Bonjour à tous et à toutes ! Bonnes fêtes à toutes les mamans ! Cette journée est pour vous et vous la méritez.
Aujourd'hui, quelque chose d'important que vous me réclamez va avoir lieu, alors, j'espère que vous serez content. Je vous fais des bisous et à bientôt !
LiberLycaride : C'est que j'ai réussi mon coup, alors et oui, Neville le mérite.
Yz3ut3 : A pluche.
Misstykata : Merci pour le compliment ma belle. Je t'adore.
Yuwine : Oui, Neville a bien joué son jeu sur ce coup-là./ Un bunker contre Marco, ça ne sert à rien.
Ann : Mais avec graaand plaisir.
Aye-aye-ay : Marco est un graaaand chanceux.
Michelle : Je te soupçonne de vouloir apprendre par coeur cette histoire./ Oui, la note va être très salée pour Dumby, surtout avec un Marco en colère, surtout quand on touche à sa famille. / Et oui, c'est un Saint, surtout dans ce qu'il fait avec les Londubat et oui, j'ai fait ce passage EXPRES pour te faire pleurer.
Mizu Fullbuster : Neville est un petit sournois et c'est trognon.
Mimi76lh : On verra comment évolue la santé des parents de Neville. / Draco en serveur est une image très drôle et étrange, oui.
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Ombrage était furieuse de n'avoir aucune explication sur pourquoi Harry et les Weasley avaient disparu sous son nez, mais c'était le dernier des soucis du D. qui avait repris les cours et le Club aussi. Du moins, c'était l'intention parce que malheureusement, en vengeance pour la disparition inexpliquée, l'envoyée du ministère leur avait asséné une tonne de devoirs. Donc, c'était un rendez-vous pour presque tous cinquièmes années à la bibliothèque où ils s'échinaient à la nouvelle pile de travail. Les élèves étaient assis à des tables éclairées par des lampes, le nez collé à leurs livres, dans un grattement de plumes fébriles tandis que, derrière les fenêtres à meneaux, le ciel devenait de plus en plus noir. Le seul autre bruit était le couinement que produisaient les talons de Madame Pince qui rôdait parmi les rayons d'un air menaçant. Quiconque s'avisait de toucher à ses précieux ouvrages ne tardait pas à sentir son souffle dans son cou.
Le couvre-feu sonna beaucoup trop tôt. Drago embrassa la main de Hermione, un des rares gestes d'affection qu'il se permettait de faire en public, avant de retourner dans les cachots. Luna embrassa Harry sur la joue et s'en alla à son tour. Les trois Gryffondor rentrèrent à la tour en se massant le crâne. Sauf que la salle commune était bondée et retentissait d'éclats de rires et de hurlements surexcités. Fred et George étaient en train de faire une démonstration de leur dernière invention en matière de farces et attrapes.
- Le Chapeau-sans-Tête ! annonça George tandis que Fred agitait devant les élèves un chapeau pointu orné d'une grosse plume rose. Deux Gallions pièce. Regardez bien ce que va faire Fred. Vas-y !
Avec un grand sourire, Fred enfonça le chapeau sur sa tête. Pendant un instant, il eut l'air simplement stupide puis tout à coup le chapeau et sa tête disparurent en même temps.
Tout le monde hurla de rire, à part quelques filles qui s'étaient mises à crier de terreur
- Et hop, on l'enlève ! s'exclama George.
Pendant un moment, la main de Fred tâtonna dans ce qui semblait être le vide, au-dessus de son épaule, puis sa tête réapparut lorsqu'il enleva d'un grand geste le chapeau à la plume rose.
- Comment fonctionnent ces chapeaux ? se demanda Hermione à haute voix.
Son mal de tête oublié, elle regardait Fred et George.
- De toute évidence, il s'agit d'un sortilège d'Invisibilité mais c'est assez habile d'avoir réussi à en étendre le champ au-delà de l'objet ensorcelé… J'imagine que le sortilège ne doit pas durer très longtemps.
Harry et Neville échangèrent un regard et abandonnèrent Hermione dans son débat de théorie magique avec les jumeaux. Ils rejoignirent leur dortoir et le D. ouvrit sa valise pour récupérer le cadeau de Sirius qu'il n'avait pas encore eut le temps d'ouvrir. Il le déballa tout en se mettant en pyjama, se retrouvant avec un miroir pas plus grand qu'une main entre les doigts. Un petit miroir carré. Il paraissait vieux et en tout cas très sale. Le brun le tint devant son visage et vit son reflet perplexe le regarder. Il retourna le miroir. Son parrain avait écrit quelque chose au dos :
« Ceci est un Miroir à Double Sens. J'en possède un autre exactement semblable. Si tu as besoin de me parler, prononce mon nom en le regardant. Tu apparaîtras alors dans mon propre miroir et moi, je te parlerai dans le tien. James et moi utilisions ce moyen pour communiquer lorsque nous étions en retenue dans des endroits différents. »
Harry eut un sifflement.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Neville en boutonnant son pyjama.
- Patmol m'a envoyé le téléphone portable des sorciers ! répondit joyeusement le D. en montrant le miroir. Apparemment, il utilisait les miroirs avant nous avec les Maraudeurs.
Il se jeta sur le lit et fit face au miroir qu'il tendit au-dessus de sa tête alors qu'il était allongé sur le dos.
- Sirius Black !
Presque immédiatement, le visage de Sirius apparut, souriant avec joie de voir son filleul.
« Salut le grand ! Content que tu aies trouvé le miroir ! »
- Je connaissais déjà le principe, mais c'est cool de pouvoir te parler plus souvent et sans risque !
Un lointain « bonjour Harry » jaillit du côté de Sirius. Apparemment, Remus était avec lui.
« Remus se cache de ta mère, elle devient de plus en plus irritable apparemment, » lui dit Sirius.
Harry se tourna sur le ventre alors que Neville saluait lui aussi Sirius et Remus. Mentionner sa mère ramena quelque chose à l'esprit de l'adolescent. Il connaissait quelqu'un qui pourrait bien avoir utilité de ce genre de miroir. Hermione allait être heureuse du cadeau qu'elle pourrait faire à son petit-copain.
- Tu sais que tu viens de me donner une bonne idée ? demanda Harry. Je connais quelqu'un qui serait bien content d'avoir ce genre de miroir.
« Pour toi et ta mère ? » demanda Sirius.
- M'man est en milieu moldu, c'est trop risqué. Non, pour Drago et sa propre mère. Narcissa lui manque et elle est suffisamment attachée à son fils pour s'assurer que le miroir ne tombe pas entre de mauvaises mains.
« Je vais en faire deux autres, j'ai du temps à perdre, » sourit aigrement Sirius. « Sinon, racontez-moi votre rentrée les garçons ! »
- J'allais voir avec Hermione, mais si tu te désignes.
