porte mais ils ne se déconcentrèrent pas de leur échange de coups. Ginny, Ronald, Seamus, Lavande, Parvati et Dean étaient arrivés.
- Ooooh, s'écria Dean en regardant autour de lui, l'air impressionné. C'est quoi, cet endroit ?
- J'aurais jamais cru voir un Malefoy se battre comme un moldu ! s'étonna Ronald.
Drago ne se démerdait pas trop mal, preuve qu'il avait bien compris les cours qu'on lui avait donnés durant l'été, mais Harry apprenait ça depuis qu'il était gamin. Aussi, il parvint à coincer son camarade par derrière. Le Serpentard ne se laissa pas faire pour autant puisqu'il réussit à faire passer le brun par-dessus son épaule qui, malheureusement pour Drago, resta accroché. Et Harry profita donc de l'élan qui lui était donné pour se relever tout en envoyant le blond à terre où il resta là, le souffle coupé.
- Victoire Portgas, annonça Neville.
Les deux belligérants se redressèrent pour arranger leur tenue. On leur posa des questions sur la salle et Harry se lança dans des explications mais, avant d'en avoir terminé, d'autres personnes arrivèrent et il dut tout recommencer depuis le début. Lorsqu'il fut sept heures et demie, tous les coussins étaient occupés. Hermione prit bien soin de marquer la page de Sortilèges à l'usage des ensorcelés à laquelle elle avait interrompu sa lecture et mit le livre de côté.
- Bien, dit Drago en frappant dans ses mains, cachant sa nervosité au maximum. Voici donc l'endroit que nous avons trouvé pour nos séances d'entraînement.
- C'est fantastique ! dit Cho.
Des murmures approbateurs s'élevèrent de toutes parts.
- C'est bizarre, dit Fred, les sourcils froncés, un jour on s'est réfugiés ici pour échapper à Rusard, tu te souviens, George ? Mais, à l'époque, c'était un simple placard à balais.
- C'est normal, puisque la particularité de cette salle est qu'elle s'adapte à nos besoins, expliqua Harry.
- On l'a testée tout à l'heure et elle changera instantanément si un professeur vient nous voir. Officiellement, nous sommes un club de karaoké, rappela froidement Drago.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Dean, assis au fond de la pièce, l'index pointé sur les Scrutoscopes et la Glace à l'Ennemi.
- Des détecteurs de magie noire, répondit Harry en se faufilant parmi les coussins pour s'approcher des étagères. Leur fonction de base, c'est de montrer la présence d'ennemis ou de Mages noirs qui se trouveraient à proximité, mais il ne faut pas trop s'y fier, on peut parfois déjouer leur vigilance…
Il observa un moment la Glace à l'Ennemi craquelée. Des silhouettes sombres s'y promenaient mais aucune n'était reconnaissable. Harry tourna le dos au miroir.
- Drago et moi avons réfléchi à ce qu'on devrait faire au début et… heu…
Hermione avait ne main en l'air
- Qu'est-ce qu'il y a, Hermione ? demanda Drago.
- Je pense qu'il faudrait commencer par élire un chef, dit-elle.
- C'est Harry, le chef, dit aussitôt Cho en regardant Hermione comme si elle était folle.
- Je pense qu'il faudrait procéder à un vrai vote, poursuivit Hermione, imperturbable. Ça officialisera la fonction et ça lui donnera l'autorité nécessaire.
Drago adressa un regard à Harry qui poussa un de ses sifflements tonitruant dont il avait le secret.
- On n'a pas besoin de chef, leur dit simplement Drago maintenant que tout le monde les regardait.
- Mais… commença Hermione.
- Non. Il a été dit à la réunion qu'il s'agissait de cours, donc, il n'y a pas de chef, seulement des professeurs, lui dit Drago. Pour le coup, c'est Harry et moi.
- Et un nom pour notre groupe ? Ce serait une façon de créer une unité et un esprit d'équipe, vous ne croyez pas ?
- On n'a qu'à s'appeler la Ligue des champions anti-Ombrage, proposa Angelina, avec optimisme.
- Ou alors le Front de libération contre les crétins du ministère, suggéra Fred.
- Moi, je pensais plutôt à un nom qui ne dévoilerait pas tout de suite ce que nous faisons, reprit Hermione en regardant Fred les sourcils froncés. Comme ça, on pourrait en parler sans risque en dehors des réunions.
- L'Association de défense ? risqua Cho. En abrégé, ça donnerait A.D., personne ne saurait de quoi il s'agit.
- Oui, c'est pas mal l'A.D., approuva Ginny. Mais ce serait mieux si ça voulait dire l'armée de Dumbledore, puisque c'est la pire crainte du ministère, non ?
Il y eut un mélange d'éclats de rire et de murmures approbateurs.
- Ginevra. La seule fois où on m'associera à Dumbledore sans que je proteste, ça sera quand je serais six pieds sous terre et entre quatre planches de sapin, dit froidement Harry. Non, parce qu'au cas où vous ne seriez pas au courant, je déteste ce mec. Je pose directement ma démission de tout groupe qui portera son nom.
- Et pourquoi pas LeClub ? proposa Luna. C'est vrai après tout, c'est ce que nous sommes et c'est assez vague pour induire en erreur ceux qui ne savent rien de ce que nous faisons.
- Elle marque un point, admis Susan. Je vote pour Le Club !
- D'autres propositions ? demanda Neville. Une fois, deux fois, adjugé vendu pour la blondinette !
- Autre chose à rajouter ? s'enquit Harry à Hermione.
La jeune femme fit mine de se coudre la bouche.
- Bien, dit Drago. Avant de passer à la pratique, on va vous dire comment ça va se passer. Parce que vous n'allez pas être ici qu'à lancer des sorts.
- Quoi, tu vas nous faire faire de la lecture comme Ombrage ? se moqua Ronald.
- Non, vous allez apprendre à bouger. C'est qui le plus jeune qu'on a ici ?
- C'est Denis, il est en seconde année, répondit Colin en montrant son petit-frère.
- Les autres, vous avez tous eut Lockhart, non ? se fit confirmer Harry.
- Où est le rapport ? demanda Astoria.
- Vous vous souvenez du duel entre le professeur Newgate et le professeur Rogue ? C'est de ça que Drago parle en disant qu'il faut apprendre à bouger. La première chose à faire durant une attaque, c'est courir.
Harry poussa un nouveau sifflement pour faire taire les protestations et les commentaires désobligeants.
- Fuir n'est pas un acte de lâcheté, leur dit froidement le D. en croisant les bras. Si vous échappez à une attaque, vous pourrez gagner du temps pour faire plein de choses.
Et il commença à les compter sur ses doigts.
