Bonjour. On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre de l'Underground. Pas grand chose à dire ce mois-ci, outre que je suis heureuse que vous soyez encore et toujours au rendez-vous. Donc là, direct, je vous lâche sur le chapitre. Enjoy,

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Au cours de potion suivant, Harry rendit à Drago son livre, ayant profité d'être rentré le soir-même à Londres pour user du retourneur de temps et aller racheter un nouveau livre… et dieu, il avait apprécié pouvoir rentrer chez lui. Voir les jumeaux et les chats. Toute la tension de Poudlard avait fondu comme neige au soleil quand il avait pu prendre ses parents dans ses bras

Le mercredi, en rentrant, il apprit ce qu'il en était avec les "cours particuliers" de Dumbledore, et pour le coup, ce que pensait la ICW de la présence du familier à Poudlard pour dissuader le directeur. Ils n'étaient pas très emballés, mais ils finirent par accepter, surtout quand Ace informa que le ministère lui donnerait l'autorisation de conserver Iro pour sa sécurité, si en échange, Harry acceptait de parler avec Scrimgeour en tête à tête. Vu le ton de voix, cela ne lui plaisait pas des masses, mais elle lui laissait le choix. Comme lui dit Marco, le couple le pensait assez mature pour prendre certaines décisions de sa propre initiative. Harry n'y réfléchi pas à deux fois. Si avoir une panthère habituée au combat pouvait éloigner les curieux et y faire réfléchir à deux fois les personnages tels que Dumbledore ou Slughorn, il pourrait bien accepter de rencontrer le ministre pour lui dire en face que non, il n'était ni une arme, ni un porte-drapeau. Parce que malgré son insolence du premier cours, Slughorn conservait à son égard une curiosité bien trop malsaine.

Le jeudi, Neville reçut une lettre de chez lui, et plus précisément de la part de sa mère. L'adolescent s'était excusé de table et était arrivé en retard au cours de Botanique, les yeux étrangement rouges et pourtant d'une bonne humeur renversante.

Samedi sonna enfin, avec ce qu'ils avaient prévu. Avec en prime les encouragements de McGonagall et la présence silencieuse de Rogue.

Normalement, Harry aurait dû rentrer pour le week-end, mais il avait fait une exception pour d'un côté, cette discussion qu'il voulait avoir avec ses camarades et de l'autre, la possible réunion avec Dumbledore. Voir que tout Gryffondor avait répondu à sa demande avait matérialisé un peu plus l'attention qu'on lui accordait en tant qu'« Elu ». Bien entendu, les visiteurs prirent de court les élèves qui gardèrent bien de se manifester à haute voix devant McGonagall. Parce qu'outre Rogue, il y avait aussi Drago qui regardait avec une certaine curiosité le décor de la tour, assis sur l'accoudoir d'un fauteuil, sa robe sur ses genoux. Mais pas seulement. On comptait parmi les invités les fantômes des quatre maisons.

Merveilleux !

- Bonjour tout le monde, salua Harry avec nervosité.

Il esquissa un maigre sourire quand on lui répondit avec plus ou moins de bonne humeur, avant de se mettre à parler en jouant nerveusement avec ses mains :

- Donc… euh… voilà, si j'ai demandé au professeur McGonagall une réunion, c'est pour aborder un sujet important. Assez important pour que cela concerne l'école dans son ensemble, d'où le pourquoi on a des invités.

Neville lui offrit un signe encourageant de la tête pour aider son ami dans sa nervosité.

- Je vais pas vous faire l'insulte de vous rappeler qu'on est en guerre, les journaux le font mieux que moi. Mais… c'est en partie de ça que je veux vous parler. Et de ce que vous, en tant qu'étudiant de cette école, vous pouvez faire.

Harry se mit à faire les cent pas devant la cheminée de la salle commune, essayant de ne pas stresser plus que ça à cause des regards sur lui. Il s'y était mis tout seul, il pouvait s'en sortir et aider ses amis.

- Aucun des Serpentard présent ici aujourd'hui ne le niera, mais malheureusement, beaucoup des sorciers dans les rangs de Voldy - il ignora la grimace de Rogue et le toussotement de McGonagall - sortent de leur maison. Pas tous, Quirrell était un Serdaigle après tout, et Peter Pettigrow un Gryffondor, mais une bonne partie de son armée vient de cette maison. Et c'est de la faute de nos prédécesseurs, pour la plupart des cas.

Des exclamations indignées surgirent d'un point à l'autre de la salle commune et Harry ramena le silence avec son sifflement strident. L'agacement prit le pas sur la nervosité.

- Avant que vous ne montiez sur vos grands chevaux, je veux vous rappeler des faits, qui, je l'espère, me seront confirmés par ceux qui ont été contemporains des Fondateurs, j'ai nommé le Baron Sanglant et la Drame Grise. A l'origine, Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle étaient des amis. Ensemble, ils ont fondé quelque chose de magnifique, une école, là où ils ont appris à des générations d'élèves à maîtriser leurs dons en sécurité. Ils l'ont fait tous les quatre. Avec chacun leurs défauts, leurs ambitions et leurs qualités, mais en conservant l'objectif commun d'enseigner la magie à des jeunes comme vous et moi.

Harry arrêta de faire les cent pas et fit un geste comme s'il mettait de côté quelque chose.

- Certes, Serpentard est parti et y'a toute cette histoire de Chambre des Secrets. Mais la dispute, elle était entre lui et Gryffondor. Leurs élèves ont choisi avec stupidité de mettre leur nez dans une affaire qui ne les regarde pas.

- Et tu expliques comment les attaques de Seconde années ? attaqua McLaggen.

- Justement ! Ça fait longtemps que Serpentard est mort. Pour que Voldy puisse se prétendre son descendant, il a donc fallu que Serpentard ait des enfants, qui en eurent à leur tour, ainsi de suite, jusqu'à ce que Voldy passe à son tour sur les bancs de l'école. Pourtant, il n'y a eu que deux ouvertures de la Chambre des Secrets. La première fois, pendant qu'il était élève. La seconde fois quand il a réussi à s'emparer de l'esprit de l'un de nos camarades pour faire le mal, avant que l'affaire ne soit discrètement réglée sans bobo, outre des mauvais souvenirs. Pourquoi est-ce que les attaques n'ont pas eu lieu avant ?

Le jeune Portgas avait haussé la voix pour empêcher Cormac de lui couper de nouveau la parole. La question eut le mérite de le faire taire.

- Vous savez, la seule chose qui a été faîte par sa lignée, au sujet de la Chambre des Secrets ? C'est s'assurer que personne ne la découvre. Ils l'ont cachée, comme un joyau, un souvenir de leur ancêtre, mais ils ne l'ont pas ouverte, jusqu'à ce que Voldy veuille mettre sa merde. De base, c'était là pour nous protéger, nous, les élèves, pas pour faire un tri parmi les étudiants jugés dignes ou non à entrer à Poudlard.

Il se sentait plus confiant, il tremblait moins, il savait qu'il pouvait y arriver, leur faire prendre conscience de leurs pouvoirs. Il pouvait les aider à sauver des vies.

- Je ne suis pas dans le cerveau de Voldy pour savoir pourquoi il a agi. Mais je sais pourquoi les gens se joignent à lui. Certains, c'est pour des rêves de gloire et de puissance totalement illusoires, puisqu'il n'y a qu'un maître et des esclaves. Moldy…

Le surnom fit tiquer les sourcils des deux professuers et tira un soupire blasé à Neville.

-… veut une dictature, avec lui comme maître incontesté et immortel. D'autres de ses partisans le rejoignent par peur tout simplement. Peur pour eux, pour leur famille. Ils sont plus nombreux que les vrais fidèles. Mais il y a une autre catégorie. Ce sont ceux qui veulent du changement. Les ostracisés, les rejetés. Je vais vous raconter une histoire qui vous en dira long. Vous avez tous en tête l'image de Remus Lupin, pour ceux qui l'ont connu. Qui, ici, se doutait qu'il était un loup, outre les fantômes et le corps enseignant ?

Hermione leva la main, mais elle fut la seule et tout le monde la regarda.

- Vous voyez ? Remus a été mordu quand il était gosse et pourtant, il a réussi à étudier à l'école sans incident, si on ne compte pas qu'il aurait peut-être dû mieux choisir ses amis. La seule personne qui aurait pu y passer, c'était un adolescent curieux, un Serpentard qui avait pris le groupe d'amis en grippe et qui le lui rendait bien, puisque l'un d'eux l'a piégé parce qu'il trouvait très drôle de le pousser à aller à la rencontre d'un loup-garou dans sa cachette durant la pleine lune. Dans cette affaire, deux Gryffondor même pas encore adultes auraient pu se rendre coupable de meurtre pour ce qui était une simple blague du point de vue de celui qui avait eu cette idée. Parce que s'il n'y avait pas eu un miracle, un élève aurait été tué par un loup-garou qui n'avait aucun contrôle et la justice n'aurait pas cherché à savoir le pourquoi du comment avant de réclamer la tête d'un adolescent de mon âge sur une pique pour cet incident. Et le blagueur de l'affaire ? Eh bien, si on avait découvert son implication, il aurait fini à Azkaban. Si personne n'avait rien trouvé à son sujet, il aurait dû tout de même vivre avec sur la conscience l'idée qu'il était la cause d'un meurtre sous la patte d'un de ses amis. Vous connaissez tous le professeur Lupin, vous croyez qu'un homme comme lui aurait supporté l'idée d'avoir tué quelqu'un, surtout pendant une pleine lune ?

Rogue croisa les bras en silence et se laissa aller contre un mur pour écouter là où voulait en venir le jeune adulte pour ramener cette vieille histoire sur le tapis.

- Cela nous donne quoi ? D'un côté, un loup-garou qui aurait pu devenir fou et se joindre à la bande de Greyback... Finalement, il a rencontré des personnes qui l'ont accepté en dépit de son problème de fourrure, même s'il y a eu des incidents de parcours. Il a grandi, pris en compte ses fautes, et essayé de faire la paix avec ses erreurs de jeunesse et d'aller de l'avant. Les résultats parlent d'eux-mêmes, il y a longtemps que Poudlard n'avait pas eu autant d'admis en BUSES et ASPICS de Défense pendant qu'il était enseignant. A côté, on a un jeune homme brillant, qui a inventé de nombreux sorts et pas mal de potions, au point qu'il aurait pu devenir un pilier important de l'avancée magique de notre communauté... Mais simplement parce qu'il a été réparti à Serpentard, et que nos deux maisons se détestent par principe, cette personne a vécu une adolescence horrible, malheureuse, certainement solitaire. En bref, il a été poussé dans le vide. Puisque ceux qui ont réussi à l'apprécier à sa juste valeur étaient des gens de la trempe des Mangemorts, il était normal qu'il se joigne à eux. Si cet homme est en paix avec ses choix ou s'il a des regrets c'est son problème, mais les faits sont devant vos yeux.