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Le lendemain matin, Harry était de bonne humeur de savoir que Sirius allait faire le nécessaire pour aider Drago et sa mère lorsque Hermione reçut son exemplaire de La Gazette du sorcier. Comme tous les jours, elle le déplia, regarda la première page mais cette fois, elle laissa échapper un cri aigu qui fit tourner les têtes de tous ses voisins de table.
- Quoi ? s'exclamèrent Harry et Neville d'une même voix.
Pour toute réponse, elle étala le journal sur la table et leur montra dix photographies en noir et blanc qui occupaient la plus grande partie de la une. Neuf d'entre elles représentaient des sorciers, la dixième une sorcière. Certains avaient une expression narquoise, comme s'ils se moquaient d'eux silencieusement, d'autres pianotaient d'un air insolent sur le bord de la photo. Chaque portrait s'accompagnait d'une légende précisant le nom du sorcier et le crime pour lequel il avait été envoyé à Azkaban.
« Antonin Dolohov, » disait la légende sous la photo d'un sorcier au long visage pâle et tordu qui regardait Harry d'un air sarcastique, « condamné pour les meurtres particulièrement brutaux de Gideon et Fabian Prewett. »
- Les Prewett sont la famille de Molly Weasley, reconnut Neville. Je crois que c'étaient ses frères.
« Augustus Rookwood, » indiquait la légende sous la photo d'un sorcier au visage grêlé, les cheveux graisseux, qui avait l'air de s'ennuyer ferme, appuyé contre le bord de son cadre, « condamné pour avoir communiqué des secrets du ministère de la Magie à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. »
- Un espion, joyeux, siffla Hermione.
Mais le regard de Harry fut surtout attiré par la photo de la sorcière. Son visage lui avait sauté aux yeux dès l'instant où il avait vu le journal. Elle avait de longs cheveux noirs qui paraissaient négligés et décoiffés sur la photo. La femme lui lançait des regards sombres sous de lourdes paupières et ses lèvres minces esquissaient un sourire plein d'arrogance et de dédain. Comme Sirius, elle conservait les vestiges d'une grande beauté, mais quelque chose, Azkaban sans doute, lui avait ravi ses attraits.
« Bellatrix Lestrange, condamnée pour tortures ayant entraîné une incapacité permanente sur les personnes de Frank et Alice Londubat. »
Hermione donna un coup de coude à Harry et lui montra le titre au-dessus des photos. Concentré sur le visage de Bellatrix, il ne l'avait pas remarqué.
ÉVASION MASSIVE D'AZKABAN
LE MINISTÈRE CRAINT QUE BLACK SOIT LE « POINT DE RALLIEMENT » D'ANCIENS MANGEMORTS
Les mots « évasion massives » firent se liquéfier Neville qui tomba comme un sac de patates sur son banc, blanc comme un linge, les yeux scintillant d'effrois.
- Black ? dit Harry à haute voix. Honto ka… ?
- Chut ! murmura Hermione, l'air effaré. Pas si fort. Lis, c'est tout.
Le ministère de la Magie a annoncé tard dans la nuit qu'une évasion massive avait eu lieu à Azkaban.
Recevant les reporters dans son bureau privé, Cornélius Fudge, ministre de la Magie, a confirmé que dix prisonniers sous haute surveillance s'étaient évadés hier en début de soirée et qu'il avait déjà informé le Premier Ministre moldu du caractère dangereux de ces individus.
« Nous nous trouvons malheureusement dans la même situation qu'il y a deux ans et demi, au moment de l'évasion de Sirius Black, l'assassin bien connu, nous a déclaré Fudge. Nous pensons d'ailleurs que ces deux affaires ne sont pas sans rapport. Une évasion de cette ampleur laisse supposer l'existence d'un concours extérieur et il faut savoir que Black, qui est la première personne à s'être jamais échappée d'Azkaban, serait idéalement placé pour aider d'autres détenus à suivre ses traces. Il nous semble très probable que ces individus, parmi lesquels figure Bellatrix Lestrange, une cousine de Black, se sont rassemblés autour de Black lui-même qu'ils considèrent comme leur chef. Nous faisons cependant tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver les criminels et nous demandons instamment à l'ensemble de la communauté magique de rester prudente et de manifester la plus grande vigilance. En aucun cas ces individus ne doivent être approchés. »
- Je n'arrive pas à y croire, gronda Harry. Fudge fait porter la responsabilité de l'évasion sur Patmol ?! Je vais buter ce salopard !
- Il n'avait pas d'autre choix, commenta Hermione avec amertume. Il ne peut quand même pas dire « Désolé, mesdames et messieurs, Dumbledore m'avait prévenu que ça pouvait arriver, les gardiens d'Azkaban se sont ralliés à Lord Voldemort et voilà maintenant que les plus redoutables de ses partisans se sont évadés, eux aussi. » Tu comprends, il a quand même passé six bons mois à raconter que Dumbledore était maboule et il a essayé de te faire passer pour un menteur avant que ta mère intervienne. Et tu as rappelé une excuse facile à Ombrage au premier cours. Officiellement, Sirius est un assassin.
- Je commence tout juste à retrouver mes parents… souffla Neville. Non… je… pas ça…
- Oi ! Nev ! Je vais envoyer une lettre à maman pour lui demander de mettre une équipe de sécurité, en poste devant la chambre de tes parents, d'acc ? Alors panique pas, il leur arrivera rien ! rassura le D. en prenant son ami par les épaules.
Et comme si Yuki l'avait entendu, elle vola vers lui juste à cet instant, apportant les cours par correspondance moldu du jeune homme. Il prit un parchemin dans son sac et écrivit rapidement au crayon un message qu'il noua à la patte de la chouette avant de lui siffloter les mots « urgent » et « maman ». La chouette hocha la tête et s'envola immédiatement.
Hermione ouvrit grand le journal et commença à lire le reportage en pages intérieures tandis que Harry jetait un regard dans la Grande Salle. Il n'arrivait pas à comprendre que ses condisciples ne soient pas terrorisés par la nouvelle, ou au moins, qu'ils n'en parlent pas entre eux, mais en fait, rares étaient ceux qui, comme Hermione, lisaient le journal tous les jours. Ils étaient là à discuter de leurs devoirs, de Quidditch ou d'on ne savait quelles autres bêtises alors qu'au-delà de ces murs, dix autres Mangemorts étaient venus grossir les rangs des partisans de Voldemort. Il regarda la table des Serpentard pour voir que Drago lisait lui aussi le journal, plus pâle que d'habitude. Compréhensible, si sa tante était aussi folle qu'on le disait, il serait vu en traître.