- Avertir des innocents aux alentours de la possible présence de danger et même vous trouver des alliés. Vous aurez moins de chance de crever stupidement. Cela vous permet, si votre agresseur se barre avant que vous reveniez avec de l'aide, à engranger des connaissances sur sa façon de se battre, ce qui augmentera un peu plus les chances de survie. Chacun à un style, une méthode bien particulière de combattre, une sorte de signature. En le réalisant, on peut en trouver la faille. Courir vous permet aussi de préparer un plan. Pour l'avoir déjà mis en pratique, je peux vous assurer qu'un ennemi va faire une drôle de tête s'il vous voit brusquement fondre sur lui alors que l'instant d'avant, vous étiez en train de chercher à lui échapper. Quelque chose à rajouter ?
Pour le coup, même les fonceurs n'avaient plus envie de protester.
- Si vous choisissez de rester et vous battre malgré ce que je viens de vous dire, c'est votre responsabilité et votre vie et conscience. Ne venez pas pleurer parce qu'on vous a pas averti, insista Harry. De toute façon, il y a peu de chance que vous puissiez pleurer après coup.
Il regarda Drago en hochant la tête et le blond enchaîna :
- Courir ne se résume pas qu'à la fuite. Si on se limite aux Mangemorts, on parle de personnes qui n'ont jamais eu à lever le petit doigt de leur vie. Certes, ce sont des adultes expérimentés, mais ils s'essouffleront vite, même si votre adversaire est un ancien joueur de Quidditch. Parce que les sorciers sont fainéants. Je le réalise et le dit clairement aujourd'hui. On a la magie pour tout faire, alors, à quoi bon s'embêter. C'est pour ça que le professeur Newgate a eu aussi facilement le professeur Rogue. Le sorcier reste debout comme un piquet alors que le moldu bouge. Et c'est ce qui vous sauvera dans un combat contre un sorcier. Pas en restant immobile et aussi grandiose que vous voulez.
- Un combat, c'est sale, c'est retors. Vous pouvez être aussi courageux ou brillant que vous le voulez, mais si on vous touche, le résultat reste le même. Il n'y a plus personne. Et c'est l'une des deux leçons essentielles de la Défense. La meilleure défense, c'est de ne pas être là. Un sort comme le Protegro ne sert à rien contre quelque chose comme un Impardonnable.
- Et c'est ce qu'on va faire. Vous allez apprendre à esquiver, à bouger, à courir. Bien entendu, on va se limiter à un seul sortilège à chaque fois. Aujourd'hui, on va voir, pour ceux qui ne le connaissent pas, et revoir pour les autres, le désarmement avec Expelliarmus. On sait que c'est assez élémentaire mais je me suis rendu compte qu'il était très utile…
- Oh, non, s'il te plaît, dit Smith en levant les yeux au plafond, les bras croisés. Je ne crois pas qu'Expelliarmus puisse vraiment nous aider contre Tu-Sais-Qui.
- Debout, exigea Harry.
- Pourquoi ?
- C'est toi ou moi le prof ? Debout. Mereida. C'est un ordre.
En grognant, Smith se leva et vint se tenir à côté de Harry.
Drago parcourut la foule du regard.
- Luna, tu vas illustrer nos points. Tu es plus jeune et plus petite que lui, le résultat devrait être connu d'avance.
Sans hésitation, la blondinette se leva et se rangea du côté de Drago.
- Vous allez vous affronter, leur dit clairement le Serpentard. Pas d'autres sorts que les Expelliarmus. Le duel s'arrête seulement quand vous êtes à terre.
Il alla se mettre sur un côté avec Harry et le D. siffla le début du duel. Smith lança son sort de toutes ses forces sur Luna qui n'était déjà plus là, la blondinette ayant déjà pris la fuite en s'éloignant du public, formant un vague cercle autour de Smith.
- Mais arrête de bouger ! lui cria le poufsouffle en loupant sa cible pour la énième fois.
- D'accord, lui dit la blondinette.
Elle pivota hors du chemin d'un sort et lança un Experlliarmus qui prit Smith en pleine poitrine, le renversant et lui faisant perdre sa baguette. Il paniqua en la cherchant mais dû se rendre à l'évidence qu'il ne risquait pas de faire grand-chose quand il sentit celle de Luna sur sa nuque. Un éclair rouge frappa la blondinette, la renversant à son tour, alors que sa baguette roulait jusqu'à Harry. C'était Drago qui venait de la prendre par surprise. La demoiselle retrouva rapidement ses sens, et se remit à courir, cette fois, droit sur Drago, sans prendre la peine de chercher sa baguette, se focalisant sur celle de son ennemi pour esquiver les sorts. A un peu moins d'un mètre de lui, elle lui sauta dessus, le prenant dans le ventre pour le renverser à terre, lui tordant la main pour lui mettre sous la gorge sa propre baguette.
La démonstration valut des applaudissements chaleureux.
- Comme l'a si bien prouvé Smith, un sorcier, sans sa baguette, ça ne sert à rien, annonça Harry. Vous perdez un temps précieux à la chercher, ce qui vous coûte votre vie. Quand on a une arme, on ne la lâche sous aucun prétexte.
Il tira de son holster sa baguette et montra la dragonne qu'il avait installée au bout.
- C'est tout con, mais pour vous la faire perdre, ça sera déjà une autre paire de manches.
Il lança à Luna sa propre baguette magique alors qu'elle se relevait avec Drago.
- Maintenant, Smith, tu sais où est la porte si tu penses toujours que savoir lancer un sort du niveau de Expelliarmus n'est pas digne de toi.
Smith ouvrit la bouche d'un air niais. Les autres restèrent totalement silencieux.
- D'autres pensent comme lui ? demanda Drago.
Smith ne bougea pas. Ni personne d'autre.
- Nous sommes d'accord.
- Tu t'es fait mal ? demanda Daphne en voyant Luna se massait l'épaule.
- C'est passager, assura la blondinette avec un sourire.
- Si on en a besoin, on a une trousse de secours et la salle nous fournira les instructions pour soigner les moindres blessures, rassura Harry. Des blessures peuvent toujours arriver, mais on peut les gérer. On apprendra d'ailleurs des sorts de premiers soins, c'est toujours bon à prendre.
- Donc, enchaîna Drago. Nous allons former des équipes de deux et nous mettre au travail. La question n'est pas de frapper fort, mais de viser juste. Ça ne sert à rien d'en faire des tonnes. On va d'abord vous regarder, puis on passera dans les groupes pour vous conseiller.
Donner ainsi des instructions procurait un étrange sentiment mais il était encore plus étrange de voir les autres les suivre. Tout le monde se leva aussitôt et se répartit par équipes de deux. Harry colla d'office Ginny avec Luna, sachant que même si elles étaient plus ou moins amies, elles ne se feraient pas de cadeau pour autant.
- Commencez et essayez d'éviter les attaques de l'autre. Trois sorts, et vous échangez, lança Harry.
Des Expelliarmus retentirent alors dans toute la pièce. Des baguettes magiques volèrent en tous sens. Des sortilèges mal orientés frappèrent les livres rangés sur les étagères en les projetant en l'air.
