Bonsoir à tous ! On se retrouve ce soir pour un nouveau chapitre de l'Underground (il faut que je lui trouve un titre). Et les vacances se présentent... festives. J'espère qu'il sera à votre goût.

LiberLycaride : Oui, on peut comprendre Thatch et sa frustration. Et la naïveté de ce cher Hagrid est connu de tous. On ne peut pas faire des miracles, même quand on est un pirate. On en vient parfois à douter qu'il ait eu des neurones en premier lieu.

Mimi76lh : Oui, le Dobby ninja est adorable comme idée./ Et oui, on veut le frapper Smith avec des choses néfastes et pas forcément réversible. / Il sait qu'il se fait mener par le bout du nez, mais il l'accepte. Il fait confiance à Luna pour ne pas abuser.

Yuwine : En même temps, on parle de Hagrid. On doit rappeler qu'il a cherché à élever Aragog dans un placard ? L'oeuf de dragon ? Son frère dans la forêt interdite ? / Je suis contente que les cours intéresses. / Of course, Hermione is the best. / J'ai mieux comme sortie pour Harry et Luna, dans mes manches. Genre... pour une date plus importante *wink wink* ?

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Le dimanche matin, Harry se fraya un chemin jusqu'à une zone isolée du parc, heureux que la goutte soit assez chaude pour faire fondre la neige qui avait quand même une hauteur de cinquante centimètres. Il ne prêta pas attention aux cris de joie des élèves qui s'amusaient à patiner sur le lac gelé, à glisser sur les pentes neigeuses, se concentrant exclusivement pour rejoindre la silhouette solitaire du préfet de Serpentard. Drago était assis dans la neige, emmitouflé jusqu'aux oreilles, le nez masqué sous son écharpe verte. Il avait à la main une photo qu'il regardait avec tristesse.

- Konnichiwa, appela Harry en arrivant à quelques distances.

Drago sursauta en le voyant là.

- Zabini m'a dit que tu étais bizarre depuis le petit-déjeuner. Tu veux m'en parler ou je fais demi-tour ? demanda Harry.

Le blond eut un soupir et arrangea sa position contre l'arbre esseulé et sans feuille, au bord du lac glacé. Comprenant l'invitation, Harry vint s'asseoir à côté de lui dans le creux qui avait été fait dans la neige. Il resta silencieux, regardant la glace à quelques centimètres d'eux, attendant que son ami veuille bien parler. Un léger vent siffla, emportant avec lui les derniers souvenirs de l'automne.

- On est quel jour aujourd'hui ? demanda Drago d'une voix éteinte.

- Dimanche vingt-deux novembre.

Le blond hocha doucement la tête avant de soupirer. Il tendit la photo qu'il avait dans son gant à Harry. Dessus, il vit une femme blonde, assez belle, même si épuisée, tenant dans ses bras un petit bébé dans une couverture duveteuse rose.

- Alwena Malefoy est née hier, dans la matinée, souffla Drago. Je suis grand-frère, Portgas. Et je ne verrai jamais ma petite-sœur grandir. C'est écœurant dans un sens. Si vous faisiez pas autant pour m'aider et me protéger, j'vous aurais accusé de m'avoir tout volé. J'ai perdu mon père, et toi, tu en gagnes un ! Tu vas avoir un frère et une sœur, et je sais que je ne pourrais pas voir grandir la mienne !

- Qui l'a décidé ?

Drago regarda son ami qui affichait un air déterminé.

- Je me répète, qui l'a décidé ? Personne. Ça ne se fera pas demain, mais tu pourras retrouver ta famille, Drago. Ton père, je pense pas qu'il reconnaîtra ses torts facilement, mais tu m'as toujours dit que ta mère t'encourageait en silence. Et regarde ! Elle t'a envoyé ça pour te dire que tu as encore de la famille, Drago. Qu'elle t'aime et qu'elle pense très fort à toi !

Harry serra une épaule de son ami.

- Tu sais que tu n'as qu'un mot à dire, et tu peux rentrer chez toi sans craindre ton père. Si tu ne veux pas recourir à cette option, dis-toi qu'une fois que tu seras majeur, tu pourras voir ta sœur plus souvent. Comment ? Parce que ton père ne peut pas surveiller ta mère H-24, et que dans ces instants, elle et toi pouvez en profiter. Alors, ne renonce pas.

Le blond regarda son ami, puis esquissa un maigre sourire.

- Merci. Merci d'être un si bon ami.

- Je t'ai foutu dans la merde, je plongerai avec toi pour t'en sortir.

Le Serpentard tapota la main sur son épaule et Harry le lâcha.

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Le mardi, ce fut avec une certaine appréhension que Harry, Neville et Hermione, emmitouflés des pieds à la tête, prirent la direction de la cabane de Hagrid. Ils savaient que Thatch et Hagrid s'étaient plus ou moins disputés le jour du retour du demi-géant. Et ils pourraient en faire les frais. Hagrid était un peu naïf, trop confiant, pas habitué aux tours retors d'une femme de la trempe d'Ombrage.

Heureusement la Grande Inquisitrice n'était nulle part en vue lorsqu'ils avancèrent péniblement dans l'épaisse couche de neige pour rejoindre Hagrid qui les attendait en lisière de la forêt. Hagrid n'offrait pas une vision très rassurante. Ses contusions se nuançaient à présent de vert et de jaune et certaines de ses plaies saignaient encore. Comme pour compléter ce sinistre spectacle, il portait sur l'épaule quelque chose qui ressemblait à une moitié de vache morte.

- Aujourd'hui, on va travailler là-bas ! annonça joyeusement Hagrid aux élèves qui approchaient, en montrant d'un signe de tête les arbres sombres de la forêt. C'est plus abrité. D'ailleurs, ils préfèrent l'obscurité.

- Qui est-ce qui préfère l'obscurité ? lança vivement Bulstrode à Crabbe et à Goyle avec une pointe de terreur dans la voix. Qu'est-ce que c'est que ça, encore, vous avez entendu ?

- Ton cerveau qui vient de partir en balade, lui dit Drago avant de s'avancer au-devant des Serpentard.

Il avait l'air d'avoir retrouvé sa contenance par rapport à son état de dimanche, mais Harry savait pertinemment qu'il gardait la photo de sa sœur et de sa mère dans sa poche pectorale.

- Prêts ? demanda Hagrid, toujours aussi enjoué, en regardant les élèves rassemblés. Bon, alors, pour votre cinquième année, je vous ai réservé une petite excursion dans la forêt. Je pense qu'il vaut mieux voir ces créatures dans leur milieu naturel. Ce qu'on va étudier aujourd'hui est plutôt rare. Je crois bien que je suis la seule personne au Royaume-Uni à en avoir dressé.

- Et vous êtes vraiment sûr qu'elles sont dressées, vos créatures ? demanda Millicent d'une voix où la panique perçait de plus en plus.

- Bien sûr qu'elles sont dressées, répondit Hagrid.

Il fronça les sourcils et remonta un peu la vache morte sur son épaule.