Le D. se tourna vers la table des professeurs. Là, les choses étaient différentes : Dumbledore et le professeur McGonagall, le visage grave, étaient en grande conversation. Le professeur Chourave avait appuyé son exemplaire de La Gazette contre une bouteille de ketchup et lisait la première page avec une telle concentration qu'elle tenait sa cuillère immobile et ne remarquait pas les gouttes de jaune d'œuf qui s'en écoulaient lentement en tombant sur ses genoux. Thatch lisait le journal en tripotant son bouc d'un geste pensif, un air indéchiffrable sur le visage. Pendant ce temps, à l'autre bout de la table, le professeur Ombrage s'attaquait à un bol de porridge. Pour une fois, ses gros yeux de crapaud ne balayaient pas la salle à la recherche d'un élève en faute. Elle fronçait les sourcils en vidant son bol à grands coups de cuillère et lançait de temps à autre un regard malveillant en direction de Dumbledore et du professeur McGonagall toujours absorbés dans leur conversation.
- Le Saint a encore frappé, dit Hermione, surprise, les yeux toujours fixés sur le journal.
- Qu'est-ce qu'il se passe, encore ? demanda précipitamment Harry, les nerfs à vif.
S'il était question de Marco et qu'il lui était arrivé quelque chose, là, il ferait un scandale. Et il ne voulait pas être celui qui l'annoncerait à sa mère.
- C'est incroyable comme le hasard fait bien les choses, dit Hermione, visiblement ébahie.
Elle plia le journal à la page dix et le tendit à Harry et à Neville.
SAUVETAGE MIRACULEUX D'UN EMPLOYÉ DU MINISTÈRE DE LA MAGIE
« L'hôpital Ste Mangouste a promis hier soir de mener une enquête approfondie à la suite de l'accident qui aurait pu avoir raison de Broderick Moroz, employé au ministère de la Magie, secouru de justesse d'une mort affreuse par un guérisseur indépendant qui a souhaité rester anonyme. En effet, Mr Moroz qui avait été blessé dans un accident du travail quelques semaines auparavant, a été attaqué par une plante en pot et a évité une mort fatale de par la présence fortuite et tardive de notre héros sans nom.
La guérisseuse Miriam Strout, responsable de la salle où était soigné Mr Moroz au moment des faits, a été aussitôt suspendue et n'a pas souhaité faire de déclaration. En revanche, un porte-parole de l'hôpital a publié le communiqué suivant :
« L'hôpital Ste Mangouste regrette profondément cette attaque envers Mr Moroz dont l'état de santé s'améliore de jour en jour et remercie encore le courageux individu ayant sauvé la vie de cet homme. Nous avons une réglementation très stricte en ce qui concerne les décorations autorisées dans nos salles, mais il est apparu que la guérisseuse Strout, surchargée de travail en cette période de Noël, n'avait pas mesuré le danger que représentait la plante posée sur la table de chevet de Mr Moroz. Voyant que sa mobilité et sa capacité à s'exprimer étaient en progrès, la guérisseuse Strout a encouragé Mr Moroz à s'occuper lui-même de la plante, sans se rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un innocent Voltiflor mais d'une bouture de Filet du Diable qui a étranglé le convalescent dès qu'il l'a touchée. Attaque qui aurait dû être fatale sans le heureux hasard. »
L'hôpital Ste Mangouste n'est pas en mesure d'expliquer pour le moment la présence de cette plante dans la salle et demande à toute sorcière ou sorcier qui pourrait lui fournir des informations à ce sujet de se faire connaître. L'hôpital confirme aussi que de chaleureux remerciements ont été communiqués au guérisseur indépendant de leurs services et qu'il a été mis en relation avec la famille.»
- Strout ? Mais c'est celle qui est en charge de la salle de mes parents ! reconnut Neville.
- Ce qui explique que le Saint ait pu intervenir à temps, pointa Harry. Guérisseur Indépendant Anonyme. C'est lui, y'a pas photo.
- Il fait quoi dans la vie, vous le savez, ce Moroz ? demanda Hermione.
- J'en sais rien mais je m'en veux de ne pas avoir reconnu le Filet du Diable, murmura le botaniste en herbe en se prenant la tête dans les mains au point de renvoyer en arrière sa frange. J'aurais dû la reconnaître tout de suite, mais j'étais si préoccupé par mes parents…
- C'est pas grave, Neville, assura Harry. Tout le monde serait passé à côté d'une chose pareille dans ton état. Et de toute façon, Marco a réussi à le sauver, donc, tu vois…
Drago arriva à cet instant, presque aussi pâle que Neville. Il vit la page à laquelle ils en étaient rendus du journal et s'assit à leur table.
- Vous avez lu pour Moroz ?
- A l'instant, lui confirma le D.
- Père a déjà parlé de lui à la maison. C'est un Langue-de-plomb, il travaille au Département des Mystères.
- Et ce que veut Face de Serpent est là-bas… réfléchit Hermione avec une mine pensive.
- Vu qu'on a essayé de le tuer, je pense qu'il a été mis sous Imperium pour obtenir ce que cherche Face de Serpent. C'est pour s'assurer qu'il ne parle pas qu'on a essayé de le faire taire définitivement.
- Le Saint sera content de le savoir, commenta Neville.
- J'ai vu pour ma tante et mes oncles. Ça ira, Neville ? demanda Drago en se penchant un peu plus sur la table pour voir son ami.
- Je me fais plus de soucis pour mes parents.
- Yuki est partie pour mettre m'man sur l'affaire, ça ira, rassura Harry en lui serrant une épaule d'un geste rassurant.
Hermione referma le journal et jeta un coup d'œil furieux aux photos des dix évadés d'Azkaban. Enfin, elle se leva d'un bond.
- Où tu vas ? s'étonna Drago.
- Je dois parler à Luna, répondit Hermione en accrochant son sac à l'épaule. C'est… Je ne sais pas si… mais ça vaut le coup d'essayer… Fais-moi signe au retour de Yuki ou si Haiiro passe par là.
Et tout le monde la regarda partir à la poursuite d'un groupe de Serdaigle qui venait de quitter la Grande Salle.
Restés seuls, les garçons se regardèrent puis haussèrent les épaules. Hermione leur dirait ce qu'elle avait en tête le moment venu.
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Bientôt, même la mise à l'épreuve de Hagrid fut de l'histoire ancienne. Il n'y avait plus désormais qu'un seul sujet de conversation dans les couloirs : l'évasion des dix Mangemorts. La nouvelle avait fini par se répandre dans toute l'école par l'intermédiaire des rares élèves qui lisaient les journaux. D'après les rumeurs qui se propageaient, certains des évadés avaient été vus à Pré-au-Lard. On racontait qu'ils s'étaient cachés dans la Cabane hurlante et qu'ils s'apprêtaient à s'introduire à Poudlard comme l'avait fait un jour Sirius Black. Harry avait failli mourir de rire en entendant ces rumeurs, lui qui s'était caché quelques semaines, l'an dernier, dans la cabane en question.