En jetant un coup d'œil autour d'eux, Drago et Harry s'aperçurent qu'il avait eu raison de commencer par un exercice de base. Tout cet étalage de magie n'était guère brillant. Nombre d'entre eux étaient incapables de désarmer leurs adversaires et ne parvenaient qu'à les faire reculer de quelques pas ou à leur arracher une grimace lorsque leur sort défaillant leur sifflait au-dessus de la tête.
Drago donna un coup de coude à Harry pour lui montrer Smith. Il se passait quelque chose de bizarre avec lui. Chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour désarmer Anthony Goldstein, sa propre baguette lui sautait de la main alors qu'Anthony n'avait pas encore émis le moindre son. Harry n'eut pas à chercher très loin la clé du mystère : Fred et George se trouvaient à quelques pas de Smith et lui pointaient à tour de rôle leur baguette dans le dos.
Le D. contourna la salle pour ne pas se faire voir des deux blagueurs et arriva dans leur dos pour leur administrer une claque avec un peu de Haki à l'arrière du crâne, faisant gémir de douleur les deux idiots.
- Désolé, Harry, dit précipitamment George lorsqu'il croisa son regard. Je n'ai pas pu résister.
- Ne recommencez pas.
Avec Drago, il passa parmi les autres en essayant de corriger ceux qui s'y prenaient mal. Ernie Macmillan brandissait sa baguette avec de grands gestes inutiles qui permettaient à son partenaire de passer sous sa garde. Les frères Crivey, pleins d'enthousiasme mais très irréguliers, étaient les principaux responsables des vols planés exécutés par les livres de la bibliothèque.
Avec un soupir, Drago croisa les mains devant lui à l'adresse de Harry qui poussa son sifflement tonitruant.
Tout le monde abaissa sa baguette.
- Heureusement que certains jugeaient le sort au-dessous de leur niveau, nota Harry en se frottant le visage. Pour beaucoup, c'est pas trop mal. La précision viendra avec le travail et j'en ai vu qui essayer d'esquiver, c'est bien aussi. Mais il y a de la place pour des progrès. Beaucoup de progrès.
Zacharias Smith le fusilla du regard.
- Macmillian. Pas de grand standing ! dit Drago. Pendant que tu fais tes gestes grandiloquant à la Lockhart, on peut te tuer dix fois. Ne perd pas de temps.
- Drago a raison, on fait pas du kabuki ici.
Ernie piqua un fard sous le commentaire.
- Allez, on essaye encore.
Ils firent à nouveau le tour de la pièce, s'arrêtant ici ou là pour donner des conseils. Peu à peu, les performances s'améliorèrent. Drago se chargea de s'occuper de Cho pour rectifier sa position et sa façon de faire. Vu le regard qu'elle lança à Harry, il avait bien fait de s'en charger. Surtout quand il rabroua la Serdaigle pour lui rappeler que lui aussi était le professeur. Ace avait dit que Luna risquait de virer au Yandere. L'équation disait clairement que si la petite-amie était jalouse, c'est que Chang faisait du gringue et Harry n'avait pas du tout envie de provoquer la colère de Luna.
Dobby apparut brusquement à côté de Harry et lui souffla quelque chose pour laquelle il fut remercié. Immédiatement, le D. poussa un sifflement perçant.
- On passe en mode karaoké, on a la visite d'un prof ! apprit le brun.
Immédiatement, la salle se changea comme elle l'avait fait auparavant. Tous se précipitèrent sur les sièges alors que Neville lançait un morceau au hasard sur la scène et prenait le micro. Quelques collations d'apparences entamées apparurent un peu partout devant les élèves en panique, et ce grâce à Dobby qui disparut, mais tous étaient installés quand la porte s'ouvrit.
McGonagall entra dans la pièce pour voir Neville chanter avec des joues rouges d'embarras. Tout le monde la regarda alors qu'elle parcourait la pièce du regard en silence, avant de hocher la tête.
- Surveillez l'heure et bonne soirée.
Harry regarda sa montre, depuis le canapé où il s'était jeté avec Luna et Drago.
- Ah oui… il est moins cinq. Bon, eh bien, c'était sympa, fit Harry en se relevant.
- Il vaudrait mieux s'arrêter maintenant. Même heure, même endroit la semaine prochaine, proposa Drago.
- Plus tôt que ça ! lança Thomas avec enthousiasme pour le plus grand intérêt de McGonagall.
Il y eut de nombreux signes de tête approbateurs, mais Angelina s'empressa d'intervenir :
- La saison de Quidditch est sur le point de commencer, il faut aussi penser à nous entraîner !
- Alors, disons mercredi prochain, proposa Harry. Nous pourrons décider à ce moment-là d'organiser des réunions supplémentaires. Bonne nuit tout le monde.
Minerva regarda les jeunes reprendre leurs capes et s'en aller avec des « bonsoir professeur » plus ou moins enthousiastes, avant de disparaître au bout des couloirs.
- Eh bien, il semblerait que l'on se fasse du souci pour rien. N'oubliez pas de ranger derrière vous, et passez une bonne soirée.
Et elle s'en alla avec un petit sourire aux lèvres.
- Elle se doute qu'on ne fait pas du karaoké, devina Drago.
- Elle nous enseigne depuis cinq ans, forcément qu'elle n'y croit pas, lui dit Neville en se laissant tomber au bord de la scène. Pourquoi c'est moi qui ai dû me coller au micro ?
- Parce que tu étais le plus proche de son point d'apparition, lui répondit Hermione. Vu qu'elle n'a rien dit, on peut supposer qu'on joue le jeu assez bien pour tromper Ombrage. Avec de l'entraînement, ça deviendra naturel de passer de l'un à l'autre.
- Comme si on faisait un jeu d'Un-deux-trois-soleil, dit Harry alors qu'ils sortaient.
La salle disparut derrière eux.
- C'était vraiment très, très bien, les garçons, dit Hermione lorsqu'ils ne furent plus que tous les cinq.
- J'ai adoré la démonstration avec Luna. Ça a parfaitement illustré le point, approuva Neville.
Et ils allèrent rejoindre l'escalier le plus proche en discutant de la leçon, jusqu'à ce qu'ils doivent se séparer.
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Dans les deux semaines qui suivirent, Harry eut l'impression de porter dans sa poitrine une sorte de talisman, un secret flamboyant qui l'aidait à supporter les cours d'Ombrage et lui permettait même d'afficher un sourire aimable lorsqu'il croisait le regard de ses horribles yeux globuleux. Le Club lui résistait sous son nez en faisant précisément ce que le ministère redoutait le plus et, chaque fois qu'il était censé lire la prose de Wilbert Eskivdur, Harry repensait plutôt aux meilleurs moments de leurs séances d'entraînement : Neville avait réussi à désarmer Hermione, Colin Crivey était enfin parvenu à maîtriser le maléfice d'Entrave après trois séances de rudes efforts, et Parvati Patil avait jeté un sortilège de Réduction si efficace que la table sur laquelle étaient posés les Scrutoscopes s'était trouvée réduite en poussière, sans parler que Susan avait prouvé qu'elle avait un sacré potentiel de Guérisseuse en maîtrisant rapidement des sorts de soins pour le moins complexes.