- Alors, pourquoi vous avez la figure dans cet état ?

- Occupe-toi de tes affaires ! répliqua Hagrid avec colère. Et maintenant, si vous avez fini de poser des questions stupides, allons-y !

Il tourna les talons et s'avança droit vers la forêt. Personne ne semblait très disposé à le suivre. Harry jeta un coup d'œil à ses camarades qui poussèrent un soupir mais acquiescèrent d'un signe de tête et tous les quatre emboîtèrent le pas à Hagrid, entraînant derrière eux le reste de la classe.

Ils marchèrent pendant environ dix minutes jusqu'à un endroit de la forêt où les arbres étaient si rapprochés qu'il régnait une obscurité crépusculaire et qu'on ne voyait pas trace de neige sur le sol. Avec un grognement, Hagrid déposa par terre sa demi-carcasse de vache et se retourna pour faire face aux élèves. La plupart d'entre eux avançaient prudemment d'arbre en arbre en jetant autour d'eux des regards inquiets, comme s'ils s'attendaient à une attaque imminente.

- Rapprochez-vous, rapprochez-vous, les encouragea Hagrid. Ils vont être attirés par l'odeur de la viande mais de toute façon, je vais les appeler parce qu'ils aiment bien savoir que je suis là.

Il secoua sa tête hirsute pour écarter ses cheveux de son visage et lança un étrange cri perçant qui résonna parmi les arbres comme l'appel d'un monstrueux oiseau. Personne ne songea à rire. La plupart des élèves paraissaient trop effrayés pour émettre le moindre son.

- Je sais ce qu'on va étudier. C'est dressé, rassura Harry d'un murmure à ses amis.

- Dressé pour toi ou pour le commun des mortels ? lui demanda Drago tout aussi bas.

- Tu les approches régulièrement au cours de l'année scolaire sans le savoir.

Hagrid lança à nouveau son cri aigu. Une minute s'écoula pendant laquelle tout le monde continua de jeter des regards alarmés parmi les arbres pour essayer d'apercevoir les créatures attendues. Et tandis que Hagrid écartait ses cheveux et gonflait sa poitrine pour la troisième fois, Harry donna un petit coup de coude à Neville en lui montrant un espace obscur entre deux ifs aux troncs noueux.

Deux yeux blancs, brillants, au regard vide, grandissaient dans les ténèbres. Un instant plus tard, la tête de dragon, puis le corps squelettique d'un grand cheval ailé, entièrement noir, émergèrent de l'obscurité. L'animal regarda les élèves pendant quelques secondes en agitant sa longue queue noire, puis baissa la tête et commença à arracher de ses crocs pointus des lambeaux de chair à la vache morte.

- Qu'est-ce qu'il attend pour les appeler de nouveau ? demanda quelqu'un.

La grande majorité des élèves avaient toujours la même expression d'attente, perplexe et anxieuse, et ne cessaient de lancer des coups d'œil partout, sauf en direction du cheval qui se tenait devant leur nez. Deux autres personnes seulement semblaient le voir : Théodore, qui se trouvait juste derrière Goyle et regardait le cheval manger avec une expression de dégoût, et Neville dont les yeux suivaient le mouvement de balancier de la longue queue noire.

- Ah, en voilà un autre ! annonça fièrement Hagrid.

Un deuxième cheval noir surgit d'entre les arbres, serra ses ailes contre son corps et baissa la tête à son tour pour dévorer la viande.

- Et maintenant, levez la main, ceux qui arrivent à les voir.

Ou comment se faire afficher devant toute la classe pour avoir vu la mort en face. Harry leva la main, surprenant Drago et Hermione. Hagrid lui adressa un petit signe de tête.

- Oui, bien sûr… je savais que tu les verrais, Harry, dit-il d'un ton grave. Ah, toi aussi, Neville, hein ? Et…

- Theodore Nott, répondit Theo.

- Excusez-moi, mais qu'est-ce qu'on est censés voir, exactement ? l'interrompit Bullstrode d'une voix narquoise.

- Regarde la vache, lui répondit Drago qui fixait la carcasse en fronçant les sourcils.

- Et il a raison, regardez-la.

Toute la classe l'observa pendant quelques secondes puis il y eut des exclamations de surprise et Lavande laissa échapper un petit cri aigu. Facile à comprendre : voir des morceaux de chair s'arracher tout seuls de la carcasse et disparaître comme par enchantement devait sembler très étrange.

- Qu'est-ce qui fait ça ? demanda Lavande d'une voix terrifiée en allant se réfugier derrière l'arbre le plus proche. Qui est-ce qui mange ?

- On étudie les sombrals aujourd'hui, lui dit simplement Harry.

- Exactement ! répondit fièrement Hagrid. Dix points à Gryffondors !

- Oh, murmura Hermione qui venait soudain de comprendre.

- Il y en a tout un troupeau, à Poudlard, reprit Hagrid. Maintenant, qui peut me dire… ?

- Mais ils portent malheur ! l'interrompit Lavande, l'air effaré. On dit qu'il arrive d'horribles catastrophes aux gens qui les voient. Le professeur Trelawney m'a dit un jour…

- Non, non, non ! coupa Hagrid en pouffant de rire. Ça, ce sont des superstitions, ils ne portent pas malheur du tout, au contraire, ils sont très intelligents et très utiles ! Oh, bien sûr, ceux-là n'ont pas beaucoup de travail, ils tirent simplement les diligences de l'école. Parfois, Dumbledore les utilise aussi quand il a un long voyage à faire et qu'il ne veut pas transplaner et… Tenez, regardez, en voilà encore deux…

Deux autres chevaux surgirent silencieusement de l'obscurité. L'un d'eux passa tout près de Lavande qui frissonna et se plaqua un peu plus contre l'arbre.

- J'ai senti quelque chose, dit-elle. Je crois qu'il est juste à côté de moi !

- Ne t'inquiète pas, il ne te fera pas de mal, assura Hagrid avec patience. Maintenant, qui peut me dire pourquoi certains d'entre vous les voient et d'autres pas ?

Hermione leva la main, alors que Harry sentait son Haki lui dire que leurs derniers espoirs de cours correct venaient de partir en fumé.

- Je t'écoute, dit Hagrid en lui adressant un sourire radieux.

- Les seules personnes qui peuvent voir les Sombrals, répondit-elle, sont celles qui ont vu la mort et qui peuvent comprendre ce qu'elle représente.

- C'est exactement ça, approuva Hagrid d'un air solennel. Dix points de plus pour Gryffondor. Donc, les Sombrals…

- Hum, hum…

Le professeur Ombrage venait d'arriver derrière eux. Elle portait toujours sa cape verte et son chapeau assorti et tenait son bloc-notes à la main. Hagrid, qui n'avait encore jamais entendu la fausse toux d'Ombrage, observait avec inquiétude le Sombral le plus proche, croyant que c'était lui qui avait toussé.

- Hum, hum…

- Ah, bonjour, dit Hagrid avec un sourire en voyant enfin qui avait produit ce son étrange.