Harry tendit la main vers Drago.

- Drago a fait son choix. Entre être craint et être respecté, il a préféré le respect. Et ils sont nombreux dans son cas. Si je vous parle aujourd'hui, c'est pour avoir votre aide dans ce but. Je sais que la guerre incessante ne prendra pas fin en une après-midi ou en une journée. Mais on peut arrêter de mettre dos au mur les gens. Leur tendre la main. Leur offrir l'opportunité de montrer qui ils sont vraiment. Je vous demande pas d'être copain comme cochon du jour au lendemain, mais de commencer par un peu de civilité. Un simple « bonjour, comment ça va ?». Un sourire amical. Une aide pour un camarade en galère.

- Et les attaques dans les couloirs ? demanda quelqu'un. Les sorts dans notre dos et tout ça ?

- J'ai demandé une réunion semblable pour ce soir auprès de mes camarades de maison, répondit Drago. J'ai déjà eu quelques mots durs avec le reste de ma maison, mais j'ai l'intention d'enfoncer le clou. Je vais cependant rebondir sur ce qu'a dit Harry. Si, nous, les Serpentard, n'avons aucun remord à vous attaquer dans les couloirs, c'est parce que vous en faites autant, par principe. Nous sommes ostracisés dans notre propre école. Quand quelque chose ne va pas, c'est toujours nous les coupables, que ce soit vrai ou pas. Je suis certain que durant cet incident de la Chambre des Secrets, bon nombre d'entre vous ont dû penser que j'étais le coupable, que j'étais l'héritier en question.

Le fait que beaucoup d'élèves détournent la tête prouva qu'il avait raison.

- Nous serons méfiants, sur nos gardes, mais c'est normal après des siècles de guerre constante, pointa le blond. Mais si toutes les maisons sont d'accord, on peut commencer par un cesser le feu cette année. Nous sommes plusieurs à prouver que l'amitié est possible entre les maisons, alors, si vous nous donnez une chance de vous prouver que nos couleurs et une décision du Choixpeau ne font pas de nous des coupables par défaut, on vous le rendra.

- En arrêtant de pousser les gens dans le vide, vous réduirez considérablement le nombre de personnes qui iront grossir les rangs des Mangemorts parce qu'ils jugent qu'ils n'ont pas le choix, reprit Harry. Autre exemple, les vampires sont des alliés presque naturels de Voldy, pourtant, l'un d'eux a sauvé la vie d'Amélia Bones. Rien ne l'y forçait mais il l'a fait. Pourtant, sa propre tante a fait passer une loi qui lui interdisait d'utiliser sa baguette magique. Il n'a pas demandé à être transformé, il s'est simplement retrouvé du jour au lendemain classé dans la catégorie créature magique dangereuse. Pourquoi est-ce qu'il a sauvé la vie de Bones, alors ? Parce qu'on lui a tendu la main. On lui a permis de retrouver un semblant de respect et d'amour propre. Parce que même s'il n'est plus humain, il conserve des sentiments et que Bones, même si c'était la seconde fois qu'elle le voyait, l'a traité avec respect et humanité. C'est tout con. C'est très peu, mais pour ceux qui sont au fond, c'est énorme. Et vous avez ce pouvoir. Au lieu d'envoyer les gens dans les bras de Voldy, vous pouvez leur tendre la main en leur disant que vous êtes prêts à les aider pour qu'ils retrouvent un semblant d'amour propre. Aujourd'hui, pendant que vous êtes à l'école, vous pouvez aider les Serpentard qui n'ont pas choisi leur camp. Leur montrer qu'ils gagneront bien plus à rester neutre au minimum, qu'à risquer leur vie pour le compte d'un maniaque qui prend son pied en tuant des adolescents comme Diggory.

Harry croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés.

- Je conclurai par une dernière chose. Je n'ai pas oublié que des Serpentard m'ont plusieurs fois aidé et sauvé la vie, quand un Gryffondor, dont je tairai le nom, a préféré me faire tomber dans des escaliers quand j'avais un cognard ensorcelé aux trousses, ou que mes camarades de maison préféraient faire la fête parce que j'avais fini second pour une épreuve d'un tournoi auquel j'étais forcé de participer. Je sais pas si j'ai réussi à vous faire entendre raison, ou à vous toucher, mais j'espère au minimum que vous y réfléchirez à deux fois avant de vous laisser aller à un délit de faciès.

Le D. retira sa robe de sorcier et prit celle de Drago qu'il enfila.

Il écarta les bras, l'air de dire « et maintenant ». Et contre toute attente, ce fut Rogue qui l'applaudit. Pas un applaudissement sarcastique, un simple geste d'approbation devant le discours.

- On peut au moins dire que vous n'êtes pas le genre de garçon à dire de paroles en l'air. Le Club en est la preuve. Vous avez beaucoup à faire, Mr Malefoy, pour tenir votre côté de ce pari. Je vous retrouve ce soir dans la salle commune

Et sur cela, Rogue s'en alla.

Lentement, les Gryffondor finirent par se disperser, murmurant entre eux en jetant des regards de coins aux amis qui se réunissaient désormais auprès de McGonagall. Les fantômes s'en allèrent, Nicolas en hochant la tête avec respect pour dire qu'il ferait passer le message aux autres fantômes, alors que la Dame Grise remerciait doucement le groupe d'amis.

- Je peux récupérer ma robe, Portgas ? demanda Drago.

Harry la fit glisser de ses épaules et la lui rendit.

- Elle est trop serrée aux épaules de toute façon, se justifia le brun.

- Jeunes gens, ce que vous faîtes est la chose la plus intelligente que je n'ai jamais vu depuis que je suis arrivée à Poudlard et je suis à la fois honteuse de ne pas y avoir pensée pendant que j'étais étudiante, mais aussi très fière de voir que ce sont mes meilleurs élèves qui prennent une initiative aussi révolutionnaire, leur dit sincèrement l'enseignante avec un air sérieux malgré son petit sourire. La tâche sera ardue, vous vous en doutez ?

- C'est faisable, suffit juste de s'y mettre tous. On a déjà approché les autres préfets de sixièmes années à ce sujet. Si on s'y met tous, on peut y arriver et rendre à Poudlard son unité, assura Neville.

- J'y pense ! s'exclama Harry.

Il remonta sa manche gauche et détacha le holster qui gardait son couteau pour le donner à l'enseignante.

- Signe de bonne volonté et remerciement pour l'autorisation d'être avec Iro.

- Le directeur n'a pas encore dit oui, jeune homme, pointa McGonagall

- Il ne pourra pas dire non à son père, assura Hermione. On ne dit pas non à Marco sans qu'il vous enterre verbalement sans jamais qu'il ne lève la voix ou qu'il perde son calme. Il a un poignard à la place de la langue.

- Je lui rendrais ceci, alors.

Et la femme récupéra l'objet qu'elle rangea dans une de ses poches de sa robe de velours.

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Ils avaient dîner en silence avant de se réunir à la bibliothèque pour les devoirs, sans les Serpentard cette fois, puisque Drago devait être en train de faire son discours à ses camarades de maison. Harry venait de lever le nez de sa dissertation sur les principes de la rematérialisassions quand il réalisa qu'il était huit heures moins dix. Vu que son père devait être déjà là, le D. avait le devoir d'assister au rendez-vous avec le Directeur. Ce qui en découlerait… il le saurait en s'y rendant.

Après un baiser à Luna qui sentait bon les tournesols, le jeune homme rangea ses affaires et laissa ses camarades à leurs études. Il monta rapidement les marches des escaliers mouvants, sautant d'un escalier à l'autre quand l'un d'eux décida de n'en faire qu'à sa tête, avant de marcher à grand pas le long des couloirs déserts à cette heure-ci de la soirée. Il ne restait qu'une heure après tout avant le couvre-feu. Pourtant, l'adolescent dû se camoufler derrière une statue quand ses pas le portèrent dans le même couloir que traversait Trelawney (qui vivait apparemment encore au château malgré qu'elle n'ait pas reprit son poste) à l'angle d'un mur. Elle marmonnait toute seule et battait un jeu de cartes crasseuses qu'elle examinait en marchant, répandant sur son passage une odeur d'alcool qu'il identifia comme du Xérès bon marché. Et comme les gens ne regardent jamais en l'air, Harry escalada la statue pour se cacher au plafond.

- Deux de pique : conflit, murmurait-elle, en arrivant sous l'endroit où Harry avait escaladé les poutres du plafond pour se cacher. Sept de pique : mauvais augure. Dix de pique : violence. Valet de pique : un jeune homme brun, peut-être un peu troublé, qui n'aime pas la consultante...

Elle s'arrêta net, pile sous l'adolescent.

- Non, ça ne se peut pas, dit-elle.

Avec agacement, elle s'en alla, recommençant à battre vigoureusement ses cartes pour disparaître à l'angle du couloir, permettant à l'acrobate de se laisser tomber souplement au sol. Il reprit sa route en accélérant un minimum le pas pour ne pas arriver en retard. Il finit par atteindre le bon étage avec la gargouille gardant encore et toujours le bureau du directeur.

- Suçacides, annonça-t-il.

La statue s'anima en faisant un pas sur le côté, ouvrant le mur dans son dos pour faire apparaître un escalier mobile en colimaçon. L'adolescent se hissa sur la première marche et attendit que les l'escalier le conduise au bureau directorial, en profitant pour faire tourner sa tête sur ses épaules et retirer ses lunettes de lecture de son nez pour les coincer dans son col. En arrivant devant la porte, il entendit le murmure d'une conversation. Il frappa et ouvrit la porte quand on l'y autorisa. Il se dépêcha d'entrer et de la refermer pour ne pas tomber dans les escaliers quand Iro se jeta joyeusement sur lui pour lui nettoyer le visage à grands coups de langue, sa fourrure arborant une teinte solaire qui faisait plaisir à voir. Harry lui rendit son salut avec joie.

- Iro. Shizukani.

La demande calme de Marco eut raison immédiatement de l'excitation du félin qui accompagna tranquillement l'adolescent jusqu'au bureau derrière lequel le directeur était assis. Le pirate était installé sur l'une des chaises avec sa nonchalance habituelle, caressant Fumseck qui s'était perché sur son accoudoir.

- Konbanwa tousan.

- Konbanwa. O genki desu ka ?

Marco était assez grand pour ne pas avoir à se lever de sa chaise pour embrasser son fils sur le front, sans que Harry ne soit pas non plus obligé de se plier trop bas pour ça.

