Disclaimer : Nous ne tirons profit, en aucune façon, de cette histoire. Les personnages de Marvel appartiennent à leurs propriétaires. Nous ne retirons rien de l'histoire qui suit et tous les droits de création des personnages leur appartiennent. En revanche, l'histoire nous appartient.
Rating : T
Genre : Romance / Drama / Angst / Comfort
Personnages : Tony Stark ; Loki ; la plupart des personnages vus dans les films du MCU
Situation temporelle : Démarre en 2012, après que Loki a récupéré le Tesseract dans Avengers Endgame
Bonjour tout le monde !
Aujourd'hui on voit un peu d'autres personnes : un peu d'action aux côtés de Natasha dans un premier temps, puis une discussion à cœur ouvert avec Pepper... pour finir avec une scène bien particulière entre Tony et Loki !
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Makiang4, Marguerite Roxton Jones, Egwene Al'Vere, merci beaucoup pour vos review !
Bonne lecture !
Julindy
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CHAPITRE 4
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Les personnes les plus importantes de sa vie était à ses côtés, fortes et présentes. Il nouait des relations, resserrait les liens qui l'unissaient à ses amis et en construisait d'autres. Rarement – jamais – avait-il eu des relations aussi sereines avec les gens auxquels il tenait.
Peut-être qu'il vieillissait. Surement y avait-il un peu de ça. Mais plus qu'une question de maturité, c'était surtout la preuve irréfutable qu'il continuait d'avancer dans sa vie, sur le plan personnel et en particulier émotionnel. Il avait retrouvé la foi en l'avenir, et il savait à qui il le devait.
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Quatre semaines à Malibu leur avait fait un bien fou, à tous les deux. Tous les problèmes qui auparavant lui paraissaient insurmontables s'étaient délité d'eux même, vacillant comme un château de cartes avant de s'effondrer.
Ouah, le voilà devenu poète. Mais bon, l'idée était quand même là.
Les choses n'étaient pas redevenues comme avant. Les choses ne redeviendraient jamais comme avant. Mais ce n'était pas une mauvaise chose pour autant. Ce n'était ni mieux, ni pire. C'était juste… différent. Alors ouais, parfois il avait encore l'impression de marcher sur des œufs et choisissait ses mots avec précaution quand il s'adressait à Loki, mais il se contentait plus généralement de l'envoyer bouler ou de se foutre ouvertement de sa gueule. Comportement habituel donc. Même alors qu'il se rapprochait de lui, des mois plus tôt, il n'avait jamais complètement perdu de vue le fait que le dieu pouvait le tuer en une fraction de seconde s'il faisait ne serait-ce que mettre un pied en dehors de la ligne. Ce qui aidait à relativiser un paquet de trucs en fait.
Une nuit – parce que franchement, qui se souciait de dormir dans cette baraque ? – alors qu'il était en train de montrer à Loki les diagrammes de réactions des différentes combinaisons de starkium et de nihonium, ils furent brutalement interrompus par Friday.
« Patron, communication entrante prioritaire de l'agent Romanoff. »
« Transfert sur l'écran principal. »
Il savait que, dans son dos, Loki avait disparu du champ de vision de la caméra sans qu'il ait à le lui demander. Seul le tracé d'un signal audio s'était affiché sur l'écran, mais on n'était jamais trop prudent.
« Tony ? »
Natasha haletait difficilement. Et est-ce que c'était des coups de feu qu'il entendait ? Si le fait qu'elle l'appelle – visiblement en pleine mission et au beau milieu de la nuit – ne suffisait pas à l'inquiéter, ce qu'il entendait le faisait.
« Où est-ce que tu es ? » lui demanda-t-il, parant au plus pressé. Le pourquoi et le comment, ça viendrait plus tard.
« Nouveau-Mexique, banlieue sud de Los Lunas, t'es le plus proche, » répondit-elle. C'était définitivement des coups de feu. « Rhodes est au Royaume-Uni, et les autres ne seraient pas là à temps, même avec le Quinjet. Est-ce que tu… »
« Tiens le coup, j'arrive d'ici vingt, vingt-cinq minutes max, » la coupa-t-il aussitôt. « Garde ton portable allumé pour que Friday puisse te localiser. J'arrive okay ? »
« Traines pas. »
Et elle avait raccroché, non sans lui laisser entendre un bruit d'explosion à l'arrière-plan. Putain, mais il se passait quoi là ?
Plus tard. Plus tard.
Ne pas paniquer.
Ignorant totalement Loki, il ôta rapidement les protections qu'il n'avait pas enlevé pour parler avec le dieu, les jetant sur l'établi le plus proche sans prendre garde à ce qui se trouvait en-dessous.
