Granger

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— Alors ? Qu'as-tu découvert cette nuit ?

Harry et Hermione traversaient la cour intérieure du château de Poudlard. Ils venaient de quitter le cours de défense contre les forces du mal dispensé par le professeur Solar. La Gryffondor y était arrivée de justesse, essoufflée, deux heures plus tôt. Malgré son retard, la professeure l'avait accueilli avec bienveillance. Elle lui avait même retiré une plume blanche de ses cheveux en plaisantant. Hermione savait que contrairement à ce que l'enseignante disait, il ne s'agissait pas d'une plume de son oreiller, mais plutôt d'un vestige de la créature qu'était devenu Malefoy durant la nuit. Evidemment, elle n'en souffla pas un mot.

Elle avait juré de ne pas en parler, et elle tiendrait parole. Même face à son meilleur ami.

— Je… Non, tu avais raison, se résigna la jeune femme.

— J'avais raison ? Tu peux le répéter ? C'est si doux à mes oreilles, plaisanta Harry.

— Ha ! Ha !

Hermione plissa les yeux, et tira la langue au brun. Puis elle sortit de son sac de cours la carte du Maraudeur et la cape d'Harry et le lui tendit.

— Tiens, je n'en aurais plus besoin.

— Merci. Mais plus sérieusement… Il s'est passé quoi ?

La brune regarda devant elle, cherchant par où commencer. Elle détestait mentir, surtout à ses amis. Elle décida de rester le plus proche de la vérité possible.

— Eh bien, il était dans la tour d'astronomie. Je me suis cachée avec la cape et j'ai attendu pendant des heures… Mais il n'a rien fait de mal. Il faisait ses devoirs, c'est tout.

— C'est tout ? Mais alors pourquoi tu n'es pas rentrée durant la nuit ?

— Je me suis endormie. J'ai mal au dos d'ailleurs, le plancher de la tour n'est pas très confortable.

Elle offrit un sourire contrit à son ami et croisa les doigts pour qu'il ne lui pose pas davantage de questions. Sa détermination à garder ce secret restait fragile. Elle doutait toujours de Malefoy et de ses intentions car à ses yeux, il restait un mangemort, lâche et vicieux. De plus, elle ne connaissait rien sur la malédiction dont il était frappé. Et si, comme les loups garous, la créature dont il prenait l'apparence était dangereuse ? Et imprévisible ? Certes, il ne s'était rien passé cette nuit, mais trop de zones d'ombre restaient encore à éclaircir aux yeux d'Hermione.

Sa curiosité était une des raisons pour lesquelles elle tenait sa langue, ainsi que l'accord qu'ils avaient passé ce matin. Si tout se passait bien, la mission "restaurer la paix à Poudlard" dépendrait de leur entente. Donc, garder la confiance du Serpentard était primordial.

Heureusement, Harry n'insista pas. Ils franchirent les imposantes portes du château et se dirigèrent vers la Grande Salle. En chemin, ils croisèrent deux filles brunes de la maison Serpentard et Hermione reconnut Daphnée Greengrass. Elle s'arrêta à leur hauteur.

— Harry, attends-moi… Daphnée ? Bonjour.

La jeune femme interrompit sa conversation et se tourna vers la lionne. D'abord un peu surprise, elle finit par lui offrir un sourire de courtoisie.

— Bonjour Hermione.

— Je suis désolée de vous interrompre, je… Enfin, je voulais savoir comment tu allais depuis l'incident?

— Ça va bien, je te remercie. Et merci pour ton aide la dernière fois.

— C'est elle la fille qui a aidé Drago à te sauver ? demanda l'autre brune à ses côtés.

— Oui, euh, Hermione, je te présente ma petite sœur, Astoria. Astoria, voici Hermione Granger.

La plus jeune des sœurs lui tendit la main qu'Hermione serra.

— J'ai déjà lu quelques articles sur toi dans les journaux. Et sur ton ami là-bas aussi.

Elle désigna Harry qui attendait un peu plus loin dans le couloir.

— C'est gentil d'avoir aider ma sœur, ajouta-t-elle. Drago est très doué mais il est vrai que cinq adversaires, ça reste beaucoup même pour lui. Sais-tu qu'il peut lancer des sortilèges informulés ? Je trouve cela vraiment remarquable. Presqu'autant que ses talents pour les potions. Il m'aide pour mes devoirs vraiment difficiles des fois. Il est vraiment adorable, n'est ce pas ?