- Bonsoir, directeur, salua froidement l'adolescent.

- Bonsoir, Harry. Assieds-toi, proposa Dumbledore avec un sourire. J'espère que ta première semaine de rentrée s'est bien passée ?

Harry lui adressa un regard qui demandait clairement s'il lui posait sérieusement la question.

- Nous en avons fini, je pense, Docteur Newgate, sourit poliment le directeur à l'adresse de Marco.

- Devons-nous repartir sur une nouvelle heure à échanger les mêmes arguments, yoi ? demanda le blond avec lassitude. Vous n'êtes pas en position de négocier pour ces cours. Rien ne nous retient de nous rapprocher de Bones pour lui signaler d'une part l'évasion de Fol-Œil, avec des souvenirs à l'appuis, et votre insistance, malgré la perte de tous vos postes politiques et d'une bonne partie de votre fortune, à vouloir mettre votre nez dans la vie de notre enfant, yoi. Sans parler que je vous rappelle que vous êtes en probation en tant que directeur de cette école. D'ailleurs, où est l'envoyé de la ICW qui se charge de votre cas ?

- Je fais ça pour sa survie et son bien. L'éducation que votre compagne a donné à ce pauvre garçon ne laisse pas présager cela.

- Ace s'en est très bien sortie quand on connaît ses antécédents et sa propre enfance. Et quand on sait que Harry a le mérite d'être direct, ouvert d'esprit, loyal, intelligent et courageux, je ne vois pas vraiment ce que vous pouvez lui reprocher. Pour ce qui est de la violence, je vous rappelle que ça n'aurait jamais été un problème si des gens comme vous ne s'obstinait pas à vouloir le mettre dans un moule qui ne lui correspond pas, yoi. Mon fils n'est pas un chien en laisse qui remue la queue et fait ce qu'on lui dit. C'est un loup, sauvage et fier. Gardez ça en tête, un D. n'est pas fait pour passer sa vie à genoux, yoi.

- Vous avez fait de cet enfant un futur criminel, alors que j'essaye de l'aider à survivre à Voldemort. Vous en avez fait une machine de guerre ! Une arme ! Un individu violent incapable d'amour et de compassion !

- Harry est un garçon réaliste qui voit les choses en face et qui sait que la vie peut être une garce immonde. Si vous aviez eu votre mot à dire, il n'aurait connu que l'indifférence et la cruauté de la maltraitance, yoi. Ace et lui ont eu des moments difficiles où mon absence était très mal venue, mais ils se sont soutenus, ils sont restés ensemble, ils ont réussi à rire malgré tout. Vous me parlez d'amour, mais vous pensez que si Harry n'en avait pas un minimum pour sa mère, il s'obstinerait autant pour se faire reconnaître comme un Portgas, yoi ? Vous croyez que si Ace n'en avait rien à faire de cet enfant, elle serait allée autant de fois crier contre vous ou votre gouvernement pour qu'on laisse notre fils un peu de repos avec ces histoires de Survivant et d'Élu ? Même alors que sa santé et ses nerfs lui faisaient défaut ?

Fumseck émit quelques notes douces et apaisantes pour faire retomber la pression.

- Je peux ? demanda Harry à son père en caressant la tête de Iro sur ses genoux qui prenait lentement une couleur rouge.

- Je t'en prie, fils, si tu as quelque chose à dire, dis-le, yoi.

Le jeune se tourna vers le directeur qui lui offrit un sourire bienveillant qu'il ne lui rendit pas.

- Si mon père quitte ce bureau, je ne reste pas ici et vous pourrez m'envoyer toutes les demandes de leçons que vous voudrez, je ne viendrais pas. Je n'ai aucune confiance en vous. Depuis que je suis arrivé dans cette école, vous n'avez jamais cessé de vouloir briser le lien qui existe entre une femme et son enfant, une femme qui m'a pris avec elle quand rien ne l'y obligeait. Elle m'a élevé, peut-être à la dure parce qu'on n'a pas toujours été plein aux as, mais elle m'a éduqué avec tout ce qu'elle avait. Elle m'a protégé, elle m'a aimé, elle m'a nourri, abrité et choyé. Elle m'a appris à me défendre. Puis, vous avez débarqué pour lui faire des reproches et lui parler de menaces sur ma vie sans jamais entrer dans les détails, disant simplement que Voldy en avait après moi.

- Tommy boy se souvient pourtant encore très clairement d'elle, je crois. Plus d'un de ses toutous n'ont pas osé se frotter à elle au ministère, parce qu'ils savent la vérité. Une vérité qui dit que c'est elle qui l'a détruit la première fois, yoi, sourit moqueusement Marco.

- Si vous aviez dit à maman que cet homme n'était pas totalement mort et qu'il reviendrait pour moi, elle vous aurait écouté, pointa Harry. Et vous auriez très bien pu me dire aussi pourquoi il en avait après moi, surtout que j'ai pas arrêté de dire que je voulais le savoir durant toutes ces années ! Et pour découvrir au final que tout ça, c'est parce qu'un idiot a pris au pied de la lettre une prophétie qui n'est même plus valide ! Vous aviez ces informations, et vous avez refusé de nous les donner ! Vous croyez que l'on a envie de vous faire confiance après ça ?

- C'était peut-être des erreurs dû à mon grand âge, je l'admets, Harry… commença Dumbledore.

- Pour la dernière fois, je vous ai pas donné le droit de m'appeler par mon prénom ! s'énerva l'adolescent.

- …cependant, j'ai fait ces choix dans l'espoir de te préserver, continua le directeur avec un regard qui intimait au garçon de se taire. Tu n'as pas eu d'enfance, je voulais te laisser profiter de l'insouciance que te permettait d'avoir Poudlard et sa sécurité. Que tu puisses réaliser et profiter de tout ce que tu avais loupé en ayant été élevé par cette femme. Que tu puisses voir cette école comme ta maison.

- Sécurité ? On doit vraiment faire la liste de toutes les fois où j'y serais passé si j'avais pas eu une chance insolente et un bon entraînement, que je dois à ma mère, voire la protection de mon oncle ? Tous ces incidents que vous avez minimisés et qui auraient pu me tuer ? Vous parlez de sécurité quand mes camarades d'écoles parient sur mon dos pour savoir si je parviendrais à passer une année tranquille ou même si je m'en sortirais vivant ? Je dois vous rappeler que vous nous avez toujours rien donné comme nom ou résultat sur la personne qui m'a envoyé me casser la figure dans les escaliers du stade quand j'étais en deuxième année ?

- Oui, sécurité, en effet, commenta narquoisement Marco. Je n'ai pas vu de brochures pour cette école, vous y indiquez le taux de décès annuel ?

- Pas plus que le taux d'élèves de premières années qui se perdent dans les couloirs et qu'on ne retrouve jamais, commenta l'adolescent à l'adresse de son père.

- Charmant. Pourquoi ta mère a accepté que tu viennes ici, à la base, déjà, yoi ? Que je sache quoi lui reprocher, parce que clairement, si j'avais eu mon mot à dire, je n'aurais certainement pas accepté de te laisser t'approcher de cet endroit.

- Publicité mensongère en premier. Il y a aussi que le temps qu'elle reçoive une réponse de l'école japonaise, la rentrée était déjà là. Ensuite, y'a eu les menaces sur l'adoption. J'avais certainement pas envie de voir m'man se faire accuser d'enlèvement parce que quelqu'un a invalidé la légalité de notre famille.

Son père rapporta son attention vers Dumbledore, un maigre sourire froid sur le visage.

- Dès qu'on gratte les ennuis qui poursuivent Harry, on trouve votre nom derrière. Alors, osez dire que l'on peut vous faire confiance, yoi. Vous vouliez que cette école devienne une seconde maison pour mon fils, vous en avez fait une prison. La balle est dans votre camp, que faisons-nous à présent ? Nous restons tous les trois assis ou mon fils et moi rentrons chez nous ? On nous attend, yoi.

Pendant que le blond et Dumbledore étaient occupés à s'affronter du regard, Harry promena le sien sur le reste du bureau, continuant de caresser Iro qui grognait doucement. Les tableaux étaient étrangement muets et paisibles. Tous dormaient, ce qui était très étrange quand on savait que ça faisait un moment que son père devait se disputer avec le directeur. Cela aurait dû attirer la curiosité des anciens directeurs, ou au moins, une intervention de leur part. L'adolescent regarda un peu plus la pièce circulaire, essayant de deviner ce que lui voulait cette fois le directeur, mais rien n'avait changé par rapport à ses bien trop nombreuses visites, avec les mêmes instruments en argents sur les mêmes tables, mais rien qui puisse expliciter ce que l'homme lui voulait.

- Nous avons donc un accord, yoi, conclut le pirate.

L'apprenti sorcier sursauta en réalisant qu'il avait loupé une bonne partie de l'argumentaire des deux camps, même si la satisfaction de son père laissait voir clairement qui était le vainqueur.

- Ah, et ceci est mon seul avertissement, Dumbledore. Recommencez à essayer d'envahir mes pensées, et vous ferez connaissance de plus près avec ceci.

Le pied que son père avait sur son genou se changea immédiatement en ergot, assez longtemps pour que la menace soit bien comprise.

- Après, je pourrais faire remonter ça à Bones, je crois qu'on vous a déjà dit que vous n'aviez pas le droit de légimencier qui vous vouliez à tort et à travers. Sinon, fils, tu as quelqule chose à redire, yoi ?

- J'ai pas suivi, désolé, s'excusa Harry.

- Il a été décidé que ton père assisterait à nos leçons… dit Dumbledore.

La façon dont il avait dit le mot montrait toute sa désapprobation envers le blond qui se contenta de sourire moqueusement.

- En échange de quoi ? demanda Harry.

- De rien du tout, il n'a pas le choix que de se plier à ce que nous, nous voulons s'il veut faire ça, yoi. Mais j'ai promis de garder mes remarques pour moi. Je me contenterai de t'en faire profiter hors des leçons, lui dit son père.

Dumbledore conservait un sourire poli mais son regard était froid et très mécontent.

- Vous savez que je peux moi aussi faire des menaces. Amélia serait ravie de savoir que c'est vous qui êtes derrière l'agression de Arthur.

Le pirate haussa les épaules.

- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Après tout, cette agression lui a fait quoi ? Une belle trouille ? Des soins gratuits et efficaces, yoi ? Je vous en prie, Dumbledore, faîtes-vous plaisir. Trouvez au moins un témoin qui puisse dire que c'est moi qui suis coupable.

- Nous commençons ? demanda le D. pour couper court.

- Oui. Les leçons que je vais donner sont en rapport avec la fameuse prophétie invalidée du ministère. Tom ne sait pas qu'elle n'est plus valable, sans parler qu'il ne la connaît pas en entier. On n'a fait que lui en rapporter un bout.