- Avez-vous reçu le mot que je vous ai envoyé dans votre cabane ce matin ? demanda Ombrage d'une voix lente et sonore comme si elle avait affaire à un étranger particulièrement obtus. Je vous annonçais que je viendrais inspecter votre cours.

- Ah, oui, répondit Hagrid d'un ton joyeux. Content que vous ayez trouvé où c'était ! Comme vous le voyez, enfin, je ne sais pas si vous le voyez ou pas, aujourd'hui, on fait les Sombrals…

- Je vous demande pardon ? dit le professeur Ombrage d'une voix forte, la main derrière l'oreille et les sourcils froncés. Qu'avez-vous dit ?

Hagrid parut un peu surpris.

Il tomba dans le panneau. Harry était certain que son oncle aurait ignoré le piège grossier, mais Hagrid n'était pas Thatch. Il tomba droit dedans.

- Heu… les Sombrals ! répéta le demi-géant en haussant le ton. Vous savez, ces… heu… grands chevaux avec des ailes !

Il agita ses bras gigantesques dans l'espoir de lui faire mieux comprendre de quoi il parlait. Le professeur Ombrage leva les sourcils et marmonna en même temps qu'elle écrivait sur son éternel bloc-notes :

- Doit… recourir… à un… langage… gestuel… rudimentaire…

- Enfin, en tout cas…, reprit Hagrid, un peu troublé, en se tournant vers la classe. Heu… Qu'est-ce que je disais, déjà ?

- Semble… avoir… des problèmes… de mémoire…, grommela Ombrage suffisamment fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

Hermione, le teint écarlate, avait du mal à contenir sa rage. Drago inspira profondément pour ne pas perdre patience, alors que Bullstrode semblait trouver cela très amusant.

Hagrid jeta un regard un peu inquiet au bloc-notes d'Ombrage, mais il poursuivit vaillamment :

- Ah oui, c'est ça, je voulais vous expliquer pourquoi nous en avons un troupeau à Poudlard. Voilà, on a commencé avec un mâle et cinq femelles. Celui-ci s'appelle Tenebrus, dit-il en caressant le premier cheval qui était apparu. C'est mon préféré, il est le premier à être né ici, dans la forêt…

- Savez-vous, que le ministère de la Magie a classé les Sombrals dans la catégorie des créatures dangereuses ? l'interrompit Ombrage d'une voix claironnante

Harry sentit son cœur tomber comme une pierre dans sa poitrine mais Hagrid se contenta de pouffer de rire.

- Les Sombrals ne sont pas dangereux ! s'exclama-t-il. Oh, bien sûr, ils pourraient vous arracher un petit bout de quelque chose si vous les embêtiez…

- Montre… des signes… de… plaisir… à l'évocation… de la violence…, marmonna Ombrage en recommençant à écrire sur son bloc-notes.

- Mais non, voyons ! reprit Hagrid qui paraissait légèrement anxieux, à présent. Un chien aussi peut vous mordre si vous le provoquez, non ? Les Sombrals ont une mauvaise réputation à cause de cette histoire de mort… Les gens croyaient que c'était un mauvais présage d'en voir un, mais ils n'y comprenaient rien, voilà tout, pas vrai ?

Ombrage ne répondit pas. Elle acheva ce qu'elle était en train d'écrire, puis regarda Hagrid et reprit, toujours de sa voix lente et sonore :

- S'il vous plaît, continuez à faire votre cours comme d'habitude, je vais me promener (elle mima l'acte de marcher, provoquant les rires de Millicent) parmi les élèves (elle montra du doigt plusieurs d'entre eux) et leur poser des questions (elle pointa l'index vers sa bouche).

Hagrid la regarda d'un air ébahi, en se demandant pourquoi elle se comportait avec lui comme s'il était incapable de comprendre l'anglais normal. Des larmes de fureur étaient apparues dans les yeux d'Hermione.

- Espèce de harpie malfaisante ! murmura-t-elle tandis qu'Ombrage s'approchait de Goyle. Je vois bien ce que tu es en train de faire, espèce de tordue, d'horrible, de vicieuse petite…

Harry préféra jouer la sécurité. Il leva une main tremblante qui attira l'attention de Hagrid.

- J'me sens pas bien… je peux… haleta Harry.

- Je vais l'accompagner à l'infirmerie, continuez, professeur, proposa Neville.

Il poussa Harry hors de la forêt en pressant le pas pour rejoindre le château. La rage étouffait lentement le D. et fendait la neige autour d'eux.

- J'ai rendez-vous avec un sac de frappe… cracha Harry.

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- Cette horrible vieille gargouille menteuse et complètement tordue, tempêta Hermione une demi-heure plus tard au repas en retrouvant Harry et Neville. Vous avez vu ce qu'elle mijote ? C'est encore son obsession des hybrides ! Elle essaye de faire passer Hagrid pour une espèce de troll arriéré simplement parce que sa mère était une géante. Ce n'est vraiment pas juste, ce cours n'était pas mal du tout, les Sombrals, c'est très bien. En fait, d'après ce que dit Hagrid, ils sont très utiles !

- Ombrage dit qu'ils sont dangereux, fit remarquer Drago en s'asseyant à côté de Neville à la table de Gryffondor.

Plus personne ne faisait de remarque sur sa présence, désormais.

- Comme l'a expliqué Hagrid, ce sont des créatures qui n'ont besoin de personne pour se débrouiller dans la vie, répondit Hermione d'un ton impatient. J'imagine qu'un prof comme Gobe-Planche ou Newgate ne nous les montrerait pas avant notre année d'ASPIC, mais, bon, ils sont intéressants, non ? Certaines personnes peuvent les voir, d'autres pas ! Moi j'aimerais bien les voir.

- Vraiment ? lui demanda Harry à mi-voix en faisant de la bouillie avec sa purée.

Neville jeta un regard loin d'être amusé à son amie. Réalisant ce qu'elle avait dit, la demoiselle parut soudain frappée d'horreur.

- Oh, Harry… Neville… excusez-moi… non, bien sûr, je ne tiens pas du tout à les voir, c'était idiot de dire ça.

- Aucune importance, ne t'en fais pas, assura Neville.

- Ce qui me surprend, c'est qu'elle n'a pas adopté la même tactique avec le professeur Newgate, pointa Drago. Pour elle, autant l'un que l'autre sont de dangereux hybrides.

- Quand on est arrivé en cours, elle discutait déjà avec lui. Il a dû lui faire comprendre que la technique ne marchait pas, marmonna Harry. Il a dû voir des individus de ce genre en pagaille. On n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Ni à un vieux loup les coups tordus.

- Donc, on peut abuser facilement de la vigilance d'un jeune loup comme toi, Kabu-chan ? demanda moqueusement Drago.

- Tu me cherches, Tsundere ?

- T'es devant moi, pas besoin.