Ceux qui venaient de familles de sorciers avaient grandi en entendant les noms de ces Mangemorts prononcés avec presque autant d'épouvante que celui de Voldemort. Les crimes qu'ils avaient commis, au temps où Voldemort imposait son régime de terreur, étaient devenus légendaires. Certains élèves de Poudlard, qui étaient apparentés aux familles de leurs victimes, devinrent bien malgré eux l'objet d'une célébrité indirecte dont les terribles effets se manifestaient chaque fois qu'ils marchaient dans un couloir : Susan, dont l'oncle, la tante et les cousins avaient été assassinés par l'un des dix évadés, dit un jour à Harry, pendant le cours de botanique, qu'elle avait à présent une idée de ce qu'il devait ressentir.
- Je ne sais pas comment tu arrives à supporter ça. C'est horrible ! lui confia-t-elle sans détour, la mine accablée.
Sous le coup de l'émotion, elle répandit beaucoup trop de fumier de dragon sur ses pousses de Cricasse qui se tortillèrent en émettant des couinements de protestation.
- Eh bien, je me suis calmé avec l'âge, mais j'ai cassé quelques dents en première année si tu te souviens bien. Finalement, je me suis dit que c'était moins risqué de se trouver un sac de frappe qui va pas pleurer dans les jupons d'un prof, lui dit le D. avec un sourire aigre. Mais c'est vrai que c'est horrible les gens qui murmurent. Le respect, dans tout ça, hein ?
Parce que oui, on murmurait à nouveau abondamment sur son passage et les doigts recommençaient à se pointer sur lui. Il décelait cependant un léger changement de ton. À présent, les chuchoteries exprimaient davantage la curiosité que l'hostilité et quelques bribes de conversation laissaient deviner que certains n'étaient pas du tout satisfaits de la façon dont La Gazette avait présenté les causes et les circonstances de l'évasion des dix Mangemorts. Soudain plongés dans la peur et la confusion, ceux qui doutaient ainsi semblaient maintenant se tourner vers la seule autre explication possible : celle que Dumbledore n'avait cessé de répéter depuis l'année précédente. Et qui l'avait donné en premier lieu ? Portgas D. Harry.
Les élèves n'étaient pas seuls à avoir changé d'état d'esprit. Il n'était pas rare désormais de croiser dans les couloirs deux ou trois professeurs qui conversaient à voix basse et précipitée et s'interrompaient dès qu'ils voyaient un élève approcher.
- Il est évident qu'ils ne peuvent plus parler librement dans la salle des professeurs, dit un jour Hermione au moment où elle passait en compagnie de Harry et de Neville devant les professeurs McGonagall, Newgate, Flitwick et Chourave en plein conciliabule devant la classe de sortilèges. À cause d'Ombrage qui ne cesse de les surveiller.
- Tu crois qu'ils ont du nouveau ? demanda Neville en jetant par-dessus son épaule un regard aux quatre enseignants.
- Si c'est le cas, tu peux être sûr qu'on n'en saura rien, répondit Harry avec colère. Pas avec le décret… on en est à quel numéro, maintenant ? J'peux même plus avec une discussion avec mon oncle à cause de cette foutu connerie !
Une nouvelle note d'information était en effet apparue sur les tableaux d'affichage des différentes maisons, le lendemain du jour où l'évasion d'Azkaban avait été connues :
PAR ORDRE DE LA GRANDE INQUISITRICE DE POUDLARD
Il est désormais interdit aux professeurs de communiquer aux élèves toute information qui ne serait pas en rapport direct avec la matière qu'ils sont payés pour enseigner.
Conformément au décret d'éducation numéro vingt-six.
Signé : Dolores Jane Ombrage, Grande Inquisitrice
Ce dernier décret avait donné lieu à un grand nombre de plaisanteries de la part des élèves. Lee avait fait remarquer à Ombrage qu'en vertu de cette nouvelle règle, elle n'était pas autorisée à réprimander Fred et George pour avoir joué à la Bataille explosive au fond de la classe.
- La Bataille explosive n'a rien à voir avec la défense contre les forces du Mal, professeur ! Ce n'est pas une information en rapport direct avec la matière que vous enseignez !
Lorsque Harry revit Lee un peu plus tard, il avait sur le dos de la main une vilaine blessure qui saignait encore. Drago recommanda au Gryffondor l'usage d'essence filtré de Murlap. Et de se coudre la bouche aussi.
On aurait pensé, voire espéré, que l'évasion d'Azkaban inciterait Ombrage à faire preuve d'un peu plus d'humilité. Qu'elle ressentirait une certaine honte devant cette catastrophe qui s'était produite sous le nez de son bien-aimé Fudge et qu'elle admettrait enfin qu'elle était dans l'erreur. Mais il semblait au contraire que son furieux désir d'exercer son contrôle sur tous les aspects de la vie à Poudlard s'en trouvait intensifié. Elle paraissait en tout cas décidée à procéder bientôt à des licenciements et la seule question était de savoir si la première victime en serait le professeur Trelawney ou Hagrid. Ou Thatch. Ouep, Thatch.
Apparemment, chaque cours de divination se déroulait désormais en présence d'Ombrage et de son bloc-notes. Pour ceux de Hagrid, il s'en sortait mieux vu qu'il avait moins de cours à donner, faisant surtout le remplacement de Thatch pour la pleine lune. Et il avait écouté la voix de la raison car il n'avait rien montré de plus effrayant qu'un Croup, une créature impossible à distinguer d'un fox-terrier en dehors de sa queue fourchue, mais il semblait avoir perdu toute assurance. Il se révélait nerveux et étrangement égaré pendant les cours, perdant le fil de ce qu'il disait, répondant de travers aux questions et jetant sans cesse à Ombrage des regards anxieux.
La haine pour les hybrides faisait qu'Ombrage se pointait aussi en inspection surprise aux cours de Thatch, rendant à chaque fois le loup-garou plus las devant les questions et les interruptions.
-/Dès que j'ai le feu vert, je la donne à bouffer à Aragog,/ avait grondé plus d'une fois l'Alpha en japonais.
Ce n'était qu'une question de temps avant qu'on interdise une langue autre que l'anglais dans l'enceinte de l'école. Juste pour embêter Harry et son oncle.
Le Club était alors un moyen de prendre une revanche sur cette sale garce.