Marco haussa brièvement un sourcil mais garda le silence, respectant sa promesse de ne faire aucun commentaire.

- Comment le savez-vous ? Qu'il ne connaît qu'une partie de cette prophétie, j'entends ? Qu'il la pense encore valide, je peux comprendre, puisqu'il ne se serait pas fatigué à m'envoyer la chercher à sa place sinon, mais pourquoi vous pensez qu'il ne la connaît pas totalement ?

Le père s'arrangea dans son fauteuil, un sourire fier sur ses lèvres fines. Apparemment, lui aussi avait voulu faire cette remarque.

- Les circonstances de la naissance de cette prophétie font que, malheureusement, un des hommes de Tom l'a entendu en partie et a pu la lui rapporter.

Harry connaissait suffisamment son père pour savoir qu'un commentaire lui brûlait la langue, juste avec la façon dont il joua avec sa barbiche naissante. Qu'est-ce qu'il donnerait pour être dans le crâne du Phénix et savoir à quoi il pensait.

- Mais les faits disent que Tom te considère comme un obstacle dans sa prise de pouvoir et qu'il veut donc en finir avec toi, continua Dumbledore. C'est là où les certitudes s'arrêtent, même s'il s'avère que je ne suis pas le seul, encore une fois, à m'intéresser à certaines des choses que nous allons voir ensemble. J'en veux pour preuve cette lettre de cette chère Miss Portgas… ou alors est-ce Mrs Newgate ?

- Portgas, il n'y a aucune chance qu'Ace abandonne le nom de sa propre mère, yoi, répondit Marco. De quoi s'agit-il ?

- La seule fois où j'admets que j'aurais dû prendre le temps d'écouter un de ses avertissements.

Dumbledore prit un papier sur un coin de son bureau qu'il avait apparemment mis de côté pour cette même raison et le transmis au médecin.

- Vous savez peut-être les circonstances qui l'ont menée à s'intéresser à Little Hangleton ? demanda le directeur avec politesse.

- Du tout, d'après la date, je n'étais pas encore là, mais je verrais avec elle pour savoir si elle veut faire du partage d'informations, yoi, répondit le blond.

Il reposa la lettre sur le bureau et attendit la suite.

- Et donc, ces leçons ont quelque chose à voir avec ce patelin ? s'enquit Harry.

- Pour certaines. Il se trouve que nous allons quitter la solidité des faits pour cheminer ensemble à travers les marécages obscurs de la mémoire et nous aventurer dans le maquis des hypothèses les plus échevelées. J'admets avoir fait beaucoup d'erreurs dans le passé, quand je pensais être certain d'avoir raison. Mais dorénavant, Mr Portgas, j'ai clairement conscience de l'incertitude du terrain où nous allons avancer et des risques que je me trompe tout autant que Humphrey Belcher qui croyait que le moment était venu de fabriquer des chaudrons en fromage.

- Et vu que vous êtes un homme bien plus intelligent que la majorité des individus, au point de penser que vous pouvez manipuler les vies des autres comme des marionnettes, vos erreurs ont des conséquences bien plus dramatiques. Navré, ça m'a échappé, yoi.

Marco avait l'air tellement surpris de ne pas avoir tenu sa langue que Dumbledore laissa passer la remarque.

- Je suis d'accord avec vous sur ce point, Docteur. Mes erreurs ont tendance à coûter plus cher.

Harry se mordit une lèvre pour ne pas rire devant la gestuelle de son père encore plus choqué de voir le vieil homme admettre ses torts.

- Ce que nous allons faire est étroitement lié à la prophétie, continua Dumbledore d'un ton dégagé comme s'il parlait des derniers résultats sportifs. Et puisque Voldemort y attache tout son intérêt pour qu'elle se réalise dans son sens, j'espère que les informations que nous découvrirons te permettront de lui survivre, si vous êtes prêts à me suivre.

- Voyons ça, répondit Harry après un bref regard à son père qui avait hoché la tête d'un mouvement sec.

Dumbledore se leva et contourna le bureau. Il passa devant Harry qui le suivit des yeux et le regarda se pencher sur une armoire, à côté de la porte. Lorsque Dumbledore se redressa, il tenait entre les mains une bassine de pierre peu profonde et gravée de runes magiques sur les bords associées au registre de la mémoire.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda l'adolescent.

- Une Pensine. Il arrive bien souvent que des pensées ou des souvenirs nous parasitent et qu'on veuille les mettre de côté pour les observer plus tard, à loisir et mieux les étudier. On ne les oublie pas pour autant, on sait qu'elles existent, mais elles ne nous encombrent plus.

- J'en aurai bien besoin, yoi, nota narquoisement Marco.

- Tant que ça ? s'étonna poliment Dumbledore.

- Certains considèrent cela comme un avantage d'additionner une mémoire eidétique à de l'hypermnésie. Ces gens-là, j'aimerais bien les voir à ma place, yoi.

- Je ne vous envie pas. Je suis malheureusement au regret de vous annoncer que les Pensines se font très rares.

- Je me suis fait une raison.

- Et en quoi elle va nous servir aujourd'hui, cette Pensine ? demanda l'étudiant en revenant au sujet.

- Nous allons faire un petit voyage dans la mémoire de Bob Ogden, répondit Dumbledore en prenant dans sa poche un flacon de cristal rempli d'une substance argentée qui tournoyait sur elle-même. Il s'agissait d'un employé du Département de la justice magique. Il est mort il y a quelque temps mais pas avant que j'aie réussi à le retrouver et à le convaincre de me confier ses souvenirs. Et c'est l'un d'eux que nous allons explorer ce soir, tous les trois. J'ai bien peur que ce charmant félin ne supporte certainement pas le voyage.

Marco donna un ordre à Iro qui vira au gris orageux en lui offrant des yeux pleins de tristesse, pour se faire gratouiller sous la tête par Harry d'un air rassurant.

- Vous parlez très bien anglais, constata Dumbledore de but en blanc. Votre frère a eu plus de mal à l'apprendre, je me rappelle.

- Cela fait partie des choses que je ne peux pas oublier même si je l'aurai voulu, yoi. Nous pouvons commencer ?

Le ton était clair, signifiant de ne pas insister, même si Harry aurait voulu savoir pourquoi l'anglais avait une telle signification pour son oncle et son père.

- Si vous voulez bien vous levez, invita Dumbledore.

Il déboucha le flacon de cristal et en versa le contenu dans la Pensine. Le mystérieux liquide se mit à tournoyer au fond du récipient, dans un état quelque part entre le solide ; le liquide et le gazeux.

- Il suffit de plonger, informa le directeur.

Marco haussa un sourcil et se pencha au-dessus de l'objet pour basculer dedans dans un plongeon vertigineux dans une obscurité guère rassurante, avant de se retrouver de nouveau les deux pieds à terre sous un soleil des plus éclatant qui l'aveugla presque. Harry, puis Dumbledore firent leur apparition à ses côtés, et le fils trouva l'expérience très bizarre. Le pirate avait déjà un pouce à sa ceinture de tissu alors qu'il identifiait les lieux autour d'eux. Une route de campagne du siècle dernier, durant l'été. Le propriétaire du souvenir était à trois mètres devant leur nez à s'orienter grâce à un panneau indicateur en bois qui avait poussé au milieu d'un nid de ronce.

- Izou ferait un arrêt cardiaque devant un tel costume, commenta le pirate en haussant un sourcil.

- Bon nombre de membres du personnel enseignant, et moi-même, sommes bien familier avec ses conseils vestimentaires, je peux donc bien admettre que ce pauvre homme ne s'en serait pas sorti indemne, admit Dumbledore avec un petit rire.

Harry pouvait dire que ce n'était pas fameux le déguisement moldu : le pauvre sorcier portait une redingote et des guêtres passées par-dessus un maillot de bain une pièce à rayures. Cela ne sembla pas déranger l'employé du ministère qui se mit en marche d'un bon pas en direction de Little Hangleton qui se situait à un kilomètre et demi de là. Pendant quelques mètres, le paysage fut bien ennuyeux sur cette route de campagne bordée de haies, jusqu'à ce que la route ne décide brutalement de tourner à gauche et de descendre en pente raide pour suivre les reliefs de la colline qu'ils arpentaient. Cela eut aussi le mérite d'offrir une vision époustouflante de la vallée et du petit patelin en son creux qui devait être Little Hangleton.

- Are wa… commença Marco en montrant le cimetière du menton.

- So desu, confirma son fils.

Ce devait être en effet le cimetière où il avait invoqué Marco, il ne savait toujours pas comment. Et il ne le saurait certainement jamais, mais ce n'était pas bien grave, puisqu'il n'avait pas l'intention de laisser son père disparaître de sa vie après si peu de temps. Le D. jeta un dernier regard au patelin, puis à l'élégant manoir entouré d'une vaste pelouse verte et soyeuse qui occupait une colline opposée de l'autre côté de la vallée, avant de rattraper Ogden qui avait dû accélérer le pas à cause de la raideur de la descente. Dumbledore et Marco allongèrent le pas, ayant des jambes assez grandes pour se le permettre. Le jeune hésita à y aller avec ses pattes de loup, mais il préféra plutôt courir pour rester à leur niveau, quitte à se casser la binette.

- Pourquoi n'a-t-il pas transplaner directement à destination ? demanda-t-il.

- Parce que lorsqu'on se rend chez des sorciers, il est malpoli de transplaner directement chez eux. Ils ont le droit de refuser de nous accueillir. Le faire revient à entrer chez quelqu'un en défonçant une porte. Sans parler que la grosse majorité des demeures sorcières ont des sortilèges anti-intrusions qui empêchent de transplaner à l'intérieur. A Poudlard, par exemple, il est tout à fait impossible de transplaner dans le parc ou entre les murs, sauf durant les cours du ministère pour apprendre à le faire, expliqua Dumbledore.

- Aaah.

- Tu sauras donc, fils, que même si ta mère dit que c'est badass, on ne shoot pas dans une porte pour l'ouvrir, yoi, sourit Marco avec amusement. Et je ne parle même pas de la méthode de Garp.

- Qu'est-ce qu'il fait ?

- Il ignore la porte et défonce le mur juste à côté pour rentrer.

- Et c'est lui qui a élevé maman ?

- Élever est un grand mot pour ce qu'il a fait, mais tu as l'idée, yoi.

Dumbledore se permit de rire à l'anecdote.

La route tourna brusquement vers la droite, et lorsqu'ils eurent passé la courbe, ils virent le bas de la redingote d'Ogden disparaître dans une ouverture de la haie. Ah, ils n'allaient donc pas au village. Cette fois, ils étaient sur un sentier sinueux et caillouteux, sans parler de la collection de nids-de-poule qui était pour le moins respectable. Ils filaient vers un bosquet d'arbres sombres bas sur leur tronc, qui n'inspirait guère confiance.