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Décembre arriva en apportant encore plus de neige et une véritable avalanche de devoirs pour les cinquièmes années. Les obligations qui incombaient à Drago et à Hermione dans leur rôle de préfets devinrent également de plus en plus écrasantes à mesure que Noël approchait. On fit appel à eux pour superviser la décoration du château (« Essaye donc de poser des guirlandes quand c'est Peeves qui tient l'autre bout et qu'il cherche à t'étrangler avec », dit Drago), surveiller les première et les deuxième année qui devaient passer leurs récréations à l'intérieur du château à cause du froid (« Ils sont d'une insolence incroyable, ces petits monstres, on n'était sûrement pas aussi mal élevés quand on était en première année », s'indigna Hermione), et patrouiller dans les couloirs en alternance avec Rusard qui pressentait que l'esprit de Noël pourrait bien se traduire par une multiplication de duels magiques (« Il a de la bouse de dragon à la place du cerveau, celui-là », commenta Drago avec fureur).

Harry, en attendant, comptait les jours. Il avait hâte de rentrer à la maison, même si cette année, Thatch serait absent. Quelque chose lui disait d'ailleurs que lui ou Drago allaient hériter de sa chambre. Mais ce n'était que secondaire, cela ne voulait pas dire qu'il ne le reverrait jamais. Le plus important pour lui, c'était qu'il allait revoir sa mère et qu'elle ne serait pas dans un état de grossesse aussi discret que la dernière fois. Drago rentrait avec lui, hors de question de le laisser seul déprimé au château. Neville rentrait aussi, afin de voir ses parents, espérant toujours avec autant d'ardeur les revoir parmi eux. Quant à Luna, eh bien, elle allait passer le réveillon avec son père, mais avait promis de passer aussi souvent que possible au bar. Hermione allait passer quelques jours avec ses parents avant de rentrer sur Londres. Pendant un instant, Harry s'était demandé si le père de Luna savait que sa fille trempait avec des gens en rapport avec la mafia, mais l'homme avait l'air tellement allumé qu'il était impossible de savoir quoique ce soit.

Pour la dernière réunion du Club avant Noël, Harry et Drago arrivèrent de bonne heure dans la Salle sur Demande, ce dont ils se félicitèrent car, lorsque les torches s'embrasèrent, ils virent que Dobby avait pris l'initiative de décorer les lieux. Il les avait attendu avec un grand sourire pour avoir leur avis.

- Tu aurais pu t'épargner ça, Dobby, soupira Harry.

Dobby se contenta de sourire avant de disparaître. Luna arriva juste en suivant.

- Bonjour, dit-elle d'un ton absent en regardant les décorations. C'est joli, c'est une idée de Dobby ?

- Il a toujours été maboul, marmonna Drago en allant accrocher sa cape.

- Tiens, du gui, dit Luna d'une voix songeuse.

Elle montra une grappe de baies blanches accrochée presque au-dessus de la tête de Harry.

- Je vais t'aider à t'en éloigner, ils sont bien trop souvent infestés de Nargoles, lui dit-elle avec un grand sérieux.

Et elle alla l'embrasser.

Angelina, Katie et Alicia arrivèrent à cet instant et sifflèrent le couple alors que Drago roulait des yeux. Toutes trois étaient hors d'haleine et paraissaient frigorifiées.

- Vous étiez dehors par ce temps ? devina le blond.

- On a deux batteurs à remplacer, lui dit Angelina.

- Ah. Vous n'avez que deux joueurs à remplacer. Serpentard en a trois.

- Exact.

Elle sortit sa baguette et commença à faire quelques exercices d'assouplissement du bras puis des jambes.

- Donc, vos nouveaux batteurs ? demanda Drago en regardant vaguement Harry faire le con avec un mur.

- Andrew Kirke et Jack Sloper, répondit Alicia sans enthousiasme. Ni l'un ni l'autre ne sont très brillants mais comparés aux autres idiots qui se sont présentés…

L'arrivée de Ronald, d'Hermione et de Neville mit un terme à cette conversation déprimante et, cinq minutes plus tard, la salle s'était suffisamment remplie pour que Harry ne puisse plus faire ses acrobaties sans risquer de cogner quelqu'un.

- Bien, dit-il en demandant leur attention. Ce soir, nous devrions revoir tout ce que nous avons fait jusqu'à maintenant, puisque c'est notre dernière réunion avant les vacances et qu'il ne servirait à rien de commencer quelque chose de nouveau à la veille d'une interruption de trois semaines.

- On ne va rien faire de nouveau ? protesta Smith dans un murmure de mauvaise humeur assez sonore pour être entendu dans toute la salle. Si j'avais su, je ne serais pas venu.

- Dans ce cas, on regrette tous beaucoup que Harry ne t'ait pas prévenu à temps, dit Fred à haute voix.

Il y eut quelques ricanements.

- La porte est ouverte, Smith, on ne te retient pas, assura Drago. Mais les révisions ne se feront pas de façon classique. Vous passerez par équipes de quatre pendant cinq minutes, sur les tapis. Dans chaque groupe, il ne devra en rester qu'un debout. A vous de voir si vous voulez faire équipe temporairement ou cavalier seul. Le but est de neutraliser l'adversaire, pas de le blesser ou de le tuer.

Ils se répartirent docilement par équipe de quatre et passèrent donc à tour de rôle devant les autres, devant en finir avec leur combat dans les cinq minutes impartis, pendant que le reste des élèves observaient et commentaient, écoutant les recommandations des deux professeurs.

Au bout d'une heure et demie, Harry mit fin à la séance.

- Vous devenez excellents, dit-il en leur adressant un grand sourire. Au retour des vacances, nous pourrons attaquer des choses plus difficiles – peut-être même les Patronus.

- Donc, commencez déjà à faire la sélection des souvenirs et des moments les plus heureux de votre vie, recommanda Drago.

Il y eut un murmure d'enthousiasme puis, peu à peu, les élèves quittèrent la salle par groupes de deux ou trois comme d'habitude. En partant, la plupart d'entre eux souhaitèrent un « joyeux Noël » aux deux garçons.

- C'est fini, soupira Drago en soufflant.

- Ouais ! s'étira Harry.

Drago jeta un regard entendu à son ami alors que Hermione arrangeait les coussins inutilement. Le D. hocha la tête. Il passa un bras autour des épaules de Luna et se dirigea vers la porte où attendait déjà Neville.

- Tu as besoin de quelque chose, Chang ? demanda Harry par-dessus son épaule.

La Serdaigle qui était restée dans son coin se rembrunit et essuya ses yeux. De son regard rougi par les larmes, elle adressa un regard noir à Luna et s'en alla avec un « Joyeux Noël » étranglé.

Neville la regarda sans comprendre, mais Harry secoua la tête pour lui dire de ne pas y penser.

Il jeta un « sortez couverts, y'a assez de naissance prévue pour cette année » à Drago et Hermione, puis il referma la porte derrière eux.

- Je vais à la tour, à plus tard, salua Neville.

Harry le salua de la main, puis regarda Luna en souriant. Elle le lui rendit et l'instant suivant, le couple disparaissait sous cape d'invisibilité.