Il était content de voir que tout le monde, même Smith, était décidé à travailler plus que jamais depuis la fuite des dix Mangemorts. Mais celui qui avait fait les plus gros progrès était sans nul doute Neville. L'évasion de ceux qui s'étaient attaqués à ses parents semblait avoir provoqué en lui un changement étrange et même un peu alarmant. Neville ne parlait pratiquement plus pendant les réunions du Club. Il pratiquait sans relâche chaque mauvais sort ou contre-maléfice qu'enseignaient Harry et Drago, son visage tendu par la concentration. Apparemment indifférent aux blessures ou aux accidents, il travaillait avec plus d'acharnement que tous les autres. Quand il maîtrisa avant même Hermione et Luna le Charme du Bouclier, on pouvait se dire qu'il avait bien décidé d'en finir avec les Lestrange.
Avec tant de sujets d'inquiétude et un programme aussi chargé, janvier fila à une vitesse alarmante. Avant que Harry ait eu le temps de s'en rendre compte, février était arrivé, apportant avec lui un temps plus humide et plus chaud. Il le réalisa que le temps était passé aussi vite grâce à sa directrice de maison.
Il était en plein cours d'Astronomie quand McGonagall fit brusquement irruption, surprenant Sinistra dans sa leçon et détournant les élèves de leur télescope.
- Quelqu'un est venu vous chercher, Mr Portgas, dépêchez-vous. Le travail a commencé.
- C'était pas prévu pour fin Mars voir début Avril ? s'étonna Neville.
- Dépêchez-vous. Et vous aussi Mr Londubat si vous voulez aller à Ste Mangouste.
- On ragera vos affaires, assura Dean aux deux jeunes.
Neville et Harry allaient suivre McGonagall quand Hermione rattrapa le D. par le bras.
- /C'est important, s'il te plaît, sois de retour pour le quatorze./
Harry cligna des yeux mais haussa des épaules et dévala les marches derrière McGonagall et Neville. Ils la devancèrent en arrivant dans le parc, courant de toutes leurs jambes vers la silhouette qui attendait à l'entrée et qu'ils reconnurent comme Will.
- Comment va maman ? demanda Harry immédiatement alors que Neville reprenait son souffle.
- Je sais pas, c'est le Doc qui m'a appelé pour m'avertir. Drago ne vient pas avec vous ?
- Non… il… il a dit… que ça le rendrait… amer… haleta Neville.
McGonagall les rejoignit juste en suivant, maudissant les jeunes et leur énergie.
- Je les prends, merci de votre efficacité, professeur, salua Will.
- Je ne devrais pas décemment laisser partir deux étudiants avec un vampire… lui dit la femme. Mais… puisqu'ils ont l'air de bien vous connaître.
- J'travaille pour les Portgas, forcément. Bonsoir !
Et il suivit les jeunes alors qu'ils dévalaient la pente vers Pré-au-Lard, arrivant devant les Trois Balais avec un point de côté et des poumons en feu. Rosemerta avait gardé active la liaison avec le Chaudron Baveur, comme lui avait demandé le vampire et le trio disparurent dans les flammes émeraudes.
Dans le bar miteux de Londres, Agusta attendait Neville et les garçons se séparèrent immédiatement, Harry suivant Will au dehors jusqu'à la voiture, le cœur battant à tout rompre contre ses côtes.
Il allait être grand-frère.
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Cela faisait des heures que sa mère poussait des injures entre-coupées par quelques instants de silence.
Harry faisait les cent pas dans le salon en se rongeant les ongles jusqu'à l'épaule. La chaleur à l'étage était insupportable, l'ayant fait fuir dans la pièce d'en bas où il avait ouvert le balcon en grand.
Il avait la trouille.
Vraiment.
Il savait que sa grand-mère Rouge était morte en couche, et il n'avait pas du tout envie de perdre sa mère à cet instant. Les heures coulaient lentement alors que Haruta faisait elle aussi les cent pas de son côté, signifiant que Izou devait être en charge du tableau et certainement particulièrement irritable.
Il était bien onze heures moins dix quand le calme revint sur la maison.
Un silence presque trop lourd et flippant après tous les cris et les insultes qui avaient résonné entre les murs depuis quatre heures du matin.
- Le travail doit être fini, supposa Haruta.
Avec inquiétude, Harry passa la tête dans l'escalier, mais il n'entendit que des bruits d'eau, rien de plus. Délicatement, sur la pointe des pieds, par peur que le moindre bruit ne brise quelque chose d'important, il monta les marches.
La chaleur avait reflué, devenant plus supportable, mais continuait de pulser comme un cœur épuisé. L'adolescent regarda des deux côtés du couloir, avant de se diriger vers la porte de la chambre de sa mère en la voyant grande ouverte. Il y toqua avec hésitation.
- Entre… et viens m'aider, lui répondit sa mère avec une voix cassée.
Harry entra dans la pièce pour voir sa mère assise au pied du lit, en sueur sur une serviette gorgée de sang et humide, son vieux tee-shirt pendouillant sur ses épaules comme s'il faisait six tailles de plus qu'elle. Ci et là, des flammèches courraient sur son corps étrangement maigre après ces mois de grossesses.
- Tu devrais pas être dans le lit ?
- Accouchement allongé déconseillé, sauf pour les médecins flemmards, répondit sa mère avec un sourire aigre. Je vais me coucher, là. Du moins, si tu m'aides, parce que j'ai pas la force de me lever.
Harry s'accroupit au chevet de sa mère pour passer un bras sous ses genoux et un autre dans son dos, la soulevant comme une princesse, la trouvant presque trop légère.
- C'est le feu qui te rend pas plus lourde qu'une plume ? demanda l'adolescent en se dirigeant vers le lit.
- Hm.
Il l'aida à s'arranger dans les coussins et ramassa la serviette avec l'idée de la mettre au sale. Il resta immobile en regardant le sang sur le tissu.
Il y en avait tellement… et il y avait même des restes de placentas, des cordons et pas mal de marques de brûlures…
- J'vais bien, chaton.
L'adolescent regarda sa mère lui offrir un sourire épuisé, assise contre la tête de lit et les coussins. Elle était si pâle, si maigre, si faible… si loin de l'image haute en couleur et surpuissante qu'il avait toujours eu de sa mère. Elle avait l'air si… vulnérable, si humaine.
Quand elle tendit un bras vers lui, il laissa tomber la serviette sur le pied du lit et vint s'asseoir au chevet de sa mère pour la serrer dans ses bras, se retenant de pleurer son inquiétude.
- Je t'ai entendue hurler pendant tellement longtemps. Je suis certain que même tonton t'a entendue au château.
- Ce sera bientôt son tour de paniqué, de toute façon. Et je voudrais bien t'y voir, toi… C'est aussi facile d'accoucher que de chier une pastèque.