« Friday, prépare mark-73 ! »
« Mark-73 paré au décollage, » le devança son IA, son armure déjà prête pour qu'il n'ait plus qu'à s'y engouffrer.
« Localise Nata… »
« Position en temps réel de l'agent Romanoff affichée sur votre écran. »
Friday apprenait vite. Bien.
« Calcul du plan de vol. Et Loki… » commença-t-il, se tournant enfin vers le dieu qui le regardait en secouant vaguement la tête, réussissant l'exploit d'avoir l'air tout à la fois moqueur et consterné.
« Allez-y Stark. Allez sauver le monde. »
« Je t'appelle ! »
Et sur ces mots, il quitta la villa en coup de vent, s'élançant dans le ciel. Aidé de Friday, il pirata rapidement les fréquences de la police de Los Lunas, mais il n'y avait rien de probant. Rien à la hauteur du bordel dans lequel Natasha semblait s'être foutue. Les médias locaux n'en parlant pas non plus, il se tourna en désespoir de causes vers les réseaux sociaux. Mais alors qu'il y faisait également chou blanc, il tomba par hasard sur une vidéo amateur d'une fusillade dans une zone industrielle à l'abandon semblant effectivement correspondre à la banlieue sud de la ville. L'image était floue, les hommes armés inidentifiables même pour les meilleurs programmes de reconnaissances faciales, et on n'y voyait pas grand-chose. Il l'enregistra quand même par acquis de conscience. Bien lui en pris, car moins de cinq minutes plus tard la vidéo avait été supprimée. Au risque de se répéter : bordel, qu'est-ce qui se passait là-bas ?
Ne sachant pas si Natasha avait prévenu qui que ce soit d'autre que lui, il avait également envoyé un message à Hill. Mais la directrice de Rescue n'avait pas plus d'informations que lui, et les autres Avengers non plus aux dernières nouvelles. Là, Tony était à deux doigts de paniquer pour de bon.
Heureusement, le vol ne lui prit pas plus de temps que les vingt minutes promises, et il arriva très vite en vue de Los Lunas. La zone industrielle était déserte, et silencieuse. Un silence terrible qui n'augurait rien de bon. Le signal de Natasha bornait à un pâté de maison de là, mais sans davantage d'informations, foncer dans le tas était un plan de dernier recours. Il se déplaça rapidement dans l'ombre d'un bâtiment à moitié détruit ayant perdu son toit, veillant à ne pas rester à découvert.
« Friday, contacte Natasha, dis-lui que je suis sur site, » murmura-t-il.
Il ne savait pas pourquoi il chuchotait, ce n'est pas comme si quelqu'un allait l'entendre parler dans son casque. Mais ça semblait étrangement approprié, seul avec lui-même au milieu de la nuit.
« Tony… » vint finalement l'appel de Natasha. C'était à peine un murmure essoufflé, mais il l'entendit aussi bien que si elle avait hurlé tandis que le soulagement s'emparait de lui.
« Ton plan Nat, » lui dit-il rapidement. « De quoi as-tu besoin ? »
Il ne connaissait pas la situation, n'avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle l'espionne était au Nouveau-Mexique, et ignorait tout autant contre qui ou quoi elle se battait. La laisser aux commandes était le choix le plus raisonnable, les explications viendraient plus tard.
« Tu sais où je suis ? Où je suis exactement ? » l'interrogea-t-elle, pressée.
« Je suis à cent mètres à l'ouest de ton bâtiment. Je pourrais utiliser la thermique pour te localiser plus précisément si je m'approche, mais je risque de me faire repérer. »
« Pas la peine. Et je veux justement que tu te fasses repérer. J'ai besoin d'une sortie sécurisée, et ils ne s'occuperont pas de moi si Iron Man leur fonce dessus. »
« Je passe par l'entrée principale ? » demanda-t-il pour confirmation.
« Oui. »
« ETA trente secondes. »
« Reçu. »
Le voilà jouant les diversions. Ah, qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour ses beaux yeux ! Calmement, il programma ses rayons d'énergie sur un mode non létal – si c'était autres choses que des humains, la russe l'aurait précisé – et arma ses calibres de faible vélocité. Il respira lentement, se préparant à décoller tandis que les secondes défilaient sur son écran.
Quatre secondes restantes, il décolla. Et à l'instant où le zéro s'affichait, il défonça avec fracas la porte d'entrée. Il faisait noir comme dans un four, mais il bascula rapidement en vision infrarouge. Une vingtaine d'individus s'étaient retournée sur lui, mais aucun d'eux n'avait eu l'intelligence de le pointer de son flingue. Dommage pour eux, il en cueillit cinq dans les premières secondes. Les suivants commencèrent alors à répliquer, mais les balles ne faisaient que ricocher sur son armure sans l'égratigner tandis qu'il les neutralisait un à un. Franchement, c'était presque ennuyeux.