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Lorsque Harry arriva devant la salle commune, une demi-heure plus tard, il croisa Hermione en chemin qui était certes rouge, mais parfaitement présentable, là où Harry était assez ébouriffé et avec la cravate et le col défait.

- Et c'est à Drago et moi que tu dis de sortir couvert ? lui reprocha la jeune femme.

- Ce n'est pas parce qu'on a fait justes de bisous qu'on a pas le droit à notre grain de folie ! lui répliqua Harry, faisant rire Haruta. /Et toi, t'avises pas de dire quoique ce soit à maman !/

- /J'vais m'gêner !/ lui dit la pirate.

- Davy Jones, lui dit Hermione.

Et le portrait s'ouvrit.

Ils trouvèrent Neville confortablement installé devant le feu qui brûlait dans la cheminée. Presque tous les autres étaient partis se coucher. Il était occupé à écrire une très longue lettre.

- Vous avez fini de conter fleurette ? demanda Neville en les regardant avec un sourire.

- Yup !

Et Harry se laissa tomber dans un fauteuil comme s'il était l'homme le plus heureux du monde.

- Je serais tentée de rentrer plus tôt pour profiter un peu plus de Drago, avoua Hermione en s'asseyant tristement dans un autre fauteuil. Je suis pas très douée en ski, et ça me plaît pas plus que ça. Sans compter qu'on doit toujours faire attention, quand on est ici. Si on ose s'afficher trop ouvertement, ça va envenimer une situation déjà bien tendue.

- Sinon, c'est quoi le problème avec Chang ? demanda Neville en se détournant de sa lettre.

- Elle a des vues sur Harry, ce qui n'est pas au goût de Luna, et qui n'est pas non plus réciproque, répondit Hermine d'un ton absent en jouant avec la bouteille d'encre de son ami. Elle passe la moitié de son temps à pleurer, ces temps-ci, aussi, donc, ça n'aide pas. Elle pleure pendant les repas, aux toilettes, un peu partout dans le château.

- Elle n'a pas fait son deuil, et elle s'intéresse à moi ? Surtout quand c'est visible que je suis avec quelqu'un d'autre ? Non mais c'est vrai, même Ginevra a lâché prise.

- Que veux-tu, ton charme de rebelle a encore fait des siennes. Sinon, tu nous fais ce roman pour qui, Neville ?

- Une jolie fille du nom de Cassandra, répondit Neville. Elle vit sur Metz, en France, et il se trouve que c'est la demoiselle que grand-mère a choisi pour la continuation du nom des Londubat. Donc, ma fiancée.

- Elle est sympa ? Tu parles pas beaucoup d'elle, s'intéressa Harry.

- C'est une originale, à sa façon. Elle adore la nature et je sais que les années qu'on va passer ensemble seront géniales. C'est rare quand je le fais, mais là, oui, je peux dire merci mamie.

- Alors c'est cool.

Puis, ils finirent par aller se coucher.

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Harry avait l'impression d'avoir à peine posé la tête sur l'oreiller quand il entendit des pas précipités dans l'escalier. Il se redressa dans son lit en baillant et se frotta les yeux. La porte s'ouvrit en grinçant et il reconnut l'aura de McGonagall qui se précipita vers le lit de Ron pour le réveiller. Le D. resta assis dans ses draps à écouter la conversation qui essayait de percer son cerveau embrumé. Il était question du père de Ronald… d'un accident… une attaque peut-être ?

Il fronça les sourcils et les écouta passer en courant devant son lit sans même se soucier d'être silencieux, avant de refermer la porte.

- Psst ! Portgas ! appela tout bas Thomas.

- Nanda ? lui demanda Harry.

- Qu'est-ce qu'il se passe d'après toi ?

- Demande à Trelawney.

Il allait se recoucher quand McGonagall remonta dans le dortoir et se dirigea vers lui cette fois. Elle écarta le rideau et parut soulagé de le voir éveiller.

- Chaussez-vous, Mr Portgas.

- Pourquoi ? M'man a des problèmes ? s'inquiéta Harry.

- Je ne sais pas, c'est le directeur qui vous réclame.

- Professeur, il n'a pas le droit de s'approcher de moi, je vais pas aller dans son bureau !

- Nous n'avons pas le temps, Mr Portgas, nous règlerons ça plus tard. Prenez votre veste et chaussez-vous. S'il le faut, vous pourrez citer tout cela durant le procès contre lui, mais nous manquons de temps.

Harry soupira et se leva de son lit. Il attrapa sa baguette et son couteau sous son coussin, attacha la lame à sa cheville et la baguette à son avant-bras, avant de chausser ses baskets. Il suivit McGonagall dans l'escalier en enfilant sa veste. Il retrouva en bas la fratrie Weasley, perplexe et inquiète.

- Pourquoi vous incluez Harry ? demanda George.

- C'est une demande du Directeur. Venez vite.

Et elle les entraîna hors de la tour. Harry se retourna sur le chemin pour articuler « Dumbledore » à Izou et Haruta dans leur tableau. Ils hochèrent la tête et l'androgyne fit un signe de téléphone auquel l'adolescent répondit tout aussi silencieusement.

Ils croisèrent Miss Teigne qui tourna vers eux ses yeux brillants comme des lampes et émit un faible sifflement, mais le professeur McGonagall s'exclama : « File ! » et la chatte disparut dans l'ombre. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant la gargouille de pierre qui gardait l'entrée du bureau de Dumbledore.

- Fizwizbiz, dit le professeur McGonagall.

La gargouille s'anima et s'écarta. Le mur derrière elle s'ouvrit, révélant un escalier de pierre qui tournait sur lui-même comme un escalator en colimaçon. Ils s'avancèrent sur les marches mobiles, le mur se referma avec un bruit sourd et ils s'élevèrent en cercles serrés jusqu'à la haute porte de chêne munie d'un heurtoir de cuivre en forme de griffon.

Bien qu'il fût beaucoup plus de minuit, des voix provenaient de l'intérieur de la pièce dans un babillage incessant. On aurait dit que Dumbledore recevait une douzaine d'invités.

Le professeur frappa trois fois à l'aide du heurtoir et les voix se turent brusquement, comme si quelqu'un avait actionné un interrupteur. La porte s'ouvrit toute seule et le professeur McGonagall emmena les jeunes à l'intérieur, en disant qu'ils étaient tous là.

La pièce était plongée dans la pénombre. Les étranges instruments d'argent avaient cessé de bourdonner et d'émettre des volutes de fumée. Ils restaient à présent silencieux et immobiles. Les portraits des anciens directeurs et directrices de Poudlard qui s'alignaient le long des murs somnolaient dans leurs cadres. Derrière la porte, le perchoir de Fumseck était vide.

- C'est parfait, professeur McGonagall.

Dumbledore était assis derrière son bureau, dans un fauteuil à dossier haut. Il se pencha en avant, dans la flaque de lumière diffusée par les chandelles qui éclairaient les papiers posés devant lui. Il portait une robe de chambre pourpre et or, aux broderies somptueuses, par-dessus une chemise de nuit d'un blanc de neige, mais semblait parfaitement éveillé, ses yeux perçants, d'une couleur bleu clair, fixant les jeunes.