Harry eut un maigre rire en resserrant ses bras autour de sa mère.
- Toujours aussi glamour, m'man. Et on s'étonne que je sois vulgaire.
- Je vais pas m'excuser d'être une pirate.
Elle eut un pauvre rire et passa une main dans le dos de son fils.
- Tu es gelé, mon chaton.
- C'est toi qui es brûlante.
- Possible.
Elle resserra ses bras autour de son fils, la fatigue gagnant lentement du terrain.
- On t'a déjà dit que tu es la meilleure ? demanda le jeune homme.
- Tout dépend pour quoi.
- Eh bien, moi, je te dis que t'es la meilleure des mamans. Ce que tu viens de faire mérite qu'on te dédie la palme.
- J'ai pas signé pour avoir deux beaux-parleurs à la maison.
Harry eut un rire qui fut rejoint par celui plus discret de sa mère.
- T'échappes pas comme ça, Portgas D. Ace, t'as encore du travail, yoi.
Marco venait de revenir dans la pièce, portant une couverture dans les bras. Avec précaution, il s'assit de l'autre côté du lit et délicatement, lui transmit le bébé au chaud dans la couette duveteuse et douce.
- Ton fils à faim. C'est un très beau garçon, espérons qu'il le sera autant que son grand-frère en grandissant, yoi.
Harry regarda Marco d'un air interdit, détournant son attention de son petit-frère qui poussait une faible plainte dans les couvertures. Ace embrassa sur le front le nourrisson et lui donna ce qu'il cherchait, apaisant les plaintes du bébé en lui fournissant son premier repas. Oui, bonne idée de tourner le dos à sa mère.
- Mais c'est vrai que t'es beau parleur ! nota l'adolescent à l'adresse du blond.
- Quand on a pas le charme physique, faut bien compenser quelque part, yoi.
- T'as assez de charme pour que je sois accrochée à toi, alors, tais-toi, lui rétorqua Ace en continuant d'allaiter le bébé dans ses bras.
Dobby arriva à cet instant dans la pièce avec un second couffin qu'il déposa avec précaution dans les bras de l'heureux papa qui était clairement épuisé, mais rayonnant.
- C'est sans risque ? T'es certain ? Que tu sois pas en train de me faire faire une connerie… demanda Ace alors qu'elle allaitait toujours son fils.
- Tu les as portés tous ces mois, sans les brûlés et Harry ici présent est la preuve que tes flammes savent quand il faut être agressif et quand il faut se calmer. Tu crois que juste parce que tu donnes le sein, elles vont décider de se manifester, yoi ? Je veux bien que tu sois fatiguée, mais fait l'effort de faire fonctionner le pois qui te sert de cerveau.
Ace jeta un regard noir à son compagnon.
- Ce soir, tu dors sur le canapé, stupide piaf.
- Ça me va parfaitement, comme ça, je pourrais pioncer pendant que tu te lèveras toutes les heures parce que les jumeaux ont besoin de quelque chose, yoi, lui répondit Marco.
La mère allait en rajouter quand Harry éclata de rire. C'était bon de revenir à la maison, entendre le couple s'envoyer chier aux quatre vents avec amour. Il cligna des yeux devant le mouvement surprenant du Phénix, ce qui le coupa dans son hilarité. Mouvement qu'il eut dû mal à enregistrer sur le moment, avant que l'information soit correctement interprétée.
Il lui avait tendu le couffin dans ses bras.
- Tu veux porter ta sœur ?
Harry regarda le petit tas de couverture, puis Marco. Il n'avait pas imaginé le message, le blond venait vraiment de lui proposer ce qu'il pensait.
- Je… je peux vraiment ?
- Bien sûr, c'est ta sœur. Installe-toi correctement contre la tête de lit, je vais te la mettre dans les bras, yoi.
Essayant de ne pas déranger sa mère, Harry s'assit un peu mieux sur le lit et regarda Marco venir le rejoindre pour déposer la fillette minuscule dans les bras de l'adolescent. Elle était si petite et si fragile, les paupières closes alors que sa petite main potelée était refermée sur un morceau de sa couverture. Harry n'avait pas vu beaucoup de bébés dans sa vie, mais il pouvait dire que sa sœur et son frère étaient les plus beaux bébés du monde. Il releva la tête en sentant quelque chose lui caressait la joue, pour voir Marco lui écrasait des larmes qu'il n'avait même pas réaliser qu'il versait.
- Harry ? s'inquiéta le blond.
- J'suis grand-frère, répondit le brun avec un sourire ému. Putain, j'suis grand-frère…
Il sentit plus qu'il ne vit sa mère se pencher sur lui pour l'embrasser sur le crâne. Il y a encore moins d'un an, il désespérait de ne pas avoir de père, et là, non seulement il y avait quelqu'un prêt à endosser le rôle, mais en plus, il avait à présent un frère et une sœur.
C'était presque trop beau pour être vrai.
Un bruit fit sursauter la famille et tous se tournèrent vers le coupable. Dobby ne chercha même pas à cacher l'appareil photo.
- Le Commandant doit avoir des photos à défaut de pouvoir les voir avant les vacances, expliqua l'elfe.
L'excuse se valait.
- Qu'est-ce qu'ils ont comme nom ? demanda Harry.
Les heureux parents échangèrent un regard, avant qu'Ace ne donne son fils à Marco.
- Donne-moi ta sœur, s'il te plaît. Et toi, fais-lui faire son rot.
La fillette passa dans les bras de sa mère pour prendre son repas à son tour, permettant au garçon de se pencher sur son frère dans les bras musclés du Phénix.
- Alors, les prénoms ? demanda Harry.
- Eh bien…
Harry tournait peut-être le dos à sa mère pour lui laisser un peu d'intimité pendant qu'elle nourrissait sa sœur, mais il voyait parfaitement qu'elle était mal à l'aise. Il sentait venir le coup foireux.
- M'man. Je te le dis immédiatement. Tu t'avises de les appeler James et Lily, et je t'étouffe avec un coussin. Je suis sérieux.
Marco éclata de rire. Un rire joyeux, lumineux, rappelant les trilles d'oiseaux qui saluent la rosée des matins de printemps. Il secoua la tête et se calma quand son fils commença à râler contre son épaule, avant de finalement faire son rot. Harry allait lui demander s'il n'avait pas peur de se dégueulasser quand il remarqua que le médecin avait un tee-shirt déjà bien crade à cause du sang et peut-être de la sueur. Ce n'était pas son frère qui allait changer les choses.
- Red et Lina, lui dit le blond. Ta mère voulait appeler ta sœur Lily, mais je lui ai conseillé de te demander avant d'officialiser, yoi.