Ils n'étaient pas le seul à le penser puisque Ogden avait sorti sa baguette magique. Après, malgré la lumière estivale, les bois étaient sombres, froids et pas du tout accueillants. Il fallut du temps pour découvrir le trou perdu au milieu des arbres. La baraque avait tout l'air d'un des nombreux squatte qu'il avait connu quand il était enfant. Ça en était peut-être un, ça expliquerait son apparence abandonner, son manque d'entretien avec ses murs couverts de mousse et les tuiles qui étaient tombées du toit en si grand nombre qu'on voyait la charpente par endroit et la présence d'arbres qui cachaient la lumière et la vue. Après, les fenêtres étaient si crasseuses que même sans les arbres, ils n'auraient pas eu beaucoup de lumière.

Non, trop délabré, même pour un squatte.

Et juste pour le contredire, on ouvrit une fenêtre avec un énorme fracas pour laisser sortir un filet de fumée qui laissait supposer qu'on faisait la cuisine à l'intérieur, signe d'une habitation plus longue.

Ogden était encore plus méfiant et il se rapprocha de la baraque en se faisant encore plus discret, jusqu'à pouvoir distinguer un serpent mort cloué sur la porte d'entrée.

- Les arbres, dit tranquillement Marco.

Harry leva les yeux juste à temps pour voir un homme sauter d'entre les branches d'un arbre proche, juste devant Ogden, qui recula si brusquement qu'il trébucha sur sa propre redingote.

L'homme en haillon se mit à émettre d'étranges sifflements sinueux qui laissaient transparaître des intentions malveillantes. Des sifflements comme ceux de Cerbin avec le fourchelangue. Comment une gorge humaine pouvait-elle produire un son pareil ? Après, la seule chose qui disait que c'était un homme, c'était son couteau et sa baguette magique, parce qu'il avait une allure assez sauvage avec ses cheveux sales, broussailleux et épais dont on ne pouvait même pas voir la couleur au-dessous. Il lui manquait un bon nombre de dents et il avait un sacré strabisme qui faisait que ses yeux fixaient deux directions différentes.

Pas rassurant, et encore moins avec ses sifflements.

- Je devine que notre ami fait partie d'un clan qui gardait ça dans la famille, comme on dit pour rester politiquement correct, yoi ? demanda froidement Marco en croisant les bras sur sa poitrine.

- Malheureusement oui, répondit Dumbledore alors que Ogden se présentait :

- Heu... bonjour. Je viens de la part du ministère de la Magie...

Le sauvageon continua de siffler.

- Heu... je suis désolé... je ne comprends pas ce que vous dites, déclara Ogden, mal à l'aise.

Harry haussa un sourcil. Même si l'homme ne parlait pas un langage compréhensible, le message n'en restait pas moins clair : il n'avait pas intérêt à rester ici plus longtemps s'il ne voulait pas faire connaissance avec cet homme et sa baguette. Voire le couteau sanglant.

- Toi, tu le comprends, jeune Portgas, je me trompe ? dit Dumbledore à voix basse.

- Le message est clair, si c'est de ça dont vous parlez, mais je saisis pas le moindre mot de ce qu'il raconte, répondit Harry.

- Vraiment ? s'étonna le Directeur avec un soupçon de perplexité et de déception dans la voix.

- Je sais vaguement me faire comprendre des oiseaux et je m'en sors pour saisir ce qu'ils me racontent, parce que maman me l'a appris, mais ces sifflements, ça n'a rien d'aviaire.

- Hebi. Cet homme doit savoir se faire comprendre de serpents, supposa Marco qui avait penché la tête sur un côté en regardant le sol d'un air concentré.

- Vous comprenez, vous ?

- Je suis un oiseau, je comprends les animaux en général et j'arrive à reconnaître les sifflements.

Ce ne fut pas pour autant qu'il leur donna une traduction ou que Dumbledore la lui demanda.

- Si c'est le langage des serpents, c'est une raison de plus pour que je ne comprenne pas. Je suis pas Cerbin, moi. C'est lui le fourchelangue, pas moi, pointa le jeune mafieux.

En face, le drama continuait encore, avec Ogden qui essayait de pacifier son interlocuteur qui voulait vraiment lui faire faire connaissance avec ses armes. Il y eut un grand bang ! et Ogden se retrouva par terre, se tenant le nez à deux mains tandis qu'une horrible substance visqueuse et jaunâtre s'écoulait entre ses doigts. Harry grimaça. Pas du tout ragoutant.

- Morfin ! lança une voix sonore.

Un homme d'un certain âge s'était précipité hors de la maison, claquant la porte derrière lui. En le voyant, l'adolescent était certain que son père avait marmonné quelque chose sur la stupidité humaine, mais il n'en était pas certain. Parce que le gars, là, devant lui, avait l'air d'un singe imberbe avec sa petite taille, ses épaules trop larges et ses bras trop longs. Avec ses tout petits yeux brillants de méchanceté, ses cheveux drus coupés court et son faciès très ridé, il avait vraiment tout ce qu'il fallait pour ressembler à un vieux primate autoritaire qu'il avait vu dans les livres en images. Au moins, il avait l'air moins débile que l'autre énergumène qui gloussait comme un hystérique devant sa victime.

- Le ministère, c'est ça ? dit l'homme âgé, le regard fixé sur Ogden.

- Exact ! répondit Ogden avec colère en s'épongeant le visage. Et vous, vous êtes Mr Gaunt, sans doute ?

- Tout juste, confirma Gaunt. Il vous a eu en plein dans la figure, pas vrai ?

- En effet ! répliqua sèchement Ogden.

- Z'auriez pu nous prévenir, non ? grogna Gaunt d'un ton hargneux. C'est une propriété privée, ici. Faut pas croire qu'on peut entrer comme on veut. Mon fils sait se défendre.

- Se défendre contre quoi ? demanda Ogden en se relevant péniblement.

- Les fouineurs, les casse-pieds, les Moldus, la racaille….

Marco haussa un sourcil, une lueur assez déplaisante dans le regard qui inquiéta son fils. Sentant l'inquiétude de l'adolescent, le père lui ébouriffa les cheveux pour le rassurer. Pendant ce temps, Mr Gaunt s'adressa au dénommé Morfin pour lui siffler quelque chose du coin des lèvres. Quoiqu'on vienne de lui dire, l'assaillant n'était pas d'accord, mais un regard menaçant lui fit tourner les talons pour retourner dans la maison en claquant la porte. Le pauvre serpent cloué dessus se balança tristement suite au mouvement. Ogden avait mis fin au sort qui lui ravageait le nez et avait essayé de retrouver un peu de contenance.

- C'est votre fils que je suis venu voir, Mr Gaunt, dit Ogden qui essuyait de sa redingote les dernières traces de pus. Il s'appelle Morfin, n'est-ce pas ?

- Oui, Morfin, c'est bien lui, répondit le vieil homme avec indifférence. Vous êtes de sang pur ? demanda-t-il, soudain agressif.

- La question n'est pas là, répliqua froidement Ogden.

Harry eut une belle envie de l'applaudir. Ce gars venait de monter en flèche dans son estime. Et Gaunt de partir en chute libre puisqu'il n'avait pas l'air de partager son opinion vu la façon dont il le fixa en plissant les yeux.

- Maintenant que j'y pense, j'en ai vu qui avaient la même tête que vous, au village, marmonna-t-il d'un air clairement offensant.

- Ça ne m'étonne pas, ils ont dû croiser votre fils, répondit Ogden.

Dans les dents, cher Gaunt.

- Mais peut-être pourrions-nous poursuivre cette conversation à l'intérieur ? continua l'envoyer du ministère.

- A l'intérieur ?

L'idée n'enchantait pas le propriétaire des lieux

- Oui, Mr Gaunt. Je vous ai déjà dit que j'étais venu pour Morfin. Nous avons envoyé un hibou...

- Je n'ai pas besoin de hiboux, trancha Gaunt. Je n'ouvre pas les lettres.

- Dans ce cas, vous ne pouvez pas vous plaindre qu'on ne vous ait pas averti de ma visite, lança Ogden d'un ton acerbe.

Deux à zéro pour l'envoyer du ministère.

Marco regarda Dumbledore pour une raison qui échappa nettement à Harry. Peu importe celle-ci, Dumbledore ne releva pas et continua d'observer la scène alors que l'envoyé du ministère continuait son discours :

- Je suis venu à la suite d'une grave violation des lois de la sorcellerie qui a eu lieu ici, aux premières heures de la matinée...

- D'accord, d'accord, d'accord ! rugit Gaunt. Entrez donc dans cette fichue baraque et grand bien vous fasse !

Les trois observateurs se glissèrent dans la maison, un minuscule trois pièces si on en croyait les deux portes dans la pièce à vivre/cuisine. Juste devant la cheminée, Morfin s'était posé dans un fauteuil pour tordre une malheureuse vipère vivante en lui sifflant quelque chose. A côté de la fenêtre ouverte, une pauvre fille assez jeune faisait la cuisine, sa robe de lambeau tellement sale qu'elle épousait la couleur du vieux mur crasseux dans son dos. La pauvre femme avait un air absolument soumis qui faisait peine à voir et tranchait la banalité de son visage en dépit du strabisme divergeant. La lueur malveillante revint dans le regard de Marco, exprimant une haine intense pour Morfin et son père. Harry lui attrapa le coude dans un geste qu'il voulut rassurant et il fut surpris de voir le pirate sursauter.

- Quelque chose ne va pas ? demanda Dumbledore avec bienveillance alors que la femme était présentée comme Mérope, la sœur de Morfin.

- Tout va bien dans le meilleur des mondes, sourit froidement Marco.

Il posa néanmoins une main sur l'épaule de son fils pour revenir à la scène, la mâchoire assez serrée. La poigne se fit tremblante, presque douloureuse sur son épaule avec ce qui suivit. Une simple maladresse de la pauvre Merope qui lui valut de se faire traiter de tous les noms, dont celui de sac à fumier, parce que sa magie ne lui répondait pas correctement. Cela aurait pu dégénérer si Ogden ne répara pas lui-même la marmite cassée.

Pendant un moment, Gaunt parut sur le point de changer de cible pour sa colère et s'en prendre à l'homme qui venait juste d'aider sa fille, mais comme on dit, il vaut mieux un mal qu'on connaît et préféra continuer de s'en prendre à Merope.

- Une chance que le gentil monsieur du ministère soit là, pas vrai ? Peut-être qu'il va me débarrasser de toi, peut-être que ça ne le dérange pas, lui, les sales Cracmols...