- Je sais pas ce que je fais là, quand ça a l'air d'être une affaire de famille pour les Weasley, dit clairement le D. en restant en retrait.

Dumbledore avait sorti de son bureau une vieille bouilloire noircie. Il leva alors sa baguette et murmura :

- Portus !

Pendant un instant, la bouilloire trembla, luisant d'une étrange lumière bleue, puis redevint inerte et aussi noire qu'à l'ordinaire. L'histoire commençait à sentir mauvais.

Dumbledore s'approcha d'un tableau qui représentait un sorcier au visage intelligent avec une barbe en pointe, toujours aussi sourd aux questions des Weasley. Il portait les couleurs vert et argent de Serpentard et paraissait si profondément endormi qu'il n'entendait pas la voix de Dumbledore :

- Phineas. Phineas.

Les portraits qui tapissaient les murs ne songeaient plus à dormir et changeaient de position dans leurs cadres pour mieux voir ce qui se passait. Lorsque le sorcier à la barbe en pointe continua de feindre le sommeil, certains se mirent eux aussi à crier son nom :

- Phineas ! Phineas ! PHINEAS !

Il ne put tricher plus longtemps. Dans un sursaut théâtral, il ouvrit grand les yeux.

- Quelqu'un m'a appelé ?

- J'ai besoin que vous vous rendiez dans votre autre portrait, Phineas, dit Dumbledore. J'ai encore un message.

- Me rendre dans mon autre portrait ? répondit Phineas d'une voix flûtée en faisant semblant de bailler longuement (ses yeux balayèrent la pièce et s'arrêtèrent sur Harry). Oh, non, Dumbledore, pas ce soir, je suis trop fatigué.

La voix de Phineas avait quelque chose de familier aux oreilles de Harry. Où l'avait-il déjà entendue auparavant ? Mais avant d'avoir eu le temps d'y réfléchir, un tonnerre de protestations s'éleva des autres portraits accrochés aux murs :

- Insubordination, monsieur ! rugit un sorcier corpulent au nez rouge. Manquement au devoir !

- Nous devons nous mettre au service de l'actuel directeur de Poudlard, il y va de notre honneur, oui monsieur ! s'écria un vieux sorcier à la silhouette gracile que Harry reconnut comme étant Armando Dippet, le prédécesseur de Dumbledore, dont on trouvait le portrait dans L'Histoire de Poudlard. Honte à vous, Phineas !

- Voulez-vous que j'emploie des arguments plus convaincants, Dumbledore ? demanda une sorcière aux yeux perçants en brandissant une baguette magique d'une taille si exceptionnelle qu'elle ressemblait plutôt à une cravache.

- Oh, très bien, reprit le dénommé Phineas en regardant la baguette avec une certaine appréhension. Mais il a peut-être détruit mon portrait à l'heure qu'il est, il s'est débarrassé de presque toute la famille…

- Sirius sait bien qu'il doit conserver votre portrait, répliqua Dumbledore. Vous allez lui transmettre le message qu'Arthur Weasley a été grièvement blessé et que sa femme et ses enfants, ainsi que Harry Potter, arriveront très bientôt chez lui, reprit Dumbledore. Vous avez compris ?

- Mon nom est Portgas, vous n'avez toujours aucun pouvoir sur l'état civil, rappela Harry d'un ton venimeux.

- Arthur Weasley, blessé, femme, enfants et Harry Potter-Portgas arrivent, récita Phineas d'une voix lasse. Oui, oui… Très bien…

Il se dirigea vers le bord du cadre et disparut.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Ginny, l'air effrayé. Le professeur McGonagall nous a dit que papa est blessé…

- Votre père a été attaqué pendant qu'il accomplissait une mission pour l'Ordre du Phénix, expliqua Dumbledore. Il a été transporté à l'hôpital Ste Mangouste pour les maladies et blessures magiques. Vous allez tous retourner dans la maison de Sirius qui est beaucoup plus pratique que le Terrier pour se rendre à l'hôpital. Vous retrouverez votre mère là-bas.

Bon, ça va, le D. n'aurait pas à faire déplacer Ace de l'autre bout du pays.

- On y va comment ? demanda Fred, visiblement secoué. Par la poudre de Cheminette ?

- Non, répondit Dumbledore. Trop risqué, le réseau des cheminées est surveillé. Vous prendrez un Portoloin.

Il montra l'innocente vieille bouilloire posée sur son bureau.

- Nous attendons simplement que Phineas Nigellus vienne faire son rapport… Je veux être sûr que la voie est libre avant de vous donner le feu vert…

Il y eut soudain un éclair de flammes au beau milieu du bureau et une unique plume d'or virevolta doucement vers le sol.

- C'est un avertissement de Fumseck, dit Dumbledore en rattrapant la plume. Le professeur Ombrage doit savoir que vous avez quitté vos dortoirs… Minerva, allez l'occuper… Racontez-lui une histoire quelconque…

- Albus, vous voulez vraiment forcer une femme enceinte à affronter le froid de décembre pour venir chercher son enfant ? demanda Minerva.

- Il est nécessaire que Harry aille là-bas et nous avons déjà refait le Fidelitas. Il y sera en sécurité.

- Cela sera retenu contre vous, avertit Harry. Second kidnapping, c'est Fudge qui sera content.

Le professeur McGonagall hésita, puis finit par sortir dans un tourbillon de tissu écossais.

- Il dit qu'il sera ravi de les accueillir, annonça une voix morne derrière Dumbledore.

Le dénommé Phineas avait repris sa place devant la bannière des Serpentard.

- Mon arrière-arrière-petit-fils a toujours manifesté un goût étrange dans le choix de ses invités. Il m'a demandé de vous rappeler que vous n'avez aucun pouvoir sur l'état civil et qu'il avait déjà un docteur en rogne devant sa porte.

Marco venait donc le chercher ? Il avait fait vite.

- Venez ici, dit Dumbledore à Harry et aux Weasley. Et dépêchez-vous avant que quelqu'un n'arrive.

Harry et les autres se rassemblèrent autour du bureau de Dumbledore. Au moins, il n'aurait pas à prendre le train pour rentrer à la maison.

- Vous avez tous déjà utilisé un Portoloin ? demanda Dumbledore.

Ils acquiescèrent d'un signe de tête et chacun d'eux tendit la main pour toucher la bouilloire noircie.

- Bien, attention, à trois… Un… Deux…

Tout se passa en une fraction de seconde : dans l'instant infinitésimal qui précéda le « trois », les yeux bleu clair de Dumbledore se posèrent sur Harry qui lui offrit un sourire froid et un doigt d'honneur.

- … Trois.