- Maman, tu as beaucoup de chance d'avoir un bébé dans les bras, parce que je t'aurais étranglée pour tes bêtises.
- Mon propre fils me menace de mort, souffla Ace d'un air choqué.
- Pour une fois que c'est pas moi qui me fait menacer pour des prunes, yoi, nota Marco avec flegme.
- Pourquoi Red ? C'est pas un prénom commun… je doute qu'on le trouve dans le dictionnaire des prénoms qu'Hermione vous a offert pour Noël.
- Ace n'est pas non plus un prénom. Dire que j'ai failli m'appeler Anabela.
Harry se tourna vers sa mère. Il ne l'avait jamais entendu celle-là.
- L'équivalent du Anabeth anglais ou Ann, pour faire court. Je suis peut-être une femme aujourd'hui, mais à la naissance, ce n'était pas le cas, explicita la brune.
- Pourquoi tu n'as pas changé de prénom ?
Ace haussa les épaules.
- J'ai passé ma vie avec celui-ci, j'avais pas le cœur, ni l'envie, ni le besoin d'en changer. Et ça aurait impliqué de changer mon tatouage aussi. Va expliquer à un tatoueur pourquoi son matos produit des flammes à mon contact ! Thatch a fait et refait les miens en usant du Haki. Un simple tatoueur n'aurait pas pu.
Logique.
- On a choisi Red pour honorer une autre mère courageuse qui a sacrifié sa vie pour son enfant, yoi, expliqua Marco.
- Rouge-baa-san, comprit Harry. Là, je suis d'accord, mais Lily…nan…
Harry se tourna vers sa mère qui finissait de nourrir sa sœur.
- C'est trop tôt…
Ace tendit une main vers lui et il revint s'asseoir à côté d'elle, tout contre elle, fermant les yeux. Lily était là, plus proche que jamais, juste sous la surface. Elle n'était pas morte, elle continuait de vivre, veillant sur eux en silence. Elle n'avait pas besoin d'être de nouveau rappelé en ce monde pour l'instant. Elle avait le droit de se reposer un peu.
.
.
Thatch se demanda pour la énième fois pourquoi il prenait la peine de lever la main pour frapper, quand il savait que Dumbledore lui dirait d'entrer avant…
- Entrez, professeur.
…qu'il ne finisse. Roulant des yeux, il actionna la poignée et entra.
- Dumbledore, salua d'une voix morne le loup.
- Professeur Newgate, je vous en prie, asseyez-vous. Je vous sers quelque chose ? Je connais votre amour pour les boissons fortes. Rhum peut-être ? Une boisson que votre tristement célèbre homonyme appréciait, je suppose.
- Un rhum flip alors, mais seulement si vous saupoudrez de poudre à canon, répondit Thatch en s'asseyant devant le bureau de l'ancien.
- Je n'en ai pas en magasin. Je peux vous proposer un plus classique gin.
Le loup haussa les épaules.
Un coup de baguette magique fit apparaître un plateau d'alcool et deux verres que le directeur servit généreusement.
- Vous ne devriez pas vous inquiétez pour votre procès ? Les charges contre vous sont peu reluisantes pour un directeur d'école, pointa Thatch.
- J'en ai conscience. Malheureusement, l'évasion massive mobilise tellement notre gouvernement que l'affaire a été repoussée pour une durée indéterminée.
- Utile. Le hasard fait bien les choses.
- J'ai presque l'impression que vous m'accusez d'être impliqué dans cette affaire.
Le cuisinier prit le verre qu'on lui donnait, et regarda avec un sourcil levé le vieil homme devant lui.
- Gamabrage sera contente de l'apprendre.
Albus eut un pauvre rire.
- Je vois que le surnom trouvé par le jeune Mr Portgas a fait le tour du château.
- C'est passé dans le domaine public dès que Peeves a mis la main dessus. Faut le voir, d'ailleurs, il prend son pied à la poursuivre partout en faisant des bruits de crapauds et en chantonnant « Gamabrage » à tout va.
- Notre esprit frappeur est doué pour mettre de la vie. C'est pour cela que malgré les plaintes successives, il n'a jamais été expulsé. C'est le fantôme de Poudlard, l'esprit de cette école, avec ses escaliers piégés et ses secrets enfouis.
- Vous ne m'avez pas fait venir ici pour me parler du lien entre le Poltergeist et le château.
Le cuisinier porta le verre à sa bouche et sentit l'alcool. Pour un humain, le veritaserum n'avait aucune odeur, mais les hybrides pouvaient percevoir une altération dans les boissons où la potion était glissée. Ne percevant rien, il prit le risque. Aucun poison, rien que cet alcool anglais sans saveur par rapport au vieux saké qu'il gardait farouchement sous le parquet de sa cabine, il fut un temps. Combien de fois il avait surpris Jozu essayer de lui prendre une bouteille. Et combien de fois avait-il dû en céder une à Ace pour s'assurer que Marco passe une certaine partie de la journée au pieu, plutôt que sur le pont ou à arpenter le navire et l'empêcher de mettre en place quelques mauvais tours.
- A quoi pensez-vous, mon cher ?
- Au saké, répondit laconiquement le cuisinier.
Il but une gorgée plus franche de l'alcool et le reposa sur le bureau.
- Bien, de quoi s'agit-il ?
- Vous avez toujours été peu bavard sur vous-même, alors, je me suis dit que vous ne pourrions discuter un peu.
- Pour dire quoi ?
- Comment se porte votre sœur ? C'est un miracle que vous l'ayez retrouvée alors que vous n'avez jamais fait l'effort de chercher vos proches. Je vous pensais presque seul au monde !
- Ma frangine n'est pas le genre de femme à passer inaperçue. J'ai ouvert un beau matin le journal, j'ai reconnu sa patte, alors, j'ai fait le nécessaire pour lui dire « coucou c'est moi, ton vieux frère ». Elle me croyait mort, donc, vous pouvez imaginer son choc.
Il n'avait, pour ainsi dire, jamais vu Ace pleurer auparavant. De rire, parfois, mais pas pour le reste. L'avant et l'après, il connaissait, mais le pendant, avec les larmes sur les joues constellées, ça, ça avait été une grande première. Et il ne voulait pas le voir se reproduire.
- On espère tous revoir un parent qu'on croyait mort, elle a eu de la chance, sourit Dumbledore avec indulgence.
- Beaucoup.
- Et le reste de votre famille ? Vous avez repris contact ? Vous m'avez l'air de venir d'une famille nombreuse, après tout.
- L'orphelinat où j'ai grandi est ma famille, répondit Thatch en haussant les épaules.
Ce n'était pas loin de la vérité, le Moby Dick avait souvent été désigné comme un orphelinat ambulant.