La pauvre fille ramassa l'objet, le remit à sa place et partit se coller contre le mur sale dans la mission de disparaître à l'intérieur.

- Mr Gaunt, reprit Ogden, comme je l'ai dit, la raison de ma visite...

- Pas besoin de me le répéter, j'ai entendu ! coupa Gaunt. Et alors ? Ce Moldu a eu ce qu'il méritait, qu'est-ce que ça peut faire ?

- Morfin a violé la loi des sorciers, répliqua Ogden d'un air sévère.

- Morfin a violé la loi des sorciers, répéta Gaunt en imitant la voix d'Ogden, d'un ton pompeux et monocorde.

A nouveau, Morfin éclata d'un petit rire aigu.

- Il a donné une leçon à un affreux Moldu, et c'est ça qui est illégal ?

- J'ai bien peur que oui, répondit Ogden.

Il tira d'une poche intérieure un petit rouleau de parchemin qu'il déroula.

- C'est quoi, ça, une condamnation ? lança Gaunt, élevant la voix avec colère.

- Il s'agit d'une convocation au ministère pour une audience...

- Convocation ? Convocation ? Vous vous prenez pour qui ? Vous croyez que vous allez pouvoir convoquer mon fils où bon vous semble ?

- Je suis le chef de la Brigade de police magique, déclara Ogden.

Il n'avait pas le charisme pour le job, en tout cas, mais soit, l'habit ne faisait pas le moine, il était peut-être un sorcier hors-pair.

- Et vous pensez qu'on est des rien du tout, pas vrai ?! s'écria Gaunt qui s'avançait à présent vers Ogden en pointant sur sa poitrine un index à l'ongle jaunâtre. Des rien du tout qui vont arriver en courant quand le ministère leur en donne l'ordre ?! Vous savez à qui vous parlez, espèce de sale petit Sang-de-Bourbe !? Hein ?! Vous le savez ?!

- J'avais l'impression de parler à Mr Gaunt, répondit Ogden, méfiant mais ferme.

- Exactement ! rugit Gaunt.

Marco s'avança pour observer un peu plus près la grosse bague laide ornait d'un onyx noir que Gaunt portait au majeur, notamment les armoiries gravées dessus.

- Intéressant bijou, n'est-ce pas ? commenta Dumbledore.

- Hmhm, se contenta de répondre Marco alors que Gaunt parlait de l'histoire du bijou et sa valeur.

- …Des siècles qu'elle est dans la famille, parce que nous existons depuis des siècles, figurez-vous, et il n'y a jamais eu que du sang pur parmi nous ! disait Gaunt. Vous savez combien on m'en a offert, avec les armoiries des Peverell gravées sur la pierre ?

Ogden, lui, il voyait plutôt que la bague était un peu trop près à son confort de son nez et il avait un job à faire. Mais pour le bouseux, c'était une insulte de plus à son intention puisqu'il alla rejoindre la fille. Pendant un instant, Harry pensa qu'il voulait étrangler Merope. Il ne devait pas être le seul puisque Marco lança une plume qui se ficha au travers le crâne de Gaunt, la plume ressortant par le front. Sauf que comme c'était un souvenir, cela eut autant d'effet que s'il avait traversé du bois.

- Même si je trouve la méthode violente et barbare, vous avez le mérite d'avoir un très beau réflexe et de viser très juste. Peut-être trop juste, pointa froidement Dumbledore.

Le Phénix ne lui accorda aucune attention alors que son fils lui serrait toujours le bras pour essayer de le calmer.

Gaunt était déjà occupé à tirer Merope par la chaîne en or d'un collier qu'elle avait au cou.

- Vous voyez ça ?! beugla-t-il.

Il secoua un lourd médaillon d'or sous les yeux d'Ogden tandis que Merope hoquetait, à moitié étouffée.

- Je le vois très bien, très bien ! répondit précipitamment Ogden.

Harry aussi et il le reconnut immédiatement. C'était le même médaillon qu'il avait fait sortir de chez Sirius. Celui-là même qui avait failli lui faire vomir ses tripes sur le sol.

- C'était celui de Serpentard ! s'écriait Gaunt. Salazar Serpentard ! Nous sommes ses derniers descendants encore en vie. Qu'est-ce que vous en dites, hein ?

Eh bien, Ogden en disait qu'il n'était pas là pour parler généalogie, mais plus pour s'occuper du fait que Morfin avait attaqué un moldu pour lui provoquer une violente et douloureuse crise d'urticaire. Si le coupable trouvait ça drôle, ce n'était certainement pas le cas de l'envoyé du ministère.

- Et alors, même si c'est vrai ? lança Gaunt sur un ton de défi. J'imagine que vous lui avez guéri sa sale tête de Moldu et qu'en plus, vous lui avez arrangé la mémoire...

- Ce n'est pas vraiment le sujet, Mr Gaunt, répliqua Ogden. Il s'agissait là d'une attaque injustifiée sur un Moldu sans défense...

- Ah, ah, dès que vous êtes arrivé, j'ai tout de suite su que vous étiez un amateur de Moldus, ironisa Gaunt qui cracha au pied de son invité.

- Cette discussion ne nous mène nulle part, trancha le représentant du ministère d'un ton ferme. Il est clair, d'après l'attitude de votre fils, qu'il n'éprouve aucun remords pour ses actions.

Il allait faire la lecture de la convocation quand des bruits de sabots se firent entendre par la fenêtre ouverte, avec des rires et des voix. Un couple apparemment. Si on les entendait aussi bien, cela voulait dire que le chemin menant au village devait se rapprocher pas mal du bosquet où était la maison des Gaunt. Le maître des lieux se figea, l'oreille aux aguets, les yeux écarquillés. Morfin émit un sifflement et se tourna vers l'endroit d'où provenaient les bruits, le regard carnassier. Merope releva la tête. Harry vit qu'elle avait le teint blême.

- Mon Dieu, quelle horreur ! s'exclama une jeune fille, dont la voix, à travers la fenêtre, paraissait aussi claire que si elle s'était trouvée avec eux dans la pièce. Ton père n'aurait pas pu faire raser ce taudis, Tom ?

Marco se prit le visage dans une main. Ce souvenir réunissait tout ce qu'il détestait. La maltraitance et des gens qui se prennent pour plus puissants qu'ils ne le sont.

- Il n'est pas à nous, répondit la voix d'un jeune homme. Tout ce qui est situé de l'autre côté de la vallée nous appartient, mais ce cottage est la propriété d'un vieux miséreux du nom de Gaunt qui habite là avec ses enfants. Le fils est complètement fou, tu devrais entendre les histoires qu'on raconte sur lui au village...

La jeune fille éclata de rire. Un rire tellement faux qu'il donnait envie de grincer des dents. Le cliquetis métallique des sabots augmenta d'intensité. Morfin esquissa un geste pour se lever de son fauteuil, mais son père lui siffla un ordre qui devait lui recommander de ne pas bouger puisqu'il se rassit.

- Tom, reprit la voix de la jeune fille, à présent si proche qu'ils devaient se trouver juste à côté de la maison. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que quelqu'un a cloué un serpent sur la porte.

- Grand Dieu, tu as raison ! répondit la voix d'homme. C'est sûrement le fils, je te l'avais dit qu'il était dérangé. Ne regarde pas, Cecilia chérie.

Le martèlement des sabots s'éloigna. La route devait vraiment être proche pour qu'ils puissent voir la porte de la maison. Ou alors, la haie particulièrement basse pour noter tout ça depuis le sommet d'un cheval.

Morfin se tourna vers sa sœur et siffla quelque chose avec un air moqueur qui le rendit encore plus laid. Ce qu'il venait de dire ne devait pas plaire au père vu son intonation quand il répondit. Vu qu'il regardait tour à tour ses deux enfants, il devait demander des explications. Le sujet, certainement les moldus qui venaient de passer, ne devait pas être joyeux puisque Merope était si pâle que Harry se demandait si elle n'allait pas s'évanouir. Morfin fixait d'un air méchant sa sœur à présent terrifiée tout en continuant de parler, tirant un plaisir immense dans la détresse de la demoiselle.

Les trois Gaunt semblaient avoir oublié Ogden qui eut l'air à la fois déconcerté et irrité par ce nouvel échange de sifflements et de crissements incompréhensibles.

- C'est un souvenir, Docteur, vous énerver ne changera rien aux faits, rappela d'un ton calme Dumbledore en remarquant que Marco avait trois plumes dans chacune de ses mains, prêt à en faire usage comme des couteaux de lancer.

Mérope se plaqua contre le mur de terreur, terrifiée, alors que son père s'avançait vers elle avec l'intention de lui faire payer ce que venait de dire son frère. Finalement, il lui sauta dessus pour l'étrangler, se retrouvant avec six plumes dans la gorge avant d'avoir pu finir son acte. Bien heureusement Ogden sauva la pauvre femme.

- Lashlabask !

Gaunt fut projeté en arrière, loin de sa fille. Il trébucha contre une chaise et tomba de tout son long sur le dos. Avec un hurlement de rage, Morfin bondit de son fauteuil et se rua sur Ogden, brandissant son couteau ensanglanté et lançant des maléfices à tort et à travers avec sa baguette. La chose la plus intelligente à faire aurait été de prendre la fille et de fuir, mais l'homme préféra sauver sa peau de la pluie de sortilèges. Dumbledore fit signe qu'il valait mieux le suivre et Marco attrapa son fils par le col pour lui faire emboîter le mouvement, les hurlements de Merope les accompagnant sur tout le chemin. Ogden fila le long du sentier, se protégeant la tête de ses bras, et surgit sur la route où il se cogna contre un cheval alezan monté par un beau jeune homme brun, accompagné d'une jolie jeune fille sur un cheval gris. Tous deux éclatèrent d'un rire moqueur et supérieur en le voyant rebondir sur le flanc du cheval et repartir à toutes jambes, les pans de sa redingote voltigeant derrière lui, couvert de poussière de la tête aux pieds, courant comme un dératé.

- Je crois que ça suffira, dit Dumbledore.

Il prit par le bras Marco et le tira vers lui. Un instant plus tard, ils s'élevèrent dans l'obscurité, en état d'apesanteur, puis atterrirent bien plantés sur leurs pieds dans le bureau de Dumbledore plongé à présent dans la pénombre du crépuscule.

Le Phénix se dégagea immédiatement alors que Harry rassurait Iro qui s'était faite du souci en leur absence.

- Le gars était du ministère, les autorités ont continué sur l'affaire ? demanda Marco avec un ton étrangement vide d'émotion.