— Euh… Oui.

Hermione était prise de court, elle n'aurait certainement pas qualifié Malefoy d'adorable mais elle était également surprise d'apprendre qu'il aidait des élèves plus jeunes à faire leur devoir. À moins que ce ne fût juste Astoria, cette jeune fille semblait être en totale admiration pour le Serpentard.

— Ma sœur en pince pour Drago depuis sa première année.

— Daphnée ! s'offusqua la plus jeune. Tu ne peux pas dire ça à n'importe qui.

— Mais tu rends ça tellement évident. Drago par-ci, Drago par-là… Aie !

Hermione pouffa. Entre soeurs, il n'y avait apparemment pas de pitié.

— Je vais vous laisser. Je suis contente que tu ailles bien Daphnée. Et… N'hésite pas si quelqu'un te cause à nouveau souci.

— Je suppose que celle-la ne compte pas ? (Elle désigna Astoria qui lui renvoya un regard noir.) C'est bon, je plaisante. Merci Hermione. À plus tard.

Et la Gryffondor, le sourire aux lèvres, rejoignit son ami qui l'attendait toujours.

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Bien plus tard dans la journée, Hermione se trouvait à la bibliothèque. Elle s'était installée à sa table habituelle avec une pile de livres qui la cachait presque entièrement du regard des autres. Une personne jeta son sac sur la table et s'assit en face d'elle.

— À défaut d'avoir des amis, tu t'entoures de vieux bouquins Granger ?

— J'ai des amis Malefoy, tu le sais très bien, répondit la brune, toujours concentrée. Tu ne t'installes pas pour dormir aujourd'hui ?

— C'est que tu me connais bien. Tu m'espionnes ? ricana le Serpentard.

— Disons que je suis observatrice.

— Qu'est ce que tu fais ?

Malefoy prit un livre sur la pile et en lut le titre : " Les animaux fantastiques à travers les millénaires : création et disparition". Il le reposa brusquement.

— Est ce que t'es en train de faire des recherches sur ma situation ?

Le ton de sa voix avait monté d'un cran. Hermione releva la tête. Le regard noir que lui lançait le blond ne laissait pas de place au doute; il était en colère.

— Eh bien, oui. Mais, avoue que c'est quand même intriguant ! Tu ne sais pas toi-même ce en quoi tu te…

— La ferme Granger ! Quand je te dis de garder ça pour toi, ce n'est pas pour que tu l'exposes et le crie au milieu de la bibliothèque. J'ai encore la baguette qui me démange, ne l'oublie pas !

— Arrête tes menaces ! Si tu avais voulu me lancer un sortilège d'amnésie tu l'aurais déjà fait. Et je ne crie pas. Par merlin ! Tu pourrais au moins en parler à des personnes expérimentées.

— Il s'agit de magie noire Miss-je-sais-tout, dit-il avec dédain. Les personnes expérimentées sont déjà au courant. Et je parle de la famille Malefoy, au cas où tu ne comprendrais pas.

— Mais il doit bien y avoir une solution, quelque chose…

— Et tu crois la trouver dans ce genre de bouquins stupides ? Ce qu'il me faut ce sont les livres de la Réserve !

Hermione plissa les yeux, soudain méfiante.

— Tu veux des livres de magie noire… C'est pour ça que tu me colles depuis des jours ? Tu espérais que je t'en rapportes ?

C'était à son tour d'être en colère : Malefoy voulait se servir d'elle. Voilà qui expliquait son comportement étrange depuis la rentrée. Peut-être que cette histoire de malédiction était fausse après tout. Un coup monté de la part du Serpentard pour accéder à une magie qui lui était désormais interdite.

Le sorcier contracta sa mâchoire. Elle avait tapé dans le mille.

— C'est une malédiction Granger…

— Et beaucoup de livres qui ne sont pas des livres de la Réserve en parlent.

— J'ai déjà cherché, il n'y a rien qui puisse m'aider.

— Dommage pour toi, alors.

Hermione rassembla ses affaires et contourna Malefoy pour lui échapper. Il était hors de question qu'elle reste une minute de plus avec lui.