Harry avait vite compris qu'il était quasiment impossible de choisir un jour fixe pour leurs réunions de l'A.D. en raison des horaires qu'imposaient l'entraînement des équipes de Quidditch, et que le mauvais temps venait souvent modifier. Mais cela ne le gênait pas. Bien au contraire, il estimait préférable que la date de leurs rendez-vous soit imprévisible. Si quelqu'un les surveillait, il lui serait impossible d'en déduire un emploi du temps régulier et ainsi les prendre par surprise.
Hermione conçut bientôt une méthode très efficace pour communiquer la date et l'heure de la prochaine réunion à tous les membres de Club en cas de changement imprévu. Il aurait semblé suspect, en effet, que des élèves de différentes maisons traversent trop souvent la Grande Salle pour aller se parler, même avec l'excuse du karaoké. À la fin de leur quatrième séance, Hermione donna à chacun un faux Gallion. Ronald sembla très excité lorsqu'il vit le panier et fut convaincu qu'elle distribuait bel et bien des pièces d'or.
- Vous voyez les chiffres, sur la tranche de la pièce ? dit-elle en tenant l'un des Gallions entre le pouce et l'index.
À la lumière des torches, la pièce d'or scintillait d'un bel éclat jaune vif.
- Sur les vrais Gallions, il s'agit simplement d'un numéro de série désignant le gobelin qui a frappé la monnaie. Sur ces fausses pièces, en revanche, les chiffres changent et indiquent le jour et l'heure de la prochaine réunion. Si la date est modifiée, la pièce chauffe et vous la sentirez dans votre poche. Nous aurons chacun un faux Gallion. Lorsque Harry ou Drago fixera la date de la prochaine séance, ils changeront les chiffres de leur propre Gallion et comme j'ai soumis toutes les pièces à un sortilège Protéiforme, les autres indiqueront automatiquement les mêmes chiffres.
Un silence total suivit les paroles d'Hermione. Déconcertée, elle regarda les visages levés vers elle.
- Enfin je… j'ai pensé que c'était une bonne idée, dit-elle d'une voix mal assurée. Même si Ombrage nous demande de vider nos poches, elle ne verra rien de suspect dans un simple Gallion… Mais heu… si vous ne voulez pas de mon système…
- Tu arrives à jeter un sortilège Protéiforme ? s'étonna Terry Boot.
- Oui, répondit Hermione.
- Mais c'est… c'est du niveau des ASPIC, ça, dit-il d'une voix timide.
- Oh, dit Hermione en s'efforçant d'avoir l'air modeste.
- Pourquoi je n'arrive pas à être surpris ? demanda Drago avec un sourire fier en regardant sa petite-copine.
- Parce que c'est Hermione, lui dit Harry avec un rire.
- Comment se fait-il que tu ne sois pas à Serdaigle, avec un cerveau comme le tien ? demanda Boot en regardant Hermione avec une expression proche de l'émerveillement.
- Oh, il est vrai que le Choixpeau a sérieusement envisagé de m'y envoyer au moment de la Répartition, répondit-elle d'un air radieux. Mais finalement, il s'est décidé pour Gryffondor. Alors, vous êtes d'accord pour utiliser les Gallions ?
Il y eut un murmure d'approbation et chacun s'avança pour prendre une pièce dans le panier.
Ils avaient eu aussi la visite des autres directeurs de maisons, ce qui leur avait permis de mettre en place de façon moins paniquée et désordonnée la transition des cours à la séance de karaoké. Ils avaient particulièrement rigolé quand Chourave était venue un jour avec le professeur Newgate pour assister aux dix dernières minutes du club, où Luna avait annoncé qu'elle avait inventé une chanson pour Ombrage et l'avait chantée devant les deux enseignants, sans la moindre honte.
- Je ne devrais pas vous encourager, miss Lovegood, mais je trouve qu'elle est très bien. Mais ne le dîtes à personne, avait conclu l'enseignante de botanique avec un rire.
- Je trouve le portrait très ressemblant, avait marmonné Thatch autour d'une poignée de pop-corn.
À l'approche du premier match de la saison, Gryffondor contre Serpentard, les réunions du Club se trouvèrent suspendues. Le fait que la Coupe de Quidditch n'ait pas eu lieu depuis si longtemps ne faisait qu'ajouter à la passion et à la fébrilité qui entouraient cette première rencontre. Les Serdaigle et les Poufsouffle s'intéressaient de très près au résultat du match car eux-mêmes auraient à affronter chacune des deux équipes au cours de l'année. Et les directeurs des maisons en compétition, tout en s'efforçant de prétendre que seul l'esprit sportif les animait, étaient bien décidés à voir leur camp l'emporter. Harry comprit à quel point le professeur McGonagall tenait à ce qu'ils battent les Serpentard lorsqu'elle s'abstint de leur donner des devoirs dans la semaine qui précéda le match.
- Je crois que vous avez suffisamment à faire pour le moment, dit-elle d'un air hautain.
Personne n'en crut ses oreilles jusqu'à ce qu'elle tourne son regard vers Ronald en ajoutant avec gravité :
- Je n'ai pas eu la coupe de Quidditch dans mon bureau depuis longtemps, jeune homme, et il me serait très désagréable de devoir la voir une année de plus dans le bureau du professeur Rogue, alors utilisez votre temps libre pour vous entraîner, Mr Weasley.
- Bon, ben, merci Weasley, souffla Neville pour ne pas se faire entendre de la femme.
Rogue ne se montrait pas moins partial. Il avait retenu si souvent le terrain de Quidditch pour l'entraînement des Serpentard que les Gryffondor avaient du mal à y jouer eux-mêmes. Il faisait par ailleurs la sourde oreille chaque fois qu'on lui rapportait que des Serpentard tentaient de jeter des mauvais sorts aux joueurs de Gryffondor lorsqu'ils les croisaient dans les couloirs. Lorsque Alicia Spinnet s'était retrouvée à l'infirmerie avec des sourcils si longs et si épais qu'ils lui obscurcissaient la vue et lui entraient dans la bouche, Rogue avait affirmé qu'elle avait dû essayer de s'appliquer un sortilège de Cheveux Drus. Il refusa d'écouter les quatorze témoins qui affirmaient avoir vu Miles Bletchley, le gardien de Serpentard, lui lancer un maléfice par-derrière alors qu'elle travaillait à la bibliothèque. Ce furent Drago, Blaise, Theo et les Greengrass qui mirent fin à l'escalade de violence en ayant quelques mots durs envers leurs camarades. Drago allant jusqu'à menacer ses partenaires de les mettre en retenu le jour du match s'ils continuaient.