Dumbledore alluma quelques lampes d'un coup de baguette magique et s'assit à sa place derrière son bureau, les invitant à en faire de même. Harry regarda son père qui avait ouvert une fenêtre pour s'asseoir sur le rebord sans y être invité pour essayer de retrouver son calme. Il hocha la tête à l'adresse de son fils qui s'assit sur un des fauteuils en lui jetant fréquemment un œil.

- Merope s'en est sortie, si c'est là votre question, répondit le directeur. Ogden est retourné au ministère en transplanant et il est revenu un quart d'heure plus tard avec des renforts. Morfin et son père ont essayé de résister mais tous deux ont fini par s'incliner. Ils ont été emmenés et jugés coupables par le Magenmagot. Morfin, qui avait déjà d'autres attaques de Moldus à son actif, a été condamné à passer trois ans à Azkaban. Quant à Elvis Marvolo Gaunt, qui avait blessé plusieurs employés du ministère en plus d'Ogden, il a écopé de six mois de prison. Le professeur Rogue m'a dit que tu avais déjà, certainement grâce à ta mère, découvert la vraie identité de Tom, jeune homme.

- Donc, c'était sa famille maternelle, c'est ça ? comprit l'adolescent.

- En effet, dit Dumbledore avec un sourire approbateur. Elvis, donc, qu'on appelait généralement par son deuxième prénom, Marvolo ; son fils Morfin et sa fille Merope étaient les derniers des Gaunt, une très ancienne famille de sorciers connue pour une certaine disposition à l'instabilité et à la violence qui s'était développée au cours des générations en raison d'une fâcheuse habitude, comme l'a si bien dit ton père, à garder ça dans la famille.

Harry regarda son père sans comprendre.

- Inceste. Ils devaient se marier entre cousins, lui dit son père avec une grimace. Et je serais pas surpris que ce charmant Elvis ait eu au moins Morfin avec un parent plus proche. Du genre, une sœur ou sa propre mère. Le sang a besoin d'être brassé, diversifié, sous peine de provoquer des problèmes de santé, que ce soit physique ou psychique, yoi. Je ne parle même pas des déformations congénitales.

Un frisson de répulsion secoua l'adolescent, faisant tristement hocher la tête à son père.

- La noblesse, surtout tout ce qui est dans le genre de la royauté, en font leur spécialité. Les avancées médicales disent que c'est pas bien, mais même si c'est moins courant et moins voyant, ça existe toujours. Quand on soulève le couvercle, c'est pas toujours beau à voir, yoi.

- Un manque de discernement associé à un goût excessif de la grandeur ont fait que l'or de la famille a été dilapidé bien avant la naissance de Marvolo, continua Dumbledore. Lui-même, comme vous avez pu le constater, vivait dans une misère sordide. Il avait un épouvantable caractère, une dose phénoménale d'arrogance et d'orgueil, et deux souvenirs de famille qu'il chérissait autant que son fils et plutôt davantage que sa fille.

- J'ai vu des squattes plus accueillants, marmonna Harry. C'est un souvenir écœurant que vous avez montré.

- Tu as compris qui était Merope, je suppose ?

- La mère de Voldy. Et le gars à cheval s'appelait Tom, c'était donc son père ?

- Bravo, félicita Albus, la mine rayonnante. Oui, il s'agissait bien de Tom Jedusor Senior, le beau Moldu qui passait à cheval devant le cottage des Gaunt et pour qui Merope nourrissait une passion ardente et secrète… pas si secrète que ça puisque c'est pour cette raison que son frère a attaqué cet homme.

- Quand je pense que le professeur Slughorn a voulu me mettre en retenu quand j'ai fait une remarque sur l'Armotentia… soupira le jeune criminel avec tristesse.

- Le genre de remarque pour laquelle Haruta m'a demandé de venir ce soir avec la muselière que t'a offerte Black, yoi ? demanda son père avec un brin d'amusement. Je sais pas qui est le pire, entre toi et ta mère.

- Les chiens font pas des chats.

- Tu serais surpris, yoi. Si j'en juge le commentaire de mon fils, elle a dû faire usage de la magie pour s'attirer les faveurs de l'homme de ses rêves ?

- Je ne pense pas que ses pouvoirs magiques soient apparus sous leur meilleur jour lorsqu'elle était terrorisée par son père, dit le Directeur. Mais quand Marvolo et Morfin ont été solidement enfermés à Azkaban, quand elle s'est retrouvée seule et libre pour la première fois de sa vie, alors, j'en suis sûr, elle a pu donner libre cours à ses propres dons et préparer un plan pour échapper à la vie désespérante qu'elle avait connue pendant dix-huit ans. Un philtre d'amour, ou Impérium liquide, si j'en crois les propos que Horace m'a rapportés, est une solution. Je suis sûr qu'elle trouvait ça plus romantique et je ne pense pas qu'il ait été très difficile, un jour de grande chaleur, lorsque Jedusor passait seul à cheval, de le convaincre d'accepter un verre d'eau. En tout cas, quelques mois après la scène dont nous venons d'être les témoins, le village de Little Hangleton connaissait un énorme scandale. Je vous laisse imaginer les ragots qui ont pu se répandre lorsque le fils du châtelain local s'est enfui avec Merope, la fille du miséreux. Mais le choc éprouvé par les villageois n'était rien comparé à celui que devait subir Marvolo. Il est sorti d'Azkaban en pensant que sa fille attendrait sagement son retour en lui ayant préparé un bon repas bien chaud. Au lieu de cela, il a trouvé une couche de trois centimètres de poussière et un mot d'adieu lui expliquant ce qu'elle avait fait. D'après ce que j'ai pu savoir, à partir de ce jour, il n'a plus jamais mentionné ni son nom ni son existence. Le coup que cet abandon lui avait porté a sans doute contribué à sa mort précoce - ou peut-être n'a-t-il jamais été capable de se nourrir lui-même. Azkaban l'avait considérablement affaibli et il n'a pas vécu assez longtemps pour voir Morfin revenir au cottage.

Marco marmonna quelque chose que Harry ne parvint pas à comprendre.

- Vous n'avez pas de pitié pour ce genre de personnage, je me trompe ? devina Dumbledore en le regardant.

Le blond lui rendit un regard neutre, l'air bien plus calme que dans le souvenir.

- Sais-tu quelque chose de la suite ? demanda Dumbledore à Harry.

L'adolescent regarda son père qui hocha la tête, lui donnant l'autorisation de parler, chose que fit l'adolescent :

- M'man a posé des questions aux habitants de Little Hangleton sur les Jedusor. Apparemment, Tom est revenu, je crois que c'est deux trois ans après, sans Merope. Il est retourné vivre chez ses parents. Donc, il a dû l'abandonner quand elle était enceinte, ou abandonner l'enfant à l'orphelinat quand la mère est morte en couche.

- D'après les rumeurs du voisinage, il affirmait avoir été dupé et escroqué. Ce qu'il voulait dire, j'en suis certain, c'est qu'il avait été soumis à un enchantement qui était à présent levé, mais j'imagine qu'il n'a pas dû utiliser ces mots-là par peur de passer pour un fou. Quand ils ont entendu son récit, cependant, les villageois ont pensé que Merope avait menti à Tom Jedusor en prétendant attendre un enfant et qu'il l'avait épousée pour cette raison.

- Sauf qu'elle attendait vraiment son enfant.

- Oui, mais un an après son mariage, Tom Jedusor l'a quittée alors qu'elle était vraiment enceinte.

- Elle s'est mise dans le crâne qu'il était tombé amoureux ou peut-être qu'il resterait pour l'enfant ? Une idée de ce genre, yoi ? devina Marco.

- Très certainement. Je crois qu'elle a décidé de cesser de lui administrer le philtre. L'amour rend aveugle, comme on le dit. Elle se trompait sur les deux tableaux. Il l'a quittée et ne l'a jamais revue, sans se soucier de savoir ce qu'était devenu son fils.

Au-dehors, le ciel était d'un noir d'encre et les lampes allumées dans le bureau de Dumbledore projetaient une clarté plus vive qu'auparavant.

- Je pense que nous avons fait le tour pour ce soir.

- Très bien, alors on va y aller, annonça Marco. On va faire un tour au dortoir pour que tu avertisses tes camarades pour Iro, puis on rentre, yoi.

- Je reviens lundi matin, donc ?

- Exactement.

- Une dernière chose, je crois que Mr Weasley et Miss Granger ont prouvé qu'ils étaient dignes de confiance pour que tu puisses leur parler de ce que nous avons vu ce soir, jeune Portgas, intervint Dumbledore en voyant le père et le fils se lever. Mais, tu devras leur demander de ne rien en dire à quiconque d'autre. Il ne serait pas bon de laisser entendre que je sais, ou que je soupçonne, tant de choses sur les secrets de Voldemort. Évitons que cela remonte aux oreilles de Messieurs Nott ou Malefoy, malgré toute la confiance que tu peux avoir en eux.

- Si j'ai envie de parler de tout cela avec mon frère et ma compagne, ça ne regarde que moi yoi, annonça Marco. Quant à ce Mr Weasley, je me demande comment il a prouvé sa confiance... En faisant de l'espionnage ? Vous saurez que son père est venu me voir pour me dire qu'il renonçait à prendre Harry pour l'hiver, n'essayez donc pas de l'envoyer dans notre dos à l'autre bout du pays, je serais très fâché.

- S'il y en a bien deux qui veulent la tête de Voldy sur une pique, c'est Nott et Drago. Et j'ai plus confiance en Drago et Neville qu'en Ronald ! gronda Harry. Et en parlant des Weasley, je vous conseille fortement de toucher deux mots à Ginevra. Si je découvre ce qu'elle s'obstine à mettre dans mon verre, elle va pas aimer le résultat. Ce serait très bête qu'elle imite Merope pour nourrir une fantaisie digne d'un conte de fée. Surtout quand ma petite-amie est une potentielle Yandere. Je vous laisse chercher seul la définition. Bonne soirée professeur.

Marco appela Iro et le trio quitta le bureau. Ils descendirent l'escalier colimaçon en silence, Harry ayant l'impression furieuse d'être épié.

- Tu as remarqué, se contenta de dire le blond alors qu'ils arpentaient les couloirs vides de l'école.

- Quoi donc ?

- Qu'on nous espionne, yoi.

- Si tu me fais la remarque en anglais, c'est que tu veux que l'espion sache qu'il est grillé.

- Exactement.

- Alors ce n'est pas un effet de mon imagination.

Le sentiment se dissipa presque à la hâte.

- /Ce n'est pas ton imagination, c'est ton Haki qui progresse. Continue de l'utiliser au maximum, il n'y a que comme ça que tu pourras l'améliorer, yoi. /

- /Tonton était déterminé à faire de moi un nouveau Katakuri. /

- /Tu as du travail avant ce niveau ! /

Les deux hommes regardèrent Iro sautant d'un bout à l'autre du couloir tout en revenant souvent vers eux pour les attendre.