— Granger…

Il lui attrapa la manche mais elle se dégagea d'un mouvement sec. Et elle le planta là.

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Cette nuit-là, Hermione eut beaucoup de mal à dormir. D'abord, elle resta longtemps éveillée. Puis à minuit, elle se sentit tellement mal à l'aise qu'elle dut se lever de son lit pour se dégourdir les jambes. Elle s'était convaincue, après leur querelle dans la bibliothèque, que Malefoy avait tout manigancé et que son histoire de malédiction était fausse. Pourtant, les hurlements du jeune sorcier semblaient la hanter. Elle se recoucha peu après l'heure fatidique et réussit à s'endormir. Mais son sommeil fut peuplé de cauchemars: elle était allongée sur un sol dur et froid. Il lui était impossible de se relever, un poids, sur elle, l'empêchait de bouger et elle n'arrivait pas à voir ce que c'était. Elle ne voyait que les éclats blancs d'un lustre en cristal au-dessus d'elle. Soudain, un rire démoniaque résonna dans la pièce. Elle reconnaissait ce rire: une sueur froide lui parcourut le dos.

— Je t'ai attrapée, murmura Bellatrix dans son oreille, démente.

Hermione commença à se débattre mais son corps était horriblement lourd. Elle se mit à pleurer. Elle ne voulait pas revivre ça. N'y avait-il personne pour l'aider ? Tournant la tête à droite et à gauche, elle aperçut des silhouettes floues à travers ses larmes.

— S'il vous plaît… implora-t-elle.

Mais personne ne bougea. Elle était seule face à sa tortionnaire. Alors elle ferma les yeux et attendit. Mais rien ne vint… Quand elle rouvrit les paupières, Hermione était debout, seule dans une obscurité quasi complète. Il n'y avait rien d'autre que des murs sombres et ce cri. Il devenait plus puissant à mesure qu'elle y prêtait attention et semblait venir de l'autre côté du mur. Elle eut beau chercher une porte à taton, elle n'en trouva pas. Elle était enfermée, obligée de supporter la souffrance d'un autre, impuissante.

Quand elle ouvrit les yeux, en nage, la nuit était toujours bien présente. Elle regarda l'heure sur son réveil: cinq heures trente. Elle n'hésita pas davantage. Elle sortit de son lit, puis du dortoir en toute discrétion. Elle se dirigea vers la tour d'Astronomie, aux aguets, mais elle ne croisa personne dans les couloirs. Quand elle arriva en bas des marches, elle se détendit.

Tout en haut, elle trouva l'animal qui faisait les cent pas. Quand il la vit, il se stoppa et elle crut lire de la surprise dans ses yeux bleus reptiliens.

— Je… Je n'arrivais plus à dormir, se justifia-t-elle.

Malefoy fit mine de n'en avoir rien à faire et se remit à marcher. Mais il s'arrêta de nouveau après seulement deux pas. Il regarda vers la table, où il avait déposé ses affaires comme la veille, puis vers la jeune femme. Il se précipita alors vers la table et émit un grondement pour attirer l'attention d'Hermione. Cette dernière s'approcha, intriguée. Il lui désigna alors le chaudron vide.

— Tu veux de l'eau ? devina la brune.

Il jappa pour approuver. Hermione sortit donc sa baguette et remplit le contenant. Malefoy s'y jetta instantanément pour boire. Quand il fut satisfait, c'est-à-dire quand le chaudron fut quasiment à sec, il se redressa et secoua légèrement la tête. Hermione qui était restée juste à côté, fut éclaboussée.

— Eh ! Tu pourrais me remercier mieux que ça, espèce d'ingrat !

La créature la regarda en biais et lui répondit par un grognement ennuyé. Malefoy, même sous cette forme, restait exécrable. Il s'allongea sur le sol, bailla à s'en décrocher la mâchoire et posa sa tête sur ses pattes. Hermione s'assit non loin de lui.

— Tu sembles toujours épuisé… Est ce que tu as dormi depuis… Enfin, cette nuit ?

Il secoua légèrement la tête puis désigna le chaudron du regard.

— Tu avais trop soif pour dormir ? s'étonna la jeune femme.

Il souffla par les narines, comme pour approuver. Cette nouvelle information souleva de nouvelles questions qu'Hermione ne put s'empêcher d'exposer.