- Vous n'arrêtez pas de dire que quand quelque chose va mal au château, c'est toujours nous les coupables, que ce soit vrai ou pas et que vous en avez assez ! Mais regardez comment vous vous comportez ! Et vous vous étonnez de notre réputation ! Reprenez-vous bon sang ! Nous ne sommes peut-être pas les joueurs les plus fair-play, mais tout ceci ne fait qu'entacher un peu plus la mauvaise réputation de notre maison ! Si on veut qu'un jour, les Serpentard soient de nouveau dignes de respect, il faut que ça change ! avait dit Drago avec colère. Nous sommes rusés et sournois, mais réservons cela à notre jeu sur le terrain. Attaquer les joueurs en dehors, même avec le professeur Rogue qui ferme les yeux, ne fera que nous attirer des ennuis ! Il est grand temps de nous défaire de notre mauvaise réputation et de faire peau neuve, comme la mue d'un serpent. Et j'entends par-là, leur montrer à tous qui sont vraiment les Serpentard. Nous ne sommes pas des couards qui attaquent les gens par derrière. Nous sommes la noblesse et le raffinement des sorciers. Nous savons utiliser nos capacités pour parvenir à nos fins de façon efficace et avec un minimum de risque. Nous sommes rusés et sournois, mais pourtant, devant moi, je ne vois que de vulgaires délinquants qui n'ont aucun des traits qui ont fait la grandeur de notre maison. Je suis certain que si le grand Salazar nous voyait aujourd'hui, il serait déçu. Alors reprenez-vous.
C'était Daphné qui avait raconté à Harry le discours de Drago, et le D. n'était pas certain, mais il aurait juré qu'on avait commencé à regarder son ami différemment.
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Octobre s'éloigna sous la pluie battante et les rugissements du vent de novembre s'installa, avec sa froideur d'acier, ses matins de givre et ses courants d'air glacés qui mordaient les mains et le visage. Le ciel et le plafond de la Grande Salle avaient pris une teinte gris perle, le sommet des montagnes qui entouraient Poudlard s'était couvert de neige et la température dans le château était tombée si bas que nombre d'élèves mettaient leurs gants en peau de dragon pour parcourir les couloirs entre deux classes.
Le matin du match, le ciel était clair et froid. Lorsque Harry se réveilla, il vit Ronald assis droit et raide, les bras autour des genoux, le regard fixé dans le vide.
- Maaa, t'es certain que ça va ? lui demanda Harry.
Le roux fit un signe de tête affirmatif mais resta silencieux. Il était pâle, le visage luisant de sueur et semblait répugner à ouvrir la bouche.
George entra dans le dortoir à cet instant et prit son frère en charge.
- Tu vas venir voir le match ? demanda Fred à la porte.
- Pas moyen. Je vais revenir à la tour, moins de chance qu'il m'arrive une merde cette année, lui répondit Harry. Je descends juste déjeuner.
La Grande Salle se remplissait rapidement lorsqu'ils arrivèrent. Les conversations étaient plus bruyantes et l'humeur plus exubérante qu'à l'ordinaire. Quand ils passèrent devant la table des Serpentard, le vacarme s'amplifia. Harry leur jeta un coup d'œil et vit qu'en plus des habituels écharpes et chapeaux vert et argent, chaque élève de Serpentard portait un badge argenté qui avait apparemment la forme d'une couronne. Pour une mystérieuse raison, ils furent nombreux à adresser à Ronald des signes de la main en riant aux éclats.
Les trois roux reçurent un accueil enthousiaste à la table des Gryffondor où tout le monde était vêtu de rouge et d'or mais, loin d'améliorer l'humeur de Ronald, les encouragements semblèrent achever de lui saper le moral. Il s'effondra sur le banc le plus proche comme s'il s'apprêtait à prendre le repas du condamné.
- Je devais être complètement dingue pour vouloir faire ça, dit-il dans un murmure rauque. Dingue.
- Ne sois pas idiot, répliqua Harry d'un ton ferme en lui passant un assortiment de céréales. Tu te débrouilleras à merveille. C'est normal d'avoir le trac. Tu crois que je me suis senti comment la première fois que j'ai pratiqué du Free Running sans ma mère à côté pour me dire qu'elle allait me rattraper ? J'avais une trouille monstre. Je me suis cassé la binette, mais j'ai pu me relever. Il suffit de se concentrer sur ce qui est important. Et pour toi, c'est le souaffle et les cognards. Le reste, tu en fais abstraction. Capiche ?
- Je suis lamentable, coassa Ronald. Je suis nul. Même si ma vie en dépendait, je serais incapable de jouer convenablement. Où avais-je la tête ?
Neville transmit plus efficacement le sentiment de tout le monde en donnant une bonne taloche à leur camarade de classe.
- Bonjour, dit derrière eux une voix éthérée et rêveuse.
Harry se retourna. Luna avait quitté la table des Serdaigle pour venir jusqu'à eux.
- Je vais nourrir les sombrals, tu viens avec moi ? demanda-t-elle à Harry.
- Les Montagnes Hallucinées ou nourrir les chevaux… que choisir ? fit mine de réfléchir le D..
Luna enlaça Harry par derrière et se nicha le visage dans son cou, son souffle faisant des chatouilles au garçon qui vira vite au rouge vif.
- S'il te plaît.
Tous virent nettement le D. déglutir avant de céder.
- Je t'attends dehors ! sourit la demoiselle.
Et elle s'éloigna d'un pas aérien. À peine s'était-il remis de ses émotions qu'Angelina se précipita vers eux, accompagnée par Katie et Alicia qui avait retrouvé des sourcils normaux grâce à Madame Pomfresh.
- Dès que vous êtes prêts, on file sur le terrain, on vérifie les conditions météo et on se change, dit la capitaine.
Harry ne s'attarda pas plus et fila rejoindre Luna qui patientait en souriait avec malice. Elle prit la main du brun et l'entraîna dans le parc avec elle dans l'air glacial. L'herbe recouverte de givre craquait sous leurs pieds lorsqu'ils traversèrent la pelouse qui descendait vers la cabane de Hagrid qui était à proximité de la clairière aux sombrals, seul coin autorisé d'accès de la forêt. Il n'y avait pas de vent et le ciel uniforme était d'un blanc de perle, tout juste visible entre les branches d'arbres, alors qu'ils marchaient main dans la main dans le silence des bois, loin de l'agitation du stade. Bientôt, la main de Luna se perdit dans la fourrure d'un loup gris qui lui poussa gentiment le museau des jambes pour l'inviter à monter sur son dos.
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Harry était d'une bonne humeur resplendissante en revenant à la tour dans la soirée. Il perdit sa bonne humeur en voyant l'air sombre de Haruta et Izou.
- On a perdu ?
- « La Grande Inquisitrice aura dorénavant l'autorité suprême pour infliger toute sanction, punition et retrait de privilèges aux élèves de Poudlard, ainsi que le pouvoir de modifier les sanctions, punitions et retraits de privilèges qui auraient été décidés par des membres du corps enseignant. » récita Izou. Décret d'éducation numéro vingt-cinq. Ou comment bien enfoncer des perdants.
Il expira un nuage de fumée.