Non, pas presque. C'était ennuyeux. Alors il voulait bien croire que Natasha n'avait pas son armure pour se protéger, ni l'armement qui allait avec. Mais on parlait quand même de super Black Widow, et il n'arrivait pas à comprendre qu'elle ne soit pas capable de se dépatouiller avec ces types, qui n'étaient même pas des bons combattants en plus.
Une fois qu'ils furent tous à terre, il fit le tour de l'usine désaffectée, mais définitivement, il n'y avait rien de spécial à signaler. Pas de bombe, de stock d'armes compromettantes ou de labo de drogue clandestin. Il ne comprenait plus rien. Sortant du bâtiment, il trouva comme prévu Natasha qui l'attendait près de l'entrée, ses vêtements déchirés mais vraisemblablement indemne, mis à part ses cheveux pleins de terre et une égratignure à l'épaule droite. Ce qui était moins prévisible en revanche, c'était les deux mômes qui s'accrochaient à elle en pleurant.
Ouais. Ça allait peut-être nécessiter des explications ça aussi…
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Il s'avérait que les gamins en question étaient le fils du gouverneur du Nouveau-Mexique et la fille du tout nouveau chef de la police d'Albuquerque. Ceci explique cela.
En fait, Natasha s'était retrouvée là complètement par hasard, embarquée parfaitement contre son gré dans cette histoire. Elle était à Albuquerque pour rencontrer un indic, qui avait soi-disant des informations sur une cache d'armes chitauris – il faut croire que même trois ans après, le chapitre était loin d'être clos. Mais Black Widow était une héroïne connue, et si le quidam lambda s'était laissé duper par ses fringues et ses lunettes de soleil, ça n'avait pas été le cas du gang local, à la solde de l'un des plus gros cartels de l'état. Ces derniers venaient de kidnapper les deux mômes pour faire pression sur leurs parents – connus l'un comme l'autre pour leur politique de tolérance zéro envers les cartels – et étaient persuadés que Black Widow avait été envoyée pour les arrêter. Un petit groupe l'avait donc acculée dans une allée déserte pour lui faire cracher le morceau, et supposément la neutraliser. Grossière erreur, elle leur avait réglé leur compte en moins de deux. De là, elle avait récupéré leurs téléphones pour savoir ce qu'ils lui voulaient, et était de fait tombée sur leur plan cousu de fil blanc et digne d'un mauvais nanard des années quatre-vingts.
Vu le niveau – ou plutôt le manque de niveau – des gros bras envoyés après elle, elle n'avait pas contacté Hill ou les autres en pensant régler le problème seule. Elle était après tout une espionne de classe internationale avant d'être une Avengers. Les choses s'étaient néanmoins compliquées quand elle avait exfiltré les enfants, puisque le trio avait immédiatement été pris en chasse par des membres du cartel. D'où une folle course poursuite en voiture les ayant menés jusqu'à Los Lunas, où ses pneus avaient finalement été crevés par des balles. Devant protéger les enfants, c'est là qu'elle avait appelé Tony pour une demande de renforts.
Le reste ? Et bien, les types avaient été arrêtés, les gamins rendus sains et saufs à des parents reconnaissants, et ils avaient tous pu poser avec un grand sourire devant les caméras – un peu de publicité positive, ils n'allaient pas cracher dessus par les temps qui courraient – En prime, à partir des téléphones fournis par Natasha, Tony avait pu récupérer un paquet d'informations compromettantes sur le cartel, et une opération de grande ampleur se préparait dans les coulisses pour leur régler définitivement leur compte. Nat et lui avaient poliment décliné la proposition d'y participer, ce qui avait eu pour unique effet de se voir remercier davantage pour tout ce qu'ils avaient déjà fait pour eux.
A ce stade, tout le monde connaissait leur présence à Albuquerque, alors ils avaient simplement fait venir un Quinjet pour les rapatrier tous les deux à New-York. Car reconnaissant le besoin de débriefer ce qui venait de se passer avec Hill et le reste de l'équipe, il avait suivi le mouvement et accompagné sa coéquipière pour son retour sur la côte est. Ne restait donc plus qu'à prévenir Loki que les vacances étaient finies et que sa présence était vivement souhaitée à la Tour.
Joie et bonheur.
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Etonnamment, Loki n'avait pas fait de cinéma et gracieusement accepté de revenir sur la côte est – lui faisant bien comprendre que le dieu lui faisait grâce de sa présence. Connard prétentieux – Mais il faut dire qu'avec les Avengers ne logeant plus à la Tour, ils avaient pour ainsi dire une paix royale, et c'est donc tout naturellement qu'ils se coulèrent dans cette nouvelle routine à deux. Il voyait Pepper une fois par semaine, Hill presque autant, et allait de temps à autres rendre visite à l'équipe au QG – et se prendre comme promis une dérouillé par Natasha par la même occasion – Revenu à la tour, il faisait parfois un détour quelques étages plus bas, dans les labos de recherche de Stark Industries. Iron Man prenait des vacances, pour laisser un peu plus de temps à Tony Stark. C'était plutôt cool.