— Tu as toujours soif dans cet état ? Comment ça peut t'empêcher de dormir ? Et tu as faim aussi ? C'est pour ça que tu as ramené de quoi manger et boire la veille ?

Elle le regarda, en attente d'une réponse. Mais il se contenta de la fixer, blasé. Evidemment, il ne pouvait pas lui répondre sous cette forme. Elle pinça les lèvres, se sentant stupide. Puis sa peau se couvrit de chair de poule. Hermione réprima un frisson. Le froid de la pièce traversait son pyjama fin.

— Par Merlin, il fait un froid de canard ici !

Malefoy la regarda du coin de l'œil. Elle frictionna ses bras dans une tentative de se réchauffer, mais en vain. Alors, la créature se redressa, saisit entre ses crocs la cape noire et verte pliée sur la table et la déposa sur les jambes de la Gryffondor. Hermione, surprise, voulut le remercier mais il s'était déjà rallongé et avait fermé les paupières. Elle s'enroula donc dans l'épais tissu. Ça sentait le savon et une légère odeur de feu de bois, comme s'il était resté un peu trop longtemps devant une cheminée. Doucement, les muscles frigorifiés de la lionne se détendirent à mesure qu'elle se réchauffait. Elle observa Malefoy qui semblait s'être assoupi: sa respiration était lente et régulière. Elle se demandait vraiment ce qu'il était. Selon la partie du corps, il lui faisait penser tantôt à un félin, tantôt à un volatile. Par moment, elle croyait même voir un reptile dans son apparence, surtout avec ses yeux. Même le sorcier le plus doué en métamorphose n'aurait pu créer une bête semblable. Hermione bailla. Elle décida alors de s'allonger auprès du Serpentard. Peut être qu'une heure de sommeil en plus ne lui ferait pas de mal…

Comme la nuit précédente, c'est un gémissement de douleur qui la réveilla. Sans hésitation, elle se redressa, défit la cape qu'elle portait et la posa sur le corps de son propriétaire. Elle se plaça ensuite à côté de l'animal et lui caressa doucement le sommet de la tête, dans l'espoir de l'apaiser un peu. Il ne jouait pas la comédie, sa souffrance était réelle. Il grimaçait de douleur, dévoilant ses crocs, tandis que ses griffes s'enfonçaient dans le bois du plancher. Mais le pire était ce bruit abominable d'os se brisant, encore et encore. Hermione ravala la bile dans sa gorge, se forçant à déblatérer des paroles rassurantes :

— Je suis là… ça va passer…

Après cinq minutes qui semblèrent une éternité, le caractéristique flash de lumière les aveugla et Drago retrouva forme humaine. Hermione retira doucement sa main des cheveux blonds.

— Tu vas bien ? demanda-t-elle.

— Ça pourrait aller mieux, répondit-il en s'asseyant.

La cape dont l'avait recouvert la rouge et or glissa sur ses jambes, dévoilant son torse nu. Hermione détourna aussitôt le regard. Elle se demandait s'il ne le faisait pas exprès à la fin.

— Si tout va bien, je vais te laisser alors, dit-elle en se levant, le regard fuyant.

Malefoy se leva à son tour, en tenant la cape autour de sa taille cette fois.

— Tu n'avais pas des questions Miss-je-sais-tout ? Et il faut qu'on parle de ces recherches…

— Ça peut attendre… On se voit au petit-déjeuner !

Elle commença à descendre les escaliers quand le marché qu'elle avait négocié avec le Serpentard lui revint en mémoire. Elle se retourna, il n'avait pas bougé.

— D'ailleurs, ce serait bien qu'on commence à montrer notre amitié aux autres, Malefoy.

— Hm, on verra Granger, répondit-il, nonchalant.

Puis il se détourna d'elle et lâcha la cape qui cachait encore sa nudité. Hermione n'attendit pas davantage pour dévaler le reste des marches en grommelant des injures à l'encontre du blond.


Bonjour, bonsoir,

C'est à se demander si Drago n'est pas un amateur de naturisme...

La suite mercredi certainement ! Je m'excuse pour l'irrégularité des jours si vous me suivez, j'essaye toutefois de maintenir le rythme de deux chapitres par semaines !

Enjoy,

Likocham.