- Montague a insulté les jumeaux. Leur mère en particulier. Ils se sont jetés sur lui à la fin du match, raconta Haruta. Drago, Blaise et Théodore ont démissionné de l'équipe en réponse à la sanction de Gama-sensei. Vu qu'il faut que l'équipe entière soit d'accord pour transférer une victoire à l'autre équipe, c'était la seule chose qu'ils pouvaient faire.
- Cette femme cherche la merde…
- Elle a mis le feu à une très longue mèche. Le tout est de savoir quand est-ce qu'elle éclatera. Ah, et tu peux dire à la petite Ginevra que Drago a rajouté une colle de deux mois à Crabbe pour le coup du cognard après le coup de sifflet. Je crois qu'il va devoir aider McGonagall, si j'ai bien compris.
- Je transmets. Davy Jones.
Le tableau s'ouvrit sous le nouveau mot de passe. Partout où Harry tournait les yeux, il ne voyait que des mines furieuses et inconsolables. Les joueurs eux-mêmes étaient avachis autour de la cheminée, à l'exception de Ronald qui était aux abonnés absents. On regarda vaguement Harry à son arrivée, avant de l'ignorer. Le D. alla rejoindre Ginny et lui secoua l'épaule pour attirer son attention.
- C'est peu en comparaison, mais Izou et Haruta m'ont dit que Drago a collé Crabbe pendant deux mois. Il va devoir aider McGonagall.
- C'est triste de se dire que les Serpentard les plus fair-play sont ceux qui ont décidé de ne plus jouer, soupira la rousse. Merci pour le passage de l'information.
Harry reprit sa route pour rejoindre son dortoir, ne souhaitant pas s'éterniser dans une atmosphère aussi sombre. Il trouva Neville assit au bord de la fenêtre obscure de leur dortoir, regardant la nuit tombée au dehors avec la neige.
- C'est bientôt la pleine lune, lui dit Neville en montrant la fenêtre d'un noir d'encre constellée de neige.
- Hm. On aura certainement Gobe-Planche au prochain cours, répondit Harry en venant s'asseoir à côté de lui.
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Thatch traversa à grand pas le parc, ignorant la neige qui lui tombait sur la figure et sa tenue. Ce n'était pas ces températures qui feraient peur à un Shirohige.
Le parc silencieux, à présent recouvert de neige, luisait sous la lune bientôt pleine. Il avait la migraine et il sentait le loup juste sous sa peau qui demandait la possibilité de pouvoir aller vagabonder. Dire qu'il s'était toujours foutu de la gueule de Marco et de son phénix.
A grandes enjambées, il avança dans la poudreuse, seul bruit aux alentours. Il allait droit vers les petits carrés de lumière dorée sur les murs de la cabane de Hagrid et les volutes de fumée qui s'échappaient de la cheminée. Il accéléra le pas, ses pieds crissant dans la neige, il rejoignit avec hâte la porte de la cabane. Il s'arrêta devant et donna trois bon coups dans le bois qui trembla légèrement. En réponse, un chien se mit à aboyer avec force de l'autre côté du panneau.
- Ouvre, c'est moi ! lança le pirate en se massant les yeux.
- M'en serais douté ! répondit une voix bourrue. Y'a que vous pour frapper comme ça dans toute l'école, professeur Newgate !
Thatch entendit le pas lourd de l'homme se rapprocher de l'entrée.
- Ça fait trois secondes que je suis rentré… Fiche le camp de là, Crockdur… J'ai dit fiche le camp, espèce d'endormi…
Le verrou fut tiré, la porte s'ouvrit avec un grincement et la tête de Hagrid apparut dans l'entrebâillement. Thatch eu un geste surpris de la tête.
- T'as perdu un combat contre un Buster Call pour revenir avec une gueule pareille.
- D'quoi vous parlez, professeur ?
Thatch secoua la main pour lui dire d'oublier et entra quand l'homme s'écarta. La porte se referma et le loup-garou regarda d'un air inquisiteur le demi-géant.
- Comment diable tu t'es fait ça ?
- Mais c'est rien, rien du tout ! répondit précipitamment Hagrid.
- Rien ? J'avais meilleure mine que toi quand j'ai proposé à Haruta des pamplemousses à mettre dans son soutif, et pourtant, cette teigne va cogner tellement fort que je suis resté un mois en soin intensif !
Du sang coagulé collait ses cheveux et son œil gauche n'était plus qu'une fente au milieu de chairs enflées d'une couleur qui oscillait entre le noir et le violet. Son visage et ses mains étaient recouverts de nombreuses plaies, dont certaines saignaient encore, et il se déplaçait avec précaution, ce qui signifiait qu'il avait des côtes cassées. De toute évidence, il venait tout juste de rentrer. Une épaisse cape de voyage était accrochée au dossier d'une chaise et un sac à dos suffisamment grand pour y promener plusieurs enfants en bas âge était posé contre le mur, à côté de la porte. Hagrid s'approcha en boitillant de la cheminée et ouvrit à proximité une étagère pour en sortir une bonne grosse bouteille de Brandy avec deux verres.
- Tu t'es fait passer à tabac, devina Thatch.
- Mais non. J'vous sers un verre professeur ?
Il se redressa et se tourna vers lui pour lui adresser un grand sourire, mais il fit la grimace.
- Et je suis un poisson.
- Pour la dernière fois, c'est rien du tout ! assura Hagrid d'un ton sans réplique.
- Comme tu veux. Si tu ne vas pas voir Pomfresh, je présume que tu as une bonne raison. Je doute que l'homme se déplace, mais je connais un bon médecin sur Londres qui sait limiter les questions et avec des méthodes efficaces.
- Sorcier ?
- C'est un guérisseur indépendant. Il pourrait t'aider avec le steak que tu as à la place du visage. Je suis pas médecin, mais quelque chose me dit que t'as une coupure ou deux qui paraissent infecté.
- Je me débrouille, mais merci.
Hagrid s'avança vers l'énorme table de bois qui occupait le milieu de la pièce et écarta d'un geste vif une serviette qui y était posée. Au-dessous, il y avait un steak cru, sanguinolent, verdâtre par endroits, et un peu plus grand qu'un pneu de voiture.
Thatch soupira et alla s'asseoir à la table.
- T'as pris de la bonne espèce pour faire ça ? demanda le roux. J'espère pour toi que c'est pas de la viande de Magyar à pointe, sinon, t'es très mal barré.
Le demi-géant prit le steak qu'il plaqua brutalement sur la partie gauche de son visage. Des gouttes de sang verdâtre coulèrent dans sa barbe et il laissa échapper un grognement de satisfaction.
- Ah, ça va mieux. C'est bon pour calmer la douleur.
- Ce n'est pas une mission de l'Ordre qui a mal tourné, je sais très bien que Maxime a déjà repris son poste depuis longtemps.
- Ah ?! Vous avez enfin dit oui à Dumbledore ? sourit avec ravissement Hagrid.
- Non. Je suis un homme plein de ressources qui sait faire des additions. Il n'y a que des géants qui peuvent mettre un homme de ta carrure dans ton état.
Les doigts de Hagrid laissèrent échapper le steak de dragon qui glissa avec un bruit de succion sur sa poitrine.