Et tout le reste du temps était consacré à Oméga.
Bon, pas tout le reste du temps, parce qu'il bidouillait aussi ses armures, continuait d'ajuster les paramètres de Friday, archivait les dossiers du SHIELD et d'Hydra, et bossait en parallèle sur les mille et une idées qui popaient à toute heure du jour et de la nuit dans son cerveau. Donc dire que tout le reste de son temps était consacré au labo plutôt qu'à Oméga était sans doute plus proche de la vérité.
Mais de peu.
On ne pouvait pas dire qu'ils avançaient à pas de géants, mais ils avançaient quand même. Et si quelques mois plus tôt cette lenteur l'aurait déprimé, aujourd'hui il en prenait son parti et n'était que plus déterminé à faire bouger les choses. Ils avaient quelque chose avec pas mal de potentiel, puisque les runes amadiennes qu'ils traçaient depuis plusieurs semaines réagissaient étrangement à l'énergie dégagée par le starkium. Et par étrangement, il voulait surtout dire qu'elles réagissaient tout court, ce qui n'était pas le cas des jeux de runes précédents. C'était confus, diffus, mais même lui, dépourvu de tout talent magique – à son grand désespoir – pouvait dire qu'il se passait quelque chose. Prometteur donc, même si aucun d'entre eux n'y comprenait quoi que ce soit. Loki essayait donc différentes combinaisons de runes – et avec un alphabet comptant précisément trois-cent-quatre-vingt-douze sigles, c'était loin d'être évident – tandis que lui poursuivait ses expérimentations sur le noyau énergétique du réacteur. Beaucoup de tentatives, d'échecs – et de boums – au programme. Mais à défaut de confirmer des hypothèses, ils éliminaient une à une des dizaines de possibilités chaque semaine. Ils avançaient, oui. Un pas après l'autre.
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« Une salade avocat crevettes s'il vous plait. »
« Et en boisson ? »
« Un thé blanc au jasmin, merci. »
« Et vous monsieur ? »
« Une entrecôte saignante, avec une bouteille de pinot noir. »
« Je vous apporte ça tout de suite. »
La serveuse récupéra les menus avec efficacité avant de revenir avec le thé de Pepper, promptement suivie du sommelier avec la bouteille de vin rouge promise. Et enfin, ils furent seuls. Son sourire de façade s'effilocha pour laisser apparaitre toute sa lassitude et son dépit tandis qu'il se retenait vaillamment de fracasser sa tête contre la table. Face à lui, Pepper soufflait doucement sur sa boisson chaude, ses ongles parfaitement manucurés cliquetant contre la porcelaine et l'air parfaitement serein et impassible. Seul quelqu'un la connaissant parfaitement – comme lui, soit dit en passant – pouvait voir briller dans ses yeux une leur tendre d'amusement.
« Plus jamais. Plus jamais Pep'. Promis ? »
« Malheureusement, c'est une promesse que je ne peux te faire. A fortiori quand nous devons être de retour dans deux heures au maximum. »
Il gémit outrageusement, la faisant rire doucement.
« Tu ne trouves pas que tu exagères un peu là ? Ce n'est jamais que le conseil d'administration. »
« Mais justement ! »
Treize êtres humains incapables, ennuyeux et insipides – et procéduriers jusqu'au bout des ongles avec ça ! – dont le seul plaisir semblait être de le contrarier. Heureusement, ils avaient péniblement atteint la troisième et dernière journée de ce conclave extraordinaire biannuel – les mots de Pepper, pas les siens et c'était lui qui exagérait ? – qui s'achèverait dans quelques heures. Encore heureux, ou sinon il allait commettre un meurtre. Voir même plusieurs. Le plus navrant, c'est qu'il avait passé ces trois jours avec Pepper – quatre en comptant la journée de préparation – mais pas une fois ils n'avaient eu l'occasion de discuter d'autre chose que du boulot. Problème auquel il comptait bien remédier, puisqu'il savait qu'elle s'envolerait dès le lendemain pour Lisbonne, où un autre congrès l'attendait. Bon courage à elle !
« Alors, quoi de neuf à part tenir tête à cette horde d'ânes bâtés ? » lui demanda-t-il finalement après quelques minutes d'un silence tranquille.