- /Est-ce que ça va mieux ? / s'inquiéta Harry à l'adresse de son père.

- /Inquiète-toi plutôt pour ce que tu vas dire à tes camarades pour justifier Iro. Je sais très bien que les jumeaux et toi m'aiderez à passer à autre chose durant ce week-end. Et si ce n'est pas suffisant, Thatch ou ta mère auront une très bonne idée pour me remonter le moral, yoi. /

Il ébouriffa les cheveux de son fils en lui souriant.

- /Je suis dur au mal. /

- /Maman m'a servi durant toute mon enfance ce refrain, mais je sais pertinemment qu'être dur au mal ne le rend pas moindre. On le cache mieux, mais on le ressent toujours aussi fort. Tu es mon père, je pense avoir le droit de me faire du soucis…/

Harry s'interrompit quand son père le prit dans une puissante étreinte. Perplexe, il la lui rendit, ne sachant pas ce qu'il avait fait pour mériter ça.

- /Merci Harry. Merci fils, / souffla le pirate.

- /De rien, je présume…/

Qu'est-ce qu'il avait bien pu dire pour avoir droit à une étreinte pareille ? Finalement, son père le relâcha et ils reprirent leur route.

- /Pourquoi tu t'es intéressé autant à la bague de Gaunt ? / demanda l'adolescent pour passer à autre chose.

- /Je l'ai vue chez les Flamel. Elle m'a laissé une impression très bizarre. Quelque peu semblable à celle de ta cape ou de la baguette de Dumbledore./

- /Un lien entre les trois ? /

- /Je me renseignerai auprès d'eux, yoi. Mais je pense avoir un début de réponse, puisque ce Cerbin réunissait les trois signatures en lui./

- /Un truc en lien avec son statut de bras armée de la mort ?/

- /Peut-être./

Subitement, Harry frappa dans sa main et se tourna vers son père.

- /Je sais que maman leur a donné le médaillon que j'ai récupéré de chez Sirius, fait moi penser à voir si je peux le récupérer, au moins temporairement. /

- /Tu veux savoir comment le médaillon de Serpentard a fini chez ton parrain, c'est ça ? /

Harry hocha la tête.

- /Je tenterai de te faire passer l'objet et je demanderai à Sirius de venir te voir à Pré-au-lard, parce qu'il n'est pas question que tu ailles au bar pendant la période scolaire. A défaut, vous en discuterez cet hiver, yoi. /

Ils s'arrêtèrent devant le tableau d'izou et Haruta. Izou était occupé à coiffer une Haruta boudeuse assise sur un tonneau.

- /C'est lui qui a besoin de tes talents, pas moi ! / protesta la pirate en montrant le Phénix du doigt.

- /C'est un cas désespéré, je peux rien faire pour lui/ rétorqua l'androgyne.

- /Bon, file, je t'attends. Va prendre ce dont tu as besoin pour travailler ce week-end et leur présenter Iro, mais ne tarde pas, yoi./

- /Oui mon commandant !/ déconna l'adolescent.

Marco secoua la tête avec un sourire alors que le tableau pivotait sans un mot. L'adolescent disparut dans l'ouverture avec Iro. Le tableau se referma sur lui.

- /Vous êtes mignons tous les deux ! / pouffa Haruta.

- /T'es un peu palot, ça va pas ? / s'inquiéta Izou. Bonsoir, McGonagall, Harry vient de rejoindre le dortoir, il avertit ses camarades et les présente à Iro, et il devrait décoller, si je ne me trompe pas…

Il consulta son frère du regard qui s'était retourné brièvement vers la femme en approche avant de rapporter son attention à sa fratrie et confirmer de la tête.

- /Disons que ce cours particulier a fait remonter des sentiments, des souvenirs et des réflexes à ne pas sortir devant le directeur de l'école de son fils. /

- /Je vois. Dépêche-toi de partir, Ace a dit quelque chose au sujet de ton « devoir conjugale » y'a moins de cinq minutes. /

Cela tira un rire au blond qui se tourna complètement vers McGonagall qui avait attendu de son côté qu'ils finissent.

- Si vous êtes encore là, c'est que vous avez trouvé un accord avec le professeur Dumbledore, devina la femme.

- Disons que je suis doué quand il s'agit d'obtenir ce que je veux, yoi. Votre patron est toujours vivant, et en bonne santé, ne vous en faîtes pas.

- Voilà qui me rassure, je me souviens que la seconde fois où votre compagne l'a rencontrée, elle lui a méchamment brûlé le visage. Il a fallu une année entière pour guérir la brûlure.

- Je suis plus vieux qu'Ace, j'ai donc plus de self control.

- On t'a déjà dit que ta patience mériterait qu'on fasse de toi un Saint ! ricana Haruta.

Marco ferma les yeux et inspira profondément.

- Je vois comment vous avez réussi à obtenir votre self control, sourit McGonagall avec indulgence.

- Oh, vous n'avez jamais vu Thatch dans ses grands moments. Vous avez eu les Maraudeurs et les jumeaux Weasley. Nous avons eu l'ATH. Ace, Thatch, Haruta, soupira le Phénix avec peine alors que Haruta ricanait derrière lui d'un air mauvais.

- Votre frère a fait de son mieux pour cacher son goût pour les blagues, mais la façon dont il fermait les yeux devant les plaisanteries des jumeaux le trahissait. Avant que vous ne partiez, je dois vous rendre ceci, votre fils me l'a remis cet après-midi en gage de bonne foi.

Elle tendit à Marco le holster de Harry avec la lame au fourreau. Le blond le prit et l'attacha à son propre bras sans aucun commentaire. Il le rendrait à son fils plus tard, hors de question qu'il reste sans arme, même avec Iro avec lui.

- Le reste des élèves ne risquent rien avec la panthère ? s'enquit Minerva.

- Iro est assez craintive. Elle s'est attachée à Harry parce qu'il porte l'odeur d'Ace, donc, elle l'associe à un semblant de famille. Elle va rester avec lui un maximum et montrera les dents si elle le sent ou se sent menacée. Heureusement, sa fourrure dit ce qu'il faut savoir, yoi. Si elle vire au bleu, elle a peur, si c'est au rouge, c'est la colère. A moins que les élèves soient assez stupides pour l'embêter, il ne se passera rien. Et encore, elle est obéissante, donc, si Harry lui dit de se calmer, elle le fera, yoi.

- S'il se passe quoi que ce soit…

- On assumera les conséquences et je viendrais personnellement soigner le moindre blessé, yoi.

- Iro est une gentille fille, assura Izou en hochant la tête. Autant que Stephan était un bon chien. Un peu grand et lourd, mais un gentil toutou.

- Eh bien je vous fais confiance.

- Vous pouvez. Bon, j'espère que le jeune homme ne va pas trop tarder.

Le blond marcha vers la fenêtre la plus proche, l'ouvrit et s'assit sur le rebord pour attendre. Haruta et Izou purent mettre au parfum Minerva des dernières frasques de ses lions.

Pendant ce temps, Harry venait d'entrer dans le dortoir pour voir les garçons se mettre en pyjama. Bien entendu, tout le monde recula d'un bond en voyant le félin qui sauta souplement sur le lit du Portgas sans qu'il ne lui montre. Voyant cela, Neville eut un soupir de soulagement et revint vers son lit pour finir de se mettre en pyjama.

- Portgas… Mangetsu n'a pas subi un sort qui lui a fait plus que tripler sa taille, n'est-ce pas ? se fit confirmer Dean. C'est bien une panthère noire sur ton lit, hein ?

- Panthère, oui, noire…

Harry tira le nez de sa valise avec ses livres pour voir le félin qui lui rendit son regard, sa queue s'agitant légèrement, ayant repris sa couleur neutre.

- Exact, elle est noire pour l'instant. Si elle vire au bleu ou au rouge, tu gardes les mains en l'air et tu recules.

Et il fourra ses affaires dans son sac.

- Qu'est-ce que tu fiches avec une panthère ?! paniqua Ronald.

- Dumby a voulu faire un petit dans le dos de mes parents, donc, ils lui ont imposé la présence de Iro et d'autres trucs pour le coup. Le ministère a donné son aval, tout comme la ICW. C'est le familier de ma mère, donc, rien à craindre, elle est pas méchante. Ne, Iro-chan ?

En réponse, la bête lui lécha le visage, lui mettant un peu de bave dans les cheveux.

- Par contre, elle ne comprend que le japonais, donc, vous prenez pas la tête à vouloir communiquer avec elle, avertit le garçon en se frottant le visage pour se retirer la bave avec un bout de sa robe de sorcier.

- Je peux l'approcher ? demanda Neville.

Le D. s'assit à côté de la bête et lui caressa le crâne.

- Vas-y, mais doucement. Si je te dis de reculer, tu recules fissa. Tends une main à plat qu'elle la renifle. Et ne détourne pas les yeux.

Neville s'avança doucement, une main tendue devant lui, ne lâchant pas les yeux ambrés du félin. Celui-ci perdit sa couleur noire pour prendre une teinte bleu clair, presque blanche, avec Harry lui murmurant à l'oreille quelque chose tout en continuant de la caresser. Finalement, elle tendit la tête pour renifler la main tendue et finit par juger l'adolescent devant elle inoffensif puisqu'elle lui donna des petits coups de tête dans les doigts.

- Elle veut que tu la caresses.

Doucement, le jeune Londubat leva une main et la posa délicatement sur le crâne de la panthère, lui caressant lentement le poil soyeux entre les oreilles. L'animal ferma les yeux, les oreilles en arrière, ronronnant de façon sonore, avec la fourrure virant à un jaune doux et paisible.

- Tu t'y prends bien, elle apprécie, approuva Harry. Un autre volontaire ou je peux y aller avant que mon père en ait assez de m'attendre et vienne me chercher par la peau du cou ?

- McGonagall est au courant ? demanda Seamus.

- McGonagall, Dumby, et Hermione. C'est mon nouveau garde du corps.

Dean s'approcha à son tour et Harry demanda à Neville de reculer.

- Elle ressemble à ton patronus, non ? remarqua le futur botaniste alors que Dean se faisait tester par le félin.

- Vu que c'est le familier de ma mère, c'est normal. Finnigan, Weasley ? Volontaire ?

- Je vais me coucher, demain matin me dira que j'ai eu une hallucination, marmonna Ronald en se mettant sous la couette. Que ce truc ne m'approche pas !

- /Il t'a appelé truc, il est pas gentil, pas vrai ? / demanda Harry au félin.

Si un animal pouvait être dédaigneux, le regard que la panthère adressa au roux en était une parfaite preuve.