- Les géants ? répéta-t-il.
Il rattrapa le steak avant qu'il ne tombe plus bas et l'appliqua à nouveau sur son visage.
- Qui vous a parlé de géants ? Qui vous avez vu ? Qui vous a dit ce que j'ai… ? Qui a raconté que j'avais été… hein ?
- Hagrid, pour l'amour du ciel ! gémit Thatch. Tu vas pas croire que c'est la première fois que je devine un des plans top secret du grand Dumbledore ? Surtout quand il est question de toi.
- Ah, c'est ça, deviné ? dit Hagrid en le regardant avec sévérité de l'œil qui n'était pas recouvert par le steak.
Hagrid lui lança un regard noir.
- Jamais vu quelqu'un aussi doué pour en savoir plus que ce qu'il devrait, marmonna-t-il en buvant une gorgée d'alcool. Et c'est pas un compliment. On appelle ça des fouineurs. Des gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas.
- Avoir les yeux et les oreilles ouvertes est une bonne façon de survivre à la plupart des conneries qui peuvent nous tomber sur le coin de la figure. Si moi, je suis un fouineur, tu n'as jamais vu Izou à l'œuvre dans ses plus beaux coups.
Thatch avala son verre cul sec et se resservit.
- Négociation avec les géants, c'est ça ? se fit confirmer le pirate en remplissant de nouveau le verre de Hagrid au passage.
- Bah, franchement, ils sont pas très difficiles à trouver. On les voit de loin. Z'êtes certain de pas avoir de sang géant, professeur ?
- Mes parents sont morts quand j'avais trois ans. Tu crois que j'ai eu le temps de leur demander ce genre de chose ?
- Ah oui… pardon.
- T'occupe. Il en reste combien ?
- J'en ai vu entre soixante-dix et quatre-vingt.
- La race va s'éteindre, nota doucement le loup garou.
- De la faute des sorciers, ils sont pas fait pour vivre les uns sur les autres.
Le loup-garou resta perdu dans ses pensées. Il connaissait Elbaf, il avait vu les beautés de la civilisation des géants. Comment deux races semblables pouvaient avoir des comportements aussi différents ?
- Bon, je vais pas fouiner plus. Dis-moi juste… c'est l'Ordre ou Voldy qui ont gagné les géants ? Que je sache si je dois ou pas plier bagage.
- Les Mangemorts sont plus appréciés du nouveau Gurg.
- Il faut espérer qu'ils changeront de chef avant le début de la guerre.
Hagrid hocha la tête.
- Ah, avant que j'oublie.
Thatch ouvrit son blouson et en tira une liasse de parchemins bien aplatis qu'il déposa sur un coin de la table.
- Évite de prendre des initiatives cette année, d'accord ? J'ai pas envie de devoir gérer les pots cassés, on est pas dans une bonne passe cette année. Et quand on parle du loup…
Des coups frappés à la porte suivirent la phrase avec un timing assez impressionnant. Hagrid regard sa fenêtre pour voir l'ombre d'une petite silhouette trapue qui ondoyait à travers le mince rideau. Crockdur se mit à aboyer de toutes ses forces et sautait à présent contre la porte. Hagrid l'écarta avec son pied et ouvrit.
Ombrage se tenait sur le seuil, vêtue d'une cape de tweed vert et d'un chapeau assorti muni de rabats pour les oreilles. Les lèvres pincées, elle se pencha en arrière pour voir le visage de Hagrid. Elle lui arrivait tout juste au nombril.
- Alors, dit-elle lentement en parlant très fort comme si elle s'adressait à un sourd. C'est vous, Hagrid ?
Sans attendre de réponse, elle s'avança dans la pièce d'un pas résolu, ses yeux globuleux roulant en tous sens.
- Va-t'en, dit-elle sèchement en agitant son sac à main devant le museau de Crockdur qui avait bondi sur elle et essayait de lui lécher le visage.
- Crockdur, au pied, dit Thatch d'une voix autoritaire.
En gémissant, le chien vint s'asseoir au pied de Thatch.
- Ah, vous êtes là, professeur Newgate, remarqua la femme.
- Je suis de la mauvaise herbe, on m'a pas comme ça, se contenta de répondre froidement le loup.
- Heu… je ne voudrais pas paraître malpoli, dit Hagrid, le regard fixé sur elle. Mais, nom d'une gargouille, j'aimerais fichtrement bien savoir qui vous êtes !
- Je m'appelle Dolores Ombrage, répondit la femme.
Son regard balayait la cabane.
- Dolores Ombrage ? répéta Hagrid qui paraissait totalement désorienté. Je croyais que vous faisiez partie du ministère… Ce n'est pas vous qui travaillez avec Fudge ?
- J'étais sous-secrétaire d'État auprès du ministre, en effet, dit-elle.
Elle arpentait à présent la pièce, notant chaque petit détail, depuis le sac à dos posé contre le mur jusqu'à la cape de voyage accrochée à la chaise, faisant en permanence de large détour pour esquiver Thatch qui la regarda faire avec amusement.
- Maintenant, je suis le professeur de défense contre les forces du Mal…
- Courageux de votre part, remarqua Hagrid. On n'en trouve plus beaucoup qui voudraient faire ce travail.
- … et également la Grande Inquisitrice de Poudlard, ajouta Ombrage, comme si elle ne l'avait pas entendu.
- C'est quoi, ça ? demanda Hagrid, les sourcils froncés.
La femme ne lui répondit pas. Elle pivota sur ses talons et parcourut toute la longueur de la pièce en regardant soigneusement autour d'elle. Elle se pencha et jeta un coup d'œil sous le lit. Elle ouvrit les placards.
- Vous savez que c'est pas polie ce que vous faîtes ? Sans compter que vous avez déjà brisé de malheureux Botrucs en faisant la même chose dans mon bureau. Hagrid pourrait très bien conserver des choses importantes, vous n'en savez rien, pointa Thatch avec toute la tranquillité du monde.
- Vous n'avez rien de mieux à faire à boire comme un trou ? lui dit Ombrage avec un œil haineux en continuant sa fouille.
- J'ai encore un peu de temps avant d'aller hurler à la lune.
Après avoir scruté les profondeurs de l'énorme chaudron dont Hagrid se servait pour cuisiner, elle fit à nouveau volte-face et dit :
- Que vous est-il arrivé ? Où avez-vous eu ces blessures ?
Hagrid enleva aussitôt le steak de dragon. C'était une erreur car les contusions noires et violettes autour de son œil étaient à présent bien visibles, ainsi que les taches de sang coagulé qui parsemaient son visage.
- Oh, j'ai eu un petit accident, dit-il maladroitement.
- Quel genre d'accident ?
- Je… J'ai trébuché.
Thatch se retint de justesse de se facepalmer.
- Vous avez trébuché, répéta-t-elle avec froideur.