« J'ai déjeuné avec Rhodey la semaine dernière, avant qu'il ne reparte encore une fois à Washington. »
« Pour parler de moi je suppose ? »
« Etonnamment, même pas ! »
Ils se sourirent avec connivence. Bien sûr que si, ils avaient parlé de lui. Il s'agissait après tout de deux de ses meilleurs amis, qui s'étaient justement rencontrés par son biais. Ils ne pouvaient pas ne pas le mentionner au moins une fois au détour de la conversation. Toutefois, il voulait bien admettre qu'il n'avait pas été au cœur de celle-ci, n'en déplaise à son orgueil.
« Non, il me parlait plutôt des difficultés qu'il avait à se détacher définitivement de l'armée et à trouver sa place au sein des Avengers, en tant que membre officiel. »
« On s'est vu il n'y a pas longtemps et il ne m'en a pas parlé, » s'inquiéta-t-il, fronçant les sourcils.
« Tu connais James aussi bien que moi, il ne parle pas de ces choses et n'aime pas déranger. »
« Mais à toi il en a parlé. »
Tony n'était pas jaloux. Pas vraiment.
Bon, un peu quand même. Mais il était plus surpris qu'autre chose. Si Pep' et Rhodey s'étaient toujours bien entendus, il avait longtemps été le seul à l'initiative de leurs déjeuners à trois, parfois quatre quand Happy se joignait à eux. Il savait que ce n'était plus le cas depuis un bon bout de temps et qu'ils se voyaient également sans lui, et il en était content. Il n'avait simplement pas vu qu'ils étaient devenus si proches l'un de l'autre.
Et elle l'appelait James, surtout.
« Vous voyez pas mal ces derniers temps, non ? » souleva-t-il, l'air de rien. Au vu du regard acéré que lui adressa Pepper, elle n'était pas dupe le moins du monde. « Je veux dire… plus qu'avant. »
Aucun n'avait besoin de préciser ce que signifiait ce « avant » : avant, quand ils étaient encore ensemble. Tony regretta bien vite cette évocation à peine voilée en la voyant perdre son sourire. Mais étonnamment, elle lui répondit quand même. Plombant l'ambiance pour de bon par la même occasion.
« Quand nous avons rompu il y a un an et demi… Et bien, ce n'est pas à toi que je vais expliquer que les choses ont été difficiles pendant un bout de temps. »
Tony déglutit difficilement. Il n'avait pas prévu que Pepper aborderait ce sujet. Ils avaient longtemps tâtonné l'un autour de l'autre pour retrouver leur équilibre ensemble, personnellement et professionnellement. Il était très fier de dire qu'aujourd'hui, Pepper était l'une de ses meilleurs amis. Mais ça avait été long, difficile et douloureux. Surtout douloureux d'ailleurs. Il se sentait incroyablement heureux – et chanceux – qu'elle soit toujours présente dans sa vie, ce qu'il lui dit. Retour du sourire, et il n'en était pas peu fier.
« Toujours est-il que James a été très présent à ce moment-là, m'empêchant de me noyer dans le travail. Il me forçait à sortir, et il m'emmenait déjeuner toutes les semaines pour me changer les idées. Après, je suppose que l'habitude est juste… restée. Alors c'est vrai qu'on ne se voit pas exactement toutes les semaines, c'est compliqué avec nos boulots respectifs, mais pas loin. Et maintenant qu'il est essentiellement basé à New-York avec les autres Avengers, c'est juste devenu plus simple. »
« Et, est-ce que par hasard il n'y aurait pas… quelque chose de plus ? »
« Bien sûr que non ! Où est-ce que tu vas chercher ça franchement ? » nia-t-elle farouchement.
Et pourtant… oui, elle rougissait ! Ses joues roses, son regard fuyant. Elle toujours si sûre d'elle ! C'était franchement drôle à voir, et même mignon d'ailleurs. Il aimerait bien l'embarrasser davantage, mais il risquait surtout de la braquer pour de bon. Il se contenta donc de prendre ses mains dans les siennes, ne pouvant néanmoins par retenir un sourire attendri.
« Pepper, on n'en a jamais vraiment parlé parce que c'était compliqué entre nous, tu l'as dit toi-même. Mais si jamais tu devais trouver quelqu'un d'autre… Bon, je dis pas que ce serait pas bizarre sur le coup, mais ce serait la suite logique des choses, non ? »
« Il n'y a rien entre James et moi ! »
« Peut-être, ou peut-être pas, c'est pas moi qui pourrais répondre à cette question à te place. Mais que ce soit Rhodey ou un autre… j'veux juste que tu sois heureuse Pep', tu comprends ? »
Il avait une boule dans la gorge, et un pincement au cœur en prononçant ces mots. Aussi sincère soit-il – il ne souhaitait rien de plus que la voir retrouver le bonheur – l'idée de voir Pepper dans les bras d'un autre le rendait mélancolique. Pendant longtemps, il avait cru que ce serait Pepper ou personne d'autre. La seule capable de voir à travers le masque qu'il arborait en public, la seule à voir ses blessures et connaitre ses démons, la seule capable de composer avec ses conneries tout en lui donnant envie de faire mieux, pour elle. Certains jours, il le pensait encore. Se disait qu'il avait laissé passer sa chance, et qu'il n'en aurait pas d'autre.