La main soudain collée contre la bouilloire, Harry ressentit une puissante secousse au niveau de son nombril et le sol se déroba sous ses pieds. Il se cognait contre les autres tandis qu'un tourbillon de couleurs les emportait dans un sifflement semblable à celui du vent… jusqu'à ce que ses pieds atterrissent si brutalement que ses genoux fléchirent. La bouilloire tomba par terre dans un bruit de ferraille et une voix toute proche marmonna :

- De retour, les sales petits gamins traîtres à leur sang. Est-il vrai que leur père est à l'agonie ?

- DEHORS ! rugit une deuxième voix.

Harry se releva tant bien que mal et regarda autour de lui. Ils étaient arrivés dans la sinistre cuisine aménagée au sous-sol du 12, square Grimmaurd. Il n'y avait pour toute lumière que le feu de la cheminée et une chandelle qui éclairait les restes d'un dîner solitaire. Avant de disparaître par la porte qui donnait sur le hall, Kreattur leur lança un regard mauvais en remontant son pagne. Sirius se précipita vers eux, l'air anxieux. Il était habillé à la moldu, comme s'il avait eu l'intention de sortir.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en tendant une main à Ginny pour l'aider à se relever. Phineas Nigellus a dit qu'Arthur avait été gravement blessé…

- On n'en sait rien ! lui dit George. McGonagall est venue nous réveiller en disant que papa avait un problème !

- Maman est là ? demanda Fred en se tournant vers Sirius.

- Elle ne doit pas encore être au courant, répondit Sirius. L'important, c'était de vous éloigner d'Ombrage avant qu'elle ne puisse s'en mêler. Je pense que Dumbledore va prévenir Molly, maintenant.

- Il faut qu'on aille tout de suite à Ste Mangouste, dit Ginny d'une voix fébrile.

Elle jeta un coup d'œil à ses frères qui étaient toujours en pyjama.

- Sirius, pouvez-vous nous prêter des capes ou autre chose ?

- Attendez un peu, vous n'allez pas vous précipiter comme ça à Ste Mangouste ! dit Sirius.

- Bien sûr que si. On va à Ste Mangouste si on a envie d'y aller, dit Fred avec une expression butée. C'est notre père !

- Et comment allez-vous expliquer que vous êtes au courant de l'attaque dont il a été victime alors que l'hôpital n'a même pas encore prévenu sa femme ?

- Quelle importance ? dit George d'un ton véhément.

- C'est important parce que votre père était en mission secrète et qu'il risque d'avoir de gros ennuis. Harry, le Docteur est dans le square, ne le fait pas patienter plus.

- Passe au bar, se contenta de dire le D en cessant de rester dans son coin. Je ne sais pas s'il acceptera mais… je demanderai au Docteur d'aller voir Mr Weasley.

- C'est qui ? demanda Ronald.

- Un bon guérisseur, lui répondit Harry.

Il ne s'attarda pas plus dans la cuisine. Il monta au pas de course dans le hall et fut reconnaissant de voir que la porte était déjà déverrouillée. Sirius avait certainement eu l'intention de sortir. Harry ouvrit le lourd panneau et sortit dans le froid de décembre. Il la referma derrière lui et descendit le perron pour rejoindre la silhouette solitaire sous le réverbère. Même sous son manteau et sa capuche, il était impossible de ne pas reconnaître Marco.

-/Tu rentres plus tôt que je m'y attendais, yoi,/ nota le Phénix.

Il retira son manteau et le lui mit sur les épaules, gardant seulement sa veste à capuche.

-/Je serais bien rester au lit, mais au moins, j'épargne le déplacement à la gare à maman./

-/Dans son état, il est hors de question qu'elle bouge, yoi. Tu verras par toi-même pourquoi./

Une main sur l'épaule de Harry, il le conduisit hors du square.

-/Ce Dumbledore a eu le temps de te faire du mal ?/

-/Non, il m'a ignoré pour la majorité. Le seul moment où il m'a regardé, je lui ai adressé un doigt d'honneur pour lui dire ce que je pensais de lui./

-/C'est bon à savoir qu'il ne t'a pas touché. Son intérêt pour toi se rapproche presque trop de la pédophilie. S'il continue, il va finir avec mes serres dans la gorge, yoi./

-/Faudra que tu t'excuses auprès de Fumseck./

-/Son phénix de compagnie ? Il comprendra quand je dirais simplement que tu es mon fils./

Harry mit sa capuche sur sa tête pour masquer le rouge qui lui montait aux joues. Il préféra se concentrer sur là où Marco les conduisait. Ils n'allaient pas du côté de la salle de shoot de sa mère, mais vers une ruelle.

-/Tu as déjà volé, yoi ?/ demanda Marco en entrant dans le passage étroit entre les bâtiments.

-/Sur un balai et un hippogriffe./

-/Pour mon égo, ne me compare pas à un bout de bois je te prie./

- /D'acc./

Marco s'arrêta brusquement en atteignant un cul de sac avec une benne à ordure remplie à ras-bord et d'autres poubelles en tout genre. Un chat errant les regarda avec méfiance depuis son perchoir sur un sac poubelle. Le blond s'accroupit et montra son dos à Harry.

- /Monte. Mais ne t'accroche pas à mon cou, tu pourrais m'étrangler et tu n'as pas envie de faire une chute./

Harry obtempéra et sauta sur le dos de l'homme s'accrochant à sa taille de ses jambes et à la veste à pleine poignée. Facilement, comme si l'adolescent ne pesait rien, Marco se releva et se précipita vers la benne à ordure, sautant agilement avec une jambe avant de se projeter vers le haut, se transformant immédiatement en immense oiseau qui plongea à la verticale vers les étoiles. Le vent fouetta le visage de Harry avec férocité, lui griffant les joues avec leurs ongles de glaces et de neige. La vitesse était grisante, hallucinante. En trois battements d'ailes, Londres n'était plus qu'une tache de lumière sous eux, avant que Marco ne se retourne sur le dos, mettant Harry la tête en bas, pour replonger vers la ville. Un sourire apparut sur le bec du Phénix en entendant les cris de joie de l'adolescent sur son dos. Il se remit correctement pour simplement planer en direction du serpent qu'était la Tamise à leur altitude. Comme il s'y attendait, la première chose que fit Harry se fut de se redresser en position assise et de ne plus lui tirer les plumes pour écarter grand les bras dans un joyeux « youhou ».

- /J'en regrette presque d'être un loup !/ s'esclaffa Harry en se penchant sur un bord pour mieux voir la ville sous eux.

-/Reste au milieu, tu vas nous faire pencher du mauvais côté./

Harry se remit correctement. Il en oubliait qu'il avait froid malgré la goutte de feu à son cou et le manteau en plus sur son dos. Toutes ses inquiétudes venaient de prendre le large. Il se sentait si léger, si serein. Son cœur battait à la chamade dans sa poitrine alors qu'il contemplait son pays natal sous la lumière des étoiles. Il avait l'impression que le monde lui appartenait.

- /C'est dingue… merci pour le tour ! C'est juste… magique !/

- /Venant d'un sorcier, je pense que c'est un compliment, yoi. Content que tu t'amuses. On descend, accroches-toi./

-/Déjà ?/

-/On refera ce genre de balade si tu veux, mais pas ce soir. Sinon, ta mère va faire une connerie sous l'inquiétude, yoi/.