- Oui, c'est ça. Contre… contre le balai d'un ami. Moi-même, je ne vole pas. Vous avez vu ma taille, après tout ? Je ne pense pas qu'il existe un balai capable de supporter mon poids. Cet ami élève des chevaux, des Abraxans, je ne sais pas si vous en avez déjà vu, de grandes bêtes avec des ailes, un jour, j'ai fait un tour sur l'un d'eux et c'était…
- Toujours plus élégant que nos sombrals, marmonna Thatch.
- Où étiez-vous ? demanda Ombrage, interrompant d'une voix glaciale les balbutiements de Hagrid.
- Où je…
- Où vous étiez, oui. Le trimestre a commencé il y a deux mois. Un autre professeur a dû assurer le remplacement de Newgate qui est normalement à votre charge ! Aucun de vos collègues n'a pu me donner de renseignements sur vos coordonnées. Vous n'avez laissé aucune adresse. Où étiez-vous ?
Il y eut un silence. Hagrid la fixait, de ses deux yeux, cette fois. Harry avait presque l'impression d'entendre son cerveau tourner frénétiquement.
- Je… je suis parti pour ma santé, dit-il.
« Tu t'enfonces, » songea Thatch en faisant un geste sur sa gorge à l'adresse de Hagrid en profitant du fait qu'Ombrage lui tourne le dos.
- Pour votre santé…
Le regard du professeur Ombrage se promena sur le visage bariolé et enflé de Hagrid. Du sang de dragon s'égouttait lentement sur son gilet.
- Je vois…
- Oui, un peu de… d'air frais, vous comprenez ?
- Bien sûr, comme garde-chasse, vous devez terriblement manquer d'air frais, répondit Ombrage avec douceur.
La toute petite partie du visage de Hagrid qui n'était pas couverte de bleus devint écarlate. Thatch secoua la tête avec lassitude devant tant de stupidité et préféra se resservir.
- Enfin… le changement de décor, vous comprenez… essaya de se dépêtrer le demi-géant.
- Décor de montagne, par exemple ? dit aussitôt Ombrage.
Ah. Donc, le ministère avait suivi les deux géants amoureux.
- De montagne ? répéta Hagrid qui réfléchissait très vite. Non. Pour moi, rien ne vaut le sud de la France. Un bon petit soleil et… et la mer.
- Vraiment ? Vous n'êtes pas très bronzé, pourtant, fit remarquer Ombrage. Votre collègue Newgate l'est plus que vous.
- J'ai passé ma vie au soleil, ça marque, lui répondit Thatch. Et pas votre soleil pourri d'anglais. Du bon vrai soleil qui vous brûle la peau.
Ombrage regarda Hagrid et Thatch avec froideur. Elle remonta son sac au creux de son bras puis ajouta :
- Je vais bien entendu informer le ministre de votre retour tardif.
- Très bien, dit Hagrid en hochant la tête.
- Il faut aussi que vous sachiez qu'en tant que Grande Inquisitrice, il est malheureusement de mon devoir d'inspecter mes collègues enseignants. Nous nous reverrons donc sans doute dans peu de temps.
- Hagrid ne fait que du remplacement, c'est vraiment nécessaire ? s'étonna Thatch.
- Oui. J'ai déjà inspecté Gobe-Planche. Si vous n'aviez pas eu une note passable à votre inspection, vous ne seriez plus là depuis longtemps.
Ombrage fit brutalement demi-tour et s'avança vers la porte.
- Vous nous inspectez ? dit Hagrid, comme en écho.
L'air perplexe, il la suivit du regard.
- Oh, oui, murmura Ombrage, la main sur la poignée de la porte. Le ministère est décidé à se débarrasser des éléments qui n'apportent pas entière satisfaction, Hagrid. Bonsoir.
Elle sortit et referma la porte avec un bruit sec.
Hagrid traversa la pièce de son pas lourd et écarta le rideau de quelques centimètres.
- Nom de nom… Alors comme ça, elle inspecte les gens…
- Eh ouais, Trelawney est mise à l'épreuve. Elle a essayé de me saquer un maximum parce que je suis moldu et loup-garou, mais elle a dû se rendre à l'évidence que j'étais pas assez con pour tomber dans ses pièges, soupira Thatch. Ne prends aucune initiative et reste au programme que j'ai fait.
- Oh, ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai plein de choses prévues, répondit Hagrid avec enthousiasme en reprenant son steak de dragon qu'il s'appliqua à nouveau sur l'œil. J'ai gardé exprès quelques créatures pour l'année de BUSE du petit Harry. Vous verrez, elles sont vraiment spéciales.
Thatch recracha sa gorgée d'alcool et se tapa la poitrine pour ne pas s'étouffer. Il jeta un regard paniqué à Hagrid.
- Là, j'ai peur !
- Allons vous paniquez pour rien !
- Pour rien !? Tu es devant une raciste en puissance, Hagrid ! Ressaisis-toi ! Ombrage ne sera pas contente du tout si tu présentes classe des créatures trop dangereuses !
- Dangereuses ? s'exclama Hagrid qui paraissait sincèrement étonné. Ne soyez pas stupide, jamais je ne vous ferais étudier des choses dangereuses en votre absence !
- On doit parler des Scroutts à Pétards que tu as voulu présenter aux troisièmes années de l'an dernier ?
- D'accord, ce sont des créatures qui n'ont besoin de personne pour se débrouiller dans la vie…
Thatch se leva, les poings sur la table.
- Hagrid, il faut que tu passes l'inspection d'Ombrage et pour cela, il vaudrait beaucoup mieux nous apprendre à des trucs banals comme la façon de s'occuper des Porlocks ou à faire la différence entre des Noueux et des hérissons ! dit Thatch d'un ton grave.
- Mais ça n'a pas grand intérêt, professeur, répondit Hagrid. Ce que j'ai en réserve est beaucoup plus impressionnant.
- Hagrid… S'il te plaît, reprit Thatch avec une nuance de désespoir dans la voix. Ombrage cherche le moindre prétexte pour se débarrasser des gens qu'elle pense trop proches de Dumbledore. J'essaye de te sauver les couilles là !
Mais Hagrid se contenta de bâiller longuement et de jeter, de son œil unique, un regard d'envie vers l'immense lit installé dans un coin de la cabane.
- Écoutez, professeur, la journée a été longue et il est tard, dit-il.
Il tapota gentiment l'épaule de Thatch qui n'eut aucune réaction, bien habitué à ce genre de chose de la part de Shirohige.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, je vous promets que j'ai vraiment de très bons sujets d'étude pour les prochains cours où je devrais vous remplacer, maintenant que je suis revenu… Pour l'instant, vous feriez bien de rentrer au château, il se fait tard !
- Dumbledore ne te sauvera pas, cette fois. Et j'ai assez à faire de mon côté pour pouvoir me permettre de m'occuper aussi de tes miches.
Le roux pointa du doigt les papiers qu'il avait apportés.
- Agis comme tu le sens, Hagrid, mais là est mon programme. Suis-le, et tu auras une chance de t'en sortir. Pars en vrille, et tu y passeras. Bonne soirée.
Et avec agacement Thatch quitta la cabane.