Et puis il y avait tous les autres jours, où il se rappelait qu'il n'était pas seul. Qu'il avait son équipe, et ses amis. Des personnes qui comptaient pour lui, et pour qui il comptait. Il y avait des discussions, des sorties, des jeux et des plaisanteries. Tous ceux qui se moquaient du masque qu'il affichait, qui pansaient ses blessures par leur simple présence et gardaient ses démons enfermés sous clé. C'était déjà beaucoup.
Pepper lui manquait. Elle lui manquerait toute sa vie. Elle, et surtout la possibilité d'une vie avec elle. Mais, et il le réalisait seulement aujourd'hui, il avait enfin fait le deuil de cette relation qui appartenait définitivement au passé. Et il était désormais prêt à emprunter une autre voie à ses côtés.
Il ne pouvait pas dire tout ça à Pepper, non. Alors il se contenta de serrer ses mains fort, si fort, et tant pis si les siennes tremblaient. Pourtant elle sembla entendre ses mots, et bien plus encore, tandis qu'elle serrait ses mains en retour.
Ils se séparèrent quand la serveuse revint avec leurs plats, et pendant plusieurs minutes il n'y eut que le bruit des couverts venant rompre le silence tandis que l'un et l'autre se remettaient de leurs émotions.
« Et toi alors ? » finit par demander Pepper après un long moment, comme si de rien n'était. « Parce qu'on parle de moi depuis tout à l'heure, mais toi, quoi de neuf ? »
« Rien de neuf justement, que du vieux. Les mêmes rengaines, les mêmes recherches, les mêmes projets, et les mêmes heures enfermé dans mon atelier ! »
« Tu es sûr ? »
« Je sais encore ce que je fais de mes journées ! »
Elle leva les yeux au ciel avec exaspération. Trop facile ! Mais c'était de Pepper dont on parlait, et ce n'était pas si facile de détourner son attention, même en l'exaspérant ou en jouant volontairement les aveugles.
« Ce que je veux dire, c'est que je trouve que tu vas… mieux. Tu es plus serein, plus apaisé. Alors bien sûr il y a eu Tumaco et plus récemment la Sokovie, et je sais que ça te préoccupe beaucoup plus que tu ne le montres. Mais tu rebondis, tu vas de l'avant et tu fais des projets. Tu es plein d'espoir pour l'avenir. A titre de comparaison, après New-York tu étais… »
Elle hésita, le laissant libre de compléter.
« Une épave. Tu peux le dire tu sais, tu étais quand même aux premières loges pour voir ça. »
« Je n'irais pas jusque-là, » nia-t-elle en secouant la tête. « Mais tu n'allais pas bien à ce moment-là, et tu n'es pas allé bien pendant longtemps après ça. Sauf que ce n'est plus le cas. C'était déjà visible l'an passé, mais je trouve que c'est encore plus frappant depuis que tu es revenu de Malibu il y a quelques semaines. Il y a quelque chose de différent chez toi, dans le bon sens du terme évidemment. D'où ma question, fatalement. Qu'est-ce qui a changé Tony ? »
« Rien de spécial. »
Rien, sauf qu'il passait ses journées et ses nuits enfermé avec le dieu nordique ayant essayé d'envahir la Terre sous la contrainte, qu'ils travaillaient ensemble et le considérait même comme ami. Une personne beaucoup plus proche de lui qu'il n'était prêt à l'admettre à qui que ce soit – y compris soi-même – et qui le comprenait mieux que beaucoup de ses amis « officiels » ne le faisaient.
Ouais, toujours pas le genre de trucs qu'il pouvait lui dire.
« Non rien, je t'assure, » lui affirma-t-il de nouveau, la gratifiant d'un grand sourire.
« Si tu le dis. »
Elle n'insista pas davantage, et ils ne revinrent pas sur le sujet de tout le repas.
Il savait qu'elle ne l'avait pas cru.
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Loki avait longuement questionné le fait d'offrir ou non un présent à Stark pour son anniversaire. L'an passé, il avait résolu le problème en s'épanchant misérablement auprès de Jarvis – quelle déchéance ! – L'IA lui avait alors prodigué des conseils, et il n'avait donc rien fait.