-/Je te fais pas mal aux plumes ?/

-/C'est solide et j'ai l'habitude./

Quand il fut certain que Harry était bien accroché, il rabattit ses ailes pour faire un plongeon accéléré vers le quartier où ils vivaient, rouvrant juste à temps ses ailes pour freiner leur course juste au-dessus d'un balcon sans neige, éclairé par de la lumière électrique. Avec douceur, Marco se posa dos au salon, permettant à Harry de glisser sur le balcon. Immédiatement, un parfum d'hibiscus, de lys, d'embrun marin et de cendre l'embauma et sa mère le prit dans ses bras en sanglotant.

- /Je vais bien. Tout va bien. Je suis juste rentré plus tôt que prévu,/ rassura Harry en frottant les bras de sa mère.

- /Elle ne t'entend pas, fait la rentrer,/lui dit Marco.

Passant un bras autour du dos de sa mère, il la guida vers le salon éclairé et la fit s'asseoir sur le canapé avant d'être reprit dans une puissante étreinte par-dessus le ventre très proéminant de la femme enceinte. Harry arrangea le haori sombre sur le kimono de sa mère pour qu'elle ne prenne pas froid et resta là, dans ses bras, écoutant vaguement Marco fermer la fenêtre puis échanger quelques mots avec Izou et Haruta.

- /Je tuerais cet homme Harry… il est hors de question que je le laisse continuer dans ses tentatives pour nous séparer,/ murmura Ace en caressant les cheveux de son fils, son menton sur le sommet du crâne de l'adolescent.

- /Il n'y arrivera pas. Il n'y a pas plus têtu qu'un Portgas. Ne t'embête pas avec lui…concentre-toi sur eux…/ recommanda Harry en caressant la soie du kimono orangé sur l'abdomen gonflé de sa mère.

- /Tu es mon fils, Harry…/

-/Mais je suis assez grand pour pouvoir commencer à me défendre seul, alors que toi, tu es enceinte jusqu'aux yeux. Et puis, t'es plus toute seule pour veiller sur moi, ne ?/

Ace renifla bruyamment et resserra son étreinte sur son fils.

Quand Marco revint de la cuisine avec du thé chaud, il s'arrêta sur le seuil en souriant, regardant sa fiancée endormie avec Harry dans ses bras, tout aussi assoupi. Avec toute la délicatesse du monde, il arrangea les deux bruns sur le canapé pour qu'ils soient mieux installés et les recouvrit d'une chaude couverture que lui apporta Dobby.

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Drago reposa son thé à la fin de l'histoire de Harry.

- Même avec ces conneries de Survivant, son attention à ton égard est vraiment malsaine, je suis d'accord avec Marco.

Le Phénix était parti chercher Drago à la gare dès l'arrivée du train, leur faisant esquiver facilement Lucius. Pendant ce temps, Remus était passé pour rapporter à Harry ses bagages expédiées chez Sirius et avait déposé au passage quelques papiers pour sa chef.

- Dumbledore aurait bien aimé entrer en contact avec le Docteur O'hara pour qu'il aide Arthur Weasley dans son rétablissement, avait dit le loup-garou avec lassitude.

Marco s'était alors tourné vers Thatch pour lui demander s'il connaissait ce Docteur O'hara. Fallait être logique. On kidnappe une seconde fois Harry, il faudrait donner une bonne raison pour que Marco veuille les aider. Remus s'était contenté de sourire en disant qu'il l'aurait parié, avant de partir en recommandant à Harry de ne pas se faire de nouveau enlever.

- Le pire, dans ces bêtises de Survivant, c'est qu'ils ont la mauvaise personne. Tout le monde parle de Harry Potter, celui qui a survécu à sortilège de mort lancé par un graaaand mage noir, marmonna Harry en mordant dans une de ses madeleines.

Il avala ce qu'il avait en bouche et montra sa mère d'un geste de la tête.

- C'est elle qui a fait le boulot.

Ace baissa les papiers que Remus lui avait laissés pour regarder son fils de derrière son ventre gonfler. Elle avait les traits tirés par la fatigue, les cheveux vaguement attachés au-dessus de sa tête en un chignon. En clair, quand on disait qu'une grossesse rendait les femmes rayonnantes, ils avaient oublié de mentionner les fringales, les hormones, le poids de la vie nouvelle et les incontinences.

- Là, maintenant, dans l'immédiat, je suis bien contente qu'ils m'aient zappée.

Elle grimaça en s'arrangeant dans le canapé, avant d'avoir une expression de douleur plus marquée quand une bosse bien nette se manifesta sous son kimono. Elle se massa la zone avec une moue.

- Je sens que l'été sera animé s'ils sont comme ça avant même d'être sortis, nota Drago.

- Amusez-vous bien ! leur dit Thatch de derrière Drago là où il s'appuyait sur le canapé.

- Je t'aurais traité de lâcheur si j'avais pas su pour Tonks, yoi, soupira Marco.

Ace eu une nouvelle grimace quand elle reçut un second coup de pied.

- Ta fille me fait chier, Marco, dit-elle.

- Comment tu fais pour les reconnaître ? s'étonna Drago.

- Haki. Un bébé peut être perçu au Haki à partir du troisième mois, explicita Thatch. Bon, c'est pas tout, mais j'ai une autre femme enceinte qui m'attend ailleurs. Elle, au moins, elle va pas accoucher de monstres hyperactifs.

- Tu lègues ta chambre à qui ? Drago ou moi ? demanda Harry avec intérêt.

- Je pourrais la garder juste pour te faire chier, kabu. Elle ira aux jumeaux. Bonne journée.

Et Thatch s'en alla en riant.

- Il va moins rire quand Tonks va l'accueillir. Elle va le faire travailler jusqu'à l'os, ricana Ace.

- C'est assez marrant que vous accouchiez le même mois, toutes les deux, nota Drago.

- Il y a peu de chance que j'aille jusqu'à terme.

- C'est courant avec les grossesses multiples, rassura Marco en voyant la panique de Harry. Sinon, vous avez eu le fin mot de l'attaque de Yuki, yoi ?

- Gamabrage est derrière tout ça. Elle avait les cheminées sous surveillance, et elle a failli attraper Sirius, raconta Harry en trempant sa madeleine dans son thé. Elle m'a bousillé ma main, je lui ai épinglé la sienne.

- Vu qu'elle porte des gants depuis, je pense qu'elle ne veut pas justifier de comment elle a eu cette blessure, pointa Drago.

- Elle doit se douter que c'est toi, lui dit Marco.

- J'ai dit à McGonagall que j'ai vu une grosse araignée bizarre dans la cheminée de Gryffondor.

Harry avala sa madeleine, s'épousseta les mains et les leva, l'air de dire que ce n'était plus son problème.

- Sinon, ces cours de défense que vous donnez ? s'enquit Ace. Pas trop difficile ?