- Peu sont ceux qui gardent une aussi bonne relation avec ce genre d'établissement. Je me souviens encore de Tom qui essayait à tout prix de convaincre le professeur Dippet, en poste à l'époque, de le laisser rester ici pour les vacances. Après, il est rare quand un enfant avec de la magie puisse s'intégrer facilement dans un environnement qui n'en a pas. Vous avez déjà vu ces problèmes, quand vous y étiez ? Après tout, votre air blasé, quand vous vous êtes fait mordre, m'ont immédiatement alerté. J'en étais venu à me demander si vous étiez vraiment un moldu. Ils ne survivent pas à ce genre d'attaque, en général, sans parler que vous êtes capables de voir les Détraqueurs et que Severus m'a fait part de son étonnement à vous voir brasser efficacement une potion aussi compliquée que le Tue-Loup, sans l'usage de baguette ou de magie.
Thatch esquissa un sourire et but une nouvelle gorgée de son alcool.
- Oyaji, comme on l'appelait tous, nous a pris comme nous étions, et nous a offert une famille quand la société nous traitait comme de la sous-merde. J'ai vu de tout. Certains de ceux que j'appelais mes frères n'entraient pas dans la dénomination Homo Sapiens. Alors, franchement, apprendre que le clebs à qui j'ai pété le crâne, parce qu'il voulait me bouloter, était un loup-garou… naaaan… faut faire mieux.
- Je vois, rit doucement le vieil homme en buvant son propre verre. Vous avez réussi à les retrouver ? Outre votre sœur, bien entendu. Ce Izou et cette Haruta, par exemple.
- Si je les avais retrouvés, le tableau n'existerait pas.
- Une idée de ce qu'ils sont devenus ? L'un d'eux aurait pu devenir un grand guérisseur, ou médecin, comme vous dîtes chez les moldus.
Thatch voyait où l'homme voulait en venir, mais ne se détourna pas de la vérité. Il compta sur ses doigts quelque chose et en brandit quatre vers Dumbledore.
- J'ai quatre diplômés en médecine dans la famille. Et tous ont pris en main la formation de quelques filles pour les aider à passer leur propre diplôme.
- Ce serait un curieux hasard si l'un de ces Newgate soit responsable de la survie de ce cher Moroz et de l'amélioration rapide du couple Londubat.
- Très curieux, en effet. Mais j'en doute. Sans compter que Newgate m'a l'air d'être un nom assez banal, c'est celui que nous empruntons en hommage à notre père, pour ceux qui, comme moi, n'ont pas de souvenir d'avoir un autre nom de famille ou ne peuvent plus porter le leur pour des raisons X ou Y. Ma chère et tendre sœur Cassandra, par exemple… une vraie démone cette femme ! Elle a été foutue à la rue par ses parents quand elle leur a dit s'être faite violer par le voisin et qu'en plus, elle était enceinte. Oyaji l'a recueillie, lui a payé l'intervention nécessaire, puis ses études de médecine qu'elle avait dû abandonner pour le coup. Quelques années après, son frère a débarqué à la fête de l'obtention de son diplôme et a essayé de la tuer. Il lui a coupé le petit doigt en plein milieu avant que Oyaji n'intervienne pour l'empêcher de poursuivre son œuvre. Avec ça, je pense que c'est facile de voir pourquoi elle a renoncé à son nom de famille et donne celui de Newgate quand on insiste vraiment sur le sujet. Des histoires de ce genre, j'en ai à la pelle.
- Je suis triste pour les ennuis qu'a traversé votre sœur.
- C'est une femme forte aujourd'hui. Bon, lui poser la question sur pourquoi il lui manque un morceau de doigt est un bon moyen pour finir avec un bistouri sous la gorge, mais elle a su se relever et continuer sa vie. Comme tout le monde.
- Et votre jeune sœur, sur Londres ?
- Mercenariat. Une andalouse au sang chaud. Son grand-père voulait qu'elle rejoigne l'armée avec son petit-frère, avant qu'ils ne fuguent chacun de leur côté. On a écopé de la sœur foldingue, le frangin a réussi à faire sa petite vie au Brésil.
- De ce que j'ai compris, vous avez l'intention de nous quitter d'ici deux ans ?
- Exactement. Gobe-Planche et Hagrid seront bien assez aptes à reprendre le poste, et ça me fera moins de courriers déplaisant sur les gens qui oublient que je sais me maîtriser et qui pensent vraiment que je rêve de manger les gosses de cette école.
- Vous aimez les enfants ?
- Ils sont symboliques. Ils sont l'avenir, l'espoir d'un monde moins crade et plus ouvert que celui que l'on a hérité de nos parents.
- D'où votre attachement pour le jeune Portgas.
- Y'a du progrès si vous admettez enfin qu'il n'est pas un Potter.
Encore ce sourire indulgent qu'il détestait tant chez ce fouille-merde.
- Il ne faut pas en vouloir à un vieil homme comme moi. J'étais très proche des Potter et je ne peux m'empêcher de retrouver James quand je regarde Harry, même s'il est clair qu'il ressemble de moins en moins à son père en vieillissant.
- Vous m'en direz tant.
- Vous savez pourquoi il est parti avec le jeune Londubat au beau milieu de son cours d'Astronomie ?
- Il y a un décret d'éducation qui m'interdit de m'y intéresser.
- Allons, allons… je vous connais assez pour savoir que les règles, vous les appliquez quand ça vous chante. Vous continuez de lui donner des cours de Self Défense, comme le veut sa mère ?
- L'année de ses BUSES, alors qu'il suit en plus des cours par correspondance moldus ? Non, je suis pas fou, il a bien trop à faire. Mais je suis certain que plus d'une fois, il aurait été bien content d'un rendez-vous avec un sac de frappe.
- Ombrage a le don de porter sur les nerfs de tout le monde. Mais je n'ai pas eu d'autres choix que de laisser le Ministère prendre cette place.
- D'autres questions ? demanda Thatch en reprenant son verre.
- Le nom de O'hara vous évoque quelque chose ?
Le roux prit son temps pour boire les dernières gouttes de sa boisson en faisant mine de réfléchir, puis secoua la tête.
- Pourquoi ?
- Oh, c'est un nom qui me turlupine depuis un moment, vous savez.
- Si vous l'dîtes. Autre chose ?
Dumbledore se pencha vers l'avant avec un sourire et son éternel regard pétillant.
- Au cours de cette longue conversation, m'avez-vous dit au moins une seule chose de vraie ?
Thatch reposa son verre vide sur le bureau et se pencha en avant avec un sourire féroce qui dévoila ses crocs.
- Vous êtes assez intelligent pour trouver le vrai du faux, Albus Dumbledore. De wa…
L'homme se leva et quitta le bureau directorial en humant doucement l'air de Binks no sake.