Mais la situation avait changé depuis, et pas qu'un peu. « Ne lui offrez rien par obligation, uniquement si vous en ressentez l'envie ou le besoin. » Voilà les mots qu'il avait retenu du discours de Jarvis. Le changement majeur étant qu'aujourd'hui il avait envie de lui offrir quelque chose. Célébrer Noël avait été différent, plus facile. Stark lui avait offert des cadeaux futiles, supposément drôles, et ne portant pas à conséquence. Il en avait fait de même. Mais un anniversaire était empreint de davantage de solennité, même sur Midgard. Les présents offerts par Stark lors de ses deux précédents anniversaires avaient été chargés de sens, pour tous les deux. Et Loki ne souhaitait rien lui offrir qui ne soit signifiant.
L'idée trouvée, il ne lui avait fallu que quelques jours pour la mettre en œuvre. Il avait demandé à Friday de commander des mets que Stark apprécierait – car il ne s'abaisserait pas à cuisiner pour lui – et de vérifier son emploi du temps. L'IA lui avait ainsi confirmé que Stark irait déjeuner avec ses camarades au QG des Avengers, mais reviendrait en fin d'après-midi. Il avait ensuite prévu de passer la soirée à la Tour, avant de décoller pour l'Europe le lendemain. On était donc le soir. Et lui, comme l'imbécile qu'il était, l'attendait.
Fort heureusement, Stark ne tarda guère et vint rapidement le retrouver au salon, surement guidé par son IA après ne pas l'avoir trouvé dans l'atelier. Il pouvait l'entendre babiller depuis le couloir, sa voix de plus en plus forte à mesure qu'il s'approchait. Mais, de manière peu surprenante, ces jacassements cessèrent sitôt qu'il pénétra dans la pièce et aperçut la table dressée pour deux personnes.
« Vous joindrez-vous à moi pour le diner ? »
Il pouvait comprendre sa surprise. Après tout, ils avaient rarement diné ensemble. Bu oui, qu'il s'agisse de café et de thé à toute heure du jour ou de la nuit, ou bien d'alcool… à toute heure du jour et de la nuit également. Ayant des besoins humains plus pressants que les siens, il était fréquemment arrivé que Stark ne se prépare un encas rapide qu'il avalait tout en travaillant. Et qu'on ne le lance pas sur les cochonneries qu'il pouvait grignoter à longueur de journée. Lui-même, bien que ressentant moins souvent que Stark le besoin de manger, se sustenterait de son côté lorsque la faim finissait par le saisir. Mais partager réellement un repas… En fait, c'était peut-être bien la première fois. En presque trois ans passés sur Midgard avec Stark, n'était-ce pas étrange comme idée ? Mais il fallait une première fois à tout, et il supposait que ce ne serait pas la dernière. Il l'espérait tout du moins.
« Passons à table, voulez-vous ? »
Stark obtempéra en silence, mais son large sourire n'augurait aucun mauvais présage. Et c'est ainsi qu'ils passèrent une agréable soirée, devisant tranquillement de sujets divers n'ayant strictement rien à voir avec Oméga. Obsessionnels comme ils l'étaient tous deux, ils s'oubliaient trop souvent dans le travail. C'était donc d'autant plus agréable de retrouver ces discussions qu'il affectionnait tant – et il savait le sentiment réciproque.
Ils avaient fini par migrer sur le canapé, un verre à la main, pour poursuivre leur discussion tout en étant plus confortablement installés. Mais Loki n'en avait pas tout à fait fini, aussi attendait-il patiemment que la conversation ne s'essouffle naturellement pour reprendre la main et en venir à la partie la plus délicate de cette soirée.
C'est donc quand Stark acheva le récit de l'une de ses innombrables mésaventure datant de ses années d'étude – au demeurant, une anecdote le décrivant de manière fort peu glorieuse – que Loki se leva pour aller chercher dessert, boisson et présent. La magie aidant, il ne s'absenta que peu de temps, mais cela suffit pour que Stark affiche un air circonspect à son retour. Un air presque inquiet qui se mua en étonnement candide en le voyant revenir ainsi chargé. Loki se délecta de son air surpris et incrédule, et ne retint pas un bref éclat de rire ravi. Cela sembla tirer Stark de sa torpeur, puisqu'il quitta des yeux le gâteau orné de bougies déposé devant lui pour fixer son visage. La surprise n'avait pas quitté ses yeux, mais son visage tout entier semblait auréolé d'une joie enfantine. Avec les lumières tamisées de la pièce et les flammes dansant allègrement sur son visage, c'était un spectacle tout bonnement saisissant.
« Faites un vœu Stark, » l'enjoint-il doucement, n'osant, ne voulant parler trop fort. « C'est la tradition, c'est vous-même qui me l'avez appris. »
Hochant vigoureusement la tête, Stark obéit et ferma les yeux un instant, avant de souffler de toutes ses forces sur les très exactement quarante-cinq bougies présentes sur le gâteau – et il avait vu le regard de Stark, il savait qu'il les avait comptées – parvenant à éteindre les dernières au troisième essai. Loki applaudit alors, plus fort que ne le nécessitait la simple politesse, mais n'était-ce pas la tradition après tout ? Il laissa Stark leur couper une part chacun tandis qu'il leur servait du champagne. Mais il ne le laissa pas attaquer son dessert – qu'il savait pourtant être l'un de ses préférés – et lui tendit à la place un paquet soigneusement emballé dans du papier bleu nuit et entouré d'un ruban doré. Pas le rouge de l'Iron Man, ni le vert de sa propre armure. Juste un bleu sombre d'une neutralité bienvenue, et l'or qu'ils avaient en commun. Si Stark perçu le message sous-jacent à ce simple choix de coloris, il n'en savait rien, mais c'est avec un soin tout particulier qu'il coupa le ruban avant de lentement déplier les feuilles de papier bleu. Et lorsque l'emballage tomba au sol, il révéla un tableau saisissant de réalisme, représentant la lune se reflétant sur des vagues venues s'échouer sur la falaise.
« Je ne mentais pas lorsque je vous disais que la vue sur l'océan que nous avions depuis votre villa était l'un des trésors cachés de ce monde. Et je sais que votre maison vous manque, sitôt que vous regagnez la côte est, » expliqua-t-il d'une voix basse. « Ce tableau ne saura en aucun cas remplacer le sentiment unique d'être chez soi, mais j'ose espérer que vous y trouverez un certain réconfort, et un petit morceau de votre maison emmené avec vous à New-York. »
« Attends, tu veux dire que c'est toi qui as peint ça ? » demanda-t-il avec stupéfaction.
Loki se contenta de hocher la tête silencieusement sans se départir de son sourire, savourant son air ébahi.
« Magnifique… »
Le mot lui avait échappé dans un souffle, et peut-être n'était-il pas sensé l'entendre, mais ce fut le cas. Loki n'avait pas peint pour le plaisir depuis de nombreuses années, et il avait passé de longues heures sur cette toile. Il voulait que celle-ci soit aussi fidèle que possible, tel un instant fugace capturé par surprise, et figé à jamais sur la toile tendue. Le courbe des vagues, les flux et reflux de l'écume, et chacune des étoiles qui piquetaient le ciel se reflétant dans l'eau. C'est face à ce même océan qu'ils avaient célébré ensemble le deuxième anniversaire de leur collaboration, par une nuit si semblable à celle qu'il avait peinte, peut-être pas tout à fait à consciemment. Oui, Loki aimait cette vue, et il savait que Stark aussi. C'était quelque chose qu'ils partageaient, ensemble.
Il vit finalement le regard de Stark s'attarder sur l'angle inférieur droit, où l'on devinait un mot discrètement tracé à l'encre noire.
« Loptr ? » l'interrogea-t-il en relevant la tête.
« Un autre des surnoms dont je suis affublé dans votre mythologie. L'un des moins péjoratif néanmoins, puisqu'il signifie simplement ''air'' ou ''vent'' en vieux norrois. Si quelqu'un remarquait cette signature, vous pourrez simplement dire qu'il s'agit du pseudonyme d'un vieil artiste excentrique. »
« Ce ne serait pas tout à fait faux n'est-ce pas ? » plaisanta-t-il en souriant. « Vieux tu l'es, excentrique n'en parlons pas, et artiste… oui, un artiste brillant. »
Si la phrase avait été lancée comme une boutade, la conclusion avait été dite avec honnêteté, et un respect qu'il savait non feint au vu de la main qui caressait avec déférence la toile, suivant le mouvement lancinant des vagues. Loki le regardait simplement faire, appréciant ce silence ému à sa juste valeur. Il fallut ainsi de longues secondes à Stark pour s'arracher à sa contemplation, avant qu'il ne se lève et dépose avec précaution la peinture sur la table basse. Il se tourna alors vers lui.
« Merci. Pour la toile… et pour ce qu'elle signifie. »
Il s'approcha alors de lui, se saisissant de son avant-bras et l'attirant à lui, son autre main trouvant presque naturellement sa place dans son dos. L'accolade fut brève, étrange et un peu maladroite, mais étonnamment chaleureuse. Alors Loki retint une seconde sa main, juste une seconde, et la serra en retour. Ils se sourirent, de façon un peu crispée après ce geste dont ils n'avaient pas l'habitude, mais pas moins sincèrement. Et sans se concerter, ils retournèrent s'assoir sur le canapé pour déguster leur dessert et poursuivre leur conversation comme si elle n'avait pas été interrompue. C'était juste une parenthèse.
Une de celles qui comptaient.
